~ Chapitre 44 ~


Amara

Je remplis mon verre de vin pour la quatrième fois avant de le porter à mes lèvres. En rentrant, je me suis préparé un bon bain que j'espère partager avec Oly. Mais ça fait un quart d'heure et il n'est toujours pas rentré.

Depuis la démission de Kevin Oly, Oly reste sur ses gardes. Quelqu'un d'autre occupe déjà l'ancien poste de Kevin à l'entreprise, à en croire que le conseil se préparait déjà à se débarrasser de lui. Kevin m'a appelé pour m'annoncer son retour à New York, ce qui m'a paru improbable : il m'a lui-même dit qu'il est venu ici à Los Angeles exprès pour ce boulot. Serait-ce la mort de son mentor qui l'aurait poussé à prendre cette décision ou autre chose ? Son vol est prévu pour cet après-midi, justement, on a déjeuné ensemble ce midi. Ce qui n'a pas plu à Oliver. Il a passé le reste de l'après-midi à filtrer mes appels. Parfois, ces paparazzi sont vraiment énervants, on dirait qu'ils aiment déformer les choses à leurs guises, tant que ça leur permet de gagner en popularité ou je ne sais trop quoi. S'ils n'auraient pas pris cette photo de moi sortant dans ce restaurant avec Kevin, Oliver ne serait pas furieux contre moi en ce moment...

Je rentre à la maison vers 19 h. Oliver n'est pas encore là. Je décide alors de prendre un bon bain pour me détendre. Je sens mon corps secouer et quand j'ouvre mes yeux, je vois Oliver avec un air inquiet. Qu'est-ce qu'il a encore ?

- Oly,

- Qu'est-ce qui t'a pris ? Qu'as-tu fait, Amara ?

Oh non. Il ne va pas revenir là-dessus. Je me sens assez mal d'avoir vu Kevin dans son dos. Je n'ai pas envie qu'on se dispute.

- Oly...

- Dis-moi que tu t'es simplement endormie dans ton bain.

Bonne nouvelle, il ne parle pas du déjeuner de ce midi, mauvaise nouvelle, il pense que je suis suicidaire ce qui explique cet air inquiet...

- Je t'attendais et je me suis endormie dans la baignoire...

Je le vois se détendre.

- T'étais où ? Pourquoi tu n'as pas répondu à mes appels ?

- J'étais au bureau. Je ne pouvais pas rentrer plus tôt.

- Hmm. Ce n'est pas grave. Ça va, toi ?

- Ça va.

- Quelle heure est-il ?

- Un peu plus de vingt heures.

- Tu es encore fâché ?

- Non

- On dirait plutôt que oui...

- Laisse tomber Amara.

- Je suis désolé, d'accord ? Excuse-moi...

- Je ne sais même plus quoi penser Amara. J'ai l'impression que tu ne fais que me mentir quand il s'agit de Kevin.

- Ne dis pas ça Oly...

- Tu m'as dit que tu ne le voyais plus...

– Il voulait simplement me dire au revoir... Je suis désolée, mon chéri. Dis-je en l'embrassant... Pardon.

Il m'aide à sortir de l'eau et à me sécher. Après le dîner, je monte dans la chambre me changer pour dormir. Au lieu d'enfiler son pyjama, je vois Oliver mettre un T-shirt.

- Tu vas sortir ?

- Oui

Plus froid que lui, tu meurs. Franchement, Oliver est tellement rancunier.

- Oly, arrête de faire la gueule, s'il te plaît...

- Je te dis que ça va, Amy.

- Bon, puis-je au moins savoir où tu vas ?

- Je vais voir Alex pour un truc.

- À cette heure ?

- Je ne rentrerai pas trop tard.

- Promis ?

- ... D'accord.

Trop épuisée, je me glisse sous mes draps. Le sommeil ne tarde pas à m'emporter...

Je me réveille avec une envie pressante. Oly est en train de dormir. Il est rentré quand déjà ? L'horloge affiche une heure du matin. Je me lave les mains et je retourne me coucher sans faire de bruit...



Oliver

Amy entre dans la cuisine vêtue d'une petite robe bleue et elle vient directement se lover contre mon torse. Comment continuer à faire la gueule après ça ? Je n'aime pas qu'elle ait vu ce connard dans mon dos après ce qu'il m'a dit en démissionnant. Kevin croit encore qu'il pourra changer les choses en sa faveur avec Amy. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en elle, mais le fait qu'elle a accepté de le voir m'a mis hors de moi. Comment veut-elle qu'il arrête de lui courir après si sa façon d'agir lui prouve le contraire ?

- Coucou mon chéri...

- Tu as bien dormi ?

- J'ai surtout beaucoup dormi... Tu veux un coup de main ?

- J'ai presque terminé, bébé, assieds-toi, je vais te servir.

Les crêpes sont enfin prêtes, je verse un peu de jus dans son verre. Ce matin, notre petit-déjeuner est un peu léger, mais consistant, avec des crêpes, des fruits et du jus de pamplemousse.

- Mon amour, tu es prête ?

- Oui, on peut y aller.

On a rendez-vous avec mes parents à la Villa.

- Monsieur, il y a quelqu'un pour vous. Je lui ai demandé d'attendre au salon.

- Merci, Georges.

Non, mais que fait-il ici ? Il date de lui.

- Inspecteur Audrel.

- Monsieur Hale. Ça fait longtemps.

- Pas si longtemps que ça. Que puis-je faire pour vous ?

- Puis-je m'entretenir seul à seul avec vous ?

- Mon amour, tu nous excuses deux minutes, s'il te plaît.

- Bien sûr. Je t'attends dans la voiture.

- Allons dans mon bureau, Inspecteur.

Audrel est un très bon ami de la famille, il m'a évité plusieurs embrouilles quand j'étais jeune. À chaque fois qu'il venait à la maison, mon père demandait directement ce que j'avais encore fait.

- Oliver, ce que j'ai à te dire est très délicat, mais c'est important pour mon enquête.

- Qu'est-ce qui se passe, Audrel ?

- As-tu été en contact avec Barbara dernièrement ?

- Pourquoi me demandes-tu cela ?

- Oliver, contente-toi de me répondre, s'il te plaît.

- Eh bien, oui, je dirais une fois ou deux.

- Rien qu'une fois ou deux ?

- Hum.

- Quand est-ce, tu l'as vu pour la dernière fois ?

- Je ne me rappelle pas. Pourquoi tu me parles d'elle, Audrel ?

- Désolé Oliver, mais... Elle a été retrouvée morte dans une ruelle à quelques mètres de son hôtel. La police a reçu un coup de fil d'un passant hier soir vers les onze heures.

- Quoi ? Comment ça ? Elle est morte, tu dis ?

- Oui. Ça ressemble à une agression... Mais ce n'est pas pour ça que je suis là.

- Dis-moi donc.

- Oliver, on a trouvé un chèque dans sa chambre d'hôtel et ce n'était clairement pas le premier... Dis-moi pourquoi tu payais cette fille ?

- Je ne la payais pas... Elle m'a demandé de l'aide, c'est tout.

- Donc tu l'as fait par bonté d'âme, c'est ça ?

- On peut dire ça.

- Crois-moi, tu as intérêt à coopérer, Oliver.

- Suis-je suspect ?

- Pas pour le moment.

- Audrel, je n'ai rien à voir là-dedans, excuse-moi, mais là, je dois retrouver ma fiancée.

- Appelle-moi si quelque chose te revient... À bientôt Oliver...

Barbara est morte ? Mais c'est affreux. Que faisait-elle dans cette ruelle à une heure pareille d'ailleurs ? Amy me demande simplement si tout va bien, je lui réponds que oui et nous partons à la villa.

On est accueilli par mes parents dès notre arrivée. Ma mère prend Amy à part pour lui montrer les fleurs qu'elle vient de planter dans son jardin. Papa et moi discutons tranquillement dans son bureau. Enfin, tranquillement n'est pas vraiment le mot adéquat.

- Je suppose qu'Audrel t'a appelé avant que je n'arrive, non ?

- Oliver, est-ce que tu peux me dire pourquoi tu as revu cette femme ? Et surtout, dans quel but lui donnais-tu de l'argent ? Bon Dieu, Oliver, où avais-tu la tête ?

- Papa, c'est elle qui est venue vers moi. Et...

- Elle voulait te soutirer de l'argent, c'est ça ? Bien sûr, sinon comment expliquer les chèques. Je n'arrive pas à croire que tu t'es encore laissé manipuler par cette harpie.

- C'est un peu de ma faute. Si je n'avais pas foutu en l'air sa carrière...

- Elle l'avait bien cherché. À cause d'elle, j'ai failli perdre mon fils.

- Papa, serais-tu en train de dire qu'elle méritait de mourir ?

- Qui méritait de mourir ? Demande Amy en rentrant.

Je lui tends la main et elle vient se coller contre moi comme ma mère le fait avec papa. Ces deux-là sont si affectueux l'un envers l'autre. Le regard que me lance Papa me fait comprendre que je n'ai pas intérêt à mêler Amy à cette histoire. Je suis du même avis, mais curieuse comme elle est, ça ne va pas être possible. D'ailleurs, ça m'étonne qu'elle ne m'ait pas posé de questions sur la visite d'Audrel.
On passe le reste de la journée avec eux. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser à ce qui s'est passé hier. La police a déjà fait le rapprochement avec moi à cause des chèques. Et si Barbara disait vrai ? C'est par ma faute qu'elle s'était retrouvée au Mexique. Lorsque j'ai découvert son plan, j'étais devenu fou de rage, je lui en voulais à mort. Je souffrais alors qu'elle venait de décrocher ce premier rôle qui allait sûrement démarrer sa carrière et en attirer d'autres. J'étais la risée de tout le monde et les médias ne m'ont pas ménagé. Alors, je me suis arrangé avec mon père, m'assurant que son film ne verra jamais le jour et sa carrière avec. Pour moi, ce n'était qu'une question de vengeance



Amara


Nous avons passé une très bonne journée en compagnie des parents d'Oliver. Emma a toujours quelque chose de gentil à dire. J'ai remarqué qu'Eric et Oly étaient un peu bizarres après leur discussion dans le bureau. Je vais attendre qu'il vienne m'en parler.

- Mon cœur, tu n'aurais pas vu mon portable, s'il te plaît ?

- Non. As-tu regardé dans la voiture ?

- Tenez, je l'ai trouvé dans la voiture.

- Merci, Georges.

J'ai une centaine de notifications. En même temps, je n'ai pas touché à mon téléphone depuis ce matin. Je m'installe dans le canapé avec mon ordinateur. Aussitôt, je reçois un appel de ma meilleure amie.

Conversation téléphonique

- Coucou. Ça va, Kika ?

- Bichette Ça fait des heures que j'essaye de te joindre.

- Désolée, ma belle. Qu'est-ce qui se passe ? Tu as l'air bizarre.

- Quoi ? Tu n'es pas au courant ?

- De quoi ?

- Amy, bon sang, tu n'as pas été sur les réseaux sociaux ou quoi ? Et c'est dans toutes les infos.

- Attends, mais de quoi tu parles ?

- Barbara... On l'a retrouvée morte hier soir. Une histoire d'agression, ils ont dit... Attends ! Vous n'étiez vraiment pas au courant, Oliver et toi ?

- Moi non, pour Oly, je n'en suis pas si sûre. Il a reçu la visite d'un inspecteur ce matin.

- Quoi ? Ils croient qu'il est mêlé à ça ?

- Je ne sais pas... Écoute, ma belle, je te rappelle plus tard, d'accord.

Oliver est sous la douche, car depuis la chambre, j'entends l'eau couler. Une minute après, il revient de la chambre avec une serviette autour de sa taille. Cette fois, je ne vais pas me laisser distraire.

- Non, mais tu te fiches de moi là ?

- Bébé...

- Tu étais au courant, pas vrai ? C'est pour cela que cet inspecteur de police était venu ce matin ? Oliver, pourquoi venir te voir toi ? Ce n'est pas comme si vous étiez en contact, elle et toi.

- Amy... Écoute, mon cœur, si Audrel est venu, c'est parce qu'il était au courant pour nous deux. C'est un vieil ami de Papa. Alors il a pensé qu'il devait me le dire.

- Et il n'y a rien d'autre ?

- Amy... Je n'ai rien à voir là-dedans.

- Tu sais que tu peux me le dire, hein ?

- Bien sûr que je le sais.

Soulagée par sa réponse, je me laisse tomber sur le lit. Je ne la connaissais pas bien et même si elle ne m'a pas fait bonne impression, personne ne mérite de mourir ainsi...

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