~ Chapitre 35 ~



Oliver

Après ce qui s'est passé avec Barbara, quelque chose s'est brisé en moi. Je n'arrivais plus à contrôler mes sentiments, alors j'ai préféré m'en débarrasser. J'ai tout fait pour oublier et effacer son existence de ma mémoire. Sortir avec une fille différente tous les soirs, boire, coucher à droite et à gauche. Je n'en suis pas fier, mais ça m'a aidé à me sentir moins con de m'être fait utiliser de cette façon.

Lorsque j'ai dit que je voulais apprendre à le faire à nouveau, cela concernait uniquement Amy. Je fais des efforts. Je n'arrive pas à mettre des mots sur ce que je ressens et ça, c'est très frustrant.

Cette fille est entrée dans ma vie et sans prévenir, elle a brisé toutes mes défenses, ou du moins toutes les barrières que j'ai érigées autour de moi. Je m'étais pourtant promis de ne jamais tomber amoureux.

On est en train de suivre une présentation sur de potentiels clients et le présentateur n'est autre que Kevin. Il y a beaucoup de graphiques et de chiffres. Il nous parle des potentiels contrat à signer. C'est flagrant qu'il ne maîtrise pas totalement le sujet.

À ce propos, Alex qui d'habitude apprécie tout le monde ne l'apprécie pas du tout, et il ne le cache pas. C'est vrai que derrière son petit sourire énervant, on peut voir qu'il y a quelque chose de bizarre.

- Mais attendez, ne me dites pas que nous venons de perdre ces contrats sur cette île en Haïti pour ça ? Dit Chester.

- Et ce n'est pas tout. Monsieur Melvin, J'ai quelques doutes sur ces potentiels clients... Je suis sûr de ne pas être le seul à le voir, mais pour la plupart, on n'a jamais entendu parler de leurs entreprises. Et n'en parlons même pas de vos propositions. Dit Alex.

- Monsieur Pavot, vous avez raison. Oui, ces entreprises ne sont pas vraiment connues pour l'instant...

- Et pourtant, vous n'êtes pas sans savoir qu'ici, nous ne travaillons qu'avec les meilleurs. Ajoute Jerry.

- Justement, monsieur Park, ces petites entreprises, comme on peut le croire, sont en fait sur le point de se développer et avec les projets que nous pouvons leur offrir, en un rien de temps, elles vont battre des records.

- Monsieur Melvin, pourquoi le Mexique ? Je lui demande sans le quitter des yeux.

- Parce que là-bas aussi, on a besoin de nos superbes constructions. Le Mexique est un très beau pays. Vous imaginez le tableau qu'on aura après avoir implanté nos hôtels, nos différents projets, quoi ? J'ai pas mal de contacts là-bas et...

- Vous êtes conscients que votre réponse n'est pas du tout convaincante, sans oublier le fait que c'est un très gros risque... Les failles contenues dans votre présentation sont énormes et pourront nous coûter plusieurs millions. Tout le monde ne peut pas travailler avec nous. Et c'est pour cela que chaque filiale ne s'occupe que de ce qui la concerne, voyez-vous ?

- Tout à fait, Monsieur Hale. Mais si vous essayez de voir les choses en prenant du recul, vous aurez une bien meilleure vue d'ensemble.

- Votre présentation est incomplète et vos propos non-rassurants. Je ne vais pas perdre des mois de travail juste sur des suppositions. Revenez nous voir quand vous aurez quelque chose de concret. Déjà qu'en plus de nous faire perdre du temps, vous nous avez fait perdre trois importants contrats.

Cette entreprise existe depuis déjà bien de nombreuses années. Depuis mes arrières grands-parents. Et de toute son existence, il n'y a eu qu'un seul contrat avec un Mexicain. Un seul. Et ça ne s'était pas bien fini. Pour des raisons que j'ignore encore, mon père non plus n'était pas pour travailler là-bas.

- Monsieur Hale... Je suis conscient que ma présentation avait quelques petites failles, mais vous et moi savons très bien que ce n'est pas pour ça que vous ne l'avez pas validé.

Je continue en direction de la porte.

- Si vous vous êtes autant acharné, monsieur Pavot et vous, c'est tout simplement pour des raisons personnelles.

- Voyez-vous, Monsieur Melvin, contrairement à vous, je suis un professionnel. Ici, je suis votre patron. Soit vous faites ce que je vous dis, soit vous prenez la porte. Je préfère vous prévenir que la prochaine fois que vous osez toucher à un projet appartenant à une autre filiale sans l'accord de son directeur en chef, je ne me gênerai pas pour vous mettre à la porte.

Je me dirige vers la porte, mais je ne peux pas m'empêcher de lui dire une bonne fois pour toutes...

- Ah oui, en parlant de choses personnelles, vous devriez vous résoudre à faire une croix sur ma petite amie.

- Avez-vous peur de moi ? Quand on y pense, c'est vrai que votre relation est très instable. Je suis peut-être l'homme qu'il lui faut...

- Vous êtes pathétique. Je n'ai pas besoin de vous dire que vous ne faites pas le poids face à moi. Et je vous déconseille de lui envoyer des fleurs parce que la prochaine fois, je ne me contrôlerai pas.

Je quitte enfin cette salle pour loger dans le couloir qui donne directement sur les portes de l'ascenseur.

Aujourd'hui, j'ai promis à Amy de rentrer plus tôt, car ses parents ainsi que les miens viendront dîner chez nous ce soir. Une idée d'Amy, bien sûr. Je rentre donc vers les quinze heures.

- J'ai ce que vous m'aviez demandé, Monsieur.

Je prends la grosse enveloppe qu'il me tend pour l'ouvrir à la hâte.

- Qu'allez-vous faire, Monsieur ?

- Je ne sais pas encore, Georges.

Ce document confirme mes doutes. Et je dois dire que c'est assez déroutant. Ça n'aurait pas été fâcheux que je me trompe cette fois. Je range l'enveloppe dans mon classeur avant de descendre de la voiture pour rentrer à l'intérieur.

- Coucou toi. Dis donc, t'es très sexy en mode cuisinière.

- Merci mon chéri... Tu penses qu'on devrait rester à l'intérieur ou sur la terrasse ?

- Où tu veux bébé

- Oly...

- La terrasse.

Elle m'esquive encore une fois pour se diriger vers la cuisine où plusieurs cuisinières sont en train de préparer le dîner de ce soir. Du coup, je n'ai pas eu droit à mon bisous...

Le menu jusqu'au plan de table, tout est élaboré par Amy. Elle s'est renseignée sur les plats préférés de mes parents, les allergies et tout.

Mes parents sont les premiers arrivés vers les vingt heures. Ils apportent deux bouteilles de vin. Puis arrivent ceux d'Amy quelques minutes plus tard.

Amy porte un magnifique bustier rouge fendu au niveau de sa cuisse et une paire de chaussures rouges que je lui ai offertes.

Nous nous installons confortablement. Ce n'est pas difficile pour Amy de faire la conversation. Elle commence par présenter ses parents aux miens, et vice-versa. La conversation prend tout de suite une tournure intéressante quand elle parle du boulot de sa mère Maryline. Nos mères prennent très vite goût à la conversation. Par contre, nos pères sont moins bavards. Néanmoins, ils échangent tout de même quelques politesses. C'est clair qu'ils n'ont pas envie d'être là et je me demande pourquoi. Mon père est plutôt accessible quand il s'agit de parler de boulot et de la famille. Et pourtant, c'est à peine s'il daigne participer à la conversation alors que ma mère et Maryline papotent comme le feraient deux vieilles connaissances. Je n'oublie pas que Jeremy s'est montré hostile lorsque je suis allé à Philadelphie. Ici, il est chez moi, et je ne lui donnerai pas l'occasion de faire la même chose avec mon père. Notre cheffe à domicile sert l'apéritif. Une bonne bouteille de vin sortie tout droit de notre cave.

- Il est pas mal du tout ce vin. Dit Jeremy.

- Il vient du vignoble de Jeffrey Smith, un ami de la famille. Ajoute mon père.

Madame Giba, notre cheffe sert d'abord ma mère, ensuite Maryline et ainsi de suite.

- Hmm, une salade niçoise... Ça a l'air bon. Dit ma mère.

Pour mon père œuf mayonnaise, pour Jeremy soufflé au fromage. Amy et moi, on prend la même chose que Maman et Maryline.

Les autres plats sont un mélange de plats français que mes parents adorent et d'italiens. Tomates farcies, poulet rôti, rôti de bœuf, des raviolis à la sauce tomate, lasagnes saumon-épinards, risotto à la betterave... Chacun mange ce qu'il veut.

- Excellent menu, Amy, vraiment.

- Oui, bravo, ma fille, ton menu est très adapté.

C'est l'heure du dessert !

- Cassata siciliana. C'est notre dessert préféré. Dit Maryline.

- C'est également notre préféré. On en mange toutes les semaines. Ajoute mon père.

- Par contre, pour Amy et moi, ce sera du tiramisu.

- Mais ce n'était pas au menu.

- Je sais, j'ai demandé à madame Giba de te faire la surprise.

- Oh merci, mon chéri.

- Ils sont adorables. Dit Maryline.

Après le dîner, nous passons au salon. Les dames prennent le thé en discutant d'un côté, alors que de l'autre côté, nous les hommes, nous prenons un café, sauf moi bien sûr. Je ne suis pas fan de café. Mon père s'excuse, me laissant seul avec Jeremy. Je ne suis pas dupe, je vois bien qu'il ne m'apprécie pas, mais j'espérais qu'il ne se montre pas aussi distant ce soir.

- Monsieur Oliphant, je sais que vous ne m'appréciez pas, mais ce soir, vous avez fait un grand effort pour le bien de tout le monde. Je vous en remercie.

- Monsieur Hale, même si ma fille semble être heureuse à vos côtés, cela ne change rien à ma façon de vous voir, que ce soit bien clair. Je pense toujours que la place de ma fille est aux côtés de Cyril parce que lui, il saura prendre soin d'elle. Pas comme vous en tout cas. Je sais qu'il y a quelque temps, vous étiez séparés et ça recommencera, j'en suis persuadé.

- Excusez-moi, mais ce n'est pas à vous d'en décider...

- Vous avez raison. Mais sachez qu'elle finira par le voir d'elle-même. Après tout, vous êtes un Hale et on ne peut faire confiance à un Hale en amitié, voire en amour.

- Qu'entendez-vous par là ? Vous ne nous connaissez même pas, qu'est-ce que vous donne le droit de nous juger ?

- Je vous dis simplement qu'elle finira par voir qui vous êtes réellement. Oliver... Un hale

Non, mais c'est quoi ces sous-entendus ? Pour qui il se prend-il ? Je cherche Amy du regard et lorsque nos regards se croisent, elle me sourit, ce qui m'aide à me calmer.

- Dites-moi, Monsieur Oliphant, vous qui croyez être un si grand homme, que pensez-vous qu'il se passera quand votre fille découvrira la vérité ?

- De quelle vérité parlez-vous donc ?

- Allons, Jérémy, comme vous le dites, je suis un Hale, ce qui signifie que je ne suis pas dupe. On ne me la fait pas à moi.

Son visage se décompose littéralement pendant un court instant.

- Vous n'avez aucune idée de ce que vous dites. Et je vous interdis d'aller mettre vos âneries dans la tête de ma fille.

- Ce ne sont pas des âneries, et vous le savez. Ne croyez pas que vos paroles ont un quelconque effet sur moi. Je ne dirai rien parce que je crois que c'est à vous de le faire. Mais si vous persistez à vouloir la pousser dans les bras de Cyril, je ne me gênerai pas pour lui dire toute la vérité. Et croyez-moi, à ce moment-là, je m'assurerai à ce qu'elle vous déteste, sur ce, veuillez m'excuser.

Si j'avais encore le moindre doute, il vient tout juste de se dissiper. Jérémy Oliphant n'est pas le père formidable qu'il laisse croire, au contraire. Maintenant, nous allons voir combien de temps encore il va se montrer aussi hautain envers moi et ma famille...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top