~ Chapitre 33 ~


Amara

Cette semaine, je n'ai dormi que sept heures en tout. Soit je me réveille en pleurant comme une gamine de six ans après un cauchemar, soit je n'ai pas sommeil tout court. Je ne supporte plus de croiser Oliver. J'aimerais bien rentrer à Philadelphie quelques jours, mais j'ai des engagements ici à Los Angeles qui ne peuvent pas attendre.

Je ne le nie pas, j'aime profondément Oliver, mais je ne suis pas prête à jouer ce rôle. Je ne peux pas réparer les dommages causés par Barbara. Ça non. Je ne m'autorise pas à le faire.

KiKa m'appelle tous les jours pour avoir de mes nouvelles. Elle revient bientôt. Ce n'est pas ma première peine de cœur et ce ne sera certainement pas la dernière. Ce n'est pas ma première peine de cœur et ce ne sera certainement pas la dernière.

Les mamans arrivent réellement à sentir quand leurs enfants ne vont pas bien. Ma mère me l'a confirmée. Et ces conseils m'aident à mieux réfléchir sur ce que je veux vraiment. J'ai vingt-quatre ans et je dois être capable de gérer ce genre de situation, non pas de les fuir. Non, je ne suis pas en train de fuir, mais je pense à moi et à moi seule.

- Amy, ton rendez-vous est arrivé.

- Merci, Isie. Fais-le entrer.

Je dépose mon cartable en le voyant.

- Comment vas-tu, Andy ?

- Ça va. Et toi ? Tu te plais bien ici ?

- Oui, ça va.

- C'est bien... Alors dis-moi, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

- Tu te souviens de ce dont on avait parlé sur les affaires de mon père ?

- Oui, bien sûr,

- Alors voilà, on ouvre bientôt une nouvelle boîte et il y aura une fête pour le lancement, j'aimerais bien que tu t'en occupes.

- J'ai combien de temps ?

- Assez, je crois.

- C'est d'accord, alors.

- Ça me fait très plaisir de travailler avec toi, Andy.

- Je t'en prie, alors il va falloir me décrire ce que tu désires et ce sera fait.

- Pour commencer, peut-on me dîner ensemble ce soir ?

- Un dîner professionnel ?

- Un dîner professionnel. On dit vingt et une heure ?

- D'accord.

Si notre relation n'a rien donné de ce que l'on espérait, ce n'est en rien de la faute de Cyril, j'en suis consciente. Je ne veux pas qu'il se fasse de mauvaise idée, et c'est justement pour cela que j'ai insisté sur le fait que ce sera strictement professionnel.

Je tiens à ce que le classicisme soit de rigueur. De ce fait, je dois éviter tout ce qui est trop près du corps, du coup, pas de décolleté. Oui, ça va. Habillée d'une robe noire simple et jolie, j'entre dans le restaurant faisant tourner la tête de quelques personnes avec le bruit de mes escarpins noirs. J'avance avec un grand sourire jusqu'à sa table.

- Toujours aussi belle. Andy

- Je te remercie, Cyril.

Cyril est très apprécié de ma famille, plus précisément mon père et ma grand-mère. C'est même pour cela qu'il m'appelle toujours Andy.

- Dis-moi, as-tu une idée de ce que tu veux ?

- Moi non, mais toi si. Alors vas-y, je te fais entièrement confiance.

- Il me faut l'effectif...

- Pas plus de cinq cent personnes.

- D'accord. Une idée pour le menu ?

- La encore, je te laisse faire.

Le reste du dîner se passe dans le calme comme je m'y attendais. En rentrant chez Nate, une heure plus tard, je reçois un appel de ma meilleure amie.

Conversation téléphonique

- Kika...

- Ça a été ton dîner ?

- Bien sûr...

Attends ! Comment peut-elle en être au courant ? Elle m'envoie une photo, avant de me poser la question à nouveau... Les médias. Bien évidemment, Oliver n'arrête pas de me harceler de messages. Pourquoi s'acharne-t-il à me poser toutes ces questions sur ce que je fais alors que moi, je lui laisse vivre sa vie ?

Aujourd'hui, j'arrive à l'agence vers les neuf heures. Je m'installe à peine que la voix d'Isie se fait entendre depuis le couloir. Que se passe-t-il encore ?

- Désolée Amy

- Merci Isie, tu peux te retirer.

Ses yeux me scrutent sans expression.

- Dis-moi, ça va devenir une habitude de débouler comme ça dans mon bureau, Monsieur Hale ?

- À vous de me le dire, Mademoiselle Oliphant... C'est qui l'homme avec qui tu étais hier soir ?

- Voyez-vous, Monsieur Hale, je n'ai pas de comptes à vous rendre.

- Amara, je ne supporte plus cette situation, d'accord ?

- Cette situation, comme tu dis, Oliver, je ne l'ai pas créée.

- Tu as parfaitement raison, c'est de ma faute. Mais ce n'est pas une raison pour te montrer avec ton ex.

- Comment tu sais que c'est mon ex ?

- Ça n'a aucune importance... Est-ce que tu t'es remis avec lui ?

- Non, Oliver, c'était pour le travail.

- Quoi ? Tu vas bosser avec lui ? Je croyais qu'il fallait prendre rendez-vous des mois à l'avance pour que tu t'occupes d'un événement ?

- J'ai bien fait une exception pour toi pour l'anniversaire de ta mère, non ?

- Ce n'est pas la même chose Amy.

- Ce n'est pas à toi d'en décider...

- Je t'en prie, ne fait pas ça.

- Et pourquoi donc ?

- Parce que... Je... Putain Amy, je ne veux pas qu'il t'approche de nouveau. Même si ça me fait chier de l'admettre, Cyril est le genre d'homme qui te correspond et... Si tu passes du temps avec lui...

- Je te le répète, Oliver, ce n'est que pour le travail.

- Et alors ? Toi, tu penses au boulot et qu'est-ce qui te dit qu'il pense comme toi ? C'est peut-être une ruse pour te récupérer. En travaillant avec lui, tu vas ressentir des trucs et...

- Et rien du tout, Oliver.

- Alors dis-lui que tu ne peux pas qu'il se trouve une autre agence.

- Non je ne ferai pas ce que tu me demandes Oliver. Je suis une grande personne et je sais prendre toute seule mes décisions. Je ne te dis pas comment gérer ton entreprise, je ne vois pas pourquoi toi tu le fais avec moi...

- Mais ce n'est pas ça, Amy...

- C'est justement ça, au contraire. Va-t'en, s'il te plaît, Oliver, j'ai du travail.

Il doit respecter mon choix ainsi que mon besoin de rester loin de lui. Ça ne l'empêche pas de m'envoyer des textos et parfois même des fleurs. Mais ça s'arrête là.

J'enfile mon pyjama avant de rejoindre Nate dans le salon.

- Encore un texto d'Oliver... Tu penses lui répondre un jour ?

- Peut-être... Mais pas aujourd'hui. Il me prend la tête avec Cyril.

- Il a raison de s'inquiéter, car contrairement à lui, Cyril est un gentleman.

- Tu sais bien que je ne le vois pas de cette façon.

- Oliver a besoin d'un concurrent qui soit de taille. Quand il verra qu'il est sur le point de te perdre, il arrêtera peut-être de faire le con.

À vrai dire, je me contente juste de lire ses messages et certaines fois, je souris. Il finira bien par se décourager, non ?

SMS d'Oliver
J'espère que tu as passé une bonne journée. » J'attendrai le temps qu'il faudra... « Dors bien de mon paradis.

Oliver et Cyril n'ont pratiquement rien en commun et pourtant, c'est de lui dont je suis amoureuse. Et ceci, malgré moi.

Les jours passent et moi, eh bien, je fais tout mon possible pour l'oublier et me concentrer sur mon travail. Ce qui n'est pas évident avec Oliver qui chaque jour m'envoie au moins un texto.

Il finira bien par se décourager, non ? D'autant plus que Nate sera le DJ de la soirée. Voulant être tranquille, je m'assois au comptoir.

- Merci, Mason.

Je prends mon verre et l'apporte à ma bouche. Le cocktail m'aide à me sentir mieux. C'est vraiment bon.

- Bonsoir... Puis-je m'asseoir ?

J'ai déjà repoussé deux mecs avant lui et je ne vais pas tarder à en faire de même avec celui-là.

- Êtes-vous seule ?

- Soit vous êtes stupide, soit vous avez besoin de lunettes.

- Vous, vous me plaisez bien.

Écouter cet homme se vanter de ces prouesses me donne juste de la nausée. La plupart des hommes aiment parler d'eux. Se vanter de leurs exploits, leurs boulots, leur vie, quoi. Je suis à mon troisième cocktail et j'entends plus rien de ce que raconte ce narcissique.

- Vous avez dit quoi ?

- Je vous ai demandé si vous connaissez cet homme là-bas qui vous regarde depuis plus de dix minutes.

Tout à coup, les battements de mon cœur s'accélèrent. Il est là, à quelques mètres de moi, en train de me fixer et son regard en dit long. Soudainement, une fille vient lui chuchoter quelque chose à l'oreille avant de lui prendre la main. Serait-ce sa nouvelle petite amie ? Un nœud se forme à mon estomac. Je ne suis pas loin de vomir, c'est sûr.

- Ça va ?

- Tu veux danser ?

- Bien sûr.

Si Oliver est capable d'emmener une autre fille ici, alors moi aussi, je peux danser avec un autre homme. Je me frétille, sans lui lâcher du regard. On dirait que de la fumée lui sort par les oreilles. J'arrive même à voir ses dents se serrer. L'alcool me donne assez de cran pour me retourner et passer mes mains autour du cou de cet étranger dont j'ignore même le nom.

- Et si on partait d'ici ?

Il ne me laisse pas le temps de répondre, qu'il me tire déjà vers la sortie. Ce n'est qu'une fois au-dehors que je réalise que je suis en train de suivre un parfait inconnu juste pour rendre Oliver jaloux.

- Aller, monte, ma jolie.

Ça n'a rien de drôle et pourtant, j'éclate de rire.

- Fallait me dire que tu avais besoin d'aide.

Il descend pour tirer violemment mon bras.

- Qu'est-ce que vous faites ? Lâchez-moi.

- Ne fais pas ta timide, ma belle, et...

- Lâchez son bras et je ne le répéterai pas.

Sa voix est à la fois dure et menaçante.

- Désolé, mon pote, mais tu vas devoir t'en trouver une autre, celle-là est déjà prise...

Il descend pour tirer violemment mon bras. En un battement de cils, il se retrouve allongé sur le sol, sa main appuyée sur son nez ; il tente sûrement d'arrêter le saignement.

- Non, mais vous êtes malade ou quoi ?

- Ça me démange depuis toute à l'heure, pauvre con.

Il part vers sa voiture en courant.

- Qu'est-ce qui t'a pris de suivre ce type ?

Je lui réponds d'un simple hochement d'épaules. Sentant un truc acide me monter à la gorge, je grimace avant de me mettre à vomir. Oliver me tient les cheveux en jurant, je ne sais quoi.

- Ce n'est pas vrai Amy qu'est-ce t'as fait ?

Une fois que je sens qu'il ne reste plus rien, je me décolle d'Oliver en le poussant.

- Ne me touche pas, toi. Va t'occuper de ta copine et lâche-moi.

- C'est justement ce que je suis en train de faire là, alors arrête de faire ta tête de mule.

Tout tourne autour de moi.

- Oly, je crois que...

Oh non, je me sens tombée, alors je ferme mes yeux, puis plus rien...

Je me demande comment je suis arrivée ici en me réveillant. Je suis dans mon lit chez mon meilleur ami. J'ai la tête qui éclate. Je vais à la salle de bain prendre un comprimé, puis je prends ma douche. Après, je décide de descendre manger un truc. De là où je suis. J'entends une conversation.

- Je sais que c'est de ma faute, mais vivre loin d'elle me tue.

- Tu en es le seul responsable Olivier.

- Tu ressens encore l'envie de me frapper ou...

- Ça va.

Alors comme ça, il l'a frappé. Bien fait pour lui. Oliver est assis sur un tabouret alors que Nate se tient devant l'évier avec une tasse de café.

- Toi et moi, on discutera de ça plus tard.

Il me balance ça avant de sortir, nous laissant Oliver et moi.

- Comment tu te sens ?

- J'ai encore un peu mal à l'estomac, mais ça va.

- ... Tu as fait n'importe quoi en suivant cet homme Amy. Pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi tu as bu autant ?

- Je n'en sais rien. Je voulais juste m'amuser à la base.

- Ne recommence plus, s'il te plaît.

- Tu rêves si tu penses encore avoir le droit de me dire ce que je peux ou ce que je ne peux pas faire.

- Amy...

- Je suppose que c'est toi qui m'as ramené, t'as fait quoi de ta copine ?

- Ce n'est pas ma copine...

- Je m'en fous. Pourquoi tu m'as ramené ?

- Je savais que tu n'apprécierais pas de te réveiller à la maison, alors...

- Me réveiller chez toi, tu veux dire. Je te remercie, tu as bien fait.

- Il n'y a pas de quoi... Bon, je vais y aller.

- Tu vas la retrouver ?

- Qui ça ? ... Amy, je te l'ai déjà dit, il ne se passe rien entre cette fille et moi.

- Enfin, je ne crois pas que ça m'intéresse. Tu fais ce que tu veux.

Je suis énervante, je le sais. Après le départ d'Oliver, Nate revient à la charge alors qu'il me prépare des macaronis...

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