⋆★ Chapitre 3 : Ma lettre. ⋆✩

⋆★Adam

La sonnerie de l'interclasse retentit, et tout le monde se hâte d'ouvrir ses lettres. L'interclasse, ce sont 5 minutes durant lesquelles on est censés se préparer pour le prochain cours, aller aux chiottes, tout ça.

D'habitude, je passe aux toilettes et j'y reste pendant 10 minutes au lieu de 5, histoire de rater le plus de temps de cours et que ce soit moralement acceptable, mais pas aujourd'hui.

Aujourd'hui, je dois ouvrir ma putain de lettre. Donc, je fais le mec studieux sympas sérieux et plein d'autres mots en s et je reste assis sur ma chaise. Je sors avec délectation la petite lettre de la trousse où je l'avais fourrée. Aaah, j'ai tellement hâte de savoir qui a eu le courage de me l'envoyer, sachant que je suis 'le gars chiant à qui on parle jamais'!

Je tiens la lettre devant mes yeux et je regarde autour de moi. Ah! Otilis me regarde ! Ja-louuuux ! Je lui offre une espèce de sourire de travers et il baisse les yeux sur ses propres lettres. Hahaha. Je suis tellement content.

Je savoure le moment, et limite je fixe ma lettre, mais faudrait pas abuser non plus parce que l'enveloppe est juste très normale, blanche, et bref c'est une enveloppe, donc, je l'ouvre.

Comme elle a été faite sur ordi, elle est écrite d'une écriture normale, basique, bref, pour l'instant, la forme est pas transcendante. Reste à voir le contenu. J'espère que c'est pas une blague, et qu'on a signé.

Mes yeux se posent sur les premières lignes, pendant que mon corps essaye d'avoir l'air décontracté en s'avachissant dans sa chaise.

"Adam,
J'aurais jamais dû commencer par Adam, on ne se connaît même pas. Et j'aurais pas dû écrire ça non plus, quel début de lettre pourri !"

... Ça commence bien. J'espère de nouveau, plus fort, que ce ne soit pas une blague...

"Je ne pense pas envoyer cette lettre. Je l'ai commencée sur mon ordi, parce que j'avais peur que quelqu'un me voie la donner à la vie scolaire. Première chose à savoir sur moi : j'ai peur de choses bêtes."

Je haussais un sourcil. Avoir peur de choses triviales, c'était pas trop mon truc : je m'en fichais grave de l'opinion des autres.

"Au pire, on m'aurait demandé qui c'était, et j'aurais répondu personne, tu vois, mais même ça, c'est trop compliqué."

J'acquiesce gravement. Oui, tu es une flipette.

"Ma lettre est déjà vachement longue, pardon Adam, mais je ne suis même pas entré dans le vif du sujet. "

N'abusons pas trop non plus. C'est pas mal, niveau longueur, et- oooh, on m'appelle par mon prénom ? Je souris d'un coup, avec toutes mes dents. C'est trop mignon.

"Deuxième chose : je suis extrêmement stressé, et quand je suis stressé, je dis (écris) à peu près tout ce qui me passe par la tête. Le seul moyen que j'ai de me rassurer, c'est la théorie plus que probable que je n'appuierai jamais sur la touche envoyer."

J'offre au papier un autre sourire, ironique cette fois. Zut alors.

"Pourtant je trouve ça injuste, parce que tu ne vas probablement rien recevoir, et que j'ai bien envie d'être ta première lettre."

Mon sourire s'efface et mes yeux s'écarquillent, juste assez pour me laisser voire l'infime possibilité que ce soit pour de vrai. Mon cœur se met à battre plus vite, et j'arrête un moment de lire pour poser ma main sur mes joues, histoire d'être sûr qu'elles sont pas trop chaudes et donc pas trop rouges, possiblement. Mais ça va, et puis personne me regarde.

"Adam,
J'ai adoré tes yeux bleus depuis le jour de ta rentrée, où tu es arrivé trempé dans la classe. Je t'ai trouvé magnifique, et depuis, je te trouve toujours magnifique.
Tu es la seule raison pour laquelle je me donne la peine d'être au premier rang le matin : pour te voir arriver.
J'ai toujours un peu peur que tu ne viennes pas, mais à la fin, ça me rassure tellement quand tu pousses cette porte, tu ne peux pas imaginer à quel point.
Adam, j'aime tes yeux, ta voix, et tout toi. J'aimerais qu'on devienne amis, pour commencer, si tu acceptais de me parler (tu n'as pas l'air de m'aimer beaucoup)."

Je restais bouche bée. Bon là c'est sûr, mes joues ont pris la couleur des petits cœurs posés partout en décoration (rouges, donc). Mais même pas grave, je suis trop heureux. Premier rang ? Qui ça peut être ? Mmh... Mmh. On verra plus tard, restent quelques lignes.

"Sois assuré que maintenant, je suis sûr de ne jamais envoyer cette lettre."

Pauvre de toi.

"Je n'ai pas du tout pensé à ce que j'allais t'écrire, j'ai tout laissé couler et c'était sûrement une mauvaise idée, et puis je pense qu'on a une limite de mots, alors ce sera tout pour toi, Adam Imaginaire. Pff."

J'hausse un sourcil. Adam Imaginaire. Humour très limite, mais bon, peut être qu'on écrit n'importe quoi quand on est sûr de pas envoyer son truc. Ha, ha, ha.

"Tu es incroyable, passe une bonne journée, et j'espère que ma lettre t'aura pas dégoûté ou donné envie de me casser la gueule, mais qu'elle t'aura rendu heureux."

Lui casser la gueule ? Et puis quoi encore ? Pourquoi je lui casserais la gueule ? J'ai pas compris son délire, à notre petit gars. Il a une estime de soi basse, nan ?

Bien joué, Sherlock.

Ça sonne et c'est là que je réalise un truc crucial. C'EST PAS SIGNÉ, BORDEL DE MEEEERDE !

*

⋆★✩

Chapitre... Trois... ne me... tuez... Pas.

Phopho.

⋆★✩

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