- J'accepte...

– J'aime faire des marchés avec toi.

Sacha me tend ensuite la lettre, que j'arrache presque au passage, puis il m'ébouriffe les cheveux.

– Tu sortiras la belle robe, dit-il tout content d'avoir gagné.

Je compte le rabrouer, mais la porte s'ouvre, laissant place à une Mya bouche bée.

– Dois-je comprendre que vous faites des choses pas très catholiques dans cette pièce ?

Sacha bien sûr, rigole, tandis que je rougis. Je suis encore gênée, super. Pour ne pas aggraver mon cas, je quitte directement son bureau. J'entends encore Sacha rire derrière moi ; crétin. Il faut désormais que je fasse deux choses : massacrer la petite Sophie et m'acheter une robe.

Ça va faire déjà une semaine depuis ce petit accident. Bien évidemment, je parle de cette joyeuse lettre que Sophie a délicatement écrite. Comment vous dire, que j'ai été plus que déterminée à aller la gronder, mais que sa petite moue et son visage de chat botté, m'ont tout de suite arrêtée. Et donc, encore une fois, Rose n'a pu mettre son autorité en place. Sacha s'est d'ailleurs bien moqué de moi tout le long de cette semaine. Il n'a pas arrêté de me faire des petites réflexions, accompagnées de clins d'œils et de sourires. Enfin bref, je préfère oublier ce petit passage qui, je l'espère, ne se reproduira pas.

Hier, étant donné que c'était le week-end, j'en ai profité avec Mya pour m'acheter une robe. C'est une petite robe rose pâle, accompagnée d'un petit noeud blanc tout simple. Mya quant à elle, a plutôt opté pour une robe noir assez longue qui lui marque bien le corps. Nous avons donc passé un superbe après-midi, jusqu'à que je reçoive un message de Sacha. Il m'a invitée à dîner ce soir chez lui, une nouvelle fois. J'avoue que j'ai poliment refusé au début. Mais il m'a encore une fois fait du chantage.

Avec quoi me direz-vous ?
Tout simple.

Le soir où j'ai dansé sur cette table, il a réussi à me filmer avec son portable. Voilà. Alors soit j'accepte, soit il m'affiche. Je me suis résignée à accepter. Et c'est d'ailleurs pour cela que je cherchais impérativement des infos sur lui. Afin que je puisse le faire chanter à mon tour un jour. Hélas, pour l'instant je ne dispose de rien.

Je suis encore dans mes folles pensées quand mon téléphone se met à vibrer. Je le déverrouille donc directement pour apercevoir un message de ce charmant homme.

~ Habille-toi correctement ce soir. ~

Je souffle mais je réponds :

~ Pourquoi ? ~

Mon portable vibre aussitôt :

~ Je ne te force pas, mais je pense que tu devrais accepter. Une vidéo peut si vite être envoyée, si tu vois ce que je veux dire. À tout à l'heure :)~

Et voilà... Il recommence. Il faudra vraiment que j'ai une discussion avec lui ce soir. J'en ai marre qu'il utilise à chaque fois le chantage comme fichue méthode. Forcer les gens, ce n'est pas correct. Du coup, je ne lui réponds pas, et je repars travailler en pensant à la robe que je pourrai bien mettre ce soir...

Je suis en train de rentrer chez moi quand j'aperçois une silhouette devant ma porte d'appartement. J'allume donc la lumière afin de mieux voir. Mais dès que nos regards se croisent, mon cœur manque un battement. Puis deux. Il est là. À quelque mètres de moi. Valentin. Il s'avance directement vers moi et je recule. Arrivé à ma hauteur, j'observe ses yeux rouges, je sens l'odeur de la cigarette.

– Rose, ma belle. Tu m'as trop manqué tu sais, s'exclame-t-il avec un sourire niais.

Ok. Je crois qu'il est ce que l'on peut qualifier de... défoncé.

Je recule encore un peu, avant de finir collée au mur. Valentin se rapproche quand même de moi, en posant ses deux mains de chaque côté de ma tête.

– Je crois qu'on parlera un autre jour, Valentin. C'est mieux, dis-je tout bas, peu rassurée de la tournure.

– Quoi ?! Pourquoi pas maintenant ! s'écrie-t-il aussitôt, me faisant sursauter au passage.

Comment lui dire en face « Car tu es complètement défoncé, et donc, pas dans ton état normal. » ? Je crois que ce n'est pas la meilleure des solutions à dire quand quelqu'un est comme ça.

– Bon, je dois partir là. Excuse-moi Valentin, reprends-je avant de le pousser légèrement.

À peine ai-je fait deux mètres qu'il m'attrape violemment par le bras.

– Je veux te revoir !

– Lâche-moi, Valentin.

Il resserre sa poigne sur mon bras, enclenchant une douleur.

– Valentin, arrête s'il te plaît, continué-je en essayant de contrôler un maximum ma voix.

Il me fixe longuement, avant de me lâcher. Mon bras me tiraille mais je ne préfère rien dire. Valentin ne prononce rien de plus et c'est ainsi qu'il s'en va, comme si de rien n'était. Je ne cherche même pas à le rattraper ou à lui parler. Je me précipite dans mon appartement. Je referme à clef, les mains tremblantes. Je décide de passer mon bras sous l'eau et d'appliquer une crème, mais mon téléphone sonne. Je décroche donc, ne regardant pas qui cela peut être.

– Allo ? Oui, chez moi... déclaré-je. Oh c'est bon, calme-toi. Oui, je sais. J'arrive !

Je raccroche directement, avant de laisser échapper un profond soupir. Je l'avais complètement oublié, lui. Je retiens mes pulsions meurtrières et décide donc, à contre cœur, d'aller me préparer. Vingt-cinq minutes plus tard, je suis enfin arrivée chez lui. Je souffle puis toque contre la porte. En moins de deux, Sacha apparaît et me dévisage.

– Pas trop tôt, mademoiselle.

Je compte lui balancer mes quatre vérités quand il me prend par le bras pour m'emmener dans le salon. Bizarre, j'entends des voix. Arrivés là-bas, je vois deux personnes sur le canapé. Une jeune femme, ainsi qu'un garçon qui ressemble étrangement à Sacha. D'ailleurs, celui-ci ne perd pas de temps pour ouvrir les hostilités :

– Je vous présente ma petite amie, Rose.

Je me tourne vers lui afin de lui lancer un regard noir. Évidemment il n'en fait rien, à part passer son bras autour de ma taille et me serrer un peu plus contre lui.

– Eh bien ! Moi qui croyais que tu mentais ! Ravi de te rencontrer Rose, intervient une voix grave et masculine.

En moins de deux, Sacha me lâche et me pousse légèrement vers son... frère. Il me fait donc la bise, suivi de sa petite amie je présume, qui au passage me complimente sur ma tenue.

– Rose, je te présente mon grand frère Léo, ainsi que sa fiancée Jenny, reprend Sacha, souriant.

Non mais il se fiche de moi, là ?

– Elle doit être un peu bouleversée car je ne lui ai pas dit que vous seriez là ce soir. Rose, ça va ? continue Sacha, en me pinçant gentiment le dos.

Il va me le payer.

– Ah, oui. Enchantée de vous rencontrer... réponds-je en essayant de faire un sourire qui doit plutôt ressembler à une grimace.

– Allons nous asseoir pour faire connaissance avec ta petite amie, Sacha, reprend Jenny, enjouée.

Tout le monde acquiesce de la tête, sauf moi évidemment, et nous prenons donc place à table. Sacha est bien sûr à côté de moi, son frère et sa fiancée en face de nous. Le frère de Sacha a des yeux de la même couleur, des traits de visage similaires. Néanmoins, il n'est pas aussi musclé que son frère et est légèrement plus petit que lui. Jenny, quant à elle, est une jolie jeune femme. Elle a de longs cheveux roux qui lui retombent dans le dos. Elle a également de magnifiques yeux, couleurs bleu océan.

– Alors, Rose. Parle-nous un peu de toi, intervient de nouveau son grand frère.

Sacha me donne un petit coup sous la table afin que je parle. Je crois que je vais vraiment le tuer, lui. Il ne va pas s'en sortir comme ça.

– Eh bien, je suis infirmière dans le même hôpital où travaille Sacha, dis-je simplement.

– Que c'est adorable. Une relation entre une infirmière et son futur patron ; c'est trop mignon, réplique Jenny.

Hum. Vraiment adorable hein...

Sacha pose sa main sur la mienne, avant de répondre :

– En effet. Nous nous sommes rencontrés là-bas, entre deux couloirs. Nous avons eu immédiatement un coup de foudre. Et depuis, nous ne nous lâchons plus.

Je lui serre la main, en enfonçant bien mes ongles dans sa peau.

– En effet, le grand amour, affirmé-je.

Les deux tourtereaux se regardent avant d'échanger un grand sourire. Sacha quant à lui, essaye d'enlever sa main de la mienne. Mais vu comme je la serre et comment je plante mes ongles dans sa chair, il est plutôt difficile de s'en échapper. Il va vraiment me le payer, lui. Le dîner continue donc, les questions ne cessant de fuser sur notre relation à Sacha et moi. Des questions sur la famille, la cohabitation, le mariage... Et j'en passe. Enfin. Faudrait peut-être qu'on soit ensemble pour que tout cela ait lieu.

Le dîner se passe dans une ambiance chaleureuse et quelques heures plus tard, il se termine. Son grand frère et Jenny s'en vont donc, car ils doivent s'en aller pour un autre pays. On échange de dernières paroles et c'est ainsi que je me retrouve seule avec cet homme. Ma colère n'étant pas toujours redescendue, dès qu'ils referment la porte, je me retourne vers Sacha pour lui asséner une bonne gifle.