Chapitre 1
Cela fait exactement un mois que j'ai obtenu ce poste. Ce poste dont j'ai tant rêvé et pour lequel j'ai tant travaillé afin de l'obtenir un jour.
Mais désormais, je l'avais !
Après quelques années d'efforts, me voilà enfin infirmière au sein du meilleur hôpital de la ville. De plus, ma meilleure amie Mya travaille aussi là-bas. Quoi de mieux pour débuter sa carrière ? Même si Mya souhaite plus que tout me caser avec quelqu'un de l'hôpital, j'avoue que j'ai d'autres préoccupations. Ma situation amoureuse, qui se résume à zéro, n'est pas ma première inquiétude. De toutes façons, je pense qu'avec mon nouveau job je n'aurai guère le temps de me préoccuper de cela. Même si une certaine femme asiatique se languit de me voir en couple.
Voyant le temps avancer à vive allure, je comprends vite qu'il est l'heure pour moi de me rendre au travail. Je referme donc mon appartement, puis pars en direction de l'hôpital. Arrivée sur place, je salue quelques collègues qui passent devant moi, puis me change afin d'enfiler ma petite blouse d'infirmière que j'aime tant.
Une fois changée, je pars directement dans le département pédiatrique, mon département de prédilection. Les enfants sont adorables. Bon, il y a quelques têtes de mules, mais après avoir pris le temps de parler avec chacun d'eux, tout va parfaitement bien. J'adore redonner le sourire aux enfants malades et voir que ma présence les ravit autant.
– Rosyyyyy ! crie une petite voix, avant qu'elle ne s'élance sur moi.
C'est la petite Joyce. Elle a six ans et a été affectée ici pour un accident de voiture. Heureusement, rien de très grave mis à part un bras cassé. Cela aurait pu être bien pire, mais même ses parents qui étaient présents à ce moment, n'ont rien eu de très grave. Joyce est arrivée le même jour que celui où j'ai commencé à travailler ici.
– J'ai faimmmmm ! s'exclame la petite en s'agrippant à moi.
– Alors ta petite Rosy d'amour va te chercher quelque chose, réponds-je en la reposant délicatement à terre.
Elle me fait un grand sourire avant de repartir dans sa chambre. Je me dirige donc vers le réfectoire pour chercher un petit truc à manger. Normalement, ma supérieure m'interdit de faire cela. Hélas, je n'arrive pas à résister à ces petites bouilles. Je pense que c'est d'ailleurs pour cela que les enfants m'adorent autant. Rose, alias la voleuse de nourriture.
En revenant avec quelques goûters dans les bras, j'entends plusieurs personnes qui parlent d'un certain Monsieur Diez et de sa visite. Ils ont l'air inquiets. Pourtour, je ne comprends pas. Le chef de l'hôpital se nomme Monsieur Diez et, à ce que je sache, il est adorable avec son personnel.
Pourquoi sont-ils autant inquiets alors ?
Bizarre.
Je remarque que j'ai pris un peu de retard, comme à mon habitude. Cet hôpital est tellement grand, je me perds souvent. La dernière fois, je me suis retrouvée au département Alzheimer. Une femme m'avait pris pour sa fille. Elle ne m'a pas lâchée pendant deux heures et je n'avais pas osé lui dire que je n'étais pas son enfant. Je suis donc restée avec elle jusqu'à ce que ma folle de patronne n'arrive et ne me hurle dessus.
Comment vous dire ? Ma supérieure a très mal réagi en me voyant avec cette femme. Pour elle, je commençais très mal ma carrière ici. Disons que cette femme est le stéréotype parfait du supérieur chiant. Elle est tout le temps sur mon dos et n'hésite pas à me crier dessus à la moindre erreur. Tout le monde m'avait prévenue : chaque année, elle choisit sa victime et apparemment, j'étais donc sa nouvelle proie.
J'essaye de ne plus penser à cette femme et commence donc à engager un petit sprint, afin de rejoindre la chambre de Joyce. Je tourne à gauche, puis à droite, entre les multitudes de couloirs. Mais tout d'un coup, je fonce dans quelqu'un et trébuche par terre.
— Rose ! s'exclame une voix que je reconnais tout de suite.
Je relève la tête pour remarquer une Mya affolée.
Bah quoi ?
J'ai fait quoi encore ?
Mya me faisait des signes vraiment bizarres.
– Quoi ? Il y a un chat dans l'hôpital ?
Elle continue toujours, tout en bougeant ses mains de partout.
– T'as rompu avec Alex ?
Elle souffle un coup avant de me faire signe de pendaison.
– Pourquoi je suis morte ? J'ai rien fait pourtant.
Mya lève les yeux au ciel, avant de me montrer du doigt quelque chose. Je tourne donc ma tête et remarque... Ah mince. Devant moi, se trouve un homme. Plutôt canon au passage. Il doit avoir à peu près mon âge, je dirais. Il a de magnifiques cheveux bruns, un peu en bataille, et il porte une chemise blanche, qui est encadrée par une magnifique petite veste de costard noire. Ses yeux verts-marrons me fixent. Il fronce les sourcils.
Il se relève ensuite et je fais de même. Il tapote légèrement sa chemise, ainsi que son pantalon noir. Je lance quelques regards à Mya qui me dévisage. Quoi ? J'ai juste foncé dans quelqu'un, rien de plus.
– Excusez-moi de vous avoir bousculé, dis-je avant de me baisser et de ramasser les goûters.
Heureusement pour moi, ils sont tous emballés. Donc aucun gâchis.
– Excusez-moi, excusez-moi. Toujours des excuses, peste une voix masculine.
– Bah oui et alors ? répliqué-je directement.
Mya me fait signe d'arrêter de parler, mais hélas je continue.
– Et tu oses me répondre, en plus ? reprend l'homme.
Je ramasse les quelques goûters encore par terre, puis me relève avant de répondre :
– Pourquoi vous me tutoyez ? On ne se connaît pas assez, à ce que je sache.
L'homme laisse échapper un petit rire.
Qu'il est bizarre...
– Excusez-moi mademoiselle, mais je fais ce que je veux, répond-il entre ses dents, énervé.
– Non. La politesse, vous connaissez ?
– Bien plus que vous, oui.
– Pourtant, on ne dirait pas. Bon je vous laisse, j'ai des choses à faire. Au revoir monsieur, continué-je en le bousculant au passage
– Reviens ici !
Tiens, maintenant il me tutoie à nouveau. Je me retourne et lui fais quelque chose de très mature, comme à mon habitude : je lui tire la langue.
Je vois juste le visage désespéré de Mya, avant de prendre un autre couloir et de ne plus les voir.
Bon vent !
**
PDV Mya
Dites-moi qu'elle n'a pas osé... S'il vous plaît..
– Mya !
Je me tourne pour lui faire face, en lui offrant un petit sourire.
– Tu connais cette fille ? me demande-t-il aussitôt.
– Eh bien... réponds-je en me grattant la nuque.
– Mya.
Je ne peux pas lui résister... Si je le fais, il serait capable de me harceler toute la journée. Donc non merci.
– Tu ne vas rien lui faire ? Promets-le moi, Sacha.
– Je ne suis pas un tyran non plus.
Non non. Juste un peu.
Hum. Je devrais peut-être faire les présentations.
Voici Sacha, très beau garçon de vingt-cinq ans. Sa taille ainsi que son physique plutôt avantageux l'aident bien à charmer toutes les filles qu'il souhaite. Il est le fils du patron de l'hôpital, Monsieur Diez. Lui et moi sommes des amis d'enfance, mais quand je suis entrée au collège, sa famille et lui ont déménagé. Ils sont revenus quelques années plus tard et son père a donc pris possession de cet hôpital. Et étant donné que son paternel est plutôt âgé, ce sera bientôt à Sacha de prendre la relève. Mais disons qu'il est plutôt... Hum...
Comment dire ? Pas méchant, non, je ne dirais pas ça. Mais plutôt froid avec les autres. Oui, c'est ça.
Il a déjà fait des visites auparavant, lorsque Rose n'était pas encore ici, et disons que le courant n'est pas très bien passé avec les employés. Si son père est quelqu'un de très sociable, son fils lui, est le contraire. Enfin cela dépend. Si une personne attire son intérêt, il sera plutôt sympathique. Sinon, pas du tout.
Il est un peu comme une bombe ; il peut exploser à tout moment. Particulièrement lorsqu'il est en colère. De plus, Rose ne le connaît pas, je ne lui ai jamais parlé de lui. Puis, cela ne fait qu'à peine un mois qu'elle a commencé à travailler ici ; elle ne voit donc pas du tout qui il peut être.
Enfin.
Avant qu'elle ne lui fonce dessus, évidemment.
– Mya, je te parle ! reprend une voix grave et dure.
– Elle s'appelle Rose. Elle est infirmière. Ça ne fait à peine qu'un mois qu'elle travaille ici et elle a été affectée en pédiatrie.
– Quelle est ta relation avec elle ?
– Pourquoi tu veux savoir ça ? Elle t'intéresse ? demandé-je, étonnée.
– Oh non. C'est juste que si elle est proche de toi, je veillerai à ne pas trop la martyriser, rétorque-t-il.
– Je t'interdis de toucher à elle, Sacha. Cette fille compte énormément pour moi.
– Calme-toi, Mya. J'ai compris. C'est ta meilleure amie, c'est ça ?
Il est vraiment chiant à être aussi curieux. D'ailleurs, cela ne lui ressemble pas.
– T'as tout compris. Maintenant on peut retourner à nos occupations ?
— Intéressant. Bon on y va alors, répond-il avant de prendre la direction opposée.
••
PDV Rose
– Rosy, calme-toi... Tu es en train d'écraser mon goûter, dit une petite voix.
Je baisse la tête et vois qu'effectivement, je serre un peu trop fort son gâteau entre mes mains.
– Désolée Joyce... soufflé-je avant de lui donner son goûter.
Elle laisse échapper un petit rire, avant de le prendre et de commencer à le manger. Soudain, deux petites têtes apparaissent derrière la porte. Erwan et Paul. Plus connus sous le nom des jumeaux diaboliques. Ils ont été affectés ici tous deux pour appendicite. Ils ont sept ans et ces deux petits monstres, que j'adore quand même, font toujours les quatre cents coups dans l'hôpital.
— Rose... dit Paul d'une voix pleine de sous-entendus.
Cette voix signifie qu'il prépare un mauvais coup. Et le sourire diabolique de son frère ne fait que confirmer mes doutes. En moins de deux, ils s'approchent de moi et Paul me lance une tarte en pleine figure.
– Rosy ! crie la petite Joyce.
– On y va, Erwan ! enchaîne Paul.
Je marmonne entre mes dents.
— Joyce chérie, ne bouge pas d'ici. Rosy d'amour va s'occuper gentiment de ces enfants. Je reviens très vite, finis-je avant de commencer à courir après ces deux monstres.
– Revenez ici, Erwan et Paul ! crié-je dans le couloir.
– Attrape-nous si tu peux ! rigole Erwan.
Je me mets donc à courir le plus vite possible afin de les rattraper, mais c'est qu'ils courent vite pour leur âge. À chaque fois, ils prennent un nouveau couloir ! Bon sang, ils sont chiants ! Le pire étant que tous mes collègues se fichent bien de ma gueule quand ils me voient courir comme une folle. En même temps, une infirmière avec de la crème plein le visage, en train de courir après deux gosses dans un hôpital, c'est plutôt comique. Et assez inattendu. Un infirmier, Hector je crois, s'esclaffe :
– Vas-y, Rose !
Je lui fais un léger signe de la main, avant de reprendre la course. Les deux frères changent de parcours ; ils décident de prendre les escaliers.
– Allez, Rosy ! continue Erwan.
– Revenez ici, bon sang ! pesté-je à mon tour avant d'entamer la première marche des escaliers.
– Mademoiselle Anderson ?! hurle subitement une voix.
À l'entente de cette voix stridente, je loupe une marche et m'étale magnifiquement contre le... Ah non, sur quelqu'un. Une fois de plus.
– Oh mon Dieu ! Poussez-vous de là, idiote ! reprend cette même voix avant de me pousser.
Là, je suis vraiment sur le sol par contre.
– Rose ! Ça va ? intervient une autre voix que je reconnais directement.
J'ouvre les yeux et repère Mya. Rapidement, elle m'aide à me relever.
– Mais pourquoi tu as de la crème sur le visage, Rose ? s'exclame-t-elle avant de sortir un mouchoir de sa poche.
– Vous allez bien, Monsieur ?!
Je me retourne en même temps que Mya pour apercevoir... Ah. C'est l'homme de tout à l'heure.
C'était donc lui mon airbag. Il se relève encore une fois, avant de passer une main dans ses cheveux. Il a l'air en colère, mais dès que nos regards se croisent, il paraît se détendre. C'est pas bon, ça. Il doit mijoter quelque chose.
– Encore toi ? Ou devrais-je dire « vous » ? dit-il en me fixant, avec un léger sourire en coin.
Mya me donne un léger coup d'épaule, signe que je dois répondre.
– On dirait bien, oui, réponds-je plutôt gênée de cette situation.
Je crois que le sort s'acharne sur moi. Deux fois que je tombe sur lui. Et... Je viens de me rappeler du moment où je lui ai tiré la langue. La honte.
– Encore vous, mademoiselle Anderson ! s'exclame cette fois-ci ma patronne d'un ton sévère.
Et c'est parti... Enfin, reparti.
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