Chapitre 6

Louis essayait de se concentrer. Il jouait avec l'ajusteur fin de sa corde E, bougeant dans sa chaise alors qu'il attendait que Harry sorte de l'endroit où il se cachait et dirige la répétition. C'en était une courte aujourd'hui, juste une heure environ en fin de matinée, pour passer en revue les notes de leur concert d'ouverture et préparer celui de ce soir. Ils referaient le même programme dimanche après-midi, et encore une fois mardi pour BBC Radio. Puis tout le monde aurait une semaine entière de vacances avant que les répétitions pour le deuxième cycle de Harry débutent.

« Je peux déjà sentir le soleil de Madère, » dit Eleanor, fermant ses yeux et se penchant en arrière dans sa chaise.

« On n'est pas encore en congé, » grommela Louis, se tortillant encore, essayant de se mettre à l'aise. Tout son corps était douloureux. Des suçons jonchaient le haut de son torse et son cou – il ne pouvait pas cesser de s'assurer que celui se trouvant le plus haut ne dépasse pas trop de son col – et il pouvait toujours sentir le sexe de Harry en lui. C'était très distrayant.

« Tais-toi pendant que je bronze, » murmura Eleanor. Elle lui lança un regard froid depuis sa position détendue, captant ses mouvements erratiques et frustrés, fronçant ses sourcils. « T'es bizarre ce matin. Qu'est-ce que t'as ? »

« Rien, » claqua Louis. « J'ai pas bien dormi. »

« Et tu t'es pris une porte, hein ? »

Louis plaque une main sur son cou et lui lança un regard noir. Elle lui sourit en coin. Ils se redressèrent tous les deux lorsque Harry émergea finalement du couloir à l'arrière de la salle et se dirigeait vers le podium. Louis garda sa tête enfouie dans sa musique avec détermination, refusant de croiser le regard de Harry. Il avait quitté le loft tôt ce matin, vers sept heures, ayant l'intention de partir comme un voleur. A la place, il avait descendu les escaliers en colimaçon pour découvrir Harry en train de cuisiner des pommes de terre et des pancakes pour le petit déjeuner, portant qu'un petit boxer noir.

« Bonjour, Lou, » avait dit Harry en lui souriant. « Ton assiette était déjà sur la table. »

Mais Louis avait balbutié une excuse du bout des lèvres (ignorant l'air légèrement déçu de Harry et l'odeur délicieuse de la nourriture chaude), il avait attrapé son manteau et était parti pour héler un taxi. Harry, la nuit, dans le noir, des morceaux de peau et de tatouages, son sexe dur pendant qu'ils couchaient ensemble, c'était une chose. Harry, le matin, grand, élancé, presque nu, doux, les boucles en désordre et les yeux pleins de sommeil, c'était un trop dur à gérer pour lui.

Ce n'était pas grave, raisonna Louis. C'était terminé. Le petit-déjeuner était juste un geste de politesse. Le charme légendaire de Styles, et tout ça. Il a probablement résolu la petite fixette qu'il avait... Je suis toujours – Je suis toujours un peu décevant de toute façon. Ouais, je lui plaisais probablement quand il était un adolescent frustré. Je peux le comprendre. Maintenant, cependant... Louis soupira, remettant en place sa frange et se risquant à lancer un regard vers Harry alors qu'il étalait d'autres notes sur son pupitre. Il était tellement magnifique. Et beaucoup trop bien pour Louis, de plein de façons différentes.

Harry éclaircit sa gorge, tapant sa cuisse avec deux de ses longs doigts pâles. (Les mêmes qui avaient à l'intérieur de Louis la nuit précédente. Bon Dieu.) « Hé, » commença-t-il. « Bonjour tout le monde. »

Louis marmonna un « bonjour » sans enthousiasme avec le reste de l'orchestre, souhaitant être invisible. Heureusement, Harry ne le regarda pas. Il semblait éviter toute la section des violons, se concentrant plutôt sur les cuivres se trouvant à l'arrière.

« Alors, ce fut certainement une performance bien accueillie par le public, » dit Harry. L'orchestre se mit à rire – ils avaient tous entendu Grimshaw se vanter de façon extatique de leur succès et lire les critiques élogieuses qui fleurissaient déjà en ligne. « J'ai pu parler à certains d'entre vous à la réception, mais au cas où je ne l'ai pas encore fait en personne, je veux remercier chacun d'entre vous pour vos efforts et votre dévouement. Et la confiance qui vous avez eu en moi. Surtout ça. »

Louis baissa sa tête, refusant d'être l'un des visages plein d'espoir qui était sans aucun doute en train de sourire à Harry. Il agita son genou droit avec impatience, essayant d'ignorer la légère douleur dans ses fesses.

« Je suis sûr que tout le monde est conscient des problèmes de tempo que nous avons eu avec Don Juan hier soir. Ils sont apparus de façon organique dans – » Harry toussa, « la chaleur du moment, mais ils se sont trouvés être absolument géniaux. J'aimerais essayer de les reproduire pour le reste de nos concerts. Alors, reprenons depuis le début, s'il vous plaît. Tomlinson va pousser. Mais faites attention à mes gestes. »

Louis sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale lorsque Harry dit son nom. Il était sorti de ses lèvres avec désinvolture, comme s'il était juste n'importe qui. N'importe quel chef de section dans n'importe quel orchestre que Harry avait dirigé. Louis dut secouer ses bras avant de lever Thunder à son menton, posant finalement ses yeux sur la baguette de Harry alors que les violons attendaient leur signal.

Ils parcoururent toute la première moitié de l'œuvre en saccade, s'ajustant rapidement au nouveau tempo. La tête de Louis s'éclaircit dès qu'il commença à jouer, se focalisant sur la musique et la musique seulement. Il put sentir de plus en plus le regard de Harry sur lui au cours de la répétition, mais son cerveau le remarqua seulement comme un fait neutre, comme la température de l'air ou l'horrible mèche rabattue de Gerald Courtenay. L'orchestre sonnait bien. Mieux que hier soir, maintenant qu'ils jouaient avec le tempo d'une façon plus organisée et intentionnelle.

Juste au moment où les violons étaient au milieu d'une partie vraiment difficile au cœur de l'œuvre, Harry les coupa. L'archet de Louis rebondit sur ses cordes avec un soubresaut râpeux. Il plia ses doigts et lécha ses lèvres, irrité. Il n'avait entendu aucune erreur ; les choses avaient été sur le point de s'intensifier...

« Excellent travail, tout le monde, » dit Harry, brusquement. « Je vais mettre fin à la répétition un peu plus tôt. Ça va être génial ce soir, il n'y a absolument aucune inquiétude à avoir. Tomlinson, dans son bureau, s'il te plaît. Tout de suite. »

Louis roula ses yeux alors qu'il reprenait sa partition, ignorant les regards curieux d'Eleanor.

« Pour quoi il veut te voir ? »

Louis haussa ses épaules. « Rien de bon, crois-moi. » L'air véritablement peiné sur son visage avait dû être assez convainquant pour elle, parce qu'elle gloussa simplement et se leva, repoussant ses cheveux par-dessus son épaule.

« Amuse-toi bien, » dit-elle avant de partir ranger son instrument.

Louis essuya doucement la colophane des cordes de Thunder, remettant inutilement en ordre ses partitions, avant de les remettre soigneusement en place et les ranger dans son dossier en cuir noir. Il avait espéré s'en sortir sans avoir à en parler. Il avait en quelque sorte naïvement espéré que Harry ne reviendrait jamais là-dessus, tairait son rejet. C'est logique, cependant, pensa-t-il alors qu'il était à court de chose à faire. Il ferma la fermeture, attrapa son étui à violon et commença à avancer vers le fond de Jerwood Hall, tous les autres l'entourant alors qu'il se dirigeait vers l'entrée principale. C'est mon patron ; c'est lui qui a tout initié. Alors techniquement, c'est lui qui a dépassé les limites professionnelles. Il ressent probablement le besoin de me laisser tomber en douceur comme ça je ne... je ne sais pas. Ne le poursuivrai pas pour harcèlement sexuel.

Louis grogna. Comme s'il avait envie de dire à quelqu'un d'autre ce qu'il s'était passé. Il était assez embarrassé que Harry ait été là pour le voir jouir en quelques minutes au simple fait d'être fessé. Le sentiment d'échec et d'humiliation que Louis avait gardé à l'écart pendant des années avec ses horaires d'entraînement stricts et ses piques amers, semblait l'écraser plus que jamais ces derniers jours.

« Ugh. » Louis se tenait, à présent, devant la porte close du bureau de Harry. Il se dégoûtait. Et il avait peur de toquer.

Juste au moment où il leva son poing fermé pour frapper à la porte, la poignée tourna et elle s'ouvrit.

« Enfin, putain, » marmonna Harry, attrapant Louis par un passant de ceinture et le tirant à l'intérieur. Louis entendit la serrure être verrouillé derrière eux alors que Harry l'entraînait vers le bureau, sa respiration chaude dans son cou. « Qu'est-ce qui t'as pris autant de temps ? »

« Euh... »

Harry se recula, regardant avidement Louis. « Je peux te sucer ? » Ses yeux étaient grands et expressifs, et il y avait quelque chose dedans que Louis n'arrivait pas vraiment à saisir. Une sorte de témérité calme. Ou de l'espoir – un regard plein d'espoir, peut-être.

« S'il te plaît, Lou... »

Le souffle de Louis se coupa, ne sachant pas si c'était réellement en train de se passer ou s'il était soudainement en train d'halluciner que le plus beau mec avec qui il avait eu une partie de jambe embarrassante voulait, pour une quelconque raison, coucher à nouveau avec lui. Il hocha juste stupidement de la tête.

Harry fit un bruit désespéré et fou dans le fond de sa gorge. Puis il se laissa tomber à genoux et releva le pull de Louis, défaisant les trois derniers boutons de la chemise qu'il portait en dessous. Louis mordit sa lèvre pour s'empêcher de gémir quand Harry frotta son nez le long de la ceinture de son pantalon, sa langue lécha la peau douce de ses hanches en de petits cercles et y laissa des suçons. En ajoutant à la collection, en réalité. Louis n'avait jamais été avec quelqu'un qui était aussi obsédé par le fait de le marquer et il se demanda ce que ça signifiait.

A présent, la paume de Harry survolait la bosse grossissante dans le pantalon de Louis, et ce dernier laissa échapper un soupir frustré. « Tu vas continuer à me taquiner, Styles, ou je vais être obligé de la sortir moi-même et te frapper le visage avec ? »

Harry se mit à faire des sons étouffés et obscènes – comme s'il essayait de se retenir, échouant à rester silencieux – et Louis sentit un peu de sa confiance en lui revenir. Il n'allait pas nier la réalité ; Harry avait de toute évidement envie de lui. Peut-être que ça faisait un moment qu'il n'avait pas couché avec quelqu'un, ou peut-être... Mais ensuite Harry utilisa ses dents pour baisser sa braguette et son cerveau cessa de fonctionner.

Il était déjà dur – lourd et douloureux – lorsque Harry sortit son sexe de son sous-vêtement, léchant le bout avant de déposer des baisers le long de la hampe. Louis prit une profonde respiration, se préparant à lutter pour faire durer le moment alors qu'il se penchait contre le bureau. Mais ensuite, les lèvres de Harry étaient autour de lui, chaudes et humides, le prenant en bouche sans avertissement. Les genoux de Louis plièrent sous lui ; il laissa échapper un petit soupir. « Qu'est-ce qui te prend, en fait ? »

« Est-ce que tu... sais... de quoi t'as l'air quand tu joues ? » Harry inspirait à chaque fois avant de reprendre Louis en bouche. Ses paupières papillonnèrent, ses joues teintées de rose alors qu'il léchait le sexe de Louis, enroulant sa langue autour et instaurant un rythme. Louis n'arrivait presque pas à comprendre comment la bouche de Harry était aussi pleine. Bon Dieu, rien que de le voir fut suffisant... Il retira brusquement sa main gauche d'où elle s'accrochait fortement au bord du bureau et il la glissa dans les boucles de Harry, passant calmement son pouce le long de son cuir chevelu avant de tirer ses cheveux. Juste légèrement, mais ça fit haleter Harry.

Il leva son regard vers Louis, ses yeux vitreux, sa bouche rouge et ses lèvres gonflées et humides.

« Tu ressembles à un fantasme sexuel, » souffla Louis.

Harry sourit tendrement en réponse et poussa sa joue contre la main de Louis. Ce dernier gratta son cuir chevelu et sentit Harry fondre sous lui. « T'aimes ça, chéri ? » demanda-t-il, tirant à nouveau ses cheveux.

Harry mit simplement ses lèvres sur son sexe et gémit. Ce fut obscène. Il fallut un petit moment à Louis pour se reprendre avant d'exercer une prise plus ferme sur les boucles de Harry. Il tira fermement et poussa ses hanches vers l'avant, guidant doucement son sexe dans la bouche de Harry. Les mains de ce dernier se détachèrent de l'endroit où elles étaient pressées contre le jeans recouvrant ses cuisses pour venir agripper celles de Louis. Il prit une profonde inspiration par le nez alors que le sexe de Louis frappait le fond de sa gorge. Mais il ne se débattit pas.

« C'est... » marmonna Louis. « Merde, Styles. » Il inspira profondément et pénétra à nouveau dans la bouche de Harry, le long de sa gorge. Encore et encore, jusqu'à ce que les yeux de Harry fussent humides, son nez effleurant les poils en dessous du nombril de Louis et ses testicules heurtant son menton à chaque va-et-vient. Mais Harry ne se défila pas. Il glissa ses mains pour s'accrocher à l'arrière de ses cuisses, le tirant vers lui, l'aidant. Louis grogna alors qu'il claquait ses hanches vers l'avant, essayant de ne pas regarder Harry parce que la vue de ses lèvres pulpeuses et rouges enroulées autour de son érection, la teinte rose se répandant sur sa peau, ses boucles en désordre et ses joues tâchées de larmes... c'était beaucoup trop. C'était même trop d'y penser, putain.

Tout le corps de Louis était incroyablement chaud. Il y avait de la sueur sur son front ; il se sentait surchauffer dans son pull, sa respiration irrégulière et saccadées, et il était proche à présent. Si foutrement proche. Il tira brusquement sur les cheveux de Harry pour l'avertir, le laissant se reculer et ouvrir sa foutue bouche pour pouvoir se voir se déverser sur ses lèvres et son menton, coulant jusqu'à dans son cou. Quand la langue rose de Harry sortit pour venir lécher un peu de sperme, Louis s'évanouit presque.

« Putain, Styles. Viens là. » Harry sourit d'un air idiot alors que Louis le tirait par les coudes et collait leurs corps l'un contre l'autre. Il baissa une main pour toucher l'entrejambe de Harry. Juste au moment où ses doigts se refermèrent autour de son sexe dur, toujours étroitement enfermé dans le jeans, Harry se figea.

« Quoi ? » demanda doucement Louis, frottant le bout de son pouce sur la braguette déformée.

« Je vais jouir dans environ une seconde et demi, » haleta Harry, son visage tordu de concentration.

Louis défit rapidement son pantalon et le baissa pour libérer son sexe. Harry laissa échapper un profond gémissement lorsqu'il le toucha, se déversant instantanément dans la main de Louis et partout sur des papiers se trouvant sur son bureau.

« Oups, » rigola Louis.

« Merde, » chuchota Harry, après avoir simplement respirer pendant quelques secondes. « Ce sont mes notes. Je vais devoir les réécrire. »

Louis rigola, attrapant un mouchoir pour le nettoyant avant rattacher son pantalon. « Où est passer toute ton endurance, hein ? » le taquina-t-il. « Ce n'est pas le Harry Styles qui m'a baisé pendant une éternité hier soir. »

Harry roula ses yeux, déchirant doucement la première page de son bloc-notes tâché de sperme. « Est-ce que tu plaisantes ? J'étais en retard pour te retrouver parce que j'ai dû aller aux toilettes pour me branler rapidement et avoir une chance de durer. T'es tellement... » Il s'arrêta et mordit sa lèvre d'un air piteux, acceptant un autre mouchoir de la part de Louis pour essuyer le reste de son visage.

« Nul pour viser ? » demanda Louis, et Harry éclata de rire puis claqua une main sur sa bouche alors que ses épaules tressautaient.

« Sexy. »

Louis renifla en se regardant. Un pull à motif que sa mère lui avait offert pour son anniversaire, un pantalon chino froissé baissé à mi-cuisse, son sexe mou toujours dehors. « Bien sûr, Harry. » Il se redressa et essaya de se rendre à nouveau présentable. Comme s'il ne venait pas de coucher accidentellement avec son patron pour la deuxième fois en moins de vingt-quatre heures.

« Donc. Si c'est tout ce que tu, euh, voulais... » Louis éclaircit sa gorge et attrapa son étui à violon, qui avait été posé sans cérémonie entre la poubelle et la chaise.

« Attends, » dit Harry. Il tendit une main et attrapa le coude de Louis, le tirant dans un baiser. Ses lèvres étaient douces, avides et il avait le goût de sperme et de citron. Louis sentit son cœur battre de façon irrégulière lorsque Harry leva sa main pour caresser sa joue. Quand ils se séparèrent, Harry soupira et sourit timidement. « Ça ne te dérange pas ? J'ai l'impression que je... je ne peux pas m'empêcher de t'embrasser. »

Louis répondit en déposant ses lèvres contre la fossette gauche de Harry. Il ne se fit pas suffisamment confiance pour parler. A la place, il fit un simple clin d'œil et se dirigea vers la porte avec un petit sourire suffisant sur son visage.

Ça va à nouveau arriver, pensa-t-il quelques minutes plus tard alors qu'il s'asseyait dans le métro. Un petit frisson d'excitation remonta le long de sa colonne vertébrale à cette prise de conscience. Ça va arriver beaucoup d'autres fois. Oh mon Dieu, je couche avec Harry Styles. La tête de Louis tourna. Il le reverrait ce soir puis le lendemain pour concert de dimanche après-midi. Est-ce trop tôt ? Pour... pour faire quelque chose ? Louis frissonna. Lorsqu'il pensait à réellement le faire, marcher jusqu'à Harry Styles et poser ses mains sur lui, il sentait son ventre se nouer. Il n'était pas certain de pouvoir le faire. Il n'était pas certain de quelles étaient les règles, de ce qui était autorisé. Bon Dieu, son corps. Je vais mourir si je ne le touche pas à nouveau. Harry Styles, le campeur trop sérieux et énervant parce qu'il était trop talentueux. Harry Styles, la célébrité, avec les abdominaux et les tatouages. Harry Styles, l'empoté. Harry Styles, le violoncelliste de classe mondiale. Il n'avait jamais eu autant de version différent d'une personne dans sa tête en même temps.

Harry Styles, l'incroyable dieu du sexe...

Louis se demanda s'il avait encore des lentilles jetables chez lui – il avait beaucoup porté ses lunettes par flemme ces derniers temps. Et de la laque. Peut-être qu'il essayerait de coiffer ses cheveux en arrière pour le concert de ce soir, dégager son front pour une fois. Peut-être alors, il n'aurait pas besoin de trouver quels étaient les règles ; peut-être que Harry murmurerait à nouveau quelque chose dans son oreille et ils finiraient quelque part dans les coulisses, ou dans son bureau... Louis baissa son regard vers son ventre, sa nuque chauffant honteusement, puis il appuya un doigt dedans. Est-ce que son adhésion à la salle de sport avait expiré ?

« Ne t'emballe pas trop, » marmonna-t-il à voix haute. « C'est juste du sexe... »

L'accélération monotone du métro noya toute autre mélodie, effaçant les petits fils de composition de Louis comme un rouleau compresseur alors qu'il agitait son genou en rythme.

Juste du sexe.

Juste du sexe.

Don Juan se tut pour la dernière fois. Il frissonna et s'immobilisa.

Le producteur de la BBC hocha de la tête, coupa l'enregistrement, et Harry ramena ses bras contre ses flancs. La maigre équipe applaudit et Harry fit signe à son orchestre de se lever et saluer. « Bravo, » dit-il. Il regarda Louis et lui fit un sourire spécial et timide, sentant son cœur se réchauffer alors qu'il rencontrait les yeux bleus dansant de son premier violon.

« Ce sera tout, » déclara-t-il en souriant. « Passez une bonne semaine ; à mercredi prochain. »

L'aura persistante de la musique classique fut balayée par d'horribles sons de chaises raclant sur le sol et d'équipement s'entrechoquant, l'équipe de la radio remballant et les membres de l'orchestre discutant alors qu'ils exécutaient leurs rituels post-performance personnels. Harry se tint avec les mains derrière son dos, une hanche légèrement sur le côté alors qu'il les observait. Enfin, il faisait semblant de ne pas regarder Louis.

Ils n'avaient pas été seuls depuis samedi après-midi. Pas que Harry n'avait eu désespérément envie d'être à nouveau seul avec Louis, mais il avait pris l'initiative les deux fois précédentes – plutôt avec force – et il ne croyait plus en ses chances s'il forçait trop. Il continuait d'attendre que Louis vienne vers lui, invente une excuse pour qu'ils s'éclipsent ensemble. Mais rien de non-professionnel ne s'était passé entre eux, ou avait été laissé entrevu, pendant ces trois derniers jours.

Et, maintenant, ils n'allaient pas se voir pendant toute une semaine.

Cesse d'être ridicule, se dit Harry. Vous ne sortez pas ensemble. Vous êtes des collègues qui ont couché ensemble quelques fois ; ce n'est pas exactement une grande romance. Louis est de toute évidence un adulte normal avec une maîtrise de soi d'adulte normal. Alors que toi, Harry Styles, t'es le même embarras que t'as toujours été... t'es immédiatement tombé pour lui malgré les nombreuses indications qu'il ne partageait pas tes sentiments, et t'es excité tout le foutu temps.

Il t'a embrassé, chuchota une autre partie de son cerveau.

Sur la joue, contredit la première partie.

Comme s'il avait de l'affection pour toi...

Ou comme s'il me voyait toujours comme un enfant.

Harry secoua sa tête. Il était si embrouillé ; il n'y avait rien à faire, et il devrait juste faire avec l'étrange oppression dans sa poitrine pendant les sept prochains jours.

Un bruit venant du fond de la salle le fit sortir de sa rêverie. Des bruits de personnes se chamaillant et chuchotant qui furent transportés par l'acoustique de la salle.

« Ça s'appelle une contrebasse. »

« Non, c'est un violon de taureau ! C'est comme ça que mon papa l'appelle... »

« Eh bien, qu'est-ce qu'il croit que les gens font, qu'ils l'amènent en Amérique et le chevauchent dans un rodéo de cowboy ? Le bon terme, Oliver, est contrebasse. » (ndlt : je ne crois pas que le terme « violon de taureau » soit employé en français, mais j'ai gardé une traduction littérale pour coller avec cette phrase)

Harry tourna lentement sa tête, juste assez pour apercevoir une fille et un garçon du coin de l'œil. Ils tenaient tous les deux des violons de taille 1/4, des éponges lâchement attachées à leurs mentonnières avec des bandes de scotch, cependant la fille était de toute évidence un peu plus âgée que le garçon. Sa main était posée sur son épaule de façon protectrice alors qu'ils se blottissaient dans l'encadrement d'une porte, jetant un coup d'œil à ce qu'il se passait dans la salle.

« J'pense qu'on peut dire les deux, » murmura le garçon. Ses yeux étaient ronds alors qu'il fixait les gros microphones de la BBC et les musiciens rangeant leur partition et parlant en petit groupe.

« Pas si tu veux avoir juste. »

« Tais-toi ! » Le garçon fit la moue, agitant tout son corps et secouant son épaule pour faire tomber sa main. « Eloigne ton visage de moi. »

« Ta tête est la plus stupide, » murmura la fille.

Harry ne put pas s'empêcher de se retourner et rire, ses orteils pointant vers l'intérieur et ses mains toujours jointes dans son dos alors qu'il leur fit face.

« Oh, merde, » grinça le petit garçon. « Le professeur nous regarde. »

« Ne dis pas merde. Et ça s'appelle un chef d'orchestre, pas un professeur. Ce n'est pas un cours, Oliver. C'est un vrai orchestre ! » Elle dit le dernier bout de la phrase avec tellement d'enthousiasme que d'autres têtes se tournèrent. Les yeux de la fille s'écarquillèrent autant que ceux du garçon, et elle claqua une main sur sa bouche.

« Qu'avons-nous là ? » marmonna Gerald Courtenay, se dirigeant vers Harry.

« Des souris d'église, » dit-il en faisant un clin d'œil. « Une jolie petite paire. » Il leva sa main vers Gerald, lui indiquant qu'il allait s'occuper de la situation, et il descendit de son podium. Les enfants se retirèrent dans le renfoncement de la porte. Harry sourit d'une façon qu'il espérait être amicale et non-menaçante alors qu'il se dirigeait vers eux.

« Bonjour, » dit-il. « Comment vous vous appelez ? »

« Harry Styles, oh mon Dieu ! » hurla la fille. Elle se cacha derrière le garçon, la main à nouveau sur son épaule et son violon niché sous son bras de façon protectrice.

« Eh bien, je suis ravi de te rencontrer, Harry Styles. Quelle coïncidence fascinante ; c'est aussi mon nom. » Harry leur sourit, tendant sa main pour serrer la sienne. La fille roula ses yeux, apparemment aussi peu impression par son sens de l'humeur que d'autres violonistes qu'il pouvait mentionner.

« Je m'appelle Oliver Abbey, » déclara le garçon d'un ton neutre, prenant la main de Harry et la secoua plusieurs fois. « C'est Sophie. Elle est juste dans la même classe que moi en bas. Je ne connais pas son nom de famille. »

« Becker, » siffla Sophie avec ses sourcils froncés, s'adressant plus à Oliver qu'à Harry.

« Vous êtes tous les deux dans l'atelier pour débutant de cette semaine, alors ? »

Ils hochèrent de la tête.

« Et vous vous êtes enfuis du cours pour venir nous écouter jouer ? »

Le garçon se mit à nouveau à hocher de la tête, mais Sophie attrapa sa tête de chaque côté et couvrit sa bouche avec une main. « On s'est perdu, » dit-elle. Elle fit une moue théâtrale et soupira profondément. « On est juste des enfants, et on ne sait pas où aller... »

« Mhmm, » dit Harry. « Je vois. »

Une idée commença à prendre forme dans sa tête. Quelque chose pour l'occuper pendant la semaine de pause, une sorte de projet sur la base du bénévolat et pour les enfants, s'il arrivait à faire participer d'autres membres de l'orchestre, ce serait quelque chose d'amusant à faire pour l'OSL. Ça encouragerait de nouveaux talents, inspirerait les jeunes esprits. Ça servirait d'excuse à Harry pour voir Louis tous les jours. Génial. Et ça serait à soixante-dix pourcents non-intéressé, pensa Harry, acquiesçant pour lui-même. Au moins à soixante-quinze pourcents. Mince, peut-être même quatre-vingt-cinq. Je suis une personne merveilleuse.

« Comment s'appelle votre professeur ? » demanda-t-il.

« Mlle Julia, » répondit Sophie.

« D'accord, » Harry sourit, rangeant sa baguette dans la poche arrière de son jeans – celui sans le grand trou dedans, dont des épingles à nourrice tenaient n'importe comment le morceau de jeans en place – et il tendit une main à chaque enfant. « Allons trouver Mlle Julia, d'accord ? »

Il lança un regard par-dessus son épaule alors qu'il les conduisait dans le couloir, mais il ne vit Louis nulle part. Il a certainement fini de ranger ses affaires et est parti... Harry sentit un sentiment bizarre s'installer dans sa poitrine, mais il afficha un sourire et demanda à Oliver et Sophie ce qu'ils étaient en train d'apprendre à jouer.

« Va Le Dire à Tante Rhody, » répondit Oliver, prononçant toutes les syllabes en faisant très attention.

« J'en suis au Menuet Trois. »

« On dirait que vous travaillez dur tous les deux, » dit Harry. Ils tournèrent au bout d'un couloir et furent accueillis par le son plat et bourdonnant d'une trentaine de violonistes amateurs jouant tous Mouvement Perpétuel en même temps. Quand ils commencèrent la partie en canon, ça sonna comme une ruche d'abeilles en colère. Harry sourit et mordit sa lèvre de joie.

« Nous y voilà, » dit-il. La musique s'arrêta lorsqu'ils entrèrent dans la petite salle de cours, et Harry sentit un pique dans son dos d'avoir été courbé pendant trop longtemps. « Euh, bonjour. » Il parcourut des yeux l'étendue de petits visages avant de rencontrer le regard du professeur, une femme d'âge moyen avec une peau rougie par le soleil et des cheveux blonds qui tombaient en deux tresses épaisses jusqu'à sa taille. « Je pense que j'ai trouvé quelque chose qui vous appartient. »

« Oliver ! » dit-elle en fronçant ses sourcils. « Sophie ! Où est-ce que... »

« Ils se sont un peu perdus en cherchant les toilettes, je crois, » mentit Harry. Il sentit Sophie serrer sa main. Il les libéra et ils se précipitèrent à leur place dans le fond de la classe, où ils commencèrent immédiatement à se donner des coups de coude et à chuchoter. « Harry, » dit-il avec un sourire et un petit signe de la main. « Et vous êtes Julia ? Un des professeurs de l'atelier pour enfants ? »

« Oui, » acquiesça-t-elle, ayant l'air un peu impressionné. « Je sais qui vous êtes, évidemment. »

« Est-ce que je peux vous parler rapidement ? J'ai une idée que je veux vous soumettre... »

Cinq minutes plus tard, Julia essayait de rassembler trente enfants hyperactifs et Harry s'éloigna de la salle pratiquement en sautant, ravi de son plan. Il traversa Jerwood Hall, la trouvant déserte à l'exception de quelques concierges, et il vérifia si quelqu'un l'attendait dans son bureau.

Personne. Evidemment. Je faisais que vérifier, juste vérifier...

Les salles de répétition étaient également toutes vides. Les vacances avaient officiellement commencé.

Harry enfila son trench noir, ne prenant pas la peine de le boutonner malgré le léger vent printanier, et il sortit son téléphone de sa poche alors qu'il quittait l'église et commençait à se diriger vers le métro. Il leva la fine coque rose à son oreille, écoutant les parasites à travers la sonnerie.

« Heeeyyy Hazza ! » Harry pouvait à peine entendre Niall par-dessus le brouhaha général du pub dans le fond. « Mon ami, mon ami. Qu'est-ce que j'peux faire pour toi, mon ami ? » Il était définitivement déjà ivre.

« Nialler, combien de membres de l'orchestre tu penses qu'on peut rassembler d'ici vendredi ? »

« Eh bien, on a déjà moi. Et Zayn. Et Tommo. Viens boire un verre avec nous, H ! On est au Red Cow. »

C'était juste à quelques rues, le même pub où Niall l'avait emmené pour son anniversaire début février, sa première soirée à Londres. Le cœur de Harry se gonfla lorsqu'il entendit la voix de Louis en arrière-plan, haute et joyeuse, criant quelque chose par-dessus l'agitation et le jukebox.

« Non, » dit-il avant de pouvoir réfléchir. « Non, je ne peux pas. Mais l'orchestre... tu penses qu'on pourrait faire venir, disons, environ la moitié pendant deux ou trois jours cette semaine ? Est-ce que Gladys le ferait ? »

« Bien sûr. Et tu peux compter sur moi. Mais qu'est-ce qu'on va faire ? » Du Niall classique, ne pas réfléchir à deux fois avant de sacrifier son temps au pub pour faire une faveur à un ami.

« Un concert impromptu, » dit Harry. « Quelque chose d'amusant pour les enfants de l'atelier pour débutants. »

« Génial. Ça semble génial ; je vais le dire aux gars. T'es sûr que tu ne peux pas venir boire un verre ? »

« Non, non... » Harry sentit sa gorge se serrer. Il ne pensait pas pouvoir supporter d'être près de Louis à cet instant, pas dans un cadre décontracté où ils devraient agir de façon détachée l'un avec l'autre. « Amusez-vous bien. On en reparle demain. »

« Liam vient juste d'arriver ! » déclara Niall. « Hé Payno ! Il pourrait jouer du triangle ou quelque chose comme ça, à la rigueur. »

Harry rigola. « J'en suis sûr. »

Avant qu'ils puissent se dire au revoir, il entendit une échauffourée à l'autre bout de la ligne, et une voix familière dire, « A qui tu parles, en fait ? Tu racontes de la merde, Horan. »

Harry ne raccrocha pas, retenant un sourire alors qu'il écoutait la voix étouffée de Niall, augmentant en volume en protestant.

« Eh bien, c'est juste de la merde, hein ? ... Non, je ne pense pas que je vais te le rendre. Pas avant que tu l'aies mérité... Trente pompes ; j'aime bien voir de jolis garçons transpirer. »

Harry appuya sur le téléphone rouge après ça, ses joues rougies. Il essaya de calmer sa respiration alors qu'il marchait dans la rue, esquivant des coureurs et un groupe de touristes. Il tourna dans une petite allée, prenant un chemin plus long pour rejoindre l'Underground et ainsi éviter de passer à côté du Old Red Cow. Reprends-toi. Fais demi-tour. Vas boire un verre avec tes amis ; ce n'est pas grand-chose.

Il se mit à rire tristement de lui-même, enfouissant ses mains dans ses poches alors qu'il marchait, parce qu'évidemment que ça l'était. Evidemment que ça l'était. Il n'y avait aucun moyen qu'il puisse faire semblant que Louis Tomlinson était autre chose qu'important, mais évidemment, Louis ne ressentait pas la même chose. Il tolérait à peine Harry, il s'en voulait probablement d'avoir couché avec lui. Pourquoi il ne m'apprécie pas ? Pourquoi je ne peux pas... « Putain, » cracha-t-il amèrement. Harry n'avait jamais pu imaginer que la voix de Louis puisse sonner aussi détendue et douce avec lui qu'elle ne l'avait été au téléphone. Avec ses amis. Même lorsqu'ils avaient plaisanté dans son bureau, en prenant leurs déjeuners ensemble et se disputant au sujet de Don Juan, Louis avait toujours semblé être au milieu d'une vraie dispute. Ce n'était jamais réellement sur le ton du flirt, pas avec lui.

« J'suis juste un idiot. »

« Monsieur ? »

Harry cligna des yeux. Il était arrivé jusqu'au quai du métro et il se tenait à côté d'un homme charmant et plus âgé avec des cheveux blancs. « Je suis juste un idiot, » dit-il à nouveau, articulant les mots plus clairement.

L'homme sembla confus. Harry haussa ses épaules, sourit puis entra dans son métro sans un autre regard.

*

Deux jours plus tard, la partition de Pierre et le Loup était éparpillée partout dans le bureau de Harry se trouvant à St. Luke's. Elle recouvrait tout son bureau, une partie de la bibliothèque et une large surface du sol. Harry râla pour lui-même alors qu'il la triait, déplorant le fait que la dernière personne qui avait classé cette partition l'avait fait avec un mépris total pour l'organisation. Normalement Albie Jenkins, la personne chargée des partitions, se serait occupé de ce genre de chose. Cependant, il avait pris une semaine de congé, comme beaucoup des musiciens, et Harry n'avait pas été au courant avant que lui et Liam se réunissent la veille pour rassembler des volontaires et régler d'autres problèmes logistiques. Liam l'avait conduit jusqu'à la bibliothèque d'Albie lorsqu'ils avaient eu fini, un air de sympathie sur son visage. Il avait laissé Harry se débrouiller tout seul.

Une feuille pour clarinette venait de tomber de la prise de Harry et commença à flotter vers le sol, virevoltant à gauche puis à droite alors qu'elle faisait son chemin dans le vide, quand il y eut un coup à la porte.

« Entrez, » grommela Harry, distrait, alors qu'il se penchait en avant pour ramasser la partition. Il grimaça d'irritation lorsqu'il vit la tâche sombre qui était apparue à l'arrière de la feuille à cause du sol sale. Il devrait définitivement remercier Albie pour son dévouement et son attention des détails lorsqu'il reviendrait, le remercier en le regardant droit dans les yeux et avec de la sincérité. De cette façon, il serait à quel point ses services étaient appréciés au sein de l'orchestre. Ça pourrait paraître un peu louche, pensa Harry, alors qu'il retournait la feuille pour examiner l'avant et voir s'il y avait d'autres salissures, je ferais peut-être mieux de simplement lui acheter un thé...

« C'est verrouillé de l'intérieur. » Le son de la voix de Louis était étouffée à travers le bois épais de la porte, mais son agacement le traversa clairement.

« Quoi ? » dit Harry, sursautant un peu, son cœur remontant dans sa poitrine lorsqu'il se rendit compte que c'était Louis qui avait toqué. « Oh ! Oh, désolé. Désolé ! » Il finit par tomber légèrement contre la porte, ses jambes s'emmêlant alors qu'il se précipitait.

« Désolé, » dit à nouveau Harry une fois que la porte fut ouverte. Il fut incapable d'empêcher un petit sourire de se dessiner sur ses lèvres en voyant Louis, petit et les yeux brillants devant lui, ses cheveux balayant son front. Un petit choc d'adrénaline alla directement dans le cœur de Harry au souvenir de leurs deux précédentes rencontres dans ce bureau, sa main se resserrant autour de la partition pour clarinette.

« Qu'est-ce que tu fais ? » demanda Louis, passant à côté de lui pour entrer dans le bureau et posant son étui à violon sur une chaise. Son sourcil se froncèrent de confusion alors qu'il regardait toutes les piles de papier.

Harry dut se donner un ordre ferme de ne pas sauter immédiatement sur Louis, pas encore. Calme-toi, espèce d'obsédé sexuel. Pour l'amour de Dieu. « Albie est à Majorque, » dit-il en soupirant, détournant ses yeux alors qu'il retournait au tas de partition sur son bureau.

« Ah, » dit Louis. Il avança vers le bureau et attrapa une feuille au hasard. Harry gloussa presque, malgré lui, heureux lorsqu'il vit Louis froncer ses sourcils à la clef d'alto. Ils avaient tous les deux un dégoût irrationnel et injuste envers les altos.

Putain. C'était quoi le souci avec Louis Tomlinson ? Harry avait pensé que coucher enfin, finalement, avec Louis lui aurait peut-être permis de reprendre un peu de contrôle. En fait, ça semblait avoir eu l'effet exactement opposé. Malgré tous les discours encourageant qu'il s'était donné les jours précédents, se répétant que Louis n'était apparemment pas intéressé et qu'il avait besoin de laisser tomber, la vérité était que Harry n'arrivait même plus à regarder Louis sans ressentir une vague puissante de désir dans le bas de son ventre, une vague de chaleur déferlant en lui. Louis se tenait juste là, à quelques centimètres, regardant Harry s'occuper avec ses papiers, et chaque pensée que Harry avait consistait à se demander s'il serait capable de poser à nouveau ses mains sur lui, les passer doucement le long de son dos et sur la courbe de ses fesses, les toucher une fois de plus. Putain.

« Alors, » dit Harry d'une voix rauque, essayant de faire comme si le tremblement dans ses doigts n'était pas perceptible. Il posa la partition pour les cors d'harmonie dans un petit coin rangé de son bureau. « Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? »

Il rougit aussitôt, son esprit remontant quatre jours auparavant, lorsqu'il avait fait quelque chose pour Louis. Se mettre à genoux et laisser Louis baiser sa bouche, presque précisément là où se tenait Louis à cet instant. Le rythme cardiaque de Harry battit dans ses joues, son sexe se réveillant dans son pantalon, alors qu'il se souvenait du sexe parfait de Louis glissant telle du doux velours entre ses lèvres, de plus en plus brutalement, de plus en plus rapidement, la chaleur des cuisses de Louis l'encerclant alors qu'il faisait tout le travail. Putain.

Cependant, Louis n'avait pas remarqué l'agitation de Harry, il ne semblait pas du tout conscient de la présence de Harry pour le moment. Il avait l'air d'être perdu dans ses pensées, distrait par les tiroirs de Harry pour une raison quelconque, fixant celui du haut à moitié ouvert et mordillant sa lèvre.

Ça devenait mortifiant, vraiment ce manque total de contrôle de Harry. A quel point il était consumé par le fait que le corps de Louis était juste là, sous ses vêtements. Il avait tellement envie de toucher Louis. Il mourait d'envie de le tirer dans un baiser, mais il avait été si éhonté, il lui avait fait un peu trop de rentre-dedans. Il était de plus en plus sûr qu'il avait déjà accablé Louis, et l'avait effrayé avec l'intensité tordue et lancinante de son désir.

Il t'a embrassé sur la joue, cependant. C'est venu de lui, se rappela Harry, levant une main pour toucher sa fossette, son cœur battant à la chamade jusqu'à ce que les papillons dans son ventre meurent, un mort toxique, empoisonnés par son insécurité. Il grinça des dents. Génial, Styles. Encore avec ce baiser sur la joue. Continue de t'accrocher à ça. Ce n'est pas pathétique du tout.

« Hm ? » dit oisivement Louis, regardant toujours les tiroirs. Il se retourna vers Harry. « Oh, oui ! »

Il fouilla dans sa sacoche et en sortit ce qui semblait être une petite pile de serviettes en papier vertes.

Louis éclaircit sa gorge. « Alors, » dit-il, posant son sac sur le sol et posant prudemment les serviettes sur les partitions principales de Harry, au milieu de son bureau. « J'ai été boire un coup avec Malik hier soir et on en est venu à parler de Pierre et le Loup et du fait qu'on l'avait écouté quand on était petit et tout. On se souvenait tous les deux de cette belle version que nos mères avaient, avec une cassette et un livre plein d'illustrations. »

Il leva son regard vers Harry et s'arrêta pour éclaircir sa gorge. Harry n'arrivait pas à croire à quel point ses yeux étaient bleus, même dans la faible lumière venant de la fenêtre sale derrière lui. Il hocha de la tête en signe d'encouragement, espérant que Louis ne suive pas son regard lorsqu'il jeta un rapide coup d'œil à ses lèvres roses, incapable de résister.

« Bref, Zayn a juste commencé quelques griffonnages, pendant qu'on était là-bas, genre du loup et du canard et j'ai trouvé qu'ils avaient une vraie personnalité. » Il commença à étaler les serviettes sur le bureau de Harry, une par une. « Alors je, euh, » il rigola, « je l'ai encouragé à dessiner aussi le reste des personnages. »

Harry rit doucement au choix prudent de mots de Louis, se demandant avec quelle force il avait réellement encouragé Zayn. Il passa un doigt pensif sur l'esquisse animée et simple de Peter devant lui.

« J'ai pensé que, » déclara Louis, haussant ses épaules, « j'sais pas, ça pourrait être sympa de donner à chaque enfant un petit programme avec les dessins qu'ils pourraient garder. J'veux dire, Zayn pourrait, tu vois, les affiner ou quoi. »

« C'est une idée formidable, Louis, » murmura Harry, souriant alors qu'il attrapait le loup pour le regarder de plus près. « On peut lui en parler cette après-midi. Puis je m'en occuperai avec Liam. » Il gloussa, après une petite pause. « T'espères que les gamins viendrons te demander ton autographe, hein ? 'Oh M. Tomlinson, signez mon beau programme, s'il vous plaît ! »

Louis grogna et roula ses yeux. « Ils voudront plus le tien que le mien, de toute façon. » Il tourna sa tête, fronçant à nouveau ses sourcils en direction des tiroirs. « Une raison pour laquelle ça a besoin d'être ouvert ? Je n'arrête pas de croire que je vais me cogner le coude dedans. »

« Oh, » dit Harry, faisant le tour de son bureau. « Non. Désolé. Je viens seulement de trouver un trousseau de clés pour ce truc, » expliqua-t-il. « Je jouais un peu avec parce que je n'arrive toujours pas à ouvrir le dernier tiroir. C'est bizarre. Enfin, normalement tu déverrouilles toute la colonne en même temps, tu vois ? Il est bloqué, je suppose. »

Harry poussa doucement le tiroir du haut, le fermant entièrement. Quand il se pencha en avant pour tirer sur la poignée de celui du bas, essayant une fois de plus, il sentit la main de Louis venir se poser sur son épaule.

« Je-je ne tirerais pas trop fort, » déclara Louis, sa voix un peu fluette. « Tu vas probablement empirer la chose. »

« Ouais, » répondit Harry à contrecœur. Son cœur sembla un peu se gonfler dans sa poitrine à cause de la proximité de Louis, et la présence continue de sa main sur son épaule. « Je suppose, » dit-il en haussant ses épaules, tournant sa tête pour regarder courageusement le visage de Louis, luttant pour avoir l'air aussi zélé qu'il en avait l'impression. « Il n'y avait rien dans les deux tiroirs du haut à part la version piano pour débutant de 'Ce Rêve Bleu.' » Il rigola, commençant à radoter de nervosité. « Tu sais, genre d' Aladdin. Bizarre... Bref, j'sais pas, l'avoir trouvé m'a juste donné encore plus envie de découvrir ce qu'il y a dans le tiroir du bas. J'veux dire, j'arrive à entendre quelque chose bouger dedans quand j'essaie de l'ouvrir... » Il tira encore quelques fois sur la poignée pour démontrer ses propos, écoutant le contenu mystérieux se déplacer.

Les yeux de Louis s'écarquillèrent momentanément, une étrange appréhension les voilant avant qu'ils se plissent en regardant Harry, pleins de passion et déterminés. Sa prise sur l'épaule de Harry se resserra et il le poussa à se relever, l'éloignant des tiroirs en le tirant contre la bibliothèque à sa droite. Les doigts de Louis était comme des petits marqueurs là où ils s'enfonçaient dans le muscle de Harry.

« T'as probablement – t'as probablement raison, » balbutia Harry, prenant une inspiration, son rythme cardiaque montant en flèche alors que Louis se rapprochait de lui. « J'devrais simplement... Je vais en parler à la maintenance. »

Louis sembla revenir à lui-même alors, soudainement conscient de la réaction physique manifeste de Harry à son contact. Une sorte de satanée hésitation apparut sur son visage alors qu'il regardait Harry par-dessous ses cils, comme s'il ne savait pas s'il devait poursuivre. S'il en avait même envie, pensa Harry, découragé. C'était embrassant à quel point il était transparent, à quel point il en avait clairement et désespérément envie, étant donné la réticence évidente de Louis.

« Lou... » dit-il doucement, suppliant et résigné à la fois.

Louis prit une profonde respiration et mordit sa lèvre, bougeant sa main tremblant subtilement de l'épaule de Harry et la glissant jusqu'à venir agripper la nuque de ce dernier. Harry fondit à ce contact, un petit son s'échappant de ses lèvres. Ça sembla en quelque sorte ancrer Louis, le rassurer, peut-être. Un éclat chaud et entendu commença à se former dans son œil.

« J'ai presque toujours raison, » chuchota-t-il, des doigts timides s'enfouissant dans les boucles se trouvant dans la nuque de Harry, tirant légèrement dessus. « Je pensais que tu le savais à présent, Styles... »

Les genoux de Harry cédèrent presque quand la main de Louis remonta dans ses cheveux, son pouce fort caressant la base de son crâne en faisant des cercles.

« Louis. » Harry gémit son prénom cette fois-ci, frissonnant. Il avait été tellement préoccupé par son idée de toucher Louis qu'il n'avait pas pensé à la façon dont il pourrait réagir si Louis était celui-ci qui initiait le contact physique. Il s'avéra qu'il était presque entièrement ruiné par ça, complètement docile sous les mains de Louis et plein de désir pour lui.

« C'est toi le patron, cependant, » le taquina Louis d'une voix traînante, apparemment encouragé par la réponse de Harry. Il glissa sa main libre sous la chemise de Harry et ses doigts effleurant son abdomen, en enfonçant deux dans la peau juste au-dessus de sa hanche. Il sourit lorsque Harry se tendit au contact, sa respiration se saccadant légèrement. « Ne t'inquiète pas, » promit Louis, se moquant gentiment. « Je ne l'oublierai pas. »

Harry prit une autre inspiration rapide et irrégulière alors que Louis bougeait pour venir prendre en coupe sa mâchoire, se collant tout contre lui. « Ton corps, Harry, » murmura-t-il avec une incrédulité émerveillée. Les joues de Harry rougirent et Louis sourit, se mettant sur la pointe des pieds et déposant ses lèvres sur celles de Harry, comme il le fallait.

Le monde tourna à l'envers, la réalité échappa à Harry alors que le baiser s'approfondissait de plus en plus. Tout semblait au ralentit, son sang puissant et épais dans ses veines, ses membres lourds. Louis vint doucement ouvrir sa bouche, faisant finalement glisser leurs langues l'une contre l'autre, et Harry laissa échapper un bruit sans défense et étouffé, submergé par l'intensité de la sensation.

« Qu'est-ce que tu veux, Styles ? » demanda Louis dans un murmure à bout de souffle après plusieurs minutes. Il enfonça ses dents dans le cou de Harry, frottant leurs hanches ensemble, les petits cercles réguliers de son bassin étaient si terriblement parfaits. « C'est toi qui commandes, après tout. »

Louis se mit doucement à rire quand Harry ne parvint pas à répondre autrement qu'avec un gémissement haut et aigu. Il posa son front contre la clavicule de Harry alors qu'ils reprenaient rapidement leur respiration, passant ses mains d'haut en bas sur ses bras nus. De la chair de poule apparut sur la peau de Harry presque en avance sur le bout des doigts de Louis, ses poils se dressant comme des limailles de métal vers un aimant, comme si son corps anticipait le contact avec Louis et cherchait à l'initier.

« Veux-tu ma bouche, Maestro ? » chuchota Louis dans son oreille, collant délibérément leurs sexes ensemble à travers les couches de vêtement, passant ses doigts le long de la ceinture du pantalon de Harry. « C'est ça que tu veux ? »

Tout ce que Harry réussit à sortir, cette fois, fut un grognement frustré. Il y pensait depuis des jours, obsédé par ça, en mourant d'envie. Maintenant que ça se passait réellement, c'était un peu comme s'il avait perdu la tête, comme si son cerveau était complètement à l'envers sous le poids de son désir. Louis le maintenait contre la bibliothèque, totalement stupéfait, son sexe pressé contre la braguette de son jeans, si gros, chaud et dur, douloureux. Harry avait envie de tout en même temps, et surtout de Louis, mais l'habilité à exprimer tout ceci l'avait abandonné. Il tremblait physiquement sous l'attention de Louis. L'énergie magnifique et rayonnante qui émanait de Louis à chaque fois qu'il se concentrait sur quelque chose était entièrement dirigée vers Harry, et c'était aussi enivrant qu'énervant.

Il haleta quand Louis le toucha à travers son pantalon, puis marmonna quelque chose dans sa barbe à propos de taille déraisonnable avant de commencer à ouvrir sa braguette.

« Putain, Harry, » siffla Louis, alors qu'il libérait le sexe rose de Harry des confins de son boxer. Il secoua sa tête, soupirant avec une sorte de mélancolie. « Une si jolie queue. » Il prit légèrement Harry en main, s'en faisant une idée, puis il se pencha en avant, embrassant une fois le gland, léchant le liquide pré-séminal se trouvant au bout.

Harry se tendit à la sensation, se redressant totalement et penchant sa tête en arrière, la cognant fortement contre les livres derrière lui. Il cria par réflexe au pic de douleur.

Ils éclatèrent tous les deux de rire quelques secondes plus tard, tremblant silencieusement au ridicule général de Harry et la façon dramatique dont Louis s'était relevé comme un chien de prairie alarmé pour voir ce qui n'allait pas, tenant immédiatement et tendrement l'arrière de la tête de Harry, d'un air désolé, comme s'il était entièrement responsable.

Harry ressentit quand même un peu de gêne sous-jacente face à la mésaventure sexuelle fâcheusement typique, l'arrière de sa tête légèrement douloureuse. Le petit empoté grassouillet de la cabine Dogwood, trop ridicule pour se faire sucer.

Cependant, ça disparut lorsqu'il vit que Louis le regardait avec ses yeux bleus dansant, son visage tordu avec un amusement facile. « Désolé. Désolé, » dit Louis, l'arrière de sa main se levant jusqu'à sa bouche pour couvrir un gloussement.

Harry crut qu'il pourrait voler en éclats à cause de la beauté saisissante de Louis à cet instant, sa garde baissée et étant presque ouvertement affectueux. Un pincement vif et doux de vulnérabilité serra sa poitrine et il dut ignorer le sentiment grimpant qui était le point de franchir sa tête. A la place, il décida de se concentrer sur à quel point il avait à nouveau envie d'embrasser Louis, envie de le toucher, envie de lui, à cet instant.

« Lou, » marmonna-t-il, se penchant en avant et tirant Louis dans une étreinte féroce, une main sur sa hanche et l'autre s'appuyant entre ses deux omoplates. Louis fit un petit bruit de surprise et leurs jambes s'entremêlèrent, les faisant tomber au sol devant le bureau de Harry. Louis vint se coucher au-dessus de lui et Harry gémit dans leur baiser qui ne s'était pas interrompu, ravi, son sang pulsant dans ses oreilles.

Louis se redressa sur ses mains après une minute, ses bras de chaque côté de la tête de Harry. Il baissa son regard vers le corps de Harry, là où son sexe était toujours à l'extérieur de son pantalon, rouge et à nouveau totalement dur. Louis sourit en coin, ses lèvres tressautant.

« Tu ne vas te taper la tête contre le sol si je mets ma bouche dessus, hein ? » demanda-t-il, rigolant et ses yeux brillants.

« Louis, » grogna Harry, couvrant son visage avec ses mains. Il était mortifié, étrangement exalté, et tellement excité en même temps.

Louis haussa ses épaules alors qu'il descendait le long du corps de Harry, s'installant entre ses jambes et souriant malicieusement quand Harry le regarda entre ses doigts. « J'veux juste être prudent, Harry ; on a un concert à donner pour des enfants. J'peux pas me permettre que tu te fasses une commotion. Pas de cette façon... »

Harry secoua sa tête, miaulant légèrement et se tortillant lorsque Louis commença à le caresser, utilisant une prise plus ferme cette fois-ci. La pression était juste parfaite, et il servit du liquide pré-séminal pour faciliter le mouvement.

« Je pensais vraiment ce que j'ai dit tout à l'heure, » chuchota Louis d'une voix rauque, ne détournant pas son regard de sa main en mouvement. Il mordit sa lèvre quand Harry releva légèrement ses hanches dans le cercle formé par ses doigts. « Une si jolie, jolie queue. Magnifique. »

Harry dut fermer fortement ses yeux, gémissant, et il mordit l'intérieur de sa joue pour s'empêcher de supplier pour plus. Quelque chose dans la façon révérencieuse dont Louis regardait son pénis, combiné au mouvement familier et bien huilé du poignet délicat du violoniste, donna l'impression à Harry que c'était trop, comme s'il allait jouir d'une seconde à l'autre.

« Tellement magnifique, » murmura à nouveau Louis.

Une chaleur remonta le long de la colonne vertébrale de Harry, bloquant les muscles de son dos dans un petit arc alors que Louis maintenait ses hanches contre le sol et le prit doucement en bouche. Il suça son gland, enroulant sa langue autour avant de descendre plus bas, prenant Harry de plus en plus profondément.

« Putain. » La respiration de Harry était erratique, son rythme cardiaque frénétique, de la sueur perlant le long de son cuir chevelu. Il enfouit ses mains dans les cheveux épais et soyeux de Louis. « Putain, Louis. Bon Dieu. S'il te plaît... »

Louis le regarda par-dessous ses cils foncés et ce fut tout ce qu'il fallut. Harry jouit puissamment avec un cri étranglé, se déversant chaudement dans la gorge de Louis sans avertissement, le plaisir déferlant dans son corps par vagues.

« Lou, » gémit-il, balbutiant de façon à moitié cohérente, nageant dans le bonheur post-coïtal et oubliant tout scrupule qu'il aurait pu avoir au sujet de trop forcer, de trop se révéler. « J'veux – Louis. Putain. J'veux que tu me baises. Tellement. J'veux que tu me prennes. »

Penser à la puissance latente du corps mince de Louis, imaginer la façon dont ses hanches claqueraient contre lui alors qu'il le pénétrait, les muscles de ses magnifiques fesses se contractant, fit chauffer encore plus le visage de Harry. Ça lui donna envie de jouir à nouveau, tout de suite.

« Putain, Styles, » dit Louis d'une voix étouffée. Il était à genoux entre les cuisses de Harry avec une main sur son propre sexe, le branlant furieusement alors qu'il regardait Harry, ses yeux lourds et pleins de désir. « C'est probablement, » sa respiration se coupa. « Ce n'est probablement pas pratique à c-cet instant. Je, ah. Je vais – » puis il se déversa dans sa main, se laissant tomber sur le torse de Harry avant de rouler sur le sol à côté de lui.

Harry se redressa, attrapant rapidement quelques mouchoirs sur son bureau et les donnant à Louis pour qu'il puisse se nettoyer.

Son cœur se serra quand Louis s'allongea contre lui, posant sa tête sur son torse se levant doucement. Harry soupira profondément, et il dut ravaler une boule d'émotion inexplicable lorsqu'il inspira l'odeur des cheveux de Louis. Elle était forte et riche, mais sentait quand même le propre, même si le corps de Louis était très chaud à côté du sien. Il y avait de la sueur sur son front, un rougissement foncé sur le haut de ses pommettes. Harry eut envie d'enfouir son nez dans ses cheveux puis de le graver en lui, d'en faire un souvenir – mais le simple fait d'avoir envie de faire ça semblait un peu dangereux. Comme s'il cherchait déjà une genre d'intimité qui n'était peut-être même pas encore sur la table. Il ne savait toujours pas ce que Louis voulait, ce qu'il ressentait réellement par rapport à ce qu'il se passait. Harry ferma ses yeux et se décida plutôt à passer ses doigts dans les cheveux de Louis, espérant qu'il s'en sortirait avec ça, que le léger tremblement serait attribué à un état post-coïtal normal.

Louis fut silencieux pendant plusieurs minutes avant qu'il relève sa tête d'où elle était posée contre le muscle pectoral de Harry, y mettant son menton à la place, et levant son regard vers Harry.

« Est-ce que, » commença à la hâte Louis, s'arrêtant pour éclaircir sa gorge. « Est-ce que, euh, tu pensais vraiment le truc de tout à l'heure ? » Il cligna rapidement des yeux, presque nerveusement.

« Penser quoi ? » demanda Harry. Il avait contorsionné son cou pour pouvoir mieux voir Louis, et son rythme cardiaque s'accéléra de nervosité quand il vit la tension dans les traits de Louis. Il n'était pas certain de ce à quoi Louis faisait référence.

Louis devint un peu rouge et il roula ses yeux. « Juste. Tout à l'heure, quand t'as dit... » Il déglutit fortement puis continua doucement, ne regardant pas Harry directement dans les yeux. « Avant. Quand t'as dit – t'as dit que tu voulais que je te prenne... »

Harry éclata de rire, laissant tomber sa tête contre le sol de soulagement. Son amusement disparut immédiatement, cependant, son cœur remontant dans sa gorge lorsqu'il sentit Louis se figer au-dessus de lui et commencer à rouler pour s'éloigner.

« Quoi ? » Harry se redressa sur ses coudes et attrapa Louis par l'avant-bras, l'immobilisant. « Non ! » dit-il. Il grimaça quand il vit la bouche de Louis former une moue triste, ses yeux devenant durs. « Hé. Non, j'voulais dire – j'veux dire oui. Oui, j'en ai totalement envie. Merde, désolé. » Il laissa échapper un petit rire nerveux, soudainement gêné, son rougissement remontant dans son cou. « Simplement, je – je pensais que c'était genre, évident à présent... Genre, euh, peut-être horriblement évident, même. Désolé. »

Le visage de Louis se détendit peu à peu et il se recoucha, se blottissant contre Harry.

« Oh. D'accord, » marmonna Louis contre le tee-shirt de Harry. « J'pensais juste que. Tu vois, on pourrait le refaire dans un lit, alors. A un moment donné. Peut-être. Si c'est ce que tu voulais... »

Harry hocha vigoureusement de la tête, rigolant légèrement. Quelque chose d'agréable et chaleureux bouillonna dans sa poitrine, le bonheur s'étendant partout sur sa peau. Il balança Louis complètement sur lui, ce dernier à cheval sur ses hanches et ses mains sur ses épaules.

« T'es tout ce à quoi j'ai pensé pendant des jours, Louis, » expliqua timidement Harry. Son cœur battait lentement, trop gros dans sa poitrine. Il leva une main et repoussa la frange de Louis de sur son front, avant que ses mains viennent se poser sur ses hanches. « Je pensais que... » Il haussa ses épaules. « J'y avais été un peu trop fort. J'avais peur de t'avoir effrayé. »

Louis grogna, roulant des yeux. « Euh. Non. » Il rit sombrement. « Non, tu ne m'as pas effrayé. Désolé, ça a été – je n'étais pas sûr de si je devais... Parce que je n'ai pas l'habitude de... pas avec... » Sa voix se fit traînante comme s'il ne savait pas exactement ce qu'il disait. Il s'arrête et secoua sa tête, regardant Harry droit dans les yeux, puis il continua avec plus de confiance. « Désolé, non. Tu ne m'as pas effrayé. »

« Est-ce que je peux – » Harry fit une pause, luttant pour s'empêcher de sourire trop comme un loup. « Je peux avoir ton numéro de téléphone, alors, Tomlinson ? »

Harry sourit radieusement lorsque Louis jeta sa tête en arrière et laissa échapper un éclat de rire en réponse. « Ouais, très bien, Styles, je suppose que ça peut s'arranger. »

« Bien, » dit simplement Harry, souriant à Louis et se sentant étourdi. Il déplaça une main jusqu'au milieu du dos de Louis puis le guida vers le bas pour pouvoir l'embrasser. Il leur restait encore une demi-heure avant la répétition ; ça serait dommage de ne pas en profiter...

*

L'atelier pour enfants était encore en train de répéter dans le Jerwood Hall lorsque Harry et Louis y pénétrèrent vingt minutes plus tard, en avance pour leur propre répétition. Ils se tinrent à l'abri des regards, à droite de l'endroit où les enfants étaient en train de jouer et ils observèrent silencieusement, leurs épaules s'effleurant presque.

En regardant tous ces petits doigts boudinés bouger sur des manches marqués avec du scotch, ces mignons petits visages grimacer de concentration, Harry ne put s'empêcher d'imaginer un petit Louis, travaillant dur et jouant de son propre adorable petit violon. Il sourit, se demandant quel âge avait Louis lorsqu'il avait commencé. Il semblait être le genre à avoir débuté à peine sorti des couches.

Quand il tourna sa tête pour chuchoter sa question dans l'oreille de Louis, il vit que celui-ci ne regardait plus les petits musiciens. Enfin, pas exclusivement. Il fixait un homme dans la quarantaine qui était assis sur une chaise très loin de là où les enfants étaient en train de jouer, près de l'entrée principale de la salle. L'homme était apparemment grandement intéressé par le cours. Gardant le rythme de la musique, il grimaçait et hochait de la tête à divers intervalles, comme s'il jugeait la performance. Le regard de Louis continuait de passer de l'homme aux enfants sur la petite scène, comme s'il essayait de comprendre quelque chose. Il souffla de façon moqueuse après environ une minute, roulant ses yeux et serrant sa mâchoire de mécontentement. « Comme si ça faisait une différence, » marmonna-t-il froidement, changeant son étui de main.

« Hmm ? »

« Quoi ? » demanda distraitement Louis, ne détournant plus ses yeux des enfants.

« Qu'est-ce qui ne fait pas une différence ? » demanda Harry, de façon appuyée, dans un murmure.

Louis regarda vers lui à ce moment-là, ses sourcils s'haussant comme s'il ne s'était pas rendu compte d'avoir parlé à voix haute. Il haussa ses épaules et soupira, grattant un de ses sourcils. Il se retourna vers l'homme au milieu de Jerwood, faisant un signe de la tête vers lui. « Juste, ce gars s'est installé là-bas, comme s'il pensait être assez loin pour que son enfant ne sache pas qu'il est là. » Louis rigola jaune. « Comme si elle n'était pas là-haut, cataloguant chacune des grimaces qu'il fait. » Il secoua sinistrement sa tête et soupira à nouveau. « Crois-moi, peu importe où il s'assoit, elle saurait qu'il est là. » Il balança son poids d'un pied à l'autre d'agacement. « Foutrement ridicule, » murmura-t-il, avant de s'excuser d'avoir juré même si, évidemment, il avait parlé assez fort pour que seul Harry l'entende.

Les yeux de Harry passèrent de l'unique homme présent dans le public aux enfants, avant de les poser sur Louis et les y laisser. Il joua avec sa lèvre inférieure, des images de la mère de Louis lors de la collecte de fonds tournant dans sa tête. Il observa l'air tendu sur le visage de Louis, et l'image qu'il s'était fait d'un Louis, à peine sortie de la petite enfance, en train de jouer assidûment de son petit violon avec un petit poing potelé autour de son archet évolua, de la tension y apparaissant. Ça lui rappela soudainement à quel point il en savait peu sur Louis Tomlinson, à quel point il avait envie d'en savoir plus. Harry avait tellement de questions à moitié-formées qu'il voulait poser à Louis, des questions sur sa vie qu'il savait qu'il marmonnerait ou balbutierait s'il était un jour en mesure de les poser.

Louis regardait à nouveau les enfants de l'atelier, ignorant presque ostensiblement l'homme dans les sièges, et Harry suivit son regard vers une violoniste au premier rang. C'était Sophie Becker, la petite fille que Harry avait rencontré quelques jours auparavant. Il ne fallut que quelques mesures pour se rendre compte qu'elle était très talentueuse, peut-être la plus talentueuse du groupe. C'était subtile, mais Harry pouvait également voir que Sophie n'était pas entièrement détendue, pas du tout. Il y avait une raideur dans sa posture qui ne lui semblait pas naturelle, une nuance trop rigide pour la qualité de sa technique. Même s'il ne regardait plus dans cette direction, Harry put alors le sentir. Il put sentir la présence du seul membre du public qui, il venait à supposer, était le père de Sophie, comme une pression étrange et fourmillante au milieu de sa colonne vertébrale. Comme s'il était lui-même en train d'être évalué.

Il eut envie de poser à Louis une de ses questions à moitié-formées à cet instant. Une question sur comment il avait réussi à identifier précisément Sophie aussi rapidement, comment il avait tout compris aussi vite, espérant que des informations sur sa propre enfance seraient révélées dans sa réponse. Mais juste au moment où il ouvrit sa bouche pour parler, Mlle Julia coupa les jeunes musiciens et leur demanda de ranger leurs affaires aussi rapidement que possible, pour qu'ils ne retardent pas la répétition du vrai orchestre. Puis Niall et Gladys entrèrent dans la salle avec Zayn les suivant, se chamaillant sur qui avait la meilleure partie dans Pierre et le Loup, et le moment fut passé.

« Malik, pourquoi tu t'embêtes même à discuter ? » demanda Louis avec un reniflement, se dirigeant vers les trois nouveaux arrivants, Sophie Becker apparemment oubliée. « Enfin, Pierre est le meilleur, c'est indéniable, mais le loup est le seul qui s'en rapproche. »

Harry resta à l'endroit où il était, sa pile de partitions lourde sous son bras. Il observa les enfants sortir de la salle par une des portes latérales, puis il regarda à nouveau vers Niall, Gladys, Zayn et Louis, se disputant toujours avec animation au milieu de la pièce.

Le narrateur est le meilleur, pensa-t-il. Mais aucun d'eux ne l'admettrait.

*

Leur performance de Pierre et le Loup, le lendemain, se passa merveilleusement bien. Dès le début, les enfants furent complètement absorbés, les yeux grands ouverts, alors que Harry présentait les personnages.

« Chaque personnage de l'histoire est représenté par un instrument différent, » expliqua Harry, leur souriant radieusement. « L'oiseau par la flûte... »

Il ressentit une bouffée de bonheur en voyant le sommet de leurs têtes alors qu'ils étaient plongés dans leurs programmes, le bruit des pages, les 'ooh' et les 'ahh' alors qu'ils cherchaient le dessin que Zayn avait fait de l'oiseau. Leurs têtes se relevèrent brusquement lorsque Pearl Katz joua l'exemple d'un trille à la flûte. Au moment où il présenta le loup comme étant représenté par « trois cors d'harmonie puants... très puants... à s'en pincer le nez, » les enfants se tortillèrent et rigolèrent, et Niall avait un sourire tellement grand, riant silencieusement, qu'il semblait presque ne pas être capable de se reprendre pour poser ses lèvres sur son instrument et jouer.

Harry continua à être un bon orateur tout au long, en faisant des tonnes autant que possible en tant que narrateur pour le bien du petit public. Il se sentit particulièrement fier de sa performance, vers la moitié de l'histoire, quand il réussit à susciter des halètements de la part de plusieurs enfants avec le ton sinistre qu'il utilisa pour la partie où le loup parvint à avaler le canard. Harry rougit ensuite, rencontrant le regard de Louis, agréablement embarrassé d'avoir été surpris en train d'être, de façon très évidente, content de lui-même. Les yeux de Louis scintillèrent et Harry essaya de ne pas s'y attarder.

Les musiciens circulèrent ensuite dans le Jerwood Hall, signant les programmes des enfants, leur montrant leurs instruments et répondant à des questions. Harry observa Louis conduire trois ou quatre enfants à travers la salle pour rejoindre l'endroit où il avait rangé son étui à violon, comme des petits canetons suivant leur mère, et il dut mordre l'intérieur de sa joue quand ça lui vint à l'esprit qu'il avait pensé à Louis en tant que Pierre pendant tout ce temps. La façon dont il se tenait, son attitude générale, même sa coupe de cheveux – tout correspondait dans la tête de Harry. C'était tellement approprié, Louis menant les cordes en représentant Pierre pendant la performance, et cette réalisation serra la poitrine de Harry.

Elle se serra encore plus quand Harry se souvint que Louis avait soumis une idée similaire plus tôt dans la journée, avant le concert. Une partie de l'orchestre s'était tenu debout en formant un cercle, examinant les programmes finaux de Zayn et discutant de la maîtrise naturelle des dessins.

« T'as déjà fait ça ? » avait demandé Louis, donnant un coup de coude à Niall et rigolant. « Genre, donner un rôle à des personnes faisant partie de ta vie dans quelque chose dans ta tête ? J'veux dire, comme ces dessins que Zayn a faits ; j'peux pas m'empêcher d'imaginer Gerry Courtenay comme le grand-père maintenant ! » Il regarda autour de lui, s'assurant apparemment que Gerald n'était pas capable de les entendre. « Même si je n'avais jamais pensé que le grand-père de Pierre soit un vieux schnock comme Gerry, maintenant je commence à croire que si ! Ça a biaisé tout ma perception ! »

Même s'il savait que le titillement de Louis était principalement bon enfant, Harry avait eu l'impression qu'il avait besoin d'intervenir et de défendre, pour une quelconque raison, l'honneur de Gerald Courtenay. Gerald ressemblait peut-être à une version du grand-père dans une publicité de Werther qui n'était pas particulièrement enclin à partager ses caramels avec quiconque, mais Harry l'appréciait quand même – peut-être à cause de ça, en fait. Il avait eu une vie assez remarquable. Né dans une famille noble britannique, Gerald avait grandi aux Etats-Unis avec sa mère américaine, et il avait joué du clairon dans la fanfare de l'U.S Army pendant la Guerre du Vietnam. Il avait survécu avec un sens de l'humour mordant et tous ses doigts intacts, déménageant en Angleterre par la suite et revenant à sa vraie passion, l'alto. Pierre serait chanceux d'avoir un tel grand-père ! Et Harry l'avait exprimé à haute voix, de la satisfaction naissant dans sa poitrine à la façon plutôt affectueuse dont Louis avait reniflé et roulé ses yeux. « D'accord, l'avocat commis d'office, » avait-il dit, comme s'il s'agissait d'une position étrange qu'il avait assigné à Harry. Harry Styles, chef d'orchestre, violoncelliste, avocat commis d'office. Harry avait maladroitement râclé sa gorge puis avait rapidement fait remarqué à quel point les griffes du loup étaient très belles sur les touches du cor d'harmonie que Zayn avait dessiné, s'ordonnant de ne pas penser dans quel genre d'autres situations de vie il pourrait espérer que Louis le mette à terme.

Il repoussa cette pensée pour le moment, errant à travers la foule de personnes, s'arrêtant pour signer des programmes et laisser certains des enfants tester sa baguette. La plupart était déjà parti moment où Harry se dirigea vers l'extrême gauche de la grande salle. Il cherchait à voir quels musiciens étaient toujours là, quand il entendit Louis parler derrière lui. La voix normalement éraillée et enjouée de Louis s'était légèrement adoucie, comme s'il essayait inconsciemment de garder sa conversation privée. Harry eut un peu l'impression de s'immiscer dedans (et il savait que c'était probablement le cas), mais il ne put pas s'empêcher d'écouter, il ne put pas s'empêcher de se retourner pour l'observer.

« D'accord, montre-moi comme tu tiens ton archet, » dit Louis, souriant à Sophie Becker. Elle regardait Louis avec admiration, son archet de secours dans sa main, clairement incapable de pleinement croire que non seulement elle parlait à Louis Tomlinson, premier violon de l'Orchestre Symphonique de Londres, mais qu'il la laissait également s'approcher de son magnifique et inestimable violon. « Juste ce que je suspectais, » dit Louis, ajustant très légèrement la position de ses doigts sur le grain de nacre de la hausse se trouvant à la base de l'archet. « Tu as le poignet d'une violoniste innée. »

Sophie gloussa et rougit, mordant sa lèvre par-dessus son sourire. Harry fit la même chose, baisant son regard vers ses pieds, attendri par les deux.

« Est-ce que tu aimes jouer ? » demanda Louis, lui reprenant l'archet.

Sophie hocha de la tête, souriant radieusement à Louis.

« Bien, » déclara Louis. « C'est très important. » Il se pencha en avant, remettant l'archet à sa place dans son étui à violon et sortant quelque chose qui ressemblait à un mouchoir de poche bleu. « C'est ma colophane préférée, » chuchota-t-il, retirant le tissu et la montrant à Sophie. « Je l'ai depuis une éternité ; elle est certainement plus vieille que toi. »

« Elle a neuf ans ? » demanda-t-elle, sceptique et un peu impertinente, comme si elle pensait qu'il pouvait être en train de la tester.

« Beaucoup plus, même ! » dit Louis. « Elle arrive en fin de vie, tu vois. » Harry pouvait voir de là où il se tenait, à environ trois mètres, que la colophane était incroyablement usée en son centre à cause des années et années à avoir été frottée sur la mèche d'archets, sur le point de se casser en deux. « Quelqu'un qui croyait en moi me l'a donnée quand j'étais plus jeune, donc je l'ai gardée pendant très longtemps, » se confia Louis. Il éclaircit sa gorge et continua. « Je t'ai vu joué pendant le cours hier, et j'ai pu remarquer que tu deviens déjà une excellente musicienne, Sophie. Je pense que t'as un potentiel remarquable en tant que violoniste. »

Sophie devint rouge écarlate, se tortillant devant Louis avec ses bras derrière son dos alors qu'il laissait ses paroles être bien comprises. « Merci, » cria-t-elle joyeusement.

Harry dut déglutir la boule d'émotion qui se formait dans sa gorge, fixant toujours ses propres pieds tournés en dedans.

« Je veux que tu la prennes, » lui dit-il. Il tendit son bras, lui tendant la colophane enveloppée dans le mouchoir.

Sophie en resta bouche bée, n'y croyant pas. Elle l'attrapa timidement, avec de grands yeux et des doigts tremblants, la prenant très prudemment et la manipulant comme si c'était un artéfact précieux.

« De cette façon, » dit doucement Louis, « dans le futur, quand tu seras peut-être découragé pendant les cours ou si l'œuvre sur laquelle tu travailles te semble trop difficile, tu l'auras comme ça a été le cas pour moi, et tu peux l'utiliser comme un moyen de te souvenir que quelqu'un d'autre croit en toi, d'accord ? Parce que je pense absolument que tu devrais jouer du violon. »

« Oh, » murmura Sophie avec un émerveillement étouffé, fixant toujours la colophane dans sa main comme si ça pouvait être le fruit de son imagination. « D'accord. Mer-merci. »

« Il n'y a pas de quoi, » dit Louis.

« Sophie ! » Un petit garçon de l'atelier se tenait à l'entrée principale de Jerwood Hall. « Soph ! Dépêche-toi ! Mlle Julia attend ! »

« D'ac, j'arrive, » cria Sophie dans un marmonnement, mordant sa lèvre. Elle leva son regard vers Louis. « Merci, M. Tomlinson, » dit-elle à nouveau avant de se retourner et partir, le cadeau de Louis serré dans son petit poing. Elle se précipita à l'autre bout de la salle, courant de temps en temps.

« Hé, Sophie ! » l'interpella Louis lorsqu'elle fut presque à la porte. Elle s'arrêta, se tournant pour le regarder. « Le ciel est la limite, » déclara-il.

Sophie laissa apparaître un sourire éclatant sur son visage, hochant de la tête, avant de tourner ses talons et de parcourir rapidement le reste de la salle.

Harry ne s'était pas rendu compte qu'il retenait sa respiration jusqu'à ce que la porte se ferme dans un claquement derrière elle et que tout fut silencieux. Son cœur battait rapidement dans sa poitrine. Il se demanda si Louis savait qu'il était là.

« Je peux sentir ta présence, » claqua Louis, un soupçon d'accusation teinté d'amusement dans sa voix. Il ne se retourna pas pour regarder complètement Harry, se penchant avant pour fermer prudemment son étui.

Harry soupira. « Désolé. C'est juste que je – » La voix de Harry était pleine de sentiment, ses nerfs à bout. Il eut envie de tendre sa main vers Louis, le tirer dans ses bras et l'étreindre, le serrer fermement parce qu'il était merveilleux. « Louis. C'était... »

Louis se tourna vers lui à présent, le coupant. Il secoua sa tête, ses joues roses. « C'était rien, Styles. »

La douleur dans la poitrine de Harry fut presque brutale. « Ce n'était pas rien, » chuchota-t-il. Il ne put pas s'empêcher de poser doucement une main sur l'avant-bras de Louis en le disant.

« D'accord, » dit Louis. Il retint un rire gêné et roula ses yeux, retirant d'un geste brusque la main de Harry et se tortillant, mal à l'aise, devant lui. « Ça suffit. »

Ils restèrent maladroitement immobiles pendant un moment avant que Niall hurle à travers la salle pour les interpeller. « Hé ! Les traînards ! Vous êtes prêts ? On va au Red Cow ! Gladdo, Zayn et Gerry y sont probablement déjà. »

« D'accord ! » répondit Louis en criant. Il regarda Harry, qui n'avait pas son manteau et avait toujours une partition en dessous de son bras. « Tu nous rejoins là-bas ? »

Harry acquiesça d'un hochement de la tête, observant Louis se précipiter pour rattraper Niall. « Ce n'était pas rien, » chuchota-t-il à nouveau.

Rentrer chez Harry, cette nuit-là, fut un peu différent de la fois précédente. Ils ne se sautèrent pas dessus à la seconde où la porte fut fermée derrière eux, pour commencer. Ils avaient à nouveau partagé un taxi, cette fois à partir du Red Cow, mais il n'y avait pas eu de course folle et frénétique dans les escaliers avec des arrêts fréquents pour s'embrasser contre la rambarde. A la place, ils entrèrent silencieusement à l'intérieur, Harry alluma la lumière et posa ses clés dans un pot près de la porte alors qu'ils retiraient leurs chaussures. Il prit sans un mot le manteau de Louis et l'accrocha à côté du sien sur un des crochets du mur.

Cette fois, tout fut lent et calme, mais le cœur de Louis battait tout autant à la chamade.

Harry continua son chemin dans le loft, glissant doucement sur le plancher en bois avec ses chaussettes, ressemblant à un adolescent dégingandé, et Louis traîna derrière lui. Il passa une main critique le long du dossier du canapé de Harry, observant une partie des tableaux accrochés aux murs, les livres sur la table basse et les bibelots.

« Est-ce que tu, » Harry toussa dans son poing, à présent dans la cuisine. « Tu veux quelque chose à boire ? »

Louis se détourna de la petite impression encadrée qu'il était en train d'observer sur le mur opposé et il rencontra le regard de Harry. Il cligna des yeux, puis secoua sa tête sans un mot. Il se fixèrent pendant un long moment et Louis mordit sa lèvre quand il vit le mouvement du torse de Harry devenir de plus en plus prononcé, au rythme de ses respirations, visible même à l'autre bout de la pièce. Louis était grisé et à bout de souffle alors qu'il s'avançait vers lui.

Il attrapa le poignet de Harry une fois qu'il se tint devant lui, l'encerclant avec ses doigts juste en dessous de sa manche et caressant doucement la peau douce. Harry frissonna au contact, retenant sa respiration en même temps que Louis. Parce que c'était ce qu'il attendait, ce qui mettait le feu dans sa tête ces derniers jours. La façon dont Harry répondait. Bon Dieu. La façon dont Harry avait réagi dans son bureau, tremblant sous ses mains et le laissant prendre le contrôle. Ça donna envie de tellement plus à Louis, de ressentir plus, comme s'il était sur le point de se noyer dans une sorte de force irrésistible et primitive.

« On monte ? » demanda doucement Louis. A cet instant, tout était électrique pour lui, la surface de sa peau, le battement de son cœur dans sa poitrine et l'air les entourant.

« Ouais, » souffla Harry. « Oui. » Ses paupières papillonnèrent alors qu'il se saisissait de la main de Louis, entrelaçant leurs doigts dans un désespoir subtil.

Le sexe fut également différent de la dernière fois. Harry laissa Louis le guider en haut des escaliers en colimaçon et jusqu'au lit. Il laissa Louis retirer ses vêtements, un à un, puis il le laissa parcourir son corps avec ses mains, il le laissa embrasser sa peau douce. Il laissa Louis le préparer doucement et le baiser pendant si longtemps et profondément qu'ils gémirent tous les deux silencieusement, sanglotant presque dans la bouche de l'autre lorsqu'ils jouirent finalement. Et cette fois, après s'être nettoyé un peu, Harry descendit leur chercher un verre d'eau à chacun puis il revint dans le lit et tira Louis contre lui dans le noir, le tenant contre lui et soupirant contre son épaule avant de tomber dans un sommeil profond.

Ça serra la poitrine de Louis, tout ça. Il se coucha dans les bras de Harry, mal à l'aise, ses pensées allant à mille à l'heure.

C'est juste du sexe, se dit-il. C'est juste du sexe.

Mais ensuite, l'esprit de Louis revint à plus tôt dans la journée, à Harry pendant le concert avec les enfants, et son cœur s'arrêta brusquement.

Juste après la fin de la performance, Louis avait regardé Harry déposer un adorable petit garçon sur le podium du chef d'orchestre avec sa baguette en main puis il s'était installé dans la section des violoncelles, jouant un instrument imaginaire alors que le garçon le dirigeait. Il avait ignoré de temps en temps le tempo imposé par le garçon pour faire des gestes exagérés, allant beaucoup trop vite ou beaucoup trop lentement, faisant taper du pied l'enfant qui rigola follement dans une frustration joyeuse.

Louis avait été sur le point de s'éloigner, sachant qu'il fixait d'une façon louche Harry alors qu'il aurait dû être en train de se balader dans le public et interagir avec les enfants. Mais ensuite, Niall était arrivé à ses côté, riant aux éclats.

« Harry est si foutrement bon avec les gosses, » avait-il dit, souriant radieusement et secouant sa tête. Il avait donné un coup de coude à Louis, reniflant et se penchant en avant comme s'il allait lui dire un secret. « Tu devrais le voir. Il se transforme presque en Madame Doubtfire parfois. » Puis Niall avait baissé sa voix d'une octave, visant juste avec l'imitation. « 'Booonjour les enfants !' » Il l'avait complétée avec un mouvement agité de la main qui ressemblait tellement à Harry que la main de Niall avait paru plus grande alors qu'elle bougeait dans les airs.

Un rire clair et attendri était sorti de la bouche de Louis à l'exactitude de l'imitation de Niall.

« Tu vois, » avait dit Niall d'un air suffisant, donnant un nouveau coup de coude à Louis. « Je t'avais dit qu'il n'avait pas si mauvais. »

Louis lui avait lancé un regard noir (ce qui avait seulement exacerbé la grande joie de Niall) et il s'était immédiatement éloigné, cherchant des enfants à divertir et éduquer.

Ses lèvres se tordirent dans un sourire à contrecœur en y repensant, observant les phares d'une voiture qui passait à travers les fenêtres de l'appartement de Harry, illuminant tout brièvement. Dors, se dit-il. Putain, dors. La dernière chose qu'il voulait faire était de commencer à s'attarder sur le regard doux qu'il avait vu dans les yeux de Harry après que Sophie Becker avait quitté Jerwood Hall. Il ne voulait pas y penser du tout. Il ne pouvait pas y penser.

Juste du sexe. Encore. Probablement, s'assura-t-il à nouveau, sans conviction, tirant la couette de Harry jusqu'à son cou. Tu as la situation sous contrôle. Ça ne dégénérera pas.

Il se força à ravaler le sentiment de peur et houleux qui lui disait que c'était déjà hors de contrôle. Le fait même de savoir que ça l'était. Maintenant qu'ils avaient commencé ça, Louis n'était pas sûr de vouloir un jour arrêter. Même si ça signifiait se mentir à lui-même dans le noir à ce sujet.

Juste du sexe, pensa-t-il. Il soupira et emmêla ses jambes à celles de Harry, tellement fatigué qu'il parvint finalement à s'endormir malgré lui.

Notes:

« Va le dire à Tante Rhody » (Go Tell Aunt Rhody en anglais) est une chanson folk américaine dont l'air provient d'un opéra français Le Devin du village de Jean-Jacques Rousseau.

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