Chapitre 5
Ça ne semblait pas tout à fait réel pour Harry, cette situation dans laquelle il s'était soudainement retrouvé, attendant dans une des ailes des coulisses du Barbican Hall, prêt pour le premier concert de la saison de l'OSL. Ou presque prêt, en fait, s'il pouvait juste réussir à faire en sorte que ses foutus boutons de manchette coopèrent.
« Merde, » jura-t-il doucement alors que le fermoir d'un des boutons glissa entre ses doigts. Il tomba par terre dans un petit bruit sourd et rebondit sous un chariot branlant avec des chaises pliantes dessus qui se trouvait à sa gauche.
La semaine suivant le dîner de collecte de fonds à la galerie était passée en un clin d'œil, un brouillard insensé de répétitions et d'angoisse croissante chez Harry. Il avait fait des exercices de respiration et de visualisation tous les jours pour se calmer, mais ça n'avait pas aidé ; ses mains tremblaient toujours alors qu'il se penchait en avant pour chercher le petit bout en métal. Il chancela dans une sorte de position accroupie précaire, faisant attention à ne pas s'agenouiller complètement pour que son pantalon de costume ne soit pas sali par la poussière.
« Styles ? » dit Louis Tomlinson, derrière lui. Sa voix était basse, mais Harry entendit le rire dedans, la confusion amusée. « Est-ce que c'est l'un de tes rituels de relaxation bizarres d'avant concert ? Prier devant des chaises ou quoi, hein ? »
Le reste de l'orchestre était déjà sur la scène, mais c'était une tradition pour le premier violon d'entrer après eux comme une forme de respect envers la position. Louis ferait une révérence puis s'assurerait que l'orchestre s'accorde correctement, avant que Harry fasse son entrée et commence le concert. Harry s'était un peu inquiété de l'endroit où Louis se trouvait, en fait, alors il fut soulagé d'entendre sa voix.
Bien qu'il ne le montrât pas. Il grogna seulement en réponse, choisissant de concentrer toute son énergie à récupérer son objet perdu, s'étirant, à peine capable de le frôler avec le bout de ses doigts...
« Eh bien, fais comme tu veux, » dit aimablement Louis. « J'ai plutôt l'habitude d'aller faire un bon nettoyage d'estomac dans les toilettes, pour être honnête. Mais, chacun fait ce qu'il veut. »
« Je – » Harry expira profondément alors qu'il se relevait, ayant finalement accompli sa tâche. Il était rouge de s'être penché en avant et il sentit une boule de nerf serrer son ventre sous le regard de Louis, se tortillant alors qu'il défroissait la veste de son costume. « J'avais fait tomber mon bouton de manchette... »
Louis avait disparu après leur dernière répétition dans l'après-midi. C'était la première fois que Harry le revoyait depuis, et sa voix se bloqua lorsqu'il put mieux voir le violoniste. Il était dans son costume à queue de pie, évidemment, et Harry en fut terrassé, juste comme il l'avait été lors de la séance photo des semaines auparavant. Bon Dieu, pensa-t-il, dévorant Louis des yeux. Il était impeccable et absolument magnifique dans ce costume. Sa coupe près du corps semblait souligner la puissance de sa petite silhouette, le moulant partout et tombant juste de la bonne façon, un corps parfait. Ses épaules droites ne faisaient qu'améliorer les beaux angles de son visage. Le visage de Louis...
Louis haussa un sourcil et Harry rougit. Il avait été momentanément paralysé ; ce n'était même pas qu'il ne s'était pas rendu compte qu'il le fixait, c'était qu'il ne s'était pas souvenu qu'il devait essayer de le cacher. Un bel homme en costume et tu deviens si stupide que t'oublies complètement les normes sociales ? Harry baissa son menton et recommença à se battre avec son bouton de manchette. Comment exactement t'attends-tu à diriger un orchestre pendant trois œuvres musicales compliquées ? Le cœur de Harry remonta dans sa gorge à cette pensée. Il se sentit mal.Merveilleux, voilà les sueurs nerveuses. Il fit presque à nouveau tomber le fermoir, grimaçant. Louis est Louis, cependant, murmura son subconscient, essayant de le consoler. Il avait l'air délicieusement impérieux parfois... Magnifiquement même. Personne ne peut te blâmer de l'avoir remarqué. Tu vas très bien t'en sortir ! Secoue-toi ! Harry était en train de partir dans l'autre direction, désespéré d'être un tel empoté qui n'arrivait même pas à mettre ses boutons de manchette, il sursauta quand on toucha son poignet.
« T'arrives même à mettre le plus facile, hein ? » le taquina Louis, voyant que Harry n'avait même pas été capable d'accrocher le bouton de manchette de sa main non-dominante. Il sourit à Harry avec ses yeux bleus. « Laisse-moi faire. »
Harry donna les boutons à Louis avec un soupir tremblant, expirant fortement par le nez et tendant son avant-bras gauche dans une demande légèrement gênante.
« Ça semble un peu imprudent de le faire à la dernière minute alors que t'es aussi nul pour ça, Harry. » dit Louis, gloussant alors qu'il commençait sa tâche.
Le cœur de Harry se serra dans sa poitrine, à l'affection qu'il pensa entendre dans la voix de Louis, à la façon inhabituellement douce dont Louis avait dit son prénom.
« Ce n'est pas – » Harry frissonna légèrement quand le bout calleux des doigts de Louis frôla sa peau en accrochant le premier fermoir, s'assurant que le bouton soit correctement mis sous la manche de sa veste. « Ce n'est normalement pas un tel – un tel problème. »
Louis sourit alors qu'il lâchait le poignet gauche de Harry et passait à celui de droite. Il hocha plusieurs fois de la tête dans un acquiescement moqueur. Harry déglutit fortement, réprimant un soupir alors qu'il baissait son regard vers les cils battants de Louis sous ses lunettes. Reprends-toi, Styles.
« T'as ta baguette ? » demanda Louis.
Un petit éclair de terreur désorientant traversa Harry à la question. Il se tendit, tapotant sa poche intérieure par réflexe. « Oui, » dit-il avec un haussement d'épaules, exagérant volontairement son air désinvolte, faisant semble qu'il n'avait pas été brièvement inquiet malgré le fait qu'ils le savaient très bien tous les deux.
Louis rigola silencieusement, ses épaules tressautant. Harry essaya alors de faire réellement semblant, juste pour lui-même. Faire semble qu'il n'y avait pas de douce chaleur qui coulait dans ses veines à cause de la réaction de Louis. Il savait que ses propres joues devaient être teintes en rose.
« Où est ton violon ? » demanda-t-il, se souvenant soudainement que Louis l'avait dans les mains quelques instants auparavant, quand il avait surpris Harry en train de le fixer.
Louis fit un signe de la tête vers la table qui se trouvait à côté du chariot avec les chaises. « Là-bas. » Il rigola à nouveau, doucement. « Je l'ai posé quand j'ai vu que t'étais un tel cas désespéré, Styles. J'pouvais pas te laisser aller sur scène avec des manchettes pas accrochées ! Pas quand tu représentes mon orchestre. »
Une énergie nerveuse inonda à nouveau le corps de Harry et il fit un hochement saccadé de la tête, se souvenant ce qu'il était sur le point de faire. Il devait avoir les yeux un peu écarquillés parce que Louis ricana encore, secouant sa tête.
« Hé, » dit Louis. Il avait fini avec le deuxième bouton de manchette et il tira sur la veste de Harry pour s'assurer qu'elle tombait correctement sur ses épaules. « T'es plus que présentable maintenant, d'accord ? Tout va bien se passer. »
Harry hocha à nouveau de la tête, respirant profondément. Bon Dieu, il avait besoin que ça se passe bien, tout : le Divertimento, Pini di Roma, mais surtout Don Juan. Il avait essayé de ne pas avoir des attentes trop élevées, mais il devait admettre qu'il avait désespérément envie que cette performance de Strauss soit quelque chose dont les gens se souviendraient, que son interprétation soit quelque chose dont ils parleraient.
Louis rigola. « Reprends-toi, Styles, » dit-il, la désinvolture dans son ton peut-être un peu trop enjouée, donnant la légère impression à Harry que Louis pourrait bien également calmer sa propre nervosité. « Je suis aussi nerveux, tu sais. On l'est tous. Certains sont juste meilleurs pour le cacher. »
Harry acquiesça avec un petit rire et mordit sa lèvre. Il ne savait si l'intimité fragile de cette interaction avec Louis le mettait plus ou moins à l'aise. Ça ne calmait certainement pas son rythme cardiaque. La vérité était qu'il se sentait un peu secoué par le fait que Louis soit si... si sympathique, en fait. D'autant plus que la réaction de Louis au stress, à l'approche de leur première, avait été de faire des commentaires de plus en plus cinglants lors des répétitions. Harry n'avait pas envie de trop réfléchir au fait qu'il aimait beaucoup ça, Louis étant sympathique.
Il n'eut pas beaucoup de temps pour le faire, de toute façon, parce que quelques secondes après, Louis avait repris son violon et son archet et il faisait rouler ses épaules une dernière fois.
« On se retrouve là-bas, Don Juan, » chuchota Louis. Un petit éclair d'électricité parcourut Harry alors qu'il observait Louis s'éloigner sur la scène, regardant chaque centimètre carré du premier violon, totalement dans son élément et ayant la situation bien en main.
Contrôle, pensa Harry, alors que les instruments à vent s'accordaient au La du hautbois de Janet Ingersoll. Tu peux le faire. T'as le contrôle. T'es prêt. Tu sais ce que tu fais. T'es prêt. Ils sont prêts pour toi.
Il repoussa les pensées sournoises au sujet des choses sur lesquelles il n'avait de contrôle du tout, les zones où il pataugeait. Tu vas tout surmonter, pensa-t-il alors que l'image des yeux de Louis passa dans sa tête, clignant vers lui, leur bleu très vif contre la cravate blanc de son costume. C'est juste une stupide distraction, c'est tout. Rien que tu ne peux pas gérer.
Harry attendit que l'orchestre soit accordé, il tapota une fois de plus sa poche pour vérifier que sa baguette s'y trouvait, puis il prit une profonde respiration et entra sur scène pour faire son travail.
*
Environ une heure plus tard, Harry revenait vers son orchestre, ayant passé sa courte pause dans les ailes à essayer de se reprendre. Le concert se passait bien jusqu'à présent. Très bien, en fait. Quand il avait quitté la scène après Pini di Roma, quelques minutes auparavant, il avait été amené à faire une révérence en plus par les applaudissements continus du public. Et le Divertimento avait été une joie absolue à diriger en ouverture, son intensité vive apaisant en quelque sorte Harry, lui permettant presque immédiatement de se sentir comme chez lui au cours de la performance.
Mais maintenant, c'était le moment du Strauss. De Don Juan, enfin, et la nervosité de Harry se réveilla à nouveau. Il y avait un courant d'anxiété parcourant son corps alors qu'il traversait de façon déterminée la scène pour rejoindre le podium. C'était de la bonne anxiété, cependant. Le genre d'énergie nerveuse positive qui n'accablait pas, mais qui élevait votre performance à la place.
Harry fit un signe de la tête au public en signe de reconnaissance puis il se retourna et prit place devant l'orchestre, leur souriant radieusement. Il s'arrêta, attendant patiemment avec ses bras derrière son dos alors qu'ils s'installaient, les bruits réconfortants de leurs bruissements se taisant. Le coup d'un archet contre le bois d'un violoncelle, le décollement des touches d'une flûte traversière, un livret déplacé parce qu'elle était mal positionnée, puis ils furent silencieux. Harry savait que leur dur labeur au cours du mois et demi précédent les avait menés à ce moment, et il laissa cette conscience de leur préparation collective l'apaiser alors qu'il prenait une dernière profonde respiration et levait ses bras.
Son cœur se remplit d'une douleur d'anticipation plaisante alors qu'il établissait un contact visuel avec les chefs de section appropriés. Puis il baissa sa baguette avec un panache ferme, et ils étaient partis.
Dès le début, Louis Tomlinson poussa le tempo que Harry avait instauré. Ce dernier le sentit lorsque les violons poussèrent leurs seize notes d'ouverture, une phrase rapide que Strauss avait écrit pour établir la masculinité enjouée du Don.
Putain, t'aurais dû le savoir, pensa Harry, sentant son sang commencer à bouillir. Il sera sa mâchoire et se prépara à ce qu'il sentait venir.
Il eut raison. Louis continua à résister à son tempo, dirigeant sa section juste un peu plus rapidement que le reste de l'orchestre. Harry lança un regard noir à Louis pour communiquer son mécontentement, mais le premier violon garda obstinément sa tête enfouie dans sa musique. Ce fut à prendre ou à laisser entre eux pendant toute l'introduction. Harry réussit à peine à maintenir sa dominance alors qu'ils entraient dans le passage sensuel qui indiquait l'arrivée de la première partenaire romantique de Don Juan. Le solo de Louis pendant cette partie de l'œuvre exigeait un toucher beaucoup plus doux et ça offrit à Harry un répit dans la pression continuelle que le violoniste avait exercé. Ce soulagement rendit la façon de diriger de Harry beaucoup plus laborieuse, et il tira la musique de l'orchestre, fragile et douce, l'écho des bois évoquant parfaitement le désir du Don pour cette nouvelle amante.
Le morceau accéléra à partir de là, le tempo et le ressenti du passage suivant beaucoup plus audacieux alors que le chef d'orchestre et le premier violon se disputaient pour avoir le contrôle de la musique. A chaque fois que Harry pensait qu'il arrivait finalement à maîtriser Louis, le violoniste poussait à nouveau, incitant l'orchestre à en faire de même, les entraînant dans son vortex fou furieux alors qu'il luttait pour laisser Harry dans son sillage.
Le cœur de Harry était un vrai marteau piqueur dans sa poitrine, ses cheveux en sueur collant à son front. Il y avait plus de colère et d'adrénaline que de sang dans ses veines alors qu'ils arrivaient au point culminant, les derniers instants de folie de Don Juan. Sa baguette fit un mouvement féroce dans l'air, tenant à peine Louis en échec, guidant habilement l'orchestre à travers le passage grondant avant la coda finale qui concluait l'œuvre.
Alors que Harry faisait un mouvement violent pour faire taire l'orchestre, mettant une halte à la course folle pour la seule mesure vide avant cette coda, son regard se baissa vers la gauche. Il sentit un frisson irrépressible le parcourir lorsque ses yeux rencontrèrent ceux de Louis et qu'ils se fixèrent. Le silence emplissant soudainement le Barbican Hall sembla s'étirer entre eux, éternellement. Le rythme cardiaque de Harry accéléra à l'air de défi qu'il vit dans le regard bleu de Louis, ça le mit en colère et l'excita tout à la fois. Inacceptable. Complètement inacceptable. Il déglutit fortement et détourna ses yeux, avant de relever ses bras et inviter l'orchestre, son orchestre, à jouer le dernier passage de Don Juan.
La coda était un dénouement magnifique et étrange qui représentait la mort de Don Juan, la pause avant était un symbole de la perte de son envie de vivre. Les séries de notes chatoyantes et descendantes qui résonnaient dans la salle dansèrent le long de la colonne vertébrale de Harry, faisant renaître le frisson qu'il avait ressenti quelques instants auparavant. Il avait presque l'impression d'être hors du temps, imbibé d'émotions contradictoires, connecté à la musique et loin d'elle en même temps. Louis le déboussolait. Harry retint sa respiration alors qu'il dirigeait ses musiciens à travers les dernières notes pizzicato, laissant le son hantant de la dernière corde pincée résonner dans le calme avant de se détendre et expirer fortement, laissant tomber ses bras le long de ses flancs pour indiquer que la performance était terminée, enfin.
Tout fut silencieux par la suite. Tout ce que Harry pouvait entendre était le bruit irrégulier de sa propre respiration et le battement de son sang dans ses oreilles. Une peur paralysante le saisit alors, la honte enveloppant son cœur alors qu'il se rendait compte que la représentation avait dû être un échec total. Les changements dans le tempo avaient été trop imprécis pour ne pas être remarqués ; l'orchestre avait échappé à tout contrôle. Harry n'avait pas fait son boulot, et il avait laissé tout le monde tomber. Il n'arrivait plus à respirer.
Jusqu'à ce que le public laisse éclater des applaudissements puissants et francs, le son s'éleva dans l'air alors qu'ils se levaient pour lui donner une standing ovation.
Les mains de Harry tremblaient légèrement, son cœur dans un étau. Il ouvrit ses bras vers l'orchestre, leur faisant signe de se lever et d'accepter la reconnaissance de leur réussite. Puis il se tourna vers le public et fit une révérence brève.
Il était d'usage que le premier violon et le chef d'orchestre se serrent la main à la fin d'une représentation, et la pluie d'applaudissement s'intensifia alors que Harry descendait de son podium et se dirigeait vers Louis, tendant sa main. Quand il vit le regard à moitié amusé et triomphant sur le visage de Louis alors qu'il s'approchait, Harry savait que quelque chose devait changer.
Ça ne peut pas continuer comme ça, pensa-t-il avec une détermination d'acier, une colère justifiée s'infiltrant en lui alors que leurs paumes entraient en contact. Harry ignora l'étincelle frustrante et familière de désir, faisant comme si elle n'existait pas, et il glissa sa main gauche jusqu'au coude de Louis pour le tirer vers lui. S'il n'avait pas été aussi énervé, aussi distrait par ses propres émotions accrues, Harry aurait pu ressentir une plus grande satisfaction à la façon dont Louis se tendit de surprise et trembla légèrement à son contact. Il se pencha en avant avec un sourire tendu et positionna sa bouche contre l'oreille de Louis.
« Rejoins-moi dans mon bureau à la seconde où t'arrives à St Luke's, » grogna-t-il dans un murmure. L'afterparty pour fêter la représentation de ce soir et le lancement de la nouvelle saison se passait dans le Jerwood Hall de la vieille église. « A la seconde où t'y arrives. »
Louis se raidit légèrement, rougissant. Il sembla confus pendant un moment, puis irrité, mais il façonna rapidement son visage dans un sourire vide pour le public, clignant des yeux alors qu'il penchait un peu sa tête sur le gauche, l'éloignant de la bouche de Harry. Cependant, il serra quand même rapidement la main de Harry.
« Je veux dire immédiatement, Louis. Pas d'arrêt pour boire un verre de champagne ou plaisanter avec Niall ou parler avec Richard Cartwright ou peu importe ce que tu pensais que tu allais faire. On doit parler. » Louis fit un seul bruit de protestation, un petit soupir hautain. Harry resserra simplement sa prise sur le coude de Louis, se penchant encore plus vers lui pour que ses lèvres effleurent presque son oreille.
« C'est un ordre, » dit-il. Il répéta les mots d'une voix basse, profonde et ferme, alors que le reste du monde applaudissait au loin. « C'est un ordre. »
Louis marcha seul jusqu'à St. Luke's, aussi rapidement qu'il le put. Il évita toutes les camaraderies de félicitations habituelles, esquivant les groupes de musiciens et les membres du public qui fourmillaient dans le Barbican Hall, prenant le temps de soigner leur relationnel avant d'aller à l'afterparty. Louis avait immédiatement rangé Thunder dans la pièce sécurisée réservée aux instruments en coulisses, puis il avait attrapé son manteau, sortant par une des portes de service moins fréquentées avant que quelqu'un puisse le retarder.
Il y avait quelque chose dans la voix de Harry Styles, la façon dont elle avait été puissante quand il avait chuchoté à l'oreille de Louis, qui l'avait mis en ébullition et l'avait troublé. Plus que d'habitude, pour des sensations post-concert, et il avait eu besoin de sortir du bâtiment et de s'éloigner des gens. Il avait eu besoin de l'air frais de la nuit et d'être seul avec ses pensées.
Il va seulement râler à cause du tempo, s'assura Louis, ses mains profondément enfouies dans les poches de son manteau, son écharpe marron enroulée fermement autour de son cou alors qu'il se dirigeait vers l'église. « C'est mon orchestre. » Il imita Harry dans sa tête, ignorant le brin de culpabilité désagréable qui avait élu résidence dans son ventre. Ouais, eh bien, j'ai fait une faveur à « ton » orchestre, alors calme-toi.
Louis savait déjà que les gens parleraient de Don Juan pendant le reste de la saison. Harry avait eu raison au sujet de son âme ; Louis pouvait l'admettre, mais c'était lui qui avait eu raison au sujet du tempo. Majoritairement raison, en tout cas.
« Il va probablement dire que c'est par principe, » prévit Louis, irrité alors qu'il tournait à l'angle de Whitecross et Old, passant le portail en fer forgé grinçant qui menait au jardin de St. Luke's.
Pourquoi s'inquiétait-il autant, de toute façon ? Il voulait juste en avoir fini avec ça, réellement, ainsi il pourrait se détendre. Parce que Louis n'arrivait pas à se détendre à cet instant. Pas quand il continuait de voir l'air sombre sur le visage de Harry alors qu'il avait serré sa main. Il continuait de sentir les boutons de la veste de costume de Harry contre son avant-bras lorsqu'il s'était penché en avant pour murmurer, le fantôme de ses lèvres contre son oreille. Harry avait l'odeur de sueur luxueuse, et Louis n'avait certainement pas, non plus, envie de s'attarder sur ça ; il ne savait pas pourquoi ses pensées refusées d'arrêter de tourner en rond autour de ça alors qu'il entrait dans l'église.
Tu sais pourquoi.
Louis se sentit soudainement stupide lorsqu'il se rendit compte qu'il se retrouvait tout seul à St. Luke's. Exposé et un peu gêné. Il avait dû marcher plus rapidement qu'il ne s'en était rendu compte, pour être la toute première personne arrivée. Même l'entrée était pratiquement déserte ; la fille s'occupant du vestiaire était seulement en train de s'installer à son poste.
Super. Louis se retourna vers elle, soupirant et pensant au fait que Harry serait probablement retenu par un tas de personnes voulant le féliciter pour cet excellent concert. Il restait peut-être encore une demi-heure avant que le chef d'orchestre arrive. Merveilleux. Maintenant, tu vas attendre devant son bureau comme un bon petit garçon. Un bon petit garçon qui fait exactement ce qu'on lui a dit.
Il tendit son manteau et sa veste de costume à la fille, ne voulant pas se sentir trop à l'étroit. Il avait l'air pimpant dans son gilet ; Niall le lui disait toujours. (Et il le savait également. Ce n'était pas comme s'il ne pouvait pas le voir dans le miroir.)
Mais t'es plutôt un mauvais petit garçon, non ? siffla une voix maléfique dans sa tête alors qu'il prenait le ticket que la fille lui tendit. Il rougit fortement de surprise, juste en ayant cette pensée, et il ne fut pas capable de s'empêcher d'aller jusqu'à la conclusion logique. Un mauvais petit garçon qui attend d'être puni.
Louis tira sur le col de sa chemise qui serrait son cou ; il avait toujours l'impression d'être trop confiné. Putain. D'où est-ce que ça venait ? Comment sa vie en était-elle arrivée là ? Comment Harry foutu Styles arrivait-il à entrer sous sa peau comme ça ; Harry Styles, de toutes les personnes au monde ? Louis avait juste besoin de coucher avec quelqu'un. C'est tout, se rappela-t-il. Il avait besoin de s'envoyer en l'air et il avait besoin d'un verre.
L'alcool était probablement le plus facilement disponible des deux à cet instant.
Il savait que Harry lui avait dit d'aller directement dans son bureau, mais ça ne semblait pas nécessaire pour le moment. Louis n'avait pas vraiment envie de suivre les instructions de Styles à la lettre, de toute façon, alors il se dirigea vers Jerwood Hall et le bar. Il y avait deux gamins dans la petite vingtaine derrière celui-ci, rigolant ensemble et finissant de préparer leur plateau de fruits alors qu'ils attendaient les premiers clients de la soirée.
« Un Macallan 12, s'il vous plaît, » dit Louis, tapotant ses doigts contre sa jambe. « Pur. »
Il levait doucement le verre à ses lèvres, se préparant au goût agréablement amer et boisé de l'alcool, lorsqu'il sursauta à la prise ferme d'une main sur sa hanche.
« Je pensais avoir été assez clair tout à l'heure, mais je suppose que non. » Le ton de Harry était sérieux et sec, sa voix aussi profonde que d'habitude. Il avait l'air aussi tempétueux qu'à la fin du concert, un grand fouet noir, toujours dans son costume en entier.
Avant que Louis comprenne ce qu'il se passait, Harry avait arraché le whisky de sa main et l'avait reposé sur le bar. Il ne retira pas sa main de la hanche de Louis alors qu'il le conduisait vers la porte arrière de la salle, celle qui menait au petit hall à l'extérieur du bureau de Harry.
« Hé ! » dit Louis, sa voix aiguë. Il se sentit irrité d'être malmené de façon aussi abrupte, d'être si facilement traîné. « J'allais boire ce verre ! »
« Oh arrête, Louis, il va y avoir de l'alcool toute la soirée, » claqua Harry alors qu'il guidait Louis à travers la porte, sa grande main chaude bougeant vers le bas de son dos. « On doit parler. »
C'était un open bar et Louis savait qu'il aurait beaucoup d'autre occasion de boire plus tard s'il le voulait, mais il avait envie de faire son difficile à ce sujet. Cette version étrangement autoritaire de Harry rendait Louis complètement dépassé et incertain, le remplissant d'un besoin irrésistible de repousser le moment. Il savait qu'il commençait à ressembler un peu à un enfant grognon, mais il n'arrivait pas à s'y empêcher.
« Je suis parfaitement capable de parler avec toi dans ton bureau avec un verre à la main, Styles, » fit-il remarquer, se tenant au milieu du hall et croisant ses bras contre son torse.
Harry tourna son regard vers lui, trois pas devant lui. Il n'était absolument pas impressionné et il s'en fichait totalement, roulant ses yeux. « Allons-y, Tomlinson. »
Louis souffla mais obéit.
« Tu sais, je ne vois pas quel est ton problème, exactement, » dit Louis alors qu'il se précipitait pour rattraper son retard. Il resta derrière Harry alors qu'il entrait la clé dans la serrure. Louis avait eu l'intention de maintenir un air d'amusement froid et sec au ridicule clair de Harry quand il avait imaginé cette conversation dans sa tête, mais il pouvait dire qu'il commençait déjà à virer vers l'hystérie. « T'as entendu leur réaction ! » continua-t-il alors que la porte se déverrouillait. « Ils ont adoré ! Ils ont semblé boire du petit lait... tu... tu me dois pratiquement des remerciements ! »
Harry se tenait dans la porte à moitié ouverte, fixant simplement Louis pendant un moment, expirant fortement par le nez et mordant l'intérieur de sa lèvre. Son expression était indéchiffrable. Louis était impatient et irritable et il haussa ses sourcils pour le communiquer, espérant que ça pousserait Harry à dire quelque chose, n'importe quoi.
La réaction qu'il eut ne fut pas celle à laquelle il s'était attendu.
Parce que Harry fit qu'un seul mouvement frustré de la tête puis il tira Louis par le poignet pour le faire entrer dans son bureau. Le faisant rapidement tourner sur lui-même, il se colla contre le dos de Louis, utilisant son corps pour le maintenant fermement contre la porte.
Louis s'étrangla presque avec sa propre respiration, s'étouffant de surprise alors qu'elle restait coincée en haut de sa gorge. Son choc total au comportement de Harry fut immédiatement éclipsé par la vague d'excitation vive et électrique qui descendit le long de sa colonne vertébrale. Louis se raidit totalement pendant un moment, son dos se cambrant légèrement alors qu'un soupir sortait finalement de ses poumons dans le plus petit et atroce des gémissements.
Harry était partout, tout autour de lui, si soudainement. Ses grandes mains fortes vinrent recouvrir celles de Louis là où ses paumes étaient posées sur la porte au-dessus de sa tête. Louis pouvait sentir la puissance du torse solide de Harry là où il couvrait ses omoplates, et la chaleur du ventre de Harry contre son dos. Il laissa échapper un autre petit bruit affligé quand il se rendit compte que Harry était à moitié dur contre lui, son entrejambe collé à ses fesses.
« Louis, » souffla Harry dans son oreille. Il semblait désespéré, un soupçon d'enrouement se faisant entendre dans sa voix et Louis frissonna totalement à cause de ça. Les frissons parcoururent la longueur de son dos ; ses muscles frémirent. Il fut incapable de retenir le gémissement brisé qui sortit de sa bouche.
« Je ne sais pas à quel jeu tu croyais jouer ce soir, » continua Harry dans un grognement bas. Il appuya son nez contre la nuque de Louis alors qu'il parlait, et ce dernier ferma fermement ses yeux à ce contact, les petites vagues tortueuses de sensation qui déferlèrent à travers son système nerveux. Il n'arrivait pas à se souvenir s'il avait déjà été excité aussi rapidement ; c'était presque insupportable. Il était à bout de souffle, grisé, son cœur battant à la chamade dans sa poitrine. « Mais ça ne peut pas se reproduire, tu comprends ? »
Louis ne pouvait même pas tenter de répondre. Il était étourdi et totalement submergé. Il essayait juste de se concentrer pour réguler sa respiration. Harry continua. « Ça ne me dérange pas de faire des compromis, » dit-il, sa respiration chaude bougeant sur la peau de Louis. « Ça ne me dérange pas qu'on travaille ensemble. » Il souligna ce point en retirant sa main droite de sur celle de Louis et la baissant jusqu'à son ventre, tirant son corps encore plus étroitement contre le sien. « Mais tu dois te souvenir que c'est moi qui dirige. »
Louis déglutit difficilement et réussit tout de même à faire un hochement de tête pour acquiescer, gémissant doucement quand Harry soupira en réponse, son menton venant se poser sur son épaule. Ils restèrent immobiles pendant une minute, collé l'un à l'autre, respirant à l'unisson. Inspirer et expirer, inspirer et expirer. Lente, tremblante, profonde.
Juste au moment où Louis pensa qu'il pourrait être capable de profiter de cet instant pour reprendre un peu de son emprise sur la réalité, il sentit le doux glissement des lèvres pulpeuses de Harry dans son cou, juste au-dessus de son col, et tout fut à nouveau perdu. La mâchoire de Louis s'ouvrit pour laisser échapper une série de gémissements à peine audibles alors que Harry embrassait la peau délicate, se déplaçant jusqu'à arriver à un endroit très sensible juste derrière l'oreille de Louis et celui-ci se recula contre lui en semi-extase.
« Louis. Bon Dieu, » grogna Harry. Sa voix était aussi cassée et rauque que les nerfs de Louis et il pouvait sentir le cœur de Harry battre fortement contre son dos, en contrepoint du sien. Il en fut que plus excité, tremblant sous Harry, le désirant.
« Je ne peux pas continuer comme ça, » dit Harry, frappé, comme s'il cherchait une solution et ne savait pas quoi faire. « J-je veux – je ne peux plus faire ça. » Il s'arrêta, enfouissant son nez dans les cheveux de Louis et inspirant profondément avant de mordre une fois l'épaule de Louis à travers son gilet, une pression délicate de ses dents. « Bon Dieu, » chuchota misérablement Harry quand il releva sa tête. « Je ne peux plus. »
Louis eut étrangement l'impression qu'il pourrait commencer à rire et sangloter en même temps à l'intensité de son désir. Son corps était dans le tourment, la combinaison entre ses hormones et ses émotions lui donna presque mal au ventre de désir. Il sut immédiatement qu'il n'avait jamais eu autant envie de quelqu'un, jamais de toute sa vie. Il aurait fait n'importe quoi, il se serait étendu sur le bureau de Harry et l'aurait supplié.
Mais ensuite, Harry s'éloigna de lui, se laissant à contrecœur retomber sur ses talons. Ses doigts se resserrèrent autour des bras de Louis et il murmura à nouveau dans son oreille. « On doit retourner là-haut et parler à ces personnes, Louis ; on doit aller à la fête... Ils nous attendent. C'est... Ce n'est pas terminé, cependant. Ça ne l'est pas. Ça ne peut pas l'être... Attends-moi, après. Attends-moi. »
Louis fit un autre signe de la tête, court et saccadé, puis Harry disparut, se glissant à nouveau dans le couloir et laissant Louis derrière lui, les genoux mous et haletant.
Louis fixa d'un air absent la porte pendant plusieurs secondes puis il leva ses mains tremblantes pour couvrir son visage, grognant dedans. Il se dirigea de l'autre côté du bureau et se laissa tomber sur la chaise de Harry, attendant que son érection se calme un peu avant de retourner à la fête.
« Dans quoi tu t'es embarqué ? » se demanda-t-il à voix haute, misérable et excité, son rythme cardiaque toujours erratique.
C'était indéniable à quel point il avait envie de Harry Styles ; il ne pouvait pas se mentir plus longtemps, pas après ça. C'était indéniable et peut-être incontrôlable également. C'était ce qui faisait le plus peur à Louis.
Il lui fallut sept minutes de plus avant d'avoir l'impression d'avoir assez récupérer pour être entouré de personnes. Louis était tellement abasourdi par ce qu'il s'était passé. Il se sentait nerveux, mais lessivé en même temps. Diminué, en quelque sorte. C'était curieusement similaire au brouillard anxieux de l'épuisement complet qui venait après une longue crise de larmes. Louis était rouge, sa peau chaude et moite sous ses vêtements, sa tête douloureuse. C'était comme si Harry Styles le touchant puis cessant de le faire avait donné à Louis une sorte de gueule de bois bizarre après avoir été enivré de désir. Il eut besoin de chacune de ces sept minutes pour se reprendre.
Vont-ils le voir ? Vont-ils le lire sur mon visage ?
Une nouvelle vague d'embarras déferla en lui alors qu'il passait à nouveau la porte du Jerwood Hall. Il eut un bref moment de terreur, se tenant à la périphérie de la fête et observant les groupes de personnes s'amuser, en pendant qu'il n'allait pas du tout être capable de le faire. Que c'était simplement une tâche trop ardue pour l'état dans lequel il se trouvait. Mais la seconde d'après, Taggie Diversey agrippa son bras, radotant sur le fait qu'on l'avait cherché partout et sur quel merveilleux concert il avait donné et quel merveilleux concert tout le monde avait donné et où est ton verre, Louis ? Et il fut emporté dans la foule, la panique éphémère oubliée et remplacée par une flûte de champagne.
Harry n'était pas oublié, cependant. Harry, Louis ne pouvait s'échapper. Ça aurait été difficile de ne pas penser à lui, de toute façon ; Louis pouvait l'admettre, mais tout était rendu encore plus difficile par le fait que leur performance de Don Juan était la star de la soirée. Tout le monde en parlait, juste comme Louis l'avait prédit. Partout où il se trouvait, il y avait une discussion animée, des personnes chuchotant des louanges révérencieuses, des envolées lyriques d'avoir assisté à quelque chose d'anthologie. A chaque fois que Louis réussissait, en quelque sorte, à perdre la trace de Harry dans la foule, à chaque fois qu'il réussissait finalement à repousser au fond de son esprit les pensées le concernant et s'engager réellement dans une conversation, quelqu'un évoquait inévitablement Don Juan. Puis tout ce que Louis pouvait voir était, une fois de plus, Harry ; tout ce qu'il pouvait ressentir était la chaleur du corps merveilleux de Harry contre son dos, sa bouche parfaite dans son cou, sa main sur sa hanche. Les souvenirs étaient vifs et brûlants. Ils lui en coupaient le souffle.
Attends-moi.
Il dut interagir directement avec Harry qu'une seule fois, Dieu merci. Ce fut suffisant.
Grimshaw vint en courant vers lui environ une heure avant que les choses commencent à se tasser, ressemblant à un grand pingouin maladroit comme d'habitude, ses cheveux tombant devant ses yeux comme ils le faisaient à chaque fois qu'il était légèrement en colère.
« Tomlinson, pour l'amour de Dieu, où tu étais ? » demanda-t-il, serrant l'avant-bras de Louis avec la main qui ne tenait pas son verre. « J'ai besoin de ton aide, viens vite. »
Il entraîna Louis vers le groupe de personnes qu'il avait été en train de divertir, Harry Styles en faisant partie.
« J'essaie de convaincre le petit Harold, ici même, que c'était mieux que Mengelberg, Louis. Il ne me croit pas. » Nick fit un geste vers Harry, qui se tenait de l'autre côté du cercle, élégant et calme. « Dis-lui que c'était mieux, s'il te plaît. »
Louis cligna des yeux vers Nick, incapable de regarder complètement Harry. Il avait inexplicablement peur de voir de l'indifférence dans ses yeux, d'avoir la confirmation qu'il avait changé d'avis.
Attends-moi.
« Mengelberg ? »
« Oui ! Mengelberg ! Avec le Concertgebouw, en 1938 ? Don Juan. Ça te dit quelque chose ? » demanda Nick, semblant indigné par l'apparente ignorance de Louis. « C'était mieux ! Mengelberg était un tel maître du phrasé, mais la façon dont Styles a choisi de manipuler le tempo... C'était encore mieux. Il ne me croit pas. Dis-lui. »
Louis fixa le sol à la place, rougissant furieusement. Grimshaw continuait de parler, dirigeant son discours vers Harry à présent, puisque Louis s'était révélé être d'aucune aide.
« Tout le concert était fantastique. Mais les changements dans le tempo ! C'était du génie. Du génie ! Tout simplement. Ça te laissait ressentir – réellement ressentir – le tourment de Don Juan, sa lutte intérieure. Le tiraillement ! » déballa Grimmy, faisant de grands gestes plein excitation avec ses mains, mais Louis pouvait voir les autres personnes présentes hocher de la tête avec enthousiasme. « L'Homme contre lui-même, l'orchestre contre le chef d'orchestre. Les conflits classiques, » finit Grimmy, plaisantant à moitié et clairement fier de lui-même.
« Oui, eh bien, » répondit finalement Harry d'une voix sourde sortant de sa poitrine. « Louis mérite tout autant de crédit que moi pour ça... Si ce n'est plus. »
La tête de Louis se releva brusquement pour le regarder, son cœur battant à la chamade, sa mâchoire se bloquant dans l'indignation. Harry le fixait, ses yeux laissant apercevoir un amusement sombre.
Bon Dieu, Louis avait tellement envie de lui.
« Vous avez raison, Harry, » dit Amelia Fraiser-Lind avec un léger sourire, se tournant vers Louis. « Merveilleuse performance ce soir. Bien joué, Premier Violon. »
Au moment où Louis réussit à se débarrasser d'elle, Harry avait disparu. Louis fut soulagé, heureux d'avoir la chance de respirer à nouveau un peu plus facilement sans sa présence.
Mais alors que la soirée approchait de sa fin, il commença à se sentir de plus en plus nerveux, se demandant où Harry était parti. Il n'avait pas seulement quitté leur cercle de conversation ; il semblait avoir totalement quitté Jerwood Hall, peut-être même St. Luke's.
Louis ne voulut pas reconnaître à quel point ça lui fit mal, cette dernière possibilité, alors il s'amadoua doucement pour l'accepter comme un fait. De cette façon, il pouvait commencer le travail afin de faciliter la déception écrasante et infernale qu'il ressentirait quand ce serait inévitablement confirmé, en se convainquant qu'il n'avait pas voulu que Harry l'attende en premier lieu.
Tu ne veux pas réellement rentrer avec lui, se dit-il en s'attardant au bar, un scotch à la main, regardant le nombre en baisse de personnes dans la salle. Ça n'aurait rien pu donner de bon. Tu le sais. Seules des choses terribles auraient eu lieu. Il y a des adages spécifiques à propos de ce genre de chose pour une raison, d'accord ? On ne mélange pas travail et plaisir...
Il se dirigea vers le vestiaire quand il ne resta que cinq personnes dans le Jerwood Hall, deux d'entre eux étant les barmans.
Qu'il aille se faire foutre d'avoir changé d'avis, pensa Louis, gardant sa tête baissée alors qu'il remettait doucement la veste de son costume puis son manteau. Une vague chaude d'embarras traversa son corps quand il se rendit compte qu'il prenait exprès son temps avec ces dernières petites choses. Il arrangea même soigneusement son écharpe autour de son cou d'une façon qu'il ne ferait normalement jamais, dans l'espoir désespéré que les quelques minutes en plus donneraient assez temps à Harry Styles pour réapparaître miraculeusement.
Attends-moi. Cette fois, ce fut bien sarcastique dans la tête de Louis, alors qu'il essaya et échoua d'ignorer le nœud amer de rejet dans son estomac. Ça faisait mal. La déception enfonçait profondément des poignards dans sa poitrine. T'es un idiot, Tomlinson. Faible, insensé et hors de contrôle.
Se résolvant finalement à partir, que Harry Styles aille au diable, Louis releva son regard vers les portes. Et il était là. Il y avait Harry Styles, injustement beau dans son long manteau noir, se tenant sous les beaux arcs de l'entrée de St Luke's.
En train d'attendre Louis.
Il le regarda s'approcher, détournant seulement ses yeux une fois pour faire signe à un taxi passant. Il resta silencieux quand Louis s'arrêta devant lui.
« Alors, Styles ? »
Harry lui lança un dernier regard indéchiffrable avant de se retourner pour ouvrir la portière. Louis grimpa dans le taxi après lui, s'asseyant bien sagement du côté passager et évitant tout contact visuel. Ça servait à rien d'essayer d'avoir l'air cool, vraiment. Pas alors que son cœur battait plus vite que le tempo qu'il avait instauré pendant Don Juan et que ses paumes étaient moites. Il essaya de respirer tandis que Harry se penchait en avant pour murmurer quelque chose au chauffeur – une adresse que Louis ne saisit pas vraiment. Il n'allait pas le regarder, il n'allait pas... Il l'observa du coin de l'œil alors que Harry se réinstallait au fond de son siège, et sa respiration se coupa quand la grande main de Harry glissa de façon possessive sur le haut de sa cuisse.
Aucun d'eux ne parla pendant la première moitié du trajet. Les bâtiments londoniens se dressaient puis disparaissaient, tels de grands géants sombres de briques et de vitres, et Louis regarda chacun d'entre eux comme un signe d'avertissement. Plus ils s'éloignaient du Barbican, plus ils le faisaient de son propre appartement, plus il était effrayé et excité. La main de Harry était chaude sur sa jambe, ses doigts glissant entre ses cuisses pour caresser son entrejambe. Louis jeta sa tête en arrière et étouffa un gémissement, laissant ses paupières se fermer pendant un instant.
Il les ouvrit pour lancer un coup d'œil à Harry. Il semblait être en train de regarder fixement par la fenêtre du côté conducteur, son profil dépeint par la lumière orange venant de la rue. Ses boucles en désordre ressemblant à une auréole.
« Il commence à pleuvoir, » dit Harry d'un air songeur. Pour n'importe qui d'autre, il aurait semblé s'ennuyer, mais Louis pouvait entendre la tension dans sa gorge. Il pouvait sentir sa main trembler, son pouce faisant de petits cercles sur sa hanche. De grosses gouttes de pluie avaient commencé à tomber, les premières du printemps, striant le verre avec des perles brillantes.
Louis ouvrit sa bouche, sur le point de dire quelque chose de sarcastique à propos du besoin constant de Harry de souligner l'évident, mais ses mots se transformèrent en un sifflement aigu quand Harry bougea sa main de quelques centimètres pour appuyer sa paume contre son entrejambe, exerçant une pression presque inconfortable sur ses testicules. Le petit garçon attendant d'être puni. N'est-ce-pas.
J'aurais dû partir, pensa Louis, ayant du mal à respirer alors que Harry continuait de le caresser brutalement à travers son pantalon de costume. Je n'aurais pas dû attendre. Pourquoi ai-je attendu ?
La réponse était évidente. Harry était en train de la toucher, de la caresser alors qu'ils roulaient sur Rosslyn Hill et arrivait à Hampstead. Des maisons en briques avec des clôtures en fer forgé bordaient la route ; il y avait moins de lampadaire mais toujours suffisamment de lumière pour voir. Louis mordit sa lèvre, priant pour que le chauffeur ne regarde pas dans son rétroviseur. Il ne pensait même pas que Harry était dur, bon Dieu. C'est si foutrement humiliant. Il pourrait avoir n'importe qui ; il m'a probablement juste choisi pour coucher avec lui parce qu'il s'avérait que je suis gay et à portée de main. Et me voilà, partant pour ça de façon totalement embarrassante. Tandis qu'il est complètement détendu. Louis se tortilla, agité, les joues rouges alors que Harry continuait de le toucher calmement et avec désinvolture à travers son pantalon. Il se demanda si Harry se moquait silencieusement de lui.
Ils tournèrent dans une ruelle étroite, des immeubles plus chics en face d'un jardin clos. Le lierre sur les murs en brique était toujours brun et nu. Harry retira sa main alors que le taxi s'arrêtait, Louis retint à peine un gémissement à la perte du contact. Il attendit sur la banquette arrière alors que Harry payait, se priant de ne pas jouir dans son pantalon. Pensant à tout ce qu'il pouvait pour inverser le flux sanguin et calmer son érection, parce que Harry n'allait pas l'avoir aussi facilement. Louis n'allait pas laisser son corps admettre à quel point il en avait envie, à quel point il en avait désespérément besoin. Il sortit finalement du taxi, se retrouvant dans le vent froid du mois de mars et des gouttes de pluie se déposèrent sur ses lunettes.
Ses genoux tremblaient, mais au moins le froid aida.
La porte de Harry claqua et le taxi s'éloigna, les laissant se faire face de chaque côté de la ruelle déserte. Louis prit une dernière respiration pour se calmer avant de parler.
« C'est ton immeuble, hein ? Assez chic – »
Il ne put pas dire un mot de plus, les doigts de Harry se renfermèrent autour de sa ceinture et il fut brusquement tiré en avant sous la pluie. Leurs corps entrèrent en collision, la respiration de Harry chaude dans son oreille. Louis sentit ses mains de chaque côté de son visage, inclinant sa tête en arrière, puis les lèvres de Harry furent sur les siennes.
Elles étaient pulpeuses, chaudes et humides, et quand Louis ouvrit sa bouche pour laisser pénétrer la langue de Harry, un petit gémissement de soulagement lui échappa. Sa tête tournait, ses pieds flottant au-dessus du sol alors qu'ils s'embrassaient passionnément. Quelque part dans la brume de lèvres s'écrasant les unes contre les autres et la langue dominante de Harry, Louis enregistra le fait qu'ils étaient en train de bouger vers la porte. La pluie les fouettait à présent ; ils se sentaient tous les deux aussi bien qu'ils étaient trempés. Ils s'arrêtèrent à l'entrée de l'immeuble. Harry glissa sa main à travers les cheveux mouillés à l'arrière de la tête de Louis pour tirer brusquement son visage sur le côté, exposant la peau dorée de sa gorge. Il lécha les gouttes d'eau sous sa mâchoire et Louis frissonna.
« Putain, fais-nous entrer à l'intérieur, Styles, » réussit-il à dire dans un murmure.
Harry fit un petit bruit dans le fond de sa gorge et il se détacha de lui, cherchant ses clés à tâtons et leur permettant rapidement d'entrer dans le couloir lumineux et en carrelage noir et blanc. Il y avait trois appartements dans l'immeuble, un à chaque étage. Harry prit la main de Louis et commença à le tirer dans les escaliers étroits, ne prenant pas la peine d'essuyer ses pieds boueux sur le paillasson.
« Merde, » jura Louis dans un souffle, sentant la douleur dans ses jambes alors qu'il essayait de tenir la cadence. Ce ne fut pas facile avec son cœur battant tellement fort qu'il sortait presque de sa poitrine. Il n'arrivait pas à prendre d'assez grande bouffée d'oxygène. Louis se demanda si c'était ce qu'on ressentait lorsqu'on avait une crise de panique.
Une crise de sexe, pensa-t-il frénétiquement alors que Harry tirait sur son bras. Une crise de sexe.
Ils s'arrêtèrent au deuxième étage. Harry accula Louis contre la petite barrière, le penchant en arrière pour faire un suçon à la base de son cou. Louis était si proche de chuter, tomber... Mais Harry l'en empêcha. Harry avait le contrôle.
« Tu... tu ne sais pas depuis combien foutu de temps j'attends de faire ça, » grogna-t-il, ses yeux verts s'assombrissant avec un émerveillement sans faille alors qu'il s'arrêtait pour admirer son travail.
« On va réveiller tes voisins, » siffla Louis, ses yeux se tournant vers la porte à quelques mètres d'eux. Elle était décorée avec un panier de fleurs fraîches et un panneau en bois qui proclamait que la propriétaire de l'appartement était une 'Mme M. Fielding.'
« Bien, » chuchota Harry. « Je veux qu'ils sachent tous que je suis en train de te baiser. Je veux qu'ils t'entendent jouir. »
« Seigneur Dieu. » Louis repoussa Harry, se laissant une seconde pour respirer avant qu'ils se dépêchent à nouveau, courant le long du le couloir et montant encore un étage pour arriver au troisième. Cette fois, Harry avait déjà sorti la clé, utilisant sa main gauche pour secouer les gouttes de pluie dans ses boucles alors qu'il ouvrait la porte.
Il ne perdit pas de temps à allumer la lumière. Louis se tint, incertain, sur le seuil de la porte pendant un moment avant d'être tiré à l'intérieur par Harry, ses mains partout, sous sa veste, remontant sa chemise pour toucher la peau nue du bas de son dos. Louis plissa ses yeux derrière les gouttes sur ses lunettes – l'appartement de Harry était un grand studio, avec des murs en briques apparentes et un escalier en colimaçon qui menait à la chambre en mezzanine. La lumière venant des lampadaires en bas de l'immeuble inondait tout dans une faible lueur ; les grandes vitres donnaient sur Hampstead Heath.
« Enlève ma chemise, » demanda Harry. Il retira prudemment les lunettes de Louis de sur son nez, les plia et les posa sur une pile de courriers près de la porte. « Je veux voir tes mains. »
Louis déglutit. Il mordit sa lèvre, regardant le visage de Harry à travers ses longs cils. Il y avait une expression orageuse dessus, comme lorsqu'il avait dirigé l'orchestre ce soir. Cette même concentration que Louis avait vu quand il avait interrompu Harry des semaines auparavant au milieu de la lecture d'une de ses propres compositions sur le tableau noir de son nouveau bureau. Harry foutu Styles. Les photos du magazine Esquire clignotèrent dans l'esprit de Louis, ses mains commençant à trembler parce qu'il était sur le point de voir ça en vrai.
Il commença par le bas, défaisant doucement les boutons de la chemise de Harry. Avec hésitation, il posa sa paume sur le ventre de Harry, sentant les poils épais en dessous de son nombril et les muscles durs alors que Harry se tendait à son contact. La chemise fut finalement retirée, tombant au sol, et Harry fixait les mains de Louis alors qu'elles s'activaient sur sa braguette. La respiration de ce dernier se coupa à la vue de la peau pâle et de l'encre noire. Il se demanda ce que représentait tous ses tatouages, il se demanda si Harry le laisserait en retracer les contours, les embrasser paresseusement le matin. Mais il bannit cette pensée de sa tête dès qu'elle lui vint ; c'était juste une aventure d'une nuit, évidemment. Quelque chose que Harry s'était mis en tête, l'effet de l'adrénaline due au concert et des sentiments de son adolescence restés en suspens qui l'avaient fait monter en pression et à présent, ils étaient en train de faire ça. Ils le feraient qu'une seule fois, puis il serait finalement tous les deux capables de passer à autre chose. Juste une fois ; c'est tout. Juste du sexe.
Harry retira ses chaussures quand Louis baissa son pantalon jusqu'à mi-cuisses. Il accrocha ses doigts à l'élastique du boxer de Harry et leva son regard vers lui, interrogateur, ses genoux à moitié au sol.
« Fais-le, » dit Harry. « Je veux que tu me voies, Louis. »
Louis sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale alors qu'il tirait sur la matière noire élastique et haleta à ce qu'il découvrit. Le sexe de Harry était grand. Tellement grand et tellement beau. Il était à moitié en érection, légèrement rouge et à quelques centimètres du visage de Louis. Il sentit une main sur son menton ; Harry inclina sa tête vers le haut. « Tu penses que tu peux le prendre ? » demanda-t-il, souriant en coin et le défiant avec confiance. « Premier violon ? »
Louis déglutit fortement. Il aida Harry à enlever entièrement son pantalon et il se releva, ses yeux fixaient désespérément l'énorme... l'énorme sexe de Harry. Il se sentit intimidé. « Je, euh... » balbutia-t-il, sa voix rauque. « Tu dois savoir que je suis plus un grower qu'un shower... » (ndlt : je ne sais pas trop comment traduire ça, j'ai vu 'sanguin' pour 'grower' et 'de chair' pour 'shower'... pour essayer d'expliquer, un 'shower' est un homme ayant un pénis de grande taille au repos mais qui ne gonfle pas trop en érection et un 'grower' est un homme dont le pénis va gonfler et s'allonger lorsqu'il est en érection)
Harry grogna, sa voix déjà brisée. « Mmm, ouais, je parie que tu l'es. » Une explosion de quelque chose de chaud se passa dans la poitrine de Louis, puis Harry fut à nouveau contre lui, le tira vers l'escalier en colimaçon et le malmenant jusqu'au lit.
Ils furent à peine arrivés sur la mezzanine que Harry retirer ses vêtements, embrassant avidement ses clavicules alors qu'il se débarrassait rapidement de son pantalon et son boxer. Louis gémit, sentant ses dernières défenses le quitter. Harry l'embrassa à nouveau, violemment, mordillant sa lèvre inférieure et lapant la blessure avec sa langue avant de le retourner brutalement. Il attrapa les deux poignets délicats de Louis dans une de ses grandes mains ; juste l'idée de ces mains chaudes sur son sexe fut suffisante pour rendre Louis complètement dur. Ce dernier fléchit, tordant ses poignets, mais Harry l'agrippa seulement plus fermement.
« On le fait à ma façon, Tomlinson, » murmura-t-il. « A ma façon, cette fois. » Puis il força Louis à se coucher sur le lit, où il inspira l'odeur des draps blancs propres juste avant qu'une claque cinglante atterrisse sur sa fesse gauche. Louis haleta – la fessée fit mal, mais elle envoya un frisson chaud le long de sa colonne vertébrale.
« Ça ne te dérange pas ? » ajouta Harry, son ton légèrement plus doux. « Dis-moi, si c'est le cas. »
Louis essaya de réguler sa respiration. « C'est, oh... » haleta-t-il. « C'est bon, putain. C'est bon. »
« Bien. » Louis sentit le poids de Harry alors qu'il montait sur le lit, ses genoux de chaque côté des cuisses de Louis alors que sa main libre massait l'endroit douloureux sur sa fesse. Il se pencha en avant et Louis sentit son souffle chaud, de légers baisers déposés sur la partie extérieure de son biceps. Puis Harry chuchota dans son oreille. « Je rêvais de ça, parfois. »
Louis gémit, son rythme cardiaque devenant fou alors qu'il sentait les doigts de Harry glisser entre ses fesses pour caresser doucement son entrée. « Tu rêvais de... mmph... me baiser ? » Il tendit son cou, essayant de voir par-dessus son épaule dans la pénombre. Il vit deux des doigts de Harry disparaître dans sa bouche, et sa caresse suivante fut humide.
« Eh bien, à l'époque, c'était généralement dans l'autre sens, » dit Harry. « Mais en vieillissant je suis devenu un peu plus versatile. »
Le son de la voix de Harry envoya des frissons dans tout le corps de Louis. Il se tortilla, impuissant, sur les draps tandis que Harry fit pénétrer un doigt plein de salive en lui, juste la première phalange. C'était plus qu'il n'avait eu depuis une éternité, et la sensation fut tellement écrasante que Louis sentit une chaleur incandescente derrière ses yeux. Sa tête devint légère de désir ; il mordit sa lèvre et laissa échapper un gémissement plein d'envie, s'empêchant de peu de supplier pour plus.
« Je savais que tu serais étroit, » chuchota Harry. Il les déplaça sur le lit, bougeant facilement Louis pour qu'il se couche sur ses genoux, ses fesses en l'air et son sexe rouge laissant échapper du liquide pré-séminal sur sa cuisse. Harry avait toujours un doigt en lui, et Louis ne sut pas s'il devait plutôt bouger ses hanches vers l'arrière ou vers l'avant, chercher plus de friction. « Je le savais parce que t'aimes avoir le contrôle. De ton instrument, de l'orchestre... »
Harry lui donna une autre claque sur l'autre fesse. Louis siffla et se contracta autour du doigt de Harry, levant le regard juste à temps pour voir ses yeux s'assombrir, ses lèvres rouges d'avoir été mordue encore plus gonflées que d'habitude. « Mais tu dois comprendre que je suis ton patron. »
Le cerveau de Louis eut presque un court-circuit. Il était déjà au bord et cette situation, être allongé sur les genoux de Harry, totalement à sa merci, était de toute évidement excitante. « Allez, fais-le, » murmura-t-il.
Il sentit Harry frissonner, commençant à le doigter. Une autre fessée, puis une autre. La grande main de Harry faisait un travail parfait, laissait des marques rouges parfaites sur les jolies fesses de Louis et putain, ce dernier ne voulait pas déjà jouir. Merde. Il sentit son orgasme s'approcher, une chaleur remontant dans ses cuisses pour s'installer dans ses testicules et il ne voulait pas jouir, non, mon Dieu, que c'est embarrassant, pas aussi tôt... Mais maintenant que Harry massait à nouveau les endroits douloureux, se penchant en avant pour déposer de doux baisers dans les fossettes à la base de sa colonne vertébrale et, en quelque sorte, c'était comme si toute la douleur, la colère et la souffrance dont ils n'avaient pas encore parlé entre eux commençaient à remonter à la surface. Louis se sentait léger. Il ne put pas lutter plus longtemps et jouit avec un gémissement, se déversant de façon désordonnée sur son ventre, les cuisses de Harry et les draps propres. Il sentit les répliques à travers son corps, les caresses aussi légères qu'une plume et presque révérencieuses de Harry sur ses fesses.
« Bon Dieu, Louis, » dit Harry au bout d'un moment, un soupçon de rire dans sa voix rauque. « T'es encore plus merveilleux que j'avais pensé que tu le serais. »
La tête de Louis commença à s'éclaircir un peu alors que Harry retirait son doigt et les faisait rouler sur le lit pour qu'ils soient couchés l'un à côté de l'autre. Il passa son pouce sur la joue de Louis alors qu'ils se regardaient droit dans les yeux, essayant tous les deux de comprendre quelque chose et se perdant dans le sexe. « Je vais être complètement honnête, » murmura Harry, baissant une main pour plonger ses doigts dans le sperme se trouvant sur le ventre de Louis, dessinant nonchalamment un cœur. « Je pense que j'en avais besoin. »
Louis acquiesça avec un hochement hésitant de la tête, sa poitrine se serrant. « Je sais. » Il ne voulait pas leur laisser plus de temps pour réfléchir, il ne voulait pas penser, il ne voulait pas parler. Alors il glissa en bas du lit et appuya sur les cuisses de Harry pour les ouvrir, ne cessant pas de le taquiner avant de passer sa langue le long de son sexe et le prenant dans sa bouche.
« Merde, Lou, » haleta Harry. Louis gémit autour de son sexe, laissant de la bave couler sur son menton alors qu'il enroulait ses lèvres autour du gland sensible et passait sa langue dessus, se délectant du goût et de la sensation. « Bon Di... » Il ne réussit plus à parler après ça, et Louis sourit pour lui-même alors qu'il déposait des baisers le long de la hampe de Harry et le prit profondément une fois, puis une seconde. Son propre sexe durcissait à nouveau rapidement alors qu'il se trouvait entre les cuisses de Harry – pas vraiment surprenant, pas après tout le temps qu'il avait passé sans coucher avec quelqu'un et Harry, c'était... Louis sentit un frisson illicite dans son cœur.
Il se retira une dernière fois, laissant Harry essoufflé et tremblant sur le lit. Il remonta pour chevaucher son long torse, taquinant les tétons de Harry avec ses doigts et se penchant en avant pour les lécher, les sucer. Il sentit les mains chaudes de Harry parcourir minutieusement son dos pour venir agripper ses cheveux, son corps se cambrant sous Louis.
« Je vais te baiser tellement fort, » dit Harry, sa voix basse et brisée. Louis était sûr que Harry put le sentir quand sa respiration se coupa, ses orteils se pliant d'anticipation. Il leva sa tête, et ils se regardèrent droit dans les yeux pendant un long moment.
Ensuite, Harry le tira vers le bas, l'embrassant avec une intensité presque effrayante alors qu'il les faisait rouler. Ses mains passèrent sur les bras de Louis, puis son torse ; il semblait excité au point de devenir fou, comme s'il ne savait quelle partie de Louis il voulait toucher en premier. Il se décida finalement pour sa taille, le chevauchant et le piégeant contre les draps alors qu'il tendait un bras vers sa table de nuit et cherchait à tâtons le lubrifiant. Louis jeta sa tête en arrière, fermant ses yeux et prenant une profonde respiration – la vision de Harry sur lui, nu, avec ses fesses se frottant contre la peau juste au-dessus de son sexe, le ramena à cet instant où il avait été incapable de se contrôler, de contrôler son propre orgasme.
Personne ne savait ce qui allait se passer quand Harry serait en lui.
Quand il ouvrit à nouveau ses yeux, il rigola presque. Harry avait fait l'erreur de lubrifier ses doigts avant d'ouvrir l'emballage du préservatif ; il glissait à travers ses doigts à présent alors que Harry mordait sa lèvre dans une concentration énervée.
« Est-ce que t'es clean ? » demanda Louis. « Je le suis. Clean. »
Les mains de Harry eurent un soubresaut, le préservatif toujours fermé tombant à côté du lit. Harry prit une inspiration. « Ouais ? »
« Ouais. »
« D'accord, » dit-il, glissant un doigt pressé vers le bas pour encercler l'entrée de Louis. « Putain, d'accord. Moi aussi. Je te fais confiance. »
Peut-être que c'était un peu imprudent, et peut-être qu'ils ne réfléchissaient vraiment, vraiment pas à toutes les conséquences potentielles, mais Louis ouvrit juste subtilement ses jambes, faisant un petit bruit dans le fond de sa gorge alors qu'il sentait le doigt de Harry le pénétrer. Bon Dieu, ils étaient réellement en train de le faire. L'étirement fut si bon lorsque Harry ajouta rapidement un autre doigt, faisant un mouvement de ciseaux ; ça faisait beaucoup trop longtemps depuis la dernière fois que Louis s'était fait jouir comme ça. Il avait presque oublié à quel point c'était foutrement bon. Et si Harry était maladroit avec des fléchettes, des fourchettes à salade et des stylos, rien ne le laisserait deviner avec la douceur et la précision dont il doigtait Louis. Ça faisait ressortir ses autres talents... comme les doigtés complexes d'un violoncelliste ou les mouvements soignés de sa baguette – Louis dut mordre sa lèvre, fortement, quand une image de Harry se tenant sur son podium, dans son costume, apparut derrière ses yeux.
« Plus, » haleta-t-il, bougeant sous Harry alors qu'il ajoutait un troisième doigt, cherchant sa prostate. Il sentit le doux frôlement de cheveux contre sa joue. Harry déposa des baisers le long de son torse, le doigtant à un rythme tortueusement lent qui était apparemment conçu pour rendre Louis fou. « S'il te plaît, » laissa-t-il échapper, aussitôt embarrassé par tout le désir qui se fit entendre dans sa voix. « Harry, s'il te plaît... »
« Qu'est-ce que tu veux ? » demanda-t-il.
Louis jeta sa tête en arrière, exaspéré. « Putain, tu sais ce que je veux, Styles. »
« J'veux t'entendre le dire, cependant. » Louis crut voir la main gauche de Harry se baisser pour encercler la base de son sexe, l'agrippant pour s'empêcher de jouir. Mais ça aurait pu être son imagination. Il grogna, se relevant sur ses coudes pour regarder Harry directement dans ses yeux dilatés par l'excitation.
« Harry Edward Styles, je veux que tu mettes ta queue à l'intérieur de moi et que tu me baises vraiment très fort. »
« Très bien, Louis William Tomlinson. » Ses mots étaient teints de plaisanterie, mais sa voix dérailla. Louis se recoucha, enroulant ses jambes autour du dos de Harry et les serrant, frottant ses fesses contre la longueur dure de Harry. Ce dernier s'assura que son sexe était suffisamment lubrifié, puis il recula contre les cuisses musclées de Louis pour pouvoir s'aligner avec son entrée.
Louis cria quand Harry pénétra doucement en lui. Il était si gros, putain. L'étirement était douloureux, mais Louis avait seulement envie de plus. Il sentit Harry s'arrêter, incertain. « Tu peux... s'il te plaît, » murmura-t-il. Puis Harry entra entièrement en lui, le remplissant, et Louis n'arriva plus à respirer.
« Oh mon Dieu, » gémit Harry alors qu'il arrivait à la garde. « J'arrive pas à croire que je suis en train de faire ça avec toi. » Il grimaça de concentration, fermant ses yeux, ses lèvres pulpeuses s'élargissant puis s'ouvrant alors qu'il haletait légèrement à cause de ce qu'il ressentit.
Louis bougea sous lui. « C'était vraiment un de tes fantasmes d'ado, hein ? »
Harry gloussa et bougea doucement à l'intérieur de Louis. « Oui. Tais-toi. »
« Fais-moi taire. »
Ça fit bouger Harry et Louis tourna son visage pour cacher un sourire dans l'oreiller. Il s'effaça un instant plus tard quand Harry ajusta son angle et heurta sa prostate. Louis resserra ses cuisses, rencontrant les va-et-vient de Harry alors qu'il accélérait.
« Putain, putain, » souffla Louis.
« Je savais que tu ne pourrais pas rester silencieux, » dit Harry, mais sa voix était pleine de tendresse. Il commença à bouger ses hanches, chassant la chaleur et la friction, ses mouvements plus assurés à présent. La tête de Louis était de retour dans les nuages ; il avait la drôle de sensation qu'il s'envolait, s'envolait, s'envolait... même si Harry le maintenait contre les draps avec ses coups de reins. Ils étaient tellement compatibles, putain ; ce fut une surprise. Louis se rendit compte juste avant de jouir pour la deuxième fois qu'il était en train d'avoir la meilleure partie de jambe en l'air de sa vie. Son sexe tressauta contre son ventre et il se contracta autour de Harry, son sperme jaillissant tout le long de son torse et jusqu'à son menton, gémissant fort lors de sa délivrance.
« Est-ce que tu veux que je... ? »
« Si t'arrêtes, je vais foutrement te tuer, » marmonna-t-il quand Harry hésita. Louis saisit l'opportunité pour se redresser et attraper la nuque de Harry, s'appuyant pour se mettre dans une position assise. Il se balança sur le sexe de Harry, prenant le contrôle du rythme.
Les paupières de Harry papillonnèrent avant de se fermer, ses mains planant au-dessus de la taille de Louis alors que ce dernier bougeait d'haut en bas, faisant des petits cercles obscènes avec ses hanches, se tortillant sur les genoux de Harry comme un strip-teaseur. Il se pencha en avant pour mordiller la lèvre inférieure de Harry, l'inspirant dans sa bouche et la taquinant avec des petits mouvements de sa langue. « Allez, bébé. Déverse-toi en moi. »
Harry répondit à la demande comme s'il avait été frappé par un éclair. Son corps se tendit. Il grogna et donna un dernier coup de rein, frissonnant alors qu'il se répandait dans Louis. Il haleta, se balançant avec de petites secousses, ses paumes serrant les hanches de Louis et ses longs doigts s'enfonçant dans ses fesses lancinantes. Il gémit, se penchant en avant pour mordre désespérément l'épaule de Louis.
Finalement, il s'immobilisa. Louis attendit quelques secondes pour se retirer, laissant le sexe se dégonflant de Harry glisser hors de lui avec un petit sifflement de la part de Harry au changement de sensation. « Bon Dieu, » dit-il. Ses fesses étaient un peu douloureuses, le faisant légèrement grimacer alors qu'il se mettait sur son flanc, ses pieds s'enroulant dans les draps en désordre. « T'as joui pendant longtemps. »
Harry cligna des yeux comme s'il venait juste de se réveiller et qu'il découvrait où il était. « Ça a du sens, » marmonna-t-il, sa voix rauque. « J'ai attendu pendant longtemps. »
Louis tira le drap sur lui, trouvant un endroit sec à enrouler autour de sa taille alors qu'il s'enfonçait dans l'oreiller. Le matelas de Harry était plus confortable que le sien, c'était comme être couché sur un nuage. « Mmm... » Louis se sentit redescendre, l'adrénaline quittant son corps et une fatigue endolorie prit place. « Est-ce que ça te dérange si je reste jusqu'à demain ? » demanda-t-il, son état comateux le faisant un peu manger ses mots. « Je peux partir si tu veux... »
« Non, » dit rapidement Harry. « Bien sûr que tu peux... S'il te plaît, reste. »
Louis soupira de contentement et se blottit dans le confort moelleux du lit. « Bonne nuit, alors, Styles, » marmonna-t-il. Il ferma ses yeux et sentit le poids du corps chaud de Harry s'étirer derrière lui, ne le touchant pas tout à fait. D'accord, pensa Louis. On ne va pas s'étreindre ou quoi. Ça me va. Ça confirmait juste son sentiment que ça allait être une aventure d'un soir.
D'habitude, il se repassait des doigtées dans sa tête, visualisant ce sur quoi il avait travaillé pendant la journée jusqu'à ce que le sommeil l'emporte. Ce soir, cependant, ce fut comme si Harry avait fait disparaître toutes les notes en le baisant. Louis put seulement se focaliser sur la brûlure dans ses fesses, laissant le doux fantôme du sexe de Harry l'emmener vers l'inconscience.
*
Lorsqu'il se réveilla, ce fut au son d'une musique. Le lit était vide et froid, et les accords doux d'un violoncelle flottaient dans l'air depuis le rez-de-chaussée du loft. Il faisait toujours nuit, mais la pluie avait cessé et la lune était sortie de derrière les nuages pour briller à travers les grandes fenêtres de Harry. Un rayon de lumineux baignait le visage de Louis, le faisant cligner des yeux alors qu'il se réveillait doucement.
Il reconnut immédiatement les notes. Le Cygne, du Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns. Ce n'était pas un morceau difficile techniquement, et Harry le jouait très doucement – probablement pour ne pas le réveiller. Mais la respiration de Louis se coupa alors qu'il écoutait, le clair de lune scintillant dans les gouttelettes d'eau qui restaient collées à la vitre, un flot de draps blancs enchevêtrés et la paix de la nuit après la tempête. Une humeur parfaite.
Louis quitta silencieusement le lit et descendit pieds nus l'escalier en colimaçon. Il se figea quand il arriva en bas, sa main agrippant fermement la rampe en fer froid. Harry lui faisait face, assis nu derrière son violoncelle avec ses yeux fermés. Il était d'une beauté saisissante. Les muscles de son bras courbé dansaient, le haut de son corps pâle se balançant légèrement avec les mouvements de la musique. Louis n'arrivait plus à respirer. Il avait l'impression de s'immiscer dans un moment intime, quelque chose de privé, mais il n'arrivait également pas à partir, il ne pouvait pas détourner son regard. C'était la première fois qu'il entendait Harry jouer depuis leur adolescence.
C'était exquis. Tout au sujet de Harry semblait percer le cœur de Louis ; l'expression sur son visage, le mouvement fluide de son corps et surtout les sons, l'émotion qu'il était capable de faire si facilement passer dans sa façon de jouer. Au fond de lui, Louis était conscient que Harry avait toujours été principalement connu pour son émotivité. Il avait été remarquable lorsqu'il était plus jeune. Un prodige, célèbre avant de pouvoir conduire ou acheter une bière. Mais l'homme qui était assis en face de Louis, à cet instant, brisant nonchalamment son âme en deux en jouant un morceau élémentaire écrit pour l'apprentissage, était... un génie, admit Louis avec un sentiment étrange de désir creux et solitaire. C'est un génie. La réalisation résonnait doucement dans sa tête alors que Harry fronçait légèrement ses sourcils, se penchant dans un mouvement ascendant alors qu'il s'approchait du point culminant du morceau.
Des larmes naquirent dans les yeux de Louis et il se retourna. Il ne voulait pas que Harry se rende compte qu'il était observé, il ne voulait pas s'attarder jusqu'à la fin. Il remonta doucement les escaliers, ressentant une douleur aiguë et suffocante dans sa poitrine parce que Harry avait ce qu'il lui avait toujours manqué. Louis pouvait jouer n'importe quoi avec une précision technique. Il pouvait rester parfaitement en harmonie, frotter le bon son à chaque fois (même en treizième position) ; il pouvait sautiller partout sur le manche ; il pouvait produire des doubles harmoniques parfaits dans son sommeil et jouer des pizzicatos sans aucune fausse note. Il pouvait même mener une sections d'autres violonistes et faire sortir d'eux des performances professionnelles et impeccables. Il savait faire tout ça. Mais la raison pour laquelle il n'avait jamais réellement atteint le niveau de célébrité de Harry, n'était jamais devenu un violoniste renommé, était parce qu'il manquait d'émotivité. Il arrivait à exprimer de l'émotion dans son jeu – du moins, il essayait. Mais ce n'était jamais aussi naturel que ce qu'il venait d'entendre venant de Harry. Ça ne le serait jamais. Louis ne l'avait simplement pas. Il y avait une partie de lui chétive qui n'arrivait pas à se développer, et donc le contrat pour un album n'était pas venu, et la carrière en tant qu'artiste solo non plus. Rien n'était venu.
Louis prit une inspiration tremblante, s'asseyant au bord du lit pendant que Harry faisait résonner la dernière et douce note. Ça ne sera jamais moi qui ferai ça. Il cligna des yeux, et essuya les larmes sur ses joues dès qu'il entendit Harry ranger soigneusement son instrument. Louis se coucha, remontant fermement le drap autour de lui.
La partie jalouse de lui n'avait presque plus envier de partager le lit avec Harry lorsqu'il revint. Mais l'idée de ne pas le partager était en quelque sorte pire, alors il resta et fit semblant d'être endormi. Il attendit jusqu'à ce qu'il entende Harry ronfler doucement. Puis il prit une profonde respiration et força sa tête à se taire, des notes basses résonnant dans ses oreilles.
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