Dans la ville de Detroit, les androïdes sont autant présents que les humains. Sauf que les premiers servent les seconds comme des esclaves. Certains propriétaires traitent leur androïde comme une vulgaire ordure, un moins que rien. D'autres sont beaucoup plus polis et sont amicaux envers les humains-robots. Les androïdes sont à proprement parlé des machines. Les machines ne ressentent aucunes d'émotions, elles ne ressentent pas non plus la douleur physique et psychologique.

Les androïdes sont classés en plusieurs modèles, par exemple il existe des androïdes possédant une spécialité comme jardiniers, policiers, infirmiers, cuisiniers, etc. Les androides les plus communs sont les assistants personnels, ils s'occupent des taches domestiques, et les partenaires intimes, les androïdes escort-girl ou escort-boy. Ces derniers sont trouvables dans un endroit peu recommandable appelé l'Eden Club. Les androïdes peuvent être de sexe féminin ainsi que de sexe masculin. Les androïdes ont deux tranches d'âge, ils sont soit adultes soit enfants.

Les androïdes sont faits dans une entreprise appelé CyberLife mais ils sont assemblés à différents endroits par la suite. Les androïdes ne mangent pas, ne boivent pas, ne vont pas déféquer mais ils leur arrivent de dormir. Aucune loi écrite n'existe pour les androïdes, la seule qu'ils connaissent est celle-ci : «obéir aux ordres donnés sans discuter» puisqu'elle est inscrite dans leur programme. Ces machines sont achetées dans plusieurs magasins spécialisés, Detroit compte 5 magasins CyberLife. Une seule et unique chaîne d'assemblage est présente sur le territoire de la ville.

Chaque androïde possède une diode. Une diode est un petit cercle en plastique rigide placé sur la tempe droite de l'androïde. Elle est de couleur bleue lorsque l'état du robot est stable. Elle devient jaune lorsque l'androïde effectue une action ou une recherche. Dans de rares cas, la diode devient rouge. Lorsqu'elle est de cette couleur...on ne sait pas ce que cela signifie. Des chercheurs ont tenté de le déchiffrer mais aucun n'est parvenu à décrire le phénomène. Pour moi, lorsque la diode devient rouge cela signifie que l'androïde a une pensée n'appartenant pas à son programme d'origine.

Les androïdes n'ont pas de cœur. Ils ont une pièce en forme de cœur humain qui s'appelle : pompe à thirium. Le thirium est l'équivalent du sang chez les humains. Sauf que à la place d'être rouge, celui des androïdes est bleu. Ils peuvent très bien mourrir d'une hémorragie s'ils sont frappés par conséquent. Les membres chez les androïdes s'appellent biocomposants. Ils sont vitaux et il est nécessaire de les changer lorsqu'ils se cassent. Certains biocomposants provenant d'un certain modèle peuvent soigner un autre androïde. Mais tout est au cas par cas. Sous la peau humaine des androïdes se trouve un squelette d'un blanc de neige. Ce squelette ressemble à un humain tout blanc. Les androïdes n'ont pas d'os à proprement parlé.

Les androïdes ne sont pas cessés ressentir quoique ce soit puisqu'ils ne sont pas dotés d'un libre arbitre. Ils ne savent pas ce qui est bien ou ce qui est mal. Ils ne peuvent pas agir d'eux-même. Ils peuvent se faire battre, humilier, agresser, insulter et rejeter, ils ne ressentiront rien. Ils retourneront leur veste d'une certaine façon. Mais que se passerait-il si un androïde prend peur après un choc émotionnel ? Quels seraient ses gestes et ses paroles ? Comment réagiront les habitants de Detroit si la machine défie son créateur ?

Detroit, Michigan, 15 août 2038

Dans une maison en périphérie, une famille de trois personnes est assise sur un grand canapé. Une mère, un père et une petite fille. Ils regardent fixement la télévision. Une femme se tient debout près de la porte du salon et contemple aussi l'écran. Sur Channel 16, un présentateur décrit la situation, il est à bord d'un hélicoptère. Sur l'écran de télévision, il est possible de voir le toit-terrasse d'un penthouse. Dans la piscine, se situant en bas à gauche de l'écran, flotte un corps humain qui se vide de son sang. Sur le bord du toit se tient une personne tenant une petite fille aux cheveux noirs à l'aide de son bras gauche. Dans sa main droite, la personne tient un revolver, celui-ci est braqué sur la tempe de la petite fille.

-Emmanuelle ? demande le père de famille.

-Oui, répond la femme près de la porte.

-Comment vous appelez un androïde comme ça ?

-Un déviant.

-Tu en es une aussi ? demande la petite fille en se mettant sur les genoux et en faisant dos à la télévision.

-Non ! Bien-sûr que non ! s'exclame l'androïde.

-Emmanuelle, emmène-la s'il te plait, dit la mère de famille en montrant sa fille de la tête, je ne veux pas qu'elle voit la suite.

-Evidemment, viens, dit doucement l'androïde à la petite fille.

La fillette embrasse ses parents et vient glisser sa main dans celle de l'androïde. Ensemble, elles montent l'escalier et entrent dans la chambre de l'enfant. La petite fille va immédiatement se blottir sous sa couette et l'androïde vient s'assoir sur le coin de son lit.

-Quelle histoire voudrais-tu écouter ce soir ? demande-t-elle en remplaçant une mèche de cheveux derrière l'oreille de la petite.

-Je ne veux pas écouter d'histoire.

-Oh...

-Cette fille sur le toit, elle va s'en sortir ?

-Je- je ne sais pas, dit l'androïde fille en secouant la tête.

-Tu peux me chanter une berceuse ?

-Je connais ta préférée, dit l'androïde avec un sourire et un petit rire. Sakura sakura, yayoi no sora wa, mi-watasu kagiri, kasumi ka kumo ka, nioi zo izuri, izaya izaya, mini yukan. Sakura sakura, yayoi no sora wa, mi-watasu kagiri...

L'androïde ne finit pas la chanson à la vue du corps endormi de la petite fille. La femme androïde se lève du lit, sort de la chambre et ferme délicatement la porte derrière elle. Elle descend ensuite l'escalier et revient auprès des parents.

-Y-a-t-il du nouveau ? demande-t-elle en reprenant sa place près de la porte.

-Un homme est sorti sur le toit, il est entrain de soigner un policier qui s'est fait tiré dessus par le déviant, décrit la mère de famille.

-Ce n'est pas un homme, dit doucement l'androïde.

-Plait-il ? tique le père de famille en se tournant vers son androïde domestique.

-Puis-je m'approcher ?

-Bien-sûr, viens Emmanuelle.

La dénommée Emmanuelle marche doucement vers le poste de télévision, grâce à un scanner intégré dans son programme, elle analyse l'image sur la télévision. Son regard s'attarde sur l'homme qui est entrain de mettre un garrot au policier avec sa cravate.

-Télévision, dit Emmanuelle, zoom.

L'image de l'homme et du policier s'élargit sur l'écran. L'action est toujours présente.

-Vous voyez, commence Emmanuelle, il porte une diode sur le côté droit de sa tête. Tout comme moi, elle montre un cercle bleu sur sa tempe. C'est donc un androïde.

-Prodigieux...je me demande si je vais travailler avec lui prochainement, s'extasie le père de famille. Tu aurais un coéquipier et peut-être un futur petit copain.

-Que c'est drôle, dit ironiquement l'androïde. Les machines ne ressent pas d'émotions, on ne sera que collègues, rien de plus.

-Télévision, dit la mère de famille, dézoom.

L'écran revient à sa taille initiale. L'androïde policier se relève et s'approche doucement de l'androïde ainsi que de l'otage. Il parle calmement au déviant et celle-ci se calme peu à peu. Le déviant ordonne à l'androïde policier de faire partir un hélicoptère à bord duquel se trouve des snipers. Puis au bout de quelques minutes, le déviant lâche la petite fille, celle-ci se rue vers le milieu de la terrasse et tombe à genoux. Ce qui suit se passe comme au ralentis. Il y a trois tirs de la part des snipers en direction du déviant. Le déviant se prend une balle dans la hache, une balle dans la joue et une balle dans la côte. Il tombe à genoux et fixe l'androïde devant lui. On entend clairement ce qu'il dit à l'aide du micro rapproché du présentateur dans l'hélicoptère.

-Tu m'as menti, Connor. Tu m'as menti...dit-il avant de se désactiver.

Emmanuelle recule précipitamment de quelques pas. Elle prend une grande et discrète inspiration, personne ne le voit mais elle le sent : sa diode est passée du bleu au rouge.