Chapter.setTitle("TIC TAC")

Mon week-end avait très mal commencé, mais tout est presque revenu à la normale quand mes deux tortionnaires ont finalement décidé de me laisser partir sain et sauf. Ils m'ont confié comme mission de placer un traceur dans l'androïde de Nikolay. Ça ne devrait pas être si difficile que ça. Une fois rentré chez moi, j'étais tellement crevé que je me suis endormi comme une masse. À peine ai-je eu le temps de me reposer que le week-end s'est terminé à une vitesse folle.

Et me voilà de nouveau devant l'immeuble de Nikolay... Cette fois-ci, c'est lui qui vient à moi. Monsieur m'a donné rendez-vous aux aurores et visiblement, il est en retard. Je suis obligé de l'accompagner à ce stupide séminaire, alors que j'en ai pas la moindre envie. Une semaine à le voir maltraiter son androïde, que dieu me vienne en aide, car je sens que je vais craquer dès le premier jour. Je peux au moins me contenter de la prime que je vais toucher à la fin de cette mission. J'aurai assez d'argent pour ne plus travailler pendant des semaines. Même, en sachant cela, je ne suis toujours pas motivé à l'idée de me retrouver isolé avec Nikolay le brute et ses collègues probablement tout aussi violents et dangereux.

– Salut Phil', me dit Marvin, tu ne rentres pas aujourd'hui ?

– Salut Marv', non, je ne rentre pas, j'attends le big boss, rétorqué-je la gorge nouée.

– Oh... Ne me dis pas que... Tu vas partir avec lui ?

– Oui... soufflé-je.

– La chance que tu as mon gars, il parait que c'est une vraie beuverie ses voyages d'affaires, s'exclame-t-il les yeux pétillant d'étoiles.

– Je veux bien te croire.

– L'alcool et la drogue coulent à flots à ce qu'il parait ! J'ai entendu dire qu'il savait y faire en terme de soirée le boss !

Je lui réponds en levant mes épaules nonchalamment. Ça n'a jamais été mon délire tout ça. Je ne vois pas l'intérêt de se mettre la tête à l'envers, le regretter le lendemain puis recommencer la semaine d'après.

– Les filles aussi, ajoute-t-il d'un sourire pervers, puis chuchote, certaines rumeurs disent qu'il connaît pas mal de monde dans ce réseau.

Je ne te le fais pas dire, et on m'a chargé de l'espionner, pensé-je, mais finalement, je lui dis simplement :

– Non sans moi.

– Ah tu préfères les androïdes ? Elles sont plus manipulables, c'est vrai.

Je secoue vigoureusement la tête de gauche à droite puis de droite à gauche. Je revois encore la scène où je découvre Anaëlle démembrée et gisante au sol sans vie.

– Non mais je ne te juge pas hein ! me rassure-t-il, moi je trouve ça bien, tu vois si les fous peuvent se défouler sur les robots plutôt que d'aller trucider une vraie personne, je n'y vois pas d'inconvénient.

Il n'a peut-être pas tort, je ne sais pas. En tous cas, je ne suis pas en mesure de réfléchir sur un sujet philosophique actuellement. La seule chose que je peux faire, c'est de prendre mon mal en patience et de m'allumer une troisième clope. Plus le temps passe, plus mon stress monte. J'ai l'impression de bouillonner de l'intérieur et qu'à tout moment mon cerveau peut exploser.

J'ai pris avec moi trois paquets de somnifères et d'anti stress. J'ai assez de doses pour tuer un cheval ou très grand ours. Au moins je sais que je peux mettre fin à mes jours si jamais toute cette histoire tourne vraiment mal ! Haha... voilà que je me mets à avoir des pensées suicidaires.

– Tu me diras si c'est vraiment comme ce que l'on dit, me demande Marvin.

– Pardon ? Tu parles de quoi ? C'est à moi que tu parlais ?

Je crois qu'il me parlait depuis tout à l'heure, mais je suis tellement ailleurs que je n'y ai pas du tout prêté attention.

– Non, mais je te comprends, ce qu'il se passe avec le boss reste avec le boss. Tu es vraiment un sacré veinard, mon pote, finit-il en me donnant un coup-de-poing amical sur l'épaule.

Ça y est, je les vois arriver. Ils sont dans le hall de l'immeuble. Nikolay les mains dans les poches, dans un costume cravate impeccable et Anaëlle juste derrière lui dans un long manteau de soie qui ondule à chacun de ses pas. J'ai l'impression que le temps s'est ralentie juste pour que ma souffrance dure encore plus longtemps. J'ai du mal à déglutir, du mal à respirer, du mal à réfléchir, mais bizarrement, je pourrai vomir ici, tout de suite, maintenant sans le moindre effort. Un compte à rebours se met à écouler dans ma tête.

TIC. Ils passent le portique de sécurité.

TAC. Le portier lui ouvre les deux grandes portes de verres.

TIC. Ils se dirigent vers moi.

TAC. Nikolay me tend la main, me parle, mais je ne comprends rien, n'entends rien, comme si mes oreilles se sont déconnectées.

TIC. Des mots sortent de ma bouche, je suis en pilotage automatique.

TAC. Le temps se fige. Anaëlle me fixe dans les yeux.

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