Chapter.setTitle("téléphone")

J'ai froid et ma tête tangue comme si l'on m'avait fait tourner pendant des heures. Je ne peux bouger mes bras ni mes jambes. Je crois bien qu'ils sont attachés. La panique commence à monter en moi. Quand j'ouvre mes paupières, je suis d'abord ébloui par une forte lumière. Mes yeux ont du mal à faire le point et mon souffle s'accélère de plus belle. Je vois une silhouette s'approcher de moi. Elle me gifle. Étonnamment, cela calme mon hyperventilation. Cependant, c'est mon pouls qui a repris le relais.

– Calme toi, m'ordonne la personne qui vient de me gifler.

– Au secours je suis enfermé ! criè-je.

Je ne sais pas par quelle magie, mais visiblement mes poumons ont encore de la réserve. J'amorce un autre cri de détresse, mais une main est immédiatement plaquée sur ma bouche pour me faire taire. En résulte un gémissement étouffé. Je ne me laisse pas faire. Je mords à pleine dent pour m'en dégager. Quelque chose de bestial s'éveille en moi, je suis prêt à lui arracher un doigt et à y laisser une dent.

Appliquant toute la puissance que m'offre ma mâchoire, je me heurte à une matière froide, solide et sans goût. Je sens mes dents grincer sur cette chose métallique. Je crois bien que je viens de me failler une gencive.

– Bordel ! Il a rayé ma prothèse cet imbécile ! s'écrit celui qui me tenait la bouche.

Voilà ma chance ! J'ignore la douleur lancinante qui parcourt mes dents et me jette en avant. Je tombe alors misérablement au sol. J'en profite pour crier de nouveau :

– Aidez moi ! Aidez moi !

On me soulève par le col, comme si j'étais un vulgaire sac à patates et l'on me remet violemment à ma place. Je sens claquer contre ma joue une autre baffe. Dans un premier temps je n'entends plus rien, puis un acouphène et enfin mon ouïe revient graduellement. Une femme me parle. Je la vois distinctement devant moi, mais pour le moment, mes oreilles ont bien du mal à s'accorder.

– C'est bon tu as fini de hurler comme un cochon qu'on égorge ? me demande-t-elle.

– Tu sais combien ça coûte une prothèse comme ça ? ajoute son complice en montrant son bras métallique.

Je ne réponds pas, pour plusieurs raisons. Premièrement, parce que j'ai l'étrange impression qu'en ouvrant ma bouche, toutes mes dents vont tomber une par une. Deuxièmement, parce que je crois que la peur m'a fait m'uriner dessus et enfin, je ne sais pas quoi leur répondre, ni ce qu'ils me veulent.

– Tu dois sûrement te demander, ce que nous te voulons ? commence l'homme au bras de fer.

J'acquiesce. J'essaye de garder mon calme et me rassure. S'ils voulaient me tuer, ils l'auraient déjà fait depuis bien longtemps. Alors si je suis encore en vie, peut-être que je peux le rester si je fais tout ce qu'ils me demandent.

– Nous avons un ami en commun, continue la femme, ce bon vieux Nikolay.

– Nous te suivons depuis plusieurs semaines, et Nik' semble bien t'aimer, ajoute son collègue, alors on s'est dit avec Tif' qu'on pourrait faire un échange de bon procédé.

– On ne va pas passer par quatre-chemins, son ancien réparateur bossait avec nous, et il est mort...

– Parce qu'il était sur le point de découvrir quelque chose, quelque chose de gros, conclut l'homme.

– Mais pas que... Le problème, c'est qu'il n'a pas pu finir son job.

– On ne sait pas pourquoi, mais on pense que Nikolay s'est douté de quelque chose et il l'a fait éliminer avant qu'il nous rapporte ses découvertes.

– Phil', joins-toi à nous, me demande la femme d'un ton calme mais déterminé, nous savons que tu le détestes autant que-

Mon téléphone sonne et vibre, coupant la parole à la femme. Il ne se trouve pas dans ma poche, mais quelque part dans la pièce. Il m'est difficile de le chercher, car mes mouvements sont limités. C'est son collègue qui me l'amène, il a le regard inquiet. Je comprends tout de suite pourquoi quand je vois le nom qui est affiché à l'écran : Nikolay. La tension monte de dix crans, mes tempes sont sur le point d'exploser et de grosses gouttes coulent sur mon front. Mon cœur s'arrête quand un doigt de métal décroche le téléphone.

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