Chapter.setTitle("la proposition")

J'entends la grosse voix de Nikolay brailler au bout du fil et moi, je ne dis rien. Le temps s'est comme figé, on est là, tous les trois dans cette minuscule pièce vide, à attendre, ou plutôt à m'attendre. J'ai beau essayer, je n'y arrive pas, rien ne sort de ma bouche, même pas un souffle. Nikolay continue de parler, il a l'air d'être ivre mort. On peut distinguer dans le fond un brouhaha diffus, je crois bien qu'il est encore à son vernissage. Les deux autres personnes me lancent des regards pressants. Tif' me donne clairement l'ordre de lui répondre, tandis que son collègue rapproche le téléphone encore plus près de ma bouche. Je déglutis.

– Gamin ! Tu m'entends ? me demande Nikolay.

– Oui ! finis-je par dire.

– J'ai cru que tu m'ignorais à la fin haha ! s'esclaffe-t-il à gorge déployée.

Et si je lui disais ce qu'il m'arrive là tout de suite maintenant ? Peut-être qu'il pourra m'aider ! C'est vrai, pour le moment, je ne me suis pas rallié à leur cause. Et si j'en crois ce qu'ils m'ont dit, Nikolay est contre eux. Alors à l'heure actuelle, c'est la seule personne à pouvoir me sortir de ce pétrin.

Cependant, avant même que je puisse dire un mot, Tif' plaque sa main contre ma bouche. Est-ce qu'elle a su lire dans mes pensées comme dans un livre ouvert ou est-ce que j'ai réfléchi à voix haute ? Je penche plus pour la première solution, d'après le regard accusateur qu'elle me lance.

– Tu es toujours là ? m'interroge-t-il, d'une voix soupçonneuse.

Tif' me pointe du doigt en fronçant les sourcils, m'interdisant de faire ce que je m'apprêtais de faire. Elle est vraiment forte si elle a réussi à voir dans mon jeu aussi facilement que ça. Quant à la main de fer, je le vois me menacer de son poing métallique. Je me laisse convaincre par leurs arguments de taille.

– Tu es tout seul ? ajoute Nikolay sur le même ton.

Je sens que la pression monte. Moi qui pensais qu'elle était déjà au plus haut il y a dix minutes. Tif' retire sa main tout doucement et garde ses yeux plongés dans les miens. Elle m'hypnotise presque de ses prunelles bleues profonds. Je suis quasiment sûr que je dois jouer leur jeu pour ma propre survie. Encore une fois, je déglutis, sauf que cette fois, je viens d'avaler de travers. Une quinte de toux s'empare de moi. Les yeux de Tif' et son ami s'écarquillent tellement que ça en devient presque risible.

– Oui pardon... hum hum, je suis seul monsieur.

– Ok ! Écoute moi bien, j'ai un travail pour toi !

Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir me proposer un travail ?! Laissez-moi tranquille dans ma petite vie, je n'ai rien demandé à personne !

– Dans une semaine, je vais partir en séminaire avec de nouveaux collaborateurs, j'aurais besoin de toi à mes côtés, continue-t-il, j'y serai toute une semaine et je veux qu'Anaëlle soit opérationnelle le plus vite possible en cas de... enfin tu vois ce que je veux dire.

Il est vraiment sérieux là ? Il dit ça comme ça ? Pourquoi il ne l'a pas fait par message ? Mais dans quelle merde je me suis embourbé encore ! Je vois les yeux de mes deux ravisseurs s'illuminer comme un jour de fête. Tu m'étonnes, c'est une aubaine pour eux. Nikolay et moi, ensemble toute une semaine, il lui offre ce qu'ils demandent sur un plateau d'argent.

– À part toi, je ne connais pas de meilleur réparateur !

– Je vois, lui répondè-je simplement, mais si je ne-

– Tu n'as rien à faire gamin, tout est pris en charge. En plus, j'ai contacté ta boite et ils sont d'accord, je t'appelle juste pour te prévenir en fait haha !

Il a raccroché. Tif' est folle de joie et vient de donner une énorme tape amicale à l'homme au bras de fer. Ils parlent maintenant dans une autre langue, que je ne comprends pas. Une langue scandinave très probablement. Au moins je sais qu'ils ne vont pas me tuer. Non, ils ont tout intérêt à me garder vivant. Qu'importe leur proposition, si je veux m'en sortir vivant, je vais devoir être plus malin qu'eux. Je déteste m'avouer ça, mais je pense que mon unique allié en ce moment est Nikolay.

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