Chapter.setTitle("fichiers corrompus")
Je reste tout d'abord immobile face au sourire innocent d'Anaëlle. Sa larme continue de couler sur sa joue, mais c'est comme si elle ne l'avait pas remarquée. Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Je n'en sais fichtrement rien !
– Ah ! Tu as réussi à l'allumer à ce que j'entends, me dit Nikolay de je ne sais où.
Comme un choc électrique, l'appel à l'aide d'Anaëlle résonne en moi. J'en conclus aisément qu'elle voulait qu'on la protège de son propriétaire. Je suppose également qu'il n'a pas été témoin de ce qui vient de se passer. Alors sans même réfléchir, je saisis une lingette désinfectante et essuie précipitamment le liquide bleu métallique de son visage. J'entends les pas de Nikolay se rapprocher de moi, il n'est pas loin. Un poids aussi lourd qu'une énorme boule de bowling me pèse sur le ventre. Et s'il arrivait et me voyait là tout de suite maintenant, que va-t'il penser ? Je retire ma main de son visage, elle garde son sourire, toujours aussi impassible. Je range en vitesse la lingette dans ma poche arrière et me relève. Nikolay arrive à ce moment-là et mon cœur est sur le point de bondir hors de ma cage thoracique. Qu'est-ce qui m'a prit de faire ça !? Et puis je ne sais même pas pourquoi je panique, je ne fais que mon travail après tout.
– Merci gamin ! me congratule Nikolay d'une tape amicale, et dans les temps en plus !
– Euh... de rien monsieur, bafouillé-je, il ne me reste plus qu'à la configurer, et puis je vous laisse.
– Très bien, je vais aller choisir ses vêtements alors, ce soir, ça ne sera pas les œuvres d'art que les gens vont admirer, mais elle !
Il parle d'elle comme un bout de viande, ça me répugne. Cet homme n'a vraiment aucun respect pour le matériel ! J'essaye de me re-concentrer sur mon travail, car je n'ai plus la moindre envie de trainer ici.
Je consulte mon datapad, tous les signaux sont au vert. Je calibre d'abord ses mouvements et son équilibre, puis je me charge de synchroniser les autres sens. Elle est restée trop longtemps hors service et sa mémoire cache s'en est vidée. Du moins en partie, quelques fichiers corrompus subsistent et je n'arrive pas à les ouvrir. Je tente la manière forte et branche mon datapad directement à Anaëlle. Le port se situe juste en dessous de sa nuque, caché sous ses longs cheveux bruns.
– Tu ne serais pas en train de la tripoter par hasard ? Tu sais que tu n'as pas le droit ! m'interpelle Nikolay d'un ton mi-amusé mi-sévère.
– Pas du tout ! C'est juste que je n'arrive pas à trouver son port !
– Je veux bien te croire mais gare à toi, tu sais ce qui arrive à ceux qui touchent à mes bébés ? me menace-t-il.
Voilà, je viens de me souvenir de la raison de ma panique. Si Nikolay ressent ne serait qu'un infime doute à l'égard de vos intentions sur ses androïdes, vous finissez découpé en morceaux et jeté dans les bas-fonds des quartiers pauvres, là où personne ne veut vous chercher. L'ancien réparateur assigné à son compte a disparu de la surface de la terre du jour au lendemain.
– Je ne fais que mon travail, je vous assure !
– J'ai des caméras, gamin, alors ne tente rien de stupide. Jusqu'à présent tu as été très professionnel, alors que cela reste ainsi, conclut-il avant de repartir dans ce que je suppose être sa chambre.
Son ton est grave, et me dissuade presque de me brancher à Anaëlle, mais il est trop tard me voilà déjà connecté à elle. Son sourire s'efface et laisse place à un visage neutre. Je vois enfin la nature des fichiers, ce sont des vidéos pour la plupart. J'hésite un instant avant de les lire, qu'est-ce que je vais y trouver... Je ne sais pas... Je n'ose même pas imaginer. Mon instinct me dit de les effacer, ce que je fais dans l'immédiat. Je me débranche en vitesse et range mes affaires de la même manière. J'exécute les lignes de commande pour rendre son autonomie à Anaëlle. Elle se lève puis me remercie d'un signe de la tête. Rien d'étrange dans son comportement, les androïdes sont programmés pour agir ainsi lors de leur démarrage.
Soudain son expression faciale change subitement, je lis très clairement de la peur, la même qu'à son réveil. Je jette un coup d'œil à mon datapad, je suis toujours connecté à elle. Un flot de caractères aléatoires défile à une vitesse folle sur mon terminal, puis rien, le néant. Je relève ma tête vers Anaëlle, elle a de nouveau son sourire, elle se retourne puis rejoint les bras de Nikolay qui vient de faire son entrée en costume cravate.
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