Soiree sentre fille
Clara
Quand j'arrive dans le hall d'entrée, Vanessa m'attend, elle regarde son téléphone et vu sa tête je comprends qu'elle ne veut pas répondre, une chose que nous avons en commun. Elle range vite le portable dans son sac dès qu'elle me voit.
—Alors cette première journée parmi nous, ça s'est bien passé Clara ?
—Comment dire, le boulot me plait, la plupart des gars de mon équipe ont l'air sympa, mais il y en a certains qui n'ont pas eu l'air d'apprécier que ça soit moi le nouveau chef.
A la tête qu'elle tire, je crois que mon résonnement est juste, je suis une personne qui cerne vite les gens, je ne trompe pas, enfin quand ça ne me touche pas directement car mon radar a bien merdé, il y a peu. Tout en sortant de l'immeuble nous continuons notre conversation.
—Tu sais, ils n'ont pas l'habitude d'avoir des femmes dans les bureaux, enfin à part les secrétaires mais jamais une qui soit leur égale, alors une femme qui les commande encore moins. Mais ne t'en fais pas, s'il y en a qui te manque de respect tu me l'envoies, je lui remettrais les idées en place.
On rigole bien toutes les deux ; son portable n'a pas arrêté de sonner pendant tout le trajet, mais elle n'a pas décroché, j'ai l'impression qu'elle a fait comme-ci elle ne l'entendait pas.
Une fois installées, notre table à l'écart pour pouvoir discuter sans devoir hurler pour se faire entendre, car j'ai bien l'impression que tous les employés des bâtiments aux alentours se sont donnés rendez-vous dans ce bar. Après quelques instants, une serveuse vient prendre notre commande.
— Que prendrez-vous, Mesdames ?
—Un mojito et toi Clara tu prends quoi ?
—La même chose !
—Bien je vous amène ça tout de suite, Mesdames.
Et une, fois de plus le portable de Vanessa se met à sonner !
—Tu sais tu peux répondre, ça ne me dérange pas.
J'affiche mon plus beau sourire pour lui faire comprendre que ça ne me dérange en aucun cas.
—Non ne t'en fais pas c'est juste mon mari qui me harcelle pour je ne sais quoi. Depuis le temps il n'a pas compris que j'ai besoin de décompresser à la fin de ma journée de travail.
Purée, je n'aurais jamais pensé qu'elle était mariée.
—Je comprends !
—Tu me comprends, pourquoi tu es mariée toi aussi Clara ?
Là une boule se forme dans ma gorge, que dire ?
—Longue histoire !
—Ça tombe bien on a tout notre temps, raconte, ça ne doit pas être pire que le mien.
Si seulement !
—Tu en es sure ? Tu veux savoir ?
—Oui allez !
—Oui, malheureusement, je suis encore mariée.
—Comment ça encore mariée ?
Si elle me coupe tout le temps je ne suis pas sure d'y arriver !
—Si tu veux la suite, ne m'arrête pas !
Elle me fait oui de la tête.
— Oui, je suis encore mariée, mais crois moi ce n'est qu'une question de temps pour que mon divorce soit prononcé.
La serveuse revient avec nos verres et dès que mon verre est sur la table je le prends et bois une gorgée.
—La suite Clara, je veux savoir !
—J'y viens ! Je prends une grande inspiration pour me donner du courage. Il y a un mois je rentrais chez moi, j'étais super heureuse car on venait de me faire l'offre d'emploi dont j'ai toujours rêvé, même si pour ça il fallait que l'on déménage, je me disais que c'était une bonne chose, j'étais tellement sure de moi que dès que j'ai eu l'offre, je l'ai toute de suite acceptée. Comment refuser un poste pareil après tout ce que mon mari Nicolas et moi avions vécu.
Je prends une autre gorgée de mon verre, je vois que Vanessa est impatiente de connaître la suite !
— Il faut savoir qu'avec Nicolas, nous nous sommes rencontrés au lycée. A l'époque comme tout ado, un jour on s'aimait le lendemain on se détestait, chacun voulait connaitre de nouvelles expériences, du coup on s'est séparé. Un jour on s'est revu et depuis on ne s'était jamais quitté.
Je sais pas pourquoi je lui raconte tout depuis le début, pourtant c'est simple, il m'a trompé, mais il n'y a pas que ça...
—Clara si tu ne veux pas en dire plus, ne te force pas, je comprends, on ne se connaît pas, mais si un jour tu as besoin de parler je suis là !
— Non Vanessa j'ai besoin d'en parler, ça fait un mois que je garde ça pour moi, donc je disais, oui, nous nous sommes mariés et 4 ans après, quand chacun a eu une bonne situation, nous avons décidé d'avoir un bébé. C'est là que ça se complique parce qu'après ma première fausse-couche à un mois et demi de grossesse, on a tenté plusieurs fois pour que je tombe à nouveau enceinte ça n'a pas fonctionné.
Au fur et à mesure de mon récit, je vois Vanessa se tendre de plus en plus, mais elle continue de m'écouter avec attention.
—On s'est dit qu'on allait recommencer, mais après un an, nous n'y arrivions pas, nous sommes allés consulter un spécialiste, qui lui-même ne comprenait pas pourquoi il nous était impossible de concevoir un enfant. Nous avons fait tout un tas de tests et plein d'autres trucs, mais rien ! A ce moment-là, il nous a conseillé d'avoir recours à une insémination artificielle. Etant donné que nous désirions un enfant plus que tout, on l'a fait, mais je dois dire que je n'imaginais pas ce que ça représentait ! Entre les piqûres d'hormones pour être sure d'avoir des ovules viables, les douleurs, la prise de poids et les changements d'humeur ! Bref je passe sur les détails ! Le pire a été d'endurer tout cela pour que ça ne marche pas et que mon corps ne veuille même pas d'un bébé ! Tu veux savoir le plus drôle c'est que j'ai fait la troisième FIV quand j'ai découvert...ma voix se brise.
Des larmes commencent à couler le long de mes joues, Vanessa se lève pour venir me serrer contre elle.
— Ma belle, je me demande bien ce qui a pu se passer pour te mettre dans un tel état ? Je me répète mais si tu veux, on arrête d'en parler, on reprendra plus tard.
Tout en disant cela elle continue de me serrer dans ses bras.
—Non, j'ai besoin d'en parler, je ne sais pas si ça ira mieux après, mais il faut que ça sorte et je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression que tu peux me comprendre, je sais c'est débile vu que l'on ne se connait pas, surtout qu'on vient tout juste de se rencontrer, mais c'est comme ça !
—Merci. Tu sais même si on pourrait croire que j'ai des tas d'amies, ce n'est pas le cas, toutes les filles que je connais ne me parlent que pour pouvoir accéder à mon frère. Mais nous ne sommes pas là pour parler de moi, mais de toi, si tu veux la prochaine fois, on parlera de ma vie.
Elle me dit ça avec grand sourire sur les lèvres, ça me donne du courage pour continuer ! Elle regagne son siège et bois un peu de son verre, je fais de même pour me donner plus de courage.
— Quand j'ai appris pour le poste, j'étais tellement heureuse que je suis rentrée plus tôt que d'habitude pour faire une surprise à mon homme. Le plus surprenant c'est que lui aussi était là vu que sa voiture était garé dans l'allée ! Toute contente je franchis la porte avec mon plus beau sourire, les bras chargés de bonnes choses pour nous, quand je me suis rendue compte qu'il y avait de la musique, que les lumières étaient tamisées. Sur le coup je me suis dit que quelqu'un avait dû lui dire que je venais de trouver le boulot de mes rêves et qu'à son tour, lui avait voulu me faire une surprise surtout quand tu vois qu'une bouteille de champagne avec deux coupes est posée sur le bar. Il m'avait peut-être fait une surprise, un repas en amoureux ? Non ! En fait, je me suis trompée.
J'ai l'impression de revivre ce cauchemar rien que d'en parler, mais il faut que ça sorte.
—Quand je me suis avancée dans le salon, il y avait bien mon homme, mais il n'était pas seul...
Je vois le visage de Vanessa se décomposer petit à petit.
—Ne me dis pas que ce salaud était avec une autre femme ?
—Tu sais quoi ? J'aurais préféré crois-moi ! Rien que d'y repenser, j'ai la nausée. Mon mari était complètement nu dans une position tendancieuse avec ses lèvres collées sur celles de mon meilleur ami !!!
— Oh !! Putain ! Mais tu as fait quoi ?
— Rien ! Je suis restée complètement paralysée, sous le choc ! Mes jambes ressemblaient à du coton et me portaient difficilement. Ce que j'avais dans les mains s'échoua sur le sol et telle que ma vie le tout s'est brisé en mille morceaux ! Mon cœur tapait tellement fort dans ma poitrine que j'ai cru qu'il allait sortir, voire que je faisais une crise cardiaque !
—Et tu as fait quoi après ?
—Une fois que j'ai repris mes esprits, j'ai attrapé la bouteille de champagne pour leur balancer en pleine figure. Je suis montée dans la chambre, J'ai attrapé toutes les valises que j'ai trouvées, jeté tous mes vêtements dedans, mes bijoux et les papiers les plus importants avant de passer par la salle de bain prendre mes affaires. Pendant que je faisais des allers-retours pour tout charger dans la voiture, je les voyais tenter de s'habiller le plus rapidement possible mais je les ai pris de court en montant dans la voiture et me suis tirée le plus vite possible. Je ne pouvais pas rester une minute de plus et encore moins entendre leurs voix à ces deux enfoirés !
—Eux ils n'ont rien fait ?
—Si, ils sont sortis et ont tout fait pour me stopper, mais c'était peine perdue ! Je ne pouvais pas les entendre et surtout l'adrénaline m'a aidé à fuir et ne pas m'écrouler devant eux.
Je suis enfin arrivée à sortir tout ça, ça fait du bien même si ça fait mal, en parlant à quelqu'un ça devient encore plus réel. La serveuse revient vers nous.
—Je vous sers autre chose Mesdames ?
—Je crois que nous avons besoin d'un truc plus fort, tu en penses quoi Clara ?
Je lui fais signe de tête que je suis de son avis.
—Ramenez-nous quatre shooter de tequila !
—Bien je vous ramène ça tout de suite.
Une fois qu'elle est assez loin, on reprend notre conversation.
—Mais tu as fait quoi après ?
—J'ai pris la route, je ne savais pas où aller, mais après avoir tourné dans les rues de Bordeaux, j'ai décidé de prendre la route en direction de Paris. Je me suis dit qu'au final je ne devais pas me laisser aller, j'ai fait plus de deux cents bornes et me suis arrêtée dans un hôtel.
—Purée !! Tu as eu du courage, mais lui n'a pas essayé de te joindre ?
— Si ! Dès que j'ai disparu de leurs champs de vision, les appels ont commencé de l'un puis de l'autre sans que je ne leur réponde à chaque fois. Le pire c'est qu'ils n'ont toujours pas compris que je ne voulais pas les entendre puisque je ne décroche jamais !
La serveuse revient avec nos verres.
Vanessa prend le sien.
—A la fille courageuse !
Elle boit cul sec, je prends le mien.
— Au nouveau départ !
Une fois les boissons avalées, je repense à cette nuit quand je me suis retrouvée seule pour la première fois.
—Tu sais, tu dis que je suis courageuse, mais quand je me suis retrouvée seule dans cet hôtel, toutes les larmes que j'avais retenues ont coulé, le pire c'est que je n'avais personne.
—Tes amies ou tes parents ne pouvaient pas t'épauler ?
— Non mes parents ont eu un accident de voiture mortel il y a deux ans et je n'ai pas de frères et sœurs. Comme mes parents n'avaient aucun contact avec leurs familles respectives, je me suis retrouvée seule. Quant aux amis, pour la plupart c'était ceux de mon mari et en réalité le seul en qui j'avais le plus confiance et surtout celui qui connaissait et savait tout sur moi ! Thomas n'était pas que mon meilleur ami c'était mon patron aussi, du coup j'ai tout perdu en l'espace d'un instant !
—Dur le truc quand même et désolée pour tes parents.
Vanessa ne m'a pas lâché une seconde de tout mon récit elle m'a serré dans ses bras. Elle me tend un mouchoir pour que je puisse essayer de réparer les dégâts que les larmes ont faits sur mon visage. J'espère que de lui avoir parlé va réussir à me faire oublier ma vie d'avant !
—Donc du coup tu es arrivée ici et tu recommences tout à zéro ?
—Oui c'est tout à fait ça !
—Alors je suis heureuse d'être ta première amie dans cette nouvelle vie.
Nous prenons notre deuxième verre et le descendons cul-sec. Le liquide me brûle la gorge mais me rappelle surtout que je suis vivante et que c'est le moment de repartir à zéro !
—A une nouvelle amitié et à ta nouvelle vie.
Son portable se remet à sonner, mais cette fois ce n'est pas la même sonnerie, La musique de Star Wars retentit, avec en prime la voix de Dark Wador, ce qui me fait sourire. En général on utilise cette sonnerie pour signifier l'appel d'une personne bien précise tel qu'un membre de la famille qui aurait une tendance barge-psychopathe !
—Je suis désolée mais c'est mon frère qui m'appelle, je dois répondre.
Elle décroche, et d'après les éclats de voix que j'entends, il a l'air remonté contre elle. La pauvre elle n'a pas le temps d'en placer une qu'il a raccroché.
—Désolée mais je vais devoir rentrer, j'avais complètement oublié que ce soir mon frère me laisse sa fille à garder, ça va aller si je te laisse ?
—Ne t'en fais pas moi aussi je vais rentrer, je te dis à lundi au boulot ?
—Oui à lundi et on se refera ça vite et si tu as besoin je vais te laisser mon numéro de téléphone.
Elle le note sur un papier sorti de son sac et part en me saluant. Quand je regarde sur la table il n'y a pas que le papier avec son numéro mais de quoi aussi payer nos verres, au final cette fille est super, mais j'espère qu'elle n'aura pas problème avec son frère par ma faute, il avait l'air très en colère contre elle.
Il est temps pour moi de rentrer aussi et on peut dire que cette première journée a été riche en émotions.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top