J'éponge ma chevelure épaisse à l'aide de ma petite serviette d'une main, et de l'autre, dévire mon sac de voyage que je n'ai toujours pas rangé pour trouver une tenue potable. Tout est froissé, j'ai horreur de ça, je tente tant bien que mal d'aplatir avec mes deux mains mon t-shirt préféré mais c'est peine perdu. C'est pas grave Ruby, c'est simplement ton voisin. J'enfile mon deuxième jeans potable déchiré au niveau des cuisses, puis mon haut. Devant le miroir, je secoue mes cheveux humides couleur violine pour leur donner plus de volume et tente une touche de maquillage. C'est minable, je suis minable. Je jette un oeil à la pendule qui m'indique qu'il est tout juste 20h00, je prends donc la décision de faire un point rapide sur mes messages.

2 textos maintenant.

Je ne veux pas les ouvrir mais est-ce que je ne préfère pas lire ce qu'il a me dire au lieu de l'entendre ?

Je ne prends pas la peine d'écouter les deux messages vocales et appuie direct sur la touche 3 pour les effacer mais je m'assois tout de même sur le bord de mon lit et ouvre mon application de message.

Matt.

Je réalise que je me suis fait berné et en beauté ! Quel con j'ai étais de croire que j'avais cette petite chance avec toi alors que tu n'as jamais été réceptif à quoique ce soit. Je me déçois d'avoir essayé. Tout ça n'était qu'un échappatoire pour toi, tout ça n'était que du cul pour toi. Putain je te parle par texto alors que tu sais très bien que je déteste ça, je t'appelle décroche s'il te plaît.

Merde. Ses appels étaient après ce message et je ne saurais jamais ce qu'il a bien pu m'y dire. Je lis le second texto.

Matt.

Putain tu fais chier Ruby ! Je laisse tomber, je voulais essayer de comprendre, mais là s'en est trop. J'ai appris ce matin que tu t'étais fait virer, t'aurais simplement pu me le dire et peut-être que j'aurais compris ton départ, en faite ça non, je crois que je ne le comprendrais jamais. Je ne comprends plus rien merde ! En plus en cherchant sur le net, je réalise que nous avons 6h de décalage, et que je ne sais pas ce que tu fais, ni avec qui et pourquoi, ou comment... Je crois que je t'aimais... Ou que je commençais à t'aimer maintenant c'est fini, tu fais ta nouvelle vie et moi je me retrouve seul. Tu es une âme perdu Ruby, une âme tourmenté, et tu ne laisse personne s'approcher. Quand on commence à trop en savoir sur toi, tu dresses ce mur indestructible et devient indéchiffrable. Je pensais avoir réussi à trouver ta faille mais je me suis trompé. N'essaie pas de me recontacter, je le ferais moi, quand je serais prêt à te pardonner...un jour.

Je balance mon portable, furieuse, au sol, les larmes dévalant mes joues et gâchant le soupçon de maquillage que j'avais tenté de faire. Je regarde mon reflet dans le miroir, de longues traînées noires me gâche le visage, mes yeux sont rouge et bouffis, et pour couronner le tout, ma porte s'ouvre laissant apparaître Sherley sourire aux lèvres, un sourire qui s'efface bien vite.

-Ruby on t'att...

-Tu t'es cru chez ta mère ?! On frappe avant d'entrer chez les gens ! je hurle.

Elle se fige, main sur la poignée.

-Merde Ruby... tu pleures ?

-Ouais je chiale ouais ! Et j'ai pas besoin de ta pitié ici ! Sort !

Elle regarde derrière elle, vers la porte de Jo, manquerait plus qu'il débarque lui aussi, puis, elle rentre en fermant la porte et s'adosse à celle-ci.

-Je t'ai dis...

-Je sais ce que tu m'as dit, mais moi je ne peux pas te laisser comme ça !

Elle s'approche vers moi, bras tendu m'offrant son étreinte.

-Non ! Lâche-moi ! Lâche m...

-Chuuut...

Je ne me débats plus, et me laisse aller contre son petit corps. Elle resserre son étreinte autour de moi et je glisse mes bras autour de sa taille pour m'accrocher à elle comme une boué de sauvetage. Personne ne m'a jamais donné le réconfort qu'elle est en train de m'offrir, il y a une époque j'en aurais tellement eu besoin. Peut-être que si on m'aurait offert un peu de soutien, je ne serais jamais devenu comme-ça, mais avec des "si", on pourrait changer tellement de chose...

Sherley sent la vanille, j'adore la vanille. C'est doux et sucrée, puis ça rappelle l'été. J'ai soudain trop chaud et m'écarte d'elle puis essuie mon visage de mes deux mains.

-Ça va mieux ? tente t-elle.

Je fuie son regard, de crainte d'y trouver la pitié dont je ne veux pas.

-Ouais. Ça va.

-Tu veux peut-être en par...

Mais soudain, la porte s'ouvre de nouveau sur Johan qui entre comme-ci il était chez lui.

-Putain mais c'est incroyable ici, personne ne frappe avant d'entrer ?! je m'exclame.

Il se stoppe, ne s'attendant sûrement pas à une nouvelle attaque de ma part, il parcourt la pièce des yeux, puis, me dévisage et passe ensuite sur Sherley qui tente de l'éviter.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ? demande t-il.

Sherley rougit instantanément. Manque plus que ça, si elle se sent prise au piège à peine dans le viseur, j'vais avoir du mal à lui faire confiance sur ce point là.

-Rien.

-Ne me prenez pas pour un lapin de 6 semaines ! Pourquoi ton téléphone est explosé au sol ? Tu as pleuré, et ne me dit pas non car ton maquillage est étalé partout sous tes yeux jusqu'en bas de ton menton ! Ça fait déjà un quart d'heure que j'ai demandé à Sherley de venir te chercher car je ne te voyais pas arriver et j'arrive ici, on croirait qu'on vous a annoncé un mort. Alors ?

Mon regard glisse jusqu'à l'horloge est en effet, je n'ai pas vu l'heure défilé, il est déjà 21h00 et j'avais dit à Johan que je le rejoindrais bien avant 20h30. Il me regarde toujours, bras croisés et sourcils froncé attendant que je lui réponde. Je me croirais devant mon dirlo quand j'étais encore au lycée, pas croyable. Je me penche pour ramasser mon téléphone et, y refixe la coque qui s'était déboîté, heureusement l'écran n'est pas cassé, puis j'attrape Sherley par la main et l'entraîne avec moi.

-Un truc de fille, je lui répond, cela ne te concerne pas. Maintenant allons manger, j'ai la dalle.

Sherley pouffe de rire, et Johan secoue la tête dépité par ma réponse mais il n'insiste pas et je l'en remercie fort intérieurement.

J'ai pas vraiment la tête à faire la fête, ni à faire semblant de sourire et encore moins à raconter ma vie. Je suis froide et peu enthousiasme, et je montre peu d'entrain à la soirée. J'ai plombé l'ambiance dès l'apéro et le repas s'enchaîne pareil. Seul le bruit de nos fourchettes résonne contre nos assiettes et personne de parle. Ceci dit, Johan est un parfait cuisinier car malgré le nœud que j'ai à l'estomac, l'odeur alléchante m'a ouvert l'appétit. Il nous a cuisiné des pâtes à la bolognaise par manque de temps, comme il nous l'a expliqué au début, il devait faire un plat de lasagne mais c'est rabattu sur les pâtes. Ce n'est qu'un détail pas un problème.

-C'est vraiment délicieux Johan.

Il s'arrête dans son mouvement pour me regarder surpris de découvrir que j'ai toujours l'usage de la parole. Sa fourchette est en pause au niveau de sa bouche et une spaghetti essaie de se faire la malle.

-Merci, c'est tout simple il suffit de..

-Non, je l'arrête de la main, ne nous vante pas tes talents culinaires, il se pourrait que je ne prenne même pas la peine d'aller faire mes courses !

Il hausse les épaules.

-Et alors, une personne en moins ou en plus à manger ça ne me dérange pas j'en fais toujours pour un régiment !

-Sherley tu entends comme moi hein ? Ceci est une invitation pour que nous venions manger chaque jour.

Elle acquiesce et part sur mon terrain.

-Tout à fait. Merci Jo, tu m'enlève une épine du pied chez moi, c'est pâtes gruyère ketchup presque tous les soirs.

Johan fais une grimace, c'est une honte à la gastronomie pour lui.

-Malheur Sherley, je dis sur un ton théâtral, rappel moi de ne jamais venir manger chez toi !

L'ambiance s'apaise quelque peu, et nous nous laissons aller à des éclats de rire et quelques vannes bien placé. À la fin du repas, nous débarrassons tous ensemble et notre organisation vaisselle est une parfaite réussite, Sherley nettoie, je rince et essuie, et Johan range. Une parfaite entente de colocataire.

-Bon et bien moi je ne suis pas la porte en face donc je vais me rentrer, Johan merci pour l'invit ça ma fait vraiment très plaisir...

Sherley tente une petite approche et pose une main délicate sur le bras de Jo, mais il ne comprend pas et la salut de la main. Elle sourit déçu et quand nos regard se croise, je lui fais un petit signe d'encouragement et de remerciement pour ce soir.

-À demain les gars, dit-elle en passant la porte.

Nous nous retrouvons tout les deux. Je fixe toujours la porte depuis que Sherley est partie et je me triture la peau au bout de mes doigts repensant un vague instant aux messages de Matt. Je sens Jo qui se rapproche. Il s'assoit sur son canapé, et tapote machinalement les coussins autour de lui ne sachant sûrement pas quoi dire.

-Bon je vais y aller aussi, désolé d'avoir plombé l'ambiance.. dis-je en me levant.

-Ruby tu sais que si tu as besoin de parler...

Je lui souris.

-Je sais Johan. Je peux compter sur toi, mais pas ce soir... je hausse les épaules, je t'expliquerais un de ses jours...

-Bien... un jour alors. A demain Ruby.

-Merci pour le repas ! Bonne nuit.

Je m'en vais vers chez moi. L'avantage d'habiter sur le même palier et que je peux rentrer en moins d'une minute, il m'en faudra cinq pour me déshabiller et me rincer le visage avant de me glisser sous ma couette. Plongée dans le noir, je ne suis pas fatigué. J'attrape mon téléphone sur ma table de nuit et parcours une nouvelle fois les messages de Matt. Il m'a bien écrit :"N'essaie pas de me recontacter, je le ferais moi, quand je serais prêt à te pardonner...un jour." C'est plus fort que moi, je lui réponds tout de même.

Moi.

Je sais que je ne devrais même pas te donner signe de vie mais c'est bien plus fort que moi. Rien de ce que je dirais ne pardonnera le fait que je t'ai abandonné et le fait que j'aurais du être claire et franche avec toi dès le début... mais j'ai besoin de toi une dernière fois. Peux-tu te charger de récupérer mes papiers auprès de Chirel s'il te plaît ? Je sais que c'est carrément focus de ma part mais j'en ai besoin... Je ne t'oublie pas Matt. Bisous.

Je m'en veux de lui répondre surtout pour une telle demande. J'aurais pu lui dire que moi aussi je pensais que je l'aimais mais tout ça à toujours été faux, j'aurais pu lui dire qu'il ne faut pas qu'il s'en fasse, que ce que je venais de faire était une pure connerie et que Lundi je serais de retour, j'aurais pu lui dire tant de chose... Que je regrette... Mais je ne regrette rien et le problème est bien là. Seulement 48h que je suis ici, et je kiffe déjà ma nouvelle vie, mon quartier, mon appart, mon job -bon Ok ça ne fait qu'une journée mais les gens sont tellement aimable ici...-, ma nouvelle équipe, Johan, Sherley. Cela fait tellement longtemps que ça ne met pas arrivé, c'est certainement pas maintenant que je vais revenir en arrière. Mon portable vibre m'annonçant l'arrivée d'un nouveau message. C'est Matt.

Matt.

En effet tu n'aurais pas dû me répondre, démerde toi toute seule Ruby, tu as bien su t'organiser pour te barrer d'ici, je ne doute pas de toi sur le faite que tu sauras aussi le faire pour récupérer ce qu'il te doit. Par contre moi je veux t'oublier, alors oublie mon numéro.

Et bien... je crois que c'est on ne peut plus claire.

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Fin du Chapitre.

Hâte d'avoir vos avis et vos suggestions pour la suite !

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Titre qui m'a inspiré pour ce chapitre : Rihanna - Rehab ft. Justin Timberlake 

Mon Histoire écrite en collaboration : INKED MEMORIES.

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