49- Dimitri

Quand j'arrive c'est le coup de bol. Maintenant que j'ai repéré le code d'accès l'autre jour lorsqu'un type le tapait pendant que j'attendais en bas, je peux pénétrer dans l'immeuble sans clés et sans sonner. Toujours aussi futé le type !

Sur le pallier, je ne suis même pas étonné de voir le blond qui me regarde de travers.

-Qu'est ce que tu lui as encore fait !? me demande t il menaçant du doigt.

-Hein ben rien !

-Mon cul ! Depuis que vous vous êtes barré avec l'autre, elle ne veut pas m'ouvrir et je l'entends pleurer de l'autre côté de la porte !

Le courage dont je m'étais emparé en partant se fait la malle en moins de deux et je me retrouve bien vite désemparé, de nouveau.

-Merde...je grogne en le bousculant pour coller mon oreille contre la porte.

-Alors, c'est quoi ce bordel ?

-Ferme là le blond, j'entends rien !

J'appuie mon oreille un peu plus contre la porte et profite du ce silence pour écouter les lourds sanglots de ma belle violine. Johan me rejoint et m'imite, se plaçant dans la même position que moi. Nous nous retrouvons face à face nos visages à seulement quelques centimètres l'un de l'autre.

-Tu vas me dire ce que t'as maille branlé avec elle ? me crache t il en chuchotant.

-Ma faute, ma faute toujours moi bien sûr ! Tu t'es pas dis que c'était autre chose ?

-Ben non. Depuis qu'elle est la et que je la connais c'est toujours pour toi qu'elle pleure.

-Tagueuses, ses parents sont morts et aujourd'hui c'est LA date !

Il a un mouvement de recul.

-Merde, j'en savais rien.

-Moi nous plus figure toi ! J'ai appris ça qu'aujourd'hui...

Notre position devient malsaine et les pleurs dégageant toute la détresse de Ruby monte d'une octave.

-J'peux pas la laisser comme ça... je dis en passant mes mains dans mes cheveux. Je..je ne sais même pas comment réagir à tout ça ! Je les connaissais et ça me fait quelque chose d'apprendre cette situation que maintenant...

Pendant que j'arpente le couloir les méninges tournant à vingt milles, le blond me stoppe avec un regard indéchiffrable.

-Bon sur ce coup là, je veux bien t'aider. Viens j'ai un truc qui pourra lui remonter le moral.

Il se dirige vers chez lui et laisse sa porte ouverte après son passage, je le suis curieux de sa solution. Dans son appartement, similaire à celui de Ruby mais façon taverne, il se dirige vers ses placards de cuisine. Il en sort une tasse, une boite de chocolat, une autre de cacao en poudre, un sachet de guimauve puis s'empare de la bouteille de lait dans la porte du frigo. Je le regarde s'activer dans sa cuisine et ce n'est que lorsqu'il pose la tasse de lait dans le micro ondes que je l'interpelle.

-Euh tu m'expliques, j'comprends pas ton délire là.

Le micro onde bipe. Il lève le doigt pour m'indiquer d'attendre, sort la tasse, verse le contenu du sachet de cacao dedans, touille et y parsème une poignée de mini chamallow puis me la tend.

-Tiens, apporte lui ça et ces chocolats ça devrait la réconforter.

Je regarde le mug fumant septique.

-C'est bourré de calories ton truc !

-Ouais mais elle, elle en a rien à foutre tu vois. Les nanas quand elles ont un chagrin, elles se fichent de ressembler à quelque chose et elles aiment s'empiffrer de n'importe quoi juste pour dire de se remonter le moral avec du sucre.

-T'es sur de ton coup.

-Je te file cinquante balles si ça ne marche pas.

-Ça va j'te crois, t'es trop sur de toi. Bon.... j'inspire et relâche tout d'un coup sec, ben j'y vais.

Il ajoute un nouvelle poignée de chamallow avant que je me retourne et m'encourage d'un signe de tête. J'ai l'impression de partir à l'aventure, façon koh-lanta, vous savez ce moment où vous devez sauter du bateau en plein milieu de l'océan pour aller à la nage jusqu'au rivage, ben voilà je suis dans cet état de stress. Quand je sors de chez Johan, je prends mes couilles à pleine mains comme dirait le coach et frappe un coup chez Ruby.

Pas de réponse.

Je colle mon oreille contre la porte, je ne l'entends plus pleurer mais des reniflements résonnent derrière la porte. Je re-frappe un coup.

-Laisse-moi tranquille Johan !

-Ruby...c'est moi mon Loup... Ouvre.

Le front collé contre la porte et ma tasse entre les mains, je me reprends de justesse lorsque la porte s'ouvre sans prévenir. Putain depuis le début c'était ouvert.

-Qu'est ce que tu fais ? me demande t elle.

Elle a les yeux rouges, injectés de sang, gonflés, humides et tout bouffi, mais elle est toujours aussi belle, même avec la morve coulant de son nez.

Je lève la tasse.

-On m'a dit que le chocolat adoucissait les mœurs, je ne connaissais pas cette nouvelle technique à la guimauve mais si c'est ça qui peut te faire sourire je suis prêt à aller dévaliser l'épicerie du quartier.

Elle sourit, bingo. Ce n'est pas l'un de ses plus beaux sourire mais au moins j'ai réussi à faire disparaître un léger voile de tristesse. Elle se décale et ouvre la porte pour me laisser entrer. Dire que j'étais la il y a à peine quelques heures et dans une autre circonstance. Elle s'empare du mug que je lui tends et file se poser sur son lit, assise les jambes pliées contre elle. Elle pose la tasse sur ses genoux, tout en réchauffant ses mains contre la porcelaine, à force son breuvage va être froid.

-Tu n'es plus avec Étienne ?

Elle me parle en fixant un point imaginaire devant elle. Son regard est vide de toutes émotions, elle est vidée.

Je m'assois au pied du lit sans aller me mettre a ses côtés, je ne veux pas paraître pot de colle ou même imposant. J'ai besoin de savoir ce qu'elle souhaite et ce qu'elle ressent. Ce que je peux faire pour elle, pour l'aider à avancer et à aller mieux de ce nouveau passage difficile dans sa vie.

-Non...Tecker et Tony l'ont adopté. C'est un mec, il parle nana, mange pizza et bois de la bière. Il a passé tous les tests d'entrée dans la catégorie "du type cool".

Elle hoche la tête, toujours perdue au loin.

-Tu devrais boire ce super chocolat. Ton pote le vendeur de patin s'est donné du mal pour te le faire.

-C'est Johan qui t'a donné ça ?

-Oui. Comment voulais tu que je connaisse ce truc de gonzesse.

Elle me bouscule du bout de son pied et j'en profite pour le lui attraper en tendant sa jambe sur mes cuisses. Elle se laisse faire alors je lui retire sa chaussette et commence à exercer des pressions avec mes pouces sur certains endroits stratégique, j'ai retenu ça de toutes mes séances chez le Kiné après mes nombreuses fractures de la cheville.

-Tu es tendu.

-Parce que le grand Kurby s'y connait en matière de pied ?

-Plus qu'en chocolat oui. Sans rire, laisse-moi faire, ça va te faire du bien.

J'appuie plus fortement ce qui la fait sursauter. Je sais que certains points s'ils sont bien manipulés déclenche le désir, mais là, je me penche plus sur sa stimulation. Je travaille chacun de ses orteils de haut en bas, puis je descends plus bas et à l'aide de la paume de ma main caresse l'intérieur de son pied jusqu'à l'extérieur de ses chevilles. Elle a besoin d'évacuer tout se stresse en elle, de se détendre et de relâcher ses muscles beaucoup trop contractés. Elle a fermé les yeux, et alors que je pense qu'elle s'est endormie, elle se met à me parler. Je n'arrête pas mes mouvements non, je passe à son autre pied tout en l'écoutant se dévoiler à moi.

-Moi aussi j'avais voulu t'écrire une lettre...commence t-elle. Mais pour l'envoyer où ? Ridicule situation. Je t'ai détesté de m'avoir fais ça, de m'avoir laissé seule, perdue et dans le doute. J'ai gardé espoir les deux premiers jours pensant que tu me faisais une mauvaise blague, puis au bout de trois jours, je me suis finalement avoué à quel point tu étais un connard. Le plus grand de la planète.

C'est cadeau. Je m'en prends plein la poire gratuitement mais vaut mieux pas que je l'ouvre. J'ai rien à dire pour ma défense. Tout ce qu'elle déballe et ce qu'elle va déballer car elle en a pas fini avec mon cas croyez moi, je vais devoir encaisser et sans broncher. J'approfondi mes mouvements circulaire sur sa voûte plantaire, ça a l'air de la détendre et en plus ça délie sa langue alors je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin. J'en prends peut-être pour mon grade mais je connais ma Ruby. C'est une tombe mais aussi une bombe à retardement qui garde tout en elle, et le jour où ça pète, sa explose et ça fait mal. Et autant vous dire qu'on est parti pour un tour du monde acharné.

-Dans cette lettre je voulais te dire à quel point je te haïssais, ça ne ce voit pas là comme ça, je suis limite soumise à tes doigts parfait qui me donne un pied d'enfer, mais je t'assure que des fois en y repensant je te hais encore. Je dois t'avouer quelque chose. Quelques mois après ton départ, je me suis vengé, je me suis tapé ton meilleur ami. Ouais, Étienne, j'ai couché avec. Il fallait que je te le dise, d'une parce qu'il a débarqué et de deux parce que si je veux avancer sur une nouvelle base avec toi, je te dois la vérité.

Elle ouvre un œil, me regarde et attend une réaction de ma part. Elle croit peut-être que je vais péter un plomb hors si j'aurais dû le faire, je l'aurais déjà fait lorsqu'Etienne me l'a avoué. Je poursuis naturellement mes gestes en attendant qu'elle poursuive, ce qu'elle fait hésitante à mon manque de réaction.

-Si ça peut te faire plaisir, je n'avais même pas pris mon pied.

J'esquisse un sourire en repensant à ce que m'a dit Étienne : Tu aurais réagis comment si c'est mon prénom qu'elle aurait crié ?!

-Tu hantais encore bien trop mon esprit malgré ce deal que j'avais passé avec lui. Je devais t'oublier, t'effacer de mon esprit mais le faire signifier t'effacer de ma vie à tout jamais. Aujourd'hui, je ne regrette pas de ne l'avoir jamais fait. La preuve, regarde ou on n'en est...

Moi non plus ma belle je ne regrette pas d'avoir toujours gardé espoir, moi non plus...

-Puis après j'aurais continué à t'écrire en t'expliquant qu'il y a eu ce drame. Ce cauchemar qui a détruit ma vie une seconde fois, car la première fois, c'était toi, lorsque tu es parti. A croire que toute les personnes que j'aime juge utile de m'abandonner en me laissant seule, le cœur brisé. Ça serait me mentir à moi même de dire que je n'en ai jamais voulu à mes parents au contraire. Je leurs en veut chaque jour d'avoir voulu faire ce foutu voyage, j'en veux même à cette merde d'océan de me les avoir arraché sans jamais me les renvoyer. Parfois, même très souvent, je me sens noyée, abandonnée en eaux troubles comme si la terre entière m'en voulait et souhaitait me voir sombrer sous le poids de toute cette impuissance. Car je le suis, impuissante. Ça m'arrive d'être bien comme maintenant avec toi, malgré que te dire tout ça me ravage de l'intérieur mais j'ai beau vouloir y faire quelque chose cela n'enlèvera jamais mes pleurs. Moi, je fais comme Dumbo, je ne fais que voler au dessus de mes défauts, mais aujourd'hui, j'ai envie de me poser sur l'un de mes plus gros défauts.

-Lequel ? je demande curieux.

-Savoir accorder son pardon, surtout si cette personne en vaut la peine.

Elle ouvre enfin les yeux et plonge ses prunelles grises dans les miennes en me fixant un long moment tout en glissant ses doigts dans mes cheveux.

-Si je veux pouvoir trouver un peu de bonheur dans ma vie il faut je sache l'accepter quand il frappe à ma porte.

-Tu estimes donc que j'ai assez frappé depuis que tu es arrivé ? À moins que tu ne parles pas de moi mais de ton collègue le blond qui tambourinait tout à l'heure ta porte lorsque je suis arrivé.

Elle me fout une pichenette sur le nez et ça me fait éternuer. Elle glousse en émettant un joli petit son ce qui arrive enfin à me détendre. Mon cœur était comme pris dans un étau depuis qu'elle avait ouvert la bouche.

-Beta, je parle bien de toi. Johan s'inquiétait depuis que vous étiez parti avec Étienne parce que je me suis senti comme abandonné...

-Je t'ai déjà dis que je ne t'abandonnerais plus jamais Ruby !

Je ne veux plus qu'elle croit cela, je veux qu'elle sache que désormais quoiqu'il arrive je ne prendrais plus jamais le risque de la perdre à nouveau.

-Tu sais, il y a bien longtemps que je ne crois plus aux promesses Dimitri. Pas depuis que deux m'ont été trahi. T'accorder mon pardon est déjà un effort surhumain pour moi alors accepte ce que je te donne même si ce n'est que des petites poignées par ci par là, peut être qu'à la fin tu obtiendras la pioche gagnante.

-Je gagne toujours Ruby surtout quand je suis obstiné.


Et elle, elle est devenue mon obsession.

_____________

Fin du Chapitre.

Hello mes chats !
Je sais que vous devez me détester pour cette attente interminable que je vous fais subir, mais en ce moment c'est pas facile, je suis débordée mais ça ne m'empêche pas de penser à vous !

D'ailleurs j'ai besoin de vos avis....

Qu'imaginez vous pour la suite ?

Entre Ruby et Dimitri (même si je sais ce que vous voulez déjà haha 😋)
Pour la vie de Ruby, celle de Dimitri ?
Ainsi que les autres personnages ?

Je vous laisse m'envahir d'idées car vos envies sont aussi les miennes !

Je vous embrasse !
Love.❤

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N'oubliez pas -->

Mon Histoire écrite en collaboration : INKED MEMORIES 1 & 2.

Twitter : CCycy0209 & ChouStiik

Instagram : choustiikbook

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