Chapitre #4

MEDIA: KATH

« Eh, ça va? me demande ma sœur. »

J'ai l'impression que ça fait une éternité que je suis sur ce canapé. Et je n'ai toujours pas vu Matthieu sortir...qu'est-ce qu'il fabrique en haut? Il ne va pas à sa fête? Oh, j'aimerais tellement qu'il y aille. J'ai besoin de pouvoir m'allonger sur mon lit, seule, dans ma chambre, en mangeant un peu de chocolat et en regardant un bon film (pour Noël, j'ai eu une télé dans ma chambre, ouii!).

« J'ai l'air si mal en point? je réponds finalement à Kath.

— Bah, t'as pas l'air bien. M'enfin, ne me raconte rien, en fait, je m'en fous de ta vie.

– Merci beaucoup, lancé-je avec sarcasme. Tu es toujours si aimable avec ton entourage. »

Entre elle et Matthieu, je n'en mène pas large.

Je passe une main sur mon front. Il faut que j'arrête de dramatiser. Surtout, arrêter de me prendre la tête à cause de Matthieu. Je ne veux pas que ça recommence comme avant. Avant, quand on était ensemble. Les choses ont bien changé depuis.

Ma mère débarque au salon:

« Quelqu'un m'aide à faire la vaisselle? »

Je me porte volontaire, sachant qu'avec ma sœur il n'y a aucune chance. Maman part déjà dans la cuisine. Je me lève péniblement et tombe nez à nez avec...devinez qui? Matthieu, évidemment! Le hasard fait bien les choses, on dit. Mon œil.

Nous nous observons, immobiles, face à face. Je ne sais pas comment me comporter. Il ouvre la bouche pour parler mais je le devance:

« Je dirai que tu es parti réviser avec un ami pour un contrôle, et que tu risques d'en avoir pour longtemps car la leçon est compliquée. Amuse-toi bien.

Je fais un bref sourire forcé puis le contourne et file à la cuisine tandis qu'il reste devant l'entrée, bras ballants, sans mot dire.

Tout en lançant un "c'est bon, je m'en occupe, laisse" à ma mère, je me mords la joue. Quand je suis en face de lui, j'ai envie de le toucher, de le serrer dans mes bras, et qu'on oublie tout.

D'où ces envies me viennent-elles? Jusqu'à aujourd'hui, tout allait bien! Pourquoi faut-il que ça me tombe dessus si subitement!

Et voilà, encore des questions et des tourments. Je dois arrêter.

– ...Chloé, tu m'écoutes quand je te parle?

La voix de plus en plus insistante de maman me tire de mes pensées.

– Hein?

– Tout va bien, Chloé?

– Oui, oui. Désolée. Je suis fatiguée, c'est tout.

-Bon, alors couche-toi tôt, ce soir! Il est déjà vingt heures trente. Moi, je vais au lit de ce pas. J'ai eu une journée épuisante. Et puis, tu sais, avec le bébé..."

Elle touche son ventre arrondi. Je souris.

– Je sais. Bonne nuit, alors.

– Bonne nuit, ma chérie. »

Elle monte se mettre au lit et je me dépêche de finir de remplir le lave-vaisselle. Je veux appeler Bea, j'ai besoin de me confier à quelqu'un, et Bea est ma meilleure amie depuis la primaire. Plus les années passent, plus on est proches. Je lui fais totalement confiance, et je sais qu'elle ne me jugera pas.

Je demande à Kath de monter dans sa chambre puis compose son numéro. Malheureusement, je tombe sur son répondeur. Je tente un deuxième essaie. Au bout de quelques sonneries, sa voix essoufflée me parvient de l'autre bout du fil.

– Allô?

– Salut, c'est Chloé!

– Ah, salut! Désolée, j'étais en train de me débattre avec l'aspirateur. Tu te rends compte que mes parents me demandent de passer l'aspi à neuf heures du soir? Je me demande ce qui leur passe par la tête, parfois. »

Je ris.

« Dis donc, reprend-elle, pourquoi tu n'es pas venue en cours aujourd'hui? Je me suis ennuyée, sans ma voisine de classe!

J'entreprends de lui raconter ma journée, les épisodes avec Matthieu, mes sentiments, tout.

– Waw, je vois...alors comme ça, tu aimes toujours Matthieu? fait-elle lorsque j'ai terminé.

– Malheureusement, je crois que oui...Tu ferais quoi, à ma place? J'ai vraiment besoin d'une solution!

– Pour le moment, si j'étais toi, je ferais comme si de rien n'était. Enfin, sur le moment, là, je ne sais vraiment pas quoi te dire...de toute façon, tu ne le revois pas avant demain matin, alors ce soir je réfléchis et je t'appelle demain matin dès que possible pour te donner mes idées! Mais, franchement, je suis pas une machine à solutions, moi...il faut voir comment il va agir, demain. Va falloir faire au feeling.

– Moui. Je sais. Bon, on se rappelle demain alors.

– Super! Bisous! »

Nous nous disons au revoir et raccrochons.

En soupirant, je donne ses croquettes à Sultan puis monte. J'allume ma télé et choisis une comédie. Je m'installe confortablement dans mon lit, une tablette de chocolat à côté de moi, et c'est ainsi que je finis ma soirée.

*****

– CHLOOOOOOOÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ!

Je me réveille en sursaut. Putain, mais c'est qui, l'idiot qui hurle mon nom? Au début, je croyais que c'était uniquement dans mes rêves...apparemment, c'est faux.

Je prends le temps de réfléchir, puis je trouve. Ah. Encore...

Épuisée, je me lève tout de même et descends.

– Matthieu, c'est incroyable que tu n'ais pas encore réveillé tout le quartier...c'est décidé, je ne te laisse plus jamais aller à une fête.

Il est encore bourré. Allongé par terre, à même le sol, il gueule mon prénom depuis dix minutes.

Je me précipite vers lui.

– Tais-toi, merde!

– Oh, tu es là! Je t'aime!

– C'est ça, grommelé-je. J'en ai marre de devoir m'occuper de toi chaque fois que tu bois trop. »

Je le force à se lever et il s'effondre sur moi. Je le traîne tant bien que mal jusqu'à la cuisine. Heureusement, il n'a réveillé que moi. Si mes parents le voyaient dans cet état...

Je le fais s'asseoir sur une chaise et vais lui remplir un verre d'eau.

« Bois. »

Il tente de prendre le verre mais sa main tremble et il manque de le laisser tomber.

« Mais tu peux même pas tenir un verre? Combien de bouteilles d'alcool t'as bu? Faut que t'arrête! Je peux pas te ramasser à chaque fois!

Dès qu'il va à une soirée, ça finit comme ça. Je suis obligée de le gérer et de m'occuper de lui en priant pour que mes parents ne découvrent rien.

Il me regarde, à moitié endormi.

– Chloé...

Je soupire, agacée.

– Quoi?

– Tu veux coucher avec moi?

Et il se marre, comme si c'était la chose la plus drôle du monde.

Je me redresse d'un bond et vais chercher un seau d'eau que je remplis. Je m'approche de Matthieu et lui renverse le tout dessus. Il hurle. Ça devrait le dessoûler un peu.

Il se relève et crache de l'eau, puis se tourne vers moi.

– T'es folle ou quoi?

– Tu te sens bien, maintenant?

– Oui, bien sûr, je viens juste de me prendre cinq litres d'eau sur la tête! crache-t-il.

– C'est confirmé, tu n'es plus soûl, lâché-je. »

S'il a retrouvé son agressivité habituelle, c'est qu'il va mieux.

« Bon, moi je vais me coucher. Merci de m'avoir réveillé en pleine nuit et de m'avoir proposé de coucher avec toi. »

Sur ce, je m'éloigne et me remets au lit. Je me rendors presque immédiatement.

*****

Je me réveille avec un mal de tête affreux.

Je sens un poids sur mon ventre. Je sursaute et me redresse d'un bond sur mon lit. J'entends un grognement à côté de moi.

Je m'écarte brusquement.

« Matthieu, tu fous quoi dans mon lit?! J'ai failli faire une crise cardiaque!"

Il enfouit son visage dans l'oreiller en marmonnant:

– Dommage que tu ne sois pas morte de ta crise, ça m'aurait fait des vacances... »

Je l'observe quelques instants. Même quand il dort, il est mignon. Je m'oblige à détourner le regard et le pousse sans ménagement hors du lit.

« Aïe! crie-t-il.

Il se met debout, les cheveux ébouriffés.

– Comment ça se fait que tu sois avec moi dans mon lit? Ça ne te suffit pas, d'avoir un lit pour toi tout seul, il faut que tu viennes dans celui des autres?

Je respire un grand coup et...

– Berk! Et puis c'est quoi cette odeur?

– J'ai vomi dans mon lit, m'explique-t-il, penaud, sans me regarder.

– Et tu ne pourrais pas nettoyer? T'es sale, franchement...

– J'étais bourré! »

Il me sourit d'un air espiègle.

Je lève les yeux au ciel.

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