Chapitre #32

PDV CHLOÉ

Je n'arrive pas à décoller mes lèvres des siennes, c'est simple.
À l'instant où il m'a embrassé, tout autour de moi s'est évaporé; et il ne reste plus que lui et moi, sa bouche sur la mienne.

Une pensée extérieure demeure tout de même claire dans mon esprit: Dylan.
Il y a Dylan.
Je n'ai pas le droit. Je ne peux pas.

Seulement, là, je m'en fiche. Là, tout ce qui compte, c'est Matthieu.
Je me refuse à penser à ce qui est bien ou mal. Il n'y a que Matthieu qui est important.

Il pose sa main au creux de ma nuque, ses doigts effleurent ma joue, mes cheveux; tandis que son autre main tient toujours fermement la mienne.

Je me sens bien, juste bien. En sécurité. Ce contact, malgré que je n'ai pas voulu l'admettre, je l'attendais. De tout mon cœur.

Comme paralysée, je ne bouge pas et répond à son geste. Sa langue se glisse entre mes lèvres et notre baiser s'intensifie.

Forcément, ce moment devait être gâché: soudain, deux coups se font entendre à la porte de la chambre.

Cependant, cette fois, au lieu de nous éloigner brusquement, Matthieu prolonge l'échange encore quelques secondes puis décolle lentement ses lèvres des miennes.

Lorsqu'il s'écarte et que je peux clairement observer son visage, je remarque que ses yeux brillent. Il me fixe d'un air étrange, profond. Les battements de mon cœur ne veulent pas ralentir.
Je finis par sourire et lâche un rire gêné.

– Putain, on changera jamais.

Puis mon père fait irruption dans la chambre.

« Debout, les ados! Aujourd'hui, soirée en famille!

– Oula, depuis quand on fait des soirées en famille? m'étonné-je.

Au fond, tout ce que je veux m'écrier, c'est: « tu nous as interrompus pour ça? Une soirée en famille, sérieusement? »

– Depuis maintenant! Je pense qu'on ne passe pas assez de temps tous ensemble. C'est d'ailleurs pour ça que, demain soir, on vous emmène au resto! »

Je secoue la tête:

– Le resto c'est génial, mais la soirée en famille... qu'est-ce qu'on fait?

– Nous allons jouer au Time's Up!

- Magnifique, soupire Matthieu. »

Le Time's Up est un jeu de société qui consiste à  tirer une carte où est inscrit un mot et à, soit mimer ce mot, soit donner des mots en rapport avec celui-ci, en un temps limite. Super.

Je tente de protester mais en vain, Matthieu et moi finissons par descendre.

« Où est Kath? questionné-je en voyant ma mère assise seule sur la table à manger.

– Ouais, renchérit mon faux demi-frère, si elle vient pas c'est pas juste!

– Elle arrive, râle ma mère, elle est juste aux toilettes! »

Ma sœur arrive et nous commençons à jouer.

Au bout d'une vingtaine de minutes, alors que Matthieu vient d'essayer de mimer une taupe et que tout le monde est mort de rire, il se tourne discrètement vers moi; joins ses mains pour former un cœur, puis les porte à ses lèvres, les aplatis et souffle en ma direction.
Il m'envoie un cœur. Euh...ok?

Un sentiment étrange s'empare de moi. Un frisson me parcourt et je ne peux que détourner le regard, les joues brûlantes.

Est-ce que c'est un simple mime pour rigoler et je suis encore en train de réagir excessivement?

Ou cette fois-ci voulait-il me faire passer un message?

Je n'ose pas penser quel message ça pourrait être. Parce que c'est invraisemblable. Cela paraît impossible.

Putain, je suis conne. Ce n'est qu'un petit cœur mimé, un jeu de gamin.

Et, surtout, j'essaie de toutes mes forces de ne pas penser à Dylan. Je n'ai pas le courage, en ce moment, de me laisser envahir par une culpabilité étouffante.
On sort ensemble depuis quelques heures à peine, et je...

Non. Stop. N'y pense pas.

Matthieu revient s'installer près de moi.
Il se penche vers moi.

« Alors, t'as bien aimé mon mime? »

Je toussote pour éviter sa question et détourne la tête.

Il pousse un léger soupir et baisse la tête, lèvres pincés. On dirait qu'il se sent... blessé.

Malgré moi, l'idée qu'il ait peut-être voulu me dire "je t'aime" ressurgit dans mon esprit. Toutefois, je trouve immédiatement cette pensée ridicule. Venant de Matthieu? Non, il doit déconner.

Je ris de moi-même d'avoir pu croire — ne serait-ce qu'une poignée de secondes — qu'il me faisait passer un mot important.

Je lâche un ricanement étranglé rempli d'amertume. J'espère toujours trop.
Après tout ce qu'il fait... je ne peux plus me donner d'espoir comme ça.

Ça finit par me déprimer, et déposer cet arrière-goût d'amertume dans ma bouche.

Mais, ensuite, je repense à tout ce qu'on a vécu ensemble. Depuis quelques semaines, lui qui me tourne autour, nos baisers, nos disputes basées sur de la jalousie, en fait ...

Et je me dis que, peut-être, peut-être
en dépit de tout ce que je m'efforce de penser
il y a de l'espoir
peut-être,
un tout petit espoir,

qu'il soit retombé amoureux de moi.

***

« Bonne nuit, me souffle-t-il depuis son lit.

– Bonne nuit. Ça te dérange si je laisse encore un peu la lumière? J'aimerais lire.

– Non, non, t'inquiète pas.

– Merci. »

Je saisis mon livre, "Paper Towns" de John Green; puis, au dernier moment, me ravise à l'ouvrir.

Je me sens bizarre — plutôt, je ne sais pas comment je me sens. Tous mes sentiments se mélangent, s'entrechoquent.
Parce que je me suis autorisée à espérer.
Parce que je me suis dit peut-être.

Peut-être que je fais une erreur.
Mais peut-être qu'il m'aime.

Après une longue hésitation, je finis par pincer les lèvres et m'extirper silencieusement de mon lit.

Je m'approche pour me glisser aux côtés de mon faux demi-frère. Lorsque je rabats la couette sur nous, il se roule sur le côté, vers moi, et m'observe, légèrement surpris.

Je soutiens son regard un instant puis tourne la tête pour fixer obstinément le plafond.

Il dit:
« Tu viens pour poursuivre ce qu'on a commencé avant la soirée en famille? »

Et je devine le grand sourire qui étire ses lèvres, et ses yeux caramel rieurs et pétillants.

Je ne peux m'empêcher de rire, tentant de masquer mes joues brûlantes.

« Tais-toi, je réponds.

– Je sais que tu en as envie, me nargue-t-il d'une voix aiguë.

– Tais-toi, je répète. »

Mais je me mords la lèvre et rougis de plus belle.
Je sens son attention portée sur moi; plus mal à l'aise que moi, on ne peut pas faire.

Il y aurait un moyen pour ne plus me sentir autant embarrassée.

Je soupire.
« Pourquoi pas, au point où j'en suis. »

Au point où j'en suis, ça ne sert plus à rien de lutter.
Je me redresse, me penche au-dessus de lui et pose délicatement mes lèvres sur les siennes.

***

Désolée pour le retard (oui je vais m'excuser à chaque fin de chapitre😂) je suis en vacances et je n'ai pas facilement accès à la 4G à l'hôtel, bref!

Voilà un chapitre avec pas trop d'actions, on voit juste que Matthieu et Chloé sont en train de vraiment se rapprocher petit à petit...beaucoup, même, en fait xD

Ça vous plaît?

J'ai les 2 chapitres suivants bien en tête, je manquerai juste de temps pour les rédiger... les idées sont là, c'est déjà ça!

Bisous😙

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