Chapitre #31
On toque à la porte; évidemment, je présume que c'est Matthieu.
– Tu peux pas me laisser seule une seconde? craché-je.
Je me sens coupable... coupable par rapport à Dylan.
J'aime toujours Matthieu. Avec sa stupide question pendant le dîner, il me l'a bien rappelé.
Je déteste l'aimer.
J'ai envie de passer du bon temps avec Dylan. J'aimerais juste ne pas me sentir autant "prisonnière", autant attachée à Matthieu.
Moi qui disait il y a quelques heures que je m'en foutais de ce qu'il faisait à partir de maintenant... c'est tombé à l'eau.
Je suis trop sensible, peut-être. Il a cette influence sur moi... il arrive à m'agacer au plus au point, et la minute d'après me donner envie de l'embrasser.
À ma grande surprise, c'est ma mère qui apparaît dans l'encadrement de la porte.
Elle s'avance et vient s'installer au bord de mon lit.
« Chloé, tu ne peux pas quitter la table comme ça, chaque fois que ça te chante, sans nous expliquer pourquoi. Ça fait plusieurs fois que tu nous fait le coup... est-ce qu'il se passe quelque chose avec Matthieu? »
Il se passe toujours des choses avec Matthieu.
J'avale ma salive et répond d'une voix qui tente de paraître assurée:
– Non, non, tout va bien.
– Alors pourquoi tu quittes la table d'un air énervé tout le temps? On est en famille.
– C'est, euh... les remarques du prof et mes heures de colle, ça m'a énervée. J'ai pas l'habitude de me prendre des sanctions, c'est tout. »
Ma mère me juge d'un air grave.
« Tes notes ont beaucoup chuté ces derniers temps, finit-elle par lâcher.
– Je vais me rattraper, promis, m'empressé-je de répondre. »
Je veux mettre fin à cette discussion le plus vite possible. Elle ne fait que me rappeler que, tout ça, c'est encore en rapport avec Matthieu. C'est lui, la raison. Toujours lui.
Ça me met en rogne. Pourquoi les choses ne peuvent-elles pas rester simples?
« Tu as une moyenne de 9,5/20 en maths. Tu n'as jamais été aussi bas! poursuit ma maternelle.
– Je vais me rattraper, répété-je.
– J'ai pensé... enfin, ton père et moi avons pensé qu'on pourrait faire venir un prof à la maison pour t'aider.
Je lui lance un regard outré.
– Maman, je te dis que je vais bien! Je n'ai pas besoin d'aide. »
Sans prêter attention à ma remarque, elle enchaîne:
« Matthieu aussi a des lacunes en mathématiques. Donc, j'ai engagé un prof pour vous deux qui vous fera travailler en dehors du collège.
– J'ai déjà assez de travail comme ça, m'insurgé-je.
– Du travail que tu ne fais pas, et tu te prends des remarques! réplique ma mère du tac au tac. »
Surtout pas de cours particuliers avec mon faux demi-frère. Puis, je n'en ai pas besoin! Elle ne comprend rien.
De plus, je sais très bien que Matthieu est intelligent et n'a aucune difficulté en maths; c'est juste qu'il ne se donne pas la peine de faire un effort pour y arriver.
« Je ne veux pas, grogné-je.
– On ne te laisse pas le choix, Chloé. J'en ai déjà parlé à Matthieu, il est d'accord.
– Lui? Il est d'accord? »
Elle lève les yeux au ciel.
« Il a un peu râlé évidemment, mais il a fini par céder.
Je croise mes bras sur ma poitrine et hausse les épaules.
– Si ça vous fait plaisir. Mais je vous dis que ça ne changera rien. »
***
– Quoi encore?!
Je ne peux pas rester seule dans ma chambre quelques minutes, en paix?
Cette fois, c'est Matthieu, comme je m'y attendais. Il vient me rejoindre et s'assois près de moi sur le lit.
« Ça va?
Je tourne la tête vers lui d'un air las.
– J'en sais rien.
Il reste silencieux puis m'informe:
– Comme tu t'en doutes, Emily a rompu avec moi. Elle a dit que de toute façon, elle rentre dans quelques jours, et que notre relation n'aboutit à rien.
– Je suis désolée, me forcé-je à articuler, même si je ne suis pas si désolée que ça. »
Il me fixe de ses beaux yeux chocolat.
« Tu es triste, alors? demandé-je.
Il hausse les épaules.
– Pas tant que ça, en fait. Pourtant, je l'aimais vraiment bien.
– Mmh, réponds-je distraitement.
– Tu es plus importante, ajoute-t-il. »
Je soupire et me place en face de lui.
« Et quoi, maintenant? Tu me fais un compliment, je vais me sentir importante et après te comporter comme un con et me blesser? Moi j'arrête tout ça avec toi. J'arrête, Matthieu. Laisse-moi. »
***
PDV Matthieu
Allez, putain. C'est le moment idéal pour la ramener à moi en lui avouant mes sentiments. Mes sentiments pour elle, si vous voyez ce que je veux dire.
Même dans ma tête, j'arrive pas à dire ces mots, c'est pas possible!
Et pourquoi ma gorge reste bloquée? Pourquoi est-ce si dur de lui adresser ces deux mots?
C'est pas compliqué, merde.
Si je n'arrive pas à parler, je pourrais l'embrasser... non, mauvaise idée. Elle va penser que je continue à la manipuler.
Ce qui n'est pas le cas. Je ne la manipule pas comme je veux... c'est juste que, sans savoir pourquoi, je n'arrête pas de faire les choses de travers. Je fous tout en l'air, chaque fois.
D'un geste mal assuré, je prends ma main dans la sienne et entremêle mes doigts aux siens.
Elle ne me repousse pas.
Ce contact me procure soudain un bien fou. Je me détends, et nous gardons le silence un long moment.
Je vois bien que, contrairement à moi, Chloé est crispée. Elle ne sait pas comment réagir, et je la comprends.
Le problème, c'est que, elle, elle ne me comprend pas.
Je me racle la gorge.
« Je n'ai jamais voulu être méchant, ni te blesser autant que je l'ai fait. Tu peux pas comprendre, et c'est normal, je sais que...-
– C'est là que tu te trompes, m'interrompt-elle. »
Elle pose sa main libre sur mon genou et poursuit:
– Je sais que tu ne voulais pas me faire du mal. Et, la vérité, c'est que tu m'as tout de même fait mal. Tu es maladroit avec moi, (elle ébauche un faible sourire) tu l'as toujours été. Je t'en veux, évidemment, mais je m'en veux aussi à moi-même de prendre les choses tant à cœur. Dès que ton nom arrive dans une affaire, j'ai tendance à avoir des réactions un peu... exagérées, tu sais. Parce que je tiens à toi. Même un peu trop, j'imagine. »
Elle a déballé tout ça en me regardant droit dans les yeux. J'ouvre la bouche pour répondre quelque chose, cependant encore une fois les mots justes ne sortent pas.
Ou peut-être que là, maintenant, il n'y a tout simplement rien à dire. Nos simples regards, suffisent.
Je me penche vers Chloé et dépose tendrement un baiser sur sa joue.
Toutefois, alors que je voudrais, que je devrais éloigner mon visage, je me retrouve à coller mon front au sien et à laisser flotter nos lèvres à quelques centimètres.
Contrairement à ce à quoi je m'attendais, elle ne me repousse pas. Je sens les battements de son cœur s'accélérer.
Soudain, je pense à Dylan. Elle sort avec lui à présent..pour de vrai, apparemment.
Cette pensée devrait me retenir de l'embrasser. Pourtant, au contraire, elle me donne encore plus envie de le faire.
Pour des raisons stupides.
Pour lui montrer que je vaux mieux que Dylan. Que j'embrasse mieux que Dylan. Que je peux lui offrir bien plus que Dylan.
C'est égoïste, et possessif. Je sais.
Mais bon, ça ne changera pas de d'habitude.
Là, au moins, ça vaut le coup de tout foutre en l'air.
***
J'aime beaucoup la fin de ce chapitre personnellement😏 et vous?
Un point de vue de Matthieu pour pimenter le tout!
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