Une saisissante révélation

Poudlard, infirmerie

Madame Pomfresh attrapa le bras de Ginny Weasley et posa doucement sa baguette au niveau de son poignet. Aussitôt, les battements du cœur de la rouquine se firent entendre dans la pièce, comme si quelqu'un avait jeté un sortilège de « sonorus » sur le corps de la jeune femme. Les pulsations étaient régulières, mais légèrement plus rapides que d'ordinaire.

Madame Pomfresh fronça les sourcils et reposa savamment le bras de Ginny contre ses flancs.

Quelque chose clochait.

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A l'instant même où elle était entrée dans la chambre de sa malade, l'infirmière avait constaté que Ginny n'était pas dans son état normal. Les joues de la Gryffondor avaient une teinte foncée, comme si elle avait de la fièvre, et sa respiration était de plus en plus rapide.

En s'approchant de sa patiente, l'infirmière avait également constaté que ses doigts étaient agités de minuscules soubresauts nerveux.

Cela ne pouvait signifier que deux choses.

La première était la plus rassurante et la moins probable. Ginny allait bientôt se réveiller.

La seconde était des plus effrayantes et la plus logique. Ginny était en train de plonger dans un coma de plus en plus profond, et son cœur vivait peut-être ses derniers battements, fous, dans l'espoir d'émerger de sa torpeur.

Le visage de Madame Pomfresh devint livide. Il fallait que Ginny Weasley se réveille.

Il le fallait absolument.

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Poudlard, salle de classe

Hermione fixa Drago et ouvrit la bouche comme si elle allait dire quelque chose. Finalement, elle la referma et reporta son regard sur la feuille qui se trouvait devant elle. Sa main trembla en saisissant sa plume qu'elle fit tourner entre ses doigts.

Elle était particulièrement mal à l'aise en présence du Serpentard. Cela avait, évidemment, un lien étroit avec le moment particulièrement intense qu'ils avaient partagé dans l'infirmerie. Mais, contrairement à ce que l'on aurait pu imaginer, Hermione ne se sentait pas mal parce que Drago l'avait embrassée et qu'elle l'avait repoussé, mais parce qu'elle avait envie qu'il recommence.

Elle ne cessait de se dire que de telles pensées lui étaient totalement indignes, mais elle n'arrivait pas à lutter contre elles, comme si elles avaient toujours fait partie d'elle. Comme si elles étaient inévitables.

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En réalité, elle avait encore rêvé de lui et de ses lèvres, de ses mains. Cela faisait plusieurs nuits qu'elle se réveillait en sursaut dans la pénombre du dortoir, persuadée d'avoir été surprise en train d'embrasser fougueusement Drago Malefoy. Lorsqu'elle ouvrait les yeux, à ce moment là, elle était souvent en sueur. Elle avait bien essayé de mettre cela sur le compte de la fièvre qui s'abattait sur elle chaque nuit depuis qu'elle avait contracté le virus... Mais elle savait que ce n'était pas entièrement vrai.

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Malheureusement pour elle, Hermione se souvenait très bien du baiser qu'ils avaient échangé et des sensations qu'elle avait ressenties. Chaque sentiment qui l'avait traversée, chaque frisson qui était remonté le long de son dos, chaque poil qui s'était dressé sur ses bras. Pourtant les détails les plus insignifiants de leur étreinte commençaient à disparaître... La lueur étrange qu'elle avait aperçue dans les yeux de Drago, la façon dont il l'avait collée contre lui, la rapidité de son souffle sur sa peau. Et ces détails, aussi insignifiants soient-ils dans l'immensité de toute une vie, elle n'avait pas envie de les perdre.

Elle ne savait pas pourquoi elle pensait de telles choses, et elle n'avait même pas envie de le savoir. Au fond d'elle-même, elle sentait différents plans s'échafauder et des hypothèses se mettre en place. Ses réflexions la menaient toujours à la même conclusion, effrayante et pourtant si simple, si éloignée de la réalité qui les poursuivait.

Il était évident pour elle qu'elle commençait à éprouver des sentiments qui dépassaient la simple amitié pour Drago.

C'était une chose qu'elle ne pouvait se permettre, sous aucun prétexte. Il y avait trop de choses qui se jouaient. L'avenir du monde même peut-être, qui sait ? Hermione savait qu'elle ne pouvait pas se permettre de faire le moindre faux pas. Elle devait rester entièrement concentrée sur le virus et à l'entière disposition d'Harry, au cas où il aurait besoin d'elle.

Il fallait qu'elle résiste à ces stupides émotions, quoi qu'il lui en coute.

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Drago n'en menait pas large. Il essaya de se concentrer sur son parchemin. Malgré lui, il ne parvint pas à ignorer l'odeur de la peau d'Hermione qui semblait coller à son corps. Il ne tourna même pas la tête vers elle. Plonger ses yeux dans les siens aurait été une erreur. Il savait qu'à l'instant même où elle s'approcherait de lui sans s'en rendre compte, il ne contrôlerait absolument plus rien.

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Il ne devait pas se mentir. Son amitié avec la Gryffondor semblait, pour le moment, un peu compromise. La proximité d'Hermione était de plus en plus difficile à supporter, surtout depuis qu'il savait le goût qu'avait ses lèvres. Il devait faire un effort surhumain pour ne pas s'approcher d'elle et mettre son nez dans ses cheveux, respirer son parfum. C'était encore plus ardu de se retenir, depuis qu'ils s'étaient embrassés.

Avait-elle apprécié ? Il l'ignorait. La façon dont elle lui avait répondu prouvait qu'elle n'avait pas détesté. Mais après ? Etait-ce une simple envie qui lui était passée par la tête à cet instant ? Un irrépressible désir de connaître le goût de ses lèvres sans éprouver le moindre sentiment ? Si seulement elle avait imaginé, rien qu'un instant, ce que cela avait représenté pour lui... Nul doute qu'elle n'aurait sans doute pas franchit cette distance tenue qu'ils avaient mise en place.

Mais elle ne savait rien. Elle l'avait provoqué, elle avait usé de ses charmes diaboliques et il avait craqué.

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Il n'arrivait pas à comprendre comment il avait pu céder à ses pulsions. Il avait fait tellement d'efforts pour ne pas répondre à l'appel du corps d'Hermione... Et finalement, il l'avait laissée franchir cette barrière qui lui semblait pourtant solide et bien érigée. Il avait réduit tous ses longs et fastidieux efforts à néant pour pouvoir l'embrasser juste une fois.

Maintenant, plus rien n'arrivait à distraire son attention. Seul flottait inlassablement le souvenir de ses mains, de sa bouche, de ses soupirs qu'il avait provoqué.

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La voix d'Hermione le ramena peu à peu sur terre. Il quitta ses pensées confuses et essaya de se concentrer sur ce qu'elle disait, oubliant pendant quelques secondes la saveur bien particulière de sa bouche.

« Drago, il faut que je te dise quelque chose. »

Le ton de voix de la jeune femme dénotait une certaine appréhension. Drago fit un effort considérable pour se tourner vers elle.

Hermione avait l'air en proie à la panique et tordait ses doigts les uns contre les autres, ses yeux posés sur son parchemin. Cette mimique n'échappa pas à Drago, qui comprit que ce qu'elle avait à lui dire était important. Il l'avait côtoyée assez longtemps pour savoir que cette torture qu'elle infligeait à ses mains était un signe d'angoisse. Il se tourna vers elle de manière à pouvoir être à son entière disposition et la regarda dans les yeux.

« Je t'écoute, Hermione. Dit-il en reprenant doucement contenance.

-Et bien, tu sais, commença Hermione, le jour où je suis sortie de l'infirmerie...

-Oui ? L'incita Drago, agacé par ces pauses théâtrales qu'elle prenait souvent lorsqu'elle avait quelque chose de crucial à lui annoncer.

-Je ne suis pas exactement rentrée dans mon dortoir tout de suite. »

Drago haussa un sourcil puis eut un sourire narquois. Son corps se détendit et son ton sarcastique revint naturellement franchir sa bouche.

« Tu te sens obligée de me donner en détails tous tes faits et gestes, Hermione ?

-Mais non, pas du tout ! S'emporta immédiatement la jeune femme en secouant la tête d'un air exaspéré. Laisse-moi finir ce que j'ai à dire!

-Si tu insistes... Reprit Drago sur un ton amusé.

-A moins que ça ne t'intéresse pas... Fit Hermione d'un air dédaigneux.

-Je suis très concentré, Hermione, tu peux y aller. Ca m'a l'air vraiment important, je ne voudrais pas gâcher un tel moment. Lui assura Drago, gardant son sourire.

-Tu es sûr ? Grinça Hermione, peu convaincue.

-Certain Granger. Je te taquinais.

-D'accord... Finit par dire la jeune femme. Donc ce jour là, je ne suis pas allée tout de suite à mon dortoir parce que je suis allée voir Dumbledore. Madame Pomfresh m'avait dit qu'il voulait me voir.

-Intéressant... Admis Drago en se penchant davantage vers la jeune femme. Et que t'as dit le vieux gâteux ?

-Drago, il est loin d'être gâteux ! Le réprimanda Hermione. D'ailleurs, s'il l'est, tu peux m'expliquer comment il a découvert que nous étions enfermés dans un placard le jour où nous l'avons surpris en train de discuter avec Rogue ? »

Drago se recula instantanément, s'appuyant de tout son poids contre le dossier de sa chaise. L'expression de totale incrédulité qui marqua ses traits n'échappa pas une seconde à Hermione qui fut satisfaite de lui avoir enfin cloué le bec.

« Il... Quoi ? Bredouilla finalement Drago.

-Il savait que nous étions là. Dit calmement Hermione.

-Mais comment ?

-Tu sais Drago, je pense que tu devrais faire comme moi. Arrête de chercher une explication à ces choses là. Tu n'en trouveras aucune. Dis-toi que c'est Dumbledore, tout simplement.

-D'accord... Répondit le jeune homme, gardant tout de même sur ses traits un air étonné. Et... Dumbledore t'a dit quelque chose qui avait un lien avec ce... Placard ?

-Oui. Fit aussitôt Hermione en hochant vigoureusement la tête de haut en bas. Il m'a dit de dire à Ron et Harry ce que nous avions entendu. »

Drago marqua une pause, et Hermione vit ses yeux se teinter d'une lueur mauvaise. Severus Rogue était son parrain, et, visiblement, il n'avait pas envie de discuter de sa situation avec Harry et Ron, qui le détestaient.

Pourtant, Hermione sentit qu'il était prêt, malgré tout, à faire un effort. Les réticences qu'il exposait clairement lorsqu'ils se connaissaient peu se faisaient de moins en moins présentes et de plus en plus faciles à détruire.

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Le doigt d'Hermione se glissa encore une fois sur son poignet et caressa machinalement la marque qui laissait une cicatrice sur sa peau fine et blanche. Elle l'avait tant parcourue ces derniers jours qu'elle avait l'impression de la connaître par cœur, dans la moindre de ses aspérités. C'était comme si cette cicatrice avait toujours été là, qu'elle faisait intégralement partie de sa vie. Sans cette marque, elle n'était plus elle-même.

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Drago avait fait cette promesse pour elle, et ce n'était pas rien. C'était une preuve immense de sa fidélité. Et de ça, Hermione ne pouvait que lui en être énormément reconnaissante.

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Elle était persuadée que s'il avait fait une chose pareille pour elle, s'il lui avait promis de telles choses... Alors il serait sans doute aussi prêt à parler de Severus Rogue à Harry et Ron. Cela semblait tellement dérisoire à côté de l'incommensurable sacrifice qu'il avait fait en se liant à elle par un serment inviolable...

Les joues d'Hermione s'empourprèrent tandis qu'elle regardait discrètement le jeune homme. Il faisait preuve de tant de courage, de témérité, de force... Pour elle ? Ca lui paraissait impossible. Comment et quand Drago Malefoy avait-il décidé d'être son ami ? Et si c'était plus que de l'amitié ? Est-ce qu'il... L'aimait ?

Hermione secoua la tête avec force pour chasser cette idée saugrenue. C'était impossible.

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Pourtant... Il l'avait embrassée.

A moins qu'il soit aux prises avec une attirance physique impossible à maîtriser, il ne pouvait pas faire de genre de choses, comme ça, sur un coup de tête... Tout simplement parce qu'Hermione était malade. La jeune femme doutait fortement qu'une simple attirance puisse lui donner envie de mettre en jeu toute sa vie. Non... Ce ne pouvait être que quelque chose de fort... D'extrêmement puissant.

Du désir ?

Qu'était-elle en train de faire à Drago Malefoy ?

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Elle sursauta quand il reprit la parole et se cogna le genou dans la table. Apparemment, il avait aussi laissé ses pensées vagabonder vers d'autres réflexions.

« Hermione, ce dont on est en train de parler me fait penser à autre chose. J'ai beaucoup réfléchi à ce que tu m'as dit la dernière fois à l'infirmerie. Dit lentement Drago.

-Quoi ? Euh... Ah, tu as réfléchit à ça. Je ne sais pas si c'est vraiment le moment idéal pour en parler. » Répondit aussitôt la jeune femme, mal à l'aise.

Pourquoi avait-il subitement envie de lui parler de ce qu'ils s'étaient dit après leur baiser ?

« Hermione, enfin, c'est quand même important ! Reprit Drago avec un air de totale incompréhension dans le regard.

-Oui, je sais, mais il y a plus grave que ça, tout de même. Et puis ce n'est vraiment pas le moment de discuter de ça. Il faut qu'on continue les recherches et...

-Mais ça fait partie des recherches ! La coupa Drago avec véhémence. Tu le sais ! Je pense avoir vraiment compris quelque chose !

-Tu... Tu parles du virus ? Chuchota Hermione, interloquée.

-Bien sûr ! De quoi d'autre ? Répliqua sèchement Drago.

-Oh, euh... De rien d'autre. Fit Hermione, penaude. »

Elle baissa la tête et se concentra sur ses jambes. Qu'est ce qu'elle pouvait être stupide parfois.

« Hermione ? Reprit Drago, voyant qu'elle n'était plus concentrée.

-Oui, je suis désolée, je t'écoute. Dit la jeune femme en s'installant plus confortablement sur sa chaise.

-Bien. Alors, si nous reprenons tout ce que tu as conclus la dernière fois, on en arrive à ceci : le groupe qui attaque les autres, ce ne sont pas des mangemorts, ni des Serpentard. D'accord ?

-D'accord. Concéda Hermione.

-On peut aussi envisager que le virus ne détruit pas les sorciers de sang-mêlé et que le Seigneur des ténèbres n'a pas l'intention d'utiliser le virus pour tuer Potter. D'accord ? Poursuivit Drago.

-D'accord.

-Il semblerait, par ailleurs, que les nés moldus ne meurent pas, même s'ils sont très malades. D'accord ? Supposa le jeune homme.

-D'accord. Fit Hermione.

-Bien. Si on réfléchit à tout ça, on peut en conclure autre chose. Si les personnes ne sont pas envoyées par Tu-sais-qui, elles sont sans doute indépendantes. D'accord ? Continua Drago.

-D'accord.

-Donc Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom avait peut-être prévu que les choses se passent ainsi, dans l'école. Avança Drago.

-Quoi ? Attends...

-Hermione, réfléchit bien. Reprit Drago. Le seigneur des ténèbres se doutait sûrement du fait que de nombreux élèves allaient être terrorisés par le virus au point de ne plus toucher les nés moldus.

-Oui. Acquiesça la jeune femme.

-Il devait aussi se douter que certains autres allaient tenir les nés moldus responsables de la mort des sang-purs qui auraient été touchés par le virus.

-Oui... Je vois où tu veux en venir... Fit Hermione, tout devenant soudain très clair dans son esprit. Voldemort n'a pas besoin d'intervenir dans l'école. Il avait simplement besoin de faire entrer le virus. Les élèves ont terminé le travail tous seuls, parce qu'ils ont peur et qu'ils sont en colère.

-Oui, avec l'aide de mon père qui renchérissait derrière en donnant des mesures de précautions, en mettant l'école en quarantaine et en créant une atmosphère angoissante, oppressante pour les élèves ! » Termina Drago d'un ton triomphant.

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Hermione plissa les yeux et se remémora assez facilement l'ambiance de peur qui régnait au moment où elle s'était fait attaquée, seule dans un couloir, par un groupe d'élèves. Elle avait sentit qu'ils étaient terrorisés.

Et ce garçon qui avait pointé sa baguette sur elle, qui avait prononcé le sortilège qui aurait pu lui couter la vie... Il était tellement en colère contre elle. Elle avait eu l'intime conviction qu'il ressentait une haine palpable, irrationnelle envers elle.

Oui, il y avait eu cette expression sur son visage, cette mimique si particulière qu'elle avait déjà vue, elle en était sure... Il y avait un rapport avec Severus Rogue.

Ce devait être en plein cours de potion ! Oui, tout devenait plus clair maintenant, elle s'était fait marcher sur le pied par un garçon, et il lui avait dit « pardon »... Elle n'avait pas cru à sa sincérité parce qu'il avait ce sourire en coin qui voulait dire qu'il s'en fichait... Il avait envie de rire, il n'éprouvait aucune sympathie pour elle, seulement du mépris.

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« Oh... Drago ! S'exclama soudainement Hermione en tapant dans sa main avec son poing.

-Quoi ? Répondit ce dernier, surpris par la vigueur de la jeune fille.

-Je viens de me souvenir ! Dit Hermione d'un ton fébrile alors que ses joues se coloraient de rouge.

-Te souvenir de quoi ? Demanda Drago d'un ton un peu sec, ne comprenant pas vraiment où elle voulait en venir.

-Tu sais, quand j'étais au sol et que je me suis faite attaquée... Dit Hermione, en se levant d'un bond.

-Oui ?

-L'un de mes agresseurs a eut un sourire en coin assez particulier, et j'étais sure de le connaître... Mais je ne savais plus où je l'avais vu ni à qui il appartenait.

-Et tu t'en souviens, maintenant ? Demanda Drago, incrédule.

-Oui... Je viens juste de m'en rappeler ! C'est un élève de ma classe, de Gryffondor, qui a redoublé sa septième année. Il s'appelle Cormac McLaggen.

-Mais alors...

-Alors ceux qui attaquent les nés moldus peuvent être n'importe qui, de n'importe où. Je suis persuadée que ta théorie est la bonne, Drago ! Voldemort savait parfaitement ce qu'il faisait... Il veut qu'on se détruise les uns les autres ! Il veut qu'on se sépare, qu'on ne pense plus qu'au virus pour qu'on lui laisse le champ libre et qu'il puisse attaquer Harry, livré à lui-même, seul !

-Hermione... Fit Drago avec une expression proche de la panique, oubliant son masque d'impassibilité.

-Oui ?

-Je crois que tu devrais aller expliquer tout ce que nous venons de conclure à Weasley et Potter... Moi, je vais aller discuter un peu avec mon père et je te rejoins. Apparemment, même si je ne sais pas pourquoi, il faut impérativement qu'on leur parle de Severus. »

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Poudlard, chambre de Lucius Malefoy

Pansy Parkinson entra dans la modeste chambre de Lucius Malefoy et croisa ses mains derrière son dos. Elle ne voulait pas que le père de Drago s'aperçoive du tremblement incontrôlable qui les agitait. Ses doigts se tordirent les uns contre les autres sans qu'elle en ait vraiment conscience, et seule la douleur et le craquement presque inaudible qui retentit lorsqu'elle pressa trop fort son index la sortirent de sa torpeur.

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Elle garda la tête bien droite et fit quelques pas dans l'antre de Lucius. Ce dernier était allé s'installer dans le fauteuil proche de la cheminée, toujours aussi glaciale malgré le feu qui ronronnait dans l'âtre.

Il jeta un regard inquisiteur à Pansy qui fit de son mieux pour paraître froide et hautaine. Elle se glissa silencieusement jusqu'à un tabouret branlant qui semblait n'attendre qu'elle et s'assit, bien droite.

Son regard parcourut la pièce et s'attarda un instant sur le bureau de Lucius. De nombreux papiers le recouvraient et un certain nombre d'enveloppes portant un sceau qu'elle aurait reconnu entre milles trônaient ça et là. Si seulement elle avait pu se lever, saisir ces lettres et les lire d'un bout à l'autre...

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Lucius se leva et marcha rapidement jusqu'à elle de sa démarche aristocratique. Il sembla hésiter pendant quelques secondes, puis, finalement, il se posta devant Pansy.

La jeune fille se demanda s'il faisait exprès de la dominer de toute sa hauteur. Peut-être cherchait-il à lui faire peur ? Pour l'instant, ses efforts restaient vains. Le seul sentiment qui pouvait animer Pansy ces temps-ci, c'était la soif de vengeance. Sentant une sourde colère monter en elle, elle s'efforça d'avoir l'air stoïque tandis que le père de Drago commençait sa tirade.

« Pansy... Si je t'ai fait venir ici, dit Lucius d'un ton doucereux, c'est parce que je dois te demander quelque chose de très important. »

Pansy était persuadée que cette chose en question était en rapport direct avec Hermione et Drago. Elle savait qu'elle ne devait rien laisser transparaître, et se forgea un visage de marbre en dévisageant son interlocuteur avec un intérêt poli.

« Vois-tu, Pansy, reprit Lucius, je sais que tu es très dévouée à Drago.

-C'est le cas, en effet. Approuva Pansy en maîtrisant les tremblements de sa voix.

-Je pense que mon fils court un grave danger. Avoua Lucius. C'est pourquoi je fais appel à toi. Je suis persuadé que tu vas pouvoir m'aider.

-Quel danger le menace ? Fit Pansy en essayant d'avoir l'air paniqué, ce qu'elle ne réussit qu'à moitié.

-Et bien... Je pense qu'il est en train de se faire manipuler par Hermione Granger, l'amie d'Harry et Ron.

-Et bien, il faut l'arrêter ! Cria Pansy d'un ton faussement dramatique en se levant de sa chaise d'un bond.

-J'aimerai bien, Pansy. Mais je ne peux pas prendre le risque de lui faire quelque chose sans raison. Les conséquences d'un tel acte pourraient être désastreuses, tu comprends ? Je pourrais être renvoyé de l'école et si Drago a d'autres problèmes, je ne pourrais pas intervenir.

-Oui, je vois. Dans ce cas, que dois-je faire ?

-Pansy, c'est très important. Il faut que tu répondes à une question. Mais pour cela j'ai besoin que tu sois concentrée.

-Je suis prête, Lucius. Dites moi ce à quoi je dois répondre pour aider Drago. Supplia Pansy d'un air niais.

- Je sais que tu passes beaucoup de temps avec Drago et je pense que tu es la seule personne à pouvoir me répondre. Lui confia Lucius avec une voix mielleuse, certain d'atteindre son but et d'obtenir la réponse qu'il désirait. Est-ce que Drago t'a semblé manifester un attrait particulier pour Hermione Granger ? »

Un silence pesant s'installa dans la pièce. Pansy glissa ses mains dans la poche de sa robe et serra les poings de toutes ses forces.

« Sale cancrelat, songea-t-elle. Tu essayes de me faire dire ce que j'ai dit la première fois que je suis venue ici et que tu as impunément effacé ma mémoire. »

Elle sentit ses ongles entrer profondément dans la paume de sa main.

« Non, pas du tout. Drago déteste cette fille. Dit-elle avec un étonnement feint.

-Tu es absolument certaine de cela, Pansy ? Demanda Lucius d'un air ennuyé.

-J'en suis vraiment sure. »

Pansy baissa la tête et sut qu'il était temps de jouer sa dernière carte, afin être certaine qu'il allait laisser Hermione et Drago tranquille. Elle releva doucement les yeux vers Lucius Malefoy et sentit une infinie tristesse l'envahir tandis que, pour une fois, elle disait la vérité :

« Il ne me reste que Drago. Croyez-moi, s'il était en danger, je ferais n'importe quoi pour le protéger. »

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Elle laissa passer quelques secondes, observant les effets de sa prestation, puis elle décida de porter le coup final à Lucius. Sa voix se fit chevrotante tandis qu'elle avoua, les yeux faussement larmoyants :

« Si Hermione Granger et lui avait un lien quelque conque, je l'aurais su tout de suite. Et je me serais occupée d'elle moi-même.»

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Poudlard, infirmerie

Madame Pomfresh s'activait dans son bureau à la recherche d'une potion de dégel. Un élève avait eu le malheur de faire tomber sa cuillère en bois dans son chaudron durant l'un des cours du professeur Rogue.

Ce qui était fâcheux, dans cette histoire, c'est que c'était une potion de glaçage et que l'élève en question avait cru intelligent de mettre son doigt dans le chaudron pour récupérer l'objet du délit.

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L'infirmière leva les yeux au ciel dans un signe d'agacement parfaitement visible, pestant contre la présence d'esprit plutôt limitée de certains élèves. Pourquoi Grégory Goyle n'avait-il pas simplement attendu que le professeur Rogue vienne à ses cotés et récupère lui-même la cuillère à l'aide d'un sort?

L'exaspération qu'elle ressentait monta d'un cran lorsqu'elle se rendit compte qu'elle ne trouvait pas ce qu'elle cherchait. Elle frissonna à l'idée qu'elle n'avait peut-être plus de potions du tout. Les approvisionnements étaient particulièrement difficiles depuis que l'école était en quarantaine et Madame Pomfresh ne pouvait faire que deux ravitaillements par mois avec un nombre d'article très limité.

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L'infirmière ouvrit brutalement un placard et se mit à farfouiller entre les flacons, insensible au tintement persistant des petits bocaux de verre qui lui vrillait les tympans.

Où se trouvait cette potion ? Il devait bien en rester une, par Merlin !

Il fallait qu'elle trouve ce qu'elle cherchait avant que ce pauvre Grégory ait le doigt définitivement hors d'usage.

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Tout à coup, elle remarqua un flacon qui portait la couleur caractéristique de la potion de dégel. Bleu foncé avec des volutes grises et brillantes. Son cœur battit plus vite tandis qu'elle poussait les derniers bocaux qui l'empêchait d'attraper ce qui semblait être le salut de la main de Monsieur Goyle.

Satisfaite, elle se retourna et chercha le jeune homme du regard. Elle était seule dans son bureau.

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Elle faillit lâcher le flacon lorsqu'elle entendit un hurlement rauque qui semblait provenir de la pièce d'à coté.

« Par Merlin ! Songea Madame Pomfresh. Comment se fait-il que cet élève soit dans la chambre de Mademoiselle Weasley ? »

Sans perdre une seconde, Madame Pomfresh suivit le hurlement et s'engouffra dans la chambre de Ginny en poussant le drap qui la séparait de son bureau.

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Pour la seconde fois de la journée, elle sentit le flacon glisser entre ses doigts et le rattrapa de justesse avant qu'il ne touche le sol.

Ginny Weasley fixait Gregory Goyle, ses yeux papillonnants de temps à autre, une expression de détermination farouche plantée sur le visage.

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