Tout change un jour

Votre envoyée spéciale Rita Skeeter, a, ce matin, reçu une nouvelle plus qu'effrayante. Une élève de notre renommée école de sorcellerie magique, Poudard, est dans un état de santé plus que critique. Le directeur, A. DUMBLEDORE, n'a pas souhaité s'exprimer sur cet événement, à votre détriment, lecteurs assidus de la gazette du sorcier et parents terrifiés. Cependant, Lucius Malefoy, président du comité de radiation des virus magiques, m'a accordé quelque minutes afin de rassurer, ceux qui, naturellement, sont choqués et effrayés par les phénomènes étranges qui se déroulent dans l'école de sorcellerie. « Mademoiselle Brown est une élève de septième année à Gryffondor. Elle n'a pas pu suivre toutes nos directives et en paye le prix à présent. Son état empire de jours en jours et nous ne savons pas si nous allons pouvoir la sauver » Indique M. Malefoy « Nous faisons tout ce qui est en notre en pouvoir pour aider cette jeune fille et pour que son état s'améliore. »

Les directives données par les médicomages et le comité de radiation des virus magiques sont d'une importance capitale et assurent la survie des élèves encore présents dans l'établissement. Lucius Malefoy ajoute « Je vous recommande la plus grande vigilance. Demandez à vos enfants de ne pas entrer en contact avec les enfants nés de parents moldus. Ils sont porteurs de la maladie ! Comme vous avez pu le constater avec les événements récents, il s'agit d'une question de vie ou de mort ! » Lucius Malefoy, soucieux du bien être des étudiants de Poudlard, parle aussi de mise en quarantaine... Jusqu'où ira cette affaire avant que le directeur réagisse ? Ces nouvelles ont de quoi effrayer plus d'un sorcier responsable.

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Poudlard, Bibliothèque, rayon de botanique

Hermione jetta la gazette du sorcier à coté d'elle et la regarda comme s'il s'agissait d'un rat en décomposition. Le discours de Rita Skeeter était particulièrement abject dans cet article, d'autant plus que ses insinuations à l'encontre de Dumbledore avaient tendance à irriter hautement la jeune fille. Une toux bruyante lui arracha la gorge et interrompit un instant sa réflexion. Elle du s'y reprendre à deux fois avant de pouvoir retrouver une respiration normale. Elle hésita entre jeter un sortilège de combustion spontanée au document, le piétiner, cracher dessus ou l'abandonner à son triste sort dans une poubelle très sale. Se ravisant, elle saisit le journal et le déchira en plusieurs petits morceaux qu'elle fit ensuite disparaître. Soupirant de soulagement, Hermione fouilla dans son sac de cours et en sortit un livre particulièrement volumineux qu'elle posa devant elle, prête à travailler.

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Elle essaya de se concentrer. Elle essaya vraiment. Elle fit tout pour réussir. Elle se boucha les oreilles, mangea un chewing-gum qu'elle avait rapporté du monde moldu, essaya de lire à haute voix et récita quatre fois d'affiliée la même phrase. Malheureusement, elle se sentait très mal. Lorsqu'elle respirait, elle sentait une douleur vive lui comprimer les poumons. Seules ses jambes avaient décidé de lui obéir plus que de coutume. Sa gorge la brûlait, et - elle refusait de l'admettre- son mal de crâne empirait lorsqu'elle lisait plusieurs heures. De plus, bien qu'elle ait toujours eu horreur d'être interrompue dans ses réflexions et ses révisions par des préoccupations qui venaient de sa vie personnelle, Hermione n'arrivait pas à les refouler. Elle fit de son mieux pour ne pas se souvenir de la scène magistrale durant laquelle elle avait tenté d'embrasser fougueusement Ronald Weasley. En vain.

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En réalité, elle savait qu'elle avait agit par pur désespoir et espérait de tout son cœur que son acte était pardonnable, faute d'être raisonnable. Ce qui l'ennuyait était d'une toute autre nature. Elle se demandait comment Ron avait pu être son ami aussi longtemps. Comment ils avaient pu se côtoyer durant des années sans qu'un événement de ce genre ne se produise. Elle se trouvait dans une totale incompréhension. Elle n'arrivait pas à saisir comment un comportement et une amitié pouvaient changer aussi vite. Elle savait que Ron aurait pu lui en vouloir parce qu'il n'aurait pas réellement eu envie de l'embrasser. Hermione ne lui en aurait pas voulu le moins du monde. Elle aurait même trouvé cela normal et avait totalement honte de son geste et de son comportement. Mais il l'avait repoussé parce qu'elle l'avait touché.

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Puis elle comprit ce dont elle n'avait pas envie de se rendre compte. C'était la peur. La peur avait détruit leur amitié. Il avait peur d'elle, peur de ce qu'elle représentait. Et ce qu'elle représentait, c'était la mort. Il ne voulait pas qu'elle le touche parce qu'il avait peur de mourir, et cette peur dominait leur lien. Cette peur là n'existait pas entre Ron et Harry. Ron était prêt à mourir pour son meilleur ami. Mais pas pour sa meilleure amie. Pas pour elle. A cet instant, Hermione eu la sensation totale et prenante que quoi qu'elle fasse, personne ne l'aimerai jamais pour ce qu'elle était réellement et entièrement et qu'elle serait toujours seule.

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Après ces pensées peu réjouissante, la jeune fille conclu qu'il était, effectivement, totalement inopportun que ses problèmes privés empiètent sur sa vie d'élève studieuse. C'est pour cette raison qu'elle enfouit le thème « Ron » au plus profond de son esprit, pour mieux se concentrer sur le chapitre « Godric Gryffondor a-t-il sauvé Poudlard ? »

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Une heure plus tard, Hermione était toujours plongée dans la lecture de son livre. Ceux qui passaient aux alentours de la table où elle s'était installée pouvaient entre-apercevoir une touffe de cheveux auburn ébouriffée qui dépassait légèrement de l'ouvrage. De temps à autre, un éternuement sonore signalait son emplacement, que bon nombre de sang-purs s'attachaient à éviter. Mais à part cela, rien ne présageait la présence d'Hermione Granger dans la bibliothèque de Poudlard. Elle était réellement concentrée sur la lecture d'un passage qui provoquait en elle un intérêt croissant. La lumière du jour tombait doucement, mais la jeune fille ne s'en était pas rendu compte. En conséquence, elle plissait un peu plus à chaque minute ses yeux fatigués, tandis que les lettres du livre commençaient à danser dangereusement sous son regard. Alors qu'il lui devenait évident qu'elle lisait « Nargolle » à la place de « Dumbledore » à chaque fois qu'elle croisait ce mot, un bruit incessant lui fit interrompre sa lecture déjà difficile et fermer son livre d'un geste rageur.

Ça ne peut être que lui... Bien sûr !

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Drago Malefoy venait de faire son entrée dans la bibliothèque et s'était installé avec fracas dans la rangée voisine de celle d'Hermione. Elle n'avait pas besoin d'entendre sa voix ou de le voir pour savoir que c'était lui. Il venait si souvent dans cette bibliothèque qu'elle connaissait ses mouvements et ses bruits par cœur. Il allait toujours dans le rayon sur l'histoire des sangs purs et l'histoire de la magie. Il jetait toujours son sac sur la table avant de l'ouvrir. Il soupirait quand il s'asseyait sur sa chaise, ce qui faisait souvent réagir une Hermione exaspérée qui se mordait les lèvres avec intensité (« Personne ne lui a demandé d'être là ! »). Un véritable malotru sans aucune considération pour le monde environnant.

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Hermione soupira et décida de se replonger dans sa lecture, bien décidée à atteindre ses objectifs de la journée. Elle avait six parchemins à rendre en histoire de la magie pour la semaine suivante et le sujet n'était pas des plus plaisants : l'importance de Poudlard dans l'économie magique depuis sa création.

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Cependant, elle se rendit rapidement compte - avec horreur - qu'elle arrivait à la fin de son chapitre et qu'il lui manquait des informations cruciales. Les dites informations se trouvaient dans un livre... Qu'Hermione n'avait pas... Et qui se trouvait dans le rayon adjacent. Hermione songea à ne pas aller chercher l'ouvrage et à développer une réflexion personnelle sur le sujet. Néanmoins, le souvenir du jour où elle avait tenté de créer sa propre potion - ce qui avait plongé Harry dans une sorte de transe durant laquelle il avait fait la danse de la pluie - incita la jeune fille à se diriger vers le rayon de Drago. Après tout, elle n'allait pas se laisser faire par cet... imbécile.

Se levant doucement, Hermione attendit que le sol s'arrête de tourner et que le battement contre tempes s'estompe. Puis, elle plissa avec attention sa jupe froissée et remit en place une mèche rebelle qui lui barrait le visage. Elle frotta ses yeux rougis par la fatigue puis remonta l'une de ses chaussettes qui était descendue le long de sa jambe. Elle soupira et rougit.

Il va encore se moquer de moi et dire que je ne suis pas belle...

Secouant la tête, elle se souvint que, elle, Hermione, se moquait de ce que ce sang-pur pouvait ressentir ou penser d'elle. Après tout, le sang... Qu'est ce que pouvais représenter le sang ? Levant le menton d'un air victorieux, Hermione se dirigea vers le rayon qu'elle convoitait.

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Evidemment, comme elle l'avait prévu, Drago se trouvait assis sur une chaise, les pieds posés sur la table avec un livre dans les bras. Il fronçait de temps à autres les sourcils sans produire un son. Hermione s'approcha doucement de lui, en veillant à ne pas faire de bruit, bien que sa cape produisait un frôlement presque inaudible en touchant le sol. Par ailleurs, elle se sentait mal et était agitée de frissons qui la faisait chanceler de temps à autre. Elle fit de son mieux pour rester silencieuse et espéra que si elle arrivait à faire preuve d'une discrétion incomparable, il ne sentirait pas sa présence. Cependant, à l'instant où elle parvint à sa hauteur, Drago leva ses yeux d'acier de son livre et les planta dans les siens d'un air glacial. Ses prunelles la sondèrent un instant et semblèrent la transpercer. Hermione rougit violemment et détourna le regard, sentant une chaleur intense envahir ses joues. Elle essaya de garder sa contenance et se contenta de parcourir le rayon en caressant la reliure des livres avec ses doigts tremblants et glacés. L'odeur de parchemin qui flottait dans la pièce l'aida à se détendre. Elle inspira d'un grand coup.

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Elle détestait perdre son calme de cette façon face à lui. Il n'avait rien dit, rien fait... Mais dans son regard, quelque chose la faisait rougir. Elle songea que leur éclat métallique et vide y était pour beaucoup. Parce que quelque part, il lui faisait peur.

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Hermione fit de son mieux pour ne pas regarder Drago, bien qu'elle sentit par instant ses yeux froids se poser sur elle. Elle se contenta de l'ignorer, tremblante mais fière. Cependant, elle déchanta très vite, car, arrivée au bout du rayon, Hermione eu la désagréable surprise de constater que le livre qu'elle savait être une référence dans l'économie et l'école était absent. Elle ferma les yeux un instant, sentant sa migraine revenir frapper plus fort dans sa tête à mesure que les idées se bousculaient dans sa tête. Elle se mordit la lèvre et fourragea avec vigueur dans ses cheveux désordonnés.

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Alors qu'elle se résignait tant bien que mal à rebrousser chemin, elle sentit une chaleur immense l'envahir et vit une ombre se profiler contre le rayonnage de livre. Un intense sentiment de peur l'envahit et elle se retourna vivement, ne sachant pas à quoi ou à qui s'attendre.

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Elle rencontra instantanément les yeux gris de Drago qui la fixaient avec une insistance proche de l'indécence. Elle se rendit compte rapidement qu'il était presque collé contre elle et que son torse n'était qu'à quelques centimètres de sa poitrine. Elle sentit son souffle sur son visage et constata qu'il portait ses gants en peau de taupe. Elle ne pouvait plus bouger. Elle savait qu'il pouvait tout voir de son visage blafard et maladif, qu'il fixait ses yeux rougis par la fatigue, que ses tremblements étaient perceptibles. Elle avait honte qu'il la regarde d'aussi près, qu'il soit en train de lire dans son regard et dans son corps à quel point elle se sentait mal.

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Mais, étrangement et malgré elle, elle se sentait bien dans la chaleur qu'il dégageait, comme si, dans un certain sens, la force et sa hauteur le rendait rassurant bien qu'effrayant et imposant. Elle se sentit moins malade pendant quelques secondes. Cette sensation était particulièrement étrange car elle avait l'impression d'avoir déjà vécu une scène durant laquelle cette même chaleur l'avait calmée. Elle se rappela aussitôt à quel point il était insensible et dans quelle mesure la force dont il disposait était utilisée à mauvais escient, notamment pour lui faire mal.

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Elle ne savait absolument pas ce qu'il faisait, mais elle savait qu'elle ne voulait rien de lui et qu'elle ne devait pas se démonter. Elle leva le menton et le fixa fièrement dans les yeux, ignorant les frissons qui parcouraient son dos et fit comme si elle ne voyait pas le corps de Drago qui, de toute évidence, se rapprochait.

« Qu'est ce que tu fous Malefoy ? » demanda-t-elle d'un ton agressif en rompant un peu l'étrange situation dans laquelle ils se trouvaient. Sa voix était légèrement éraillée à cause de la douleur qu'elle ressentait dans la gorge. Elle eu presque envie de fermer les yeux et d'attendre le coup qui ferait valser sa tête dans le rayon, mais elle tenu bon. Elle ne s'attentait absolument pas à ce qu'il se rapproche davantage et qu'il mette un livre sous son nez d'un air impatient.

« C'est ça que tu cherches Granger ? » il avait dit ça d'une voix tranquille, dénuée de toute émotion, grave et profonde.

« Euh... Euh, oui... C'est ça que je cherche. » Répondit Hermione avec étonnement en reconnaissant la bordure rouge du copieux ouvrage. Elle essaya de garder contenance. Elle savait pertinemment qu''il allait lui dire que dans ce cas, elle pouvait attendre avant de l'avoir, avant de s'éloigner. Elle songea même qu'il serait sans doute capable de le garder pour lui toute l'année en ignorant les rappels courroucés de Madame Pince simplement pour la faire enrager. Elle se contenta donc de lui jeter un regard chargé de colère sans prononcer plus de mots.

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« Prends le, j'ai finit. » Il laissa tomber le livre par terre. Ce dernier s'effondra avec un bruit mat en soulevant une couche de poussière qui fit tousser Hermione et lui procura un vertige. Puis Drago s'éloigna et la jeune fille eu soudain très froid. Le jeune garçon rassembla rapidement ses affaires, un air toujours glacial et distant plaqué sur son visage, puis il s'éloigna d'un pas souple jusqu'au bout de la rangée. Hermione songea qu'il n'était absolument pas délicat dans sa manière d'entrer en contact avec les gens. Mais elle pensa aussi que son geste était louable, qu'il faisait sans doute un effort et qu'il serait probablement opportun de l'en remercier. Au moment où il allait disparaitre, Hermione s'entendit dire :

« Attend, Malefoy ! »

Drago marqua une pause, puis se retourna, l'air sceptique.

« Euh... Merci. »

Drago regarda Hermione un instant, impassible. Puis il tourna au coin du rayon et disparu.

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Poudlard, Salle commune des Serpentard

« Tu penses à quoi Drago ? » le chuchotement de Pansy au creux de son oreille fit sursauter le jeune homme plus qu'il ne l'aurait voulu. Il sentit la main de la jeune fille glisser sur sa robe de sorcier et lui caresser le dos.

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Il savait qu'elle allait encore essayer de l'embrasser. Il savait ce qu'elle voulait de lui. Mais il était incapable de lui donner. Jamais il ne pourrait lui offrir. Par ce qu'elle n'était pas elle. Il n'avait plus envie qu'elle pose ses mains sur lui, plus envie qu'elle le touche. Pas après ce qu'il avait vu d'elle. Pas après ce qu'elle lui avait dévoilé, montré. Pas après tous ces événements qui lui avaient entièrement retourné la tête et ne cessaient de le tourmenter, l'obsédaient. Toutes ces choses qui n'étaient propres qu'à Hermione et qui le torturait complètement.

« Casse toi. » Son ton fut sec, sans appel. Elle n'avait pas le choix. Elle n'aurait jamais le choix avec lui. Elle ne l'avait jamais eu. Elle n'avait pas le droit à grand-chose de toute façon. Mais ce que Pansy savait, c'est que Drago aimait le corps des femmes, et que jamais il ne l'avait repoussée. Et tandis qu'elle s'éloignait dans pas vif, il ne vit pas dans son regard blessé qu'elle avait deviné qu'il y avait quelqu'un d'autre.

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Poudlard, bibliothèque, rayon de botanique

«Je me demande bien ce qui a pu lui passer par la tête. Ce n'es pas son genre d'être sympa, et surtout pas avec moi... Il a peut-être piégé le livre ? Non, il faut que je cherche ailleurs, ce n'est pas ça, j'ai déjà vérifié trois fois toutes les pages et j'ai utilisé sept sortilèges de révélation différents. Ce n'est pas possible, il n'est pas si doué que ça en magie. A moins qu'il ait lu des livres de magie noire ? C'est vrai, il est là tout le temps, après tout, pourquoi n'aurait-il pas pris le temps d'aller lire quelques livres morbides par-ci par- là ? Oh et puis zut, il faut que j'arrête de penser à ce serpent ! Je dois absolument finir mes parchemins pour demain !»

Hermione, assise dans la bibliothèque, secoua vivement la tête comme pour en chasser Drago Malefoy. Elle ne devait pas penser à lui. La seule activité qu'elle s'autorisait à avoir avec lui, c'était ce moment béni où ils se jetaient des insultes toutes plus infâmes les unes que les autres. Pestant contre elle-même et son esprit qu'elle ne contrôlait pas toujours, elle toussa puis s'accouda sur la table et posa ses yeux sur la page qui l'intéressait.

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Deux minutes plus tard, elle se levait d'un bond, chancelante, et marchait d'un pas décidé vers le rayon adjacent.

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« Malefoy...»

Drago ressentit un tel étonnement qu'il du se forcer à ne pas lever la tête d'un coup. Malgré ça, il réussit à se cogner violemment le genou dans la table alors qu'il était, pour une fois, assis normalement sur sa chaise.

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Hermione venait de l'appeler. Elle avait prononcé son prénom d'une manière normale, elle n'avait pas crié, elle ne semblait pas non plus en colère, elle l'appelait juste. Il lui tournait le dos, mais il n'avait pas eu besoin de la regarder pour savoir que c'était elle qui lui avait parlé. A chaque fois qu'elle parlait, il reconnaissait sa voix parmi toutes celles des autres. Il fit de son mieux pour reprendre contenance, se sentant bouillir de colère à l'idée de ce qu'elle lui avait encore fait. Elle le rendait complètement instable, elle ne cessait de le surprendre.

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Il se retourna avec la plus grande lenteur et la regarda d'un air méprisant. Elle rougit légèrement comme à chaque fois qu'elle croisait son regard puis fronça les sourcils et fit de son mieux pour soutenir ses yeux. Il eu, sans qu'il sache vraiment pourquoi, envie de rire. Elle était tellement belle quand elle essayait d'être sérieuse, quand elle était forte et courageuse. Même quand elle était malade elle était radieuse, désirable, douce et fragile. Il ne comprenait pas comment les autres ne pouvaient pas voir cette étrange et magnifique beauté qui émanait d'elle en toutes circonstances. Il fit de son mieux pour ne rien laisser paraître de son sentiment et s'énerva un peu plus en se disant qu'elle avait sur lui cet impact qu'il détestait plus que tout au monde.

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« Qu'est ce que tu veux Granger ? » Demanda-t-il d'une voix cassante. La colère qu'il ressentait transparu malgré lui au travers de son intonation.

« Je voulais... euh... Je sais qu'on est dans le même cours en histoire de la magie, alors... Si tu as besoin du livre que tu m'as donné la dernière fois, tu peux le récupérer, j'ai fini avec. »

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« C'est sympa de ta part Granger, mais je te l'aurais jamais filé si je l'avais pas déjà lu. » répondit Drago avec un sourire froid et moqueur plaqué sur son visage. Il se rendit compte, avec ce qu'elle venait de lui dire, qu'elle le trouvait gentil. Elle pensait qu'il avait fait preuve de gentillesse à son égard en lui donnant le livre. Il aurait du s'en douter, il aurait du prévoir qu'elle aurait ce genre de réaction. Il n'était pas gentil. Avec personne. Sa colère, sourde et profonde, s'amplifia sans qu'il puisse la contrôler. Elle croyait qu'elle pouvait faire de lui ce qu'elle voulait ? Qu'il était un gentil petit sorcier qu'on pouvait manipuler comme ça ? Qu'il lui obéirait simplement parce qu'elle lancerait des regards désespérés au livre qu'il tiendrait dans ses bras ? Elle était vraiment... Insupportable.

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« Tu crois vraiment que j'aurai pu faire ça pour te rendre service ? J'avais pas envie de le ranger, et je te l'ai filé, c'est tout. Si t'as fini de parler, tu peux dégager. » Poursuivit Drago en la regardant comme si elle était une plante particulièrement visqueuse et collante. Il serra son poing sous la table pour maîtriser ce sentiment de haine qu'elle faisait monter en lui.

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A cet instant, Hermione sentit son visage s'empourprer et sa blessure sur le crâne la lança fortement. Elle jeta le livre au visage de Drago qui l'évita de justesse. L'ouvrage vint s'écraser contre une armoire et fit tomber d'autres livres avec fracas, bien qu'Hermione ne soit pas très forte. La jeune fille était furieuse, ses joues étaient rouges et ses yeux lançaient des éclairs. Ses mains blafardes et glacées tremblaient légèrement. Ses cheveux épars autour de son visage et complètement hirsutes lui donnaient vraiment l'air d'une furie.

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Elle regarda Drago qui venait de se lever et lui hurla, indifférente aux personnes qui s'étaient redressées pour voir d'où venait le bruit : « Nan mais c'est pas possible ça ! Tu peux pas être juste sympathique, non ? Tu passes ton temps à me faire mal physiquement, à m'insulter, si tu pouvais me frapper avec tes poings tu le ferais, et là je viens te parler, je veux juste te remercier ! Je sais pas moi, on pourrait être amis peut-être, non ? Ou tu pourrais peut-être juste te calmer ? T'es obligé d'être un mec comme ça ? T'es obligé de tout bouffer sur ton passage, tu peux pas être juste sympa pour de vrai ? T'es toujours obligé de me parler comme ça ? Tu...»

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Hermione n'eut pas le temps de finir. Drago venait de se jeter sur elle et l'avait plaquée avec force contre une étagère. Un nuage de poussière vola autour d'eux tandis qu'il la fixait, encore une fois, dans les yeux. Elle se figea, coincée dans ses orbites glacées, tandis qu'une douleur intense lui parcourait la colonne vertébrale. Depuis quelle était malade, la moindre souffrance physique devenait beaucoup plus intense et elle ne put s'empêcher de grimacer. Elle savait qu'il allait lui faire mal, encore une fois. Elle savait que ça se finissait toujours de la même manière avec lui, qu'il n'y avait pas d'alternative. Qu'il la détestait, que jamais il ne pourrait supporter la vue de son visage. Mais elle n'avait pas pu s'en empêcher. Elle savait qu'elle allait à chaque fois un peu plus loin quand elle le provoquait. C'était elle, elle était comme ça. Elle détestait faire la guerre. Elle voulait juste qu'il arrête d'être méchant avec elle. Alors elle s'énervait, elle se mettait en colère. Souvent pour rien, elle le savait. Mais elle était comme ça.

« Ecoute moi bien Granger, ta petite tirade était géniale tu vois. Enfin, j'en sais rien, je t'ai pas vraiment écoutée. Mais ce que tu dois savoir, c'est que l'amitié entre nous, c'est pas possible. Rien n'est possible entre nous. Je ne peux que te haïr ok ? On est trop différents. TU es trop différente de moi, des autres... Tu comprends rien ou quoi ? Faudra que je te le dise combien de fois ? Pas possible.»

La pression que Drago exerçait sur son bras commençait à lui faire extrêmement mal. Hermione grimaça de douleur, mais tenta de garder contenance. Cependant, elle se rendit compte qu'elle n'arrivait plus à être en colère. Elle était juste envahie par une immense tristesse. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle avait fait pour mériter une telle haine. Elle ne voulait pas comprendre que la composition de son sang pouvait y être pour quelque chose. Elle ne voulait pas se battre, elle ne voulait pas qu'Harry meure dans une lutte insensée. Elle ne voulait pas perdre les gens qu'elle aimait. Elle ne voulait pas perdre ceux qu'elle détestait. Elle voulait simplement que tout le monde vive en paix.

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« Je... Veux juste... Je veux pas qu'on se dispute ni qu'on se déteste... J'en ai tellement marre de cette guerre entre nous... »

Elle essaya de garder son regard rivé dans les yeux de Drago, mais des larmes commencèrent à couler le long de ses joues pour venir s'écraser sur ses lèvres. Elle fit un effort et leva son regard vers lui, essayant de détailler ses traits au travers des larmes qui lui brouillait la vue.

« S'il te plaît... »

Drago sentit son cœur s'affoler de plus en plus douloureusement dans sa poitrine, tandis qu'il contemplait le visage ruisselant de larmes d'Hermione et qu'il se rendait compte qu'il la désirait violemment. Il se retint pour ne pas saisir son visage entre ses mains et l'embrasser. Seulement, à cet instant, il ne sut pas pour quelle raison exactement, il n'eut pas envie de fuir, il n'eut pas envie de la jeter par terre et de la rouer de coup à cause de ce qu'elle lui avait dit. Peut être parce qu'elle lui disait les mots que personne jusqu'alors n'avait réussit à prononcer. Peut être parce qu'elle était criante de vérité, belle et lumineuse, qu'autour d'elle tout semblait fade. Peut être parce qu'il se rendait compte qu'il devenait de plus en plus difficile de la haïr. Qu'il ne faisait que se mentir à lui-même lorsqu'il se mettait en colère. Que ses mots sonnaient creux, vides.

Alors il ne dit, rien, il se contenta d'enlever ses mains, de se reculer, et de s'assoir sur une chaise. Il continua de darder son regard métallique sur elle, tandis qu'elle frottait vigoureusement son épaule meurtrie. Puis, sans vraiment savoir pourquoi, tout en sachant qu'il s'en voudrait à un point inimaginable, il se leva et rassembla ses affaires, sous le regard encore humide d'Hermione. Il posa son sac sur son épaule et, passant devant la jeune fille alors qu'il se dirigeait vers la sortie de la bibliothèque, il s'arrêta devant elle. Il détailla sont visage, ses joues rosées, ses lèvres rouges et brillantes. Il tenta d'imprimer dans son esprit chaque grain de beauté de son visage, ses cheveux emmêlés et virevoltants doucement autour de son visage, ses doigts fin qui essuyaient une larme qui coulait le long de sa joue, son autre main s'appuyant contre le rayon de livres, surement pour éviter qu'elle ne s'effondre à cause d'un énième vertige. Puis, lui tournant le dos, il dit « Au revoir... Hermione. »

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Poudlard, Chambre de Lucius Malefoy

Lucius Malefoy s'assit à son bureau et pesta lorsqu'il se cogna violemment le genou contre le bureau. Il réprima un frisson qui venait de lui remonter dans la colonne vertébrale. Il était persuadé, que, lorsque Dumbledore lui avait présenté ses appartements, le large sourire qu'il arborait avait un rapport flagrant avec la température plus que glaciale qui régnait dans la pièce.

Ce vieil homme était un amoureux des moldus, il le savait. Il était également persuadé qu'il ferait tout pour faire échouer le plan du Lord Noir. Connaissant Dumbledore et ses redoutables capacités, Lucius savait qu'il ne tarderait pas à faire le rapprochement entre les événements et la montée en puissance de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, si ce n'était pas déjà fait.

Soupirant, il repoussa une mèche blanche qui tombait sur son front parsemé de rides, et, réprimant un rictus qui tenait de l'exaspération, il sortit une plume qu'il trempa dans de l'encre et avec laquelle il relata en détail les nouvelles récentes à Lord Voldemort.

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Poudlard, salle commune des Gryffondor

Lorsqu'elle rentra dans la salle commune ce soir là, Hermione ne vit même pas le regard noir que Ron lui lança depuis son fauteuil au coin du feu. Elle était réellement fatiguée et avait très envie d'aller se coucher. Sa tête la lançait comme jamais et elle avait la désagréable impression qu'elle allait bientôt se fendre en deux sous l'effet de la douleur. Une goutte de sueur coula sur son visage, signe qu'elle avait de la fièvre. Néanmoins, en fait, elle ne pensait qu'à une seule et unique chose.

Plus exactement, elle ne savait plus quoi penser. Drago Malefoy était un être changeant, indescriptible. Il l'avait appelée par son prénom. Il était en train de lui faire mal, comme à son habitude, et... Il était parti, il l'avait laissée. Il ne lui avait pas frappée, il ne l'avait pas agressée. Elle n'arrivait pas à savoir ce qu'il ressentait pour elle. A aucun moment il n'avait laissé paraître ses sentiments et ses impressions, il était resté complètement neutre. Elle ne savait pas, elle ne comprenait pas, elle... Pour la première fois de sa vie, Hermione Granger se rendit compte qu'elle passerait sa soirée à penser à l'insondable et incompréhensible Drago Malefoy.

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