Se souvenir de la fin
Il est difficile de se souvenir comment ces événements ont commencé. Ces histoires là, tout aussi macabres qu'elles puissent être, ne restent pas dans les esprits. Même si l'horreur qui les imprègne les rend beaucoup plus dures. Beaucoup plus réalistes, beaucoup plus vraies. Mais finalement, ce qui compte réellement, c'est d'oublier les faits. C'est que l'odeur et l'idée de ces moments finissent par disparaitre. Cette histoire avait commencé comme beaucoup d'autres. Par un détail insignifiant. Une chose banale, qui a finit par devenir terrifiante. Et horriblement passionnante.
Hermione, couchée sur son lit réfléchissait. De temps à autre, une toux rauque s'échappait de sa gorge. Ses longs cheveux ondulés formaient une auréole auburn autour de son visage fatigué et contrastaient avec le couvre lit rouge et or. Ses yeux marron dispensaient une faible lueur. Sa véritable lumière était, semble-t-il, éteinte depuis longtemps. Sa bouche sèche était légèrement entrouverte. Elle essayait de se souvenir. Mais les souvenirs vont et viennent. Ils changent. Ils évoluent. Et Hermione trouvait que cette histoire avait un coté étrange, surréaliste. Il y avait quelque chose dans ces dernières semaines qui lui échappait. Terriblement, inexorablement.
« Si je devais raconter ce qui se passe ici, je commencerais surement par parler de mon sang. Oui, c'est parce que je suis née de parents moldus que je suis... Qu'on est... C'est vrai. Nous, ceux qu'ils appellent les sangs-de-bourbe... Quelle appellation stupide... On est tombés malades. Personne n'a su dire ce que c'était. Ce n'était pas vraiment grave au début. On toussait. Ce qui a inquiété Dumbledore, c'est qu'on soit tous malades. Enfin, seulement nous... Nous qui avions des parents moldus. Mais finalement, ça avait l'air de passer, alors il ne s'est pas inquiété plus que ça. Et puis... Cette fille là... Comment elle s'appelle déjà ? Ah oui, c'est Violette Desjardins. Son petit ami était malade comme moi. Parce que ses parents étaient moldus aussi. Ca faisait peut être... deux semaines qu'il y avait ce truc ? Les médicomages qui étaient venus nous voir ont dit que ce n'était pas mortel. Que ça guérirait. Et puis Violette... Elle est tombée malade elle aussi. Mais elle... C'était une sang pur. Et elle est... Elle est morte. »
Hermione sentit son estomac se retourner et se serrer violemment. Cette fille... Quelques heures auparavant, Anna Abot avait toqué à la porte de leur salle, lors d'un cours de métamorphose. Ils étaient en train de transformer des chatons en pelote de laine. Le petit chat tigré de Neville venait de prendre l'apparence d'un tigre et quelques filles étaient debout sur leurs tables, poussant des hurlements stridents. Le tapotement contre le bois avait un instant distrait tout le monde et le professeur Mc Gonagall en avait profité pour faire disparaitre le gros félin d'un mouvement souple du poignet. Lorsqu'Anna était entrée, Hermione avait tout de suite vu que quelque chose n'allait pas. Ses traits étaient tirés, et ses yeux agrandis par la peur, la terreur.
« Le professeur Dumbledore voudrait vous voir. »
Son ton avait surpris Hermione. Lent, monocorde, dénué de toute émotion. Si son regard n'avait pas été vaguement tourné vers le professeur, à la manière d'un globulux,(un animal aquatique aux yeux disproportionnés) Hermione n'aurait pas su à qui elle s'adressait. Après cette surprenante requête, Mc Gonagall avait enjoint aux élèves de regagner la salle commune de Gryffondor. Ses sourcils froncés et sa bouche pincée faisaient transparaitre son inquiétude. Elle avait rapidement rejoint Anna, et après l'avoir dévisagé d'un air désolé, elle l'avait prise par les épaules et était sortie à ses cotés.
Un peu plus tard, lorsque toute l'école était rassemblée pour le repas du soir, Dumbledore s'était levé. Ses yeux assombris et son air grave avaient fait comprendre à Hermione que quelque chose n'allait pas et elle avait stoppé la cuisse de poulet plantée au bout de sa fourchette quelque part entre son assiette et sa bouche.
Le directeur se racla la gorge puis commença à parler.
« Quelque chose de grave s'est produit. Mademoiselle Desjardins de Serdaigle a contracté la maladie que portent certains d'entre vous. Elle est en morte. Le ministère va faire son possible pour arranger la situation et vous recommande à tous de continuer vos cours sereinement jusqu'à nouvel ordre. Selon le directeur du département des maladies magiques, il est inutile de s'inquiéter. Par mesure de précaution il est cependant... Interdit aux nés de parents moldus de toucher les enfants nés de deux parents sorciers. Et tant que l'on ne connait pas la nature de ce... Ce virus, évitez autant que possible d'entrer aussi en contact avec vos camarades nés de parents moldus et sorciers qui peuvent être susceptibles de contracter le virus également. »
A cet instant, Hermione su que Dumbledore avait perdu toute dignité et toute prestance. Elle laissa définitivement tomber sa cuisse de poulet dans son assiette tandis que le directeur continuait son discours d'un ton fatigué, les yeux baissés.
« Le ministère va envoyer une équipe de sorcier dans notre école. Vous devrez vous adresser à eux pour tout problème en rapport avec la maladie. Le président de ce groupe, Monsieur Malefoy, se tiendra à votre disposition. L'équipe sera également chargée de surveiller vos relations, surtout physiques. Il faut impérativement que nous préservions la sécurité des uns et des autres.»
Dumbledore se rassit suite à ces mots. Il avait l'air plus vieux que jamais. Hermione poussa son assiette loin d'elle. Elle n'avait plus faim. Harry et Ron se regardaient d'un air consterné. Un brouhaha s'élevait de la grande salle, et une élève très blonde de la table de Serdaigle s'était levée pour partir en pleurant. Hermione baissa les yeux sur ses mains et sentit les larmes perler au coin de ses yeux. Une toux bruyante l'empécha cependant de pleurer. Ron et Harry se précipitèrent derrière elle pour lui taper dans le dos.
Hermione ne vit pas le regard vrillant de Drago Malefoy qui la détaillait, sondait son visage. Ses yeux froids comme la glace. Cette glace que personne n'imaginait fondre, pour personne. Et c'est aussi pour cette raison, et pas seulement parce qu'elle était occupée à tousser, qu'Hermione ne s'était jamais rendu compte que l'homme qu'elle détestait le plus au monde était irrémédiablement, totalement et définitivement amoureux d'elle.
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