Se battre pour un monde meilleur
La guerre est une chose étrange. Personne ne la perçoit de la même manière. Certains voient là un procédé remarquable visant à dominer le monde sans trop se mouiller. D'autre la vivent comme s'il s'agissait d'un moment stupide durant lequel des individus s'entre-tuent sans même réfléchir.
C'est de cette manière qu'Hermione voyait la guerre. Elle n'avait jamais rien connu d'aussi idiot que ça. Des personnes qui, dans d'autres circonstances, auraient pu être amies, se jetaient les unes sur les autres pour se mettre en pièces. Parfois au sens propre du terme, littéralement.
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N'ayant pas très envie de penser à ces choses peu ragoutantes, Hermione glissa sa main dans sa poche. Ses doigts rencontrèrent la fiole de verre, glaciale contre sa peau. Un frisson remonta le long de son bras et elle sentit tous ses poils se dresser sur son passage.
Que ressent-on lorsque l'on est indispensable au destin du monde ?
La peur.
La peur avait faillit tout faire capoter. Et pour cette raison, Hermione décida qu'elle ferait de son mieux pour ne pas écouter cette petite voix qui, dans sa tête, répétait encore et encore qu'elle était en grand danger et qu'elle pouvait mettre en péril l'avenir de l'univers d'un simple geste de la main.
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Seamus pointa une baguette tremblante sur le mangemort qui se tenait en face de lui. L'homme fit un mouvement brusque sur le coté et son capuchon glissa le long de son visage. Seamus découvrit une face marquée par de nombreuses cicatrices profondément ancrées parmi les rides qui couraient sur sa peau.
Ce n'était pas tant le fait de se rendre compte que, finalement, les mangemorts étaient des êtres humains qui fut le plus choquant pour Seamus.
Ce fut ce qu'il lut dans les prunelles de son ennemi qui le surprit.
Jamais, de toute sa vie, il n'avait été confronté à une telle haine, même lorsqu'il avait harcelé Hermione et qu'il avait reçu une vilaine correction de la part de Drago. Il se rendit compte, brusquement, de l'absurdité de ses actes. Ce qu'il avait fait était petit, minable et totalement déplacé. Il n'y avait rien de drôle dans la colère et dans la haine, dans le chantage et la méchanceté. Et c'est seulement à cet instant, dans ce regard précisément, qu'il le comprit.
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Un cri déchirant retint son attention deux secondes à peine. Il tourna la tête sur le coté. Ce qu'il vit le glaça d'effroi.
Percy Weasley venait de tomber sur le sol avec un bruit sourd, ses yeux vides et ouverts le fixant d'un étonnement muet. Quand était-il arrivé devant l'école ? Depuis quand était-il là, à se battre avec les autres ? Seamus n'avait même pas remarqué sa présence.
Sa mère, Molly Weasley, venait de se jeter sur lui. Son corps était secoué de sanglots déchirants.
Tant de douleur fit mal au ventre de Seamus et accentua l'impression déjà prenante qui l'envahissait. Faire mourir des personnes ou les faire souffrir dans le seul but de devenir plus fort ou d'obtenir ce que l'on veut, c'est mal.
C'est terriblement mal.
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Le sortilège vert que son adversaire lui lança frôla sa joue et il sentit une odeur de brulé provenir de ses cheveux. Il n'avait plus le choix, maintenant. Ce qu'il allait faire là, c'était pour la bonne cause. Il ne le ferait plus dans d'autres circonstances, jamais.
Sa main ne trembla pas.
« Avada Kedavra. »
Il ne s'attendait pas à atteindre sa cible du premier coup et fut surpris quand Mc Nair tomba à ses pieds, comme un pantin disloqué, sa haine encore férocement plantée sur son visage.
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L'éclair de lumière rouge atteignit Luna en plein sur le visage. Son visage surpris fut largement éclairé, laissant comprendre à qui voulait bien la regarder qu'elle ne s'attendait pas à être stupéfixiée. Elle laissa échapper un faible cri, à peine perceptible, et s'effondra sur le sol.
Ginny courut jusqu'à elle, haletante, et mis vivement sa main sur son cou, espérant qu'elle allait sentir une pulsation. Le visage de Luna était extrêmement tuméfié. Tellement, même, que Ginny avait presque du mal à le reconnaître. Essayant de ne pas céder à la panique, elle installa mieux ses doigts sur la jugulaire de son amie et attendit. Elle n'osait pas poser ses yeux sur le visage de Luna. Elle avait un œil complètement fermé et quelques cloques sans doute dues à une brulure au troisième degré s'étalaient largement sur sa joue gauche.
Alors qu'elle commençait à désespérer, Ginny sentit un pouls battre faiblement contre ses doigts.
La colère s'insinua dans ses veines tandis qu'elle lançait un sortilège de lévitation sur la Serdaigle. Pourquoi elle ? Luna ne faisait jamais de mal à personne et n'en éprouvait jamais la moindre envie. S'il y avait bien une personne dans cette école qui n'était pas réellement capable de faire du mal à une mouche, c'était bien elle.
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La rouquine se mit en marche, suivant scrupuleusement les instructions qu'on lui avait données. Eviter les sorts et courir jusqu'à l'école. Surtout, ne pas se retourner, quel que soit le prétexte. Rentrer en disant le mot de passe. Déposer la personne blessée dans la grande salle pour qu'elle se fasse soigner. Repartir se battre. Encore.
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En ressortant de l'école, Ginny faillit tomber et se retint de justesse. Elle avait trébuché contre quelque chose qui était étendu par terre aux pieds des marches.
La nausée remonta dans la gorge de la rouquine à une vitesse vertigineuse tandis qu'elle baissait la tête et observait le corps mort couché grossièrement sur le sol.
Finalement, il y a des tas de gens sur terre qu'on ne prend pas la peine de connaître et qu'on ne connaîtra jamais. Par manque de temps. Par manque d'affinité. Par manque d'envie. Par manque de véritable motivation.
Et Ginny Weasley compris, en contemplant son regard vitreux et désormais vide de toute vie, qu'elle ne ferait jamais la connaissance de Seamus Finnigan.
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Drago retint son souffle. Etait-ce ça, la souffrance, la vraie ? Celle que l'on ressent lorsque l'on perd un être cher ? Son cœur glacial battit une fois, puis deux. La douleur l'envahit brutalement et emplit ses poumons d'un air plein de désespoir.
Et la question resta dans son esprit, en suspens, attendant qu'on lui donne une réponse pour pouvoir disparaître et mourir.
Méritait-elle ce qu'il lui arrivait ? Avait-elle vraiment choisit cette voie, ou bien était-ce simplement le destin qui l'avait mise là, en travers du chemin de Remus Lupin ? Voulait-elle vraiment mourir pour cet homme qui avait, pourtant, mis la vie de tas de personnes en danger, dont celles de son mari et de son fils ?
Regardant sa mère tomber doucement à terre, son visage aristocratique et hautain figé en pleine gloire, Drago Malefoy songea qu'il ne saurait jamais si sa mère était vraiment celle qu'elle lui avait laissé voir.
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Pansy sentit sa main trembler tellement fort que son bras se mit à se mouvoir tout seul dans un soubresaut désespéré. Elle n'arrivait pas à bouger. Elle était tout bonnement paralysée. Le regard que lui lança Bellatrix Lestrange la pétrifia.
La Serpentard avait toujours eu peur de cette femme. La fascination sans borne qu'elle éprouvait pour Voldemort était malsaine, Pansy le savait bien.
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Voyant que la jeune fille pointait tant bien que mal son morceau de bois sur elle, Bellatrix éclata d'un rire sans joie.
« Pansy, qu'est ce que tu essayes de faire ? Siffla-t-elle en se dandinant d'un pied sur l'autre.
-Il a... Tué... Mon amie. Bredouilla la jeune femme pour toute réponse.
- Elle était trop faible. Roucoula Bellatrix en faisant tourner sa baguette entre ses doigts, totalement indifférente aux sorts qui fusaient autour d'elle.
-C'est faux ! Hurla Pansy dont la voix se brisa.
-Faible comme toi ! Caqueta la tante de Drago en tournoyant autour de la jeune femme. Tu as peur, n'est ce pas, Pansy ? Tu as peur, tu as peur... »
Le sortilège de découpe que lança Bellatrix fusa et déchira la robe de Pansy au niveau de son flanc. Elle sentit un liquide poisseux couler le long de son ventre. L'air frais s'engouffra sous sa robe et la fit frissonner. Ses doigts se crispèrent sur sa baguette tandis qu'elle étouffait un gémissement de douleur à peine audible.
« Tu vas finir comme elle, Pansy... Comme elle. » Chantonna Bellatrix en s'approchant de la Serpentard, ses yeux tournoyant follement dans ses orbites.
Complètement immobile, Pansy ne parvint pas à faire un geste ni a esquisser un mouvement. La peur l'emplit de plus belle. Etait-elle capable de vaincre cette femme ? Comment avait-elle pu imaginer qu'elle pourrait mettre fin au règne de Voldemort alors que, pour l'instant, elle était complètement impuissante face à une seule personne ? Elle avait si peu de pouvoir magiques comparé à elle...
« Regarde comme c'est facile, Pansy, de faire du mal lorsque l'on est fort. Ordonna Bellatrix d'un ton mielleux. Avada Kedavra. »
Sous les yeux horrifiés de Pansy, le sortilège qu'elle venait de lancer sortit d'un trait de sa baguette et fonça droit sur Remus Lupin. Ce dernier évita l'éclair vert de justesse, mais l'affreux craquement qui suivit cette scène indiqua qu'un rocher venait d'exploser. Les débris de ce dernier assommèrent Remus qui tomba mollement dans l'herbe, inconscient. Une tâche de sang se forma silencieusement sous son corps prostré.
« Tu vois ? Facile, tellement facile... Elle était si frêle, ton amie. Susurra Bellatrix en pointant sa baguette sur Pansy. Elle a du avoir très mal. Tu ne veux pas souffrir comme elle, n'est ce pas, Pansy ?»
Muette, la jeune femme ne souffla mot. Ses yeux s'embuèrent de larmes.
« Tu as perdu ta langue, ma chérie ? Tu es un vrai bébé... Gloussa la sorcière. Tu as besoin que tata Bella t'apprenne à parler ? »
Puis sans attendre la réponse de la jeune fille, elle s'écria :
« Endoloris ! »
La puissance du sortilège fut telle que Pansy fut projetée dans les airs. Son corps se tordit bizarrement. Puis sa main lâcha sa baguette et elle laissa échapper un cri déchirant. Les hurlements qui fusaient dans le parc de l'école couvrirent sa voix, un appel au secours parmi des centaines.
Elle avait l'impression qu'un fer chauffé à blanc la transperçait de part en part. Son corps la brulait tellement qu'elle ne voulait plus qu'une chose, en cet instant. Il lui fallait mourir... Il lui fallait cesser cette souffrance inutile, cette douleur insurmontable... Les yeux de la jeune femme se révulsèrent et elle tomba à terre, inerte.
« Trop faible, trop faible... » Murmura pensivement Bellatrix en se rapprochant de Pansy.
Elle retourna la jeune femme, couchée sur le ventre, d'un mouvement sec du pied. Le visage de Pansy n'exprimait rien et ses yeux étaient ouverts et légèrement humides.
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Elle allait donc finir ainsi. Tuée par Bellatrix Lestrange dans un élan de faiblesse. Cela ne semblait pas si terrible, finalement.
Pourquoi se battait-elle, déjà ? Elle n'arrivait pas à se souvenir. Tout ce qu'elle avait en tête, c'était la douleur qui émanait de son poignet. Quand Bellatrix l'avait soulevée dans les airs, elle avait atterrit dessus. Il était sans aucun doute cassé maintenant. Quel dommage. C'est utile, un poignet.
Dans un état semi-comateux, Pansy remarqua qu'il y avait un mouvement sur coté. Un visage empreint d'un sourire sadique fit son apparition dans son champ de vision. Un son sortit des lèvres craquelées de son interlocutrice. Une voix douce et aigrelette, comme celle d'une petite fille. Une méchante petite fille.
« Tu es vraiment laide. »
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Ces mots lui rappelaient quelqu'un... Mais qui ?
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Et soudainement, elle se souvint.
L'image de sa meilleure amie se superposa à celle de Bellatrix Lestrange. Millicent Bulstrode était là, devant elle. Elle rejetait ses longs cheveux noirs en arrière et se regardait dans la glace d'un air critique.
« Je suis vraiment laide.
-C'est vrai.
-Pansy ! S'offusqua l'élève de Serpentard en se retournant d'un bond vers son amie.
-Ca marche à chaque fois ! Ricana la jeune femme.
-Tu exagères. Tu es vraiment irrattrapable. Fit Millicent en secouant la tête d'un air désespéré.
-Oh arrête. De toute façon, tu n'es pas la pire de toute. Je vais te dire ce que je pense. Il n'y a pas plus moche que Bellatrix Lestrange.
-Je la trouve belle moi. Elle s'assume complètement. Dit Millicent en haussant les épaules.
-Tu veux rire ? Elle avait peut-être un beau visage avant. Mais depuis qu'elle a été à Azkaban, la folie l'a rendue affreuse.
-Je ne trouve pas moi. Fit Millicent d'un ton badin. Je vénère cette femme. Un jour, j'espère pouvoir devenir aussi puissante et influente qu'elle. »
Millicent marqua un temps de pause puis fronça les sourcils.
« En tous cas, je sais que... S'il y a quelqu'un qui peut être aussi forte qu'elle, c'est toi.
-Moi ? Eructa Pansy, surprise.
-Pansy, tu es la personne la plus obstinée que je connaisse. Tu réussis toujours ce que tu veux faire. Personne ne sait mieux parvenir à ses fins que toi, sauf peut-être Drago. »
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Alors qu'elle allait lui jeter le sortilège de mort, Bellatrix constata que les lèvres de Pansy bougeaient imperceptiblement.
Ignorant ce mouvement presque invisible et silencieux, la tante de Drago agita son poignet d'un air ennuyé et pointa sa baguette sur Pansy avec la ferme intention de la tuer.
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« Je... Pas... Bredouilla difficilement la Serpentard.
-Qu'est ce que tu dis, Pansy ? Chuchota Bellatrix avec un rire de petite fille.
-Je... Pas... Je suis pas... Tenta à nouveau Pansy, chuchotant presque.
-Tu n'es pas quoi, mon choux ? Morte ? Non, pas encore. Fit Bellatrix avec un large sourire.
-Je suis pas... Faible. »
Bellatrix la regarda avec des yeux ronds de stupéfaction et rejeta la tête en arrière pour partir d'un grand rire. Elle attrapa le bras de Pansy et la souleva sans aucunes difficultés. La jeune femme, complètement sonnée, émis un gémissement de douleur. Son poignet craqua. Bellatrix posa sa baguette contre son cou et le sang perla immédiatement au bout de l'objet.
« Prouve-le. Divertis-moi. » Fit Bellatrix dans un ricanement.
Le sang qui s'écoulait de la bouche de Pansy goutta sur la main de Bellatrix qui n'y prêta aucune attention.
« Du sang... » Souffla Pansy d'une voix éraillée en approchant ses doigts de la tache pourpre.
Sa main, tremblante, saisit le poignet de la tante de Drago. Ses doigts glissèrent au contact du liquide rouge et poisseux.
Maintenant.
Dans un formidable élan, Pansy poussa alors Bellatrix en arrière. Cette dernière heurta le mur situé juste derrière elle. Le choc fut terrible et elle se rendit à peine compte de ce qui était en train de lui arriver. Une douleur cuisante la força à reconsidérer son état physique et elle baissa les yeux à la recherche d'une blessure quelconque. Avec stupéfaction, elle fixa alors la branche qui traversait maintenant son corps de part en part.
Pansy essuya rageusement le sang qui coulait le long de son menton et s'approcha de la favorite de Voldemort. Les yeux écarquillés, cette dernière fixa la jeune femme avec une expression proche de la stupeur.
« Premièrement, cracha Pansy, j'ai souffert bien plus qu'avec ce doloris quand j'ai voulu récupérer ma mémoire. Deuxièmement, il ne faut jamais sous estimer son adversaire et sa capacité à feindre la souffrance. »
Il se passa quelques secondes durant lesquelles les deux femmes s'affrontèrent du regard, l'une debout, la main ensanglantée et tremblante, l'autre adossée contre un mur, le corps courbé en deux par la douleur. Enfin, Bellatrix eut une drôle de mimique, comme un sourire en coin, et dit faiblement :
« Je... Je s...suis... Tellement... Surprise. »
Ses yeux se teintèrent d'une lueur sombre puis devinrent fixes. Bellatrix Lestrange venait de mourir.
Pansy laissa échapper un ricanement et tomba à genoux par terre. Son corps lui semblait lourd et pesant. Sa vie lui semblait insignifiante et minuscule.
Son rire devint bientôt un sanglot déchirant. De ses mains tremblantes, elle recouvrit son visage. Toute la pression qui l'avait envahie ces derniers temps était en train de disparaître. Rien ne serait plus jamais comme avant maintenant. Même si Voldemort ne mourrait pas, elle serait vengée. Elle avait tué sa favorite.
Pourtant, elle ne ressentait pas le soulagement auquel elle s'était attendue. Ses yeux se fermèrent et son corps se mit à trembler. Elle s'évanouit aux pieds du cadavre de Bellatrix Lestrange.
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Ron pointa sa baguette sur Lucius Malefoy, une expression de fureur défigurant ses traits. Sous le choc du sortilège, le père de Drago fit un vol plané d'une hauteur impressionnante. Il atterrit sur quelque chose de dur et de froid qui lui meurtrit violemment le dos.
Avec horreur, il se rendit compte qu'il s'agissait de la tombe de cette élève qui était morte aux alentours du mois de décembre. Quel était son nom, déjà ? Il était ridicule... Quelque chose qui avait un lien avec une fleur... Rose ? Non, ce n'était pas ça.
Lucius tourna la tête et regarda l'inscription qui marquait la stèle. Les lettres, gravées éternellement dans la pierre, semblaient luire dans la pénombre. Lavande. Lavande Brown.
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Reportant son attention devant lui, il constata que Ron Weasley avait toujours sa baguette magique pointée sur lui. Lucius reconsidéra rapidement la situation. Il avait perdu son bout de bois ensorcelé et se sentait extrêmement faible. Très peu de choix s'offraient à lui. Etait-ce la fin? Sans aucun doute. Mais cette fin, la mort, il ne voulait pas la regarder arriver.
Il ferma les yeux et attendit le choc que produirait le puissant sortilège en venant le frapper le plein fouet.
Rien ne se passa.
Il ouvrit les paupières, hésitant. Ron Weasley le regardait avec une lueur de répugnance dans le regard. Il avait abaissé sa main, qui, désormais, reposait tranquillement le long de son corps, serrant fortement sa baguette magique. La voix du rouquin fut presque inaudible tandis qu'il disait :
« Je ne vous tuerai pas. Je ne suis pas aussi lâche que vous l'êtes. Je n'ai pas besoin de ça pour qu'elle soit vengée. »
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Hermione posa sa main sur le coté de son ventre. Le point qui la cisaillait en deux était extrêmement douloureux et la migraine qui lui envoyait des signaux plus que convaincants était en train de la rendre folle. Pourtant, elle ignora la souffrance qui la lançait par vagues, continuant sa course folle entre les corps couchés par terre. Elle marcha sur quelque chose qui produisit un craquement sonore. Avec une expression de profond dégout, elle s'aperçut qu'elle venait de marcher sur la main de Fenrir Greyback. Le regard vide, ce dernier était couché sur le dos et semblait contempler éternellement le ciel noirci. Ses crocs luisaient encore du liquide pourpre qu'il avait lappé dans le cou de ses victimes.
Hermione se força à détourner les yeux et reprit sa course. Elle n'avait pas le temps pour les pourritures dans son genre. Ses jambes tremblaient. Elle était encore faible. Ses pieds glissèrent dans une flaque de sang et elle faillit s'étaler de tout son long par terre.
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Ses yeux cherchaient frénétiquement Voldemort. Elle le haïssait. Elle scrutait la foule, fébrile et presque indifférente aux morts qui tombaient les uns après les autres à ses cotés.
Quand, enfin, son regard tomba sur lui, elle ressentit un étrange étonnement. En réalité, il n'était rien. C'était un homme, un seul. Ses pouvoirs magiques étaient puissants, mais une grande partie de sa force lui venait de sa connaissance. Ce n'était rien de plus que des mots sur du papier, des phrases dans des livres.
La peur qu'il avait inspirée avait sans doute été le déclencheur de tout cela. La terreur qu'il avait produite avait aidé, c'était certain puis, enfin, il avait tout gagné en ayant le respect.
Comment pouvait-on en venir à respecter un homme tel que lui ?
Cette créature qui, subitement, avait décidé qu'il était tant de faire mourir des sang-purs pour le bien de son idéal ? Et ils avaient dit oui. Ils étaient d'accord. Ils prenaient le risque de mourir.
Hermione fourra sa main dans sa poche. La fiole était toujours là, attendant sagement.
Elle savait que Voldemort ne la remarquerait pas. Elle n'était qu'une née moldu. Ce qui l'intéressait, lui, c'était Harry Potter.
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Lorsqu'elle commença à s'approcher du Lord noir, Ron lança une potion de brume. Aussitôt, la plupart des personnes présentes sur le champ de batailles devinrent floues. On entendit des cris étouffés. Quelques personnes s'étaient, apparemment, fait marcher sur les pieds par on ne sait qui.
Hermione connaissait exactement l'emplacement où Voldemort était situé. Il n'allait pas bouger. Dans la brume, il risquait de recevoir un sort perdu. Non, il était en train de se concentrer pour repérer les sortilèges qui venaient dans sa direction. Uniquement les sortilèges.
Elle savait qu'elle n'était plus qu'à quelques mètres. La peur lui serra le ventre si fort qu'elle cru qu'elle allait vomir ses entrailles. Elle toussa bruyamment tandis que ses jambes courbaturées lui faisaient terriblement mal. Ce satané virus devait disparaître. Et pour cela... Oui, pour cela...
Elle ne devait pas le louper.
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Hermione fouilla dans sa poche et saisit la fiole. Elle glissa entre ses doigts moites et la jeune femme resserra sa prise autour de l'objet. Elle leva son bras. Dans le brouillard, elle aperçut Voldemort qui tournait lentement la tête vers elle. Avait-il sentit que des ondes de haine se propageaient vers lui à une vitesse phénoménale ?
Un instant, elle croisa son regard rouge et songea qu'il était comme un ordinateur. Plein de diodes luminescentes, de données. Mais sans âme, sans esprit.
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Le bras d'Hermione s'abattit dans les airs d'une seule traite. La fiole vola lentement, décrivant une courbe plutôt harmonieuse. Un ou deux sortilèges la frôlèrent. Elle s'éclata sur le torse de Lord Voldemort, le couvrant d'un liquide argenté.
Ce dernier poussa un cri de rage et tenta de se débarrasser de la potion qui coulait sur ses vêtements. Hermione remarqua que la quantité qui le recouvrait diminuait sensiblement. Elle était en train d'être aspirée par son corps.
Voldemort n'avait, bien évidemment, aucune idée de ce qui était en train de lui arriver et ne prêtait plus aucune attention à la brunette. Il était temps pour elle d'agir.
Hermione se mit à courir, profitant de la confusion qui régnait et se jeta sur le Seigneur des Ténèbres dans un saut désespéré. Il fallait qu'elle le touche et qu'il contracte le virus. C'était leur seule chance de l'affaiblir. Son corps se tendit donc sous l'effet de l'impulsion qu'elle lui donna. Elle vola en avant, ses mains tendues droit devant elle dans l'espoir d'attraper ne serait-ce qu'un pan de la cape du Lord noir.
Cependant, elle ne parvint pas à le toucher. Elle n'atteignit jamais sa cible. Quelqu'un la ceintura vivement au niveau de la taille et l'empêcha d'arriver jusqu'à lui. Elle se sentit tirée en arrière par une force invisible qui la maintenait avec fermeté. Hermione se débattit vigoureusement et tourna la tête, cherchant à identifier son agresseur qui resserrait progressivement sa prise autour d'elle. Avec un hurlement de rage, elle reconnu le visage mesquin et ingrat de Peter Pettigrow.
Hermione voulait terminer la mission qu'on lui avait donnée, mais elle se rendait compte que plus le temps passait, moins ses chances étaient élevées. Elle se trouvait pourtant à quelques centimètres seulement de Voldemort. Elle aurait pu... Si seulement elle pouvait le toucher, si seulement ses bras pouvaient devenir extensibles, ou n'importe quoi d'autre qui lui permettrait de poser sa main sur lui, même en étant tenue par ce traitre de Pettigrow...
Si seulement...
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Et brusquement, son performant cerveau se mit en marche, fonctionnant en accéléré. Les hypothèses passèrent devant ses yeux. Les sortilèges défilèrent comme dans une boutique de magie. N'importe quoi... Un tout petit truc... Une petite chose pour l'atteindre... Une idée, une seule était suffisante...
Et elle trouva. C'était simple, et se serait forcément efficace.
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Hermione cracha sur le visage de Voldemort. Une seule fois. Sa salive dégoulina lentement sur ses traits contractés par la rage. Ses yeux s'allumèrent d'une lueur assassine. Une sang-de-bourbe avait osé lui cracher dessus. Hermione sentit que Pettigrow la serrait plus fort. Une sensation d'étouffement lui comprima les poumons.
Au même moment, Voldemort levait sa baguette magique pour mettre fin aux jours d'Hermione.
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Et voilà. C'est fini.
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Le sortilège ne partit jamais. Voldemort se courba brusquement en deux et laissa tomber sa baguette magique qui roula sur le sol, disparaissant parmi les corps étalés sur le sol. Un long hurlement sorti de sa bouche tandis qu'il attrapait sa tête entre ses mains.
Une migraine d'enfer, diraient certains.
Hermione entendit Pettigrow pousser un juron et gigoter contre elle. L'instant d'après, quelque chose de pointu menaçait fermement son dos. Les étincelles qui pointaient au bout de la baguette la brûlèrent et firent un trou dans sa robe de sorcière.
Comme c'était ridicule. Finalement, c'était Peter Pettigrow qui allait la tuer... C'était bien la peine de faire tous ses efforts et de réussir à transmettre le virus à Lord Voldemort, si c'était pour se faire tuer par un misérable rat... C'était tellement, tellement stupide...
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Pourtant, rien ne se passa comme elle l'avait imaginé. En fait, lorsqu'elle cru qu'il allait lancer le sortilège, elle eut la nette impression qu'il pesait plus contre elle. Sans doute essayait-il une dernière fois de l'étouffer en réunissant ses maigres forces. Cependant, son corps devint de plus en plus lourd à mesure que passait le temps et ses bras ne la serraient plus autant...
C'est alors qu'Hermione se rendit compte que Peter Pettigrow n'était pas en train de tenter de la tuer. En fait, il était en train de s'affaler sur elle. Elle tomba la tête la première dans la boue sous le poids du sorcier et se débattit, poussant le corps de Peter qui la recouvrait. Elle n'arrivait pas à enlever les bras qui lui enserraient la taille et sentit la panique s'insinuer dans son corps. Quelque chose lança un sort sur Peter dont les bras se détachèrent d'une traite. La même personne s'approcha et souleva rapidement Hermione qui se sentit soudain extrêmement soulagée.
Elle releva la tête et ses yeux croisèrent ceux de Cormac Mc Laggen. Comarc avait tué Peter pour sauver Hermione.
Il ouvrit la bouche. Elle se rendit compte qu'il voulait lui dire quelque chose et qu'elle savait tout à fait de quoi il s'agissait. Elle ne lui laissa pas le temps de dire un seul mot.
« Je te pardonne, Cormac. » Dit-elle.
Les yeux du jeune homme se fermèrent. Hermione se leva et tâtonnant le sol, récupéra sa baguette magique. Elle se leva, lui lança un dernier regard encourageant et disparu dans la foule, cherchant des yeux Voldemort qui s'était éloigné. Elle ne l'entendit pas lui murmurer :
« Pardon. »
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Harry visa Voldemort comme s'il s'agissait du boss d'un jeu vidéo. C'était presque trop facile. Ca aurait pu être drôle si ça n'avait pas été la fin d'une guerre et le début d'un nouveau monde.
Voldemort éternua bruyamment et ses jambes trésaillirent vivement sous son poids. Son visage était encore plus blanc qu'à l'ordinaire. Il pesta, mais ses mains refusaient de lui obéir, en proies à d'affreux et incontrôlables tremblements. C'était vraiment une image comique, comme ça. Comique et pitoyable. Finalement, il n'était qu'un homme comme les autres. Un homme qui pouvait tomber malade, un homme qui pouvait mourir. La seule chose qui semblait le différencier du reste de la population, c'était cette incapacité maladive à ressentir des émotions.
Voldemort lança un sortilège de mort sur Harry. Le survivant ne l'avait pas vu venir et ne bougea pas. Le sort ricocha sur le jeune sorcier et fit apparaître une longue coupure le long de son torse.
C'était tout ce dont le mage noir était capable désormais. Ses forces l'avaient quitté. Son corps et son esprit, autrefois si puissants, étaient assujettis par la maladie qui, maintenant, rongeait son être avec délice.
Il n'y avait plus qu'une chose à faire, une seule. Aujourd'hui, se serait la seule et unique fois qu'il lancerait ce sortilège. Il se l'était promis. Il allait le faire, pour le meilleur.
Harry s'étonna, un instant, de la facilité déconcertante avec laquelle il allait pouvoir mettre fin au règne de Tom Elvis Jedusor. Tout ça pour ça. Pris à son propre piège. Mort parce qu'il avait sous estimé ses ennemis. Disparu parce qu'il avait osé penser qu'il était invincible. Tué parce qu'il imaginait que personne ne le surpasserai jamais. Et pourtant... Pourtant Drago avait vaincu sa répulsion des nés moldus, Ginny avait compris ce qu'il faisait, Hermione avait reconnu son agresseur, Ron avait murit, Severus avait concocté un dérivé de sa potion et Harry avait tourné le dos à la haine viscérale qu'il entretenait envers Drago Malefoy.
Les autres étaient plus forts que lui. Mais dans son incommensurable aveuglement et son grand égoïsme, il n'avait vu que lui.
« Avada Kedavra. »
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Hermione sentit le monde qui tanguait sous ses pieds, se tournait et se retournait, encore et encore, à la manière d'une toupie prise dans sa course folle.
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Il était mort.
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Lord Voldemort. Tom Elvis Jedusor. Il était mort. Il avait disparu. Harry Potter l'avait tué.
Il ne restait plus, désormais, qu'un corps étendu, vide de toute substance, son visage a jamais cristallisé dans une expression de... Peur ? Ce qui le faisait vivre-son cœur ou quelque chose d'approchant- ne fonctionnait plus et ne fonctionnerait plus jamais. La guerre était terminée. Pour toujours.
Le plus beau dans tout cela, lui semblait-il, c'est qu'Harry était là, debout au milieu des décombres. La balafre qui traversait son corps de part en part semblait inexistante. Elle était belle. Elle témoignait de la force de l'amour, de l'amitié.
Dans le silence respectueux qui suivit ces instants, Hermione ne vit que le courage de son ami, la force dans son regard et aussi cet imperceptible mouvement dans son bras, encore tendu dans un ultime but. Cet objectif de toute une vie, que, finalement, il avait atteint.
Et maintenant ? Qu'allaient-ils devenir ? Qu'allaient-ils faire ?
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Hermione faillit sursauter quand une main se posa sur son épaule. Elle se retourna vivement, espérant voir un visage familier. Le soulagement qu'elle ressentit en découvrant la personne qui se trouvait en face d'elle s'estompa rapidement quand elle vit l'état désastreux de son visage, salement amoché. Sa bouche s'ouvrit dans un cri muet lorsqu'elle remarqua que la lèvre de Ron était largement tailladée et qu'un filet de sang coulait sur son front.
« Ron...
-C'est rien, Hermione. Ca guérira vite.
-D'accord. Je pense que je peux te faire confiance pour ça. »
Hermione eut un faible sourire que Ron ne lui rendit pas. La main de son ami s'enfonça un peu plus dans sa peau, serrant son épaule. Hermione grimaça quand elle sentit la force de son ami au travers de ses doigts.
« Ron, qu'est ce qui ne va pas ? » Demanda-t-elle.
L'incommensurable sentiment de félicité qu'Hermione avait ressentit lorsqu'elle avait compris que la guerre était terminée s'enfuit immédiatement, remplacé par une terreur prenante et grandissante. S'il était là, maintenant, à coté d'elle, s'il lui disait de ne pas s'inquiéter, s'il était en train de lui broyer l'épaule, c'est qu'il se passait quelque chose. Quelque chose qui n'était pas bon du tout.
« Ron ! Dit-elle plus fort en s'agrippant au bras de son ami. Qu'est ce qu'il y a ?
-Hermione...
-Quoi ? Demanda-t-elle, au bord de l'hystérie.
-C'est Malef... Drago. »
L'étrange impression que le sol s'ouvrait sous ses pieds anéantit la jeune femme. Drago ? Qu'est ce qu'il pouvait être arrivé à Drago ? Est-ce qu'il s'était fait tué ? Est-ce qu'il était gravement blessé ? Qui lui avait fait du mal ? Avait-il disparu ? Devrait-elle finir sa vie sans avoir pu lui dire... Lui dire ce qu'elle aurait sans doute du lui avouer il y a des semaines de cela ?
« Qu'est ce qu'il a ? Où est-il ?
-Il... Il est dans la grande salle, avec les blessés et les... Les morts. Il n'a pas été touché pendant la bataille Hermione. Il est... Malade. Il a contracté le virus.
-Non... Non ne me dis pas ça. Supplia Hermione, sentant qu'elle suffoquait. C'est ma faute... Qu'est ce que j'ai fait, Ron ? Dit moi que ce n'est pas vrai...
-Je suis désolé Hermione. Il n'a même pas vu la fin de la bataille. Il s'est écroulé il y a une heure. C'est... Harry qui l'a porté jusqu'au château.
-Est-ce qu'il est... Fit Hermione, incapable de terminer sa phrase.
-Il n'est pas mort, si c'est ce que tu crois. Il est dans un état... Disons... Stationnaire. Mais il faut que tu saches que... La...La bataille et l'utilisation excessive de magie a accéléré le processus de développement de la maladie. Il lui reste une semaine à vivre, au plus. Il est dans le coma. »
Hermione lutta contre l'envie de fondre en larme qui la tenaillait. Ca ne pouvait pas se terminer comme ça. Ca ne pouvait pas se terminer tout court. C'était impossible. Ca ne pouvait pas être la fin... Il n'y avait même pas de début à leur histoire. Elle devait trouver un moyen... Elle devait faire les recherches nécessaires... Il fallait qu'elle fouille partout où elle le pourrait et qu'elle découvre comment renverser le destin de Drago, comment faire en sorte qu'il revienne...
.
La détermination qui s'inscrivit dans ses yeux fit de la peine à Ron qui n'osa pas dire un mot. Ils se regardèrent, un instant, puis Hermione pris un ton qui se voulait sûr :
« Je trouverai un moyen de le sauver, Ron. Je le guérirai. »
La seule pensée de son ami fut que, pour une fois, dans toute sa vie, Hermione ne trouverait sans doute pas de solution à son problème.
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