Perdre la raison

Poudlard, infirmerie

9h16

Hermione fronça les sourcils dans son sommeil. Madame Pomfresh perçut son mouvement et s'approcha d'elle rapidement, faisant voleter sa longue robe blanche. Elle se pencha au dessus de la jeune fille et écouta sa respiration pour noter le moindre changement.

Après une trentaine de secondes, elle hocha tristement la tête puis secoua vivement sa baguette au dessus d'Hermione.

« baissafièvra. »

Un linge imbibé d'un liquide jaunâtre atterrit aussitôt sur le front de la Gryffondor et entreprit de se presser tout seul au dessus d'elle pour la rafraîchir. La jeune femme grimaça au contact du linge frais mais ne bougea absolument pas.

L'infirmière de Poudlard la regarda d'un air désolé avant de retourner s'installer derrière son bureau. Une fois assise, elle retira doucement ses gants, formés d'une matière souple et transparente qui ressemblait au silicone mais qui était aussi efficace que la peau de dragon pour empêcher la transmission du virus.

L'infirmière jeta un regard à la fiche d'Hermione, qui récapitulait tout les soins dont elle bénéficiait et les symptômes qu'elle avait. A chaque fois qu'elle lisait ce document, Madame Pomfresh en arrivait à la même conclusion.

Hermione Granger allait sans doute se réveiller bien avant tous les autres. Seamus Finnigan l'avait amenée à l'infirmerie alors qu'elle venait de perdre conscience. De tous les élèves touchés par le sortilège « Sectusempra » depuis l'arrivée du virus, Hermione était celle qui était restée seule à se vider de son sang le moins longtemps.

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Depuis qu'elle était infirmière dans cette école, Madame Pomfresh avait vu bien des choses. Mais ce qui se passait en ce moment dépassait de loin tout qu'elle avait connu. En regardant de plus près la blessure d'Hermione puis celle de Ginny, elle en était arrivée à une conclusion qui lui paraissait étrangement funeste. La mauvaise qualité des sortilèges qui avaient touchés les jeunes filles confirmait une théorie qui était loin d'être réjouissante. Elle en était certaine à présent. C'était des élèves qui attaquaient.

10h48

« Tu es complètement stupide Granger. Tu m'entends ? J'ai rarement fréquenté des gens aussi niais que toi tu peux l'être. Comment as-tu pu te laisser avoir aussi facilement ? Tu devrais avoir honte. Une telle faiblesse ne devrait pas être permise.»

14h03

Ronald Weasley s'approcha de son amie et lui murmura à l'oreille, de manière à ce qu'elle seule puisse l'entendre :

« Je te jure qui si Malefoy y est pour quelque chose, je l'égorge. »

16h39

Madame Pomfresh se pencha au dessus de Ginny Weasley pour prendre son pouls et vérifier la régularité de sa respiration. Quelques secondes seulement lui permirent de remarquer que les constantes vitales de la jeune fille étaient normales.

Elle agita machinalement sa baguette magique.

« Régénétranfusio. »

Une perfusion apparut aux cotés de l'infirmière. La poche contenait un liquide translucide aux reflets nacrés. L'aiguille glissa toute seule dans la veine du bras de Ginny et la potion commença à s'écouler lentement dans son corps.

Madame Pomfresh vérifia que la vitesse du goutte-à-goutte était suffisante puis ôta doucement les bandages qui encerclaient la poitrine de Ginny. La cicatrice de la jeune fille présentait encore des boursouflures rougeâtres mais semblaient être en meilleur état que la semaine précédente.

Avec précautions, Madame Pomfresh appliqua un onguent vert pomme sur la peau rougie de la Gryffondor, en prenant soin de n'éviter aucun endroit qui avait été touché par le sortilège. Elle poussa un soupir de soulagement une fois cela fait. La jeune femme rousse supportait très bien le traitement et n'avait aucune réaction allergique.

Il était possible qu'elle finisse par revenir à elle prochainement, ce qui était une très bonne chose. Il existait peut-être un peu d'espoir dans tout ce marasme.

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10h46

« Granger, tu es vraiment la créature la plus stupide que je connaisse. Tes connaissances sont loin de paraître aussi étendues que ce que tu veux le laisser croire au reste du monde. Tu t'es laissée avoir avec une facilité déconcertante. Si tu ne te réveilles pas, crois-moi, je t'en ferai voir de toutes les couleurs. Je ne plaisante pas. Un Malefoy tient toujours parole.»

15h13

« Salut Hermione... C'est Harry. Tu m'entends ? Je ne sais pas si tu peux m'entendre. Madame Pomfresh à dit que normalement, tu peux. »

« ... »

« Tu es dans un... Coma léger, c'est ça ? Ca me fait bizarre que tu ne me répondes pas. »

« ... »

« Tu me manques, Hermione. Je suis encore en colère contre toi, mais je ne supporterai pas de te perdre. Je ne veux pas que tu meures. J'ai besoin de toi. Quand j'aurai réussit à mettre toute ma frustration et ma colère de coté, viens me voir. A ce moment là, j'aurai l'air d'un imbécile. Et je veux que tu me dises à quel point j'ai été stupide de t'avoir fait pleurer comme je l'ai fait, de ne pas avoir été là pour toi quand tu t'es faite agressée et de... »

« ... »

« Hermione... Pour tout ça, il faut que tu te réveilles. Fait-le, s'il te plaît. »

« ... »

« Et... Une dernière chose. Il faudra que tu me promettes que Malefoy n'est en rien responsable de ce qui t'es arrivé. Sinon je... J'en ai déjà discuté avec Ron. Il passera un sale quart d'heure. »

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9h58

« Je sais que tu m'entends, Granger ! Tu es tout à fait capable de saisir le moindre de mes mots, ne fais pas comme si. Il faut toujours que tu en fasses tout un plat et que tu joues la comédie. Mais écoute-moi bien attentivement. Je te préviens, Granger... Si tu n'as pas ouvert les yeux d'ici une semaine, je te couvre de doloris. »

18h57

Ginny Weasley émit un faible soupir dans son sommeil et tourna légèrement la tête. Madame Pomfresh s'approcha d'elle rapidement et souleva l'une des deux paupières de la jeune femme.

« Oculaluminescent. » Prononça-t-elle en pointant sa baguette magique sur l'œil de Ginny.

Une lumière rose et feutrée éclaira aussitôt le globe oculaire. L'infirmière réitéra cette même action pour l'autre œil de la jeune femme, puis se recula avec une lueur de déception dans le regard. Aucun mouvement ni réaction pour l'instant.

Mais elle savait... Elle sentait que la jeune fille disposait d'une énergie hors du commun et qu'elle finirait, tôt ou tard, par revenir parmi eux.

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11h23

« Pfff... Pfff... Je suis désolé, je suis en retard Granger. J'avais beaucoup de travail. Un devoir de potion à faire pour Rogue... 23 centimètres de parchemin ! D'ailleurs si tu ne le fais pas, je pense qu'il n'y aura aucun Optimal. Tu n'imagines pas la complexité de sa demande. J'ai été à la bibliothèque pour faire des recherches et... Bref. Je ne vais pas te raconter quelque chose qui t'intéresse alors que, de toute évidence, tu ne fais aucun effort pour me faire plaisir. N'est-ce pas, Granger ? »

« ... »

« Tu dors encore ? »

« ... »

« S'il te plaît, réveille-toi Granger. Je m'ennuie.»

12h08

Madame Pomfresh regarda partir Drago Malefoy. Il venait de passer près de trente minutes avec Hermione Granger. Depuis que la jeune femme était hospitalisée, il venait la voir tous les jours et restait au moins une demi-heure à chaque fois.

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Au départ, elle s'était méfiée et évitait de le laisser seul avec la Gryffondor. Elle n'était jamais loin, prête à intervenir au moindre danger. Elle ne comprenait pas pourquoi ce garçon rendait visite à la jeune femme.

Cependant, Drago n'avait absolument pas tenté de faire du mal à Hermione. Il s'était contenté de s'asseoir à coté d'elle et d'attendre. Elle l'avait surpris une fois en train de lui tenir la main et de temps en temps, elle l'avait entendu parler. Néanmoins, il s'exprimait à voix basse et elle n'avait pas saisit ce qu'il lui disait.

Une étrange amitié que celle-ci... Tellement improbable...

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10h30

« Granger...J'en ai marre de prononcer ton nom de famille. Il me gratte la gorge, il y a trop de « R » dedans. Je peux t'appeler Hermione ? Je pense que oui, étant donné que tu m'appelles Drago. D'ailleurs en parlant de ça, tu es d'un sans gène... Il ne me semble pas t'avoir donné mon accord pour ce genre de familiarité. Bref. Je ne vais pas t'apprendre la politesse, tu es déjà un cas désespéré. Je vais en revenir à ce que je fais de mieux : donner des ordres et des conseils pleins de bon sens. Tu piges ? Ce sont des mots que tu dois interpréter dans leur ensemble et prendre en compte pour tes actes futurs parce qu'il n'en existe pas de plus censés ! »

« ... »

« Hermione... Reviens. Réveille-toi. Je te l'ordonne. »

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9h25

« Hermione, ce serait vraiment bien que tu te réveilles, maintenant. Il y a deux raisons à ça. La première, c'est que si tu ne le fais pas, je vais te lancer un ou deux doloris, comme prévu. Et... Si tu n'es pas totalement consciente à cet instant, c'est à l'intérieur de ton corps que tu pleureras. Et crois-moi, il paraît que c'est très douloureux. »

« ... »

« La seconde raison c'est que... Je crois que tu... enfin, c'est comme si tu me manquais un peu. Je m'ennuie vraiment beaucoup quand je ne peux pas te parler.

-D... Dra....G...Go...

-Hermione ? »

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Drago s'approcha de la jeune fille avec une lueur d'incrédulité dans le regard, et pressa vivement sa main. Elle eut un gémissement étouffé, sans doute parce que, dans sa joie de la retrouver, il l'avait serrée un peu fort.

« Hermione, tu es réveillée ? Tu m'entends ? Hermione, ouvre les yeux ! »

Hermione essaya de faire ce que la voix rauque lui conseillait avec tant d'ardeur. Toutefois, ses paupières semblaient peser très lourd et fermaient immanquablement son regard. Elles étaient comme scellées et la jeune fille n'y arrivait pas. Pourtant, elle savait qu'il fallait qu'elle se réveille une bonne fois pour toutes. Elle avait déjà passé trop de temps dans les limbes. Il fallait qu'elle retrouve la vie. Sa vie.

Au prix d'un effort surdimensionné, elle papillonna doucement des paupières avec l'impression que quelqu'un donnaient des coups de massue de façon récurrente sur son crâne. A l'instant même où elle ouvrit totalement les yeux, la lumière blanche de l'infirmerie l'aveugla et elle entendit une voix qui ressemblait à s'y méprendre à celle de Drago hurler à pleins poumons :

« Madame Pomfresh ! »

Hermione entendit claquer des talons sur le sol à un rythme soutenu. Quelques secondes plus tard, deux mains fermes la saisirent aux épaules et la pressèrent douloureusement.

« Mademoiselle Granger ? Hermione ? Vous m'entendez ?

-O...Oui. »

Elle aperçut, dans un certain flou, la baguette de Madame Pomfresh s'agiter dans les airs au dessus de sa tête et elle entendit l'infirmière psalmodier une formule qu'elle ne comprit absolument pas. Ensuite, un éclair de lumière bleu plongea droit sur elle.

Après cela, sa vision devint plus claire et elle aperçut vaguement le mobilier qui l'entourait. Elle ne pouvait pas tourner la tête car elle avait l'impression que celle-ci était complètement bloquée. Ses articulations la faisaient horriblement souffrir. Cependant, elle voyait tout de même le plafond immaculé de l'infirmerie et le haut d'une armoire toute aussi blanche.

« Comment vous sentez-vous Mademoiselle Granger ? Fit la voix de l'infirmière.

-Ré...Veillée. Bredouilla Hermione d'une voix rauque.

-Contente de l'entendre. Je vous laisse un instant avec Monsieur Malefoy, je vais chercher une potion qui vous permettra de récupérer. Je reviens dans cinq minutes. » Débita Madame Pomfresh avant de partir à grands pas pressés.

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Avait-elle dit « Monsieur Malefoy » ? Ainsi, elle n'avait pas rêvé, il était vraiment là ? En essayant d'élargir son champ de vision, Hermione remarqua bientôt la présence d'un visage barré d'une mèche blonde qui lui était extrêmement familier.

Elle essaya de lui sourire mais ne parvint qu'à avoir un rictus coincé. Drago eut alors une sorte de ricanement.

« Eh bien, Granger, ne te fatigue pas plus que tu ne l'es déjà. Tu vas paraître vraiment ridicule à forcer d'insister comme ça.

-Je... Cr... Croyais... Her... Hermi ? » Parvint-elle à prononcer difficilement de sa voix éraillée.

« Tu veux que je t'appelles Hermione, c'est ça... Tu t'obstines, hein ? »

Un large sourire éclaira les traits de Drago.

« Ou...I.

-Ah Granger, toi et ton entêtement, vous m'avez manqué... Enfin je veux dire... T'emmerder c'est... J'adore ça. »

Drago ne prononça plus un mot, gêné, et la scruta de ses yeux glacés, tandis qu'Hermione essayait encore, tant bien que mal, de sourire, seulement à moitié consciente des mots que Drago venait de prononcer.

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Elle sursauta quand Madame Pomfresh revint dans la pièce, faisant tinter les flacons en verre qu'elle tenait dans la main.

« Elle a besoin de se reposer. Intima l'infirmière à Drago d'un ton sans appel. Revenez demain si vous le souhaitez, Monsieur Malefoy. »

Drago fit un signe de tête qui signifiait qu'il avait compris le message. Il se leva de la chaise sur laquelle il était installé pour quitter la pièce, sans un regard pour la jeune femme.

Hermione voulut lui dire de rester, mais elle ne parvint qu'à produire un grognement. Avant qu'elle ait pu faire une nouvelle tentative, Madame Pomfresh lui tendit une fiole remplie d'un liquide à la couleur indéfinissable. Le regard de l'infirmière indiqua clairement à Hermione qu'elle devait boire le contenu du flacon. La jeune femme l'ingurgita sans en avoir la moindre envie et sentit, aussitôt, une intense chaleur l'envahir suivie d'une envie de dormir particulièrement persistante.

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10h06

« Hermione.

-Granger.

-Hermione.

-Granger.

-Malefoy.

-Vraiment ?

-Oui.

-D'accord. Hermione. »

La jeune fille fit un large sourire à Drago et lui dit très sérieusement :

« Tu apprends vite. »

Drago lui jeta un regard glacial puis se recula sur sa chaise. Hermione le dévisagea avec une lueur indéterminable dans les yeux. Finalement, elle se redressa dans son lit et s'installa un peu mieux contre ses oreillers. Elle pencha la tête sur le coté puis tordit ses doigts les uns contre les autres.

« Dit, Drago... Je t'ai vraiment manqué ?

-Quoi ? Répondit Drago qui manqua de s'étrangler avec sa propre salive. Non, Gr... Hermione. C'est... Enfin, si. Mais ce n'est pas toi qui m'a manqué c'est... Le fait de pouvoir discuter avec toi et de... T'insulter.

-Oui, je vois. Dit calmement Hermione d'un ton égal.

-Tu vois quoi ? Demanda Drago, soupçonneux.

-Que tu disais beaucoup plus de choses vraies quand tu n'étais pas sûr que j'étais consciente.

-Qu'est ce que tu veux dire ? S'énerva Drago, sur la défensive.

-Que je t'ai entendu parler pendant que j'étais dans le coma. Tu as dit beaucoup de choses. Affirma Hermione après un temps d'hésitation.

-Et ? Qu'est ce que j'ai dit de si étrange ou qui sorte autant de l'ordinaire ?

-Tu as dit que tu avais été inquiet pour moi et que je t'ai manqué. C'est en entendant ces derniers mots que j'ai essayé de te répondre et que je me suis réveillée. »

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Drago sembla douter de la conduite à tenir pendant quelques instants, et finit par détourner son regard d'Hermione. Cependant, cette dernière remarqua son trouble et attrapa son poignet pour l'attirer vers elle. Elle n'avait pas encore beaucoup de force mais parvint tout de même à le rapprocher.

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« Drago... Pourquoi tu n'es pas un peu plus toi-même le reste du temps ? »

Elle pressa son bras avec insistance et Drago devina qu'elle souhaitait discuter avec lui. Il fit un effort considérable pour se retourner et plonger son regard dans le sien. Elle était extrêmement près de lui à présent et dégageait une forte odeur médicale. Il parvenait cependant à distinguer les effluves de son parfum au travers de la senteur chloroformée.

Il s'approcha davantage et lui parla plus bas, décidé à lui couper le sifflet au plus vite :

« Tu n'aurais pas peur, si j'étais plus moi ? Qui te dit que je ne suis pas un être mauvais ?

-Il y a longtemps que je n'ai plus peur de toi, Drago. »

Elle resserra sa maigre prise autour de son poignet et l'attira plus près. Il sentit les cheveux d'Hermione caresser sa joue et vit ses lèvres rosées former chacun des mots qu'elle prononçait, bien qu'il n'en saisisse que la moitié.

« Je sais que tu n'es pas quelqu'un de mauvais, au fond. »

Elle se mordit la lèvre, consciente de prononcer des mots qui en disait long sur l'estime qu'elle lui portait.

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Drago la regarda avec avidité, sentant son ventre se tordre dans tous les sens. Il essaya de faire dévier son regard de sa bouche tellement tentante. Il releva les yeux et se plongea dans les deux iris marron qui le fixaient avec sincérité, non sans remarquer que les joues de la Gryffondor avaient l'air de deux pommes bien mures.

Il sentit le souffle de la jeune fille sur son visage tandis qu'elle lui disait :

« Je t'apprécie beaucoup, Drago.

-Hermione... Soupira le Serpentard d'une voix rauque.

-Oui ? »

La main de Drago se mit à trembler. Il la ramena sur son genou et la serra avec force. Il fallait qu'il calme l'envie qui rodait dans son corps et qu'il expulse toute cette énergie dévastatrice qui menaçait de prendre possession de lui. Néanmoins, ce qu'il ressentait ne disparu pas pour autant et il commença à ressentir la douleur caractéristique qui signifiait qu'il était en train de tendre tous ses muscles.

« Je ne suis pas sûr que tu apprécies ce que je suis quand je suis moi-même. Souffla-t-il dans un élan désespéré pour la faire fuir.

-Pourquoi tu dis ça, Drago ? »

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Si elle savait ce qu'il avait envie de lui faire, aucun doute qu'elle ne lui aurait jamais parlé sur ce ton, avec cette voix. Si elle avait simplement imaginé ce qu'il pensait d'elle, elle n'aurait pas eu cette lueur dans ses yeux. Il avait l'impression qu'elle voulait qu'il la veuille.

Il s'approcha de lui-même, cette fois, caressant au passage les mèches de ses cheveux qui touchaient son visage. Si seulement il avait pu enlever ses gants... il aurait pu toucher cette chevelure qui semblait si douce, glisser ses doigts entre ses boucles indisciplinées. Il aurait aussi pu passer ses mains sous cette blouse blanche qu'elle portait depuis qu'elle était à l'infirmerie, qui n'avait pas été taillée pour elle et qui laissait donc transparaitre toutes ses formes... Le tissu rêche semblait coller à sa peau, d'autant plus que souvent, elle avait de la fièvre et transpirait... il l'avait aussi entendu gémir dans son sommeil. Il pensait qu'elle devait faire des cauchemars à l'expression de son visage mais il aurait parfois souhaité, follement, qu'elle soit en train de rêver de lui.

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« Parce que tu ne me connais pas. »

La boule qui obstruait la gorge de Drago devint plus grosse à mesure que la respiration sifflante d'Hermione s'accélérait.

Il ne supportait plus qu'elle soit aussi près. Voulait-elle qu'il perde totalement le contrôle de lui-même ? La douleur ne cessait de s'intensifier et il sentit venir un mal de tête causé par la contraction ininterrompue des veines sur ses tempes.

Si elle continuait à se rapprocher de lui comme ça, il n'allait plus pouvoir se contrôler... Surtout si elle continuait à faire cette chose avec sa voix.

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« Montre-moi, Drago... Comment tu es quand tu es toi-même. »

Et il le fit.

Sa main, jusqu'alors posée sur son genou vint aussitôt se poser dans les cheveux d'Hermione pour attirer sa tête vers son visage. Son souffle parcourut sa peau à peine quelques secondes. Il posa sa bouche sur sa joue, sentant la chaleur de sa peau remonter jusque dans sa tête. Il l'embrassa sur le front, avalant le goût de sa sueur.

« Drago... »

Il se leva et se pencha sur elle, la forçant à se reculer. Elle lâcha sa deuxième main et il la glissa alors dans le bas de son dos, la rapprochant plus de lui. Il sentit qu'elle se cambrait quand ses doigts caressèrent le creux de ses reins.

Il se concentra à nouveau sur son visage, posant sa bouche sur le coin de ses lèvres. Sa respiration devint de plus en plus erratique tandis que celle d'Hermione gagnait en rapidité, accentuant ses sifflements. Il aspira le souffle qui sortait de ses lèvres et elle plongea son regard dans le sien.

Était-elle en train de le supplier avec ses yeux ?

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La tentation était trop forte, trop bonne... Elle était trop désirable. Il ne pouvait plus réfléchir, plus rien ne marchait dans sa tête. Il n'y avait plus qu'elle. Tant pis pour le reste. Juste elle, au moins pendant quelques secondes.

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Il posa ses lèvres sur les siennes. A ce contact, Hermione poussa un soupir d'aise qui attisa le désir de Drago. Il pressa davantage la bouche de la jeune fille, aspirant le goût de sa peau, de ses lèvres. Elle était délicieuse et parfaitement Hermione. Et il était maudit pour avoir osé l'embrasser. Il n'avait jamais rien goûté d'aussi bon et il était certain que les choses n'auraient jamais plus la même saveur depuis qu'il l'avait goûtée elle.

Il se recula un instant pour reprendre son souffle et l'entendit gémir doucement. Elle avait fermé les yeux et ne paraissait pas décidée à les ouvrir.

« Hermione... »

Il saisit à nouveau sa bouche, et sa main caressa son dos de plus belle. Elle frissonna et il la serra un peu plus contre lui.

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Il l'ignorait, mais la jeune fille ne s'était pas sentie aussi bien depuis longtemps. Elle se rendait compte qu'elle avait ardemment souhaité qu'il la serre dans ses bras, qu'il l'entoure, qu'il la protège... Peut-être qu'elle avait aussi espéré qu'il caresse ses lèvres avec les siennes. Peut-être qu'elle en avait aussi eu tellement envie qu'elle était prête à le supplier pour qu'il le fasse parce qu'elle avait mal de ne pas pouvoir l'avoir plus près. Elle ne savait pas qu'il partageait ce désir lui aussi.

Elle voulait perdre la notion du reste dans ses bras. Oublier que le monde était en train de tanguer... Il restait la seule chose stable dans sa vie. Il était venu la voir, il était venu chaque jour lui parler. Il ne partait jamais.

Mais pourquoi n'avait-elle pas été vers lui avant ? Il était tellement... Différent des autres... Tellement lui. Maladroit, imbécile, imbu de lui-même... Tellement plein de sentiments qu'il ne cessait de refouler. Drago Malefoy. Le garçon qu'elle avait détesté pendant des années et qu'elle s'était efforcée de tenir aussi loin que possible d'elle pour ne pas qu'il tombe malade...

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Hermione ouvrit brusquement les yeux et, au prix d'un effort incommensurable, refoula Drago à l'aide de ses deux mains. Elle n'avait que peu de forces, mais une maigre poussée suffit pour qu'il s'éloigne brusquement. Sa bouche quitta la sienne dans l'instant et elle sentit un désagréable frisson remonter le long de son dos.

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« Drago... » Souffla-t-elle.

Le jeune homme la regarda, subitement impassible, et elle essaya de lire dans ses yeux. Que signifiait cette lueur ? Etait-il en colère ?

« Je... Je ne peux pas. » Couina-t-elle avec difficultés.

Qu'adviendrait-il s'il tombait malade ? Si elle le perdait ? Et... Elle ne pouvait pas se permettre de se rapprocher de lui de... Tomber amoureuse. Que se passerait-il ? Comment ferait-elle pour retrouver Harry et Ron quand elle devrait leur annoncer qu'elle était tombée amoureuse d'un Serpentard presque asservit à Voldemort ?

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Drago la regarda intensément. Il sentit une douleur fulgurante traverser son corps. Comme si une lame s'était introduite dans sa poitrine et ne cessait de s'enfoncer un peu plus à chaque instant. Cette petite garce l'avait repoussé. Cette petite garce qui était Hermione et qu'il ne pourrait jamais, au grand jamais, quitter. Il était destiné à être auprès de cette femme pour le restant de sa vie. C'est pourquoi, malgré lui, il ne parvint pas à se mettre en colère, et qu'il essaya de détacher chaque mot qu'il prononça pour éviter de se faire engloutir par la douleur qu'il ressentait.

« Je comprends. De toute façon c'est... Sans importance. C'est juste. C'est comme ça que je suis quand je suis moi-même. »

Hermione ne répondit rien et baissa les yeux sur ses mains. Qu'est ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Était-il un homme vorace de n'importe quelle femme lorsqu'il était lui-même ? Ou... S'agissait-il d'elle et d'elle seule ?

Hermione ne parvenait pas à répondre à cette question, encore troublée. Elle sentait que ses joues étaient brûlantes et elle avait tellement, tellement envie qu'il recommence à l'embrasser...

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« Je m'en vais, Gr... Hermione. Dit Drago, la ramenant à la réalité.

-Quoi ? N... Non, attends ! S'écria la jeune femme.

-Je reviens tout à l'heure, avec Pansy. Répliqua calmement le Serpentard.

-Que... Quoi ?

-Elle va jeter le serment inviolable pour nous. Je ne te laisse pas le choix Granger. Il faut que tu me parles de ce virus avant qu'une bande de dégénéré t'attaque à nouveau. »

18h37

Hermione dévisagea Pansy qui la regarda à son tour. Les deux jeunes femmes se jaugèrent un instant, puis Pansy détourna le regard, de mauvaise grâce.

Elle ignorait ce que cette petite peste avait fait à Drago... Mais elle avait perçut quelque chose d'étrange dans les yeux du Serpentard quand il était venu la chercher. Comme... De la tristesse ? Se pourrait-il qu'elle lui ait fait de la peine ? Mais si oui, de quelle manière ? Est-ce qu'il aurait dit à Granger ce qu'il ressentait et qu'elle l'aurait repoussé ? Mais dans ce cas... Pourquoi avait-elle l'air aussi mal à l'aise ? Aurait-elle mentit en disant ne pas partager ses sentiments ?

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« On y va ? Il faut se dépêcher avant que Madame Pomfresh ne vienne pour donner sa potion à Granger. » Dit sèchement Drago, visiblement impatient.

Pansy faillit sursauter. Elle était perdue dans ses pensées. Elle hocha la tête en signe d'approbation et tira sa baguette de sa poche.

Hermione jeta un regard en coin à Drago mais ne perçut rien de lui. Elle voulait savoir s'il lui en voulait à cause de ce qu'il s'était passé. Cependant, comme d'habitude, il avait un masque d'impassibilité sur le visage et ne montrait absolument aucun sentiment. Il avait l'air tout à fait neutre et il aurait sans doute fallut le connaître depuis des années pour déceler une émotion sur ses traits.

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Pansy agita doucement sa baguette. Cette dernière produisit une gerbe d'étincelles vertes. Elle examina Drago et Hermione puis demanda :

« Tenez-vous la main gauche. Et surtout n'enlevez pas vos gants. »

Hermione se mordit la lèvre. Il ne devait pas enlever ses gants pour éviter qu'il contracte le virus. Et elle... Elle avait embrassé Drago. Il risquait gros, très gros. Allait-il tomber malade ? L'angoisse commença à l'assaillir. Elle ne voulait le perdre à aucun prix... Et elle avait cédé à une pulsion stupide.

Elle n'eut pas le temps de prolonger sa discussion interne. Le Serpentard venait d'attraper sa main et la serrait entre ses doigts. Elle n'osa pas croiser son regard et se concentra sur Pansy, qui avait fermé les yeux.

La jeune femme agita doucement sa baguette au dessus de leurs deux mains entremêlées et psalmodia une formule à voix basse. Immédiatement, un long fil apparut et entrelaça leurs deux mains.

« Tu peux y aller. Dit Pansy à Drago.

-Moi, Drago Malefoy, te promets, Hermione Granger, de ne jamais révéler à quiconque d'autre que toi, Harry Potter ou Ronald Weasley ce que j'apprendrais sur le virus qui sévit dans l'école. Je te promets également de ne jamais devenir un mangemort. »

Pansy tressaillit mais ne dit rien tandis que les deux liens s'entrelaçaient en gigotant et serraient étroitement les poignets d'Hermione et Drago. Après quelques secondes, les fils argentés s'approchèrent de leur bras. Les deux protagonistes sentirent en même temps une douleur cuisante leur brûler la peau et s'imprimer avec force dans leur chair. Ils étaient tatoués par le lien invisible que les liaient. Par réflexe, la Gryffondor voulut ôter son bras, mais Drago la maintint fermement jusqu'à ce que la douleur s'estompe.

« Vous êtes maintenant... liés par le serment inviolable. » Finit par souffler Pansy avec colère, sentant la jalousie violenter son cœur.

« Merci, Pansy. » Souffla Hermione.

« De rien, idiote. Tu ne sais pas la chance que tu as. Il n'aurait jamais fait ça pour personne avant de te connaître. » Songea Pansy.

« Il faut que tu partes maintenant. Ajouta Drago d'un ton sans réplique. Herm... Granger a quelque chose à me dire. »

« Ouais. J'espère pour elle qu'elle va te dire qu'elle tient autant à toi que moi je tiens à toi. Parce que s'il t'arrive quelque chose je te jure qu'elle payera le prix fort. »

Pansy eut un haussement de sourcil qui indiqua clairement qu'elle désapprouvait le fait de laisser Hermione et Drago tous seuls, mais elle quitta la pièce sans prononcer un seul mot.

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« Alors Granger ? Demanda Drago dès que Pansy fut partie.

-Et bien, en fait, commença la jeune fille, je n'ai pas découvert qu'une seule chose. Pour tout te dire, il se trouve que le soir ou j'ai été attaquée, j'ai compris un autre fait.

- Explique-toi.

-Je sais que les personnes qui nous attaquent ne sont pas des Serpentard.

-Et comment tu as compris ça ? Demanda le jeune homme en haussant un sourcil sceptique.

-Celui qui m'a jeté le sort à dit qu'il ne me tuerait pas parce que je suis une amie d'Harry. Les Serpentard haïssent Harry, non ?

-C'est le moins que l'on puisse dire. Ricana Drago.

-Drago !

-Hermione ?

-Sérieux, sil te plait. Lui intima-t-elle.

-Ouais... Siffla Drago de mauvaise grâce. Je suis d'accord avec toi. Tu as raison. Les Serpentard haïssent Potter. Donc si les mecs en noir t'ont épargnés pour lui, c'est sans doute qu'ils ne sont pas du coté de Voldemort. Et... De toute façon, je pense que si c'était des Serpentard, je le saurai. On m'aurait proposé de me joindre au groupe.

-Ce qui signifie que ces pseudo-mangemorts ne sont pas envoyés par Voldemort ! C'est un détachement individuel, qui ne doit obéir qu'à lui-même !

-Sans doute. Concéda Drago.

-Une bonne chose de faite. Il faudra que j'en parle à Harry. S'écria Hermione en s'agitant dans son lit.

-Si le balafré décide de te reparler, tu le pourras.

-Drago ! Le réprimanda-t-elle.

-Je n'y peux rien si je le porte pas dans mon cœur ! Tu ne peux pas nier qu'il s'est mal comporté avec toi et qu'il n'est qu'un petit crétin, égoïste...

-Drago, Tu ne veux pas savoir ce que j'ai découvert quand j'étais à la bibliothèque ? Coupa Hermione, visiblement excédée par le comportement du Serpentard.

-si.

-Alors arrête.

-Bien.

-Ce que j'ai écrit sur mon parchemin c'est... Seamus. Avança Hermione.

-Oui, et... ? Tu as découvert que tu avais des sentiments pour lui ? S'énerva Drago. Je ne vois pas en quoi cette information peut-être utile pour en savoir plus le virus.

-Tu es vraiment exécrable, Drago ! Je n'ai aucuns sentiments pour Seamus, je le déteste ! Il est simplement un peu remonté dans mon estime parce qu'il m'a sauvée en m'amenant à l'infirmerie, mais je n'ai pas plus de...

-Viens en au fait s'il te plait, Hermione. Lui dit-il d'un ton glacial.

- Seamus m'a embrassée et il n'est pas malade.

-Et ? Répondit Drago en tapant du pied.

-Et alors il existe une chance pour qu'il ait réussit à résister au virus. Mais il est aussi possible que...

-Que ? S'impatienta le jeune homme.

-Et bien, réfléchit Drago ! Il est de sang-mêlé ! Peut-être que les sang-mêlés ne peuvent pas contracter le virus et qu'ils sont hors d'atteinte ! Il n'y a eu que des sang-purs touchés pour l'instant.

-Et pourquoi les sang-mêlé seraient-ils immunisés contre le virus? Interrogea Drago.

-Parce que Voldemort lui-même est un sang-mêlé et qu'il ne peut pas prendre le risque de tomber malade et de mourir ! Expliqua prestement la jeune femme.

-Mais Potter n'est pas un sang-pur ! S'écria le Serpentard.

-Exactement ! Triompha Hermione.

-Alors ça signifie que... Commença Drago avec incrédulité.

-Tu as tout compris. Que Voldemort n'a pas fait entrer le virus dans l'école pour tuer Harry, c'est presque certain maintenant. Il y a quelque chose d'autre derrière tout ça. Et quelque chose me dit qu'on ne va pas tarder à le découvrir. »

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