Le temps des changements
Poudlard, infirmerie
Hermione posa son doigt sur son poignet frêle. Elle caressa doucement sa peau à l'endroit exact où se trouvait la marque blanche qui striait son bras et la parcourut de haut en bas, sentant chacune de ses aspérités.
Cette marque...
La cicatrice était légère et presque invisible. Pourtant, elle sentait toute l'importance qu'elle revêtait. Elle était le signe indubitable de la confiance qu'elle pouvait avoir en Drago. Il lui avait promis qu'il ne dirait rien, que ses amis n'auraient jamais à subir les conséquences des propos qu'Hermione lui avait tenu. Et de cela elle lui en était extrêmement reconnaissante.
Elle ignorait que les Malefoy étaient des personnes de parole. Elle avait longtemps cru qu'il n'était qu'un trouillard invétéré, quelqu'un qui, de toute façon, ne dirait jamais ce qu'il pense vraiment, chercherait toujours à sauver sa peau avant d'aider les autres...
Et pourtant... Qu'est ce qui avait pu le changer à ce point ?
Ignorant qu'elle était la solution d'une énorme énigme dont le prénom commençait par un « D », la jeune fille cessa momentanément de réfléchir et tourna son regard vers la fenêtre. Depuis ce matin, elle avait très envie d'aller se promener dans le parc. Elle avait l'impression que l'air de l'école était étouffant. Elle n'avait pas sentit le vent, qu'il soit brûlant ou glacé, la parcourir depuis si longtemps...
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Hermione tourna rapidement la tête lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir et manqua de se faire mal au cou. Elle entendit une sorte de craquement se produire au niveau de ses cervicales. Il ne présageait rien de bon. Cependant, elle n'eut pas un instant de plus pour se focaliser sur la douleur qui arrivait à présent par vagues. L'étonnement prit aussitôt le dessus sur la souffrance lorsqu'elle identifia ses visiteurs.
Ses yeux s'ouvrirent démesurément lorsqu'elle croisa le regard vert d'Harry. Dès que leur combat visuel eut pris fin, le jeune homme baissa la tête. Hermione resta bouche bée et ne réussit à pas à produire le moindre son tandis qu'il avançait lentement vers son lit. Derrière le survivant se tenait Ron. Il avait un grand sourire aux lèvres et tenait un panier remplit de patacitrouilles. Il entra rapidement, fit tomber un linge blanc posé sur le dossier d'une chaise et marcha sur les chaussures d'Hermione qui se trouvaient au pied de son lit.
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« Salut Hermione ! »
Le son de la voix de Ron la fit presque sursauter. Puis, presque aussitôt après, un large sourire éclaira ses traits. Elle tendit une main tremblante vers le panier que le rouquin lui présentait et le posa sur ses genoux.
« Salut Ron, Harry. Merci Ron pour ce... Présent.
-Tu as vu, j'ai réussit à faire venir cet empoté d'Harry à l'instant où Mac Gonagall nous a annoncé que tu t'es réveillée, ce matin. Il parait que Malefoy était avec toi ? »
Les pieds dans le plat. Hermione tressaillit à cette annonce et jeta un regard en biais à Harry. Néanmoins, ce dernier ne montra aucun signe d'énervement et s'installa sur une chaise en veillant bien à garder les yeux posés sur ses genoux.
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« Euh...Oui. Consentit à répondre Hermione. En fait, il venait me voir tous les jours et me parlait quand j'étais dans le coma. En voulant répondre à quelque chose qu'il disait. Je... Je me suis réveillée.
-Magnifique ! Réagit aussitôt Ron. J'imagine qu'on doit donc une fière chandelle à ce charmant personnage ! N'est-ce pas, Harry ? Avança le rouquin en glissant un coup de coude particulièrement pointu dans les cotes d'Harry.
-Euh... Hermione, commença le survivant en relevant légèrement le visage, avant de marquer un temps de pause. Je suis... Vraiment désolé. »
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Le silence qui suivit fut particulièrement pesant, autant pour Hermione que pour Ron et Harry. Puis la jeune fille décida de jouer cartes sur table. Après tout, ils étaient ses amis les plus proches et les deux personnes qu'elle ne trahirait jamais. Ils avaient le droit de connaître toute la vérité.
Hermione remonta alors sa manche de sa main tremblante. Ron ouvrit grands ses yeux et la Gryffondor se demanda avec amusement s'il avait peur de voir apparaître la marque des ténèbres sur son poignet frêle. Il n'en fut rien, bien évidemment.
Elle se contenta de désigner la marque blanche posée sur sa peau et de passer son doigt dessus une nouvelle fois, comme si cela la rendait plus réelle et plus vraie encore.
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« Drago Malefoy a fait un serment inviolable avec moi. Il a promit de ne jamais devenir un mangemort et de ne rien dire, jamais, en ce qui concerne le virus, à part à nous trois. Il ne nous trahira pas.
-Quoi ? Attend, tu veux dire que tu lui as parlé de... Coupa Harry d'une voix où perçait l'agacement.
-Harry ! S'exclama aussitôt Hermione. Tu as entendu ce que je viens de dire ? Quoi que je lui ais dit, on peut lui faire confiance ! Il ne peut pas trahir sa parole, tu comprends ?»
Le silence refit son apparition, encore plus pesant si c'était possible. Il ne fut troublé que par un éternuement sonore qu'Hermione n'avait pas pu retenir. Elle fixa ses mains qui tremblaient de plus en plus. L'anxiété était en train de gagner du terrain.
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« Fais-moi confiance Harry. Reprit Hermione d'une voix plus douce qui se voulait rassurante. Je n'aurai jamais rien fait ou dit qui puisse vous mettre en danger. Si je lui fais confiance, c'est que vous aussi vous pouvez. Drago m'a prouvé plusieurs fois qu'il est digne de ma confiance. Si tu me crois, tu dois le croire.
-D'accord Hermione. Finit par dire Harry, la bouche sèche. Je lui ferai relativement... Confiance, puisque toi tu lui fais confiance. Mais ça s'arrêtera là. Je ne veux pas le voir. Et toi... Tu lui as promis quoi, avec ce serment inviolable ?
-Rien. Il ne m'a rien demandé. Répondit placidement Hermione. Il est le seul à avoir promis quelque chose.
-Et maintenant, sur ces bonnes paroles, dit Ron en donnant un violent coup dans le dos d'Harry, quelqu'un va devoir s'excuser de t'avoir accusé d'avoir essayé de tuer mon adorable petite sœur ! »
Hermione se retint de rire tandis qu'Harry fusillait Ron du regard puis finissait par esquisser un sourire maladroit. Le rouquin avait un don certain pour rendre une situation tranquille extrêmement compliquée, mais il avait aussi des prédispositions à détendre des moments tendus avec une facilité qui dépassait l'entendement.
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« Hermione, j'ai dit ça sous le coup et l'influence de la colère. Avoua finalement Harry en essayant de soutenir son regard. Je ne le croyais pas vraiment et aujourd'hui je suis certain que tu n'y es pour rien.
-Harry... Comment on dit déjà ? Répondit Hermione, qui avait du mal à dissimuler son sourire. Je te pardonne, imbécile. »
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Ron eut un large sourire des plus satisfaits et pointa sa baguette vers son sac de classe. Une vingtaine de paquets de chocogrenouille en sortirent et virent se poser à leur tour sur les genoux d'Hermione.
« C'était au cas où tu n'en aurais pas eu assez. Lui dit-il d'un ton grave. Tu n'as pas assez mangé ces derniers temps et j'ai reçut plusieurs lettres de ma mère me donnant l'ordre de te gaver de sucreries jusqu'à ce que tu sois à nouveau... En pleine forme.
-Molly a demandé de mes nouvelles ? Demanda Hermione qui se sentait tout à coup envahie par un sentiment d'euphorie.
-Évidemment ! Elle n'a pas arrêté de dire que la gazette du sorcier avait décrit l'attaque que tu avais subit comme un massacre sans nom. Tu baignais dans ton sang et Skeeter a même cru bon d'ajouter que tu ne retrouverais sans doute jamais l'intégralité des tes facultés intellectuelles. »
Hermione et Harry ne purent s'empêcher de partir d'un grand rire. Cela donna l'occasion à la jeune fille de constater que ses cotes n'étaient pas encore totalement ressoudées au vu de la douleur qu'elle ressentait à chaque tressautement. Elle essuya une larme due au rire qui coulait sur sa joue, et, entre deux esclaffements glissa à ses amis :
« Elle à surement dit que ce serait une perte incommensurable pour le monde sorcier et qu'Harry allait se sentir encore plus orphelin qu'auparavant.
-Bien sûr. C'est à peu près ça, au mot près. Et puis, tu ne sais pas tout ! Dis lui, Harry.
-Et bien, commença Harry en reprenant difficilement son souffle. Il parait que Ginny a perdu l'enfant qu'elle portait, c'est-à-dire le mien, lorsqu'elle s'est faite attaquée, et que, depuis, je suis en deuil. »
Hermione trouva cette remarque totalement déplacée, mais l'indécence de la journaliste et l'angoisse de la situation dans laquelle ils se trouvaient ne fit que redoubler son hilarité. Elle se tint vivement le ventre et se plia en deux, faisant tomber le panier de patacitrouilles par terre.
Madame Pomfresh entra exactement à cet instant, furieuse du vacarme qu'ils produisaient. Les trois amis firent de leur mieux pour cesser leur crise de fou-rire lorsqu'ils l'aperçurent, mais leurs efforts furent vain lorsque Madame Pomfresh regarda les oreilles rougies de Ron avant de déclarer sèchement :
« Vous venez de boire une fiole de pimentine ? »
Ron explosa de rire à l'entente de cette phrase et Harry faillit tomber de sa chaise secoué par une crise de larme silencieuse.
« Ne fatiguez pas trop miss Granger ! » Prévint l'infirmière d'un ton sévère en regardant le visage rougit de la jeune femme.
Elle songea un instant à faire sortir Harry et Ron de l'infirmerie, mais quelque chose lui disait qu'Hermione avait bien besoin de s'amuser un peu. Elle tourna donc les talons et laissa les trois amis finir leur crise de rire.
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Tandis qu'elle essuyait quelques larmes qui coulaient à nouveau sur ses joues, Hermione décida qu'il était temps qu'elle explique à ses amis ce qu'elle avait compris. Elle leur exposa donc les conclusions qu'elle avait faites avec Drago.
« Et donc... Tu penses que ce ne sont pas des Serpentard...
-J'en suis certaine Harry ! Affirma Hermione. Tu imagines des Serpentard dire : "je ne veux pas blesser l'égo du survivant ou lui faire de la peine" ? C'est impossible. La première raison, c'est qu'ils te détestent. La seconde, c'est qu'ils sont presque tous assujettis à Voldemort. Ron s'il te plait, arrête avec ce nom ! Donc je ne vois pas pourquoi ils perdraient une occasion de te faire du mal.
-Oui, ça tient debout. Concéda Harry. Et tu penses aussi que les sang-mélés ne peuvent pas être touchés par le virus ?
-De ça, je ne suis pas certaine. Hésita la Gryffondor. Mais je pense que les chances pour que ma théorie se vérifie sont très élevées. Ce qui signifie qu'en se protégeant, Voldemort a décidé d'agir autrement pour toi... Reste à savoir comment. »
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Poudlard, salle commune des Serpentard
Pansy s'installa a coté de Drago sur le canapé de cuir noir. Cette fois-ci, il tourna aussitôt la tête vers elle. Leurs regards s'affrontèrent durant quelques secondes, puis Drago détourna ses yeux glacés pour les reporter sur le mur qui se situait en face de lui.
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Les mots qu'il avait l'intention de prononcer lui écorchaient presque la gorge. Pourtant, il savait qu'il fallait qu'il les dise. Parce qu'elle le méritait. Elle avait été loin, très loin. Elle avait dépassé toutes ses idéologies. Elle avait été au-delà des apparences. Elle ne l'avait pas jugé, parce qu'elle était son amie. Elle ne le trahirait pas, il en était certain. Et pour tout ça, il fallait absolument qu'il lui dise.
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« Merci. »
Pansy eut presque un sursaut lorsqu'elle entendit la voix rauque de Drago. Elle ne s'était en fait, même pas attendue à ce qu'il lui parle. Elle pensait qu'ils allaient encore s'emmurer dans l'un de ces longs silences dont eux deux seuls avaient le secret.
Décidément, il était bien différent de ce qu'il avait été pendant longtemps. Voire depuis toujours.
Il la remerciait. Étrange, bizarre, mais aussi réconfortant. Il avait sans doute compris que les actes qu'elle avait accomplit ces derniers temps étaient loin d'avoir été simples pour elle. Parfois même douloureux. Tout à coup, l'absence de Millicent se fit un peu moins pesante, un peu moins douloureuse. Elle n'était pas totalement seule, en vérité.
« De rien. » Articula-t-elle.
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Drago laissa passer quelques secondes avant de tourner à nouveau son visage vers elle. Leurs yeux se croisèrent encore. Pansy voulut, pendant un instant, se noyer dans son regard gris et orageux. Pourtant, elle n'en fit rien. Elle se rendait de plus en plus compte qu'elle n'en avait pas le droit et qu'il le lui interdisait.
Elle détourna ses yeux d'elle-même, fixant obstinément ses mains aux ongles cassés. Finalement, Drago lui dit tranquillement :
« Tu devais vraiment l'aimer ton amie.
-Pourquoi tu dis ça ? Répondit-elle, surprise.
-Tu déteste Granger, non ? Et pourtant tu l'aides.
-Oui. Je déteste Granger. Mais pour avancer je n'ai pas le choix. Il faut parfois savoir faire des sacrifices pour obtenir ce que l'on veut. Et je sais exactement ce que je désire.»
Drago eut un rictus narquois qui laissa entrevoir l'ombre d'un vrai sourire. Comprenait-il où elle voulait en venir ? Avait-il la moindre idée de ce que ce sacrifice impliquait ? Arrivait-il à entrevoir à quel point elle avait soif de vengeance ? Ce soir là, elle n'en sut rien. Il se leva brusquement et disparut presque aussi vite dans le dortoir des garçons, laissant Pansy plongée dans ses pensées.
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Poudlard, infirmerie
Lorsqu'elle sut qu'elle pourrait sortir de l'infirmerie après y être restée une semaine, Hermione ne se sentait pas particulièrement bien. En effet, la cicatrice sur sa poitrine avait presque totalement disparu. Elle ne ressentait que quelques tiraillements occasionnels qui se manifestaient surtout lorsqu'elle faisait un effort physique ou qu'elle était contrariée.
Toutefois, elle était toujours malade à cause du virus. Elle éternuait sans cesse et ses migraines revenaient en force depuis qu'elle avait fait une maigre tentative pour recommencer à travailler ses cours. Lorsqu'elle avait essayé d'apprendre un chapitre d'histoire de la magie sur la fuite sanglante des dragons en 1843 elle avait faillit vomir. L'un des dresseurs de dragons les plus célèbres de l'époque s'était fait démembré par l'une de ces fameuses créatures à écaille et était revenu hanter l'animal jusqu'à son décès. L'idée d'un buste flottant dans les airs sans bras ni jambes et hululant tristement dans l'oreille d'un dragon endormi avait presque eu raison de son estomac et elle avait rangé le livre, au moins pour un temps.
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Malgré tout, Hermione prenait les choses du bon coté. Elle pouvait à nouveau parler avec Harry et Ron et cela lui procurait un soulagement sur lequel elle ne pouvait pas mettre de mots. Elle était réellement heureuse d'avoir retrouvé ses deux amis et évitait de mentionner Drago. Néanmoins, elle savait désormais que ni l'un ni l'autre ne lui tenait rigueur de leur relation, bien qu'ils n'en connaissent pas la véritable nature...
La jeune fille se sentait vraiment mal lorsqu'elle pensait à Drago. Il n'était pas revenu la voir depuis qu'ils s'étaient embrassés. E-M-B-R-A-S-S-E-S. Hermione posa machinalement sa main sur sa bouche. Un frisson remonta dans son dos pendant qu'elle se souvenait avec exactitude du moindre de ses gestes, de son regard, de la façon dont il s'était approché d'elle et avait posé ses lèvres sur les siennes... Elle avait alors sentit une sorte de feu s'établir dans son ventre pour exploser et elle avait voulu qu'il se rapproche, qu'il soit plus près encore et qu'il la serre dans ses bras... Il était Drago. Elle l'avait détesté, tellement haï... Et aujourd'hui, que ressentait-elle ?
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Sa réflexion pris immédiatement fin lorsque Madame Pomfresh entra dans la chambre de la jeune fille. Hermione, qui était assise sur son lit, se mit debout. Ses jambes tremblèrent un peu lorsqu'elle s'appuya fermement dessus, mais elle parvint à rester droite.
L'infirmière jeta un coup d'œil au dossier d'Hermione qu'elle tenait fermement dans sa main, et agita sa baguette au dessus d'un air empressé. La brunette put voir, de là où elle se trouvait, quelques cases se cocher toutes seules et une ligne se remplir d'une écriture fine et penchée.
Madame Pomfresh se tourna ensuite vers Hermione et eut un regard dont la Gryffondor ne comprit absolument pas le sens. Finalement, elle soupira et dit rapidement :
« Tout est en ordre, vous pouvez partir.
-D'accord. Merci beaucoup. » Dit Hermione avec un sourire forcé.
Elle s'approcha de la chaise sur laquelle se trouvait l'intégralité de ses affaires. Elle avait à peine posé sa main sur l'anse de son sac de cours que la voix de l'infirmière se fit à nouveau entendre :
« Mademoiselle Granger ?
-Oui ? Dit Hermione en se retournant.
-Prenez soin de vous. Prononça finalement Madame Pomfresh en soutenant le regard de la jeune femme. Nous avons besoin de... Vous êtes indispensable.
-Je... Oui. D'accord. » Répondit Hermione, un peu sous le choc de ces paroles.
Il y eut quelques secondes de flottement, puis l'infirmière reprit, d'une voix plus assurée :
« Le directeur voudrait vous voir.
-Que veut-il ? Répondit Hermione, étonnée.
-Je ne sais pas. Il ne m'a pas donné de détails. Il m'a juste chargée de vous avertir qu'il souhaite vous parler le plus rapidement. J'imagine qu'il a des choses importantes à vous dire. »
Madame Pomfresh fit un signe de la tête qui indiquait qu'elle désirait à présent être seule et qu'elle avait du travail. Essayant de ne pas trop penser à Ginny, étendue sur le lit qui se trouvait dans la pièce attenante, Hermione prit les affaires qui se trouvaient sur son lit et souleva son sac remplit de livres. Elle quitta la pièce en refermant soigneusement la porte derrière elle.
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Cet endroit allait lui manquer. Elle ne s'y était jamais sentie seule. Elle s'était aussi sentie bien, pendant un instant. La culpabilité était partie lorsqu'elle était, elle aussi, victime du groupe des hommes en noir.
Secouant la tête pour ôter ses idées noires, la jeune femme décida de se rendre immédiatement dans le bureau du directeur. Elle n'avait que son sac de cours à la main, et il n'était pas bien lourd.
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Elle se retrouva bien vite devant la statue qui bloquait la porte. Elle resta un instant immobile puis poussa un long soupir, qui se voulait désespéré. Elle ignorait totalement le mot de passe.
Néanmoins, elle eut rapidement la conviction que la statue savait qu'elle allait venir. En effet, elle s'écarta d'elle-même à l'instant ou Hermione se trouva dans son champ de vision, faisant trembler le sol lorsqu'elle atterrit sur le marbre après un petit saut des plus gracieux.
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Essayant d'ignorer le fait que la statue l'avait sans doute regardée afin de l'identifier, Hermione ouvrit la porte qui se trouvait devant elle. Elle gravit doucement les escaliers, écoutant seulement le bruit de ses pas qui se répercutaient inlassablement dans le long couloir.
Elle ignorait encore pourquoi Dumbledore voulait la voir et des centaines de questions tournaient dans sa tête à une vitesse vertigineuse. Elle voulait absolument comprendre. Cela avait-il un lien avec Harry ? Le virus ? Peut-être même avec Drago ? Allait-elle être investie d'une mission particulièrement dangereuse ? Devenir un agent double infiltré parmi les mangemorts ? Dans le cas suivant, recevrait-elle la marque des ténèbres ? Savait-il qui l'avait agressée ? Elle n'arrivait pas à se souvenir de la personne qui lui avait jeté le sort... Pourtant elle était certaine qu'elle connaissait cette expression qu'elle avait entre-aperçue sur son visage...
Elle posa une main sur son front et sentit une veine palpiter joyeusement au niveau de sa tempe. Il fallait qu'elle se calme avant d'avoir une migraine. Toutefois, elle n'eut pas le loisir de torturer son cerveau plus longtemps. Elle venait d'arriver en haut de l'escalier et se trouvait devant une porte close.
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Elle n'était jamais venue seule dans ce bureau. Elle en était consciente seulement maintenant et se sentit soudain extrêmement impressionnée. Toute petite. Pourtant, elle savait que si le directeur l'avait convoquée, qui plus est seule, c'était pour une raison de la plus haute importance. Elle n'avait, pour ainsi dire, pas le choix. Résignée, elle toqua donc à la porte et attendit.
« Entrez. » Fit immédiatement la voix paisible de Dumbledore, légèrement étouffée par la porte qui les séparait.
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Hermione poussa le lourd battant et fit son apparition dans le bureau. Aussitôt, les portraits des directeurs, accrochés au mur, la fixèrent avec un intérêt non feint. Elle vit même l'un deux, qui semblait assez jeune, passer dans le tableau de son voisin pour lui donner un coup de coude en désignant Hermione avant de lancer à la jeune fille un clin d'œil appuyé. Faisant mine de l'ignorer, Hermione examina attentivement la pièce. De nombreux objets posés sur le bureau de Dumbledore produisaient un cliquetis incessant et certains d'entre eux semblaient même être à l'origine d'une fumée violette qui embaumait la pièce avec une odeur de barbe à papa. Elle remarqua l'épée de Gryffondor, brillant d'un éclat métallique, posée dans un coin de la pièce, triomphante.
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« Bonjour, Miss Granger. »
La jeune fille sursauta presque. Elle était tellement absorbée par l'examen de la pièce qu'elle avait oublié le réel motif de sa visite. Elle chercha aussitôt le directeur du regard.
Il n'était pas assis derrière son bureau, les mains jointes comme c'était souvent le cas lorsqu'il recevait quelqu'un. En réalité, il était debout face à la fenêtre. Ses mains ridées étaient croisées dans son dos et ses longs cheveux argentés recouvraient une partie de sa robe donc Hermione ne discerna pas bien la couleur.
« Bonjour, Monsieur. » Sa voix se fit légèrement éraillée et elle buta sur les mots. Elle s'en voulut d'être aussi impressionnée par Albus Dumbledore.
Cependant, la prestance du directeur avait toujours cet effet sur elle alors même qu'elle se trouvait dans la grande salle et qu'il faisait un discours. Alors, dans son propre bureau...
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Le directeur se tourna enfin pour lui faire face et elle croisa son regard. L'éclair vif qui agita ses yeux azur durant une seconde à peine n'échappa pas à Hermione. Elle fut certaine, à cet instant précis, que Dumbledore avait perdu cette tristesse qui l'habitait depuis des semaines, voire des mois. Elle avait disparu, elle en avait l'intime conviction. Albus Dumbledore était... Plein d'espoir, semblait-il. Qu'est ce qui pouvait s'être passé pour qu'il réagisse de la sorte ? Comment se faisait-il qu'il soit si... Optimiste ?
Hermione hésita entre deux options. Soit il avait trouvé une solution pour éradiquer le virus et par la même occasion détruire Voldemort... Soit il était complètement fou et avait abandonné toute raison par désespoir. Elle essaya tant bien que mal de se convaincre que la première solution était la bonne sans y parvenir vraiment.
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« Je vois que vous vous sentez mieux, Miss Granger. J'en suis ravi. » Le directeur prononça ces mots avec un léger sourire et Hermione eut la désagréable impression qu'il était en train de lire dans ses pensées. Elle fit aussitôt le vide dans sa tête, ignorant les images d'un Dumbledore en caleçon dansant sous la pluie avec un entonnoir retourné placé au sommet de son crâne.
« Oui... Je... Me sens beaucoup mieux, merci. Même si je suis toujours malade, bien sûr. Avança-t-elle en tordant nerveusement ses doigts les uns contre les autres.
-Évidemment. Je regrette que nous n'ayons pas encore trouvé d'antidote à ce virus. Pourtant, le comité de radiation des virus magique y travaille ardemment. Répondit le directeur d'un air songeur.
-Vous pensez vraiment qu'on trouvera quelque chose contre ce virus ? Demanda soudainement Hermione, mue par un espoir incontrôlé.
-J'en suis certain, aujourd'hui. Dit-il tout aussi calmement.
-Comment pouvez-vous...
-Là n'est pas la question, miss Granger. Coupa-t-il en souriant. Chaque chose en son temps.
-Mais pourquoi... Reprit la Gryffondor, ignorant la précédente remarque du directeur.
-Les événements doivent se dérouler un par un si l'on veut arriver à nos fins et les réponses arriver dans le bon ordre. Termina Dumbledore d'un ton sans appel.
-Et quelles sont nos fins ? Répliqua la jeune fille d'un ton un peu plus sec qu'elle ne l'aurait souhaité.
-Aider Harry autant que possible. Répondit Dumbledore après un temps.
-Mais comment ? C'est pour ça que vous m'avez fait venir ici ? Qu'est ce que je dois faire ? En quoi cela va-t-il nous aider à faire disparaître le virus ? Et d'ailleurs qui sont ces personnes qui m'ont attaquée ? Comment connaissent-ils le « sectusempra » ?
-Que de questions ! S'amusa le directeur qui laissa passer quelques secondes. Le « Sectusempra » a été lancé par Harry à Monsieur Malefoy, l'année dernière. Je ne sais pas si vous vous en souvenez. Toujours est-il qu'il me semble qu'après cet événement, ce sortilège est devenu extrêmement célèbre. Je crains que la fascination de certaines personnes pour ce sortilège vienne du fait qu'il peut donner la mort sans que cela soit une chose absolue. Le destin ajoute son grain de sel à votre destinée. En parlant de « Sectusempra », reprit le directeur en ignorant la tentative désespérée de la Gryffondor pour parler, vous êtes amie avec Monsieur Malefoy, n'est-ce pas, Hermione ? »
La jeune femme oublia aussitôt la question qui tournoyait dans son esprit et porta la main à son poignet. Son geste n'échappa pas à Dumbledore, mais ce dernier ne fit aucun commentaire, se contentant de sourire plus largement.
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« Je... Oui. Finit par concéder Hermione, sentant que ses joues se coloraient de rose.
-Parfait.
-Quoi ? Fit-elle, interloquée. Vous approuvez ?
-Mais absolument ! » S'exclama Dumbledore dont les yeux pétillaient étrangement.
Hermione le regarda avec des yeux ronds avant de se souvenir que le directeur de Poudlard prônait l'égalité et l'amitié entre les différentes maisons. Cette relation ne pouvait que lui faire plaisir. Oui, cela devait être ça.
« Miss Granger, Reprit Dumbledore, la relation que vous entretenez avec Harry et Ron est tout à fait stable à présent, n'est ce pas ? Le conflit qui vous éloignait depuis quelques semaines est résolu.
-Euh... Oui. Tout à fait. »
« Comment sait-il tout ça ? Il est omniscient, c'est pas possible autrement ! II va bientôt me dire que Pansy est très aimable d'avoir bien voulu jeter le sort du serment inviolable pour Drago et moi. »
« Et... Poursuivit le directeur, vous êtes certaine de pouvoir faire confiance à Monsieur Malefoy ? »
« Nous y sommes ! »
« Euh... Oui professeur.
-Parfait, parfait.
-Pouvez-vous m'expliquer où vous voulez en venir ? Demanda Hermione, exaspérée. J'aimerais des réponses.
-Toujours aussi friande de connaissance, Miss Granger, n'est ce pas ? Dit le directeur en lui faisant un clin d'œil. Un bonbon au citron ?
-Mais...
-Je sais que c'est important pour vous de comprendre. Fit le directeur d'un ton plus grave. Cependant, je ne peux rien vous dire de plus que ce que vous savez pour l'instant. Il est primordial que vous traciez votre chemin toute seule.
-Alors pourquoi m'avoir fait venir ici ? Vous m'avez posé des questions dont vous connaissiez déjà la réponse sans me donner une seule explication ou un seul indice ! Rétorqua vertement la jeune femme.
-J'y viens, j'y viens. J'avais autre chose à vous dire. Mais je devais avant tout m'assurer des faits. Un vieil homme comme moi peut tout à fait se tromper, Miss Granger. » Dit-il avec un large sourire.
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La jeune femme eut la nette impression qu'Albus Dumbledore avait lui-même des difficultés à croire ce qu'il venait de dire tant cela paraissait impossible. Néanmoins, il ne fit aucun geste et ne prononça aucune parole qui aurait pu venir confirmer cela et Hermione n'eut pas d'autre choix que d'envisager que le directeur dé l'école de sorcellerie puisse se tromper.
« Et... Que vouliez-vous me dire ? Finit-elle par demander en s'agitant sur sa chaise, n'y tenant plus.
-Et bien, commença le directeur en fourrant un bonbon au citron dans sa bouche, vous saurez le dire exactement en temps voulu à Harry et Ron. Vous sentirez que c'est le moment.
-Le moment pour quoi ? Pour dire quoi ? Répondit Hermione en gigotant de plus en plus nerveusement.
-Le moment pour confier à vos amis ce que vous avez entendu lorsque vous étiez enfermée dans un placard avec Monsieur Malefoy, enfin, Miss Granger ! »
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