La raison d'hermione

Poudlard, couloirs

Drago avait décidé d'aller faire un tour. Il était complètement déboussolé par ce qu'Hermione lui avait demandé. Il était en colère contre elle. En colère parce qu'il avait fait un effort qu'il ne voulait pas faire et qu'il avait finit par aimer ça. Qu'il n'aurait jamais pensé pactiser avec une sang de bourbe, qu'il l'avait fait avec elle et qu'elle avait refusé. Elle lui avait refusé quelque chose à lui. Elle était là, belle, les joues rouges et elle lui avait dit qu'elle ne voulait plus le voir. Elle avait mordu sa lèvre comme si elle se trouvait face à un affreux dilemme. Bien sur que ça n'en était pas un. Elle le détestait. Elle l'avait haït à l'instant où leurs regards s'étaient croisés pour la première fois.

Elle lui avait dit qu'il valait mieux qu'ils ne se revoient plus. Et en plus elle s'en était excusée ! Elle lui avait demandé pardon. Pardon de quoi ? De ne rien ressentir pour lui que du mépris ? D'être une sale sang de bourbe tellement spéciale qu'il n'avait pu que tomber amoureux d'elle ? D'être cette femme ? LA femme ? Mais lui ne pourrait pas pardonner, jamais. Il ne pourrait que la détester, toujours plus, se faire mal en la haïssant, jusqu'à ce que la colère l'emporte sur ce stupide sentiment qui ne cessait de le tirailler à l'intérieur, qui le brûlait presque.

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Perdu dans ses pensées, il ne vit pas tout de suite la forme recroquevillée dans un coin du couloir sombre, posée contre le mur. Au départ, il cru qu'il s'agissait d'un amas de chiffons et se demanda par quel miracle un elfe de maison avait pu laisser passer un tel tas de linge. Mais lorsqu'il vit que cela bougeait et produisait du bruit, il en conclu que c'était probablement une personne qui pleurait.

Il croisait régulièrement des élèves en proie aux larmes depuis que la maladie était déclarée dans l'école. Les élèves avaient tendance à pleurer un peu partout, même s'ils avaient une nette préférence pour les toilettes des filles. Ils avaient tous peur... Cette bande de ... Il préféra ne pas aller plus loin dans ses pensées, de peur de s'énerver encore un peu plus.

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Il détestait ça. Il n'avait aucun don particulier pour consoler les gens et fuyait allégrement ce genre de situation où il se retrouvait fréquemment avec l'épaule couverte de morve. Cependant, lorsqu'il passa silencieusement devant la masse informe, il marqua un temps d'arrêt et se rapprocha imperceptiblement pour identifier la source des sanglots, sans vraiment savoir pourquoi. Il constata rapidement et avec stupéfaction qu'il s'agissait d'Hermione.

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Bien sûr, il aurait voulu ne pas s'arrêter, ne pas s'accroupir à coté d'elle. Mais c'était plus fort que lui. Il ne maîtrisait pas bien ce qu'il faisait lorsqu'elle était là. Il ne pouvait pas s'empêcher de la regarder, de la contempler. A cet instant, sa souffrance lui faisait du bien. Il voulait qu'elle souffre autant qu'elle lui faisait mal, autant qu'elle le torturait. Les pendules se remettaient momentanément à l'heure de cette manière. Elle devait avoir mal. D'autant plus qu'elle l'exaspérait à pleurer ainsi, elle si souriante à l'origine décomposait cette joie sans limite qu'elle faisait vivre autour d'elle.

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Il l'observa un instant en silence, puis décida de prendre la parole. Il ne supportait pas de la voir se recroqueviller sur elle de cette façon. Il détestait cette capacité qu'elle avait à ressentir. Comme si lui était capable d'avoir autant de sentiment. Pleurer... Quand pleurait-il ? Quand avait-il pleuré ? Il ne se souvenait pas. Il n'y avait que le vide pour lui répondre, et la colère.

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« Granger, à chaque fois que je te trouve t'es en train de dormir par terre ou de pleurer. Qu'est ce que tu fous à la fin ? »

Il avait craché ces mots. Il y avait mis de la rage, de la hargne. Mais, malgré tous ses efforts, Hermione ne leva même pas la tête et continua de pleurer en silence, faisant de son mieux pour cacher son visage en le tournant vers le mur. Elle avait reconnue la voix trainante dans laquelle perçait une pointe d'exaspération. Elle n'avait absolument pas envie que Drago Malefoy la regarde pleurer, mais elle ne pouvait pas non plus arrêter de sangloter.

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« Hé Granger ! Je te parle et je déteste qu'on m'ignore quand je dis quelque chose. » Aboya Drago d'un ton grinçant. Elle ne lui prêtait aucune attention, et cela était en train de le mettre en colère.

Pour qui se prenait-elle ? Elle croyait qu'elle pouvait diriger sa vie comme ça, lui faire faire des choses qu'il ne faisait pas habituellement ? La mettre à ses pieds ? Comme à l'accoutumée, il perdit rapidement le contrôle de lui-même. Elle avait cette étrange capacité à le faire sortir de ses gonds et à lui faire oublier comment rester dans un calme olympien.

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Il lui attrapa le poignet et la força à dégager son visage. Il ne réussi pas à en voir l'intégralité, car ses cheveux broussailleux en cachaient une partie. Ses yeux rougis le fixèrent un instant, lui envoyant un éclair de colère avant qu'elle commence à se débatte furieusement sans prononcer un mot.

« Doucement Granger, tu pourrais te casser quelque chose... Comme la cheville que Madame Pomfresh t'a réparé il y a quelques temps après que tu te sois lamentablement étalée dans les escaliers. » Dit Drago d'une voix lente, en accentuant le « lamentablement ».

Hermione écarquilla les yeux et sentit une colère sans nom l'envahir. Il était en train de faire référence à cette fois au début de l'année où sa tête était venue se cogner par terre. Elle était tranquillement en train de s'apitoyer sur son sort et il venait la déranger dans un moment pareil, mais quel emmerdeur ! Il ne pouvait pas la laisser tranquille, même quand elle était déjà trop triste pour pleurer plus. Elle se débattit de plus belle, lui décochant un coup de pied, et lui cracha :

« Tu peux pas me foutre la paix ! Laisse-moi tranquille, je t'ai rien demandé ! Sale serpent ! Vous êtes tous les même de toute façon, vous avez tous peur, vous êtes tous des trouillards. Vous êtes effrayé par ce truc qui a envahi l'école ! Aucun de vous n'a le courage d'affronter les autres, c'est toujours quand je suis seule que tu m'attaques et...

- Ah je comprends. La pauvre petite Granger est complètement déboussolée par ce qui se passe. Elle est toute triste parce que les gens n'osent pas la toucher. Tu pleures sur ton sort, hein Granger ? » avança-t-il d'un ton sarcastique.

Les yeux marron d'Hermione s'agrandirent et se noircirent de rage. Elle tenta à nouveau de dégager son bras en s'agitant, mais Drago la tenait fermement et elle était trop faible. Ses yeux gris acier étaient plongés dans les siens et il affichait un sourire narquois. Hermione fouilla dans sa poche de sa main libre et se rendit compte qu'elle avait oublié sa baguette magique dans son dortoir.

Elle ne pouvait pas se défendre. Elle détestait cette façon qu'il avait de toujours trouver les mots pour la blesser. Elle toussa, et sa voix se fit éraillée lorsqu'elle lui dit :

« T'es qu'un crétin de mangemort, je suis presque sûre. T'as pas à avoir peur de tomber malade parce qu'il y a ton cher papa qui est là pour te protéger. Je sais qu'on pourra jamais être amis. T'as vu qui tu es ? T'as vu la façon dont tu te comportes avec moi ? J'ai bien fait de laisser tomber avec toi !»

Elle lui avait dit cela avec une certaine fierté, le menton relevé. Elle savait que ça ne serait pas sans conséquences. Elle attendit le coup. Elle attendit que sa tête frappe le mur, qu'il lui piétine la main ou qu'il lui mette un coup de pied. Mais rien ne se passa. Elle sentit qu'il lâchait son poignet qui commençait à devenir douloureux et ouvrit les yeux avec étonnement. Ce qu'elle vit dans son regard à cet instant lui parut indéfinissable, mais elle cru y voir quelque chose comme... de la vexation ou... de la tristesse ?

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« T'en sais rien Granger. Tu sais pas qui je suis. Mais même si j'étais un putain de mangemort, même si j'étais un mec comme les autres qui a peur... Moi au moins je me suis pas apitoyé sur ton sort comme tu le fais, je t'ai pas suivi dans tes stupides jérémiades et j'ai le mérite de t'avoir fait arrêter de pleurer. Et je doute que ton Saint – Potter et son auréole auraient pu le faire. Par ce qu'il n'est pas là, avec toi. »

Ses prunelles se firent glacées et sa bouche se tordit un instant dans un rictus désagréable. Puis il tourna les talons, s'enfonçant dans le couloir.

Hermione resta bouche bée.

Il avait raison. Toute trace de tristesse avait disparu d'elle. Elle se sentait mieux parce qu'elle s'était disputé avec Drago Malefoy. L'étonnement et la colère avaient chassés son désespoir. Il avait réussit à la calmer. Seules restaient sur ses joues de longues traînées humides pour attester de la peine qu'elle avait pu ressentir.

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Poudlard, Salle commune des Gryffondor

Hermione secoua vivement la tête, comme pour remettre ses cheveux en place. En vérité, c'était ses idées qu'elle essayait de replacer dans l'ordre. Elles étaient complètement embrouillées dans son esprit. Elle ne cessait de revoir Drago lui dire qu'il était peut-être un putain de mangemort qui avait séché ses larmes sans même la toucher.

Trois jours étaient passés depuis leur altercation dans le couloir. Après cet événement, la relation de la jeune fille avec Ron était restée complètement froide. Ils ne se parlaient presque pas mais se côtoyaient pour qu'Harry ne se retrouve pas seul. Ils évitaient soigneusement le regard de l'autre et faisait leur possible pour ne pas s'asseoir à coté. Harry leur en voulait beaucoup et ne souhaitait pas prendre parti. Il avait déjà d'autres choses à penser et était littéralement obsédé par cette histoire de virus.

Il refusait donc de défendre Hermione et laissait Ron se dépatouiller avec ses arguments. Ginny, qui faisait un peu le tampon entre les trois protagonistes, passait un peu de temps avec chacun, bien qu'elle fût parfois agressive avec Ron et très compatissante avec Hermione.

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Harry avait décidé qu'ils iraient voir Millicent Bulstrode à la fin de la semaine suivante. Il voulait attendre un peu pour voir si elle ne sortait pas de l'infirmerie après y avoir passé quelques jours. Il devait aussi réfléchir à un plan pour se rendre dans les locaux où elle se trouvait sans éveiller les soupçons.

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Lucius Malefoy avait ordonné que tous les élèves portent désormais des robes en peau de taupe en complément des gants pour limiter un peu plus la contagion. Cela leur donnait l'air d'ouvriers travaillant dans des mines, mais Hermione se sentait un peu plus en sécurité et un peu mieux, contrairement à Parvati Patil qui ne cessait de se plaindre de l'allure qu'elle avait, les larmes aux yeux.

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Drago, de son coté, passait son temps à ignorer complètement Hermione. Il ne lui avait pas adressé un seul mot depuis leur altercation et l'annonce de la fin de leur amitié. Il faisait tout son possible pour ne pas la croiser, changeait de couloir lorsqu'elle les empruntait et n'était pas venu en défense contre les forces du mal alors que c'était le seul cours où il se trouvait assis derrière elle.

Elle n'avait donc même pas droit à ses insultes. Ça lui donnait mal au ventre, bien qu'elle ne sache pas réellement pourquoi. Elle se rendait compte que le fait de se disputer tout le temps avec lui avait aussi été un moyen d'évacuer toute cette pression et toute cette colère qu'elle ressentait vis-à-vis de la guerre, l'injustice. C'est pour cette raison qu'elle était sans doute régulièrement énervée sans savoir réellement pourquoi. Elle n'arrivait pas à canaliser son sentiment de rage sans son aide et explosait littéralement à chaque remarque désobligeante.

Ce garçon qu'elle détestait était visiblement une composante indispensable de son bien-être. C'était absolument affreux pour elle de l'admettre. C'était vraiment difficile. Mais c'était la vérité. Il lui fallait se disputer avec lui. Il lui fallait l'avoir dans sa vie de n'importe qu'elle manière.

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Elle baissa la tête et se sentit tout à coup extrêmement stupide. Elle avait pensé qu'en parlant à Drago, elle allait tromper la confiance d'Harry. Mais elle réalisait à présent que le trahir, ça aurait été de dire certaines choses au Serpentard à propos des divers plans qu'ils avaient mis en place pour échapper au Lord Noir. Et ce n'était, évidemment, pas ce qu'elle avait l'intention de faire. Par ailleurs, elle se rendit compte qu'elle avait blessé Drago en lui disant, sur un coup de tête, qu'elle ne voulait plus le voir.

Elle réfléchit un instant, essayant de comprendre pour quel motif elle avait réagit ainsi. La réponse lui vint bien vite. Dans sa tête étaient en train de défiler les souvenirs des derniers mois. Elle revoyait Lavande, blafarde, couchée sur son lit dans l'infirmerie, elle revoyait Drago, qui l'avait toujours effrayée, la faire tomber, elle regardait Ron qui lui en voulait, Dumbledore leur annonçait qu'ils n'allaient pas rentrer chez eux avant un petit moment, elle marchait trop lentement pour arriver à l'heure en cours et s'essoufflait dans un couloir, elle pleurait toute seule dans son lit, angoissée à l'idée que son meilleur ami aille mourir dans un combat qui était devenu le sien par obligation et... elle riait à l'histoire qu'un garçon qu'elle détestait lui avait raconté.

Elle se rendit compte qu'elle avait éprouvé de la culpabilité à passer un moment agréable avec Drago sans le dire à personne, non seulement parce qu'elle s'était amusée alors que de nombreuses personnes étaient gravement malades dans l'école, mais aussi parce qu'il était Drago et que Harry et Ron le détestait.

Néanmoins, au fond d'elle, elle se disait qu'elle n'était pas obligée de leur en parler. Ça ne pourrait pas leur faire de mal s'ils l'ignoraient. Certes. Ils ne comprendraient probablement pas sa décision, il était donc inutile de leur dire et elle ne faisait rien de mal en parlant avec lui, puisqu'elle ne trahissait aucun secret, que se soit de l'ordre du phœnix ou d'Harry lui-même.

Elle se sentit ridicule. Elle avait très envie de retourner voir le Serpentard et de lui demander de l'excuser pour qu'ils puissent à nouveau discuter ensemble et cesser de se battre continuellement. Elle s'était finalement rendu compte que ce qu'ils avaient commencé était d'une importance capitale pour elle. Mais elle avait réussit à mettre Drago en colère alors qu'elle voulait arranger les choses.

Elle se dit qu'il était sans doute vraiment fâché contre elle après ce qui s'était passé et qu'il n'allait pas être facile de revenir vers lui. Elle savait pourtant, avant même de lui annoncer la fin de leur amitié récente, qu'avec l'égo démesuré qu'il avait, il n'allait pas réagir avec un large sourire, lui tapoter sur l'épaule et lui dire qu'elle n'avait rien fait de mal. Il fallait qu'elle réussisse à récupérer le peu de lien qu'elle avait créé avec lui avant que la situation de s'envenime et qu'il ne soit définitivement plus possible de mettre quoi que se soit en place.

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Elle décida d'aller faire un tour à la bibliothèque. Avec un peu de chance, elle allait l'y trouver, plongé dans la lecture d'un livre. Elle fit une grimace, songeant qu'il allait peut-être ne pas y aller dans l'espoir de l'éviter. Elle décida que s'il n'y était pas, elle essaierait de le chercher un peu partout dans le château. Ça en valait la peine.

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Poudlard, bibliothèque

Elle fut étonnée lorsqu'elle arriva silencieusement dans la bibliothèque de le trouver assis, isolé. Elle remarqua qu'elle le croisait souvent seul en ce moment, et qu'il n'était plus autant qu'avant avec ses deux gorilles de Crabbe et Goyle et sa groupie de Pansy. Elle s'approcha, hésitante. Néanmoins, comme à chaque fois qu'elle essayait d'être discrète lorsqu'elle arrivait dans sa direction, elle fit du bruit : sa toux brutale se répercuta contre les murs et résonna dans le silence religieux de la bibliothèque. Ses poumons la faisaient atrocement souffrir ce jour là. Chaque jour avait sa propre douleur. La veille, c'était la tête. Le lendemain, ce serait peut-être le dos.

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Drago leva la tête et elle se perdit un instant dans les volutes glacées de ses yeux. Puis, il reporta son attention sur son livre, comme si de rien n'était. Elle se doutait qu'il ne réagirait pas bien. Aussi, elle ne s'en formalisa pas et, persévérante, se rapprocha de lui en chancelant. Arrivée juste à sa droite, elle attendit. Voyant qu'il ne bougeait pas d'un centimètre, elle décida de l'appeler.

« Malefoy ? Euh... Je voudrais te parler... Si tu veux bien. »

Drago n'esquissa pas un geste. Elle eu un instant l'impression qu'on lui avait jeté un sortilège de mutisme et qu'elle n'avait produit aucun son car il n'avait absolument pas cillé.

« Euh... je voudrais m'excuser pour la dernière fois. Tout ce que je t'ai dit... Je n'étais pas bien. »

Elle risqua un regard vers le Serpentard. Il était concentré sur sa lecture et ne daignait pas lui accorder son attention. Il ne l'écoutait peut-être même pas. Cependant, connaissant l'animal, Hermione savait qu'il ne serait sans doute pas évident de récupérer un semblant d'attention de sa part. Il allait falloir qu'il lui pardonne, et c'était loin d'être gagné.

« Euh... Est-ce que tu voudrais bien m'écouter ? Si tu n'es pas d'accord avec ce que j'ai à dire, ce n'est pas grave, mais, s'il te plait... »

Elle attendit, mais rien ne se passa. Si la voix douce et les suppliques ne marchaient pas, elle allait devoir passer à la vitesse supérieure et l'énerver gentiment. Elle décida donc de poser sa main sur son épaule. Elle vérifia qu'elle avait correctement enfilé son gant en peau de taupe et qu'il n'y avait aucun trou qui puisse permettre à sa peau de prendre l'air. Puis elle posa délicatement sa main sur lui. Elle sentit aussitôt une rougeur envahir ses joues. C'était la première fois qu'elle le touchait vraiment et de son plein grès. Elle sentit le muscle de son épaule rouler sous sa main. Il avait tressailli mais ne levait toujours pas la tête dans sa direction. Comme pour lui montrer qu'il ne voulait vraiment pas lui parler et qu'il continuait sa lecture tranquillement, il tourna la page du livre et commença à consulter le chapitre suivant. Elle se rendit compte qu'elle devait tenter le tout pour le tout et sortir sa dernière carte.

Elle se racla la gorge, essayant d'avoir une voix claire.

« Drago... S'il te plait. »

La réaction du jeune homme ne se fit pas attendre. Il leva les yeux vers elle avec une expression glaciale. Il lui saisit le poignet et se leva, faisant tomber l'ouvrage avec un bruit sourd sur le sol. Elle retint un cri et sentit le regard du jeune homme la vriller. Au moins, elle avait réussit à solliciter son attention.

« Granger... Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler par mon prénom... » Siffla-t-il à voix basse d'un ton menaçant.

Hermione grimaça. Pour une fois, il ne serrait pas son bras aussi fort qu'a l'accoutumée et il lui restait un peu de temps avant de commencer à ressentir de la douleur. Aussi, elle se dépêcha de déblatérer son argumentation, déterminée. Elle parla à toute vitesse et avec empressement.

« Je suis désolée, mais c'était le seul moyen pour que tu m'écoutes puisque tu ne me répondais pas. Je suis venue pour m'excuser de ce que je t'ai dit la semaine dernière. En fait je voudrais qu'on recommence à parler ensemble. C'était complètement stupide de ma part, mais l'annonce de la quarantaine et l'état d'Harry m'ont fait peur et je n'ai plus réfléchit comme il fallait. S'il te plait... On peut reprendre où on en était? »

Elle espérait qu'il allait crier, peut-être qu'il allait s'énerver. Qu'il réagirait. Mais au lieu de ça, il la lâcha en la poussant légèrement en arrière. Il la regarda d'un air méprisant et attrapa vivement son sac pour y ranger le livre qu'il était en train de lire. Il était en train de partir.

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Hermione savait qu'il lui restait une possibilité. Au fond d'elle, elle savait qu'il partait parce qu'elle avait dit quelque chose qui l'avait touché. Sinon il serait resté là, à lire son livre, il serait resté impassible, il l'aurait ignorée comme il le faisait depuis des jours. Elle savait qu'elle devait pousser sa chance jusqu'au bout et son culot assez loin pour lui donner envie de rester. Elle ignorait encore comment elle allait le récupérer, étant donner l'incapacité à pardonner qui le caractérisait, mais elle se devait d'essayer.

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Drago posa son sac sur son épaule, arpenta les quelques mètres qui le séparait d'Hermione puis la dépassa. Alors qu'il commençait à tourner le dos à la jeune fille et qu'il avançait d'un pas rapide, elle prit sur elle et tenta de marcher à la même vitesse que lui pour le rattraper. Malheureusement, elle n'avait pas cette force. Depuis qu'elle était malade, sa vigueur ne faisait que s'amenuiser et la rendait insupportablement lente et vulnérable. Elle pesta intérieurement et eu envie de crier. Ce virus commençait vraiment à lui pourrir la vie. Elle ne pouvait même pas faire ce qu'elle voulait de son corps. Mais elle avait envie, elle devait aller plus vite. C'est donc au prix d'un effort surhumain qu'elle accéléra le pas, parvenant à trottiner. Elle songea qu'elle allait sans doute être épuisée pendant les dix prochaines heures.

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Elle réussit à rattraper Drago. Cependant, au moment où elle saisit son bras et le fit se retourner, elle fut prise d'un vertige. Le sol tangua, des petits points blanc clignotants apparurent devant ses yeux, sa main se déroba sous elle et le tissu de la robe en peau de taupe de Drago lui échappa. Elle fit de son mieux pour rester droite mais elle n'avait aucune véritable idée de la position dans laquelle elle se tenait.

Elle pencha en avant et s'écroula d'un coup sur le Serpentard. Elle avait perdu beaucoup de poids depuis qu'elle était malade et n'était donc pas très lourde, ce qui était une chance pour Drago qui se trouvait légèrement écrasé sous la jeune fille.

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Hermione sentit que la terre stoppait doucement ses tours rapides et que les choses revenaient à la normale. Elle réalisa avec stupeur qu'elle avait atterrit sur quelque chose de doux. Elle mit plusieurs secondes à se rendre compte qu'il s'agissait de Drago, plus précisément de son torse. Elle voulu se redresser mais sa chute était encore trop récente et elle ne réussit qu'à appuyer un peu plus sa tête sur le garçon. La chaleur de son corps traversait le vêtement qu'il portait et elle frissonna. Elle voulait absolument se redresser mais n'y parvenait pas.

Alors qu'elle cherchait à prendre appui sur ses mains, elle entendit quelque chose qui lui coupa le souffle.

Elle le trouvait stupide, insensible. Il ne pouvait pas avoir de sentiments. Et Pourtant. Son cœur battait prestement dans sa poitrine. Il cognait contre elle.

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Cette fois-ci, elle releva la tête, confuse, lui jetant un regard gêné. Elle perçu de la colère dans les yeux du Serpentard. Elle était à moitié couchée sur lui. Heureusement, leurs robes étaient assez longues et épaisses pour que leurs corps ne soient pas en contact. Hermione en fut soulagée. Elle ne voulait pas qu'il contracte la maladie qu'elle avait. Tandis qu'elle faisait son possible pour vérifier qu'ils ne se touchaient pas, elle sentit quelque chose l'oppresser et jeta un regard à Drago. Les yeux hargneux du jeune homme la fixaient maintenant avec rage. Elle lui fit un sourire crispé et songea qu'il devait être absolument écœuré, dégouté de cette proximité.

« Relève-toi, Granger... » Siffla-t-il entre ses deux.

Les formes d'Hermione épousaient parfaitement son corps. Il avait l'impression qu'il devenait complètement fou. Son cœur battait follement dans sa poitrine et ses bras étaient agités de tremblements incontrôlables. Il sentait sa chaleur, même à travers leurs vêtements. Il voyait ses cheveux emmêlés se battre devant son visage, ses yeux grands ouverts qui le fixaient d'un air embarrassé, sa bouche rosée, il sentait sa cuisse contre la sienne, il avait eu sa tête contre son torse. Il avait envie de passer ses bras autour de son dos et de l'attirer contre lui, qu'elle lui fasse encore sentir l'odeur fruitée de ses cheveux. Il était damné par cette fille.

Il la détestait. Il lui en voulait. Elle lui faisait encore ressentir ça alors qu'il était tellement en colère contre elle qu'il avait mis des jours avant de pouvoir remettre les pieds dans la bibliothèque. Il perdait complètement le contrôle de lui-même. Il avait eu la possibilité et une raison de l'insulter toute la semaine, mais il n'avait pu que la fuir, à cause de l'emprise qu'elle avait sur lui. Et elle était là, pressant son corps chaud contre le sien, bougeant légèrement, alors qu'il commençait à imaginer des choses qu'il n'aurait jamais voulu lui faire... Si elle n'avait pas été elle.

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Il la repoussa brusquement et elle se retrouva les fesses par terre. Elle savait qu'il allait encore essayer de partir, elle l'avait vu dans son mouvement. Elle se devait de le retenir. Elle lui attrapa donc le poignet doucement avant qu'il ne se lève et le regarda dans les yeux. Elle se plongea dans l'acier en fusion de ses pupilles, recherchant ce qu'il voulait entendre, ce qui le convaincrait qu'elle était vraiment et sincèrement désolée. Elle se dit que, peut-être, elle devait être honnête. Elle décida de garder le lien entre leurs yeux pendant qu'elle parlerait, pour donner plus de poids et de vérité à ses paroles. Elle ne pourrait pas lui mentir. Elle ne savait pas s'il savait lire dans les yeux des autres. Les siens étaient insondables. Mais elle se dit qu'elle ne perdrait rien en tentant sa chance.

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« Drago... Oui j'ai envie de t'appeler comme ça, ne m'en veut pas ! J'ai été stupide. Pour une fois je suis d'accord avec toi, je l'admets. Je suis stupide. Enfin... Je l'ai été. Ça m'a fait peur qu'on s'entende bien. Alors je suis partie. Il n'y a pas d'autre explication. C'est aussi simple que ça. On se déteste depuis tellement longtemps que ça m'a effrayée. J'ai dit des tas de choses que je ne pensais pas sous le coup de la colère et de la tristesse. Je regrette. Je voudrai qu'on continue à se connaître tous les deux. Je voudrais être autre chose que ton ennemie. Je ne sais pas si on pourra être amis, mais si on n'essaye pas, on ne saura jamais. Je suis désolée... Alors je... Je sais que je t'ai vexé... Mais... S'il te plaît, je te demande pardon. »

Elle baissa vivement la tête, incapable de soutenir son regard plus longtemps. Il ne répondit pas toute de suite et elle sut qu'il lui préparait une réponse parfaitement digne de sa froideur et de son indifférence. Lorsqu'il prit la parole, ce fut pour faire éclater son amertume et sa déception.

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« Tu te fous de moi ou quoi Granger ? Je fais un effort pour une fille comme toi et tu te casses du jour au lendemain sans rien dire... Et tu crois que je vais t'attendre ? Que je vais être là à te supplier pour récupérer le peu de lien qu'on a créé ?»

Hermione sentit l'agacement monter en elle, mais elle savait qu'elle devait essuyer une colère malefoyienne pour pouvoir lui montrer qu'elle tenait vraiment à ce lien dont il parlait. Elle nota aussi qu'il ne l'avait pas appelé sang de bourbe malgré sa colère et qu'il s'agissait d'un signe encourageant. Elle redressa le menton et parla doucement.

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« Je ne sais pas ce que je crois. En revanche, ce que je sais, c'est que je vais t'attendre, moi. Que je serai toujours là à attendre que tu sois d'accord pour qu'on recommence à discuter, et que je ne partirai plus cette fois-ci. Je suis déterminée et je ne laisserai plus tomber. Ça... Ça en vaut la peine. »

Foutue Gryffondor, foutue obstination...

Elle avait hésité avait de prononcer ces derniers mots, ayant conscience d'être parfaitement ridicule. Elle trouvait ses paroles un brin idiotes. Elle avait peur qu'il se moque d'elle mais elle n'avait pas d'autre choix que d'être sincère avec lui. Elle tenait vraiment à récupérer le semblant d'amitié qu'ils avaient construit. Ça valait trop dans son esprit, et trop pour son bien-être. Elle tenta de le regarder à nouveau dans les yeux et cru percevoir une lueur d'hésitation. Il ne savait pas quoi faire.

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Il lui semblait qu'il ne trouverai jamais la solution adéquate. S'il refusait, il perdait une chance de mieux la connaître, de passer du temps avec elle et d'échapper à cette douleur qui lui oppressait la poitrine quand elle lui manquait. Cependant, s'il acceptait de la voir, il allait devoir la supporter, supporter son corps, son odeur, ses habitudes de petite intello coincée et détestable, et il allait en plus devoir lui pardonner l'affront qu'elle lui avait fait. Il ne savait pas comment agir pour elle et avec elle sans montrer de marque de faiblesse. Sans se soumettre à ses horribles petites manies et sa façon de parler. Il ne voulait pas montrer qu'il avait besoin de passer du temps avec elle et de la voir. Et puis, de toute façon, il n'avait pas besoin d'elle. S'il faisait ça, c'était uniquement pour lui. Puis il trouva les mots justes, les mots qui sauraient exprimer ce qu'il ressentait et qui donneraient un juste milieu à toute cette histoire.

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« Ecoute Granger... Si j'ai fait cet effort, c'est pour moi, pas pour toi. Je suis allé vers toi parce que je suis tout autant fatigué de cette guerre stupide qu'on se mène sans arrêt et que c'est plus facile pour moi de ne pas me préoccuper de toi en tant qu'ennemie. Tu t'es excusée de manière plutôt honorable, quoi que légèrement médiocre. Alors... D'accord. Pour moi-même. Mais je te préviens... Si tu me refais un truc de ce genre une fois... Si tu t'amuses encore à te foutre de ma gueule et à changer d'avis... Tu le regrettas bien plus que tu le regrettes maintenant. »

Hermione se perdit dans le regard de Drago, incapable de comprendre par quel miracle elle avait réussit à le faire céder, à le faire changer d'avis. Elle lui décocha un large sourire qui lui donna l'air d'une illuminée en raison de ses yeux vitreux. Puis, sans un mot de plus, Drago se leva. Hermione tenta de le suivre, mais elle sentit encore une fois le sol se tordre dans tous les sens et se retrouva à nouveau sur les fesses en un rien de temps.

Et comme pour sceller l'accord qu'ils venaient de prendre Drago hésita, puis, pour la seconde fois de sa vie, lui tendit la main et tira sur son bras pour l'aider à se relever.

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Une semaine plus tard

Poudlard, bibliothèque

Seamus Finnigan avait suivi Hermione Granger. Il avait décidé de lui déclaré sa flamme. En réalité, il nourrissait des sentiments à son égard qui n'avaient rien de catholique. Pour dire vrai, il n'était pas vraiment amoureux d'elle. Il était simplement fasciné par les jambes fines et minces qu'elle laissait parfois dépasser de sous ses jupes trop longues. Il aurait aimé avoir une relation un peu plus approfondie avec elle.

Il se disait qu'il était de sang-mêlé et qu'il avait moins de chance de contracter le virus que les autres. Et puis, de toute façon, il n'avait aucun grand intérêt dans sa vie. Rien qui le passionnait. Rien à perdre. A part cette fille, qui avait tendance à tournebouler ses sens. Parce qu'en plus d'avoir de belles jambes, elle avait une peau qui sentait la pêche. Il n'avait donc aucune raison d'avoir peur de tomber malade. Il se disait que de toute façon, la maladie serait moins intense, même s'il l'attrapait, puisqu'il n'était ni totalement de sang pur, ni totalement de sang mêlé. Du moins c'était ce qu'il espérait et les raisons qu'il se donnait.

Il savait qu'elle n'avait personne dans sa vie et qu'elle était désespérément célibataire. Il avait envie de découvrir un peu de quoi elle était capable. Après tout, ce n'est pas parce qu'on n'a pas d'expérience que l'on n'a pas de potentiel... En tout cas, c'était l'idée qui trottait dans la tête de Seamus quand il lorgnait sur les mollets de la Gryffondor.

Il savait qu'elle se rendait souvent seule à la bibliothèque pour réviser et que c'était le moment le plus pratique pour l'observer et parler avec elle. Il s'était donc dit qu'il allait la suivre pour voir où elle s'asseyait et entamer une discussion avec elle, avant de se rapprocher... disons... physiquement.

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Il fut, ainsi, très étonné lorsqu'elle se dirigea, doucement en raison de sa maladie, vers l'un des rayonnages les plus éloignés de l'entrée. En général, plus les rayons étaient proches de l'entrée, plus ils avaient un rapport étroit avec les cours dispensés dans l'école de magie. Tous les rayons qui se trouvaient dans le fond de la bibliothèque concernaient plutôt des sujets qui étaient peu abordés et qui traitaient de certaines recherches plus poussées et plus personnelles. Il se dit qu'Hermione préparait peut-être quelque chose de particulier. Un livre par exemple. Cela lui donna d'autant plus envie de la connaître. Sortir avec la meilleure amie du survivant aux belles jambes... Et auteure d'un best-seller.

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Il pressa le pas, veillant à rester en retrait par rapport à la jeune fille afin qu'elle ne s'aperçoive pas de sa présence. Il la vit tourner au coin du dernier rayon. Décidément, elle l'étonnerait toujours... elle travaillait donc sur la physionomie avancée des Gobelins... Voilà qui promettait d'être intéressant. Il bomba le torse d'un air avantageux et se dirigea d'un pas conquérant vers l'endroit où il avait vu Hermione disparaître.

Cependant, au dernier moment, il recula et se cacha contre une étagère, espérant que sa grande taille ne l'empêcherai pas de passer inaperçu. Il faillit se prendre une livre sur la tête car le rayon contre lequel il était appuyé bougeait doucement. Il sortit sa baguette magique et éclaira d'un faible « lumos » le coin sombre où était située Hermione.

Ce ne pouvait pas être lui... Impossible...

Pourtant, si. Hermione Granger était assise à côté de Drago Malefoy.

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Seamus pencha la tête et s'approcha en silence, essayant de voir s'il était en train de lui infliger une quelconque torture humiliante. Mais il eu beau tordre son cou dans tous les sens, il en venait toujours à la même conclusion. Hermione et Drago parlaient tranquillement. Ils étaient penchés sur un livre et ils discutaient. Le Serpentard n'avait, lui, aucune lueur de colère ou de haine dans les yeux. Il semblait même être relativement poli avec elle. Ils ne paraissaient pas avoir de contacts physiques mais étaient tout de même assis à une distance réduite, bien que Drago esquissait de légers mouvements de recul lorsqu'elle bougeait dans sa direction. Elle ne semblait pas y prêter attention.

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La situation lui paru complètement grotesque. Un instant, il cru qu'on lui faisait une blague. Mais les faits étaient là. Les événements se déroulaient tels quels. Impossible.

Sortait-elle avec lui ? Il sentit le vent de la jalousie le titiller et rougit de colère. Ses jointures blanchirent tandis que ses doigts se resserraient sur sa baguette. Drago Malefoy pouvait avoir toutes les filles qu'il voulait et il avait fallu qu'il jette son dévolu sur la seule que lui, Seamus, avait envie de connaître un peu plus... en détail. Il grimaça sous l'effet de l'énervement qu'il ressentait.

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Il tenta de se calmer et de réfléchir. Pourquoi Hermione retrouvait-elle cette immondice au fond de la bibliothèque ?

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La réponse lui vint rapidement, claire et limpide : elle se cachait. Elle ne voulait donc pas que l'on sache qu'elle fricotait avec ce garçon. Drago était l'ennemi juré des Gryffondor. C'était un Serpentard et probablement le fils d'un mangemort. Harry et Ron n'avaient donc sans doute aucune idée de ce qui se tramait derrière leur dos. D'autant que leurs relations étaient déjà tendues d'après ce qu'il avait pu constater... Cela pourrait ruiner leur si précieuse amitié...

Il réfléchit encore quelques instants, se renfrognant légèrement. Puis, brusquement, un sourire illumina son visage morne. Il venait d'avoir une idée parfaite grâce à l'intervention de Drago Malefoy. Une idée qui le ravissait par avance. Elle n'allait plus lui résister.

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