La peur et ses conséquences
En ce froid et clair matin de janvier, ni Eleanora Park, ni Jonathan Atword, ni Johanne Sburg ne surent ce que le destin leur réservait. S'ils s'en étaient doutés ne serait-ce qu'une seconde, ils auraient sans doute essayé de fuir l'école par tous les moyens... Mais aucun d'eux ne savait ce que la peur est capable d'engendrer, alors ils restèrent.
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La première à subir les conséquences de la peur fut Johanne Sburg, une élève de Poufsouffle. Johanne était une jeune fille sympathique et parfois un peu nerveuse. Grande et mince, elle avait un long visage fin et blafard. Ses cheveux étaient châtain foncé, courts, et entouraient deux grands yeux bleus qui lui mangeaient le visage. Sa bouche s'étirait souvent en un mince sourire. Elle n'aimait pas tellement les cours et finissait souvent ses devoirs de justesse. Elle avait une chouette, qui répondait au doux nom de « Sophie » et était issue d'une grande famille : deux sœurs et trois frères, tous plus vieux qu'elle.
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Oui, Johanne était une jeune femme tout à fait semblable à des centaines d'autres. Une jeune femme normale. Si ce n'était... Ses origines.
Johanne n'était pas née d'une famille de sang pur et encore moins de sang mêlé... Non, Johanne était la petite dernière d'une famille de moldus. Elle était la seule à avoir développé des pouvoirs magiques. Ses parents étaient tombés du placard lorsqu'elle avait reçut la lettre qui la conviait à entrer dans la célèbre école de sorcellerie.
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A cause de la provenance de ses pouvoirs, elle était très malade depuis que le virus s'était déclaré dans l'établissement. Elle toussait beaucoup et avait des courbatures dans le dos qui s'accompagnaient parfois d'élancements, l'obligeant souvent à rester couchée des jours entiers tant la douleur était insoutenable.
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Justement, ce matin là, Johanne devait aller en cours. Non pas qu'elle le veuille vraiment... Mais elle savait qu'en manquer trop serait forcément néfaste à un moment donné, et elle n'avait pas l'intention de tripler sa deuxième année.
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Elle avait la fâcheuse manie de se lever en retard et était donc en train de marcher dans le couloir, seule, se dépêchant de rejoindre sa salle de cours pour apprendre le sortilège d'attraction « Accio ».
Chemin faisant, son regard fut attiré par la lumière qui baignait le parc d'une lueur sereine. Johanne s'arrêta quelques instants pour jeter un coup d'œil par la fenêtre, admirant la beauté du paysage sur lequel tapait le soleil lumineux, à peine levé. Rêveuse, elle s'attarda quelques secondes, imaginant que la quarantaine était terminée et qu'elle pouvait courir dans le parc au petit matin, dans l'herbe encore humide de rosée.
Soupirant, elle jeta un coup d'œil à sa montre moldu et s'aperçut qu'elle allait vraiment être en retard en cours. Elle étouffa un cri d'énervement, et accéléra le pas.
Elle entendit alors un son particulier. Celui du frottement d'une cape sur le sol. Elle ralentit le pas en tendis l'oreille, méfiante. Son pouls s'accéléra.
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Une bande de personne surgit soudainement devant elle, alors qu'elle arrivait au coin du couloir. Ils portaient tous leur robe en peau de taupe et la capuche de cette dernière recouvrait presque entièrement leur visage. Même en faisant de son mieux, à cause de leur déguisement, elle n'en reconnut aucun.
Lorsqu'elle les vit lever leur baguette, elle songea momentanément qu'ils lui faisaient penser à des mangemorts. Puis elle s'enfuit. Elle essaya de courir, mais ses jambes fatiguées tremblèrent sous son poids et elle s'écroula presque instantanément. Elle s'écorcha une main.
Ce ne fut que lorsqu'elle releva timidement la tête, terrorisée, qu'elle vit qu'ils la fixaient. Elle ne pouvait apercevoir que leurs sourires, sous leurs capuches. Ainsi donc, ils étaient contents.
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L'une des personnes se détacha du groupe et s'accroupit à coté d'elle. Sa voix rocailleuse lui parvint à l'oreille tandis qu'un homme lui murmurait sournoisement :
« Il faut que tu arrêtes de contaminer tous ceux que tu touches, Sburg. »
Elle n'eut pas le temps de répondre. Le sortilège « Sectusempra » l'atteignit en pleine poitrine, et elle s'effondra sans un bruit, son sang tâchant le sol récuré de l'école de sorcellerie.
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Poudlard, cachots des Serpentard, dortoir des filles
Au même moment, Pansy Parkinson se réveillait en sursaut. Elle se redressa d'un bond et repoussa la couette qui la recouvrait d'un geste impatient.
Une fois assise dans son lit, elle secoua négligemment la tête, faisant danser ses cheveux noirs et lisses autour de son visage fatigué.
Pansy se remémorait parfaitement, maintenant, ce dont elle avait tenté de se souvenir toute la nuit. La veille, elle s'était endormie dans la bibliothèque sur un ouvrage moelleux et usagé. Lorsqu'elle s'était réveillée, elle été tombée sur le sous-titre du chapitre d'un livre qui parlait du sortilège « Oubliettes ». Elle avait machinalement lu quelques lignes de l'article avant de refermer le volume et de le ranger en pestant.
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Son cœur se mit à battre à un rythme irrégulier. Il lui fallait absolument retrouver ce livre.
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Poudlard, salle commune des Gryffondor
« Hermione ! »
Le cri qui retentit dans son dos força la jeune fille à stopper son geste. Elle allait passer par le trou du tableau de la grosse dame pour aller travailler, seule, dans la bibliothèque. Étonnée, elle se retourna, le pied suspendu en l'air, pour se retrouver en face d'Harry.
Ce dernier, les cheveux plus ébouriffés que jamais, se tenait plié en deux devant elle. Ses deux mains étaient appuyées sur ses genoux et il semblait avoir le souffle court.
Hermione eut un sourire en coin et tendit une main salvatrice à son ami pour l'aider à se redresser, rattrapant au passage les lunettes du Gryffondor qui venaient de glisser le long de son nez.
« Tu avais vraiment envie de me parler Harry, pour t'essouffler à ce point ? » Ironisa-t-elle, son sourire s'agrandissant, tandis qu'Harry se redressait avec difficultés et réajustait ses lunettes.
« Euh... Exactement ! Il faut que je te parle de quelque chose, et c'est assez urgent. Commença-t-il.
-Je t'écoute, Harry. Ça m'a l'air sérieux. » Répondit Hermione, attentive. Il s'agissait peut-être de quelque chose qui avait rapport avec le virus. Elle croisa les bras et fronça les sourcils pour mieux se concentrer.
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« Oh euh... Ça ne concerne pas le virus ou de ce genre de choses... Ça a rapport avec toi uniquement.
-Heu... Comment ça avec moi ? » Hermione fit un effort considérable pour cacher sa nervosité. Et si Harry savait qu'elle voyait régulièrement Drago ? Comment ferait-elle alors ? Qu'allait-il penser ? Elle n'avait jamais eu l'intention de les trahir, elle faisait simplement ça pour elle, pour se sentir mieux, pour ne plus mener cette guerre incessante... Comment allait-il réagir ?
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Elle n'eut pas le temps de formuler plus de suppositions dans son esprit car Harry reprenait la parole, soutenant son regard avec une lueur interrogatrice au fond des yeux.
« Je m'inquiète pour toi, Hermione. A propos de... Enfin, ta relation avec Seamus est un peu... Étrange... Et je n'ai pas l'impression que tu y trouves ton compte. »
Hermione faillit pousser un soupir de soulagement mais se retint juste à temps. Elle fit un sourire discret à Harry et lui indiqua de la main un canapé dans lequel ils s'installèrent confortablement. Le soleil éclaira un instant leurs traits tirés et fatigués, puis Hermione, de sa voix d'outre tombe, étouffa un petit rire avant de commencer ses explications.
« Harry, si tu savais ce qui s'est passé avec Seamus... C'était stupide.
-Oui ? Je t'écoute.
-Et bien... J'ai cru, pendant un instant, qu'il pouvait-être quelqu'un de bien. Enfin, pour faire court, il me plaisait et j'ai voulu tenter quelque chose avec lui.
-Attends une seconde Hermione... Comment ça tu as cru ? Tu veux dire qu'il n'est pas quelqu'un de bien ? Il t'a fait quelque chose, Hermione ? Demanda-t-il plus fort en se redressant vivement, faisant sursauter la Gryffondor.
-Non, non ! Chuchota la jeune fille pour l'obliger à se calmer. C'est juste que... J'imaginais qu'il était autrement que ce qu'il m'a laissé entrevoir. Ça n'a pas marché entre nous. C'est tout.
-Mais, Hermione ! Répliqua Harry avec un regard désapprobateur. Tu l'as quand même embrassé !
-Ah... Euh... Et bien disons que j'y ais été, en quelque sorte... Forcée.
-Quoi ? Beugla Harry en se levant du siège si vite qu'il fit tomber un coussin et sursauter une élève de deuxième année. Hermione pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? Je vais aller lui dire deux mots...
-Non, Harry, attends ! Répondit Hermione, paniquée, saisissant le poignet de son ami entre ses doigts blêmes. Écoute... Si je l'ai fait, c'est aussi parce que je voulais m'assurer que je ne ressentais rien pour lui. Donc en fin de compte il m'a rendu un fier service, sinon... Je serai peut-être encore en train de perdre mon temps avec lui. Je... Ça n'a aucune importance. Ne perds pas ton temps avec lui. Ce n'est pas la peine que tu ais encore une retenue à cause d'un sorcier stupide. Et puis... De toute façon... Il m'a promit de laisser tomber et de ne plus venir me parler pour l'instant. »
Harry lui jeta un regard soupçonneux. Hermione retint son souffle, espérant que ses explications suffirait. Elle ne voulait pas que Seamus dise la moindre petite chose à Harry à propos d'elle et Drago.
Son ami soupira, levant les yeux au ciel et murmura :
« Si je ne fais rien, c'est vraiment parce que tu me le demandes Hermione. Mais si jamais il refait quelque chose de ce genre et qu'il te force à faire le moindre petit truc... Je t'en prie Hermione, dit-le moi!
-Merci, Harry. Je te le dirais. Je te le promets. »
Au fond d'elle, la jeune fille sentit la culpabilité l'envahir et lui enserrer le cœur comme un étau. Elle réalisa qu'elle allait devoir dire la vérité à ses amis bientôt. Très bientôt.
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Poudlard, bibliothèque
Pansy Parkinson entra en coup de vent dans l'édifice, faisant tomber au passage une pile de parchemins cornés qui étaient sagement posés sur le rebord du bureau de Madame Pince. Le bruit qu'ils firent en voletant dans les airs résonna comme le son d'un bruissement d'ailes dans l'atmosphère studieuse et ensommeillée de la bibliothèque.
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La jeune fille feignit de n'y prêter aucune attention, ignorant superbement la bibliothécaire. Elle n'avait pas le temps de s'attarder, même une seconde, à ramasser ces documents, sans doute inutiles. La réponse qu'elle cherchait était toute proche. Elle allait enfin comprendre ce qui se passait dans son esprit.
Le cœur battant à tout rompre, elle se dirigea d'un pas rapide vers le rayon des sortilèges, ses pas claquant avec force dans la pièce silencieuse.
Il lui suffisait de ressortir tous les livres qu'elle avait consultés la veille et de regarder l'intégralité des sommaires. Ça lui rappellerait forcément quelque chose. Et après ça, elle arriverait à retrouver le livre à coté duquel elle s'était endormie.
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« Mademoiselle Parkinson ! »
L'appel résonna, impérieux, et retentit durablement dans la bibliothèque. La jeune fille s'arrêta net, son excitation et son entrain disparaissant en même temps que sa démarche rapide.
Pansy hésita à se retourner. Elle avait presque atteint le rayon et pourrait aisément se faufiler dedans en prétextant ne pas avoir entendu... Mais elle savait aussi que la bibliothécaire serait capable de venir la chercher à sa table si elle estimait cela nécessaire. Elle voulait sans doute lui demander de ramasser ces maudits papiers qu'elle avait fait tomber.
Soupirant bruyamment afin de montrer clairement son mécontentement, la jeune femme se retourna lentement et planta son regard glacial dans celui de Madame Pince, espérant que cela suffirait à la dissuader de l'importuner.
Cependant, elle faillit exprimer une exclamation de surprise. Le regard qu'elle croisa n'était pas courroucé et énervé. Non, il était même plutôt... Désolé. Ou même, effrayé.
Sentant que quelque chose n'allait pas, Pansy sentit une douleur sourde monter dans son ventre. Madame Pince n'était pas du genre à avoir peur d'une élève et encore moins d'être désolée de la déranger. Il y avait obligatoirement quelque chose d'autre. Quelque chose qui n'avait absolument aucun rapport avec cette fichue bibliothèque.
Que s'était-il donc passé ?
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Des milliers de plans s'échafaudèrent tous seuls dans l'esprit de Pansy et défilèrent avec une rapidité sans précédent devant ses yeux angoissés. Et s'il était arrivé quelque chose à Drago ? A ses parents ?
« Qu'est ce qu'il se passe ? » Parvint-elle à articuler avec difficultés, la bouche sèche.
Il lui semblait que son corps pesait un poids incommensurable. Elle céda à la panique, essayant tout de même de rester stoïque et impassible. Les larmes commencèrent à perler au coin de ses paupières sans qu'elle s'en rende compte.
Cela avait forcément un lien avec quelqu'un ou quelque chose qui la touchait de près, sinon, pourquoi cette femme aurait-elle eu l'air si catastrophée ?
« Qu'est ce qu'il se passe ? »
Elle avait presque crié cette fois, et l'anxiété transparaissait dans sa voix tremblante. Il fallait qu'elle sache, elle devait savoir, qu'importe ce que c'était. Elle fit un pas en direction de la bibliothécaire, se prenant maladroitement les pieds dans sa robe.
Madame Pince sursauta lorsqu'elle entendit le second cri de Pansy. Elle était, visiblement, perdue dans ses pensées depuis quelques secondes déjà. Elle évita le regard de la jeune fille puis, maladroitement, chevrota :
« Je suis désolée, Mademoiselle Parkinson... Vous n'avez pas eu la nouvelle hier parce que vous n'êtes pas descendue manger dans la grande salle. Il... Il s'agit de votre amie... Mademoiselle bulstrode. Elle a... Elle est... »
A peine eut-elle prononcé ces quelques phrases impossibles à terminer qu'elle vit le visage de Pansy se décomposer lentement, à la manière d'un film passé au ralentit. La bouche de la Serpentard s'ouvrit dans une expression de stupeur informulée tandis qu'elle vacillait sur ses jambes. Elle porta la main à sa bouche, comme pour la refermer et laissa échapper un mot, un seul, dans un souffle :
« Non! »
Puis, sans autres signes avant coureurs, elle devint extrêmement blanche et s'évanouit au milieu des parchemins étalés sur le sol, les faisant, une nouvelle fois, allégrement voleter dans la pièce silencieuse.
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La seconde personne à être victime de ses origines fut Jonathan Atword, de Serdaigle. Lui non plus ne sentit pas venir l'événement qui se profilait joyeusement dans son dos.
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Encore en première année, il était plutôt de nature timide. Enfant unique, il n'avait jamais trop été habitué à la présence des autres et était effrayé par ceux qui étaient beaucoup plus grands et vieux que lui. En effet, il était vraiment petit pour son âge et un peu dodu. Il avait des cheveux blonds, très clairs, presque blanc. Une frange recouvrait son front et tombait sur deux yeux marron interrogateurs et fuyants soulignés par de larges cernes.
Jonathan était un jeune homme plein de ressources, timide et très intelligent pour son âge. Ses parents, moldus, avaient accueilli la nouvelle de son entrée dans l'école de sorcellerie avec joie : la présence d'esprit de leur enfant allait enfin être valorisée.
Pour faire plaisir à ses parents et obtenir les meilleures notes possibles, Jonathan passait des heures dans la bibliothèque et s'y rendait même quotidiennement le temps de midi. C'était une sorte de rituel qu'il respectait avec un soin tout particulier.
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Lorsqu'il s'y rendit d'un bon pas, ce jour là, il n'imagina pas un instant ce qui se tramait dans l'ombre du couloir désert.
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Il avait à peine mangé, pressé de faire une recherche pour son devoir d'astronomie. Il marchait beaucoup trop vite cependant pour quelqu'un d'aussi malade que lui, et dut ralentir son rythme de croisière.
Il étouffa une toux rauque et s'appuya un instant contre un mur. Son visage prit une teinte verdâtre et il sentit une nausée remonter dans son œsophage. Il avait toujours détesté être souffrant et n'en menait pas large depuis le début de l'année scolaire : il cauchemardait presque toutes les nuits et se réveillait souvent en sueur sans parvenir à retrouver le sommeil. Par ailleurs, il ne comptait plus les vertiges qui le submergeaient chaque jour à n'importe quel moment.
Il essuya doucement la sueur qui coulait sur son front livide et fit quelques pas incertains, sentant le sol se dérober irrésistiblement.
Alors qu'il atteignait le bout du couloir et qu'il apercevait les portes salvatrices de la bibliothèque, quelque chose le saisit par le col de sa robe et le tira avec force en arrière. Il trébucha et manqua de s'écrouler.
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Tremblant, il se retourna, craignant le pire. Il se retrouva nez-à-nez avec un groupe de personnes dont le visage était masqué par de larges capuches rabattues sur leurs visages.
Il crut, un instant, qu'il allait s'évanouir de peur. Cependant, il n'en eut pas le temps. Une main ferme s'enroula autour de son fin poignet, et la baguette que la personne tenait entre ses doigts crochus vint se planter contre sa maigre poitrine. Sa respiration erratique souleva un instant le bout de bois ensorcelé de haut en bas. Il poussa un petit cri, et des larmes commencèrent à couler sur ses joues rougies par la fièvre.
La voix de l'homme qui tenait la baguette lui parvint à peine, tant il était effrayé... Il avait l'impression que seul un bourdonnement incessant résonnait à ses oreilles.
Il réussit toutefois à saisir les derniers mots que lui lança la voix rauque et sifflante, avant qu'il ne reçoive un « Sectusempra » à l'endroit où la baguette magique était solidement installée :
« Ne t'inquiète pas, Atword, je vais soulager tes souffrances. »
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Poudlard, cachots des Serpentard, dortoir des garçons
Drago Malefoy passa un bras derrière sa tête et s'affala nonchalamment sur son lit. Il ferma ses yeux aux volutes métalliques un instant et repoussa une mèche de cheveux qui chatouillait son nez pointu.
La fatigue commençait à l'envahir. Il avait réfléchit toute la journée jusqu'à l'épuisement et il avait ressentit un sentiment qu'il détestait considérablement. La peur. A la réflexion, il avait même ressentit deux sentiments qu'il détestait infiniment. La peur et l'amour.
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Hermione.
Il se retourna, se positionnant sur le coté avec la désagréable impression qu'il n'allait pas pouvoir fermer l'œil, malgré la fatigue qu'il ressentait. Son cœur accéléra ses battements irréguliers, et bientôt, il le sentit cogner contre sa poitrine avec force. Les muscles de ses bras se tendirent tandis qu'il serrait les poings jusqu'à en avoir mal.
Hermione.
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Il ne voulait pas qu'il arrive quelque chose à Hermione. Il voulait la protéger. Et de cela, il s'en voulait. Il avait peur pour elle et à cause de ça, il était incapable de se maîtriser correctement. Il n'avait pas réussit à écouter convenablement ses cours aujourd'hui et il avait faillit perdre son calme devant l'insistance de son père à lui poser des questions sur elle.
Il n'avait rien voulut dire et il n'avait eut de cesse de sentir son estomac se nouer et se tordre à la manière d'un serpent. Elle était un danger pour lui, une menace. Il n'en avait jamais été aussi conscient. Il mettait sa propre vie en jeu, ses chances de devenir un jour l'un des mangemorts les plus réputés... Le bras droit du Lord Noir.
Et tout ça pour elle.
Pour ses beaux yeux. Pour une femme qu'il détestait autant qu'il aimait.
Il pouvait mourir pour elle, et il le savait. Il haïssait cette sensation. Elle ne saurait sans doute jamais à quel point il était fou d'elle. Elle ignorait probablement ce qu'il était prêt à faire pour la protéger, la sauver du mal qui pouvait l'atteindre, sans lui-même comprendre pourquoi il agissait ainsi.
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L'amour. C'était ce foutu sentiment, indigne de lui, qui était en train de lui pourrir la vie, qui continuait de grandir dans sa poitrine comme une fleur qui s'épanouit. Une plante carnivore.
Il voulait le repousser, s'en débarrasser, le faire mourir, le détruire.
A quoi bon de toute façon ? Il n'avait aucun avenir avec elle, aucune chance, jamais, de vivre à ses cotés. Même s'il ne mourrait pas en la protégeant, quelle était la proportion infime de possibilité qu'elle commence à le voir comme une personne dont elle pourrait tomber amoureuse ?
C'était tout bonnement impossible.
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Peut-être, qu'un jour, en poussant vraiment les choses, elle l'apprécierait et le considérerait comme son ami. Mais jamais, non, jamais elle ne pourrait tomber amoureuse. Il savait qu'il représentait tout ce qu'elle détestait. Les mangemorts, la guerre, Voldemort, le sang-pur. Malgré tous les efforts qu'il faisait pour elle, il se doutait qu'elle n'irait jamais aussi loin avec lui.
Et il la détestait pour ça.
Elle ignorait à quel point sa belle gueule d'ange blond plaisait aux autres filles. Elle n'imaginait pas un seul instant qu'il ne pouvait voir qu'elle, que ça le dérangeait, et qu'il aurait préféré regarder n'importe quelle femme plutôt qu'elle.
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Mais elle était elle et elle l'obsédait, encore et encore. Il ne pouvait pas se défaire de son image et ça le dérangeait. Elle faisait de lui un homme perdu. Rien que pour ça, il aurait voulu quitter cette école et la laisser à son triste sort. la laisser affronter la maladie ou même la mort peut-être, qui sait.
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Seulement voilà, maintenant, il ne maîtrisait plus rien. Elle était la maîtresse de son âme et de son monde sans même le savoir.
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Eleanora Park fut la dernière à profiter des bienfaits de cette étrange journée qui avait si bizarrement commencé.
Eleanora était une fille que certains auraient qualifiée de beauté surnaturelle. Elle était grande et mince, élancée. Elle avait de longs cheveux blonds ornés de nombreux reflets dorés qui retombaient en cascade soigneuse sur ses fines épaules. Ses yeux étaient verts, en amande, brillants et ornés de long cils au mouvement tapageur.
Eleanora était une jeune fille pleine de ressources, et c'est peut-être pour cela qu'elle était devenue une sorcière alors qu'elle était issue d'une famille de moldus. Malheureusement pour elle, ses parents étaient loin d'avoir considérée sa venue dans le monde de la sorcellerie comme une bénédiction. Elle avait été chassée de chez elle à grand fracas et ignorait encore en cet instant qu'elle était la grande sœur d'une adorable petite fille de deux ans.
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Cependant, pour l'heure, Eleanora était à des millénaires de son ancienne et insignifiante petite vie. Elle était préoccupée par le virus qui la rendait faible et vulnérable, et qui, de toute évidence, ne servait absolument pas sa cause.
A cause du virus qui sévissait dans l'école, elle était obligée de sortir uniquement avec d'autres né-moldus afin de ne pas transmettre le virus à ses camarades. Elle en éprouvait une colère sourde... Elle qui, d'habitude, si séduisante et sensuelle, arrivait à mettre à ses pieds tous les garçons qu'elle voulait en était réduite à se concentrer sur un petit nombre. Inadmissible.
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Pestant, la jeune Serdaigle parcourait les couloirs maintenant déserts de l'école de sorcellerie. Elle venait de quitter un garçon de septième année, né-moldu comme elle, qui lui plaisait beaucoup. Il était à Serpentard et faisait de son mieux pour cacher ses origines à ses camarades de chambre. Si jamais ils s'apercevaient de qui il était, il risquait gros... Très gros.
Eleanora gloussa en repoussant aux risques - d'une toute autre nature - qu'il prenait avec elle.
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Son rire se stoppa net lorsqu'elle aperçut un groupe de personne glisser silencieusement vers elle, leurs capuches recouvrant largement leurs visages aux sourires mièvres.
Elle hésita un instant. S'agissait-il d'un groupe de garçons à qui elle plaisait et qui avait pris l'initiative de lui faire une mauvaise blague à plusieurs ?
Cette hypothèse lui sembla un peu tirée par les cheveux. Malgré elle, elle frissonna. Un éternuement lui monta au nez et elle fit de son mieux pour le réprimer. Sa main trembla légèrement et elle la glissa dans les plis de sa cape, bien décidée à récupérer sa baguette magique. Cependant, elle effleurait à peine le bout de bois ensorcelé qu'une force inconnue la projetait violemment au sol. Sa baguette magique vola loin d'elle et atterrit avec un léger bruit dans l'obscurité, hors de portée.
La tête lui tourna pendant quelques secondes. Cela fut suffisant pour laisser le temps à l'un de ses bourreaux de s'approcher d'elle. Une main gantée vint la saisir par les cheveux, tirant sur sa somptueuse et lumineuse chevelure blonde, la forçant à dégager son visage. Des larmes de douleur lui montèrent aux yeux en sentant quelques mèches se détacher de son crâne. Il était évident maintenant que le petit groupe n'était pas là pour lui soutirer quelques faveurs mais plutôt pour lui faire du mal.
La personne qui lui tenait les cheveux éclata d'un rire aigre qui se répercuta dans le couloir silencieux. Cette fois, les larmes coulèrent à flot sur les joues blêmes de la jeune femme sans qu'elle puisse les retenir. La peur, la douleur et l'humiliation se mêlaient en elle sans qu'elle puisse rien y faire.
Pourquoi cela lui arrivait-il à elle ? Qu'avait-elle fait de mal ?
« Oh, ne pleure pas Eleanora, tu es tellement belle quand tu souris. Lui glissa la voix éraillée de la personne encapuchonnée à l'oreille.
-S'il vous plaît... » Pleurnicha la Serdaigle en se débâtant mollement, ses forces l'abandonnant peu à peu sous l'effet de la peur.
La bouche de la personne qui la tenait forma un sourire enjoué, puis la baguette qu'il tenait dans l'autre main vint se pointer contre sa poitrine. Et ce qui devait arriver arriva.
« Sectusempra. »
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Oui, si Eleanora Park, Jonathan Atword et Johanne Sburg avaient su ce qui les attendait, ils auraient tenté de fuir le château de Poudlard par tous les moyens. Mais ceci, cette chose affreuse qui se tramait dans l'ombre et qui, finalement, allait tout à fait dans le sens d'une certaine personne, avait été compris par un seul et unique individu, et cela bien après que la terrible sentence qui les attendait ait été exécutée.
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Alors qu'elle réfléchissait dans son lit, au petit matin, Ginny Weasley avait soudain compris l'enjeu effroyable que cachait ce virus. Dumbledore leur avait annoncé que des attaques avaient eu lieu dans le château et que l'une des personnes agressée, Eleanora Park, avait succombé aux suites de ses blessures.
Ginny se remémorait inlassablement le discours du directeur déchu... Et, en entendant une nouvelle fois ces mots dans son esprit, elle saisit soudainement, avec clairvoyance, les mécanismes de la machine infernale qu'avaient lancée Lord Voldemort et Lucius Malefoy.
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Seulement, voilà, Ginny était une jeune fille impétueuse, et, dans sa volonté extrême de sauver le monde et d'informer ses amis, elle partit ce matin là en courant, seule, pressée de rejoindre Harry, Ron et Hermione qui étaient déjà dans la grande salle en train de prendre leur petit déjeuner.
Elle traversa les couloirs vides de l'école, ne prenant pas garde aux pas qui accompagnaient les siens et qui résonnaient en cœur, formant une sorte de roulement de tambour.
C'est un rayon lumineux qui éclaira ses ennemis, debout devant elle, formant une ligne impénétrable.
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Ginny avait immédiatement sortit sa baguette, sentant que quelque chose n'allait pas. Elle avait bien essayé de lancer quelques sortilèges. Elle était courageuse.
Mais ils étaient trop nombreux et ils prirent rapidement le dessus sur la jeune Gryffondor, à l'issue d'une lutte acharnée pour le bien.
Quand le sortilège « Sectusempra » la toucha et qu'elle s'écroula sur le sol, Ginny Weasley espéra, tout en se vidant de son sang, pouvoir se réveiller un jour pour dire à ses amis, et surtout à Hermione, qu'ils devaient fuir cette école tant qu'il en était encore temps.
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