L'incidence de la maladie sur le corps

Après avoir amorcé cette longue réflexion sur le virus magique, Hermione sentit que sa tête commençait à tourner, signe que ses pensées étaient trop nombreuses et qu'elle devait arrêter de réfléchir. Posant une main moite et blanche sur son front brûlant, elle décida qu'il était temps de sortir de sa léthargie. Elle souleva doucement sa tête, puis s'assit sur son lit. Une cascade de cheveux bruns recouvrit son visage pendant quelques instants et la pièce se mit à tanguer dangereusement autour d'elle. Elle attendit plusieurs minutes avant que la terre ne retrouve sa solidité d'origine. Elle laissa alors échapper une quinte de toux, puis se redressa vivement, chancelante et réussi à se mettre debout.

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Après avoir mis dix bonnes minutes à parcourir la distance qui séparait son lit de la salle commune des Gryffondors, Hermione chercha Harry et Ron du regard. Au départ, elle dut laisser ses yeux s'habituer à la lueur agressive de la pièce. En cette matinée d'automne, les tentures rouge et or renvoyaient les rayons du soleil et éclairaient doucement les murs. D'ordinaire, Hermione appréciait énormément la chaleur qui s'échappait de cette lumière. Mais son état de santé avait changé beaucoup de choses, et à l'instant même ou elle entrevit les couleurs de la salle commune, une violente migraine la secoua. Lorsque son mal de tête fut passé et qu'elle eu accoutumé ses yeux, Hermione repéra ses deux amis.

Ces derniers étaient tous les deux debout près de la fenêtre. Un rayon de lumière dorée les éclairait. Ron, plus efflanqué que jamais, secouait sa tignasse rousse, tandis qu'Harry rétorquait quelque chose, passant vivement sa main dans ses cheveux, les ébouriffants d'avantage. Hermione s'appuya contre le mur le plus proche pour ne pas perdre l'équilibre et sourit en les regardant. Elle leur trouvait un air enfantin, presque puéril. Malgré toutes les difficultés qu'ils vivaient, ils continuaient de rire. Alors qu'elle se sentait si vide. Si perdue. Si seule. Parfois, elle était empreinte d'une jalousie incommensurable à leur égard... Parce qu'ils arrivaient à se détacher de ce qui, elle, la bouffait de jour en jour, écourtant chaque fois sa vie de quelques minutes... Quelques heures... Malgré le fait qu'elle soit envieuse de leur insouciance, elle ne leur aurait enlevé pour rien au monde. Elle avait peur qu'un jour, cette capacité à être heureux s'échappent d'eux et qu'ils ne puissent plus jamais se réjouir. Ils seraient alors seulement capables de penser, de se souvenir de la douleur, des cris, des morts et des pertes. Comme elle... A cette pensée, Hermione se sentit brusquement impuissante, écrasée, vide et inutile. Parfois, le souffle de la mort s'appesantissait sur elle. Elle n'avait pas peur de mourir. Elle voulait partir la tête haute. Elle ne voulait pas supplier, elle ne voulait pas quémander. Elle mourrait tout simplement.

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Secouant vivement la tête comme pour chasser cette idée morbide, Hermione s'approcha de ses amis, en veillant à faire assez de bruit pour ne pas surprendre Ron. Elle avait la fâcheuse manie d'arriver en silence, de le faire sursauter et parfois hurler. La discrétion était une qualité d'Hermione que tout le monde n'appréciait pas mais elle aimait penser que cela serait un atout non négligeable lorsqu'elle postulerait pour être auror.

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Comme à chaque fois qu'il la voyait depuis qu'elle était malade, Harry fut surpris par le teint blafard d'Hermione. Parfois, il avait l'impression que toute vie s'était extirpée de son corps. Souvent, il se sentait responsable. Que faire face à la mort, aux sortilèges impardonnables, à la cruauté ? Et puis l'inquiétude, la peur. La peur, toujours la peur... Harry avait parfois l'impression qu'Hermione était malade de fatigue. De la traque qu'il lui imposait. Il n'imaginait pas à quel point il avait raison.

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Hermione s'arrêta devant ses amis avec difficultés, entendant la fin de la conversation houleuse des deux garçons qui, visiblement, portait sur le Quidditch. Le regard empli d'inquiétude de Ron lui fit deviner qu'elle avait les yeux cernés et les lèvres sèches qui lui donnaient l'air d'une mourante. Elle se dit qu'il était temps de lui faire comprendre qu'elle allait bien. Malgré le fait qu'elle soit malade, il lui restait une bonne dose d'énergie et elle ne voulait pas se laisser abattre.

Ce n'est pas une misérable petite quinte de toux qui va faire de moins une loque!

Elle aimait que Ron s'inquiète pour elle. Cela la réchauffait parfois lorsqu'elle avait froid. Lui faisait du bien lorsqu'elle se sentait mal. Partager le fardeau de la mission d'Harry avec quelqu'un d'autre était sans aucun doute très profitable à Hermione. Elle savait qu'elle n'aurait jamais réussit seule. Qu'elle ne se serait pas sentie à la hauteur. Le sourire de Ron lui redonnait du courage. Elle aimait ses sautes d'humeur, son mauvais caractère. Elle aimait qu'il lui réponde. Elle l'aimait oui. Mais elle n'était pas amoureuse. Elle ne pouvait pas être amoureuse. Son cœur était un vide énorme et impossible à remplir. La peur et la mort l'avait rendu froid et inaccessible. Mais elle aimait la compagnie de Ron. Elle aimait le faire rire. Bien sûr, elle savait qu'elle pourrait avoir une relation sentimentale et physique avec lui. Après tout, pourquoi ne pas en profiter ? Un jour, sans doute « bientôt » pensait-elle, elle mourrait. Et alors elle n'aurait plus aucun moyen de vivre. Elle serait cloisonnée dans sa mort. Elle préférait vivre encore maintenant. Même si tous ces moments lui paraissaient fades et parfois insipides. Elle ressentait parfois la petite étincelle qu'il y aurait pu y avoir quand il plongeait ses yeux dans les siens. Qui aurait pu exister...

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« Je vais bien. » Dit-elle d'une petite voix. A l'expression qu'elle entraperçu sur le visage de ses amis, elle se rendit immédiatement compte qu'ils ne la croyaient pas. Elle rougit violemment quand Ron fronça les sourcils et esquissa un mouvement dans sa direction.

Cependant, avant même qu'il l'effleure, le tableau de la salle commune pivota largement dans un bruit significatif et le professeur Mc Gonagall s'engouffra dans la brèche. Son chignon, plus serré que jamais, lui donnait un air réellement sérieux et sévère. Hermione se dit que si elle chatouillait le professeur Mc Gonagall à cet instant précis, elle ne rirait pas et se contenterait de la dévisager d'un air méprisant en pinçant les lèvres.

« La maladie me fait divaguer » se sermonna mentalement Hermione, tandis que le professeur avançait d'un pas sûr dans la pièce. Elle semblait pester, mais elle parlait si bas qu'il était impossible de comprendre ce qu'elle disait. Elle se campa au milieu de la salle, dévisageant les élèves qui étaient trop près d'elle et couvant de regard quelques autres qui étaient aussi mal en point qu'Hermione. Elle s'éclaircit la gorge puis s'exprima d'un ton clair et sec.

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« Les membres du comité de radiation des virus magiques arriveront au diner de ce soir. Monsieur Lucius Malefoy... » Elle pinça le nez en prononçant ce nom, comme si elle sentait une odeur particulièrement écœurante. « Monsieur Malefoy, le président, a fait parvenir une lettre au directeur de l'école cet après midi. Il est impératif, selon ses ordres, que tous les élèves malades s'équipent dès maintenant de gants en peau de taupe. Cette mesure de prévention a pour objectif d'éviter la propagation du virus. Les gants en peau de taupe, comme certains d'entre vous doivent le savoir...» Elle fixa Hermione « Ont des propriétés anti-propagation. Ils arrêtent donc toute sorte d'éléments tels que le feu, l'eau, l'électricité et parfois, certains maléfices. Un test effectué par l'escouade des médicomages spécialisés dans les virus d'origine magique à démontré que ces gants pouvaient éviter la transmission du virus par le contact physique. » Elle se tut un instant, un air désolé sur le visage. Puis elle regarda Hermione, passa à Harry et s'attarda sur Ron.

« Il est clair que tout contact physique doit être évité dans la mesure du possible. Cependant, afin d'être certain que cela ne se produise pas par inadvertance, ces gants sont indispensables. » La sévérité de son ton excluait toute répartie de la part des élèves et fit frissonner Lavande Brown.

« 1500 paires seront disponibles dans une heure auprès de Monsieur Rusard. Il est fortement conseillé à tous les élèves d'avoir des gants, même si vous n'avez aucun signe apparent de la maladie. Je compte sur chacun d'entre vous pour veiller à ce que les élèves malades soient équipés et présents ce soir, lors du discours de Monsieur Malefoy. Il s'agit d'un impératif sur lequel le directeur m'a chargé d'insister.»

Après ces mots, le professeur Mc Gonagall marqua une pause. Elle soupira, et marmonna quelques mots dont personne ne compris le sens. Finalement, elle lança un regard foudroyant à un élève troisième année qui semblait l'imiter en minaudant, puis disparu par le portrait de la grosse Dame.

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Manoir Malefoy.

Salon privé du Lord noir.

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Assis dans un fauteuil marron aux reliures dorées, Voldemort souriait. Ses longs doigts fins étaient refermés sur sa baguette magique. La blancheur cadavérique des jointures de ses mains aurait pu laisser penser qu'il était mort, s'il n'avait pas retroussé ses lèvres sur ses dents comme un chien prêt à mordre.

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Il ne s'agissait pas d'un beau sourire, quoi qu'il soit empreint d'une certaine joie. Ce type de bonheur était pour le moins... Abominable. La lueur qui brillait dans ses yeux carnassiers était morbide. Lorsque l'on est un homme comme Voldemort, on ne peut s'empêcher d'aimer la mort. D'aimer faire souffrir. Voilà ce qui semblait animer son esprit. L'envie de voir souffrir. Il trouvait les sentiments inutiles. Pour lui il s'agissait uniquement d'un fatras d'émotions encombrantes qui ne faisaient que ralentir tous ceux qui s'y laissaient prendre.

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Il se réjouissait de la tournure que les événements prenaient. L'idée qu'il avait eue, avait, au départ, déplu à plus d'un de ses fidèles. Bien que son regard froid ait empêché quiconque de lui dire à quel point son plan était stupide, ses pouvoir de legillimens lui avait permis de constater que tous ne le suivait pas. Cela l'avait profondément agacé. Il aimait qu'on l'écoute, qu'on considère qu'il disait des choses justes et vraies. C'était le cas. Tout ce qu'il disait n'était que pure vérité. Il ne pouvait en être autrement. Quelques missions dangereuses lui avait permis d'éliminer les éléments les plus réfractaires et les plus à même d'anéantir ses projets en refusant de les mettre en place comme il le souhaitait. Il eu envie de rire à cette idée, se souvenant avec exactitudes des missions suicides auxquelles il avait convié ses mangemorts.

En y réfléchissant plus attentivement, il avait été plutôt étonné que le virus qu'il avait créé fonctionne. Bien qu'il ne supportait pas de se tromper, il savait que ce n'était qu'une expérimentation, une idée, et il pensait qu'elle aurait eu besoin d'une amélioration avant d'être efficiente. Faire entrer la maladie par le biais de la valise du jeune Malefoy avait été un jeu d'enfant (il sourit plus largement encore à cette pensée). Bien que le garçon n'en ai rien su, il allait contribuer largement à la perte d'Harry Potter. Chasser ce petit brun à lunette était presque devenu un divertissement pour le seigneur des ténèbres. Un moyen de passer le temps. Il pensait que sa prise sur le jeune garçon se resserrait de plus en plus et que bientôt, il gagnerait. Son obsession pour lui le rendait presque fou. Il se DEVAIT de le détruire, de lui nuire autant qu'il le pouvait, de l'anéantir.

Tout se déroulait pour le mieux pour Voldemort. Lucius Malefoy allait bientôt entrer dans le lieu le plus sécurisé du monde sorcier. Il allait enfin percer la carapace de Dumbledore. Et tuer Harry Potter. Songeant à ses projets, il sourit davantage. Puis soudain, un rire rauque, dénué de toute joie, comme s'il n'était plus capable d'en ressentir, éclata. Le feu qui brulait doucement dans la cheminé pris de l'ampleur et ronfla bruyamment. Une fenêtre se brisa et le vent s'engouffra dans la pièce, faisant danser follement les rideaux. La cicatrice d'Harry Potter lui donna l'impression de se déchirer en deux tandis qu'un immense sentiment d'allégresse s'emparait de lui. Voldemort éprouvait un contentement inégalable. Il voulait gagner. Il avait une chance de gagner. La traque allait bientôt commencer.

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Poudlard.

Escalier principal.

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Hermione descendait tant bien que mal les étages qui la séparaient du rez-de-chaussée. Ses jambes tremblantes la faisaient chanceler sur un certain nombre de marches et elle se tenait fermement à la barrière de l'escalier pour ne pas tomber.

Harry et Ron ne l'accompagnait pas, à son grand regret. Ils avaient un cours de défense contre les forces du mal. Bien qu'elle ait été effarée à l'idée de ne pas suivre un enseignement dans son intégralité et d'en perdre une miette, Hermione avait du faire passer sa santé avant son savoir. Surtout lorsqu'Harry l'avait menacé gentiment de l'obliger à jouer aux échecs avec Ron tous les soirs pendant un mois. Bien que l'idée de passer du temps avec le jeune garçon ait réjouit Hermione, elle s'était également souvenue de ses capacités plutôt restreintes dans ce genre de pratique. Elle savait qu'elle risquait de perdre. Et Hermione n'aimait pas perdre. De très mauvaise grâce, elle s'était donc décidée à se rendre seule à la loge de Rusard, promettant à ses amis de leur rapporter une paire de gants à chacun.

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Perdue dans ses pensées, Hermione manqua la dernière marche de l'escalier. Sa cheville se tordit dans un douloureux craquement et elle s'étala de tout son long dans le hall. Elle essaya tant bien que mal de se redresser mais la douleur qu'elle ressentait dans le pied commençait à irradier dans toute sa jambe. Alors qu'elle cherchait du regard une chose sur laquelle s'appuyer, un rire tonitruant se fit entendre. Il fut très rapidement suivit de quelques autres, pour finalement devenir un rire énorme et difforme qui résonnait dans le hall de l'école. Comme Hermione l'avait deviné, un groupe de Serpentards particulièrement bien composé s'approcha d'elle à grands pas et à grand renfort d'insultes et de sarcasmes prononcées sous cape. Sentant la moutarde lui monter au nez, la jeune fille songea qu'elle n'avait pas envie d'être à terre devant eux. Aussi, au prix d'un douloureux effort, elle se releva. Appuyée péniblement sur ses jambes flageolantes, Hermione sentit qu'elle saignait du nez.

« Il manquait plus que ça... Saleté de virus qui me rend plus faible qu'un nargolle !» Maugréât-elle tout en s'essuyant vivement le nez avec sa manche.

« T'as dit quelque chose, sang de bourbe ? » La voix traînante qui s'adressait à elle était reconnaissable entre milles. En levant la tête, Hermione eu un sursaut. Elle était toujours impressionnée par la froideur des yeux métalliques qui la toisaient. Elle s'était souvent demandé comment un être humain pouvait être aussi dénué d'émotions. Elle n'était pas capable d'aimer certes, mais elle au moins ressentait la compassion, l'amitié, la peur, l'envie...

« Ce n'est pas parce que je fais vibrer mes cordes vocales que mes paroles sont adressées à toi Malefoy, cesse de te prendre pour le centre du monde ! » Le ton sec, avait tranché. Hermione était à présent bien droite, bien que ses jambes soient encore tremblantes du fait de sa chute. Elle ne supportait pas ce garçon imbu de lui-même qui ne cessait de la regarder comme si elle ne valait rien.

« Mais c'est qu'elle s'énerverait notre petite Gryffondor ! » Railla Drago en observant Hermione de plus prêt. Les Serpentards se rapprochèrent d'elle, formant un cercle fermé duquel elle ne pouvait pas sortir. Hermione esquissa un geste vers sa robe de sorcière, mais quelques membres du groupe, y compris Drago, sortirent leur baguette.

« Je suis venu ici pour prendre ma propre paire de gants en peau de taupe... Je n'ai pas envie de poser mes mains par mégarde sur quelqu'un comme toi ! » Ses paroles avaient été jetées avec dégout au visage d'Hermione, tandis que le jeune garçon parlait nonchalamment. Le sourire de Drago s'élargit, dévoilant ses dents blanches et il attrapa le bras de la sorcière, avec, effectivement, une main pourvue d'un gant en peau de taupe. Hermione sentit la poigne du jeune homme se refermer sur elle et ne pu s'empêcher de ressentir une puissante douleur. Mais elle ne voulait rien laisser paraître. Elle ne voulait pas lui faire ce plaisir et se contenta de souffrir en silence, le défiant du regard. « Tu es tellement sale.... Comment peut-on avoir envie de te toucher ? » Grommela Drago en s'approchant du visage de la jeune fille, les sourcils froncés. Cette dernière ne perçut pas le ton de sa voix qui indiquait qu'il s'adressait plus à lui-même qu'à elle. Hermione commençait à le trouver passablement grossier et désagréable et songea qu'il était tant de se débarrasser du Serpentard.

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« Ne t'inquiète pas Malefoy, je ne poserai jamais ma main sur toi, sauf si je dois te tuer et que je n'ai pas d'autre choix que de te toucher pour le faire ! Tu me dégoutes... » Ces derniers mots eurent un malencontreux effet auquel Hermione s'attendait. Il serra plus fort sa poigne autour de son bras qui commençait à lui faire très mal. Elle se dit qu'elle allait avoir un bleu d'une taille impressionnante. Mais elle ne pouvait pas fléchir, pas se laisser faire, pas maintenant. Elle crispa sa mâchoire et ne se détourna pas des yeux métallique de son ennemi.

Drago s'approcha d'elle, frôlant son visage et siffla entre ses dents. « Tu vas regretter le ton sur lequel tu me parles... » Après quoi il la poussa violemment en arrière. La tête de la jeune fille heurta le sol avec un bruit sourd. Aussitôt, une douleur insidieuse commença à envahir Hermione et le hall d'entré autour d'elle devint légèrement trouble. Elle sentit des larmes monter dans ses yeux. La douleur la lançait dans le crâne, sans parler de sa cheville qui avait à présent doublé de volume. Mais elle ne voulait pas pleurer, pas devant lui. Elle tenta de se retenir. Elle détestait cette façon qu'il avait de toujours vouloir être le plus fort, de toujours vouloir avoir une prise sur elle. De vouloir la dominer. Elle ne voulait pas qu'elle sache à quel point il savait lui faire mal.

Cependant, la souffrance devenait intenable et prenait toute sa tête, la serrant dans un étau. Bientôt, sa vue se brouilla un peu plus. Elle ne voyait plus à présent que quelques ombres colorées qui se mouvaient dans un bruit de fond particulièrement désagréable. Quelques larmes qu'elle n'arrivait plus à retenir coulèrent le long de ses joues. La honte et la douleur se mêlaient.

Il faut toujours qu'il fasse ça... Qu'il me ridiculise devant les autres, qu'il me brutalise... Quel imbécile... Si je n'étais pas aussi malade je... J'en ai marre d'être faible... Je ne supporte plus qu'il s'amuse à me tordre le bras, me jeter par terre, m'insulter en me disant des mots qui font mal... J'en ai marre d'avoir honte.

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Sans un sourire ni même un commentaire, Drago la dévisagea. Puis il s'écarta d'elle, la laissant à moitié couchée par terre, des larmes amères continuant de couler sur ses joues pâles. Les rires sarcastiques des Serpentards éclatèrent et donnèrent un violent mal de crâne à Hermione, tandis qu'elle se redressait maladroitement et tenait sa tête. A cet instant, Hermione ne put pas lire dans les yeux de Drago qui la fixaient ce qu'il ne lui dirait jamais. Son regard restait de marbre. Il se contenta seulement de penser pour lui-même et pour lui seul.

Je ne peux pas te toucher. Je ne peux pas sécher tes larmes parce que je ne peux pas m'abaisser devant toi, je ne peux pas t'aimer devant les autres. Je ne veux pas que tu saches que je t'aime. Je sais que tu ne m'aimeras jamais. Je veux devenir celui qui t'obsède. Je hais que tu me déteste. Mais je préfère ta haine à ton indifférence. Je ne peux pas caresser ta peau, sécher tes larmes, mettre mes mains sur toi. J'ai peur que ça me rende trop fou. Trop fou de toi.

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Enfin, le groupe s'éloigna en marchant doucement, jetant de temps à autre un regard irrité et désapprobateur à la Gryffondor assise par terre. Bien qu'ils aient parcouru une certaine distance, ils n'étaient pas assez loin pour ne pas entendre Hermione qui criait.

« MALEFOY ! »

Se figeant un instant, Drago choisit de ne pas se retourner tout de suite, crispant ses poings.

Elle va se taire cette...

« MALEFOY ! »

Le cri légèrement aigu d'Hermione avait à nouveau retentit. Le jeune garçon hésita un instant quant-à la conduite à tenir. Puis, sentant ses acolytes darder sur lui un regard pénétrant, il décida qu'il serait plus sage d'écouter ce qu'elle avait à lui dire. Décidé à lui faire face, Drago pivota et serra la mâchoire.

Hermione s'était levée, resplendissante. Un mince filet de sang coulait sur son visage. Elle chancelait et se tenait au mur. Malgré son état apparent de faiblesse, il émanait d'elle une force incommensurable, et une fierté intense, immense. Cette fierté qu'elle serait capable de garder jusqu'à la mort. Lorsqu'il osa enfin plonger ses yeux dans les siens, il n'y vit que du mépris. Tout dans son corps lui ordonna de résister à la sensation qu'il ressentait, tandis que son cœur commençait à battre à une vitesse alarmante. Il vit la bouche de la jeune fille bouger au ralentit, comme dans un mauvais rêve. Il aurait voulu se retourner et courir pour ne pas entendre ce qu'elle avait à lui dire. Mais il ne pouvait pas, il ne DEVAIT pas perdre la face devant cette jeune femme impertinente. Il ne pouvait que lui tenir tête. Car personne ne devait savoir et surtout pas elle.

« JE TE HAIS ! »

C'était sortit, comme ça. Elle l'avait dit. Une fois de plus. Drago sentit une étrange douleur à l'intérieur de lui. Une de celle qu'elle était la seule à lui procurer et dont il ignorait complètement la signification. Il avait l'impression que tout son corps fondait sur lui-même, disparaissait dans un tourbillon intense. Il était simplement dans un état déplorable. Il souffrait sans savoir de quoi. Il avait mal à en crever, tout ça à cause de quelques mots qu'elle prononçait au hasard. Et brusquement une haine intense l'envahit, pris possession de son être, s'insuffla dans son cœur. Qui était-elle pour avoir une telle emprise sur lui ? Pour lui faire si mal sans même le toucher ? Son regard d'acier, même à cette distance, perturba la jeune fille.

Drago ne parla pas fort et malgré sa vision brouillée, Hermione pu lire sur ses lèvres le seul mot qui franchit la bouche du jeune homme.

« Crèves. »

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