L'emprise du virus sur l'inconscient

Poudlard, tour des Gryffondor, dortoir des filles.

Hermione ouvrit péniblement les yeux. Une lumière douce et rassurante vint caresser sa joue. Le regard de la jeune fille s'attarda un instant sur le plafond. Ses yeux cernés prirent une teinte vitreuse et restèrent fixes durant quelques secondes, puis elle étouffa une quinte de toux particulièrement carabinée. Elle dégagea une mèche de cheveux emmêlée qui barrait son visage. Elle se sentait exténuée... Mais elle ne savait pas pour quelle raison. Elle y réfléchit un instant. Il lui semblait avoir dormi d'un sommeil sans rêve. Elle avait l'impression d'avoir fait un songe très étrange dont elle n'avait cependant aucun souvenir. Une foule de pensées se bousculaient en elle sans qu'elle sache ce qu'elles signifiaient.

"Je réfléchis trop..."

Hermione soupira bruyamment, afficha une moue boudeuse et serra son oreiller contre elle, enfonçant sa tête dedans. Elle grogna puis, à regret, s'étira longuement en se redressant. L'habituel mal de tête qui accompagnait désormais ses matinées vint aussitôt pulser contre ses tempes tandis qu'elle enfouissait ses pieds dans les longs poils soyeux du tapis de couleur crème posé au sol. Laissant ses jambes pendre dans le vide, elle songea vaguement à ne pas aller en cours et à se recoucher. Cela lui sembla être une idée lumineuse. Elle s'apprêtait à se laisser tomber sur son lit avec la grâce d'une mandragore, quand la perspective de perdre une quantité non négligeable de connaissance eu raison de son épuisement. Hermione agita vivement sa tête, comme pour chasser sa migraine, puis, de mauvaise grâce, se leva.

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La jeune fille fouilla dans sa valise en soupirant. La jupe qu'elle réussit à en extirper avec toutes les difficultés du monde était complètement froissée. Elle jeta distraitement un sort de repassage au vêtement puis entreprit de chercher un chemisier. Cette tâche se révéla encore plus ardue que la précédente et elle n'eut pas d'autre choix que de s'enfoncer dans les profondeurs de sa valise. Tandis qu'elle jetait nonchalamment ses vestes et autres robes de sorcière sur le sol poussiéreux pour atteindre plus facilement le fond, elle repensa à ce que Ginny lui avait dit la veille, avant qu'elle aille se coucher. Lorsqu'elle avait vu son amie, Hermione s'était réjouie de l'action combinée du professeur Dumbledore et de Madame Pomfresh dont avait bénéficié Ginny. Cela semblait lui avoir fait le plus grand bien. Ses joues avaient repris leur couleur rose et ses cheveux étaient plus flamboyants que jamais. Elle arborait même un sourire timide.

« Excuse moi Hermione, je suis désolée. Désolée de ce que je t'ai dit ce matin.» Avait-elle commencé. Elle avait baissé les yeux et commencé à tordre ses mains dans tous les sens. Hermione avait levé un sourcil. Cette capacité que Ginny avait de s'excuser à tort et à travers -notamment pour les choses qu'elle n'avait pas faites-, était spectaculaire.

« Enfin, Ginny, ne soit pas ridicule, c'est moi qui ait dit des trucs bizarres ! Ce n'est pas à toi de t'excuser... D'ailleurs... Qu'est ce que j'ai dit ? »

Aussitôt après cette question, le regard de Ginny se perdit dans le vague et elle rougit plus violemment encore. L'une de ses mains trembla légèrement, mais elle planta rapidement ses yeux dans ceux d'Hermione et murmura : « Tu disais que tu étais sale... Et que comme tu étais sale tu allais tuer tous ceux que tu aimais... Que tu allais commencer par moi, parce que tu passe beaucoup de temps avec moi. Sur le coup je n'ai pas compris, mais en fait... Je pense que tu voulais dire que tu avais peur de nous faire du mal en nous transmettant ton virus. Je ne savais pas quoi faire... J'ai été prise de panique... Je me suis souvenue... Avec Tom Jedusor, tu sais... Tous ces souvenirs sont remontés dans ma tête et je... Enfin tu vois quoi... Mais je sais que tu ne voulais rien faire de mal. Tu avais juste... Enfin, d'une certaine manière, tu disais que tu voulais protéger tes amis... Tu disais que tu nous aimais. »

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Hermione ne le su pas immédiatement, mais ce n'était pas une douce et belle journée qui s'annonçait. C'était ce qu'elle avait pensé ce matin là, pour se donner du courage et pour faire partir cette migraine incessante qui battait dans sa tête. Mais malgré le soleil resplendissant qui filtrait à travers les vitraux des couloirs, une fraicheur glaciale régnait dans le château. Tandis qu'elle se rendait à un cours de métamorphose d'une démarche mal assurée, Hermione regretta de ne pas s'être vêtue d'avantage. Elle frissonna légèrement et resserra son gilet autour d'elle. Elle éternua, puis toussa bruyamment. Alors qu'un tremblement magistral l'agitait des pieds à la tête et qu'elle s'appuyait un instant contre un mur froid pour reprendre ses esprits, elle espéra qu'Harry n'allait pas oublier de récupérer la veste qu'elle avait laissé sur un fauteuil dans la salle commune et qu'il la rejoindrait vite.

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Hermione sourit à la pensée de son ami, qui avait (encore) oublié de mettre son réveil et qui allait (encore) être en retard en cours de métamorphose. C'était vraiment une caractéristique particulière d'Harry. Il avait de la chance que Ron soit toujours disposé à l'attendre et, il faut le dire, à louper quelques minutes de cours. Cependant, le sourire d'Hermione vint mourir assez vite sur ses lèvres. Elle savait qu'Harry dormait peu la nuit à cause de tous ces cauchemars qu'il faisait sans cesse... C'était la faute de cet homme, Voldemort. Elle ne savait même pas si elle pouvait dire qu'il était un homme. Lui restait-il une once d'humanité ou n'était-il plus qu'un animal ?

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En passant à côté d'une fenêtre, elle ralentit et jeta un regard critique à l'image que lui renvoyait la vitre. Ses cheveux hirsutes formaient des boucles informes et épaisses autour de son visage et ses yeux cernés semblaient la supplier de se rouler en boule sur le sol pour dormir. Elle songea qu'elle aurait peut-être du prendre le temps de se coiffer, car, à en juger par l'apparence de son reflet, elle ressemblait plus à un Hippogriffe qu'à une Vélane. Elle commença à se demander par quel miracle certaines filles arrivaient à avoir des cheveux lisses et bien peignés. Pour coiffer correctement les siens, il lui aurait sans doute fallu une demi-heure. Cela lui parut être une telle perte de temps qu'elle pouffa de rire en plein milieu du couloir. Perdue dans les limbes de son esprit, elle réfléchit aux magnifiques cheveux de Parvati Patil. Elle essaya d'évaluer les précieuses secondes d'étude et de travail acharné que le soin de ces derniers lui avait volé. Elle était vraiment concentrée et c'est pour cette raison qu'elle fut surprise et qu'elle faillit crier lorsqu'une ombre qui se voulait menaçante se profila devant elle.

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Drago Malefoy se tenait de toute sa hauteur devant elle, la toisant du regard. Ses yeux glacials la figèrent à l'instant même où elle les croisa. Elle ne pu s'empêcher, malgré tous ses efforts, de baisser momentanément la tête. Elle se maudit un instant de ne pas avoir réussit à maintenir le regard du jeune homme et se fit violence pour affronter les yeux inexpressifs de Drago. Elle souffla silencieusement et releva rapidement le menton, défiant effrontément le jeune homme en regardant ses orbes métalliques. Elle se perdit un instant dans les volutes grises qui s'opposaient à elle. Elle se prit à croire qu'il ressentait peut être quelque chose, ne serait-ce même qu'une once de haine et une légère rougeur colora ses joues. Drago fronça les sourcils et se rapprocha d'Hermione qui fit de son mieux pour soutenir le regard du jeune homme.

Elle su immédiatement qu'il ne cautionnait aucune forme de rébellion. Ses yeux restèrent un instant plantés dans les siens et la jeune fille ressentit une violente brûlure derrière la tête, là ou son crâne avait heurté le sol la veille.

"C'est pas possible... C'est pas possible qu'elle me fasse cet effet... Elle est tellement... Elle est habillée n'importe comment, elle a les cheveux dans tous les sens... Mais elle a ces yeux. J'ai l'impression qu'elle lit en moi comme dans un livre ouvert à chaque fois qu'elle ose me regarder. Quand je pense qu'elle est bien la seule personne qui peut maintenir mon regard de cette façon... Et puis elle est tellement forte, tellement fière. Je ne supporte pas qu'elle puisse... Je veux qu'elle s'incline."

Brusquement, un rictus mauvais tordit le visage de Drago sous les yeux effarés de la jeune fille. Puis, avant qu'Hermione n'ai pu dire un mot, sa voix s'insinua dans le couloir puis en elle, grave et pénétrante.

« T'essayes de faire quoi en me regardant comme ça ? Tu penses que tu as un regard de braise ? C'est de la séduction c'est ça? T'as aucun charme ma pauvre Granger... Enfin je ne sais même pas si je dois te plaindre ou pas. T'es vraiment... Tu vois... » Commença-t-il, un large sourire s'étalant sur son visage « Tu n'es même pas difforme... C'est pire que ça, tu es juste complètement informe... »

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Étrangement, malgré elle et sans qu'elle sache réellement pourquoi, les mots de Drago lui firent mal. Peut-être parce que même s'il était un être abject, un Serpentard sans conscience, il était un homme. Peut-être parce qu'elle avait mal dormit la nuit précédente. Peut-être parce que sa maladie la rendait faible à tous points de vue. Et puis aussi sans doute aussi parce que, sans qu'elle sache pour quelle raison, elle avait la sensation qu'il la connaissait très bien.

Et sans avoir conscience du fondement de sa pensée, elle songea qu'il avait sans doute raison. Qu'elle était informe. Elle ne faisait jamais aucun effort (ou rarement) pour prendre soin de son apparence. Ce n'était pas ce qui lui importait. Elle avait finit par prendre de la distance avec ça. Mais visiblement, pas assez. Et c'est comme s'il en avait vu d'elle plus qu'il n'aurait du. Comme s'il avait trouvé les mots justes pour frapper là ou ça fait mal. Elle se sentit tout à coup très triste et, pour la première fois depuis longtemps, elle eu la sensation que sa fierté se terrait dans un coin de sa tête.

Elle ne voulait pas, elle ne voulait plus qu'on la voit comme une personne repoussante. Elle savait que les mots de Drago n'avaient pas seulement un rapport avec son apparence. Elle savait qu'ils concernaient aussi son origine. Ce n'était que du sang après tout. Seulement du sang. Elle savait qu'elle devait se battre pour rester une personne différente. Elle savait qu'elle devait se battre pour rester fière. Elle savait qu'elle ne devait pas baisser les bras. Elle savait qu'elle devait relever la tête, encore et encore, pour prouver qu'elle était forte. Qu'elle n'avait besoin de personne. Elle avait besoin de se prouver à elle-même qu'elle valait quelque chose.

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C'est à ce moment de sa réflexion qu'Harry et Ron rejoignirent la jeune fille. Les regards des jeunes hommes s'assombrirent instantanément à la vue de Drago. Harry sortit sa baguette d'un air menaçant et Ron s'approcha vivement d'Hermione, arborant un air protecteur et bombant largement le torse. Hermione toussa bruyamment et chancela.

"Une chance de lui montrer que je suis une vraie femme..."

Elle se tourna lentement vers Ron. Ce dernier la regardait d'un air désolé tandis qu'Harry était en proie à une discussion houleuse avec Drago. Les deux protagonistes avaient sortit leur baguette et celle d'Harry émettait des étincelles vertes. Il sembla à Hermione que l'occasion qui se présentait à elle était parfaite. Elle savait pertinemment, au fond d'elle que Ron nourrissait certains sentiments pour elle.

Elle s'approcha du jeune homme et posa sa main dans son cou. Elle savait qu'elle lui plaisait. Elle avait souvent vu son regard lorsqu'elle prenait, quelques fois, le temps de se mettait en valeur. Elle se cola contre lui et approcha ses lèvres des siennes. Le cœur n'y était pas et une violente culpabilité agita son estomac tandis qu'elle se serrait un peu plus contre Ron. Mais après tout, pourquoi pas? Elle se sentait si seule...

Cependant, au lieu du contact charnel auquel elle s'attendait, elle sentit une violente pression sur sa poitrine. Son ami venait de la repousser. Tandis qu'elle reculait sous le visage narquois de Drago, elle regarda Ron sans comprendre. Avec un regard outré et furieux il lui cria « Tu crois que j'ai envie de tomber malade ? Ne me touche pas ! »

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Chère Maman,

J'espère que tu vas bien. Pour ma part, ça ne va pas trop. Je voudrai tellement rentrer à la maison. Tu sais, j'ai peur, il se passe des choses vraiment bizarres dans l'école. Il y a une fille dans ma classe, Lavande Brown... Je crois qu'elle est très malade. Apparemment les gants en peau de taupe ne marchent plus. Monsieur Malefoy nous avait prévenus que ça ne marcherait pas toujours. Il nous avait dit qu'il y avait un risque. Elle aurait du l'écouter... Je vais suivre toutes ses directives, je ne veux pas tomber malade, je ne veux pas mourir! J'ai souvent vu Lavande discuter avec des filles qui n'étaient pas de sang-pur. Comme cette fille très studieuse, Hermione Granger... Je lui ai déjà parlé moi aussi. Elle a l'air très sympathique... Mais je ne lui adresserais plus la parole, je ne m'en approcherais plus. J'ai peur... J'ai tellement peur maman... Je ne veux plus rester ici. C'est trop dangereux, il y a trop de personnes qui ne sont pas de parents sorciers... Tout ça c'est la faute de Dumbledore, tu sais, c'est lui qui voulait qu'il y ait des enfants de moldus dans l'école. Je ne veux plus parler à des sangs-de-bourbe... Je ne veux pas mourir... Maman, vient me chercher s'il te plaît !

Amber.

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Poudlard, salle commune des Serpentard.

Cette nuit là, Drago Malefoy se rendit compte que l'emprise qu'Hermione Granger avait sur lui était insupportable.

Le jeune homme agita la tête puis se leva vivement du fauteuil dans le lequel il était nonchalamment couché. Il ne savait pas exactement ce qu'il ressentait mais il avait l'impression qu'une colère sournoise et insidieuse était en train de prendre possession de lui et de le transformer en braise ardente. Il s'approcha de la fenêtre d'une démarche souple et colla son visage sur la vitre glacée. Aussitôt, une large trace de buée s'étala sur la surface transparente. Drago se sentit mieux instantanément. Il détestait avoir chaud.

Tandis que la brûlure qui habitait son visage s'estompait, il réfléchit silencieusement à la venue de son père à l'école. L'image bien lisse de Lucius Malefoy le fit grogner et il se détacha de la vitre pour retourner s'asseoir dans le fauteuil. Fouillant dans sa poche, il sortit un paquet de dragées surprises de Bertie Crochue et croqua machinalement dans une sucrerie qui lui sembla être –malheureusement- parfumé aux brocolis.

Il ne savait pas réellement dans quel camp il était. Parfois, il lui semblait qu'il ne pourrait jamais faire la part des choses entre ce qu'on lui avait appris sur le mal et sur ce qu'il savait du bien. Il était foncièrement mauvais à l'intérieur, lui semblait-il. Aussi il pensait qu'un jour ou l'autre il n'aurait plus à se poser cette question obsédante et qu'il finirait au cotés de Voldemort... Ou de Dumbledore? Il haïssait la différence. Mais il était complètement fou amoureux d'une fille qui était loin de lui ressembler. Lorsqu'il songeait à elle, il ne savait pas à quoi s'en tenir. Elle bouleversait tant de choses dans sa vie sans qu'il puisse y réfléchir... Elle le faisait tant se torturer, se poser des questions qui n'avaient parfois ni queue ni tête, qui l'envahissait à tel point que, comme ce soir là encore, il ne pouvait pas dormir. Elle était plus qu'une simple fille qui lui tordait les entrailles... Elle était Hermione.

Un tremblement dans sa main lui fit serrer le poing rageusement. Il se souvint précisément de l'expression de son visage lorsqu'elle avait tenté d'embrasser Weasley. En y réfléchissant de plus près, il lui semblait avoir vu du désespoir. Cependant, il ne parvenait pas à mettre de mots sur ce qu'il avait perçu d'Hermione. L'amour, pour lui, restait un mystère. Il lui était impossible de se regarder dans la glace en pensant à cette fille. Il ne voulait pas voir de l'amour dans ses yeux. Il n'avait jamais vraiment su reconnaître ce sentiment dans le regard de quelqu'un d'autre. Après tout, y avait-il quelqu'un qui l'avait véritablement aimé ?

« J'y crois pas... Franchement... Embrasser Weasley. J'aurai préféré qu'elle choisisse un mec plus prestigieux. Enfin, de toute façon j'aurai préféré qu'elle choisisse personne. Cette fille... Je comprends parfaitement qu'il l'ait repoussée, comment aurait-il pu faire sinon ? Elle ne sait provoquer que la rage. Je supporte pas.... Je supporte pas qu'elle ait voulu l'embrasser. Je comprends pas... Ça me fait tellement mal que j'ai envie de lui foutre mon poing sur le visage... »

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Il sentait que cette fille avait changé des choses en lui. Elle lui avait fait comprendre qu'il existait un monde ou il n'y avait ni violence, ni haine. Mais il ne cessait de penser que ce n'était pas ce monde qu'il habitait. Qu'il était né dans la colère, dans le sang, et qu'il devrait finir de la même manière. Il n'avait aucune échappatoire. Elle était simplement une autre sphère. Un univers différent qui s'entrechoquait au sien, tentait de faire corps avec lui, lui faisait mal et lui faisait beaucoup plus de bien qu'il ne voulait l'admettre.

Il se rendit compte que, comme chaque soir, il parvenait à la même conclusion. L'emprise et l'influence qu'elle avait sur lui sans même le faire exprès lui insupportait. Il détestait cette façon extraordinaire qu'elle avait de l'obliger à se remettre constamment en question, de le forcer à chercher des réponses en lui.

Cette façon qu'elle avait de lui faire songer qu'il n'était peut-être pas si horrible qu'il pensait l'être.

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D'un geste rageur, Drago jeta dans le feu la boite de dragées surprises. Puis il se leva et donna un coup de poing magistral dans le dossier du fauteuil. Accompagné par sa respiration saccadée, il marcha d'un pas rapide jusqu'à la porte de la salle commune et en sortit. Il allait pénétrer dans la réserve et trouver un livre, coute que coute. Un livre qui lui permettrait d'oublier définitivement Hermione Granger.

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Poudlard, Tour des Gryffondor, dortoir des filles

Cette nuit là ne se passa pas comme la précédente. Au lieu de se lever rapidement, Hermione s'assit d'abord dans son lit, les yeux fermés. Ses longs cheveux caressèrent doucement son visage blafard comme si un léger souffle de vent les faisait se mouvoir. Un souffle régulier et tiède s'échappait de ses lèvres. Elle toussa dans son sommeil et se gratta le bras. Ensuite, elle pris appui sur ses mains, et se leva d'un bond, silencieusement, aussi légère qu'une plume. Sa chemise de nuit blanche voleta un instant autour d'elle, tant son mouvement avait été fluide et rapide.

Ginny, épuisée par les nuits cauchemardesques qu'elle avait passé récemment, s'était endormit de bonne heure. C'est principalement pour cette raison qu'elle n'entendit pas son amie se lever et parcourir sur la pointe de ses pieds nus les quelques mètres qui la séparait de l'escalier. Elle ne la vit pas non plus disparaitre dans la pénombre glaciale et descendre en silence les quelques marches de pierre froide qui la conduirait à la salle commune des Gryffondor. La force de caractère d'Hermione était une chose bien trop puissante pour être maîtrisée par une potion aussi faible que celle que le professeur Rogue avait concoctée.

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A l'instant même ou il s'approcha de l'endroit ou il avait rencontré Hermione la veille, Drago su qu'il faisait une erreur. Il savait qu'elle reviendrait. Il savait que le souvenir de son corps était encore là, au même endroit, et que s'il fermait les yeux il aurait l'impression de sentir sa présence. Il se morigéna silencieusement et se retourna vivement, s'apprêtant à emprunter un autre chemin pour rejoindre la bibliothèque. Il avait à peine fait deux pas qu'il entendit derrière lui que des pieds nus foulaient le sol. Il se retourna. Il avait su que c'était elle avant même d'apercevoir ses traits détendus par le sommeil.

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Hermione se tenait devant Drago. Il ne se méfia pas, il su tout de suite qu'elle dormait tout aussi profondément que la veille. Aussi, il ne sortit pas sa baguette magique et resta immobile, se contentant de la regarder, lumineuse dans la pénombre. Contrairement à la veille, elle ne s'était pas arrêté de marcher. Elle se déplaçait gracieusement dans le couloir, un peu n'importe comment. Pour la première fois de sa vie, il ne pu s'empêcher d'admettre que malgré tous ses défauts physiques, il la trouvait incroyablement belle.

Il la voyait se mouvoir en silence dans la pénombre, ses grands yeux purs et vides fixés sur lui. Il sentit que tous ses muscles se tendaient et l'empêchaient de bouger. Doucement elle commença à avancer vers lui. Au bout de quelques instants, il s'aperçut qu'elle murmurait des mots sans queue ni tête qu'il ne comprenait pas... Jusqu'à ce qu'elle dise « Je ne veux pas qu'on me regarde comme un monstre. Je ne veux pas faire peur. »

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Les mots avaient été prononcés d'un ton monocorde, mais des larmes coulaient à présent silencieusement sur ses joues rouges. Elles virent atterrir sur ses lèvres tremblantes. Drago ne pu détacher son regard de sa bouche entrouverte, admirant malgré lui la forme douce et délicate, la rougeur à peine perceptible de ses lèvres.

Son regard descendit doucement vers son cou et il s'aperçu que l'une de ses épaules était dénudée. Son cœur se mit à battre avec une force inouïe dans sa poitrine. Une chaleur éprouvante s'empara de lui. Sans réellement comprendre ce qu'il faisait, Drago sentit son corps agir tout seul. Il fit quelques pas et ses deux grandes mains munies de gants en peau de taupe virent tirer Hermione vers lui. Il hésita un instant à l'entourer de ses bras. Le souffle long et calme de la jeune fille était entrecoupé de sanglots silencieux et son regard vide semblait le traverser. Il n'eut pas le temps de faire un geste de plus ni de prendre la décision adéquate. C'est elle qui vint se serrer contre lui.

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Aussitôt, le parfum des cheveux d'Hermione lui monta à la tête à une vitesse fulgurante. Il était complètement enivré par cette odeur. Il contint ses pulsions douloureusement, serrant sa prise autour de la jeune fille qui dormait toujours. Il sentit la chaleur de son corps se mélanger avec la sienne et d'incontrôlables tremblements parcoururent ses membres.

Les sanglots d'Hermione se calmèrent au bout de quelques secondes et furent bientôt remplacés par une respiration régulière. Celle de quelqu'un qui dort profondément. Elle soupira d'aise.

C'est à cet instant que Drago sortit de sa léthargie et que la vérité apparue devant lui, claire et limpide. Une vive douleur imprima son cerveau à l'instant même ou elle s'insinua doucement en lui. Il resserra férocement sa prise autour d'Hermione qui poussa un gémissement étouffé. La colère bouillait dans tout son corps.

« Je ne peux pas... Je ne peux pas arrêter de t'aimer. »

Il lâcha Hermione et s'écarta d'elle. Il vit que les poils des bras de la jeune fille se dressaient rapidement et qu'elle était secouée de violents frissons. Mais il ne pouvait pas, il ne pouvait plus. C'était trop dur, trop lourd à porter. Tout cet amour qui ne voulait pas arrêter de grandir dans son corps, dans son esprit, dans son cœur. Tout ce qu'elle produisait en lui... Tout ce désir qu'il ne pouvait pas contrôler lorsqu'elle était près de lui...

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Il savait qu'elle viendrait ici toutes les nuits. Mais il savait aussi qu'il ne viendrait plus. Malgré lui, il su qu'il ne voulait pas qu'on lui fasse du mal. Elle dormait si profondément qu'il semblait impossible de la réveiller. Il ne voulait pas que quelqu'un qui croise son chemin en profite. Il savait aussi que ce qu'il s'apprêtait à faire serait une chose de plus qu'elle n'arriverait pas à lui pardonner. Mais peu lui importait. Elle le détestait déjà tellement... Est ce que ça changerait réellement quelque chose ? Elle avait besoin qu'il fasse ça pour elle, qu'il prenne soin d'elle... Elle avait besoin de savoir qu'elle était somnambule toute les nuits et qu'elle devait prendre une potion de sommeil plus puissante. Il devait lui faire comprendre.

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Il s'approcha d'Hermione, toujours immobile et esquissa un geste vers son visage. Il apercevait dans la pénombre la trace encore luisante de ses larmes.

"Je ne dois pas la toucher..."

Il détailla une dernière fois les courbes harmonieuses de son visage fatigué. Puis il posa ses mains sur elle, réprimant un nouveau tremblement, et la repoussa avec force en arrière. Hermione heurta violemment le mur derrière elle et ouvrit les yeux l'instant d'après. Elle ne savait pas où elle était, elle avait froid et sentait qu'elle s'était cogné l'omoplate. Elle avait aussi très envie de pleurer et sentit des larmes perler au coin de ses yeux.

« Regarde ou tu marches, sang de bourbe. Tu ferais mieux de retourner dans ton dortoir. » Elle aurait reconnu cette voix entre milles. Ainsi donc, elle avait encore fait une crise de somnambulisme... Visiblement plus prononcée que les précédentes. Elle leva vivement la tête, sentant que sa blessure à la tête s'était rouverte. Elle eu à peine le temps de croiser le regard glacé de Drago Malefoy qu'il avait déjà tourné la tête et s'éloignait d'un pas rapide dans les ombres mouvantes du couloir.

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