Danser, s'amuser, ou presque
Poudlard, salle commune des Gryffondor
Harry tapota sur l'épaule de Ron d'un geste maladroit mais qui se voulait déterminé. Son ami se retourna d'un air las. Depuis qu'il était en froid avec Hermione, il passait de nombreuses heures devant la fenêtre de la salle commune sans dire un mot. Ce comportement agaçait tellement Ginny qu'elle l'avait menacé de le surnommer « Ron l'ermite sauvage ». Harry fronça les sourcils lorsqu'il croisa les yeux vides de Ron puis parla lentement, essayant de se concentrer pour ne pas exploser de rage.
« J'ai appris par une fille de notre classe qu'Hermione avait pleuré seule dans les couloirs le soir où vous vous êtes disputés. Et apparemment, elle était vraiment mal. Je trouve ça stupide Ron. Je pense qu'elle souffre beaucoup de ce qui s'est passé pour des raisons que tu ignores mais également à cause de ce que tu lui as dit. Tu l'as vraiment blessée. Alors je peux comprendre que tu sois en colère contre elle. Je peux même comprendre que tu n'ais pas trop envie de lui parler. Mais je te demande de rester correct avec elle et de cesser ces regards que tu n'arrêtes pas de lui lancer. Laisse la tranquille...
Tu ne sais rien du tout ! » Répondit Ron d'un ton agressif en se levant d'un bond, coupant la parole au brun.
Harry sentit qu'il perdait patience et tapa du pied avec vigueur. Il venait d'apprendre qu'Hermione avait été très mal et la nouvelle était encore toute fraîche dans son esprit. Il avait soudainement pris conscience, dans les limbes de l'importance de sa mission, que ses amis l'étaient tout autant. L'idée qu'Hermione puisse être triste et seule l'avait secoué. L'ambiance glaciale qui régnait entre Ron et Hermione avait également le don de déconcentrer Harry plus qu'il ne l'aurait souhaité. Il n'arrivait pas à gérer Hermione, Ron, la maladie et... Ginny.
Il avait voulu parler calmement à Ron mais son incapacité à écouter ce qu'il avait à dire était en train de le faire bouillir. Pourquoi ne voulait-il pas comprendre que sa réaction était tout sauf intelligente ? Qu'il se comportait comme un gamin boudeur ? Il était capable de beaucoup mieux que ça, Harry le savait. C'est aussi pour ça que cette situation le désolait. Il savait que Ron pouvait être un ami fidèle et aidant. Il savait qu'il pouvait voir au-delà des apparences, au delà de ce que l'on croit être vrai au premier abord. Cette fois-ci, il dépassait les bornes. Harry attrapa Ron par le col de sa robe et approcha son visage du sien.
« Je sais parfaitement ce que tu peux ressentir mais aussi ce qu'elle vit, pour avoir souvent eu l'impression d'être rejeté et de semer le trouble autour de moi alors que je n'y étais pour rien. Alors ne redis jamais ça. Quand à ton comportement lamentable envers Hermione, sache que lui en vouloir ne changera rien à l'état de Lavande. Ouais Ron, je suis loin d'être aveugle... Je suis persuadé que tu as à moitié craqué sur elle. Mais ce n'est pas Hermione qui a fait entrer ce virus dans l'école. Ce n'est pas elle qui a décidé d'être malade. Tu crois que cette situation lui convient ? Tu crois que ça lui fait plaisir de se trouver dans cet état ? De ne pouvoir toucher personne ? Tu vas arrêter ce comportement puéril et stupide Ron avant de faire une énorme bêtise qui va te coûter l'amitié d'Hermione. Et peut-être la mienne. Réfléchis-y. »
Harry relâche un peu sa prise et se décala de Ron. Ce dernier ne répondit rien et se dégagea de la poigne d'Harry d'un geste rageur. Puis, après lui avoir jeté un regard assassin, il monta dans le dortoir des garçons. Harry donna un coup de pied dans la table et sentit une douleur violente le traverser. Il espéra de tout son cœur, au milieu des jurons qu'il balançait pour calmer la souffrance lancinante qui traversait ses orteils, que Ron allait changer d'avis et revoir sa conduite.
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Poudlard, dortoir des Gryffondor
Hermione fixa son reflet qui lui renvoya sa moue agacée. Elle ferma les yeux pendant quelques secondes, ignorant le mal de tête persistant qui ne cessait de frapper contre ses tempes. Elle appuya son front sur la glace froide du miroir et souffla doucement. Puis elle se redressa et se jeta un regard désolé. Oui, Hermione était désolée pour elle-même.
Lorsqu'elle pensait à la soirée qu'elle allait passer, elle était désolée.
Elle avait toujours détesté faire semblant. Et pourtant... Elle allait tenir le bras d'un garçon qu'elle n'aimait pas. Elle allait devoir rire à ses blagues stupides et sans intérêt. Elle allait devoir lui sourire faussement. Elle allait devoir danser avec lui. Elle allait devoir lui parler.
Elle allait devoir l'embrasser.
Un frisson parcourut son échine et elle eu soudainement envie de vomir.
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Poudlard, salle commune des Serpentard
Drago s'assit dans un fauteuil râpé et éliminé de sa salle commune. Son visage était éclairé par une faible lueur qui émanait des torches posées au mur. Ses traits étaient tirés. Il était évident qu'il n'avait pas dormi depuis quelques temps et que la fatigue commençait à se faire sentir. Ses mains blafardes se promenèrent un instant le long du tissu du siège dans lequel il était installé, tripotant les fils qui s'échappaient.
Puis, sans signes avant coureur, il eu un geste rageur et tapa violemment du poing. Heureusement, il était seul. Il ne se serait pas permis d'être vu dans un état pareil par d'autres personnes qui croyaient aveuglément en son légendaire sang-froid.
Il était complètement... Il ne savait pas trop comment il était.
La seule chose qu'il savait, c'est qu'Hermione allait passer la soirée avec un homme. Un homme dont il n'aurait jamais soupçonné qu'il puisse l'intéresser. Comme un imbécile, il pensait qu'elle aurait pu être invitée par la belette ou le balafré. Quelqu'un d'inoffensif qui ne risquait pas de la séduire ostensiblement. Mais elle allait sortir avec cet imbécile de Gryffondor qui était toujours passé inaperçu. Avait-elle des sentiments pour lui ?
Non. Il ne le permettrait pas.
Son poing s'abattit une nouvelle fois sur l'accoudoir et laissa une marque rouge sur sa main, contrastant avec sa couleur habituelle. Un tremblement agita ses jambes. Il soupira et ferma les yeux pour essayer de se calmer, mais rien ne vint. Seule la colère vibra en lui avec une intensité renouvelée.
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Poudlard, salle commune des Gryffondor
Seamus décocha un large sourire à Hermione qui se contenta de pincer les lèvres dans un rictus désagréable. Elle se détachait nettement dans la lumière du jour tombant qui perçait à travers les vitraux de la salle. Il la trouva pas trop mal. Elle avait suivi ses directives et s'était faite belle pour lui. Elle avait relevé ses cheveux et les avaient attachés. Ils n'étaient pas plus coiffés que d'habitude mais elle n'avait pas souvent le visage aussi dégagé et il pouvait la voir plus en détail. Elle portait une robe rose assez simple et à petites bretelles, brillante, qui lui arrivait un peu en dessous du genou.
Pour l'occasion, les robes en peau de taupe avaient subi une transformation. Le professeur Mc Gonagall et le professeur Flitwick avaient proposés aux élèves de transformer leur vêtement protecteur le temps de la fête. Il garderait ainsi son pouvoir de protection tout en permettant à des Parvati éplorées de se vêtir convenablement pour une soirée de Noël.
Il admira un instant son corps puis se focalisa sur une autre partie d'Hermione... Ses mollets. Il essaya d'en détacher ses yeux pour revenir au visage de la jeune fille mais ne réussit qu'à les fixer davantage, subjugué.
Hermione rejoignit rapidement le jeune homme, mal à l'aise tant son regard était insistant. Elle sentait qu'il la détaillait plus que n'importe qui dans la pièce et elle trouvait ça passablement désagréable. Elle saisit son bras, tremblante, non sans lui avoir jeté un regard dégouté auquel il répondu par un sourire enjôleur. Il la sentit se crisper sous sa poigne.
Espérons qu'elle changera d'avis à mon sujet.
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Poudlard, grande salle
Hermione et Seamus entrèrent dans la grande salle. Derrière eux marchaient Ron et Padma patil, Harry et Parvati Patil et Ginny et Dean.
Harry jeta un regard en biais à Hermione. Pourquoi Merlin avait-elle choisit Seamus comme cavalier ? Il avait tenté d'en savoir plus mais elle ne lui avait donné aucune explication réelle, se contentant de préciser qu'il lui avait demandé en premier et que, par peur, d'être seule, elle avait accepté. Son explication était tout sauf recevable. Harry savait qu'Hermione n'aurait jamais peur d'arriver seule à ce genre de soirée et qu'elle se fichait totalement de ce qu'on pouvait dire d'elle.
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En entrant dans la salle lumineuse et accueillante, Hermione fut absorbée par la beauté simple des lieux. Elle prit un grand plaisir à regarder les décorations et oublia pendant un instant au bras de qui elle se trouvait. Elle examina les guirlandes multicolores qui pendaient du plafond magique enneigé, les lutins qui ne cessaient de faire tomber des étoiles dorées et les fées qui saupoudraient de poudre argentée la plupart des tables. Pas de groupe de chanteurs pour cette année : ils étaient en quarantaine et personne ne pouvait entrer. A la place se tenait une sorte d'enceinte géante d'où s'échappait une mélopée enjouée et féérique. La plupart des professeurs et le directeur de l'école étaient vêtus de robes rouges et portaient un bonnet de sorcier pointu rouge également au bout duquel pendait un pompon. Le professeur Rogue paraissait particulièrement mal installé dans ce costume et ne cessait de lancer des regards accusateurs au directeur qui faisait mine de les ignorer.
Hermione trouva cette situation cocasse. Elle se réjouit quelques instants pour Dumbledore, qui avait l'air un peu mieux. La dernière fois qu'il avait parlé, elle se souvenait parfaitement d'un homme las et fatigué. Il n'avait plus la lueur de malice caractéristique qui illuminait souvent ses yeux, mais au moins, il avait l'air de profiter de la soirée.
La plupart des élèves déjà installés étaient en tenue de soirée. Certains d'entre eux affichaient le même teint blafard qu'Hermione, mais semblaient tout de même s'amuser. Les filles portaient pour certaines des robes très colorées et même... Un peu courtes, au grand désarroi du professeur Mc Gonagall. Le mélange de teinte fit un peu mal à la tête d'Hermione qui s'empressa de fermer les yeux pour respirer profondément.
Elle savait que les professeurs et le directeur avaient tenu à mettre une ambiance joyeuse et festive pour leur faire oublier leur situation le temps d'une soirée. Mais elle n'était pas dupe. Ses vertiges étaient bien trop souvent là pour le lui rappeler. Ils étaient dans une situation plus que critique.
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Drago regarda Hermione avec une telle intensité qu'elle devait forcément le sentir. D'habitude, il s'abstenait de la fixer de cette façon, mais là il ne pouvait pas. Il était totalement attiré et en même temps révulsé par le spectacle qu'elle lui offrait.
Les moindres détails de son corps lui sautaient aux yeux, et ses cheveux relevés lui permettaient de voir un peu mieux sa nuque et son dos. Il eu l'impression, de là où il était, de voir des frissons se dessiner sur sa peau à mesure que son regard la parcourait. Mais comment aurait-elle pu le savoir ? Elle ne le regardait pas. Elle se contentait de tenir le bras de cet imbécile de Finnigan.
Un tremblement de rage agita à nouveau sa main. Il n'était pas discret. Drago se reprit, et détourna le regard, espérant que personne ne l'avait vu. Il ne pouvait pas se permettre de laisser tomber son masque de froideur, surtout vis-à-vis d'elle. Il tenta de se rassurer tant bien que mal. Après tout, il l'avait regardée à peine quelques secondes, même si cela lui avait paru durer des heures.
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Pansy Parkinson ne lâchait pourtant jamais Drago Malefoy du regard, il aurait dû le savoir.
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Le début de la soirée se passa sans encombre notable. L'ambiance avait déjà été plus joyeuse, mais la maladie était bien sûr l'une des raisons de cette angoisse collective qui empêchait tout un chacun de s'épanouir librement. Un moment fut mémorable dans l'esprit d'Hermione et acheva de mettre Ron dans un état de fureur indescriptible. Elle savait que ça finirait par passer, que ce moment était nécessaire pour Harry mais aussi pour Ron. Que cela allait l'aider à accepter certaines choses. En fait, lors de cette soirée, elle eu la certitude que Ron finirait par revenir, bien qu'elle ne fut pas certaine d'en avoir envie.
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Cet instant spécial se déroula en milieu de soirée. Ils avaient déjà tous ingurgité leurs desserts et quelques courageux se dandinaient au rythme de la musique qui s'échappait des enceintes géantes.
Hermione avait discrètement observé Drago qui semblait s'ennuyer. Il était assis à coté d'une Pansy de fort méchante humeur qui ne lui avait pas adressé la parole de toute la soirée. Ca n'eu pas l'air de le déranger plus que ça, mais il fixa un point invisible au fond de la grande salle durant tout le repas, sans grande conviction.
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Ginny et Dean étaient en train de danser, et Hermione sentait qu'Harry était légèrement tendu. Il parlait activement avec Parvati mais ne cessait de lancer des regards courroucés aux jeunes gens qui tournicotaient sur la piste de danse. De temps en temps, il passait nerveusement une main dans ses cheveux. A ce rythme, il allait bientôt avoir les cheveux plus ébouriffés qu'ils ne l'avaient jamais étés.
Hermione se doutait que les sentiments d'Harry pour Ginny étaient bien plus fort que ce qu'il voulait laisser paraître et ceci depuis un long moment déjà. Elle s'était rendu compte que les coups d'œil furtifs qu'il lui lançait devenaient de plus en plus timides et de plus en plus intenses. Elle soupçonnait également Ginny de nourrir un amour débordant pour Harry depuis qu'elle l'avait aperçût et d'essayer vainement de passer à autre chose dans les bras d'un garçon à qui elle plaisait, indubitablement.
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Hermione se pencha doucement vers Harry, occupé à mettre en miette un morceau de pain qui trainait sur la table. Elle évita ainsi, pendant quelques secondes, la poigne de Seamus qui s'était enroulée autour de son poignet.
« Harry... » Chuchota-t-elle à l'oreille de son ami. Ce dernier se redressa vivement et fit un signe de la main à Parvati en direction d'Hermione. La jeune fille eu une mimique ennuyée mais ne prononça aucun mot et se leva brusquement de sa chaise. Elle avait l'air de passer une soirée plus que décevante. Son amie Lavande devait lui manquer...
Harry émit un son qui ressemblait à un soupir de soulagement et se pencha à son tour vers Hermione pour entendre ce qu'elle avait à dire, intrigué. Elle lui parla à voix basse, de façon à ce qu'il soit le seul à pouvoir l'entendre, ce qui lui donna pendant quelques secondes l'air d'une conspiratrice :
« Harry... Écoute-moi bien. On est en temps de guerre. Il se pourrait que certains d'entre nous finisse par mourir et qu'ils n'aient pas fait tout ce qu'ils voulaient avant. Tu n'es pas malade. Tu peux toucher les autres. Moi je ne peux pas. Et tu es amoureux. Elle t'aime j'en suis persuadée. Alors oublie les autres. Et fait-le. N'attends pas que quelqu'un d'autre le fasse à ta place. Surtout pas Dean. »
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Harry la regarda silencieusement. Elle s'attendait à ce qu'il lui dise quelque chose de très sérieux comme à son habitude, pour lui expliquer à quel point il était stupide de céder à ses émotions. Que la guerre était d'une importance capitale et qu'elle allait tout détruire sur son passage. Qu'il ne resterait plus rien, et qu'il était donc inutile de chercher à construire quelque chose maintenant. Mais peut-être était-il surpris que ces conseils viennent d'Hermione, elle d'habitude si rationnelle et si sérieuse ? Elle n'aurait su le dire. Toujours est-il qu'il afficha un sourire rayonnant et se leva brusquement, faisant tomber sa chaise. Plusieurs élèves se tournèrent vers eux en un même mouvement pour identifier l'auteur d'un tel vacarme.
Ginny et Dean ne cessèrent pas de danser pour autant. Harry s'approcha d'eux d'une démarche décidée. Arrivé devant le duo de danseurs, il les fit s'arrêter en posant son bras sur l'épaule nue de Ginny. Cette dernière le regarda avec ses grands yeux quelques secondes. Puis Harry l'attrapa par le bras. Il lui sourit et l'attira sous la fameuse branche de gui. Elle avait l'air un peu perdue mais ne fit aucun geste pour arrêter Harry et semblait lui faire une confiance absolue. A coté d'Hermione, Ron s'agita étrangement et nerveusement sur sa chaise.
Harry se pencha un instant sur Ginny, détaillant son doux visage qui se teintait d'une couleur rouge écarlate. Ses yeux étaient brillants. Elle esquissa un sourire provocateur et se rapprocha un peu plus de lui. Harry trembla légèrement lorsqu'il sentit la main de Ginny se glisser dans la sienne. Il se pencha davantage, frôlant au passage ses cheveux. Un parfum délicat et entêtant lui fit tourner la tête quelques secondes avant qu'il lui glisse maladroitement à l'oreille : « Je me fous complètement de cette branche qui se trouve au dessus de nous. »
Puis il posa ses lèvres sur les siennes. Aussitôt, de nombreux élèves se mirent à parler prestement, commentant cette scène inédite qu'ils semblaient attendre depuis longtemps déjà. Quelques uns sifflèrent. Hermione étouffa un rire et se contenta de rester impassible et heureuse. Vu l'ardeur avec laquelle Ginny répondait à Harry, elle était encore amoureuse de lui, comme elle l'avait toujours été.
Ron se leva d'un coup, reversa la salière sur la table et partit, furieux, en direction du couloir qui menait à la salle commune des Gryffondor. Dean regarda le couple qui s'embrassait langoureusement, déçu. Mais il ne fit rien. Qu'aurait-il pu faire devant un amour aussi évident ? Il se contenta de baisser la tête et d'aller s'asseoir à côté de Parvati qui fixait le couple d'un air écœuré.
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Hermione aurait pu finir par passer une soirée sympathique. Une soirée agréable. Une soirée presque réussie. Une soirée qui lui aurait redonné espoir et confiance en la vie... Si elle n'avait pas été avec Seamus. Ce dernier, enchanté par l'activité visiblement fructueuse d'Harry et Ginny, empoigna Hermione par le bras. Elle gémit de douleur et lui jeta un regard empreint de haine. Il se transforma en peur lorsqu'il la traîna sous la branche de gui qu'Harry et Ginny venaient de quitter. Elle toussa bruyamment puis chancela tandis qu'il attrapait ses deux poignets et se collait à elle.
« Je ne ferais pas ça... » Siffla-t-elle entre ses dents.
Elle ne voulait plus. Elle avait changé d'avis. Elle voulait faire comme Harry et Ginny. Partager un baiser avec quelqu'un qu'elle aimait vraiment. Après tout, elle n'avait jamais été vraiment embrassée. Viktor Krum avait, certes, été l'un des ces hommes qu'elle avait accepté de laisser entrer dans sa sphère privée. Mais... Le plaisir qu'elle avait ressentit en posant sa bouche sur la sienne lui avait paru bien fade... En plus de ça, elle ne voulait pas que Seamus tombe malade à cause d'un quelconque contact physique.
Pour toute réponse, Seamus fit un signe de tête vers l'arrière. Hermione tourna les yeux dans la direction qu'avait indiquée le « cancrelat » et rencontra instantanément deux pupilles grises et brillantes.C'était la première fois de la soirée qu'elle se plongeait dans ces yeux. Leur lueur intense la déstabilisa un instant, comme toujours. Drago.
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Oui, pour lui, pour leur amitié, elle savait que ça valait la peine de faire ce que Seamus voulait. Et puis... S'il voulait tomber malade n'étais-ce pas aussi son problème ? Sans compter qu'il n'était pas certain qu'il contracterait le virus.
Elle ferma les yeux et attendit. Elle voulait qu'il fasse ça rapidement. Qu'il n'y passe pas tout son temps. Et surtout qu'il ne l'oblige pas à mettre sa langue dans sa bouche.
Quand Seamus l'embrassa, elle eu simplement envie de vomir. Elle garda la bouche fermée, espérant qu'elle n'allait pas rendre le délicieux repas de noël qu'elle avait ingurgité plus tôt. Elle se contenta de penser « Drago, Drago, Drago ». Oui, ça en valait la peine. Elle fit tourner les mots dans son esprit sans cesse et de toutes ses forces. C 'est pour ça que, au moment où Seamus s'écarta d'elle, satisfait, elle garda les yeux fermé et murmura dans un souffle presque imperceptible que lui seul saisit : « Drago. »
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Le lendemain matin, Hermione ne savait pas encore qu'elle n'était pas au bout de ses peines. Le prénom qu'elle avait prononcé avait cogité toute la nuit dans l'étroit esprit de Seamus qui en avait conclut que la meilleure manière d'attirer Hermione à lui était de l'empêcher de revoir ce garçon. Elle semblait être sous son emprise. Mais pour l'avoir à lui seul, il devait y aller progressivement. Il allait devoir les détruire.
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Gryffondor, grande salle
Hermione réfléchit quelques instants à la réalité fulgurante qui venait d'émerger dans son esprit fatigué. Elle détestait Seamus Finnigan plus que Drago Malefoy. C'est-à-dire qu'elle avait un sentiment vraiment très négatif vis-à-vis du garçon en question, étant donné qu'elle avait voulu éclater la tête de Drago plusieurs fois dans à peu près chaque mur qu'elle avait croisé depuis qu'elle le connaissait.
Elle ferma les yeux un instant et grogna. Elle sentait que la pièce allait bientôt faire l'un de ses fameux tours de manège qui lui procurait des évanouissements. C'est à cet instant que le « cancrelat des Gryffondor » s'approcha de la jeune fille. Il s'assura tout d'abord qu'elle était seule. C'était le matin de Noël et ni Ron ni Harry ne se trouvait attablé. Ginny n'était pas présente non plus. Seamus se glissa donc silencieusement derrière la jeune fille et lui parla à l'oreille :
« Salut Hermione... »
La jeune fille sursauta et lui jeta un regard irrité avant de se lever, une tartine de beurre à la main. Elle avait momentanément oublié son vertige à venir. Il adorait quand elle se mettait en colère. Ca lui donnait encore plus envie de l'avoir pour lui tout seul, de la posséder.
« Attend, ne pars pas ma jolie. »
Le bras du garçon s'enroula autour du poignet de la jeune fille et elle réprima un frisson de dégout, hésitant à lui flanquer la tartine sur la joue. Sa voix se fit hargneuse, alors qu'elle lui parlait à voix basse :
« Qu'est ce que tu veux encore ? Tu n'as pas eu ce que tu voulais ? »
Seamus secoua la tête d'un air faussement désolé et ricana avant de dire :
« J'ai beaucoup aimé t'embrasser Hermione... Et j'aimerai que tu ne sois qu'à moi ma jolie... Pour qu'on puisse le faire de nouveau. Alors, je voudrai te demander de voir moins souvent Malefoy. Disons... Au maximum une fois par semaine ? Je ne voudrai pas qu'il se doute de quelque chose... Mais je ne voudrai pas non plus que tes amis apprennent par mégarde que tu le vois de temps en temps.
T'es vraiment qu'un pauvre type ! » lâcha Hermione avant de lui cracher au visage.
La grande salle était presque vide et, par chance, personne ne s'aperçu de ce qu'elle venait de faire. Elle ne voulait pas qu'il tombe malade et qu'il finisse par mourir, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher. Elle lui en voulait tellement pour son comportement et le chantage qu'il lui faisait subir qu'elle n'avait pas pu se retenir. Elle savait qu'une fois encore, elle devait lui obéir. Et ça la mettait dans une rage folle.
Seamus ne lui dit rien, se contentant de sourire maladroitement et de s'essuyer le visage.
Tout vient à point qui sait attendre...
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Seamus était partit depuis longtemps quand Harry et Ginny rejoignirent Hermione. Celle-ci arborait un air peu engageant. Harry se douta qu'il ne devait pas aborder le sujet « Seamus » qui, de toute évidence, ne semblait pas la satisfaire. Il jugea également bon de lui en parler plus tard, en l'absence de Ginny, si Hermione était d'accord.
Cette dernière tourna un regard morne vers ses deux amis lorsqu'ils s'installèrent à côté d'elle. Son visage s'illumina rapidement d'un sourire lorsqu'elle les vit, et elle rigola silencieusement lorsque Ginny rougit violement. Harry venait de poser sa main sur la cuisse de la jeune fille. Hermione se douta qu'ils avaient du s'embrasser fougueusement une bonne partie de la nuit au vu des joues roses de Ginny et de son regard plus que pétillant. Elle commença à les taquiner du regard avant de dire :
« Alors Ginny, tu as passé une bonne nuit ?
Excellente ! » Affirma Ginny sans se départir de sa bonne humeur et de son sérieux. Harry étouffa un rire.
Hermione sourit largement. Elle était contente qu'Harry soit heureux. Il y avait quelque chose dans son regard qui avait changé, quelque chose qui disait que maintenant, sa mission était une chose, mais que les gens qu'il aimait en était une autre.
C'est cet instant que choisit Ron, plus que maussade, pour faire son apparition. Hermione fit un geste vers lui, à peine perceptible, et Harry le repéra. Il enleva aussitôt sa main de la cuisse de Ginny qui ne put s'empêcher de regarder son frère d'un air venimeux. Ce dernier alla s'asseoir le plus loin possible du petit groupe et se mit à farfouiller aussitôt et sans grande conviction dans un panier remplit de petits pains. Hermione eu de la peine pour lui. Il était si borné qu'il ne parvenait pas à être bien dans sa peau et qu'il se mettait tout seul à l'écart.
Alors qu'Hermione réfléchissait à la condition de Ron, Dumbledore se leva. Presque dans l'instant, un silence respectueux se fit dans la grande salle. Son regard était à nouveau empreint de ce sentiment de tristesse indéfinissable qu'il arborait parfois et Hermione comprit subitement qu'il était arrivé quelque chose de grave. Un frisson déplaisant lui remonta le long de la colonne vertébrale tandis qu'elle serrait dans sa main, sans s'en apercevoir, un quartier d'orange.
« Chers élèves... J'espère que vous avez passé une agréable soirée hier, et je regrette de devoir gâcher cette joie de Noël qui semble vous atteindre tous. Mademoiselle Brown de Gryffondor est décédée cette nuit des suites de sa maladie. Son enterrement aura lieu Mardi prochain. Ceux qui souhaitent être présents pourront l'être. »
Il se rassit sur son siège et Hermione sentit le jus du quartier d'orange qu'elle avait serré de toutes ses forces couler le long de sa main pour venir goutter sur la nappe d'un blanc immaculé.
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Mon seigneur,
C'est avec une joie toute particulière que je vous écris ce courrier. Votre plan fonctionne exactement comme vous l'aviez prévu. Une deuxième fille est morte ce matin et une élève de Serpentard ne devrait pas tarder à la suivre dans les plus brefs délais. Je sens que le désespoir envahi le directeur de l'école un peu plus chaque jours et que cela l'affaiblit. Je suis ravi de la tournure que prennent les choses et j'espère que vous l'êtes également. Je suivrai vos directives dans l'ordre que vous m'avez donné. Je pense que tout se déroulera à la perfection. De nombreux élèves sont déjà paniqués à l'idée de tomber malade. Je salue votre grandeur d'esprit qui nous mènera bien plus loin que tout ce qui a été mené jusqu'à lors.
Votre dévoué,
Lucius Malefoy.
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Poudlard, dortoir des Serpentard
Drago avait le regard dans le vide.
Un frisson le parcouru tandis qu'il se remémora des paroles du directeur. La fille de Gryffondor y était passée elle aussi... C'était en train de prendre une ampleur qu'il ne soupçonnait pas... Et son père ne lui en parlait pas pour l'instant. Il ne savait pas où allait mener toute cette histoire. Il savait que lui-même était en danger au même titre que les autres. Quel stupide courage l'avait-il donc forcé à rester dans cette école, par Merlin ? Pour protéger qui ? Granger ? Cette...
Il n'arrivait pas à se défaire du sentiment qu'il ressentait. Il se trouvait quelque part entre le désespoir et la haine. Il avait eu pour la première fois une sensation douloureuse qui ne l'avait jamais effleuré. Pas une seule fois.
Il avait déjà eu mal physiquement. Il s'était déjà battu. Il s'était déjà pris des sortilèges impardonnables parce qu'il n'avait pas obéit. Il s'était déjà coincé un doigt dans une porte et s'était même cassé le bras lorsqu'il avait huit ans. Mais cette douleur là dépassait tout ce qu'il avait pu ressentir jusqu'à présent. Il avait l'impression que l'intérieur de son corps se déchirait en deux sous l'effet de la souffrance. Que jamais il ne pourrait être entier. Pas tant qu'elle referait ce qu'elle avait fait avec Seamus.
Il était en colère contre elle et contre lui. Il lui en voulait de ne le voir que comme « un putain de mangemort ». Il était vraiment retourné. Jamais il ne pourrait lui faire ce que lui avait fait. Ce qu'il avait eu le droit de lui faire. Il en crevait d'envie. Il l'aurait mieux fait que ce bâtard de Gryffondor. Mais il ne pourrait jamais le faire, parce qu'elle ne lui laisserait jamais le faire. Il avait envie de lui faire mal, à nouveau, comme elle lui avait fait mal. Elle l'avait blessé plus qu'aucune autre personne.
Et elle ne le savait même pas.
Seulement, il savait que s'il lui faisait mal maintenant, elle n'en comprendrait pas la raison. Il y aurait alors deux possibilités. Soit elle partirait et ne voudrait plus jamais entendre parler de lui... Soit elle comprendrait que sa réaction n'avait rien de logique. Elle y réfléchirait, elle tordrait l'idée dans tous les sens jusqu'à enfin en arriver à une conclusion satisfaite et parfaitement cohérente. Et alors elle saurait pourquoi. Elle saurait tout. Et ça, Drago se le refusait. Il ne voulait pas.
Elle ne saurait jamais.
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Poudlard, bibliothèque
« On ne se voit plus beaucoup Granger... »
Il avait dit ça avec les sourcils froncés. Il était sans doute préoccupé par la situation. Elle ne voulait pas lui mentir, mais elle ne savait pas comment lui dire que la seule façon pour elle de passer encore un peu de temps avec lui était de cesser de le voir tous les jours. Elle baissa la tête d'un air coupable, réprimant un éternuement qui lui chatouillait le nez. Elle devait rester courageuse et ne pas lui montrer ce qu'elle ressentait. Elle devait être Hermione, la Gryffondor dont la force n'était plus à prouver.
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« Pense un peu à Lavande... Pourquoi n'as-tu pas peur de passer du temps avec moi ? »
Elle venait de lui poser la question. Il ne comprenait pas le rapport avec ce qu'il lui avait demandé, mais telle qu'il la connaissait, cela avait forcément un lien, aussi indirect soit-il. Il réfléchit un instant. Il ne pouvait pas lui dire qu'il était tellement amoureux d'elle et tellement obsédé par son image qu'il était obligé de la voir. Que sinon il étouffait. Et qu'il la haïssait pour ça.
Non.
Sa question l'agaçait autant qu'elle. C'était bien l'une de ses fameuses interrogations. Il devait lui donner une explication qui lui paraîtrait plausible mais désintéressée.
A la réflexion, il décida de donner une réponse qui lui semblait à peu près vrai et qui aurait pu provenir de quelqu'un d'autre.
« Parce que je n'ai pas peur de mourir. »
Elle arqua un sourcil et eu un léger sourire qui disparu aussitôt. Elle secoua ses cheveux d'un air désolé et planta ses yeux dans les siens.
« Et bien tu vois, moi j'ai peur que tu meures. Enfin je veux dire, je ne veux pas être responsable de ta mort. Pas comme ça. Si tu le mérites, tu mourras d'une autre façon, mais pas avec ma maladie. Donc... Je préfère espacer nos rencontres pour te garantir... Euh... Une plus grande longévité. »
Elle baissa le regard sur son parchemin, se concentrant plus qu'elle ne le devait sur une phrase un peu alambiquée. Il se passa alors quelque chose de très étrange dans l'esprit de Drago. Hermione s'en rendit compte à l'instant où elle releva la tête.
Le regard métallique du Serpentard était dur et impassible. Il se leva d'un bond, comme en proie à une colère gigantesque. Elle eu envie de reculer mais se força à maintenir son regard. Il l'attrapa par le bras et la souleva. Elle couina de douleur et lui lança un regard blessé. Il n'en tint absolument pas compte et se rapprocha d'elle. A présent, elle ne voyait plus que ses yeux qui lui lançaient des éclairs de rage. C'est alors qu'elle comprit.
Il sait.
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« Tu mens Granger. Je sais que ce n'est pas la raison qui fait qu'on se voit moins. Je ne sais pas comment je le sais, mais je sais que tu mens. Alors tu vas te dépêcher de me dire la vérité avant que je me mette en colère et que je pense que tu veux encore me cacher quelque chose. »
Son ton de voix était sans appel et la façon dont il tenait son poignet laissait comprendre sans équivoque à quel point il était frustré qu'elle soit en train de lui mentir.
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Hermione savait qu'elle aurait du être en colère, se mettre à pleurer ou se sentir misérable. Mais au lieu de ça, elle esquissa un sourire sincère.
C'était bien la première fois que quelqu'un arrivait à lire le mensonge dans ses yeux. Son sourire vint cependant rapidement mourir sur ses lèvres lorsqu'elle réalisa qu'elle allait devoir expliquer à Drago ce que Seamus lui avait dit. Elle savait que dans tous les cas, il n'allait pas être content. Tout ce qui allait à l'encontre des décisions de Drago Malefoy était forcément pris comme une nouvelle exécrable et l'individu qui avait mis ses sombres desseins en place était souvent largement et activement puni.
Mais elle n'avait plus le choix. Aussi se décida-t-elle a lui dire, à contrecœur.
« Seamus me force à moins te voir. Il m'a dit que nos rencontres ne devaient avoir lieu qu'une fois par semaine. Et... Pour éviter un conflit supplémentaire avec Ron et Harry, je... Je ne leur ai pas dit qu'on se voit. Je pense qu'ils ne comprendraient pas. Enfin, bref... Si je ne fais pas ce qu'il demande, il dira à Harry et Ron qu'on passe du temps ensemble. Alors... Depuis le début... Je ne fais rien de ce que je veux avec lui. Je ne fais que ce qu'il me demande. Je... Il me fait du chantage. »
Drago lâcha instantanément le poignet d'Hermione et ses yeux prirent une teinte mauvaise qu'elle ne lui avait jamais vue. Elle eu peur de lui pour la première fois depuis longtemps et se rendit compte que sa main tremblait légèrement. Sa bouche se tordit dans un rictus et tout à coup, sa voix se fit basse et menaçante :
« Il fait quoi ? »
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