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« Il faut que tu jettes ce sort, Drago.

-Celui-ci ? Mais attends, Parkinson ! Il est...

-Oui, je sais, c'est un sortilège de magie noire.

-Comment as-tu trouvé ce livre ? Il était dans la bibliothèque ? Tu es entrée dans la réserve ?

-Il était rangé avec les autres, à la portée de n'importe qui.

-Ne racontes pas n'importe quoi. Un livre de ce genre, ça ne se trouve pas comme ça !

-Peut-être que quelqu'un tenait à ce que je te trouve.

-Quelqu'un ? Qui ça ?

-Une personne bien intentionnée et très intelligente.

-Tu parles du vieux, là ?

-Oui, Drago, du directeur.

-Je ne vois pas comment il aurait pu savoir que tu avais perdu la mémoire.

-Là n'est pas la question, de toute façon.

- D'accord. Remontre-moi la ligne où le sortilège est écrit.

-C'est celle là.

-Tu en es absolument certaine, Parkinson ?

-Oui, Drago. Crois-moi, j'ai lu, lu et relu ce chapitre et je suis convaincue que c'est la seule façon pour moi de retrouver les souvenirs qui m'appartiennent.

-Tu risques ta vie. Tu en es consciente?

-Il me faut mes souvenirs avant que je devienne folle. Je préfère être morte que folle.

- Alors, donne-moi ça.

-Drago, au fait...

-Oui ?

-Si je te supplie d'arrêter, surtout, n'arrêtes pas.

-Avec plaisir, Parkinson.

-Merci, Drago. »

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Poudlard, infirmerie

Hermione fixa Ginny avec une telle intensité qu'elle eut la sensation, pendant quelques secondes, que ses yeux allaient sortir de leurs orbites. Cependant, cette impression disparut bien vite lorsqu'elle se rendit compte que sa vision commençait à être troublée par les nombreuses larmes qui s'amassaient paresseusement au coin de ses paupières.

Hermione secoua la tête et essuya rapidement ses yeux du revers de la main. Elle ne voulait pas pleurer. Ce n'était pas ce qui allait aider Ginny à se sentir mieux.

Essayant de se focaliser sur autre chose que le corps inanimé et couché devant elle, le regard de la jeune fille vagabonda un instant dans la pièce.

Elle observa les teintures blanches, les draps immaculés soigneusement pliés et rangés dans une armoire, les pieds métalliques et glacés du lit, les oreillers à peine épais qui recouvraient les matelas vides, les fleurs qu'Harry avait apportées à Ginny, la lettre que Madame Weasley avait écrite à sa fille et que quelqu'un lui avait sans doute lue, la minuscule fenêtre qui laissait apercevoir le soleil brillant de ce début de février... Mais malgré tous les efforts qu'elle déployait, Hermione en revenait toujours à la même conclusion. Tout cela paraissait dérisoire, mensonger, inutile si elle reportait son attention sur la véritable raison de sa visite ici.

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Ginny.

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Les yeux d'Hermione furent inévitablement attirés par le corps de son amie, étendu sous les draps sagement lissés. Cette fois-ci, elle ne parvint pas à détourner le regard : la Gryffondor était horrifiée par l'apparence décharnée que son amie arborait depuis qu'elle avait été attaquée.

Tous ses traits étaient détendus, mais sa peau était d'une blancheur effrayante, comme si elle allait bientôt devenir transparente. Ses cheveux, détachés, formaient une auréole aveuglante autour de son visage et rendaient le contraste encore plus saisissant. Les yeux de Ginny étaient clos et ne bougeaient absolument pas sous ses paupières, preuve indubitable de son profond coma, et quelques minces striures bleu sur son visage témoignaient d'un vestige de bagarre.

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Hermione posa sa main tremblante sur celle de son amie et regretta de ne pas pouvoir enlever le gant qu'elle portait pour caresser sa peau et sentir si elle avait froid ou non. Sa blancheur, en tout cas, lui donnait fermement cette impression.

Un instant, Hermione tourna rapidement la tête pour éternuer bruyamment. Il n'était pas question qu'elle rajoute un virus à l'état, déjà passablement mauvais, de Ginny. Elle hésita à partir dans l'instant, de peur de la contaminer davantage. Un long frisson fit se dresser les poils de ses bras tandis qu'elle décidait, finalement, de rester encore un peu. Ginny avait sans doute besoin d'un peu de compagnie, pas d'une amie paralysée par la peur.

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Le regard de la Gryffondor continua donc ses investigations et s'attarda sans qu'elle le veuille vraiment sur les larges bandages immaculés qui encerclaient la maigre poitrine de Ginny.

Madame Pomfresh lui avait dit que la rouquine garderait des cicatrices sur le buste car elle n'avait pas été trouvée tout de suite. Par ailleurs, le sortilège de magie qui l'avait touchée était plutôt maléfique que bénéfique. Ce genre de choses laissait toujours des traces, même infimes.

La Gryffondor avait demandé à l'infirmière si Ginny souffrait, et cette dernière avait répondu évasivement, jetant des coups d'œil inquiets à Hermione, qui, de toute évidence, était rongée par la culpabilité. Elle avait tout de même spécifié que son amie ne ressentait sans doute pas la souffrance, étant donné la profondeur de son coma et l'intensité des diverses potions qu'elle devait ingurgiter chaque jours.

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Ginny était, et resterait, au moins pour le moment, inconsciente.

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« Salut Ginny... » Murmura Hermione finalement, ne sachant pas quoi dire d'autre. Elle fixa le visage blanc et espéra follement que les deux grands yeux verts qui l'ornaient allaient s'ouvrir, illuminés d'une lueur malicieuse. Ginny partirait alors dans un grand rire, agitant ses bras dans tous les sens. Elle serrerait Hermione contre elle en la réprimandant d'avoir pleuré. Ensuite, elle lui poserait une cinquante de questions sur Drago Malefoy, allant de l'intime au général, en lui reprochant de ne pas lui avoir assez fait confiance pour lui en parler.

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Ginny resta néanmoins immobile, statufiée.

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« Je suis désolée ce qui t'es arrivé... Je n'y suis pour rien, je te le jure. Je ne t'aurais jamais fait de mal, tu le sais. Ginny... Dépêche-toi de revenir, je t'en prie.»

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Surtout, ne pas pleurer.

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Poudlard, bibliothèque

Hermione jeta un regard en coin à Drago puis posa la plume immaculée qu'elle tenait sur son parchemin vierge.

Oui, chose étrange, méconnue et inédite dans la vie d'Hermione Granger, elle n'avait pas envie de travailler. Ou du moins, elle ne pouvait pas.

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L'épuisement et la fatigue faisaient parfaitement bien leur long et méticuleux travail de fond sur la jeune fille, et elle était arasée. Elle ne cessait de penser à sa dispute avec Harry et Ron. De plus, le visage blafard et sans vie de Ginny la hantait quotidiennement. Elle n'arrivait pas à se défaire de cette image entêtante et persistante.

L'angoisse qui tenaillait la jeune fille à l'idée que ses deux amis la surprenne avec Drago s'éloignait lentement puisqu'ils étaient maintenant au courant. Par ailleurs, elle n'avait plus à s'inquiéter à propos de Lucius Malefoy car Drago et elle avaient décidés de travailler dans la salle de classe vide située non loin de la bibliothèque.

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Drago leva immédiatement les yeux lorsqu'il sentit qu'Hermione le regardait. Elle ne détourna pas pour autant le regard et se contenta de lui faire un maigre sourire auquel il répondit par un rictus narquois.

« Quand tu fais ça, Granger, c'est que tu t'apitoies sur ton sort. Dit-il tranquillement, s'installant plus en arrière sur sa chaise et posant sa plume à son tour.

-On a déjà eu cette discussion des milliers de fois, Drago, je ne m'apitoie sur rien du tout. Rétorqua la jeune fille d'un air exaspéré, réagissant au quart de tour.

-A d'autres, je commence à te connaître.

-Vraiment ? Répondit la jeune fille, septique.

-J'ai pas dit que ça me plaisait.

-Évidemment. » Hermione arqua un sourcil d'un air désapprobateur et baissa les yeux sur son parchemin.

Elle se mordit nerveusement la lèvre inférieure, indécise, puis releva vivement la tête et décida de parler du sujet qui la taraudait depuis quelques semaines maintenant :

« Tu as peur de moi Drago ?

-Quoi ? Drago ricana ostensiblement. Granger, je n'ai pas et n'aurais jamais peur de toi.

-Je veux dire... A cause du virus. Insista Hermione, sa voix se faisant moins audible.

-Non. S'obstina Drago en affichant un regard agacé.

-T'es pas effrayé à l'idée de tomber malade ?

-Pas du tout, Granger.

-T'as pas peur de mourir ?

-Toujours pas. Répondit-il, impassible.

-Mais, je comprends pas...

-Ça ne m'étonne pas. Coupa-t-il en la regardant d'un air tout à fait arrogant.

-Drago ! Répliqua la jeune fille, irritée par son comportement.

-Granger ?

-Soit sérieux deux secondes, s'il te plait. »

Drago lui jeta un regard glacial et ne répondit rien. Finalement, il tapota sur son parchemin d'un air impatient et débita rapidement :

« D'accord. Pose ta question. Ça te brûle les lèvres.

-Pourquoi tu n'as pas peur d'attraper le virus ? Demanda aussitôt Hermione, fébrile. C'est important pour toi d'être en vie, je le sais, ne dis pas le contraire.

-Je ne dis pas le contraire. Répondit tranquillement le Serpentard, évitant son regard.

-Alors pourquoi ? Pourquoi tu veux me voir ? Tu sais pourtant que ça peut t'apporter des problèmes, que tu pourrais finir comme ceux qui côtoient les autres personnes malades ! Pourquoi, Drago ?

-Je suis vraiment obligé de le dire, Granger ? Fit le jeune homme en levant les yeux au ciel.

-Ça serait vraiment fantastique que tu en parles, pour tout t'avouer. Dit Hermione en souriant légèrement.

-Tu sais que tu es insupportable, Granger ?

-Il paraît. » Répondit Hermione, son sourire s'agrandissant.

Drago soupira et croisa les bras derrière sa tête. Ses cheveux blonds un peu trop longs recouvrirent un instant ses yeux gris, mais il ne prit pas la peine de les remettre en place. Il marmonna quelques mots que la jeune fille ne compris pas puis planta une nouvelle fois son regard pénétrant dans le sien.

« Granger... Il faut que tu comprennes quelque chose. Dit-il d'un air très sérieux.

-Oui ?

-Je ne suis pas comme tu crois que je suis. Répondit-il après un moment de silence.

-Comment ça ?

-Il faut vraiment que je répète ?

-Tu veux dire que tu n'es pas riche, arrogant, imbu de toi-même et...

-Granger !

-Drago ?

-Sois sérieuse, s'il te plait ! Lui intima Le Serpentard, piqué au vif.

-Tu vois, c'est super désagréable. Fit la jeune fille d'un air grave et imperturbable.

-Granger... Sa voix fut tout à coup plus menaçante.

-D'accord, d'accord... Je ne dis plus rien, je t'écoute. Concéda Hermione, sentant une colère sous-jacente percer à jour.

-Merci Granger. Siffla Drago, marquant une pause dans son discours. Bon, voilà... Je ne suis pas quelqu'un d'aussi superficiel que je le laisse croire et... Enfin, je m'ennuie un peu ici, dans cette école. Et... Le fait de t'emmerder m'amuse alors... J'ai pas envie de m'en priver. Même si pour ça, je dois risquer ma vie.

-Drago... Tu es en train de me dire que tu m'apprécies ? Chuchota Hermione.

-Absolument pas, stupide créature ! Répondit immédiatement le Serpentard. J'aime t'insulter et passer mon temps à te critiquer. Ce n'est pas du tout la même chose !

-Donc, tu es prêt à risquer ta vie pour le plaisir de me tourmenter ?

-C'est à peu prêt ça.

-Surprenant. N'empêche que... Commença-t-elle sans finir sa phrase, l'air rêveur.

-Que quoi ?

-Rien, rien, s'empressa-t-elle de répondre, ses joues prenant une délicate teinte rosée.

-Granger, je viens de te faire une confession des plus désagréables, alors, s'il te plait... Grimaça Drago.

-C'est juste que...

-Que ? Pressa le jeune homme.

-Que... Personne ne veut me toucher et que j'ai pris l'habitude de penser que je suis... Détestable. Enfin, je veux dire, mes amis ne me parlent plus, la moitié de l'école pense que j'ai fait mourir Lavande en la touchant sans faire attention... Et surtout, je n'ai pas sentit la peau de quelqu'un depuis des semaines et des semaines. La dernière personne que j'ai touchée, pour tout te dire... C'est Seamus. »

Elle se tut, consciente d'en avoir un peu trop dit sur ses états d'âme et baissa les yeux. Allait-il se moquer d'elle ?

Drago sembla hésiter un instant.

« Tu me fais faire n'importe quoi, Granger. » Dit-il pour finir, insondable.

La Gryffondor lui jeta un regard interrogateur auquel il ne répondit rien. Il se contenta de tirer sur son gant. Hermione ouvrit des yeux ronds, ne comprenant pas exactement le but de sa manœuvre.

Elle observa ses longs doigts fins et blancs qu'elle n'avait pas vus depuis des semaines et des semaines qui sortaient du gant en peau de taupe. Ses mains étaient si blafardes que la jeune fille se demanda un instant si elles étaient aussi froides qu'elles en avaient l'air, avant de se morigéner intérieurement. De toute façon, elle n'en saurait jamais rien, puisqu'il ne la toucherait pas.

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Enfin, c'était ce qu'elle pensait.

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C'est pour cela qu'elle eut un mouvement de recul lorsqu'elle se rendit compte que Drago approchait sa main. Elle leva vivement la tête, et se plongea dans ses yeux, essayant de comprendre ce qu'il voulait faire. Elle n'en eut pas le temps. Il attrapa vivement son poignet et tira d'un coup sur son gant, dénudant sa main également. Il n'essayait pas d'entrer physiquement en contact avec elle tout de même ? Elle n'eut la réponse à sa question que lorsqu'il posa sa main sur la sienne.

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Lorsqu'il sentit sa peau, une sorte de courant électrique lui parcourut les doigts et vint se loger dans son cou. Quelques frissons remontèrent le long de sa colonne vertébrale. Il ressentit une émotion grandissante, qu'il n'avait jamais encore expérimentée. Il était presque choqué. Il la touchait et elle ne disait rien, elle se laissait faire. Il la touchait, il avait pris cette initiative stupide et il aimait ça, il aimait tellement ça qu'il était prêt à se damner pour en avoir un peu plus, pour remonter le long de son bras et caresser les poils que s'étaient dressés sur sa peau, parce qu'elle avait la chair de poule.

Sa peau était douce, sa main était chaude, beaucoup trop. Il remarqua que ses doigts étaient longs et qu'ils correspondaient parfaitement aux siens. Il pourrait aisément les croiser, la tenir fortement et ne plus jamais la lâcher.

Il se força à regarder ailleurs et reporta son regard sur son visage.

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C'était encore pire.

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Ses joues étaient délicieusement rosées, sans doute par l'étonnement, ses lèvres étaient entrouvertes comme si elle allait dire quelque chose, et ses yeux reflétaient la surprise qu'elle ressentait. Ils étaient légèrement humides, innocents. Comme elle.

Il s'immergea dedans, essayant d'oublier la folie de son geste, de son envie, il fit de son mieux pour refuser, pour expulser ce désir qui lui brûlait les reins si fort qu'il cru qu'il allait se plier en deux pour mettre fin à cette insupportable douleur. La douleur d'elle.

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Comment pouvait-il autant la vouloir, la désirer ? Pourquoi ne ressentait-il plus cette aversion pour elle ? Pourquoi chacun de ses mots le touchaient-il à ce point ? Pourquoi la douceur de ses traits et de sa personnalité lui donnaient-ils envie de la protéger, de prendre soin d'elle ? Pourquoi son corps, pourtant pas si extraordinaire, l'enflammait-il ainsi, produisant un brasier incessant dans son cœur ? Pourquoi elle et pas une autre ?

Un instant, il se pencha presque imperceptiblement vers elle et sentit son parfum lui monter au nez, l'envahir et le posséder. Il cru qu'il allait définitivement basculer dans la folie et se jeter sur elle, dévorer sa bouche avec la sienne, la toucher partout... Il avait envie de déchirer tous ses vêtements, il devait la punir pour ce qu'elle lui faisait ressentir.

Il désirait sa bouche sur la sienne. Cette dernière le tentait trop, elle était trop rouge, avait l'air trop douce. Il voulait savoir qu'elle avait aussi envie de sentir ses lèvres sur les siennes et...

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Il marcha volontairement sur son propre pied avec force, déclenchant ainsi une douleur lancinante qui monta par vagues dans sa jambe et lui fit se mordre la langue.

Elle le corrompait tellement qu'il sentait que tout lui échappait, de son âme à son corps. Il avait l'impression qu'il le maîtrisait plus rien. A par cette image, qui faisait battre son cœur. Elle.

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Hermione, quant-à elle, sentit une chaleur intense envahir ses joues tandis qu'elle se perdait indéfiniment dans les yeux de Drago. Elle s'égarait dans l'immensité de ses volutes grisées et envoutantes, tourbillonnantes. Soudainement, elle se mit à trembler sans comprendre pourquoi. Des frissons l'assaillirent de toute part, mais elle fut incapable de serrer plus sa cape autour d'elle, incapable de faire le moindre geste ou le moindre battement de cil.

Sans doute l'émotion de sentir à nouveau le contact de la peau de quelqu'un.

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Sans vraiment qu'elle s'en rende compte, elle se mit à réfléchir et à essayer de comprendre, comme d'habitude, ce qu'il lui arrivait.

Elle ignorait pourquoi il allait jusqu'à la toucher. Elle avait toujours pensé qu'elle garderait plus ou moins son statut de sang de bourbe pour lui, créant ainsi une sorte de répulsion qu'il ne pourrait s'empêcher de ressentir. Elle se demanda quand, exactement, il avait cessé de la considérer comme une créature impure.

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Perdue dans ses pensées, elle l'entendit à peine dire :

« Granger, tu n'es pas détestable. »

Le son de sa voix sembla la ramener à la réalité et enleva le brouillard qui troublait sa vision. Aussitôt, elle ôta sa main de la sienne avec vivacité. Ses doigts étaient légèrement moites et collèrent à la main de Drago l'espace d'un instant.

La chaleur du Serpentard disparut à l'instant où leur contact cessa et les frissons d'Hermione redoublèrent d'intensité.

« Je... Ne veux pas que tu tombes malade, Drago. Expliqua-t-elle, sentant que ses joues étaient brûlantes.

-D'accord. » Répondit-il simplement, en remettant son gant de taupe et en évitant son regard.

Elle hésita et sembla vouloir dire quelque chose. Elle comprenait maintenant pourquoi il avait fait ça. Il avait voulu lui prouver qu'elle n'était pas détestable, comme elle l'avait sous entendu... Mais elle n'arrivait pas à mettre des mots sur ce qu'elle avait ressentit à son contact. C'était tout simplement quelque chose qu'elle ne connaissait pas. Elle n'avait jamais expérimenté une telle émotion et n'en n'avait jamais entendu parler.

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Elle ignorait qu'il s'agissait de quelque chose qu'on n'apprend pas dans les livres.

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Elle resta quelques secondes immobile, les yeux dans le vague. Elle sursauta quand Drago recommença à écrire sur son parchemin. Le grattement frénétique de la plume lui était parvenu avec une netteté toute relative, mais elle l'avait tout de même entendu. Elle fixa le jeune homme, les joues toujours rosées et la bouche ouverte. Il releva le regard, impatient. Ses yeux n'exprimaient rien. Que pensait-il ?

Hermione le sut lorsqu'il reprit la parole, glacial :

« Remets-toi au travail Granger au lieu de me fixer ! Le sortilège de coupetif dont tu dois parler dans ta dissertation ne va pas t'expliquer tout seul comment il se met en marche. »

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Poudlard, quelque part dans les cachots

Pansy Parkinson était pliée en deux par la douleur. Elle avait l'impression que quelqu'un était en train de creuser un trou de plus en plus profond dans son esprit et que des milliers de fers brulants étaient plantés dans sa peau douloureuse. Sa vision se troubla un peu plus qu'elle ne l'était déjà et elle perdit l'équilibre.

« Drago ! Drago ! Je t'en supplie, ARRETE ! » Hurla-t-elle d'une voix aiguë, sentant à peine ses genoux toucher le sol et s'écorcher sous le choc.

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La douleur ne cessa pas pour autant et elle ne fut même pas certaine d'avoir parlé. Elle laissa échapper un long gémissement rauque et saisit sa tête entre ses mains.

Il fallait que la douleur cesse.

Ses cheveux trempés par la sueur collèrent davantage sur son visage rougit qui n'avait, en cet instant, plus rien d'aristocratique.

« Drago... » Gémit-elle une nouvelle fois, plus distinctement.

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La voix du Serpentard lui parvint en réponse, lointaine, grinçante, comme dans un mauvais rêve :

« Si j'arrête maintenant Parkinson, tu ne retrouveras jamais la mémoire. »

La jeune fille ne répondit rien, se contentant d'hurler plus fort alors que la douleur dans sa tête s'intensifiait. Elle allait exploser, c'était certain.

Les larmes qui coulaient sur ses joues depuis au moins une demi-heure continuèrent leur course folle, atterrissant par terre. La jeune fille s'égosilla de nouveau et entreprit de tirer sur ses cheveux, comme si elle allait les arracher.

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Plus rien n'était important maintenant, seul comptait ce trou qui se creusait de plus en plus, son âme qu'on lui arrachait. Ses sanglots lui déchirèrent la gorge tandis qu'elle essaya tant bien que mal d'ouvrir les yeux.

Elle aperçut, au travers d'un brouillard certain, une ombre. Elle se douta qu'il s'agissait de Drago, debout, bien qu'elle fût pratiquement incapable de réfléchir. La baguette du jeune homme produisait un long fil bleuté qui semblait complètement relié à elle.

Apparemment, la situation n'était pas facile non plus pour lui. Il semblait en proie à des difficultés. Son bras tremblait comme si sa baguette magique pesait lourd et,-bien que Pansy ne le vit pas- un filet de sueur coulait sur sa tempe.

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La jeune fille aperçut bientôt des choses étranges, des formes multicolores se mouvoir et onduler devant ses yeux, parcourant tranquillement la pièce. Elle tendit la main et essaya de les toucher.

Elle ne rencontra que le vide.

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Puis, brusquement, Pansy fut assaillie par des images, des centaines et des milliers d'images qui se superposaient, se mélangeaient, formaient un fouillis indescriptible et inextricable. Elle tenta de se concentrer pour saisir certaines d'entre elles, pour tenter de comprendre, mais accentua la douleur qui irradiait son cerveau.

Elle ferma les yeux, mais les images restèrent là, comme imprimées sur sa rétine.

Elle poussa un nouveau cri et tenta de se redresser, mais ne réussit qu'à s'aplatir un peu plus sur le sol. Ses coudes heurtèrent violemment la pierre glacée avec un craquement effrayant. Puis, soudainement, sans qu'elle ne puisse rien y faire, elle se mit à parler, sa voix rauque lui lacérant la gorge :

« Pour le bien de Drago, je vais devoir effacer ta mémoire. Si jamais le seigneur des ténèbres l'apprenait, ça irait très mal pour Drago, tu comprends ? Il pourrait facilement entrer dans ton esprit. Mais ne t'en fait pas, je vais m'en occuper. Je te promets qu'il n'arrivera rien de mal à Drago.»

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Essoufflée, elle sentit alors avec étonnement la douleur s'estomper doucement, à mesure qu'elle prononçait ces mots. Son esprit devint cotonneux, mais elle réussit un peu mieux à percevoir la faible lueur qui émanait des torches de la pièce.

Elle laissa tomber ses mains de chaque coté de son corps et s'agenouilla, respirant difficilement. En baissant son regard troublé, elle s'aperçut que ses ongles étaient cassés. Elle se souvint vaguement avoir griffé les dalles de pierre qui se trouvaient au sol et estima que l'état de ses doigts était sans doute dû à leur rencontre brutale. Ses genoux se touchèrent, s'entrechoquèrent et lui firent sentir qu'elle avait des écorchures. Le sang qui maculait le sol par endroit confirma cette théorie.

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Avec appréhension, la jeune fille leva enfin le regard et rencontra instantanément celui, glacial, de Drago. Ce dernier avait, de toute évidence, entendu ses derniers mots.

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Et Pansy se souvenait de tout, désormais.

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Elle s'appuya, avec le peu de dignité qu'il lui restait, sur une table, pour se relever. Ses mains moites glissèrent un instant sur le bois et elle manqua de s'écrouler une nouvelle fois sur le sol. Elle fit de son mieux pour rester droite et ne pas perdre la face. Elle ne quitta pas Drago du regard durant tout ce temps, ancrant ses yeux dans les siens pour garder les pieds sur terre. Elle essaya de comprendre ce qu'il pensait, d'imaginer ce qu'il pouvait bien lui passer par la tête en cet instant et surtout... De savoir qui il était.

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Elle devait savoir. Elle devait comprendre. Ses souvenirs ne pouvaient pas lui mentir. Elle était prête à subir toute l'intensité de la colère de Drago Malefoy pour pouvoir entendre la vérité, la stricte vérité, au moins une fois. Celle pour laquelle elle avait tant souffert.

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Sa voix légèrement éraillée s'échappa d'entre ses lèvres sèches et recouvertes de coupures avec détermination. Le Serpentard en fut étonné. Il ne la connaissait pas aussi virulente.

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« Qu'est ce que tu ressens pour Hermione Granger, Drago ? »

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