Confidences
« Qu'est ce que tu ressens pour Hermione Granger, Drago ? »
Le jeune homme resta un instant muet. C'était l'une des premières fois de sa vie qu'il restait sans voix face à une question. Et pourtant, on lui en avait posé des déstabilisantes, qui l'avaient ébranlé, choqué, offusqué, heurté... Mais cette question... C'était celle à laquelle il ne s'attendait pas. Comment, par Salazar, Pansy pouvait-elle savoir qu'il entretenait une forme de lien avec Hermione, et pire qu'il éprouvait ces... Sentiments à son égard ?
Il n'avait jamais considéré Pansy comme une fille très intelligente ou très observatrice. Les rares constatations qu'il l'avait vue faire étaient, pour la plupart, dénuées d'intérêt et souvent futiles. Il lui arrivait de temps en temps de faire de l'esprit, mais jamais Drago n'aurait pu penser que Pansy était le genre de personne à remarquer qu'il pouvait être amoureux de quelqu'un.
Lui-même avait déjà tellement de difficultés à admettre ce qu'il ressentait, alors comment elle, une personne extérieure et étrangère à lui-même pouvait s'en être aperçue ?
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C'est peut-être parce qu'elle l'avait surpris qu'il consentit à lui dire une chose qu'il ne lui aurait jamais confiée en temps normal. Une réponse qui, sans être la stricte vérité, restait, sans aucun doute, empreinte de sincérité.
« Je l'apprécie. Dit-il en haussant furtivement les épaules, faisant de son mieux pour paraître détaché.
-Tu apprécies une sang de bourbe, Drago ? Franchement, tu ne vas pas me la faire à moi. Répondit Pansy, la voix encore un peu faible, mais déterminée.
-Pourtant c'est la vérité, Parkinson. » Grinça Drago, agacé qu'elle le contredise. Que voulait-elle dire exactement par « tu ne vas pas me la faire à moi ? ».
Pansy, la voix rauque repris, railleuse :
« Tu n'as jamais aimé les sang de bourbe. Tu as toujours cru dur comme fer à ce que l'on t'a inculqué, c'est-à-dire que ce sont des personnes qui ne méritent pas d'être des sorciers parce que leur sang ne vaut rien et qu'ils ne transportent aucune magie en eux. Alors... Pour que tu décides de changer de regard par rapport à une personne de ce type, et encore plus s'il s'agit de la meilleure amie de Potter... C'est que tu es forcément amoureux d'elle. »
Un long silence suivit cette déclaration. Pansy s'appuya davantage sur la table et fronça les sourcils. Elle sentait que la nausée était en train de s'insinuer en elle et l'envie de vomir se faisait de plus en plus présente à mesure que le regard de Drago s'obscurcirait. Il ne répondait pas, et c'était mauvais signe. Ses jambes tremblantes lui intimèrent l'ordre de s'asseoir, ce qu'elle refusa de faire, plantant ses ongles abîmés dans la paume de sa main.
Drago resta impassible pendant quelques minutes et le silence perdura, unique lien tangible entre eux. Seuls les yeux de Drago, pleins de rage, trahissaient l'état d'énervement qui l'habitait. Finalement, il crispa ostensiblement ses poings et tourna la tête sur le coté, refusant de maintenir une seconde de plus le contact visuel que Pansy s'efforçait de faire durer.
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« C'est toi qui en a parlé à mon père. Sa voix claqua, dure et sèche.
-Apparemment. Répondit Pansy avec une indifférence feinte, réprimant le tremblement qui agitait ses mains.
-Tu aurais pu la tuer en faisant ça, tu t'en rends compte ? » Rugit soudain Drago, tapant du poing sur la table la plus proche, perdant son calme.
Pansy resta impassible et droite bien qu'elle ressentit un vif tressaillement dans sa jambe qui indiquait qu'elle aurait du, normalement, sursauter. Son cœur cogna douloureusement dans sa poitrine. Drago lui faisait peur. Elle n'avait aucune idée de la réaction qu'il allait avoir, il avait l'air hors de tout contrôle. Comment cela était-il possible ? Il se mettait en colère parce qu'elle avait risqué la vie de Granger ? Il était donc si... Attaché à elle ? Pourquoi cette immonde créature ? Pansy baissa la tête et finit simplement par murmurer, au bout d'un court instant :
« Tu dois être très amoureux de cette... Fille pour te mettre en colère à l'idée qu'elle puisse être blessée.
-Tu ne peux pas comprendre. Rétorqua Drago en faisant un geste impatient de la main dans la direction de sa camarade.
-Je comprends bien plus que tu ne le pense, Drago. Chuchota Pansy. Je sais ce que c'est que d'être... Attaché à quelqu'un au point d'avoir peur pour lui et de finir par se mettre en colère.
-Foutaises. Coupa rageusement le jeune homme.
-Drago, j'ai perdue mon unique amie à cause du virus qui est en train de détruire Hermione. Reprit prestement la Serpentard, luttant toujours contre une nausée persistante. Je comprends que tu veuilles la protéger. Toi, au moins, tu peux encore le faire. Moi je... J'ai pas eu le temps. Et... J'ai pas eu le courage. »
Drago fixa Pansy dans les yeux, tandis qu'elle continuait de le regarder, avec une lueur indéfinissable au fond des yeux. Elle ne flancherait plus désormais. Elle ne pleurerait plus... Jusqu'à ce qu'elle ait réussit à venger son amie. Et alors peut-être, elle s'autoriserait à pleurer et à faire partir toute cette peine qui lui enserrait le cœur. Mais pour le moment... Pour le moment, cette peine lui était indispensable pour nourrir la colère qui l'habitait.
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« Désolé. J'imagine que ça ne doit pas être facile pour toi. Dit Finalement Drago, dans une douloureuse grimace, comme si cette confession lui était difficile.
-Pas de quoi, Drago. » Répondit Pansy d'un ton égal, essayant de paraître indifférente au fait qu'il lui montrait un peu de compassion.
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« Et maintenant ? Dit brusquement Drago un peu plus fort. Tu vas retourner voir mon père pour confirmer tes dires ? Maintenant qu'il fait tout pour... Connaître la nature de mes relations avec Granger et qu'il cherche le moindre petit indice pour me confondre.
-Non. Je vais t'aider à protéger Granger. Prononça Pansy, ignorant le tremblement qui agitait sa voix.
-Quoi ? Cria Drago, ne pouvant empêcher sa voix de produire une sorte de fluctuation étrange. L'étonnement lui fit écarquiller les yeux en grand et il dut se retenir pour ne pas ouvrir la bouche.
-Drago, j'ai perdu mon amie à cause de ce virus, et par Salazar, tu sais aussi bien que moi qui est à l'origine de tout ça. Et... Je veux lui faire payer tout ça. Elle, Millicent... Elle n'avait rien fait, elle était prête à le suivre. Et lui... Il s'en fiche tu comprends ? Ca lui est égal. Il sacrifiera tous ceux qu'il doit sacrifier pour arriver à ses fins. Ceux qui sont en travers de son chemin ou qui ne lui sont pas utiles seront... Sacrifiés, tués. Est-ce que tu es prêt à renoncer à... Ton destin pour sauver Granger ? Moi, en tous cas, je suis prête à tout changer pour venger Millicent. »
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Cette fois-ci, les mains de Pansy étaient agitées de tremblements incessants qu'elle ne pouvait visiblement plus contrôler du tout. Les larmes menaçaient de couler à nouveau sur ses joues encore blêmes. Il fallait les retenir. Elle sera les poings, ce qui eut pour seul effet d'accentuer le frémissement persistant qui la secouait.
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Drago regarda Pansy, cette faible créature, qui, finalement, portait en elle un sentiment puissant qu'il s'était efforcé de repousser dans l'unique but de paraître plus fort. A présent, il se rendait compte que c'était ce même ressentit qui encourageait Pansy a franchir des limites qu'elle n'avait jusque là qu'entre aperçut... Que c'était l'affection, l'amour, qui lui conférait cette force qu'il n'aurait jamais soupçonné. C'était parce que Pansy avait aimé son amie qu'elle était maintenant prête à se battre au péril de sa vie, comme un stupide Gryffondor. Elle puisait sa force dans sa haine et son ressentiment. Et cette colère lui venait de l'amour.
Les sentiments qu'il éprouvait avaient changé des choses en lui, plus qu'il n'aurait pu l'imaginer. Il n'était pas seulement assujetti à cette fille... il était aussi devenu quelqu'un d'autre. Il avait changé. Il avait cessé de ne penser qu'à lui. Il avait oublié pourquoi elle lui paraissait si dégoutante. Elle était devenue une personne à part entière. Les préjugés qui l'avaient toujours habité s'étaient estompés et avaient finis par disparaître, emportés dans un tourbillon d'émotions, écrasés par le poids des sentiments.
C'est pourquoi il répondit sans le regretter une seule seconde :
« Oui. »
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Drago Malefoy et Hermione Granger.
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« Comment tu as su, Parkinson ? Demanda-t-il finalement.
-Je... Je l'ai su, c'est tout. »
Comment aurait-elle pu lui dire que le seul regard qu'elle ait jamais voulu de lui, elle l'avait vu tourné vers une autre femme ? Elle connaissait ce regard dans les moindres détails, pour l'avoir attendu et rêvé pendant des années sans jamais le voir... Celui où, dans les yeux, se lisait l'affection la plus profonde et la plus intense qu'elle ait jamais ressenti. Elle ne l'avait jamais vu ce regard... Sauf pour elle, une seule et unique fois où il avait baissé sa garde. Non, jamais elle ne pourrait le lui dire. Cela relevait de la... Stupidité. Elle avait un égo, tout de même.
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Pansy essaya tant bien que mal de se ressaisir mais la question qui lui brûlait les lèvres franchit sa bouche en un rien de temps et lui permit par la même occasion de changer un temps soit peu de sujet.
« Et Granger, elle ressent quoi pour toi ?
-Je crois qu'elle... M'apprécie. Hésita Drago.
-De la même manière que toi tu l'apprécies ? » Demanda Pansy en haussant un sourcil d'un air narquois.
Drago détourna le regard pour la seconde fois en moins d'une heure et se concentra sur une lourde tenture qui recouvrait le mur. Les reflets argentés de la lune dansèrent un instant sur les fils entremêlés, puis ils partirent se réfugier plus loin. Enfin, il regarda à nouveau Pansy. Cette dernière aurait juré qu'il y avait eu un éclair de tristesse dans les yeux de Drago avant qu'il lui dise, presque dans un chuchotement :
« Hermione Granger n'éprouvera jamais plus que de la sympathie pour moi, Parkinson. »
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Poudlard, salle de classe vide
Hermione regarda Drago avec un air tellement intense qu'il fut mal à l'aise pendant quelques instants. Elle se mordit férocement la lèvre et remit en place une mèche de cheveux qui cachait ses yeux. Elle resta un moment immobile et plissa son nez. Un éternuement sonore vint résonner dans la pièce, interrompant momentanément sa réflexion et, sans attendre outre mesure, elle reprit ses occupations. Ses yeux, au grand soulagement du Serpentard, se concentrèrent sur la table pour chercher une plume. Elle saisit la première qu'elle aperçut et nota fébrilement un mot sur son parchemin, en majuscules.
Drago la regarda comme si elle était à moitié folle et daigna lui poser sèchement la question qui lui brûlait les lèvres.
« Qu'est ce qu'il se passe, Granger ? On dirait que tu viens d'avoir une illumination.
-C'est le cas, Drago ! C'est le cas ! Je viens de comprendre une chose tout à fait remarquable ! Répondit-elle, sans parvenir à masquer son excitation.
-Je t'écoute. Répondit le jeune homme dans un haussement de sourcils exaspérés.
-Euh...
-Oui?
-Et bien...
-Vas-y, Granger!
-Je ne sais pas si je peux te le dire. » Répondit-elle après un temps d'arrêt, son visage s'assombrissant. Elle marqua un temps d'hésitation et le regarda avec sérieux.
« Quel est le problème ? Demanda Drago, méfiant.
-Euh... Il faut juste que tu me promettes que tu ne le diras pas à ton père. » Dit-elle tandis que ses joues se coloraient de rouge.
Les yeux de Drago prirent une teinte métallique et il se recula rapidement. Hermione eut l'impression d'avoir dit quelque chose de mal. L'avait-elle blessé ? Elle ne pouvait pas non plus prétendre lui faire entièrement confiance. Il était plus ou moins lié à Voldemort, tout de même.
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« Tu ne me fais pas confiance, n'est-ce pas Granger ? Demanda-t-il en essayant d'avoir l'air détaché.
-C'est-à-dire que... Qu'on n'en a jamais parlé. On n'a jamais parlé de ces choses là. De... Ce qu'on peut se dire ou pas... De... De ce que tu as l'intention de faire... Du camp dans lequel tu es... Tout ça, au départ, ça ne faisait pas partie de notre accord. Et... Il n'est pas envisageable que je trahisse mes amis ou que je mette Harry en danger. Tu comprends?
-T'es incroyable ! Répondit Drago avec un regard méprisant. J'ai mentit à mon père pour te... Pour que... Qu'on puisse encore se parler... Et tu penses que je vais compromettre ça en lui balançant quelque chose que tu me confierais ? J'ai risqué... J'ai risqué ma place Hermione, ma vie même pour... Pour TOI ! »
Les joues d'Hermione étaient désormais écarlates et elle semblait avoir totalement perdu l'usage de la parole. Elle baissa cependant les yeux sur le parchemin, fixant l'unique mot qu'elle avait écrit. Ses yeux parurent, tout à coup, étrangement humides tandis qu'elle demandait :
« Mais... Tu... Tu vas finir par rejoindre Voldemort n'est ce pas ? »
Drago eut un frémissement lorsqu'elle prononça le nom du lord noir. Il n'avait jamais réussit à s'habituer à cette aisance que certaines personnes avaient lorsqu'elles prononçaient ce mot. Il prit une profonde inspiration. C'était la première fois qu'il dévoilait autant ses pensées et il se sentait très mal. Cela lui semblait nécessaire mais extrêmement douloureux. Pour elle, pour la garder auprès de lui, il devait faire cet effort.
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« Granger, dit-il en parlant lentement, si je rejoins celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer le nom je... Je ne pourrais plus jamais te voir pour te... T'emmerder et... C'est pas envisageable. Je te l'ai déjà dit, j'ai... J'ai... Bon, j'ai changé, je ne suis plus celui que tu as connu. Ma façon de voir les choses n'est plus la même.
-Tu veux dire que tu n'es plus... Un...
-Je t'arrête tout de suite. Je ne suis pas un mangemort, Granger. Je ne l'ai jamais été et je ne le deviendrai jamais. »
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Il remonta brusquement sa manche et dévoila son bras. Il tira sur le gant et Hermione pu constater qu'aucune marque ne venait noircir sa peau blafarde. Un frisson remonta dans son dos et elle demanda d'une voix mal assurée :
-Mais comment puis-je en être sûre ? Comment puis-je être certaine que tu ne diras rien à Voldemort ? Il faut que tu comprennes Drago que... Mes amis sont ce qu'il y a de plus importants pour moi. Je ne veux prendre aucun risque. Je ne peux pas trahir Harry. Je ne le ferais jamais, même pas sous la torture.»
Drago réfléchit un instant à ses dires. Ils résonnaient dans son esprit comme une litanie incessante. Il ne pouvait pas se permettre de la perdre, pas maintenant qu'il était prêt à la protéger envers et contre tout. Il ferait n'importe quoi pour...
Son visage resta fermé tandis qu'il comprenait la seule issue qui se présentait à lui. L'unique chance qu'il avait d'obtenir de rester près d'elle, quoi qu'il arrive.
« Je connais quelqu'un qui serait ravi de t'aider, autant que moi j'en ai envie. Et cette personne pourrait nous être très utile parce que... Je vais faire un serment inviolable avec toi, Granger. »
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Poudlard, couloirs
Alors qu'elle retournait dans son dortoir cet après-midi là, Hermione mena l'un des plus féroces débat interne qu'elle avait jamais expérimenté. La proposition de Drago était tellement surprenante qu'elle n'avait pas su quoi lui répondre. Elle était désormais en train de réfléchir activement à ses dires, essayant de comprendre pourquoi il lui laissait un tel choix.
Avait-il tellement changé ?
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Un bruit derrière elle la fit sursauter et elle se retourna vivement, espérant qu'elle n'allait pas avoir de mauvaise surprise.
Ses cheveux voletèrent un instant autour de son visage blafard, donnant une allure folle à la jeune fille, qui, déjà, était bien mal en point. Les réflexions qu'elle avait menées durant l'après-midi mais également son extrême fatigue avaient eu raison de sa résistance et elle avait une migraine persistante. Sa vision avait, elle aussi, subit les affres de la maladie et de l'épuisement. Elle avait désormais de grosses difficultés à discerner ce qui l'entouraient. Les contours de chaque objets étaient flous et Drago lui avait même, pendant un instant, parut être une masse blonde douée de parole.
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Hermione comprit instantanément qu'elle était en mauvaise posture en découvrant qui était tapi dans l'obscurité.
Ses yeux douloureux fixèrent le groupe de personne qui s'avançait silencieusement vers elle, dans un unique mouvement. Ils étaient vêtus de capes et de capuches rabattues sur leurs visages à la manière des mangemorts et avançaient sans bruit. Elle perçut à peine le frôlement de leurs vêtements sur le sol tandis qu'ils arrivaient à sa hauteur.
En raison du trouble qui avait atteint ses yeux, elle ne parvint pas à voir distinctement leur visage et se contenta d'essayer de les compter.
A la démarche qu'ils avaient, elle estima qu'il y avait trois garçons et deux filles dans le groupe. Leurs taille ne lui fut pas d'une grande aide car ils avaient presque tous la même hauteur. Néanmoins, ils lui parurent relativement grands et elle estima qu'ils devaient être en septième, à la rigueur en sixième année, mais probablement pas en dessous. Par ailleurs, les informations qu'elle avait eu sur le sortilège qu'ils avaient utilisé indiquaient que ces sorciers devaient bénéficier d'une certaine dextérité, mais surtout d'une importante puissance magique pour pouvoir jeter ce genre de sort. Puissance que l'on commence à acquérir, en général aux alentours de la cinquième année.
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Pendant qu'Hermione, dans le brouillard, réfléchissait, l'une des personnes se détacha du mouvement synchrone et avança plus rapidement, de manière à se retrouver rapidement à sa hauteur.
Hermione ne frémit même pas lorsque l'inconnu l'empoigna par le bras et la secoua dans tous les sens pour qu'elle atterrisse par terre. Après tout, elle avait vécu et supporté des choses bien pires. Celles-ci ne l'atteignaient plus vraiment, ou du moins, pas comme elles auraient du. Elle savait que, de toute façon, de nombreuses personnes éprouvaient de la colère pour elle et la rendait responsable de la mort ou de la contamination de certains autres.
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Les traits de la personne qui la tenait se crispèrent lorsqu'il s'aperçut qu'elle ne réagissait pas et qu'elle ne semblait même pas avoir peur. Elle tomba violemment sur les fesses et plissa ses lèvres l'une contre l'autre pour ne pas crier de douleur quand ses membres courbaturés heurtèrent le sol dur et froid. Le « pseudo-mangemort » se pencha sur elle, muet, et détailla son visage fatigué, tentant d'y apercevoir une once de faiblesse ou une trace de terreur derrière le masque d'impassibilité qu'elle portait.
Mais il ne vit rien, à part ce foutu courage Gryffondorien qui l'affrontait sans un mot.
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La rage qui lui brûlait le corps se fit plus prenante encore, pour la première fois depuis des semaines et des semaines. Non seulement elle faisait partie de ceux qui tuaient impunément dans cette école, sans jamais montrer aucuns remords... Mais en plus, elle n'avait pas peur de subir le courroux des autres pour ses actes impardonnables. N'avait-elle donc aucune conscience ? Ne ressentait-elle pas la culpabilité lorsqu'elle voyait le chaos qu'elle avait semé ? Ne savait-elle pas qu'elle était responsable de la mort et de la douleur, de la tristesse des autres ?
Tout était sa faute.
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Il plissa rageusement les yeux, chose qu'elle distingua à peine dans la brume qui obstruait sa vision. Pourtant, son regard ne cessait de parcourir le visage qui était si proche d'elle et qu'elle aurait pu toucher en tendant la main. Elle sentait même son souffle erratique errer sur ses traits douloureusement tendus par l'effort.
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La personne en noir se releva lentement, la regardant avec un dégoût bien visible. L'envie de lui cracher dessus lui traversa l'esprit mais il chassa bien vite cette idée dans un coin de sa tête. Elle devait subir le même châtiment que les autres. Elle n'était pas plus extraordinaire et ne méritait pas de traitement particulier.
«On devrait te tuer pour tes actes, Granger. Mais comme tu es une groupie du survivant, on va te laisser une chance de t'en sortir. Le destin se chargera de décider pour toi. »
Le regard toujours troublé, Hermione le vit lever lentement sa baguette sur elle, à la manière d'un film au ralenti. Même si elle ne voyait pas très bien, elle entendit distinctement le mot, comme si chaque syllabe se détachait des autres avec une netteté particulière.
« Sectusempra. »
Elle perçut le rictus triomphant qui déformaient les traits de la personne qui l'avait attaquée. Sa vision devint plus nette pendant quelques secondes et elle songea qu'elle avait déjà vu cette expression quelque part. Elle connaissait ce visage, elle en était sure...
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Le sortilège atteignit sa poitrine presque instantanément mais elle réprima le cri de douleur qui menaçait de sortir de sa bouche. Elle sentit sa peau se déchirer sous l'effet de la magie. Un liquide chaud se mit à couler sur son ventre et elle comprit qu'elle commençait à perdre du sang.
Cette fois-ci, sa vision devint résolument trouble et elle se rendit à peine compte que le groupe de personnes qui avait été si malveillant avec elle s'éloignait dans l'ombre. Elle essaya de se relever en s'appuyant par terre, mais ses mains glissèrent dans un liquide poisseux dont elle devina aussitôt l'origine. Tremblante, elle glissa sa main entre les plis de ses vêtements alourdis par le sang pour trouver sa baguette, mais elle fut prise d'une violente convulsion qui l'obligea à ramener sa main le long de son corps.
Elle ferma les yeux, tentant d'ignorer que son corps la brûlait et qu'elle perdait de plus en plus la notion de ce qui l'entourait.
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« Hermione ? »
La voix de Seamus, paniquée, lui parvint comme dans un rêve et elle ne sentit pas la main du jeune homme se poser dans son cou pour tâter son pouls.
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