Ce que changea l'annonce du danger
Quand on est un personnage aussi important que Dumbledore, on sait garder contenance. Enfin, on est censé. Seulement, voilà, certains événements changent parfois la donne, qui que l'on soit. Parce que même ce sorcier puissant sait admettre à un moment donné qu'il ne peut que baisser les bras.
C'est dans cet état d'esprit, malgré lui, qu'il commença son discours. Il écarta les bras un instant, pour embrasser la totalité de la grande salle, scrutant chacun des curieux visages qui s'étaient tournés vers lui. Ses sourcils se froncèrent à la vue des élèves malades qui avaient fait l'effort de venir. Leur mine grise et fatiguée le préoccupait plus qu'il ne le laissait paraître. Sans aucun doute, il aimait son métier. Il aimait cette école. Il aimait la magie. Et il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour changer les choses. Mais pour l'instant, il ne pouvait pas faire de grands actes. Il devait simplement attendre. Il s'éclaircit la gorge puis commença son discours.
« Chers élèves, c'est aujourd'hui une nouvelle plutôt difficile que j'ai à vous annoncer. Comme certains d'entre vous le savent, une de nos élèves, Violette Desjardins, a trouvé la mort en contractant le virus qui sévit dans cette école et mademoiselle Brown de Gryffondor est dans un état critique. Mademoiselle Bullstrode de Serpentard présente également des symptômes inquiétants. »
Il se racla la gorge, hésitant, et jeta un regard à Harry Potter qui le regardait avec les yeux ronds d'incompréhension.
« Nous pensions que le virus allait s'estomper avec le temps et que nous allions peut-être trouver un moyen de l'éradiquer avec l'action efficace des médicomages. Cependant, étant donné la vitesse à laquelle se propage la maladie, Monsieur Malefoy m'a informé qu'une décision a été prise par le ministère, à sa demande. Notre école est mise en quarantaine. Vous ne pourrez plus sortir de l'établissement jusqu'à nouvel ordre et il est, comme précédemment, recommandé d'avoir la plus grande vigilance en ce qui concerne vos contacts physiques. Vos parents ont été prévenus par courrier et peuvent vous envoyer des lettres et des objets si vous en avez besoin. Néanmoins, pour éviter de prendre tout risque inutile, chaque lettre venant de votre part passera par le comité de radiation des virus magiques pour être désinfectée. Il est désormais obligatoire de se rendre dans la loge de Monsieur Rusard pour toute correspondance à transmettre. Ce sera lui qui dirigera ces opérations et la volière est fermée jusqu'à nouvel ordre. »
Dumbledore se rassit et se rendit compte avec une certaine horreur que la situation ne faisait que commencer à s'embourber.
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Harry, Ron et Hermione se regardèrent, hébétés, tandis qu'un brouhaha indescriptible s'élevait dans la grande salle. La moitié des filles de Serpentard s'étaient mises à pleurer et se serraient dans les bras les unes des autres. Pendant quelques instants, le rouquin et la brune oublièrent à quel point ils étaient en colère l'un contre l'autre et ouvrirent tous les deux la bouche avec le même signe d'incompréhension qui leur donna l'air de deux strangulots. Harry fit un signe de la main presque imperceptible à ses deux amis en désignant le couloir. Ils hochèrent la tête d'un air entendu. Hermione toussa bruyamment et sentit ses jambes trembler sous le coup de l'émotion. Elle se dit qu'il serait sans doute plus prudent qu'elle prenne un peu d'avance, étant donné sa lenteur devenue légendaire depuis qu'elle était malade.
Elle se pencha doucement vers Harry et Ron, puis dit tout bas, d'un ton inaudible « Je vais y aller en première, je vais moins vite. » Ils levèrent le pouce pour lui signifier qu'ils étaient d'accord, puis chacun tourna sa tête vers son assiette sans ressentir la moindre envie d'avaler quelque chose.
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Dix minutes plus tard, alors que la plupart des élèves entamaient leur dessert avec plus ou moins de conviction, Hermione se leva doucement de sa chaise. Elle attendit que son vertige se dissipe, puis dit d'une voix éraillée « Je ne me sens pas bien, je monte me coucher ! »
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Quelques instants après, en même temps que la plupart des élèves de la grande salle, Harry et Ron se levaient. Cependant, ils firent de leur mieux pour rester en retrait et s'arrêtèrent à l'étage où se trouvait la salle sur demande au lieu de monter au septième étage. Ils souhaitaient rester discrets, mais c'était sans compter Ginny, qui les suivit rapidement en trottinant derrière eux. Ses cheveux roux flottaient autour de son visage et Harry sentit le rouge lui monter aux joues lorsqu'il se retourna pour la regarder.
« Je peux venir avec vous ? » Demanda Ginny avec un sérieux imperturbable qui agaça son frère. Elle avait croisé ses bras et pincé ses lèvres d'un air grave.
« Je trouve le discours de Dumbledore bizarre et je sais que c'est de ça que vous allez parler. Je ne suis plus une gamine et je peux en discuter avec vous ! S'il y a quelque chose que je peux faire, j'aimerai bien aider. D'autant plus que l'une de mes amies est directement concernée. Hermione n'est pas n'importe qui pour moi. » Elle avait légèrement tapé du pied et avait soulevé son sourcil gauche à une hauteur plus que surprenante en signe de détermination. Harry et Ron échangèrent un regard, puis soupirèrent. Ils n'avaient pas envie de se battre à cet instant. Elle aurait, de toute façon, insisté jusqu'à ce qu'ils cèdent. Elle avait une patience à toute épreuve.
« Aller, viens. » Articula finalement Ron, prenant une Ginny conquérante par l'épaule.
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Poudlard, salle sur demande.
Hermione les attendait dans la salle sur demande. Elle s'était tapie dans un coin de la pièce. Affalée dans un canapé, elle fixait d'un air vague un coussin qui avait l'air particulièrement moelleux. Elle avait calé sa tête contre sa main et sentait un nouveau mal de tête s'emparer de son corps frêle. Elle se sentait vide et terne. Elle se rendait compte que ce qui était en train de se passer n'était pas normal, mais elle n'arrivait pas à avoir peur. Elle n'y arrivait plus.
Lorsqu'Harry, Ron et Ginny firent leur entrée, l'étonnement qu'elle ressentit à la vue de la jeune rouquine l'éloigna un instant de se préoccupations. Elle eu momentanément envie de sourire, malgré la boule qu'elle avait dans le ventre. Elle savait que le caractère bien trempé de la soeur de Ron y était sûrement pour quelque chose. Elle appréciait beaucoup Ginny, sa détermination et sa franchise à toute épreuve.
Harry s'assit dans le fauteuil le plus proche de la porte. Ses yeux fatigués allèrent de Ron à Hermione, puis d'Hermione à Ron. Il évita soigneusement de regarder Ginny qui le faisait rougir à chaque fois qu'elle se trouvait dans son champ de vision. Il prit enfin la parole, et ils purent entendre sa voix trembler.
« S'il vous plait, Ron, Hermione, faites une trêve. Je vais avoir besoin que vous soyez solidaires. Si vous voulez m'aider, arrêtez de vous battre. Sinon, laissez moi me débrouiller seul. »
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Hermione baissa la tête, tandis que seule sa respiration sifflante se faisait entendre dans la salle sur demande. Elle savait pertinemment qu'Harry avait raison et qu'il valait mieux mettre leur rancune de coté. Elle ne savait pas si elle pouvait faire confiance à Ron, mais elle savait qu'Harry avait besoin d'elle et que le rouquin ne laisserait jamais son meilleur ami vivre seul un tel moment d'adversité. Ron, de son coté, fixait Hermione d'un air énervé. Bien sûr qu'il ne lui avait pas pardonné. Mais il ne pouvait se résoudre à laisser Harry. Lui au moins avait l'étoffe d'un ami sur qui on peut s'appuyer.
Ainsi, c'est presque d'une même voix qu'ils prononcèrent, grimaçants, « Je promets. »
Harry poussa un soupir de soulagement, et marmonna quelque chose qui ressemblait à « Bande d'imbéciles. » Après quoi, il se leva et se mit debout au centre de la pièce. Ses yeux verts et perçants s'attardèrent un instant sur chacun de ses trois amis, puis il fronça les sourcils et commença à parcourir la pièce de long en large. Hermione et Ron le regardaient sans rien dire, attendant qu'il leur dise le fond de sa pensée.
Cependant, cette fois-ci, il avait beau tourner et retourner le problème dans sa tête, il ne parvenait pas à comprendre par quel bout il devait prendre ces événements. Il se décida finalement à expliquer ce qu'il ressentait, doutant que cela puisse les mener quelque part.
« Je ne comprend pas... Hermione, Ron, Ginny, je suis persuadé qu'il s'agit de l'un des coups bas de Voldemort. Ron, arrête un peu! Je disais donc... Là dessus, je n'ai presque aucun doute. Mais je ne comprends pas ce qu'il fait. Parce que... Si on y réfléchit, l'école est en quarantaine. Donc... Nous allons tous être enfermés ici. Malefoy père ne nous à pas prévenu, donc personne ne pouvait décider de partir avant... Et donc tous les enfants de sang pur sont susceptibles de contracter la maladie. Mais ceux qui sont nés de parents moldus ne meurent pas. Ils sont juste malades... J'aurai pensé que son plan irait plutôt dans l'autre sens. Vers la destruction des nés moldus.
- Il y a peut-être eu une erreur, une faille dans son plan. Suggéra Hermione avec espoir.
- Non je ne pense pas... Je ne vois pas comment il aurait pu faire une erreur. Il est trop méthodique dans chaque chose qu'il fait. Et il a dû s'assurer que ce qu'il faisait se passerait dans les règles de l'art ! Sinon il n'aurait pas pris ce risque. Nota Harry en fronçant un peu plus les sourcils.
- Surtout que d'après ce que j'ai cru comprendre lors du discours de Dumbledore... une fille de Serpentard. Bullstrode c'est ça ? Est tombée malade, argumenta Ginny. C'est sûrement la fille d'un mangemort... Enfin, ce nom me dit quelque chose. Donc les enfants de mangemorts ne sont pas immunisés non plus... C'est à n'y rien comprendre... Quand je pense que certains d'entre eux sont déjà enrôlés... Pourquoi il aurait envie de supprimer sa propre armée ?
- On pourrait peut-être s'assurer qu'elle est vraiment malade en lui rendant une petite visite impromptue à l'infirmerie, avant d'avancer des choses de manière trop hâtive ? Proposa Harry, hésitant.
- Harry... Hermione hésita un instant. Je crois que tu as raison. C'est une bonne idée. Mais... Il doit y avoir quelque chose là-dessous. C'est certain. Que va-t-on faire si elle est vraiment malade? Je n'arrive pas à comprendre non plus. J'ai lu des tas de bouquins et...
- Quoi qu'il se passe... Coupa Ron en prenant la parole pour la première fois depuis le début de la discussion, alors qu'il était devenu blême, je pense qu'on va tous y passer. »
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Poudlard, salle commune des Gryffondor.
Hermione était assise avec Harry et Ron près d'une fenêtre donnant sur le parc. Elle avait essayé de s'asseoir dans le fauteuil situé au coin du feu, mais il était déjà occupé par une fillette de première année aux grands yeux bleus. Hermione avait donc opté pour une chaise en bois qui lui donnait particulièrement mal au dos, mais elle n'y pensait que très peu et ne se rendait pas compte de la douleur. Depuis leur précédente discussion, elle était perdue dans ses pensées.
Elle jeta un coup d'œil à Ron, qui regardait le feu brûler dans la cheminée avec un regard empreint de désespoir. Ses yeux largement ouverts et emplis de peur lui donnaient un air illuminé. Harry, quant-à lui, tenait sa tête entre ses mains et cachait son visage.
Hermione sentit les larmes monter et lutta avec rage pour les empêcher de perler au coin de ses paupières. Elle trouvait cette situation tellement injuste pour Harry. Après tout, il n'avait rien demandé, il était né avec cette mission si lourde. Il devait subir son destin, et il faisait de son mieux pour le vivre et le combattre. Il supportait ce poids depuis tellement longtemps déjà qu'il était devenu une partie intégrante de sa vie, tout comme ces choses qu'ils vivaient au quotidien.
Ces gens qu'ils rencontraient... Ces cours de sorcellerie... Ces disputes...
Hermione avait mal au ventre. Elle venait de penser à Drago Malefoy. Elle se rendait compte qu'elle était sans doute en train de pactiser avec le diable, peut-être l'un de ces diables qui avait fait entrer la maladie dans Poudlard. Qui savait si ce n'était pas lui l'instigateur de toute cette pagaille ? Peut-être qu'il essayait de se rapprocher d'elle pour continuer ses méfaits... Pour les surveiller...?
Elle frissonna. Son regard se perdit un instant dehors. Les nuages moutonnaient tranquillement dans un ciel sombre. Le vent agitait doucement les quelques arbres qui s'étendaient autour de l'école de sorcellerie. Cela lui donna l'impression que le temps extérieur était aussi agité que l'ambiance qui régnait dans l'établissement.
Hermione soupira. Elle se dit qu'elle était en train de trahir son meilleur ami simplement pour son petit plaisir. Son ami qui portait une mission si difficile. Juste pour s'épargner une guerre de plus. Juste pour elle. Parce qu'il lui arrivait d'avoir envie de paix. L'effarement s'insinua en elle en même temps qu'une intense culpabilité. Elle mit quelque temps à prendre la décision. Elle y réfléchit de toute les manières possibles, mais il lui sembla que c'était la seule qui était vraiment valable. Elle devait aller voir Drago et lui dire qu'elle ne voulait plus lui parler. Ils ne pouvaient pas sympathiser. Ils pourraient simplement s'ignorer et ne plus s'insulter. Il lui semblait que ça pourrait être un bon compromis, une manière de contourner la guerre sans pour autant devenir les meilleurs amis du monde.
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Elle jeta un coup d'œil à sa montre moldue. Elle indiquait 16h. Elle avait encore une chance de croiser le jeune homme à la bibliothèque. Elle se racla la gorge puis fit un signe de la main en direction d'Harry. Ce dernier leva doucement la tête. De grands cernes noirs s'étalaient sous ses yeux. Hermione mima avec ses lèvres « je vais faire des recherches à la bibliothèque » s'en voulant de mentir une fois de plus. Harry hocha la tête d'un air contrit, puis lui fit un sourire crispé. Hermione se leva, chancelante, et attrapa son sac de sa main moite avant de se diriger tant bien que mal vers le portrait de la grosse dame.
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Poudlard, bibliothèque
Lorsqu'elle entra, elle eu l'impression que son estomac venait de faire tour sur lui-même. Elle chercha le Serpentard avec une toute l'intensité que lui permettait le virus et se promit de faire vite.
Elle ne tarda pas à découvrir l'endroit où il était installé. Comme s'il l'attendait. La stupidité de cette guerre, de cette histoire de sang lui sauta au visage. Elle eu envie de vomir. Elle détestait ceux qui avaient fait en sorte que leur vie devienne ce qu'elle était. Ceux qui avaient pourri ce monde et qui avaient réussit à se faire haïr des personnes qui, en apparence, n'étaient pas si différentes. Peut-être que les choses auraient pu être différentes. Elle savait qu'avec des « si » elle aurait pu refaire le monde. Mais elle n'arrivait pas à penser à autre chose. S'en était presque devenu une obsession.
Elle savait qu'elle ne pouvait pas trahir Harry. Pas après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble, pas après tout ce qu'il faisait pour essayer de les faire vivre dans un monde meilleur. Ce fut bien la première fois qu'Hermione Granger fut confrontée à un tel cas de conscience, qu'elle lutta autant contre ce qui semblait être la voix de la raison. Parce qu'elle entendait quelque chose au fond d'elle qui semblait s'appeler la voix du cœur, de l'amour, de l'amitié. Quelque chose qui lui disait qu'elle ne faisait pas une mauvaise chose en parlant au Serpentard. Elle secoua la tête et eu envie de rire. Quelle idée ! De toute façon Drago était tel qu'il était et ne risquait pas de changer ! Il resterait le petit crétin arrogant qu'il avait toujours été. Il continuerait à l'insulter quoi qu'ils fassent parce qu'elle serait toujours impure à ses yeux. Un tel sacrifice n'était pas nécessaire. Harry était bien plus important que ça.
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Elle s'avança vers lui, essayant de faire taire l'appréhension qui tordait son ventre. Il leva les yeux vers elle dès qu'il l'entendit marcher, bien que sa démarche fût légère. Son regard glacé et hautain conforta Hermione dans sa décision lorsque leurs yeux se rencontrèrent. Elle inspira un grand coup, ce qui eu pour effet de la faire tousser. Elle reprit ses esprits et risqua un nouveau regard vers le jeune homme. Drago la regarda, impassible, tandis qu'elle restait debout, cherchant ses mots.
« Tu t'assoies par Granger ? » Finit-il par demander d'un air narquois, un sourcil relevé. Elle eu presque l'impression qu'il lui proposait de prendre place à coté de lui, et du faire un effort considérable pour se mettre dans la tête que ce n'était que l'une de ses capacités de déstabilisation qui était mise en œuvre.
« En fait... Euh...Malefoy... Je pense qu'on devrait en rester là. Je ne vais pas m'asseoir maintenant. Jamais en fait. Je ne devrai plus m'assoir ici. C'était une erreur. Harry et Ron... Je ne peux pas les trahir, ils me font confiance, ce sont mes amis. Je sais que tu me verras toujours de la même manière, que tu me parleras toujours comme tu le faisais et que ça ne peut pas changer. J'aurai fait un effort dans d'autres circonstances, mais mon ami à besoin de moi. C'était stupide de te demander tout ça... Toi et moi finalement on ne se connait pas tellement et... Voilà, je pense qu'il vaut mieux que je parte. »
Et elle fit demi-tour. Elle ne savait pas ce qu'il pensait, elle ne voulait pas savoir. Elle essaya de ne pas penser à ce qu'il pourrait dire pour la faire changer d'avis. Elle voulait jeter un regard en arrière mais se retint pour ne pas le faire.
Ne pas penser ce que notre amitié aurait pu être.
Ne pas chercher un sentiment dans ses yeux, il est complétement vide.
Ne pas penser qu'il est sans doute capable d'être amusant.
Ne pas lui sourire.
Ne plus réfléchir.
Elle voulait simplement s'éloigner le plus rapidement possible. C'était idiot. Ils n'auraient jamais pu être amis, ils étaient trop différents. Elle n'aurait jamais pu le comprendre. Il n'aurait jamais pu la comprendre. Hermione franchit la porte en frissonnant et se dépêcha de rejoindre sa salle commune.
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Poudlard, Salle commune des Gryffondor.
Hermione arriva en toussant bruyamment devant le portrait de la grosse dame. Sa vision se troubla un instant. Elle avait marché très vite et sa respiration était devenue rauque. Elle avait mal quelque part dans sa poitrine et se dit que ses poumons avaient dû en prendre en coup. Ses cheveux emmêlés qu'elle n'avait pas pris la peine de coiffer tombaient devant ses yeux en une masse informe et elle se dit qu'elle avait dû offrir un drôle de spectacle à Drago. La grosse dame lui jeta un regard désolé avant de lui demander le mot de passe d'un ton jovial. Hermione essaya de reprendre son souffle et s'appuya quelques instants à proximité du tableau. Elle prononça d'une voix éraillée « Protego ». Le tableau pivota alors rapidement, laissant la chaleur qui émanait de la pièce atteindre la jeune fille.
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Elle se faufila rapidement dans l'interstice et se dirigea aussi rapidement qu'elle le pouvait jusqu'à Harry et Ron, assis autour de la même table. Harry était à présent penché sur son devoir de potion, et Ron avait les sourcils froncés, concentré sur son cours de défense contre les forces du mal.
Hermione s'assit avec violence sur le siège le plus proche d'Harry puis entrepris de sortir un certain nombre de parchemins de son sac qu'elle étala rapidement devant elle. Elle était en train de farfouiller dans ses affaires à la recherche d'une plume quand Harry releva la tête de son devoir de potion.
« Tu as trouvé ce que tu voulais Hermione ? » Lui demanda-t-il en forçant un sourire crispé qui s'étala sur son visage. Hermione se força à ne pas bondir sur sa chaise. Elle aurait du faire une recherche rapide pour justifier son absence, mais elle avait eu tellement envie de partir après les mots qu'elle avait échangés avec Drago qu'elle n'y avait plus pensé.
« Euh... Non. J'ai cherché pour les potions, mais je n'ai pas trouvé le livre que je voulais. »
Elle baissa son nez sur son parchemin, honteuse. Elle détestait mentir.
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Harry, Ron et Hermione avait une masse de travail plutôt impressionnante. Ils décidèrent d'un commun accord de faire abstraction de l'ambiance morbide qui régnait dans l'école et de se mettre au travail. Ils passèrent donc quatre longues heures à potasser. Ils avaient prévu de sauter le repas du soir et l'idée d'être confrontés aux élèves effarés de la grande salle ne leur manquait pas trop.
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Vers 21h30, une masse de cheveux roux plutôt impressionnante déboula dans leur direction. Ginny arriva devant eux en fronçant les sourcils et déposa du pain et des gâteaux sur leurs parchemins. « Vous ne croyiez tout de même pas que vous alliez vous en tirer à si bon compte ? » Souffla-t-elle en leur dévoilant une rangée de dents blanches d'un ton sans appel. Elle n'attendait pas réellement de réponse.
Harry redoubla d'attention et fixa les quelques mots qu'il avait écrit sur son parchemin jusqu'à ce que les lettres se mettent à danser dangereusement devant ses yeux. Hermione et Ron se contentèrent de la regarder d'un air complètement ahuri. Le rouquin loucha cependant sur les gâteaux et finit par en prendre un pour mordre dedans à belles dents.
« Pfou, tout le monde est complètement déprimé en bas » Articula Ginny avec une moue enfantine en agitant la tête de gauche à droite, faisant voler ses cheveux autour de son visage. Voyant que personne ne lui répondait, elle prit une chaise pour s'installer à la table du trio et entreprit de manger la mie du pain qui se trouvait devant elle.
« Hermione, dit-elle plus sérieusement, la bouche pleine de nourriture, j'ai été voir Lavande à l'infirmerie tout à l'heure. Je lui ai parlé, je ne sais pas si elle peut m'entendre. En tout cas, elle n'a eu aucune réaction... Je ne voulais pas trop en parler avec Madame Pomfresh parce que j'avais peur qu'elle me dise quelque chose de mauvais, mais je n'ai pas pu m'empêcher de lui demander comment elle allait. Elle m'a dit que les médicomages avaient fait tout ce qu'ils pouvaient. Ils disent qu'ils ne peuvent rien faire et qu'elle va sans doute... Mourir. »
Hermione tourna la tête vers Ginny d'un air désespéré. La nouvelle était tombée comme un couperet. Bien sûr, il semblait que c'était inévitable. Mais elle refusait tant cette éventualité que cela lui paru être impossible. Elle ignorait comment elle devait réagir.
Cette situation avait le don de faire de la peine à tout le monde. Elle réprima un frisson d'angoisse et essaya de se concentrer sur son parchemin pour faire taire le mal de ventre qui grandissait à nouveau en elle. Elle tenta de se dire qu'elle n'y pouvait plus rien pour l'instant. Elle avait fait un certain nombre de recherches qui n'avaient pas aboutit et ne savait plus par quel bout prendre les choses. Cependant, en tournant le regard, elle croisa celui de Ron. Ses oreilles avaient prit une délicate teinte rougeoyante et il la fixait d'un air mauvais. L'attitude étonnée qu'elle afficha termina de le mettre en colère et il se leva d'un coup, renversant l'encre d'Harry sur les genoux de Ginny. Il ne s'en soucia absolument pas et se mit à hurler.
« Tout ça c'est ta faute ! Cette fille n'avait rien demandé, elle était gentille ! Je m'entendais bien avec elle, elle n'avait rien à voir avec toutes ces histoires de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, et toi, avec ta manie de toujours toucher les gens quand ils n'en ont pas envie, t'as fait gaffe à rien, t'as pas mis les gants ! Tu...
- RONALD WEASLEY ! Cria Ginny avec une intonation digne de Molly. Comment oses-tu ?
- Comment peux-tu me dire ça et prétendre avoir été mon ami ! J'ai toujours fait attention depuis que je sais que le virus peut-être mortel ! Je n'ai jamais voulu faire de mal à personne ! Je ne peux pas croire ce que tu es en train de me dire ! Je ne peux pas croire que c'est ce que tu penses, tonna Hermione à son tour. Son visage était rouge et elle haletait sous l'effet de l'effort que cela lui procurait.
- Parce que tu ne fais attention ! C'est faux, c'est complètement faux ! Il y en a d'autres qui sont malades et qui font attention, qui ne touchent personne, mais toi tu fais comme si tu t'en fichais, tu... »
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Harry venait de se lever et de taper à son tour sur la table. Il jeta un regard qui en disait long à Ron puis se tourna vers Hermione. Il ouvrit la bouche, s'apprêtant à dire quelque chose. Puis Hermione lut dans son regard qu'il était à bout et qu'il bouillait de colère. Il se ravisa, et sans un mot, il monta dans son dortoir.
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Hermione se tourna à son tour vers Ron. Ses joues étaient rouges de colère. Elle voulu faire un geste dans sa direction mais Ginny la devança en assénant une gifle magistrale à son frère. Ron regarda sa sœur d'un air sonné puis jeta un regard empreint de mépris à Hermione. Elle aurait voulu lui répondre quelque chose, mais elle ne réussit qu'à tourner les talons, entendant en fond les voix de Ginny et de Ron qui se disputaient.
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Hermione se demanda si elle pourrait un jour être de nouveau amie avec Ron. Elle voulait faire un effort pour que tout se passe bien entre eux, pour que leur légendaire trio ne se rompe pas. Elle avait fait de son mieux.
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Mais cette maladie avait tout foutu en l'air. Elle avait révélé des choses qu'elle aurait préféré ne jamais voir et ne jamais vivre. Peut-être qu'elle ne se serait jamais disputée avec Ron, peut-être qu'elle aurait finit par faire la paix avec cet immonde cafard de Drago Malefoy, peut-être qu'elle aurait pu travailler à la hauteur de ses capacités, peut-être qu'elle aurait pu marcher dix minutes sans avoir des vertiges, peut-être que tous ces élèves se seraient pas morts ou malades. Par sa faute.
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Puis, d'un seul coup, ce qu'elle refoulait depuis un moment déjà fut imposant, lourd, pesant. Ses yeux se remplirent de larmes silencieuses contre lesquelles elle lutta pendant de nombreuses secondes. Enfin, brusquement, tout son courage de Gryffondor disparut et elle fut secouée de sanglots. Elle détestait pleurer, elle détestait laisser ses émotions prendre le dessus sur sa raison. Mais là, elle n'avait plus le choix. Son esprit était accaparé, complètement obsédé par toutes ces choses qui changeaient sa vie sans qu'elle y puisse quoi que se soit.
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Elle s'était enfuie de la salle commune et errait à présent au hasard dans les couloirs. Elle avait essayé de courir mais n'avait pas réussit. Ses jambes flageolantes avaient refusé de lui obéir et elle avait du se résoudre à marcher à grande vitesse. Arrivée dans un couloir qu'elle n'identifia pas, Hermione se laissa tomber le long du mur. Sa gorge la faisait énormément souffrir à chaque fois qu'elle émettait le moindre son, sa tête lui faisait mal et elle tremblait de tous ses membres. Son dos devint rapidement douloureux à mesure qu'elle s'appuyait contre la pierre froide du mur et des courbatures se firent sentir, mais elle ne pouvait pas arrêter. Elle avait l'impression que ses larmes ne pouvaient plus se tarir, qu'elle avait accumulé trop de souffrance et trop de tristesse et que la seule manière de guérir de tout cela était de pleurer sans discontinuer.
Elle se disait que, peut-être, toute la frustration, la colère, la haine, la tristesse et la douleur qu'elle ressentait finiraient pas disparaître et couleraient sur ses joues en même temps que ces fichues larmes.
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Néanmoins, Hermione n'avait pas beaucoup de chance. Et c'est pour cette raison que c'est la dernière personne qu'elle avait envie de voir qui la trouva, en train de déverser toute l'eau de son corps. Seulement, dans son malheur, elle avait une chance inouïe. Parce que Drago Malefoy était seul.
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