Chapitre 28
Diamond,
Le Moulin Rouge apparaît enfin, ses lumières rouges éclatantes illuminant la nuit. Le chauffeur se gare près de l'entrée, et je sens mon estomac se nouer. Je me force à respirer profondément avant de sortir de la voiture, serrant la lettre dans ma main comme un ultime lien avec Morgan.
Je jette un coup d'œil autour de moi, cherchant désespérément une silhouette familière, mais tout ce que je vois, ce sont des gardes, des agents de sécurité, et quelques personnes élégamment vêtues, venues profiter de la soirée. Mon père se tient un peu à l'écart, droit et imposant, comme toujours. À ses côtés, je reconnais ma mère, son visage tendu trahissant l'ennui qu'elle ressent constamment.
Ils n'ont pas encore remarqué ma présence, alors je prends une seconde pour me ressaisir. Je m'avance vers eux, essayant d'afficher un sourire rassurant, mais je n'arrive qu'à produire une grimace crispée. Mon chauffeur s'approche et m'annonce. Mon père lui tend à contre-cœur une valise noire et alors je comprends.
— Je vous souhaite de bonnes retrouvailles avec votre famille mademoiselle, me lâche le chauffeur plus lourd d'un million d'euros.
Et s'en va d'un pas pressé.
Tout ceci n'était qu'un simple accord commercial. L'idée d'être traitée comme une transaction me révulse. Pas Morgan. Il n'aurait pas osé. C'est ça, tout ce que je vaux à leurs yeux ? Un échange d'argent pour garantir ma sécurité et clore cette affaire ?
Ma mère s'approche de moi, j'ai envie de la prendre dans mes bras, mais c'est une chose que nous n'avons jamais faite. Mon père reste en retrait, la mâchoire serrée, mais je vois bien qu'il est soulagé de me revoir. Je le regarde, prête à recevoir une de ses remarques acides, mais rien ne vient. Juste un hochement de tête, comme s'il m'accordait enfin une trêve.
Mais alors que je suis sur le point de leur dire quelque chose, un mouvement rapide attire mon attention. Un homme, grand et athlétique, surgit de nulle part et attrape mon sac à main. Par réflexe, je resserre ma prise sur la bandoulière, refusant de le lâcher. Mon cœur s'emballe. J'entends mes parents criaient quelques ordres. La sécurité s'approcher rapidement.
— Lâche ça ! crie l'homme en tirant plus fort.
Je fronce les sourcils, essayant de comprendre pourquoi il tient tant à ce sac. Puis je le reconnais.
Morgan.
— Morgan ?! Qu'est-ce que tu fais ?! je hurle, incapable de masquer ma surprise.
— Lâche ce sac, Diamond ! LACHE-LE !
Il semble désespéré, son regard un mélange de panique et de détermination. Je comprends soudain, juste à temps. Je relâche ma prise, et il court vers la porte de sortie, slalomant entre la foule, avant de balancer le sac d'un geste violent.
— Tout le monde à terre !
Le souffle me projette en arrière, les oreilles bourdonnantes. Tout se passe en une fraction de seconde : des cris, la fumée, les lumières qui vacillent. Les gardes du corps de mon père jaillissent de partout, encerclant Morgan en un éclair. Mais il ne bouge pas, les mains levées en signe de reddition, un sourire en coin malgré la situation chaotique.
Avant que je puisse dire quoi que ce soit, il s'avance vers moi. Les gardes essaient de l'arrêter, mais il est plus rapide. Il me prend par la taille et m'embrasse. C'est un baiser furieux, désespéré, comme s'il voulait graver ce moment dans ma mémoire à tout jamais. Je ne réfléchis plus, je lui rends son baiser avec toute la passion que j'ai accumulée ces derniers jours. Tout autour de nous disparaît.
Quand il se détache, son sourire ironique est toujours là.
— Désolé, c'est pas vraiment le baiser à la Spider-Man, mais c'est tout ce que je peux faire avec cette situation de merde.
Je laisse échapper un rire nerveux malgré la tension.
— Je ne comprends pas, ta lettre ? je réplique, les yeux encore brillants par ce baiser.
Il tâtonne ses poches et en sort une petite enveloppe.
— Je ne t'ai encore jamais donné de lettre.
Mais avant que je puisse dire autre chose, les gardes le plaquent au sol, l'immobilisant avec une brutalité qui me fait sursauter. Je hurle, essayant de m'interposer, mais ma mère me retient, sa main serrée sur mon bras.
— Ne t'approche pas ! crie mon père. Cet homme est un danger public !
— Vous ne comprenez rien ! Il m'a sauvée !
Mais personne n'écoute. Morgan est emporté, son regard accroché au mien jusqu'à ce que la foule nous sépare. Les larmes que je contenais éclatent enfin, brouillant ma vision. Mon cœur se brise en un million de morceaux.
Dans la confusion qui suit, je suis conduite à l'écart, mais mon esprit reste fixé sur lui. Le goût de son baiser, la chaleur de son étreinte, la dernière étincelle de ce que nous étions. Le vide qu'il laisse derrière lui est insupportable.
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