Chapitre 27
Diamond,
Je suis plongée dans un demi-sommeil, bercée par le ronronnement régulier de la voiture qui file à travers la nuit. Mes paupières sont lourdes, mes pensées floues. Tout semble irréel, comme si je flottais entre deux mondes. C'est une évidence, j'ai été drogué. La douceur du cuir sous mes doigts contraste avec la froideur des émotions qui tourbillonnent en moi. Le parfum léger de mon propre parfum, une touche de jasmin et de vanille, me ramène un instant à la réalité.
— Où m'emmenez-vous ?
— C'est fini, je vous ramène à vos parents. M'explique gentiment le conducteur. Vous avez une lettre dans votre sac à main, de la part de Morgan.
— Morgan ?
Mon sac à main ? Je tâte le cuir de la banquette arrière. Je porte une robe de soirée rouge, fluide et élégante, que je ne me souviens pas avoir enfilé. La coupe épouse parfaitement ma silhouette. Ses sequins scintillent faiblement dans la lumière tamisée de l'habitacle, chaque mouvement projetant des reflets rouge sang autour de moi. Je jette un coup d'œil au fameux sac à main, il est posé sur mes genoux. Un accessoire de satin rouge orné de petites pierres brillantes. Il est lourd, trop lourd pour son apparence délicate. Mais ce n'est pas ce qui pèse le plus. À l'intérieur, bien cachée entre un tube de rouge à lèvres et un téléphone éteint, se trouve la lettre de Morgan.
Je ne suis pas sûre de vouloir l'ouvrir. Je sens le papier sous mes doigts, froissé, comme si lui-même avait hésité en l'écrivant. Mais l'angoisse me ronge, la peur de ce qu'il pourrait y avoir écrit.
Je prends une profonde inspiration, mes mains tremblantes alors que je tire délicatement la lettre de mon sac. Le papier est plié en quatre. Mon cœur bat plus vite à chaque seconde, comme s'il pressentait ce que je m'apprête à découvrir. Je déplie lentement la lettre, et les mots tracés à l'encre noire me frappent comme une lame froide. Je commence à lire :
Diamond,
C'est fini. Tu es en sécurité maintenant, et c'est mieux ainsi. Ton père a été mis au courant, tout est arrangé. Le chauffeur qui t'accompagne te conduira au Moulin Rouge, où il te remettra à ta famille.
J'aurais aimé te dire que j'ai réussi à tout arranger pour que tu restes à l'écart de tout ça, mais la vérité, c'est que j'ai échoué. La vie que je mène est trop dangereuse, pour toi comme pour moi. J'ai voulu jouer les héros, mais je réalise maintenant que je ne peux pas te protéger de ce monde en restant près de toi.
Ne te fais plus de soucis pour moi. J'ai pris ma décision, et je compte m'éloigner définitivement de cette vie. Je vais partir, loin de tout ça, pour te donner enfin la tranquillité que tu mérites. Retourne auprès de tes parents. Ils pourront veiller sur toi bien mieux que je ne l'ai fait.
Je te souhaite sincèrement une belle vie, avec Justin ou avec qui tu choisiras. Tu mérites d'être heureuse, loin des ombres qui me poursuivent.
Adieu,
Morgan
Je reste figée, les mots dansant devant mes yeux. Un sentiment de vide immense s'installe en moi, un gouffre sans fond où résonne l'écho des mots de Morgan. Il part. Il m'abandonne pour de bon, me renvoyant à une vie que je ne suis même plus sûre de vouloir. Mon esprit s'embrouille, incapable d'absorber cette réalité.
La voiture continue de rouler en silence, le paysage parisien défilant par la fenêtre comme une scène floue. Je serre la lettre dans ma main, les jointures blanches sous la pression. Mes émotions se mélangent : colère, tristesse, frustration. Pourquoi maintenant ? Pourquoi me jeter dans les bras de ma famille alors que tout ce que je voulais, c'était être avec lui, affronter les risques ensemble ? Une famille qui ne peut pas m'apporter ce que je souhaite, me sentir aimé.
Le chauffeur me jette un coup d'œil dans le rétroviseur.
— Vous allez bien, mademoiselle ? Nous arrivons bientôt au Moulin Rouge. Votre père est déjà sur place, comme convenu.
Je serre les dents et ferme les yeux un instant, essayant de refouler les larmes. Mais c'est inutile. Je suis fatiguée, épuisée par cette lutte constante entre mes désirs et la réalité qui s'impose à moi. Mes pensées reviennent inévitablement à Morgan, à ce que nous aurions pu être, à ce que nous avons perdu.
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