Chapitre 24

Diamond,

Peut-on un jour s'habituer à se faire kidnapper ?

Je me pose sérieusement la question. Après tout, c'est la deuxième fois en un temps record que je me retrouve ligotée dans une situation où ma vie ne dépend que des caprices de mecs louches. Il y a des jours où je me dis que mon destin est un mauvais scénario... avec un budget clairement insuffisant pour un happy ending.

Et là, je dois avouer... j'ai peur. Sans le sérum, cette foutue confiance en moi, cette impression d'être indestructible, s'est évaporée. Et puis, plus que tout, j'ai peur pour ce crétin de Morgan.

Je n'arrête pas de revoir son corps étendu sur le sol, inconscient ou pire. J'ai beau détester la manière dont il me mène en bateau, il faut croire que je me suis attachée à cet abruti. Ironique, non ? Moi qui ai passé des années à me persuader que l'amour, c'était pour les faibles. Maintenant, je suis ici, à prier pour qu'il soit en vie, qu'il vienne me chercher... et me kidnappe à nouveau.
C'est complètement tordu.

Je me souviens encore des détails de l'enlèvement. Ce moment où tout a basculé. On aurait pu croire qu'après un premier kidnapping, je serais plus préparée à un deuxième round.
Eh bien, non.

La panique s'installe, la peur se mélange à la colère, et soudain, vous êtes à nouveau cette petite chose vulnérable que vous pensiez avoir enterrée il y a des années.

Quand ils m'ont arrachée de ma chambre en pleine nuit, j'ai d'abord cru à un cauchemar. Mais les visages menaçants de ces types, leurs mains rudes, et cette odeur âcre de tabac froid et de sueur m'ont vite rappelé à la réalité. J'aurais aimé me débattre, crier, me battre comme une héroïne badass de film, mais la vérité, c'est que j'étais pétrifiée. Et tout ce qui est sorti de ma bouche, c'était un cri étouffé de terreur.

Puis, je me suis retrouvée ici, chez Mills. Ce nom que Morgan déteste tant, et qui, désormais, me glace le sang.

Les lieux sont exactement ce à quoi je m'attendais d'un gars comme Mills : une petite villa, terriblement impersonnelle, comme si l'argent avait été dépensé sans vraiment savoir comment.

Les murs sont blancs, les meubles sont noirs. Et puis, il y a cette grande baie vitrée qui donne sur un jardin impeccablement entretenu, à croire qu'il a été conçu uniquement pour être admiré, jamais utilisé. Tout est trop propre, trop bien rangé, et ça me met mal à l'aise. Si pour Mills tout cela est luxe, je l'inviterai volontiers chez les Perfines, enfin s'il n'était pas le genre de type à me donner la gerbe.

Mills, quant à lui, est exactement comme je l'avais imaginé. Un homme dans la quarantaine, bien habillé, avec cet air suffisant de celui qui croit que le monde entier devrait lui être redevable. Il essaie d'être aimable, de jouer les gentlemen, mais son arrogance transpire à chaque mot.

On m'assoit sur un sofa en cuir et me propose toute sorte de boissons. Mais je n'ai aucune confiance. Je ne souhaite qu'une chose, qu'il abatte ses cartes au plus vite pour savoir à quelle sauce je serai dégustée ce soir.

— Tout est fini, mademoiselle Perfine. Tu vas enfin rentrer chez toi et retrouver ta vie dorée. 

Et il dit ça avec un sourire, comme si c'était la meilleure nouvelle du monde. Je le fixe, incrédule. Sérieusement ? Il m'enlève pour ensuite me dire qu'il va me renvoyer chez moi comme si de rien n'était ? Quel est le plan ici, exactement ?

Je décide de répondre avec un sarcasme que je peine à dissimuler :

— Oh, vraiment ? Alors tout ça n'était qu'un petit détour pittoresque avant de rentrer dans mon manoir ? Un service de kidnapping porte-à-porte ? Un tour de manège ? Vous vous prenez pour mon sauveur ? Vous pensez que mon père va vous attendre gentiment des valises de billets au bout de chaque bras ? Je réfléchis sérieusement deux minutes : Oui c'est certainement ce qu'il fera enfait.

Mais je me souviens que Mills avait aussi des intérêts concernant le labo Weis. IL le déteste lui aussi. Surement pas autant que Morgan. Surement que ses ambitions de devenir riche sont finalement plus importantes que tout le reste.

Je le regarde, essayant de lire derrière son sourire suffisant. Est-ce qu'il a vraiment abandonné l'idée de faire tomber le laboratoire, ou est-ce juste une façade pour m'embrouiller ?

Je me torture l'esprit avec toutes ces questions, mais une chose reste claire : je ne veux pas rentrer chez moi. Ce sentiment me surprend, me dérange même. Avant tout ça, j'aurais tout donné pour retrouver ma vie de luxe, ma routine superficielle et sans complications. Mais aujourd'hui, l'idée de retourner à cette existence vide me terrifie presque autant que Mills. Maintenant que je sais l'effet qu'a le sérum sur mon corps. Je préfère vivre le temps qu'il me reste intensément.

Morgan avait raison, d'une certaine manière. Ce n'est pas l'argent qui compte, c'est ce que l'on fait avec sa vie. Et pour la première fois, je réalise que je n'ai aucune envie de redevenir cette marionnette contrôlée par les désirs de mon père.

Mills pense qu'il peut me manipuler avec la promesse d'un retour à ma vie d'avant. Mais il sous-estime ce que j'ai appris, ce que j'ai vécu. Je ne suis plus la même Diamond Perfine.

— Qu'en est-il de Morgan et de Prince ? J'ose enfin demander, cette question qui me brulait les lèvres.

— Mort ou vif, peu importe. Quand tu seras de retour chez toi et que ton père saura l'identité de tes ravisseurs. Que je t'ai sauvé des griffes du dernier Weis, je ne parierais pas très cher de leur peau, n'ai crainte.

Évidement, Mills pense que je déteste Morgan.

S'il savait.

En réalité, c'était le cas un peu plus tôt dans la soirée. Mais j'ai les humeurs légèrement changeantes depuis que je ne suis plus sous le sérum.

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