Chapitre 23

Morgan,

Je ne sais pas exactement à quel moment j'ai perdu la tête, mais me voilà, un stylo à la main, en train de griffonner une lettre. Et pourquoi ? Parce que je suis convaincu que "les femmes dans les films d'amour adorent les trucs à l'ancienne" Et Diamond aime ce qu'aiment les femmes dans les films d'amour. Sérieusement ? Une lettre ? Moi, Morgan, en train de composer une missive romantique ? Le monde est vraiment à l'envers. Ou cette femme me rend vraiment fou.

— Tu sais, c'est comme dans Lettres à Juliette, ce film où ils découvrent une lettre vieille de cinquante ans, et c'est ce qui reconnecte tout. Romantique à souhait, une vraie pépite pour une femme comme Diamond, dit Prince, tout sourire, en me tendant un modèle de lettre qu'il a probablement trouvé en fouillant sur des blogs douteux.

Je le fixe, incrédule. Lettres à Juliette ? Sérieusement ? Mais bon, je n'ai rien à perdre. Après tout, je ne suis pas exactement en terrain familier. Mon répertoire habituel tourne plutôt autour de la science-fiction. C'est Diamond qui a réveillé cette part enfouie en moi, cette part de romantisme que j'avais, sans même m'en rendre vraiment compte.

— Bon, ok. Mais tu m'aides, je ne veux pas passer pour un idiot. Encore moins pour un idiot avec des sentiments.

Prince éclate de rire.

— T'inquiète, mon vieux. Je vais t'apprendre l'art de la lettre d'amour. Commence par quelque chose de simple, mais sincère, tu sais, du genre : "Ma chère Diamond, je n'ai jamais voulu te mentir, ni te kidnapper d'ailleurs".

— Subtilité, quoi.

Je lui jette un regard noir. Il lève les mains en signe de reddition avant de me lancer un sourire moqueur. Je finis par m'asseoir et réfléchir à ce que je pourrais bien écrire. Les mots ne viennent pas facilement. J'ai l'impression de marcher dans un champ de mines émotionnel.

Après plusieurs tentatives ratées, où mes phrases sonnent plus comme des manuels d'instructions que comme des déclarations enflammées, je finis par poser le stylo.

— Franchement, c'est quoi ton obsession avec ces vieux films et poèmes ? On dirait que tu t'es tapé toute la filmographie romantique des années 2000 en une soirée, rétorque Prince.

— Peut-être bien, un sourire malicieux aux lèvres. Je ne te dis pas tout, mon gars. Et puis, tu ne te rends pas compte à quel point Diamond m'a changé.

Je soupire, reprends mon stylo, et décide finalement d'écrire quelque chose de moins cliché, plus personnel. Je m'ouvre, ce qui n'est pas dans mes habitudes. C'est étrange, presque effrayant, mais je veux qu'elle comprenne ce que je ressens. Malgré tout, malgré notre situation tordue, malgré qui je suis, j'ai envie qu'elle sache qu'elle compte. Que c'est la première fois depuis longtemps que je ressens quelque chose d'aussi réel moi aussi.

Je repose le stylo, presque essoufflé par l'effort que ça m'a demandé de sortir ces mots. Prince me tape sur l'épaule avec un sourire complice.

— Pas mal, pour un novice. Tu vois ? T'as ça en toi, il fallait juste creuser un peu.

Je hoche la tête, le laissant ranger la lettre avec une satisfaction non dissimulée. Je me lève, soulagé que ce moment embarrassant soit derrière moi. Mais alors que je me tourne pour quitter la pièce, un bruit sourd me fait stopper net.

Des cris. Étouffés, mais perçants, venant de l'extérieur. Mon cœur rate un battement. Ça ne présage rien de bon.

Je me rue dehors, Prince sur mes talons, et ce que je vois me glace le sang.

Diamond.

Elle se débat, encerclée par plusieurs hommes, une main plaquée contre sa bouche. Je m'élance vers eux, mais un coup violent à la tête m'envoie au sol.

La douleur explose dans mon crâne, ma vision se trouble. Je me redresse tant bien que mal, prêt à me battre, mais ils sont trop nombreux. L'un après l'autre, ils me frappent avec une brutalité froide et calculée.

Je peux à peine discerner les silhouettes autour de moi. Prince tente de s'interposer, mais il est rapidement maîtrisé, son corps projeté contre un mur avec une force inouïe. Tout devient flou. Je sens le goût métallique du sang dans ma bouche.

Diamond crie.

Prince s'évanouit au sol, roué de coup.

La dernière chose que je vois avant que l'obscurité ne m'engloutisse, c'est Diamond, emmenée de force, ses yeux emplis de terreur fixés sur moi. Mon corps s'effondre. Ma conscience vacille. Je me sens impuissant, brisé, tandis que le monde autour de moi s'éteint. Et je ne pense qu'à une chose.

J'ai la lettre dans ma poche. Il ne peut rien lui arriver de mal tant qu'elle ne sait pas ce que je ressens pour elle. Tant qu'elle ne m'aura pas pardonné.

C'est impossible.

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