Chapitre 22
Diamond,
Mon instinct me pousse vers la cave. Morgan m'a déjà dit que c'est là qu'ils avaient prévu de garder Justin. Ce simple détail m'obsède. Qu'auraient-ils fait de lui, ici ? Et s'ils avaient surtout voulu Justin pour lui soutirer des informations ? Le torturer même peut être ? J'ai certainement regardé trop de films pour penser ainsi,
Mais... eux aussi.
J'ouvre doucement la porte de la cave et descends les marches. L'atmosphère devient plus froide. Une lueur bleutée s'échappe de l'entrebâillement d'une porte au fond du couloir. J'hésite une seconde, puis pousse la porte. Elle cède dans un grincement réprobateur.
La pièce est plus grande que ce que j'imaginais. On dirait une sorte de centre de commandement ultra-moderne. Des ordinateurs, des écrans et des câbles enchevêtrés couvrent une grande partie du mur. Plusieurs claviers et moniteurs affichent des données qui défilent à toute vitesse, des graphiques incompréhensibles et des lignes de code. C'est ici que Morgan et Prince ont dû concevoir tout leur plan, piégeant chaque angle, calculant chaque variable. Tout ce qu'ils font, chaque mouvement, est contrôlé depuis cette pièce.
Mais ce n'est pas ça qui attire vraiment mon attention.
Au centre de la pièce, il y a une immense boîte en verre, une sorte de cage moderne. Elle est vide, mais son design est trop calculé pour être simplement décoratif. C'est une prison. Ses parois sont si transparentes qu'elles en deviennent presque invisibles. Ainsi, à l'intérieur, on aurait la sensation d'être exposé, vulnérable sous chaque regard. Il y a des chaînes fixées au sol, des sangles attachées à une chaise métallique. La froideur du lieu me donne des frissons.
Je m'approche lentement, posant ma main sur la surface glacée du verre. Cette boîte ressemble à une vitrine où l'on exposerait un spécimen. Était-ce vraiment ce qu'ils prévoyaient pour Justin ? Ou peut-être même pour moi, si les choses avaient tourné autrement ?
Je ressens une colère sourde monter en moi, mais elle est rapidement tempérée par quelque chose de plus étrange, de plus troublant : une sorte de compréhension. Peut-être qu'en fin de compte, Morgan n'a jamais su comment se défaire de tout ça, comment briser cette spirale dans laquelle il est né. Si c'est tout ce qu'il connaît, cette froideur, cette logique implacable, peut-être que son obsession pour ce plan est sa manière à lui de donner un sens à ce chaos.
En scrutant cette pièce, je réalise à quel point Morgan vit enfermé dans son propre monde, un univers fait de calculs, de prévisions et d'objectifs. Et moi dans le mien. Mais il est venu briser ma vitre, à moi de le lui rendre. Car à u milieu de tout ça, il y a une fissure, une faiblesse qu'il essaie de cacher.
Et cette faiblesse, c'est moi. J'en suis presque sûre.
Je recule de quelques pas et observe le bureau. Des piles de dossiers sont empilées avec un soin maniaque, des plans, des notes griffonnées à la hâte, des schémas. Entre deux tours, un vieux journal relié en cuir posé à l'écart, comme une relique.
Un vieux livre semble presque incongru dans cet environnement technologique. Sa couverture en cuir est usée, craquelée par le temps, et un symbole est gravé en relief, à peine visible. Pas de titre, rien qui indique ce que c'est au premier coup d'œil.
Je le prends délicatement, sentant la texture rugueuse du cuir sous mes doigts. Il est plus lourd que je ne l'aurais imaginé, comme s'il contenait un poids bien plus grand que celui de simples mots. Les pages sont jaunies, certaines cornent, d'autres tachées d'encre. Sur la tranche, les initiales "D.W." sont gravées discrètement, presque effacées.
Je l'ouvre à la première page, et une écriture dense, serrée, couvre chaque ligne. Les lettres penchent légèrement à droite, une écriture nerveuse, pressée. Quelques annotations sont griffonnées dans les marges, avec des dates inscrites de manière irrégulière. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre ce que j'ai entre les mains :
C'est le journal de David Weis.
Ce n'est pas un simple carnet de notes. On sent qu'il s'y dégage une obsession, une folie croissante au fil des pages. Le papier est parsemé de schémas compliqués, de calculs, de réflexions décousues. À certains endroits, l'écriture devient tremblante, les mots se chevauchent comme si le temps manquait à l'auteur pour tout consigner.
Ce carnet renferme peut-être des réponses, mais il est aussi un rappel glaçant : la quête de rédemption, chez les Weis, semble être une histoire sans fin, qui se transmet de génération en génération.
Je me retourne vers la cage de verre une dernière fois. Morgan, malgré tout son génie, est lui aussi enfermé dans une cage qu'il a construite lui-même.
Je décide de quitter la pièce. Morgan, un homme perdu, cherchant désespérément une sortie dans un labyrinthe qu'il a lui-même créé.
Le tout est de savoir si je suis prête à l'aider à en sortir... ou à m'y perdre avec lui.
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