Chapitre 13
Diamond
La voiture s'arrête devant un petit restaurant. Morgan en revient rapidement avec un sac en papier brun. La voiture reprend sa route dans l'obscurité, les phares éclairant la route déserte. Il fait nuit, la lune presque ronde éclaire la plage où nous finissons par nous arrêter. Le bruit des vagues et l'air salin remplissent mon espace.
Mes pieds s’enfoncent dans le sable frais. Morgan improvise un petit coin pour notre repas. Il étale sa veste à même le sol et m’invite à m’asseoir.
— On ferait mieux de manger tant que c’est chaud, dit-il en me tendant l’une des boîtes de nouilles bien chaude.
Nous entamons notre repas en silence, savourant les plats simples mais délicieux. Il y a quelque chose de réconfortant à manger sur la plage, loin de tout, sous la lumière de la lune. Le vent frais fait frémir ma peau, mais la nourriture chaude aide à compenser le froid. Le sable s’immisce sous mes vêtements, finalement c’est plutôt désagréable, alors je demande :
— Pourquoi la plage?
— Parce que c’est l’un des endroits les plus calmes où l’on peut juste... être soi, répond-il en haussant les épaules. Et je pensais que tu apprécierais le changement de décor.
Nous continuons à manger en silence, profitant de la simplicité du moment. Pour le dessert, il sort des petits biscuits.
— Ce sont des fortune cookies. On l'appelle aussi le gâteau de la chance, à l’intérieur il y a un message.
— Je connais, je ne suis pas totalement ignare.
— On ne sait jamais.
Je le laisse se moquer tandis que je m’empare de l’un de ces petits gâteaux.
— Voyons ce que nous réservent ces messages, dis-je en cassant mon biscuit.
Je déplie le petit morceau de papier et lis à voix haute :
— "Vous allez bientôt découvrir un nouveau talent."
Morgan éclate de rire.
— J’ai hâte de voir dans quel domaine autre que casse-pieds, tu excelles, commente-t-il en ouvrant son biscuit.
Très drôle. Évidemment, c'est ironique, il excelle bien plus que moi dans ce domaine. Cela dépend du point de vue.
— "Un bain de minuit avec quelqu'un de spécial est dans votre avenir proche," lit-il en riant. Ça tombe bien, c’est exactement ce que j’avais en tête.
Il me lance un regard malicieux.
— Ton nez s’allonge Pinocchio, montre-moi ça plutôt.
Alors que je tente de lui arracher le papier des mains, il se recule et je me retrouve à moitié affalée sur lui. Mais je n’en démords pas, je veux savoir.
— C’est beau la confiance, crache-t-il, le bras toujours en l’air.
Il me repousse doucement sur le sable et je le regarde s’éloigner avec son bout de papier.
— Si tu le veux vraiment, alors viens le récupérer.
Je regarde Morgan courir, ses vêtements tombant au fur et à mesure sur le sable. D'abord, sa chemise, révélant une musculature parfaitement sculptée, ses abdominaux se contractant sous la lumière argentée de la lune. Puis ses chaussures, qu'il enlève d'un geste rapide, et enfin son pantalon, qu'il laisse glisser le long de ses jambes athlétiques. Son sourire insouciant, presque enfantin, illumine son visage. Il se retourne brièvement, me lançant un regard de défi avant de continuer sa course. Je ne peux m'empêcher de le regarder, captivée par sa beauté brute et naturelle. Ses cheveux bruns, légèrement désordonnés par la course, brillent sous les rayons lunaires, et ses yeux verts semblent presque phosphorescents dans la pénombre. Il atteint la mer et s'arrête un instant, se tournant vers moi. Sa peau, illuminée par la lune, semble presque irréelle, comme si chaque contour de ses muscles était dessiné par la lumière argentée. Sa présence est magnétique, et je sens une chaleur inexplicable envahir mon corps. Une sensation trop intense, presque douloureuse.
Je reste là, à le contempler, le cœur battant plus fort à chaque seconde. L'eau l'enveloppe doucement, et il plonge sans hésitation, émergeant quelques instants plus tard avec un rire joyeux. Alors je retire mes chaussures et le rejoins doucement. Je trempe prudemment mes pieds dans l’eau. Elle est glaciale.
— L'eau est froide! protesté-je.
— Tu sais, en nageant, tu auras plus chaud, dit-il. En quelques brasses il me rejoint où nous avons pied : Et normalement, un bain de minuit se fait nu.
Je fixe l'étendue sombre devant moi, anxieuse. Je n'ai jamais nagé en plein air. Je le vois froncer des sourcils.
— Ne me dis pas que tu ne sais pas nager.
— Je te signale que j’ai plus l’habitude de me poser dans un jacuzzi que de m’agiter dans un grand bain, dis-je en soupirant. Évidemment que je ne sais pas nager.
Il s'arrête, me regarde un instant, puis revient vers moi. Avant que je puisse réagir, il m'attrape et me porte dans l'eau. Je sens son corps chaud contre le mien, contrastant avec l’eau froide.
— Morgan, tu viens encore de détruire l’une de mes robes, protesté-je.
— Dommage, celle-là je l’aimais bien, répond-il en souriant.
Il me tient fermement, ses bras musclés m'entourant. Je peux sentir la chaleur de son corps, la solidité de ses muscles. Mon cœur bat plus fort, et pas seulement à cause de l'eau froide enveloppant ma poitrine.
— Je te tiens, murmure-t-il. Fais-moi confiance.
— Jamais !
Et pourtant je me surprends à m'accrocher à lui, essayant de calmer mes tremblements. Il commence à me guider dans l'eau, me faisant doucement flotter. Je me sens étrangement en sécurité dans ses bras.
— Tu sais, dit-il doucement, apprendre à nager c’est un peu comme apprendre à faire confiance. Il faut lâcher prise.
Je le regarde, nos visages proches dans la lumière de la lune.
— Tu as toujours des leçons de vie pour tout, hein? dis-je en souriant faiblement.
— Juste pour toi, répond-il en riant.
Nous sommes proches, beaucoup trop proches. Je ferme les yeux et laisse mes lèvres s’aventurer sur sa mâchoire. Mon cœur bat dans mes tempes et la peur qu’il ne me repousse me retient d’aller plus loin, mais j’en meurs d’envie. Je sens ses mains remonter le long de mes cuisses comme une caresse, ma robe devient de plus en plus lourde et pour une fois, je souhaiterais tant le voir me la déchirer. Le monde extérieur semble s’évanouir, ne laissant que nous deux, la mer et la lune. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens vivante, libérée de mes doutes, même si ce n’est que pour un instant.
Morgan resserre son étreinte, la surprise de son érection contre mon ventre me fait doucement gémir. Sa main gauche glissant le long de ma colonne vertébrale, envoit des frissons agréables sur ma peau. Ses lèvres quittent mon cou pour se perdre jusque sur ma poitrine, et je m’accroche à ses épaules, mes doigts se nouant dans ses cheveux humides.
— Tu es incroyable, murmure-t-il, sa voix vibrante.
Je ne réponds pas, incapable de formuler une pensée cohérente alors que ses caresses éveillent des sensations enfouies depuis trop longtemps. Il m’embrasse à nouveau, avec une intensité qui me coupe le souffle. Je me laisse emporter, oubliant tout ce qui nous entoure, ne restant que dans cet instant partagé avec lui.
Il s’éloigne légèrement, nos visages à quelques centimètres l’un de l’autre, et je vois ses yeux brillants d’une lueur douce et passionnée. Il caresse doucement ma joue, et je sens ma respiration se calmer, bien que mon cœur continue de battre à un rythme effréné. Je m’approche pour l’embrasser, j’en veux plus, j’ai besoin de plus de lui. Mais je le sens reculer. Il sourit.
— Désolé ma belle, je n’embrasse jamais sans sentiment. C’est une règle.
Le désir retombe. Il peut me rejeter, m’humilier, moi, je n’ai pas d’autre choix que de rester accroché à lui sous peine de me noyer. C’est injuste.
— C’est dans Pretty Woman, m’explique-t-il tout sourire.
— Je sais, je l’ai vu. Mon ton se fait plus froid que je ne l’aurai voulu. Repose-moi s’il te plait.
— Je voudrais bien, mais je m’en voudrais de te voir couler.
Il nage doucement, en silence, jusqu'à la rive. Je sors furibonde, ma robe me colle comme une seconde peau. Je sens un jet d’eau m’atteindre en bas du dos. Je me retourne, Morgan ne semble pas prêt à sortir de l’eau.
— À quoi tu joues ? Je lui demande.
— Je construis du suspense.
— Alors on est encore dans tes foutus films?
— Tu te moques de moi ? C’est toi et ta fichue liste…
— Alors dis-moi, on rejoue la scène de quel film exactement ?
Il se redresse enfin et s’approche de moi.
— Time out, c’est une dystopie. Un très bon film si tu veux savoir, très inspirant.
Alors absolument rien n’est authentique. C’est comme avec le labo Weis avec son sérum. Rien n’a changé et ça me met hors de moi.
— Tais-toi, je lui demande. Je n’ai pas encore vu ce film et tu es carrément en train de me spoiler.
Je veux juste rentrer et ne plus entendre sa voix, ne plus penser à ses lèvres. Tout est nouveau pour moi. Les émotions m’envahissent trop intensément, je ne sais pas comment les gérer. J’ai tout le temps envie de pleurer ou… De lui sauter dessus. Pour l’étrangler bien évidement.
— De toute façon je ne comptais pas te laisser le voir.
— Tu crains que j’en fasse des cauchemars, ne t’inquiète pas pour mes nuits, le seul monstre qui puisse les troubler, je le tiens bien à distance sur le canapé.
Il me dépasse. À son passage, je sens cette caresse sur ma hanche, pourtant je sais qu’il ne m’a pas touché. Il ne le fera plus, j’y veillerais.
— Non, en réalité, je t’interdis de le regarder, car je ne voudrais pas que tu te spoiles la fin de notre propre film.
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