chap 36 - hello sadness.
~~ Crystal ~~
J'aimerais hurler, hurler jusqu'à m'en déchirer les cordes vocales, jusqu'à que mes poumons se vident complètement de leurs oxygène et que je me mette à suffoquer.
Je veux lui hurler de dégager, de repartir à Detroit, de m'oublier mais alors que j'essaye d'ouvrir la bouche pour exprimer toute ma colère, rien ne sort, comme si quelqu'un tenait ma gorge entre ses mains en la serrant de plus en plus fort.
-Je veux pas te voir. réussissais-je finalement à prononcer.
Les yeux habituellement si joyeux de Alicia s'assombrissent et se remplissent de larme. Il y a une époque, où rien que la voir dans cet état, me suffisait à courir dans ses bras et lui pardonnait peu importe ce qu'elle m'avait fait subir. Mais cette époque est révolu, je ne suis plus cette personne.
-Oh non pas de ça avec moi. m'énervais-je en avançant vers elle. Pas le coup des larmes, des excuses bidons parce c'est fini ! Ce comportement ça allait toujours que dans un sens, quand tu étais triste, je devais te réconforter mais tu ne l'a jamais fait pour moi.
-Crys, tu étais jamais triste.
-Bien sûr que si ! Mais je le montrais juste pas !
Je passe mes mains dans mes cheveux tout en soufflant, je tire sur quelques mèches de ma chevelure brune, essayant de trouver une sortie à cette conversation.
-Je devais tout le temps m'occuper de toi. Je devais sécher tes larmes à chaque fois que quelque chose dans ton petit monde n'allait pas. Tu te préoccupais que de toi sans jamais lever les yeux de ton petit nombril.
-Crys, je pense qu'elle a comprit. me dit Lucas dans mon dos.
Je me retourne vers lui et fronce les sourcils.
-Non, elle est loin d'avoir comprise.
Je refais face à Alicia.
-Comment tu sais que j'habitais ici ?
Elle baisse les yeux et je plisse les miens. Je sais que Alicia est une des personnes les plus obstinée que je connaisse. Quand elle veut quelque chose, elle ne recule devant rien pour l'avoir.
Je répète ma question, haussant un peu plus le ton de ma voix, espérant lui faire cracher la réponse, ce qu'elle ne tarde pas à faire en relevant le regard derrière moi. Je suis donc son regard et croise celui de Lucas qui baisse à son tour la tête.
-Ne me dis pas que c'est toi.
Le reste des personnes présentent se tourne vers lui.
-Crys. m'appelle Alicia. Ne lui en veut pas, j'ai insisté.
-Toi, fermes la ! hurlais-je envers mon ancienne meilleure amie.
-Crystal ! me reprend mon père.
Je souffle profondément, essayant de me calmer mais rien ne marche, j'essaye de serrer les poings, concentrant ma colère dans quelque chose mais rien, je suis toujours aussi énervé qu'avant et je sais que dans ces moments là, seule une bonne bière peut me relaxer. Je secoue la tête, voulant enlever ces mauvaises idées de mon esprit mais ma bouche se met à devenir pâteuse, comme si elle réclamait à boire mais je sais que ce n'est pas de l'eau qu'elle souhaite.
Mes papilles se mettent presque à brûler, ne voulant que se faire soulager par quelques gouttes d'alcool. Alors je m'approche difficilement de la table et attrape le premier verre d'eau que je bois d'une gorgée sous le regard de ma famille et amis.
Mais lorsque je repose mon verre, des tremblements se font sentir dans tout mon être, allant de mes doigts jusqu'à mes pieds, me demandant violence pour encore tenir debout.
-Crys ? s'inquiète la voix de mon père.
Je relève les yeux vers lui alors qu'il s'approche de moi.
-Tu vas bien ?
J'hoche frénétiquement la tête avant de reculer, j'avance vers l'entrée et attrape la première veste que je trouve. J'enfile rapidement mes chaussures et approche de la porte.
-Crystal, tu vas où ? demanda ma mère.
-J'ai besoin de sortir, c'est vital.
Alors je passe la porte et la ferme derrière moi, je prends une grande inspiration et laisse l'oxygène rentrer dans mes poumons, me donnant envie de prendre le plus d'air possible.
J'entends la porte derrière moi se rouvrir et prends mes jambes à mon cou, m'enfuyant sans remords de cette maison. Et alors que la voix de mon frère se fait de moins en moins forte, je ressens cette liberté qui m'avait manqué.
Au bout de plusieurs minutes de course intense, je m'arrête, à court d'énergie.
Je souffle, reprenant une respiration convenable en m'asseyant sur le premier banc que je trouve. Je passe mes mains dans mes poches essayant de me réchauffer mais y trouve quelque chose de bien plus intéressant. Je découvre mon paquet de cigarette ainsi que mon briquet qui finalement est celui de Arthur à qui j'ai oublié de lui rendre quelques jours auparavant.
Même si ce n'est pas conseillé dans mon cas, je met la cigarette entre mes lèvres et l'allume, prenant une grande bouffée de nicotine, infectant mes poumons. Je me met à tousser, mes organes ne supportant pas la fumée après ma course. Je tousse à plusieurs reprises avant de finalement retrouver une respiration normale. Et à ce moment là, je me sens bien.
Je suis seule, une cigarette à la main alors que je lève les yeux pour observer le ciel étoilé juste au dessus de moi. Je reste plusieurs dizaines de minutes, enchaînant les cigarettes jusqu'à que mon paquet soit vide.
-Tu en veux une ?
Je me fige en entendant sa voix et ferme les yeux, essayant de retenir mes larmes et les mots blessants qui menacent de sortir.
Alicia vient s'asseoir à côté de moi, alors qu'elle me tend son paquet de cigarette déjà ouvert. J'en prends une et l'allume donc, répétant le même schéma encore et encore.
-Je voulais pas te mettre dans cette situation, j'avais espéré que ce soit seulement entre toi et moi, sans spectateurs. m'avoue-t-elle.
Mon regard se perd dans le vide alors que ma tête bascule d'avant en arrière, comme si je ne maîtrisais plus rien.
-Je sais que je suis qu'un poids dans ta vie, je l'ai toujours su. Entre deux personnes, il y en a toujours une qui tire vers le haut et l'autre vers le bas. Sincèrement, pendant longtemps j'ai pensé que j'étais celle qui te tirait vers le haut, j'étais toujours positive et souriante alors que tu voyais souvent le verre à moitié vide. Mais lorsque je t'ai perdu, j'ai réalisé que c'était le contraire et que j'étais une bien meilleure personne grâce à toi.
Je me met à rire nerveusement.
-Ne t'en fais pas. Les rôles se sont inversés.
Je me tourne vers elle et croise ses yeux bleus.
-Après l'histoire de Evan, tout le monde savait que je n'étais que la méchante fille, la reine des salopes, celle qui se foutait de tout.
-Crys, ne dis pas ça.
-Laisses-moi finir.
Elle hoche la tête avant de pincer ses lèvres.
-J'ai eu ce surnom de reine des salopes alors que je n'avais rien fait alors j'ai décidé de devenir cette personne, la personne que tout le monde pensait que j'étais. Parce que j'étais fatigué de montrer aux autres qu'ils avaient tord, c'était moins éprouvant de leur faire croire qu'ils avaient raison. Et avec le temps, j'ai commencé à aimer ce personnage, j'étais froide alors personne ne m'approchait, ne s'asseyait à côté de moi et j'en étais heureuse. Et quand je suis arrivé à Seattle, je pensais que j'allais pouvoir garder ce personnage mais mon débile de frère à commençait à croire en moi et ça m'a fait du bien de me confier à lui et de pouvoir me reposer sur lui. Puis il y a eu Lucas, et maintenant j'apprends qu'il m'a poignardé dans le dos en te révélant mon adresse.
Je lui lance un dernier regard avant de refaire face à la circulation, des lampadaires et des passants marchants dans les rues.
-Lucas a fait ça parce qu'il tient à toi. Je lui ai dit que je devais savoir comment tu allais et il en a conclut que le mieux pour toi et moi était qu'on ai vrai conversation, comme celle là, sans hurler.
J'ose un léger sourire, mais il n'a rien de positif. J'en veut à Lucas, il savait à quel point Detroit était une page difficile à tourner pour moi et la seule chose qu'il est trouvé à faire est de ramener Detroit à Seattle. Je le déteste.
-Je veux bien parler avec toi. avouais-je finalement en me retournant vers elle. Mais je veux pas parler de Lucas.
Elle me lance un regard désolé avant d'avancer sa main vers moi mais je me recule, pas encore prête à lui accorder cette confiante qu'elle a déjà perdu.
-Il y a pas de soucis. dit-elle légèrement déçu. Alors de quoi est ce que tu veux parler ?
-On pourrait commencer par la partie où tu m'as complètement détruite.
-Si c'est ce que tu veux.
J'essaye de la faire craquer, j'essaye de la faire s'en aller, de m'abandonner encore une fois. Car d'un côté, je veux être seule mais de l'autre, une petite partie de moi la réclame à mes côtés.
-J'ai été la pire personne de l'univers à ce moment là et j'en suis consciente. Et après ça, j'ai eu du mal à me regarder dans un miroir.
Je retiens un rire moqueur.
-Peut être que tu as du mal à le croire mais c'est la vérité. Je me sens mal, vraiment. Il y a des fois où j'ai voulu venir vers toi mais lorsque tu prenais ton masque de fille sans cœur, j'avais peur de toi.
-Peur de moi ? surlignais-je soudainement sérieuse. Alicia, on se connait depuis toujours, ça faisait 10 ans qu'on était les meilleures amies du monde. Tu sais bien que je suis la fille la plus peureuse du monde, j'ai peur de tout et surtout de rien.
-Peut être mais tu savais pas ce que je ressentais à ce moment là.
Je me relève soudainement, ayant emmagasiner trop de rage pour rester assise et aussi calme.
-Et toi ? Tu savais peut être ce que je ressentais ?!
Elle se tait, bien sûr qu'elle se tait. Qu'est ce qu'elle pourrait répondre qui ne me mettrait pas plus en colère que ça ?
Alicia se relève à son tour et s'approche de moi alors que je plisse les yeux, alors que les larmes commencent déjà à couler le long de mes joues. Ses bras viennent soudainement encercler ma taille. J'aimerais pouvoir la repousser, lui dire que ce n'est pas aussi simple que ça mais j'en suis incapable.
C'est à ce moment là que je me rend compte que je ne suis qu'une personne faible, oui je suis faible. Les carapaces que je m'étais efforcé de maintenir en place viennent de s'effondrer en lambeaux.
J'ai besoin d'elle, seulement parce que je suis faible.
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Vous avez aimé ?
Alicia ?
Crys et Alicia ?
Crys et Lucas ?
Des théories pour la suite ?
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