chap 25 - not alone.
~~ Lucas ~~
-Ton ancien lycée, tes camarades, c'est à cause d'eux ?
Elle secoue la tête négativement alors que je fronce les sourcils.
-C'est une longue histoire.
-On a toute la nuit pour ça. Je t'écoute.
Elle prend une grande inspiration mais reste dos à moi.
-C'est uniquement de ma faute. J'ai été faible face à eux et ils en on simplement profité. Alors pour oublier tout ce qui se passait autour de moi, j'ai décidé de m'investir plus que je ne l'étais déjà dans le dessin. J'avais lu sur un forum internet que dessiner ce que je ressentais pourrait m'aider à aller mieux mais lorsque je revoyais tout ce que je dessinais, tout ça ne me faisait penser que j'étais pathétique. Alors un soir, comme tout les autres soir, lorsque mon père travaillait, j'ai décidé de me faire à manger et il restait que des bières dans le frigo. On avait pas d'argent pour se nourrir alors j'ai simplement prit une bière, à l'origine, c'était simplement pour me remplir l'estomac et je voulais simplement faire comme les grands et boire de l'alcool, voir ce que ça faisait car je voyais bien après une dure journée de boulot, que le premier reflex de mon père était de prendre une bière et de se mettre devant la télé.
Elle marque une pose se rappelant sûrement ces bons vieux souvenirs de Detroit. Je l'imagine alors dessiner dans un vieux canapé tout en écoutant son père se plaindre de son travail, écoutant d'une oreille les infos.
-Ma faim a diminuer pendant les deux premières heures puis j'en ai reprit une et je me sentais simplement bien. J'avais chaud et c'était agréable comme si j'étais dans un cocon, j'étais euphorique et ça faisait longtemps que ça n'avait pas été le cas. Ensuite, les jours qui ont suivit, le frigo s'est rempli mais j'avais tout de même décidé de prendre une de ses bières une fois dans la semaine, le vendredi soir particulièrement, c'était mon rituel. C'était histoire de me détendre après les cours, de lâcher prise. Puis j'ai commencé à en prendre le mercredi, histoire de faire une pause dans la semaine. Après ça a été tout les deux jours, puis tous les jours. Je m'étais habitué aux goûts et j'aimais ça.
Elle passe mes mains dans ses cheveux tout en prenant une grande inspiration, se préparant pour la suite.
-Mon harcèlement a empiré, les rumeurs sont apparus, disant que je faisais des avances à tous les mecs du lycée et certains avaient dit que j'étais même aller jusqu'à coucher avec eux, faisant des trucs presque malsains avec eux et bien sûr, tout le monde les a cru, surtout quand ça venait de la part de mecs populaires. J'ai été insulté, mes profils sur les réseaux sociaux étaient bombardés de commentaires plus odieux les uns que les autres. Que je sois chez moi ou en cours, j'entendais leurs voix qui me critiquaient sans relâche. Alors avant d'aller au lycée, je prenais une bière et je mangeais plus à la cantine, parce que je finissais souvent avec de la nourriture sur le visage ou sur mes vêtements.
Je ne ressens pas de la pitié pour elle, ce n'est pas de sa faute, mais je ressens de la colère envers tout ces crétins qui lui ont fait subir toutes ses erreurs.
-C'est pour ça que j'ai réagit quand Lou a été victime de la même chose que moi. Elle me rappelle moi.
Ce qui explique en effet son comportement avec la rouquine ainsi que la raison de pourquoi est ce qu'elle a des affaires de rechange dans son casier, elle a sûrement peur que cela recommence.
-J'ai voulu l'aider parce que il y a un an, j'aurais aimé qu'on m'aide. Que simplement quelqu'un m'invite à manger avec lui ou que je puisse m'asseoir à côté de lui sans qu'il ne mette son sac sur sa chaise ou me dise qu'elle est simplement réservé alors que je savais complètement que personne n'irai s'asseoir ici.
Les exemples qu'elle vient de donner, à en juger par le timbre de sa voix devant aiguë, je sais qu'ils ne sont pas anodins, elle les a vécu.
-Alors le midi, je mangeais dehors enfin, c'est ce que je disais. Comme je l'ai dit, mon père et moi, on roulait pas sur l'or. On se battait pour avoir l'électricité chaque fin de moi et il m'avait toujours interdit de travailler pour payer nos factures. Il disait que ce n'était pas mon rôle. Alors le midi, je n'avais pas d'argent, j'ai arrêté de manger pendant la pause et j'étudiais ou dessinais. J'ai perdu beaucoup de poids à cause de ça mais mes notes ont augmenté d'une vitesse incroyable, mais c'est la chose de positive qu'il soit arrivé.
Je baisse les yeux pour observer son corps, constatant en effet, les os de ses côtes apparaître très légèrement.
-Mais mon père l'a rapidement découvert alors il a accumulé les boulots, pensant que c'était de sa faute si j'allais mal. J'ai reprit du poids entre temps mais l'argent qu'il me donnait le midi me permettait aussi d'acheter de quoi boire. Au début, c'était des bières, puis pour une raison économique, j'ai commencé à prendre de la vodka, sachant que ces effets étaient plus rapides, j'avais besoin d'en boire moins pour oublier mes problèmes alors je buvais encore et encore et j'arrivais très souvent à moitié saoul chez moi où je continuais à boire, je ne mangeais plus avec mon père les rares fois où je le voyais car j'avais la gueule de bois. Je voulais pas qu'il me voit comme ça alors je l'esquivais, j'ai commencé à ne plus aller en cours n'ayant littéralement pas assez de force pour y aller avec ce que je buvais la veille et même le matin dans mon petit déjeuner.
De la façon dont elle en parle, je sens bien qu'elle le regrette, elle sait que ce qu'elle a fait n'était pas bien et qu'elle n'aurait pas du le faire mais les dépendances sont ainsi. On a l'impression qu'on ne peut pas vivre sans.
-Mon père a tout découvert lorsque j'étais tellement bourrée pour ne plus faire attention à lui. Le jour où il s'est fait viré d'un de ses boulots, il est rentré plus tôt et a eu la merveilleuse surprise de me découvrir en train de me dandiner sur le table à manger avec ma chère bouteille de vodka dans les mains. Alors il a arrêté d'acheter des bières et avec encore un autre boulot et l'aide de ma mère qui l'a mise au courant, il m'a payé un psy, qui n'a pas servit à grande chose. Après ça, je suis tombé très malade, j'ai perdu mon foie, j'en ai eu un nouveau et ça a coûté très cher, tellement cher que j'ai du revenir ici, à Seattle.
En effet, elle ne plaisantait pas en disant que l'histoire serait longue mais je suis heureux qu'elle me l'ai raconté en entier, ça prouve qu'elle me fait confiance et je crois que rien d'autre ne me fait plus plaisir.
-Tu connais l'histoire à partir de là.
Je m'approche un peu plus d'elle et pose sa main sur son avant-bras avant de la tourner vers moi. Ses yeux marrons m'esquivent mais je la force pourtant à me regarder en attrapant son menton. Je veux qu'elle voit que je ne la juge pas, que je ne fais que l'écouter.
Nos prunelles se croisent finalement alors que remonte ma main sur sa joue. Elle ferme les yeux et apprécie ce contact alors que je fais de même, savourant sa peau contre la mienne.
-Tu as survécu à tout ça, tu survivras à quelques minutes dans ce lycée.
-Je sais, c'est pas ces quelques minutes qui me font peur, c'est la suite des événements. Et si, et si je pouvais pas oublier les regards qu'ils me lanceront, et si je me remettais à boire et que cette fois, il y aura pas de troisième chance et que j'aurais pas d'autre foie ?
-Ta famille est là pour toi, mais pour ça tu dois les laisser venir vers toi et ne peux pas les repousser. Tu dis que les repousser t'empêche de te faire souffrir mais je vois bien que tu vas bien après m'avoir raconté tout ça, tu te sens plus légère.
Elle baisse la tête, ne voulant sûrement pas avouer que j'ai raison mais c'est trop tard, j'ai bien remarqué que ses épaules se sont baissées lorsqu'elle avait finit son discours, comme si tout le poids de son passé venait d'être lâché au sol.
-Je suis là, tu n'es pas seule.
Elle relève les yeux vers moi et semble enfin esquisser un léger sourire. Je souris à mon tour.
-Merci, d'être là et de m'avoir écouté raconté cette très longue histoire. ricane-t-elle simplement.
Je tend mes bras vers elle alors qu'elle s'immisce à l'intérieur. Je resserre son corps contre moi alors que je dépose ma main dans son cou. Je l'entends souffler, comme si elle se sentait enfin bien, en paix.
-Ça voulait dire quelque chose pour moi. susurre-t-elle finalement à mon oreille.
Nous nous séparons alors que je fronce les sourcils.
-Quoi ?
-Tu m'as demandé si ça signifiait quelque chose quand on s'est embrassé, la réponse est oui.
-Je croyais que tu savais pas.
-Faut croire que me confier à toi m'a aidé.
Je souris sans m'en rendre compte alors qu'elle fait de même.
-Alors quoi ? Tu comptes me regarder dans le blanc des yeux pendant encore longtemps ou tu vas enfin de décider à m'embrasser ?
Je me met à rire avant de placer mes mains dans sa nuque et de l'attirer vers moi. Nos lèvres se rencontrent une nouvelle fois mais cette fois ci dans un contexte plus plaisant. Il n'y a pas d'hésitation ou de questions sans réponse.
Ses mains viennent se placer dans mes cheveux alors que je recule légèrement. Mon corps se fait emporter dans une chute qui se termine sur mon lit alors que Crystal tombe sur moi en riant. Nous nous regardons sans rien dire pendant quelques secondes avant de nous placer correctement. Je place mon bras autour d'elle alors que sa tête se dépose sur mon torse gonflant à chaque respiration.
Je ne veux pas aller trop vite et je crois que elle aussi. Nous avons tout les deux besoin de prendre notre temps et c'est ce que nous ferrons.
Je me tourne vers elle, alors que sa tête est située sous la mienne, j'embrasse le haut de son crâne et sourit légèrement, m'endormant rapidement sur les rythmes de ses inspirations et expirations.
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Vous avez aimé ?
Crys qui se permet de enfin se confier à Lucas ?
L'histoire de Crys ?
Le perso de Lucas ?
Crys et Lucas ?
Des théories pour la suite ?
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