8. La disparition

7 mars 1971


Il faisait déjà clair quand le réveil donna le signal de se lever. Roger éteignit immédiatement la sonnerie et se leva discrètement pour ne pas réveiller son amant.

Il attendit que ses yeux s'habituent à l'obscurité, puis prit ses vêtements dans la garde-robe; mais en se retournant, il s'aperçut que le lit derrière lui était vide.

Roger alla voir si son partenaire ne l'avait pas devancé dans la salle de bain, mais Freddie était introuvable. Malheureusement, il ne pouvait trop s'attarder là-dessus, le groupe avait répétition et Freddie n'avait probablement pas passé l'entièreté de la nuit chez Roger. Sous les menaces de son père, il était sûrement rentré en douce quand la lune scintillait encore haut dans le ciel.

Roger s'empressa donc de s'habiller, et même s'il n'était pas particulièrement inquiet comme Freddie allait parfaitement bien, encore endormi dans sa chambre, il ne put s'enlever cette idée de la tête: et s'il lui était arrivé quelque chose.

Une fois chez Brian, Roger essaya d'appeler Freddie, mais en vain. Ils l'attendirent pendant une bonne heure, mais il s'était tout bonnement volatilisé. Roger informa le reste du groupe des récents événements, tout en évitant les détails compromettants bien sûr.

Ils passèrent la journée à essayer d'appeler Freddie, et de temps en temps, Bomi, le père de Freddie répondait. Dans un premier temps en disant qu'il n'avait aucune idée de l'endroit où son fils avait encore bien pu passer. Ensuite, ils n'obtinrent que quelques grognements pour réponse.

Queen avait tout de même tenté de continuer l'élaboration de la nouvelle chanson, mais le travail ne pouvait aboutir sans chanteur; surtout que Dieu seul sait quelles extravagances il ajouterait encore.

Pour arrêter de tourner en rond, ils se rendirent à Biba pour voir si Mary ne pouvait pas les aider. Mais celle-ci n'en avait eu de nouvelles depuis la veille. Ils n'étaient donc pas plus avancés de son côté.

Brian et John ne s'inquiètent pas vraiment, ils connaissaient la nature bohème de Freddie. Pour eux, il était simplement parti on ne sait où. Mais ils étaient persuadés qu'il reviendrait d'ici peu de temps. Après tout, ça ne serait pas étonnant, il était déjà arrivé avec un retard de plus de quatre heures.

Roger, lui, était vraiment atteint par cette mystérieuse disparition. Et s'il était arrivé une horrible chose à son cher et précieux collègue.

C'était comme s'il n'était plus qu'une part de lui-même, une coquille vide et dépourvue d'ambition en tout avenir. Les ténèbres avaient repris le dessus. Ce n'était plus arrivé depuis qu'il avait rencontré Freddie, mais Roger éprouvait un immense besoin d'oublier sa vie, son désespoir, ses craintes.

Il ne put s'empêcher d'aller soulager la douleur qu'éprouvait son cœur dans un bar. Il rentra dans le premier café venu et sécha vite ses larmes assis sur un tabouret au-dessus de son verre.

Le chagrin commença à partir au fil des tournées et donna place à un tout autre sentiment. Roger vit le monde commencer à tourner autour de lui et tout devint clair. Il savait où était Freddie, c'était forcément ça. Elle avait menti. Il paya l'addition et sortit du bistrot le cœur battant extrêmement vite à cause de l'émotion en surplus à la forte dose d'alcool que contenait son sang. Il lui ferait payer. Elle avait brisé son cœur en lui volant son bien-aimé.

C'est en zigzagant dans la rue qu'il se rendit au domicile de la jeune femme qui ne passerait certainement pas une bonne soirée. Roger aurait sa peau, il lui fera regretter. Sa seule volonté de vivre se limitait à cet instant à la détruire. Il ferait regretter ses actes à la vipère qu'était Mary Austin.


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