16. Un nouvel espoir
28 Juillet 1975
L'euphorie de la tournée était déjà loin pour Queen. Le groupe avait emprunté beaucoup d'argent aux studios Trident et devait rembourser ses dettes. Cependant, ils n'en avaient absolument pas les moyens et c'était un grand handicap pour percer dans la musique.
Queen avait donc engagé un avocat, Jim Beach, pour certains temps et la réponse devait être communiquée dans le courant de la journée.
Tout le monde se donnait rendez-vous chez Roger et Freddie parce qu'ils avaient le meilleur logement. Ils vivaient dans un petit appartement presque entièrement meublé qu'ils louaient, presque car le piano de Freddie faisait guise de tête de lit à un matelas posé à même le sol. John vivait dans des conditions similaires, mais il venait d'être père et il était hors de question de réunir toute la bande dans la même maison que le bébé. Mary vivait dans un appartement dont les murs étaient couverts de moisissure qu'elle tentait en vain de cacher à l'aide de bibelots Biba. Et Brian avait de loin la pire habitation ; une seule pièce accessible uniquement par la chaufferie du sous-sol et il n'y avait d'eau que dans la salle de bain commune. Ils étaient tous réunis, excepté John qui devait s'occuper de son fils, Robert.
— On est tous là ? demanda Brian.
— John doit s'occuper de son fils, mais à part lui, on est au complet, répondit Freddie.
— Ha oui, c'est juste.
— D'ailleurs, Fred', commença Roger, tu ne trouves pas que tu as fait un peu fort au mariage ?
— Absolument pas, darling ! Il faut savoir se démarquer !
— Mais de là à voler la vedette à Veronica. Le témoin de John t'a même pris pour la mariée !
— C'est vrai que de là à sortir de la limousine avec une femme à chaque bras en tenant un boa en plumes sur tes épaules, alors que les stars du jour arrivent à pieds, c'est exagérer ! compléta Roger pour appuyer les propos de Brian.
— Mais il fallait bien qu'on s'amuse un peu ! C'est tellement vide ici...
— Oui, mais de là à leur voler la vedette ! répliqua le guitariste sans vraiment prêter attention à la dernière phrase qui venait de se dire.
— Et t'inquiètes Fred', quand on sera sortis de cette merde avec Trident, on fera la fête tous les soirs et on sera célèbres, essaya de le rassurer Roger.
— Oui, c'est certain, répondit le chanteur d'un ton pas très convaincu.
Freddie s'était toujours montré très sûr de lui, même si au fond, il ne pouvait s'empêcher de douter. Il se souvenait du jour où il avait déclaré devenir une rockstar alors qu'il n'avait même pas encore trouvé son timbre de voix. Depuis ce temps, il s'en était passé des choses, mais il n'avait jamais abonné, il y croyait dur comme fer. Pourtant, il avait poussé son amant à vendre le van auquel il tenait comme à la prunelle de ses yeux et avait endetté le reste du groupe dans divers emprunts pour les albums. Aujourd'hui, lui et ses amis risquaient gros à cause de sa folie ambitieuse qui avaient peut-être coûter l'avenir de quatre jeunes étudiants brillant. Il ne savait absolument pas quoi faire si l'appel aurait été négatif. Freddie ne serait pas devenu grand chose d'après ses convictions, sûrement un maraîcher qui revendrait ses créations de mode, mais Brian serait devenu astrophysicien, Roger dentiste, et John ingénieur.
La tension était palpable et le coup de téléphone décisif n'arrivait toujours pas. Le silence s'installait et ils souffraient de l'attente tous ensemble. Soudain, la sonnerie retentit et Freddie se jeta littéralement sur le téléphone, devançant Roger d'une demi-seconde.
— Allô, Miami ?
Freddie appelait leur avocat, qui était bien gentil de supporter les caprices du chanteur, ainsi car il trouvait que Jim était le surcroît d'un ennui abyssal. Et comme il adorait la plage de Miami, il a trouvé que ce serait un bon jeu de mot de l'appeler Miami Beach.
— Oui, monsieur Mercury.
— Alors ?
— J'ai fait du mieux que j'ai pu, vous êtes libres de quitter Trident, EMI a racheté vos droits de publications et à donné cent mille livres d'indemnités aux studios. Trident conserve aussi un pourcent des royalties sur les six prochains albums de Queen.
— Miami, je... chéri, je ne sais pas quoi dire. Je vous aime ! On vous aime tous, merci !
— Au revoir monsieur Mercury, vous remettrez mon bonjour à Queen. Et je dois admettre que vous m'êtes également fort sympathique.
— Salut Miami !
— Alors ? demandèrent Roger, Dominique, sa pouf du moment, Brian, Chrissie et bien sûr, Mary, qui ne pouvaient plus tenir une seconde de plus en chœur.
— Alors on deviens riches mes amis ! s'exclama Freddie en déversant toute sa joie par ses yeux, heureux de pouvoir offrir un nouveau départ un peu plus honnête à ceux qui comptaient tant pour lui.
Quand ils eurent John en ligne pour lui transmettre la nouvelle, il pleurait de joie au bout du fil. Il était si content de pouvoir offrir une meilleure vie à sa famille. Une deuxième chance s'offrait à eux, la chance d'une vie.
Le lendemain, le groupe avait rendez-vous avec l'homme qui serait fort probablement son manager. C'était John Reid, l'homme qui s'occupait également d'Elton John. Brian, John et Roger attendaient Freddie à une table dans un café en face de la Tamise. Celui qui se faisait attendre arriva enfin après 45 min de retard non-justifiable et en arborant une veste en cuir blanche aussi voyante qu'atypique.
— On dirait un lézard furax, fit remarquer Roger avec une inexistante galanterie.
Après quelques autres moqueries et rigolades sur l'extravagante tenue, le manager arriva enfin.
— Alors, dites moi ce qui différencie Queen de tous ces autres nouveaux groupes qui veulent se faire connaître ? lança-t-il après avoir échangé quelques formules de politesse.
Les membres du groupe se regardaient sans vraiment savoir quoi répondre.
Tout à coup, un éclair de génie éclaira le regard de Freddie qui commença une explication.
— Je vais vous dire, moi, ce qu'est Queen. Nous sommes quatre marginaux qui jouons pour d'autres marginaux; les parias en fond de salle qui ont aussi de gros soucis d'appartenance. C'est à eux qu'on appartient. (NDA: on applaudit, je m'en suis souvenu sans l'aide du film à force de visionnages intensifs.)
Tout le monde était époustouflé par la réponse du chanteur, même John Reid qui ne savait plus quoi répondre. C'est alors John qui prit la parole à la surprise générale.
— On forme une grande famille.
— Mais on est tous très différent, compléta un homme qui venait à peine d'arriver.
Il retourna une chaise et s'assit à la table. Il avait une moustache aubrun.
— Paul Prenter, mon assistant, révéla Reid pour faire les présentations.
Les yeux de Freddie s'étaient plongés dans ceux de l'homme en question. Il le retrouvait dans son travail par le plus grand des hasards.
Les autres semblaient avoir remarqué la connaissance évidente qu'il y avait entre les deux hommes, mais ne dirent rien.
D'autres phrases s'échangèrent, mais Paul n'en saisissait pas le sens, trop absorbé par ses pensées. Il avait rejoint EMI et convaincu Reid de s'occuper de Queen rien que pour revoir Freddie. Ils allaient enfin pouvoir être sérieusement en contact.
Le nouveau manager, satisfait des premiers albums et des réponses que donnait le groupe. Le contrat fut signé.
— Bienvenue chez EMI, nous vous arrangerons vite un nouvel album.
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