PROLOGUE - ELLE

EMMY-JORDAN

☆☆☆

9 janvier 2035

J'ouvre les yeux et la première chose que je vois est le ciel bleu à travers ma fenêtre. J'étire mes lèvres aussitôt. J'aime quand il fait beau et pour rien au monde je ne quitterais Miami et son climat agréable.

Je m'étire dans mon lit de tout mon long quand la sonnerie de mon téléphone m'informe l'arrivée d'un message.

Je tends mon bras vers ma table de chevet pour le saisir, faisant tomber mon réveil sur l'épais tapis de ma chambre.

Après avoir déverrouillée mon téléphone, j'ouvre mon message.

[De : Ayden
Bon anniversaire Mocheté ! ]

Je souris encore plus en lisant le message de mon cousin. Ayden et moi sommes nés le même jour. Nous avons été élevés ensemble et nous nous considérons comme des frères et soeurs. Au lycée, les gens disent même que nous sommes des jumeaux et nous ne taisons pas cette rumeur. Il est mon meilleur ami, mon confident.

[A: Ayden
Happy Birthday aussi, Crétin ! On se voit toujours après les cours ?]

Il est prévu que nous nous retrouvions tous au skate parc après les cours. Je finis bien plus tard que Carter ou Ayden qui ont la chance d'être dans la même classe.

[De: Ayden
Ouaip ! Je passe te chercher ? ]

Je roule des yeux. Monsieur a l'âge légal de conduire depuis à peine douze heures, qu'il va user et abuser de son nouveau droit. Je ne lui dis pas, sinon ça lui ferait trop plaisir mais intérieurement, je suis verte de jalousie. Ses parents lui ont payé des cours de conduite et il a obtenu son permis haut la main. Moi, mon père considère toujours la chose. Il dit que j ai le temps de conduire mais je sais au fond de moi que ça le fait chier que je grandisse. Avec Charlie, on le travaille au corps pour que je puisse prendre des heures de conduite. Et j'ai hâte d'avoir mon permis.

[À: Ayden
Je dois aller voir ma mère cet aprèm. Je te rejoins après. ]

Il y a seize ans maintenant que ma mère a donné sa vie pour me donner la mienne. Ce sujet n'est pas tabou à la maison. Au contraire. Mon père et Charlie m'en parlent souvent. Je porte mon regard sur le mur au-dessus de mon bureau et souris. Une immense photo est accrochée sur le mur et aussi loin que remontent mes souvenirs, elle a toujours été là. Tante Kate m'a dit que c'est elle qui a décoré ma chambre quand ma mère m'attendait.

Ma mère était une belle femme et quand mes oncles et tantes me parlent d'elle, ils disent que c'était la femme la plus forte et la plus courageuse qu'ils aient connu. Tata Aaly me raconte beaucoup d'anecdotes sur elles deux quand elles étaient enfants ou adolescentes et je l'écoute toujours avec intérêt.

Je connais tout de ma mère. Tout sur tout et je la vois comme une super héroïne. Elle l'est en quelque sorte. Elle s'est sacrifiée pour moi, malgré la réticence de mon père et malgré sa maladie. Tata Harper dit qu'elle a été forte jusqu'au bout, tonton Aaron dit que c'était une chieuse de première classe et que je tiens bien d'elle, bien que mon père ne soit pas mieux.

J'aurais tellement voulu la connaître. Je crois que je donnerais tout pour pouvoir lui parler, en vrai, même si ce n'est que cinq minutes. Plus d'une fois, j'ai imaginé que ce miracle se produise. Plus d'une fois, je me suis imaginée tout ce que je lui dirais. Je connais chaque mot de mon discours par coeur.

Mais je sais aussi que si ma mère ne serait pas morte en me donnant la vie, je n'aurais jamais été élevée par la femme la plus merveilleuse du monde. Charlie n'est pas ma mère. Elle l'est par substitution mais elle est la meilleure des mères. Elle m'a appris à être responsable et ambitieuse. Chaleureuse et aimante. Compatissante et altruiste.

J'arrive dans la pièce principale en baillant vulgairement. Charlie est comme la plupart du temps derrière la cuisinière. Je l'entends chantonner ce petit air qui a bercé mon enfance. Mon petit frère est devant un bol de céréales, endormi, le regard dans le vide et mastique ses céréales d'un air nonchalant. Il ne m'a même pas aperçu.

Charlie se retourne, sa poêle à la main et sursaute, surprise.

- Oh ma Chérie ! Bon anniversaire !

Je m'approche d'elle et me blottis dans ses bras qu'elle me propose généreusement. Je dépose un baiser sur sa joue.

- Ça va ? Bien dormi ?
- Très bien dormi ! Je réponds. Et toi ?
- Ça va aussi je me suis levée tôt pour faire les pancakes "spécial anniversaire".

Je souris déjà et trépigne d'impatience. On a une tradition chez les Simmons-Davis. Le jour de son anniversaire, on mange tout ce qu'on veut et ça commence surtout par les pancakes "spécial anniversaire". Ce sont des pancakes tout à fait normaux sauf qu'on a le droit à une tonne de sirop de framboises que Charlie fait spécialement. Il y a plein de minis chamalows, des vermicelles de toutes les couleurs, des fruits rouges frais et le must du must, une boule de glace à la vanille. Oui, cela pourrait être étrange mais c'est la tradition. C'est mon père qui m'a rajouté de la glace quand j'étais enfant et que je boudais car je ne voulais pas aller à l'école le jour de mon anniversaire. Charlie l'avait sermonné ce jour-là, moi, j'étais heureuse et depuis, c'est la tradition. Même Cruz y a droit.

Je jette un petit coup d'oeil vers mon frère qui boude. Je suis sûre qu'il aurait bien voulu les pancakes "spécial anniversaire" lui aussi.

Charlie me demande de m'asseoir et je m'exécute alors qu'elle dépose mon assiette devant moi. Une autre des traditions ici, c'est la photo de l'anniversaire. J'affiche un large sourire tandis que Charlie prend la photo.

Mon père arrive alors à son tour, aussi endormi que l'était mon frère il y a quelques minutes. Il embrasse Charlie, ébouriffe les cheveux de mon petit frère avant de déposer un baiser sur ma joue.

- Joyeux anniversaire ma Nana !

Je le remercie d'un sourire puis lui frappe le dos de la main quand il s'apprête à tremper son doigt dans le sirop de framboises.

- Pas touche ! C'est mon anniversaire ! Pas le tien !

Mon père rit puis part en direction de la cafetière. Il se sert un café, en propose un à Charlie puis s'installe à table. Je fais mine de rien quand il détourne mon attention pour goûter au sirop de framboises que nous adorons tous.

Charlie vient vers nous, s'installe à table, une assiette de pancakes tout à fait normaux, ceux de tous nos dimanches, à la main. Mon père et C-J se jettent littéralement dessus.

- Oh, en fait, je rentrerai tard ce soir, je dis.

Je jette un coup d'oeil furtif à mon père qui souffle d'agacement. Il déteste quand je sors mais il a fini par s'y faire. J'ai dû lui faire promettre de me faire confiance, qu'il m'avait suffisamment bien élevé avec Charlie pour que je sache ce qui était bon ou pas de faire dans la vie. Mais même si il tolère désormais, il n'accepte pas pour autant.

- D'accord, fait Charlie. Tu as prévu quoi de beau ?

Charlie, elle, me fait confiance à cent pourcent. Elle et moi entretenons une relation basée sur la sincérité et elle sait tout de moi.

- Je rejoins Ayden, Carter et Taylor au skate parc après les cours.

Le visage de mon frère se relève aussitôt.

- C'est qui lui ?
- Qui ?
- Ce Taylor ! Je l'aime pas !

Je secoue la tête, navrée. Et je suis encore plus agacée quand mon père et mon frère se frappent dans les mains, complices. C-J est vraiment chiant avec moi quand il s'agit de mes fréquentations. On peut dire que mon père lui a bien monté la tête. Ils sont aussi protecteurs l'un que l'autre. Et à douze ans, Cruz se prend pour un homme alors qu'il n'est qu'un gamin.

- Oh Taylor ! C'est la nouvelle petite amie de Carter.

Mon père et C-J se regardent, dépités.

- Et oui, Taylor est le nom d'un garçon mais aussi d'une fille. C'est dingue la vie quand même !

Déconfit, mon frère me fixe, la bouche ouverte.

- Tu devrais apprendre à te mêler de tes affaires de temps en temps, Cruzinet !
- Tu me fais chier, putain, répond-t-il.
- Corvée de chaussettes ! Crie Charlie en entendant Cruz jurer.

D'énervement, mon frère se lève de table. Il a vraiment un caractère de feu, encore pire que mon père. Avec lui, c'est souvent comme chien et chat mais on s'adore. On ne sait seulement pas se le dire. Tante Kate me dit que c'est normal, que plus jeunes, avec mon père, c'était pareil et que ça évoluera avec le temps.

Cruz tape du pied. Il ne supporte pas qu'on le contredise mais ça me fait un bien fou. Et encore plus quand je sais qu'il va devoir se taper la corbeille de chaussettes dépareillées. On déteste tous faire ça.

- Je prévois une part de gâteau pour eux aussi alors ? Demande Charlie.
- Non. Taylor et Carter ont prévu d'aller au ciné après le skate parc et Ayden fête son anniversaire avec ses parents.

Et il est prévu que nous fêtions tous notre anniversaire chez Oncle Aaron et Tante Aalya ce week-end.

- Ok. Donc un gâteau pour quatre.
- Pour cinq ! Intervient mon père.
- Cinq ?
- Oui. Je dois aller chercher mon champion à l'aéroport cet après-midi.
- Oh oui ! C'est vrai. J'avais oublié, fait Charlie.

Je plisse le front.

- Ton champion ?

Mon père tourne son visage vers moi.

- Oui, je t'en ai parlé le mois dernier. Coleman m'a confié son fils qui veut devenir boxeur. Il arrive de Los Angeles aujourd'hui.

Je grimace. Je ne m'en souviens pas du tout mais je me rappelle que mon père m'a déjà parlé d'Ashton Coleman. Son plus grand rival sur le ring. Pendant des années, ils n'ont pas pu se piffrer pour je ne sais quelle raison et depuis quinze ans, ils se parlent de temps en temps pour se remémorer le bon vieux temps. Quand Coleman est de passage sur Miami, il vient toujours voir mon père et je les ai déjà entendu parler de leur dernier combat. C'était quelques semaines après ma naissance et depuis, mon père n'est plus remonté sur un ring.

- Et il était obligé de venir aujourd'hui ? Pour mon anniversaire ?
- C'était compliqué pour un autre jour. Tu verras, il est sympa comme gamin. Bien plus que son père à son âge.
- Et il a quel âge, ton champion ?
- Dix sept ans. Il habitera ici, avec nous, pendant quelques mois.
- Super, je souffle en serrant les dents.

Je ne connais pas ce mec et je vais devoir cohabiter avec lui. Je me lève de ma chaise, délaissant le reste de mes pancakes "spécial anniversaire".

- Je vais être en retard pour les cours.
- À ce soir.
- Mouais, je râle.

Je tourne les talons, prête à rejoindre ma chambre pour me préparer.

- E-J ? M'interpelle Charlie.

Je me retourne et lui souris.

- Tu n'oublies pas. Ce soir. C'est important.

Je souris encore plus. Non, comment je pourrais l'oublier.

- Oui, j'irai. Ayden a dit qu'il m'y déposera après le skate parc.
- Très bien.

Je lui souris puis file dans ma chambre pour affronter cette nouvelle journée.

☆☆☆

- Tu es sûre que tu ne veux pas que je vienne ? Me demande Ayden, un brin inquiet.

Je lui souris et secoue la tête.

- Non, ça va aller. Je vais voir ma mère, ça ne peut que aller.
- Oui, oui, je sais... C'est juste que... c'est un cimetière.

Je secoue la tête en riant. Ayden a peur d'aller dans un cimetière. Il ne s'y sent pas à l'aise, ce que je trouve bête. Moi, quand je viens ici, je m'y sens bien et j'ai l'impression d'être encore plus proche de ma mère.

Tous les ans, à mon anniversaire, mon père m'emmenait voir ma mère et depuis peu, j'y vais seule. J'aime être ici. J'y viens une fois par mois, voire plus quand j'en ressens le besoin. C'est bête mais parler à ma mère me fait du bien. Je me confie à elle, certaine qu'elle ne pourra jamais répéter mes secrets. Ma mère est ma confidente, Charlie ma conseillère.

Je dépose un baiser sur la joue de mon cousin et sors de sa voiture flambant neuve. Son cadeau pour ses seize ans.

Je réajuste la bretelle de mon sac à dos sur mon épaule et rentre déjà dans le cimetière de Caballero Rivero. Je me fraye un chemin entre les tombes et souris quand je reconnais celle de ma mère. Je dépose mon sac sur l'herbe fraîche et m'assois à même le sol. J'esquise un sourire quand je vois les pivoines blanches toutes fraîches qui ont été déposées sur la pierre.

Je sais qu'elles viennent de mon père. Quand j'étais enfant, alors qu'on se rendait au cimetière, j'avais demandé à mon père pourquoi on ne ramenait pas des fleurs à Maman. Il ne m'avait pas répondu, ne connaissant sûrement pas la réponse lui-même mais s'était arrêté chez un fleuriste. Il m'avait chargé de choisir des fleurs pour maman et comme une enfant de cinq ans, j'avais choisi celle que je trouvais les plus jolies et qui sentaient bon. Elles me faisaient penser à des boules de coton. Depuis, mon père en a acheté chaque année pour ma mère.

Je remarque également un bouquet de roses rouges. Sûrement celles de ma tante Aalya. Je lève les yeux vers la pierre tombale et esquisse un nouveau sourire.

Ellya Caitlin Moore

7 février 1990 - 9 janvier 2019

L'amour d'une mère est le plus beau des sacrifices.

Je sais que mon père a rajouté cette phrase par la suite, une fois qu'il avait compris l'importance du choix de ma mère. Elle a sacrifié sa vie pour la mienne. Elle a sacrifié son amour pour mon père pour s'assurer qu'il ne resterait jamais seul. Elle ne savait pas si elle survivrait à son cancer mais avait la certitude que mon père m'aimerait d'une façon inexplicable. Ma mère était une femme extraordinaire.

- Salut Maman, je souffle.

Je souris. Je sais que c'est bête mais dire ce mot si anodin pour beaucoup est quelque chose qui me rend heureuse. Je n'appelle pas Charlie "Maman", bien que je sais que je le pourrais car c'est elle qui m'a élevé. Le premier mot que j'ai prononcé est d'ailleurs celui-ci et il lui était destiné. Beaucoup me demande pourquoi je ne l'appelle pas ainsi. Je ne le pourrai tout simplement jamais.

- Oh ! J'ai eu mon devoir de maths ce matin, je reprends. Je crois que je me suis plantée mais bon, c'est pas comme si j'avais l'intention d'être mathématicienne plus tard.

J'hausse les épaules et me mets à lui raconter ma journée qui s'est passée sans encombre. Rien d'inhabituel. J'ai rejoins mes amis, j'ai été à l'entraînement de natation et avec Ayden, Taylor et Carter, nous avons mangé une glace à Bayside avant d'aller au skate parc.

- Tommy Parker m'a proposé d'aller au ciné avec lui la semaine prochaine.

J'hausse à nouveau les épaules.

- Tommy est sympa et mignon. Il fait partie de l'équipe de lacrosse mais je sais pas, je... je n'ai pas très envie de sortir avec lui.

Pourtant, Tommy est super. Il est un bon ami, le meilleur d'Ayden. Mais quand il m'en a parlé tout à l'heure, en sortant de chimie, je n'ai pas été emballée quand il m'a fait comprendre ses intentions. J'ai eu l'impression que ce n'était pas naturel et je n'ai rien ressenti au plus profond de moi.

Je suis peut-être trop fleur bleue mais j'ai envie de sortir avec un garçon qui me laissera une impression de légèreté et qui fera battre mon coeur plus fort qu'il ne l'a jamais fait.

Je reste un moment au cimetière, en parlant de tout et de rien à ma mère, jusqu'à ce que je me rende compte de l'heure qu'il est. Dans cinq minutes, je suis censée être à table et je sais qu'il me faut une vingtaine de minutes à pied pour rentrer au loft.

Je me lève rapidement, promets à ma mère de revenir au plus vite et récupère mon sac à dos. Je presse le pas en sortant du cimetière et cours les derniers cent mètres. Je pousse la porte de la salle de boxe et monte les escaliers jusqu'au loft, rapidement.

J'entre dans le loft discrètement, espérant que mon retard passe inaperçu. Je sais que c'est cause perdue, mon père remarque toujours tout mais c'est de Charlie que je dois me méfier. Elle n'est jamais en retard et les repas en famille sont importants pour elle. Même malade, il est quasiment impossible d'en louper un.

J'entre dans la pièce principale après avoir déposé mon sac à dos près du placard de l'entrée et je me débarrasse rapidement de mes chaussures. Ce n'est pas trois visages qui se tournent vers moi mais quatre et je fronce les sourcils devant ce quatrième visage inconnu. J'avais déjà oublié que le nouveau poulain de mon père arrivait aujourd'hui. Je ne connais même pas son prénom.

Son regard sur moi, je l'observe. Il est grand, baraqué et une assurance que je n'ai jamais vu chez personne, émane de lui. Je fais plusieurs pas vers la table et ses lèvres finissent par s'étirer légèrement.

- Emmy, tu te souviens qu'Adam devait arriver ce soir ? Me demande mon père.

J'hoche seulement la tête sans quitter du regard ce garçon. Ses yeux gris me transpercent toujours et je plonge les miens dans les siens pour la première fois. Mon coeur devient soudainement fou et mes mains deviennent moites. Mais ce n'est rien à côté des battements que je ressens dans mon ventre, comparable à des ailes d'oiseaux. C'est la première fois que je ressens ça. C'est inédit, inconnu et incroyablement agréable. Mes lèvres s'étirent aussitôt.

- Salut, je souffle alors à son attention.

☆☆☆


Et me revoilà déjà !

Je vous ai manqué ?

Bon, ce prologue, vous l'avez déjà tous lu. C'est le bonus de LR et c'est grâce à lui que j'ai reçu des tas de notifs me réclamant ce mini tome. Bon, pour tout vous dire, il était déjà prévu et je l'avais en tête avant même que je publie la fin de LR sur Wattpad. J'hesitais juste à le garder égoïstement pour moi mais dans une famille, on partage à ce qu'il paraît.

Bon, je pense que vous avez tous mérités le chapitre 1, vous en pensez quoi ?

Bisous bisous

L
(LoveWriter)

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