CHAPITRE 5 - LUI
CARTER
☆☆☆
Alors que j'éteins à peine le moteur de mon SUV, mon téléphone se met à sonner, affichant le numéro de ma mère. Je roule aussitôt des yeux. Je sens qu'elle va encore me prendre la tête. Avec elle, c'est toujours conflictuel. À croire que son seul but dans sa vie est de me faire chier. Les mères doivent servir à ça et la mienne prend trop son rôle au sérieux.
- Je connais quelqu'un qui va encore se faire défoncer par sa mère, rit Dean Rosenberg, mon ami.
À l'arrière, Ethan et Kyllian rient à leur tour, ce qui me fait souffler d'agacement.
- Allez vous faire foutre.
- Mais c'est ce qu'on compte bien faire ce soir, me répond Dean avec un sourire aux lèvres.
Ils rient alors qu'ils ouvrent leur portière et sortent du véhicule. Franchement, je me demande parfois pourquoi je me fais chier à traîner avec des gros cons comme eux. Mon téléphone sonne de nouveau. Ma mère est ainsi, elle insistera jusqu'à ce que je lui réponde. Et si j'ai le malheur de ne pas le faire ou de couper mon téléphone, elle déboulera dans le quart d'heure.
Je prends une grande inspiration et décroche.
- Ouaip !
- Putain ! Tu es où ?
Je lève les yeux au ciel. C'est parti pour les hostilités.
- Dans ma voiture.
- Ne te fous pas de ma gueule, Carter. Je t'avais interdit de sortir ce soir, tu le savais et...
Je roule à nouveau les yeux. Je ne l'écoute même plus. J'ai arrêté depuis longtemps. Je la laisse monologuer toute seule. Quand elle est ainsi, il est impossible d'en placer une. Alors lui faire entendre raison serait un miracle.
- Tu as fini, là ?
- Ne me parle pas comme ça, Carter. Je suis ta mère et...
- Et c'est la semaine de papa, je la coupe.
Étrangement, elle ne répond rien. Je viens de lui clouer le bec et je jubile.
- On est vendredi, il est plus de dix neuf heures, je précise.
Mes semaines sont rythmées ainsi depuis mes six ans. Une semaine chez mon père à Coconut Grove, avec Kate, ma belle-mère et Peyton, mon demi- frère.
Et une semaine chez ma mère, à South Beach avec Teresa, la compagne de ma mère et leur chihuahua à la con, Prada.
Une semaine sur deux, c'est un rythme différent. Chez mon père et Kate, c'est cool. Mon père est trop laxiste, m'autorise tout et avec Kate, je suis super complice. C'est elle qui m'a acheté ma première boîte de capotes pour tout dire. J'avais treize ans, Kate est dingue.
Chez ma mère, c'est règles, interdits et couvre-feu et j'ai beaucoup de mal avec "ma belle-mère". Teresa est sympa, mais elle est et restera toujours à mes yeux la cause du divorce de mes parents.
Ça ne serait qu'à moi, je vivrais à Coconut Grove. Mon petit frère me manque quand c'est la semaine de ma mère, il est le plus important pour moi, avant le foot, les filles et les fêtes. Peyton est tellement marrant, tellement vif. Je peux passer des heures à l'écouter me parler des navettes spatiales qu'il adore et de ses rêves d'aller sur la lune. À cinq ans, ce gosse est fascinant et plein de rêves et Dieu merci, ses parents sont heureux ensemble et semblent partis pour vivre toute leur vie à deux. Au moins, Peyton ne connaîtra pas les gardes alternées, les belles-mères trop connes et les moqueries d'avoir une mère qui aime une femme.
Pendant toute mon enfance, j'en ai souffert. Les autres se foutaient de moi car ma mère était lesbienne. Au début, je subissais jusqu'au jour où ce petit connard de Chase McDonald m'a poussé à bout et que je l'ai étalé dans le cour de récré, en dernière année de primaire. C'est là que j'ai compris que pour ne pas me faire emmerder, je devais être plus fort que les autres.
Gamin, je me bagarrais beaucoup à l'école et j'ai fini par m'attirer des emmerdes. Alors maintenant, je réplique par les mots et je sais appuyer au bon endroit pour blesser les gens.
- Papa m'a autorisé à sortir.
- Ah ouais ? Malgré ton bulletin de notes médiocres?
- Appelle-le si tu ne me crois pas, je dis.
Je sens qu'elle hésite. Elle commence à me dire quelque chose mais se ravise.
- On règlera ça plus tard, Carter. J'ai eu une journée difficile et...
- Ouais, ouais. Ciao.
Je raccroche sans lui laisser le temps de me dire autre chose. J'ai suffisamment perdu de temps comme ça. La fête a déjà commencé depuis un moment.
Je sors de ma voiture, la verrouille à distance et remonte l'allée vers la villa des Davis. J'entends le rire de quelques personnes et la musique qui retentit depuis la maison.
Deux mains s'agrippent alors au col de mon polo et je sens qu'on me plaque contre le mur. Je n'ai pas le temps de réagir qu'une langue se fourre dans ma bouche. Heureusement que je reconnais le parfum trop fort de Taylor. Mes mains se portent aussitôt sur son cul et j'empoigne ses fesses avec force et passion. Taylor a un petit côté insatiable de sexe que j'adore mais elle a autant d'intelligence qu'une huître. Capitaine des pom-pom girls, cette fille a beaucoup de talent. La souplesse, une plastique parfaite et une langue bien efficace et travailleuse. Malheureusement, elle parle trop.
Entre deux baisers langoureux, j'arrive tout de même à en placer une, bien que l'exercice est fastidieux.
- Taylor, je...
- Chut ! J'ai envie de toi !
Il n'en faut pas plus pour que mon membre se réveille. Sauf que je suis attendu.
Avec Ayden, on y travaille depuis des semaines et oncle Jayz a fini par céder. Une fête pour les seize ans d'Emmy-Jo. Il a été difficile à convaincre et avec Ayden, on lui a promis, moi en mentant, qu'il n'y aura pas d'alcool, que tout se passerait bien et qu'il n'arriverait rien à sa fille. Charlie nous a soutenu et Aaron et Aalya, beaucoup plus cools, ont profité de cette soirée pour filer pour une escapade en amoureux.
- Je suis attendu, je souffle.
- Ça va te prendre quelques minutes. Tu n'es plus à ça près.
Elle n'attend pas ma réponse et ses mains s'attellent déjà à défaire la ceinture de mon jean. Cette fille est toujours prête pour une gâterie. Je l'arrête pourtant d'une main et elle se raidit.
- Pas maintenant !
Pourtant, j'en crève d'envie et ma queue encore plus.
- On se fait ça tout à l'heure ma belle. Laisse-moi rentrer et je serai tout à toi après.
Taylor fait la moue mais quand je dépose un baiser chaste sur ses lèvres, elle m'offre un petit sourire. Elle finit par hocher la tête.
- D'accord ! Mais je veux la totale !
Ce qui signifie qu'elle va me torturer sexuellement avant qu'elle exige que je la prenne sans ménagement. Moi, ça me va très bien !
Je souris en guise de promesse et quand je sens sa main se glisser dans la mienne, je me tends légèrement. Je n'aime pas les démonstrations d'affection. Mes potes me charrieraient et de toute façon, je ne suis pas amoureux de Taylor. Je ne le serai jamais d'ailleurs, elle le sait mais espère sûrement qu'elle soit celle qui me fasse changer. Les filles sont comme ça. Elles pensent être suffisamment spéciales pour un mec pour le faire changer. À croire que c'est leur objectif. Alors que Taylor ne cesse de me dire qu'elle m'aime, moi, je me contente d'un "c'est bien" à chaque fois. Je sais que ça ne se fait pas mais je ne pourrai jamais lui répondre que je l'aime. Ce n'est pas elle que j'aime. C'est Emmy.
Ça fait deux ans maintenant que j'ai compris ça, que je suis vraiment amoureux d'elle. Emmy n'est pas comme toutes les filles. Avec elle, c'est plus simple, plus marrant, plus Emmy. Il n'y en a pas deux comme elle, il n'y a qu'elle.
Contrairement aux autres filles, Emmy ne triche pas quand elle est devant les garçons. Elle est vraiment elle et ne joue pas au jeu de la séduction que font toutes les autres. Cent pourcent naturelle. Elle ne glousse pas comme une pintade quand son crush lui jette un regard, elle ne se soucie pas de se repourdrer le nez à chaque interclasse pour paraître plus belle et superficielle, elle ne fait pas semblant de s'intéresser aux trucs de mecs, elle les aiment vraiment et si ce n'est pas le cas, elle ne prétend pas le contraire pour impressionner les gars. Non, Emmy est différente de toutes les autres et c'est ce qui attire pas mal de mecs du lycée. Et ça, ça me saoule. Emmy ne se rend pas compte de l'intérêt qu'elle provoque chez nous, les mecs, et j'ai dû mettre en garde deux-trois gars de ne pas s'en approcher. Ça peut paraître primaire et très macho mais je ne veux pas qu'Emmy tombe sur un mytho qui lui dira "Je t'aime" sans le penser pour mieux lui retirer sa petite culotte. Non, E-J ne mérite pas un enfoiré qui se fout de sa gueule. Et moi, je ne me foutrai pas d'elle.
J'entre à peine dans la villa que des mains viennent me tapoter amicalement l'épaule. Je suis accueilli comme un roi et l'ancien surnom de mon père, durant sa carrière de quarterback, n'est ignoré de personne. King McAllistair. Quand je les entends tous m'appeler comme ça depuis les gradins, j'ai l'impression de planer.
- Bravo McAllistair !
- Tu es le meilleur !
Ça, je le sais ! Le mec qui sera meilleur que moi n'est pas encore né.
- Beaux arrêtés !
Je suis gardien dans l'équipe de soccer de mon lycée. Même si mon père me charrie en me disant que le soccer est le faux football de ce pays, j'aime tout de même ce sport. C'est Ayden, passionné par le soccer, qui a réussi à me convaincre de postuler dans l'équipe. Sauf que je déteste courir alors le coach m'a mis dans les buts. Je suis bon, le meilleur même et rare sont les ballons qui touchent le filet derrière moi.
Je remercie mes amis par des sourires ou des clins d'oeil et une bière ne tarde pas à m'être fourrée dans la main. Mon regard scrute le grand séjour de la villa et j'essaie de trouver celle à qui je pense tout le temps. Je ne la vois pas. Pendant les soirées, Emmy ne danse pas vraiment, elle passe le plus clair de son temps dans la cuisine, refaisant le match avec les mecs tout en grignotant des confiseries. Des Skittles souvent, mais jamais les oranges, elle les trouve trop acides. Ses préférés restent les rouges car Emmy adore la fraise et tous les autres fruits rouges possibles et inimaginables. Du coup, c'est moi qui mange les oranges pour elle, même si je les déteste autant qu'elle.
Je rentre dans la cuisine, ma bière à la main et constate seulement que Taylor n'est plus accrochée à moi. Elle a dû se faire appeler par les filles avec qui elle traine mais je ne m'en plains pas. Taylor est toujours collée à moi et ça me gonfle.
Je remarque Travis, assis sur un des tabourets du bar où ses béquilles tiennent en équilibre. Il parle avec Ayden et un autre membre de l'équipe, Will. Ils paraissent surexcités et refont le match, tradition oblige dans notre équipe. Emmy n'est pas là et mon sourire s'efface. Où est-elle ?
- Tu as vu E-J ? Je demande à Cassie Goldman qui passe par là.
- Oui, elle est dehors avec son petit ami.
Son petit ami ? C'est quoi ces conneries ? Quel petit ami ? Je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit que Cassie s'est déjà barrée.
La mine renfrognée, je me retourne, dépose ma bière et saisis la première bouteille d'alcool qui me tombe sous la main. J'en verse dans un gobelet rouge et le vide d'une traite.
- Eh mec, vas-y molo ! Me sermonne Ayden.
Ayden est mon meilleur pote. Le vrai, l'unique. Il n'y en a pas deux comme lui mais son côté sage lui fait parfois oublier qu'on a seize ans, qu'on est jeune et qu'on est là pour faire la fête.
- T'inquiète, je viserai bien les chiottes au moment de vomir. Ta mère ne sera pas obligée de refaire la tapisserie, promis.
Ayden rit aux éclats. Lui, on peut lui dire tout ce qu'on veut, il rit. Ayden ne fait jamais la gueule, il est toujours de bonne humeur.
Je remarque Emmy arriver dans la cuisine et mes lèvres s'étirent aussitôt. Elle est magnifique, même dans un simple Jean et son tee-shirt avec un énorme Mickey dessus. Emmy n'a pas besoin de mettre des jupes ultra-courtes pour être sexy, elle l'est naturellement.
- Hey ! Emmy-Jo !
Ses grands yeux chocolats se relèvent vers moi et elle m'offre un petit sourire. je constate qu'elle est suivie par un mec. Je fronce aussitôt les sourcils.
Je suis sûr que c'est cet Adam. Ça fait deux jours que j'en entends parler à tout va. Adam par ci, Adam par là. À croire que ce mec est Dieu. Je l'observe avec intérêt. Il est aussi grand que moi, baraqué et plutôt beau mec mais pas autant que moi. Ce mec transpire la gentillesse mais quelque chose en lui me fait penser qu'il cache quelque chose.
Je sais qu'il est à Miami pour se faire entraîner par Jason mais ce que je me demande, c'est pourquoi il vit au loft. Depuis des années, je sais que mon oncle entraîne des champions mais aucun ne vit chez eux. Alors pourquoi lui ? Ayden n'a pas voulu me le dire quand je lui ai demandé, refusant de satisfaire ma curiosité. Je suis sûr qu'il fait ça car Emmy a dû lui faire promettre. Merci la solidarité masculine.
Je m'approche d'Emmy et l'enlance. Je lui souffle à l'oreille un "joyeux anniversaire" et elle me remercie d'un sourire. Mon regard se déporte sur cet Adam et je ne peux m'empêcher de le mitrailler du regard.
- C'est lui ? Je demande en le pointant du menton.
- Oh ! Euh, oui, c'est Adam, le nouveau champion de mon père.
E-J se tourne vers lui et je déteste le sourire qu'elle lui offre.
- Adam, je te présente Carter, mon ami.
Il tend la main vers moi en me souriant. Je n'ai pas envie d'être sympa avec lui mais je sais qu'Emmy m'en voudra si je ne fais pas l'effort. Je la lui serre alors brièvement tout en comprenant que ce mec est autre chose que le nouveau champion de Jason. Je vois dans son regard qu'Emmy lui plaît et rien que pour ça, j'ai envie de l'aligner. Et ce qui m'énerve encore plus, c'est qu'E-J ne semble pas indifférente elle non plus.
☆☆☆
Hello mes LoveAddict !
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ça va devenir compliqué tout ça. Emmy qui a deux bels appolons qui ne sont pas insensibles à son charme. C'est le début des emmerdes moi je dis.
Et oui, moi qui ne suis pas fan du Trio Amoureux, et bien, je teste mes limites sur ce tome. Il faut dire que ça fait plusieurs tomes que j'évite le sujet.
En tout cas, je n'aimerais pas être à la place d'E-J. Ses deux prétendants semblent à l'opposé l'un de l'autre et je sens qu'elle va vite être embrouillée dans ses sentiments.
Et vous, quel serait votre choix ?
Adam ou Carter ?
(Bien sûr, votre réponse n'est pas définitive et peut changer au fil de la lecture)
Allez, je file sur ces quelques mots.
Et comme on dit dans la langue des signes (en américain) :
🤟 les LoveAddict
L
(LoveWriter)
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