CHAPITRE 1 - ELLE
EMMY-JORDAN
☆☆☆
Ses yeux gris me transpercent de part en part, comme si je venais d'être touchée en plein coeur. Il me fixe toujours et mon rythme cardiaque s'emballe encore plus.
- Salut, je souffle à son intention.
Les lèvres d'Adam s'étirent encore plus. Je fais un nouveau pas mais il ne répond rien. Il sourit seulement.
Je me laisse tomber sur ma chaise face à lui et je me rends compte que je ne l'ai pas quitté des yeux. Il ne semble pas s'en formaliser mais je finis quand même pas détourner le regard quand Charlie se racle la gorge.
- Tu es en retard, me sermonne-t-elle.
- Oui, je sais, Cha. Je suis désolée. Je... Je n'ai pas vu le temps passé et je... je... Qu'est-ce qu'il y a pour le dîner ?
Mon changement de conversation n'est pas passé inaperçu auprès de Charlie et le petit coup d'oeil que je jette dans la direction d'Adam n'aide pas. Pour la discrétion, on repassera.
Mes yeux s'accrochent une nouvelle fois aux gris de celui qui se tient devant moi. Je n'ai jamais vu un gris aussi captivant. Son regard est d'une telle intensité que je pourrais me noyer dedans. Je crois que je n'ai jamais vu des yeux comme les siens.
- Je t'ai fait ton plat préféré, me répond Charlie. Spaghettis à la bolognaise.
J'en salive déjà. Charlie tourne son visage vers Adam qui rompt enfin son regard sur moi.
- Tu aimes les spaghettis à la bolognaise ? Lui demande Charlie.
Adam lui offre un sourire pour seule réponse et lui tend déjà son assiette. Elle le sert généreusement et il lui sourit à nouveau pour la remercier. Charlie fait de même avec les assiettes de mon père et de Cruz. Elle a toujours eu la mauvaise manie de nous servir en quantité et si nous finissons notre assiette, elle pense que nous n'avons pas suffisamment mangé et elle nous ressert. J'ai appris à en laisser toujours un peu dans mon assiette avec le temps, mais juste ce qu'il faut pour m'oter toute culpabilité. Je sais que beaucoup ne mangent pas à leur faim dans ce monde et je déteste gâcher la nourriture. J'ai eu beau l'expliquer plus d'une fois à Charlie, elle ne comprend pas et s'obstine. Mon père et Cruz, eux, ne se plaignent pas. Tant qu'ils en ont dans leurs assiettes, tant ils mangent. De vrais estomacs sur pattes ces deux-là.
- Comment s'est passée ta journée, E-J ? Me demande mon père.
Je lève les yeux de mon assiette, fixe Adam un instant avant de sourire à mon père.
- Plutôt bien. Mais je crois que je me suis plantée à mon interro de maths et...
- Les maths, ça craint ! Intervient mon frère en râlant.
Je laisse échapper un petit rire. Avec Cruz, on n'est pas souvent d'accord. On se chamaille tout le temps, un peu trop selon Charlie mais sur ce point, on est sur la même longueur d'ondes : les maths, ça craint !
Mon père rit de bon coeur alors que Charlie foudroye mon frère du regard.
- Tu ne peux pas être bonne partout, fait mon père en haussant les épaules avant de prendre une bouchée de pâtes.
- Jason ! Le sermonne Charlie, outrée. Tu ne peux pas dire ça. Ça ne l'encourage pas à essayer et...
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise, Cha ? E-J est nulle en maths, ce n'est pas grave, y a pire dans le monde.
Je tourne mon visage vers ma belle-mère et souris.
- Papa a raison. Je suis nulle en maths. J'ai beau essayé, je n'y arrive pas. Et je ne peux pas être bonne partout. J'ai des bonnes notes en littérature, en espagnol, en français, en histoire. Mais pas en maths. Ainsi va la vie.
Je suis ce qu'on pourrait appeler une élève studieuse. J'ai quelques facilités dans certaines matières mais pas en algèbre. Comme dit Léana, un plus un est égale deux, je connais la base et je sais qu'en connaître bien plus ne me servira jamais dans le futur.
- Donc, si je comprends bien, si on suit la logique des Simmons, E-J est nulle en maths donc ça ne sert à rien qu'elle révise. Pourquoi ne pas arrêter directement les cours de maths tant qu'on y est !
Avec Charlie, c'est toujours comme ça. Ça part dans les extrêmes. J'adore ma belle-mère. Je sais qu'elle comble mon père et qu'elle est super. Mais elle est tellement ambitieuse et déterminée que parfois, elle oublie que ses espoirs ne sont pas mes rêves. Elle pense toujours que telle chose ou telle chose peuvent être bien pour moi ou pour mon dossier scolaire. Elle a tellement peur de ce que les gens peuvent penser de nous, de nos notes ou de nos choix qu'elle essaie le plus possible de faire comme les autres. Être un bon citoyen, un bon voisin, un bon parent. Elle oublie qu'on est juste humain et que chaque personne sur terre est truffée de défauts.
- Sérieux ? C'est vraiment un choix que tu nous laisses ? Demande Cruz, plein d'espoir.
Charlie ne répond pas et se contente de siffler entre ses dents. Mon frère ne doit toujours pas connaître sa mère. Quand Charlie ne répond pas et siffle, c'est de mauvaise augure. Et même si c'était possible, jamais elle nous autoriserait à arrêter un cours sous prétexte qu'on est mauvais.
- Je n'ai pas dit ça, fait mon père. E-J n'est pas dispensée de réviser pour essayer de décrocher un jour la moyenne en algèbre. Même si on sait que ce n'est pas demain la veille.
Je souffle d'agacement. Ça, c'est mon père. Aucun tact. Sa philosophie est "je rentre dedans, je réfléchis après". Il ne se rend pas compte qu'il peut être blessant parfois. Ça m'énerve car je sais que je pourrais avoir la moyenne en algèbre un jour. Je suis sûre que je pourrais avoir un A si je le voulais.
Je remarque les regards qu'ils se lancent avec Charlie et souris.
Bien joué papa ! Il fait le père cool mais il a surtout réussi son petit coup. En me disant que je n'aurais jamais la moyenne, il a fait en sorte que je fasse tout pour lui prouver le contraire. Mon père a toujours eu la capacité de me faire donner le meilleur de moi-même et là, il a réussi. Car un A en algèbre, j'en veux un maintenant. Il fait la même chose avec les gamins qu'il entraîne. Leur donner suffisamment confiance pour qu'ils croient en leurs capacités et y arrivent. Mon père aurait pu être un grand philosophe.
- Bien joué, Papa. Tu es malin ! Très malin.
Mon père me fait un petit clin d'oeil puis plante sa fourchette dans son plat. C-J s'est déjà resservi et s'apprête à finir sa deuxième assiette.
Mes yeux plongent une nouvelle fois dans ceux d'Adam. Son visage est neutre et ses yeux me percent, comme s'il tentait de lire en moi. Il ne semble pas s'interroger sur moi, il m'observe seulement. Quand un petit rictus se forme sur ses lèvres, je l'imite aussitôt.
Je me concentre de nouveau sur mon père qui finit son assiette.
- Sinon, Je commence.
Je ne sais pas pourquoi je m'acharne. Je connais déjà la réponse à la question que je compte poser.
- ... Tu as réfléchi pour la fête ?
Mon père relève son visage vers moi et plisse le front.
- Quelle fête ?
- Tu sais, pour mon anniversaire.
Mon père comprend où je veux en venir. Il dépose sa fourchette sur le rebord de son assiette et se recule contre le dossier de sa chaise. Il croise les bras sur sa poitrine et je sais aussitôt que c'est mort. Il va refuser.
Quand Ayden a suggéré de faire une fête chez lui, virant ses parents de la villa par la même occasion, pour fêter nos anniversaires, je savais déjà que mon père refuserait. Mon père me laisse très rarement aller à une fête, je dois souvent argumenter pendant des jours et des jours, alors accepter que j'organise ma propre fête relèverait d'un miracle.
- Pas de fête ! Lâche-t-il.
Je soupire d'agacement en même temps que lui alors que Cruz pouffe de rire.
- Et pour le permis ? Je demande.
Il ne peut pas me refuser deux choses coup sur coup, non ?
- Je réfléchis encore, dit-il.
Je soupire à nouveau. Bah si, il a osé.
Déçue, je jete un coup d'oeil vers Charlie qui m'offre un petit sourire compatissant. Elle finit par se lever en raclant sa chaise.
- Adam, tu as aimé les spaghettis ?
Il hoche la tête poliment, en souriant.
- Je te ressers ?
Adam ne répond pas et se contente de refuser en faisant un signe avec sa main. Je plisse le front. Pourquoi n'a- t-il pas répondu ? Je plisse encore plus le front quand je remarque que je ne l'ai toujours pas entendu parler depuis que nous sommes à table. Pourquoi ?
- Vous venez toujours me voir à mon match de baseball, dimanche ? Demande mon frère.
- Je vais devoir passer mon tour cette fois-ci, mon chéri, dit Charlie. Je dois m'occuper de préparer la fête pour ta soeur et Ayden et j'ai peur de manquer de temps.
Avec Ayden, nous fêtons nos seize ans chez mon oncle et ma tante dimanche midi avec toute la famille. Tout le monde sera là, même Sam et Hope qui arriveront de New-York pour l'occasion.
- Moi, je serai là, fait mon père. Et on criera comme des dingues avec E-J à chaque home run que tu feras.
Je relève les yeux vers mon père.
- Je suis vraiment obligée d'y aller ? Je demande.
Mon père paraît surpris par ma question. Je sais qu'il adore quand on va au baseball tous ensemble mais je vais devoir faire l'impasse cette fois-ci.
- Je suppose que non, me dit mon père. Mais ça aurait pu être sympa et...
- J'aurais adoré y aller, c'est juste que j'ai un devoir d'histoire à rendre pour lundi et avec l'anniversaire, j'aurai moins de temps et...
- Ok, répond seulement mon père.
Il tourne alors son visage vers Adam.
- Tu aimes le baseball, Adam ? On pourrait peut-être y aller entre mecs, ça serait sympa.
Adam hoche une nouvelle fois la tête en souriant. Charlie commence alors à débarrasser la table et je me lève à mon tour pour l'aider. Adam fait de même mais ma belle-mère l'arrête d'un geste.
- Ne bouge pas, Adam. Tu es notre invité.
Il sourit à nouveau. Mais quand va-t-il parler ? Est-ce qu'il est timide ? J'en doute. Ses regards sur moi me laissent penser qu'il est loin de l'être.
Charlie pointe du doigt Cruz et mon père, le regard menaçant.
- Vous, par contre, vous n'êtes pas des invités donc vous n'êtes pas dispensés de débarrasser votre table.
Mon père se lève déjà sans rechigner et fait un signe à mon frère d'obéir.
- Fait chier ! Souffle mon frère.
Charlie tourne son visage vers lui. Mon frère n'est vraiment pas discret parfois. En ce moment, il est dans sa période "rebellion". Je ne me souviens pas avoir été dans ma période "crise d'adolescence" aussi tôt et Charlie me dit souvent que je suis bien plus calme que mon frère.
- Corvée ! Dit-elle, avec un sourire laconique.
Cruz, en bon provocateur, hausse les épaules en souriant.
- Y'a plus de chaussettes à trier ! Répond-t-il, amusé. Je me les suis tapées tout à l'heure avant le repas. Ce qui veut dire que je peux dire autant de gros mots que je veux, tu peux rien faire contre moi jusqu'à la prochaine lessive.
Charlie fixe C-J et plisse les yeux. Elle s'approche d'un pas vers son fils. Je sens qu'on va bien rire.
- Oh ! Tu crois ? Essaie d'en dire un autre pour voir ?
Mon frère déglutit alors. Il se trouve con et je laisse échapper un rire.
- Euh... d'accord, fait mon frère, hésitant. Putain ?
Il lâche l'un des nombreux mots interdits dans cette maison comme si il hésitait sur la bonne réponse. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il n'y a aucune bonne réponse. Sur ce coup, il n'y en a que des mauvaises.
Les lèvres de Charlie s'étirent et moi, je me marre intérieurement. Il n'aurait jamais dû. Grave erreur de débutant. La foudre va s'abattre dans cinq... quatre... trois... deux... un...
- Corvée de poubelle ! Une semaine !
C-J roule des yeux et souffle.
- Mais non, Maman. Putain, je...
- Deux semaines.
- Mais ?
- Tu veux trois semaines ?
- Non. Promis je voulais même pas de la première semaine alors.
J'entends un petit rire sur ma droite et je tourne mon visage vers Adam qui secoue la tête, amusé par la situation.
- Tu ris mais ça peut te tomber dessus à toi aussi, je fais. Fais gaffe. Charlie est impitoyable. Et les gros mots, tu vas en entendre cent par jour avec Cruz.
Adam me sourit alors que mon père éclate de rire.
- Alors là, aucun risque, fait mon père. Adam est sourd.
☆☆☆
Ahhh ! Je sais pas vous mais j'adore cette famille ! Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Entre C-J le petit rebelle, Charlie la maman poule et Jazzy le papa grognon, je trouve qu'on a un très beau tableau.
Mais ce n'est pas sur eux que je veux votre avis, je veux que vous me dites tout sur tout sur Adam. Qu'en pensez vous ? Il vous plait ?
Et que pensez vous de sa petite particularité ? Surpris ? Déçu ?
Allez, je vais vous laisser sur ces quelques mots, je vous ai assez enquiquiner ce soir et vais vous laisser à vos occupations.
On se retrouve bientôt pour la suite. De LM ou de LB ? Seul l'avenir nous le dira.
Bisous mes LoveAddict
L
(LoveWriter)
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