Coma White
https://youtu.be/Ndv9ecwOpjk
David
On peut dire que j'ai vécu un sacré traumatisme. Moi, David Fioretti, je ne connais, en définitive, que mon nom. Si, je sais aussi ce que je fais dans la vie : homme d'affaires et bandit, de surcroît. Ce n'est pas forcément un joli pedigree, mais c'est le mien. Et c'est tout ce que je sais. Les souvenirs des dernières années, quelqu'un s'est employé à les effacer : lors d'une course en ville, une fusillade a éclaté. J'en étais la cible principale, et on ne m'a pas raté. Je me suis effondré sur l'asphalte, sans connaissance. Chronique annoncée d'un évènement sans surprise : voilà ce qui arrive quand on mélange activités légales et occupations criminelles. Malheureusement pour celui qui me visait, je m'en suis sorti. Non sans séquelles, puisque cet acte a effacé quatre ans de ma mémoire. Quatre-putains-d'années.
Profondément perturbé par ce saut dans le passé et cette amputation de mes souvenirs, on m'a cru fini, dépressif, con aussi, tout simplement, et je suis à peu près sûr que cette hypothèse est la meilleure. Résultat : j'ai été un enfer vivant, et la vie, un enfer pour moi. À part mon travail et ma fortune, j'ai tout perdu. Que dire aujourd'hui ? Suis-je vraiment celui que j'étais jusqu'à présent ? Ou suis-je un homme nouveau dont les valeurs et la personnalité ont changé ?
Voilà la question qui m'obsède au point d'en perdre le sommeil : qui suis-je ? Je ne connais que celui que j'ai été jusqu'à l'âge de vingt-six ans. Après ça : blackout. Les exactions que j'ai commises durant cette période, et que je découvre, font naître en moi une haine qui me donne le vertige. Un homme comme ça, en face-à-face, je serais capable de le tuer à mains nues. Violent envers mes proches, dangereux, égoïste et cruel, c'est tout ce que j'ai été. Même ma petite amie a mis les voiles.
Judicaëlle Braun avait bouleversé ma vie et je l'avais aimée à la folie au sens propre du terme. Trois ans en commun, puis trois ans à survivre sans elle.
Sauf que j'ai oublié ça. Dans ma tête et depuis la tentative de meurtre, elle était toujours ma meuf, puisque mon amnésie effaçait mes souvenirs jusqu'à une période antérieure à notre rupture. Imaginez le choc au réveil ! Je découvre qu'en plus du connard arrogant que j'ai toujours été — Ça, il faut bien l'admettre — je suis devenu le pire des salopards sans moralité. Et que, de surcroît, la fille que j'aime n'est plus ma compagne, elle m'a quitté. J'ai bien tenté de l'oublier, de retrouver une fille qui lui ressemble et cumulé les coucheries sans lendemain, rien n'a marché. Pourtant, après avoir nourri quelque temps une obsession maladive en vue de la reconquérir, ma vie reprend peu à peu. Je suis enfin parvenu à lui demander pardon pour ce qu'elle a subi à cause de moi, puis j'ai cessé de nourrir une passion compulsive pour elle.
Autre progrès, mon cœur semble réagir à nouveau et mon corps le suit : il y a quelques semaines, un élu m'a invité dans un cabaret pour que nous puissions discuter affaires en toute discrétion, tout en prenant du bon temps. Et si certaines « régulières » se prêtaient volontiers au jeu de la séduction avec certains clients, il y avait ce jour-là une guest star, éclipsant toutes les autres. Beaucoup auraient voulu l'approcher, sans succès : elle était là pour le show et uniquement pour ça. Alors, frustré, je suis parti jusqu'à Paris pour la revoir.
Car, en dehors des invitations qu'elle accepte en région et à l'international, l'objet de ma fascination n'est pas la simple employée d'un établissement, c'est une véritable star du glamour connue par-delà les frontières pour des spectacles ponctuels. Le reste du temps, celle qui se fait appeler « Miss Carlotta » est meneuse de revue à Paris. Ce qui m'a donné une idée : racheter ce cabaret de province à Toulon, où nous nous sommes croisés la première fois, dans l'espoir de la débaucher pour qu'elle y fasse des shows en résidence. Comme à Vegas, quitte à tripler son salaire.
Il faut dire que la jeune femme a sur moi une emprise aussi remarquable qu'inattendue. Face à elle, mon corps frissonne de haut en bas par vagues successives et l'électricité me pénètre pour me griller à cent pour cent. Quand je me reprends, ça recommence. Mon estomac se serre et la contraction remonte jusque dans ma gorge, avant d'assécher ma bouche. Son corps est d'une harmonie parfaite au centimètre près, tous les standards objectifs de beauté y sont, c'est certain, toutes les proportions idéales : la règle du deux tiers-un tiers, le « triangle d'or », la cambrure. Son visage est remarquable : un petit nez de poupée, des lèvres fines, mais parfaitement dessinées, des yeux de biche d'une couleur ambrée superbe, dont le brun chaud contraste avec la noirceur de sa frange et de ses longs cheveux lisses, noir de jais. Sa peau est laiteuse et délicate, sans aucun défaut. Sur ses bras, s'enroulent les vrilles de multiples plantes exotiques où s'épanouissent de grandes fleurs que viennent butiner d'adorables colibris : tout l'équilibre fragile d'un paradis, caché selon les besoins du spectacle, mais que certaines scènes lui permettent de montrer.
J'apprécie son talent, dévore des yeux sa plastique irréelle, écoute sa voix quand on l'entend : une douche de velours. Chaque son m'enveloppe de coton. Les sensations s'ajoutent les unes aux autres et me pénètrent jusqu'à me posséder parfaitement : je suis chargé à vingt mille volts. L'éventualité de la rencontrer après le spectacle me rend dingue et pour ça aussi, j'avoue ne pas y être allé de main morte. J'ai payé le patron dans des proportions indécentes, pour que les danseurs fassent des heures sup'. Juste pour moi.
À mes côtés, mes amis subissent l'effet de mon ardeur en bougonnant à tour de rôle pour que je me tienne tranquille. Clyde attrape Judy par le coude en fronçant les sourcils.
— Pitié, dis-moi que tu as une solution miracle pour le calmer !
Elle ricane :
— Pas vraiment non.
Clyde est nerveux lui aussi, je pense qu'il en pince pour une copine de Judy. Comme elle ne lève pas le nez de son portable, il soupçonne, à juste titre, qu'elles s'échangent des messages.
— C'est qui ?
Elle lui jette un regard en coin pour le remettre à sa place :
— Ta mère !
Il se renfrogne et noie ses glaçons avec un air bougon. Je m'abandonne à la contemplation du spectacle, en interpellant Judy sur ses bonnes manières et sa distinction :
— La classe, Jude !
Vu qu'elle ne m'a pas encore fait un doigt d'honneur pour me remercier de l'attention que je lui porte, je suppose qu'elle n'a pas entendu.
Le show burlesque de la jolie danseuse étant le point culminant de la représentation, je délaisse définitivement les chamailleries de mes comparses : une chorégraphie sobre met en scène l'objet de tous mes fantasmes dans une cage dorée avec une petite balançoire. Les vêtements tombent un à un et j'entends mon cœur s'écraser morceau par morceau sur le sol. Deux minutes cinquante d'extase pure. Si mes yeux avaient pu lancer des flammes, tout serait en cendres autour de moi. Le reste du monde a disparu autour de nous, je me fous de tout ce qui pourrait se produire en dehors de sa prestation. Je me plais à rêver qu'elle danse pour moi et pour moi seul. Je déglutis avec peine en sentant une tension m'étreindre, faisant remonter une vague de plaisir le long de mon bas-ventre, jusqu'à mes oreilles où mon sang crépite. Bien joué : je suis en érection. Je la désire avec une force absolue, tous mes poils se redressent, ma peau palpite. Sur le final, je suis impressionné par la qualité de la mise en scène, mais aussi par la beauté des costumes. Je comprends que ses shows fassent la renommée de la France au-delà des frontières !
Après la représentation publique, nous passons dans les loges avec mes deux acolytes en attendant que la salle se vide avant le show privé. Je veux remercier Miss Carlotta de vive voix et lui témoigner toute mon admiration. Je suis un privilégié, parce que la clientèle ne doit normalement pas avoir de contact avec les danseuses. Mais quand on a les moyens...
Quand nous arrivons près de sa loge, Richard, qui dirige l'établissement, entretient une discussion mouvementée avec elle.
— C'est moi ton boss et tu fais ce que je te demande. Bon sang, c'est si compliqué ?
— Merde ! Non Richard ! Je ne veux pas faire ça ! Je ne comprends pas pourquoi tu nous as fait répéter là-dessus ! Tu sais très bien que je déteste le principe des prestations privatives. L'étape suivante, ce sera quoi, une lap dance, une backroom ? On n'est pas des esclaves au marché, tu ne peux pas nous faire ça aux filles et à moi !
Nous nous arrêtons net et Judy me dévisage d'un air incrédule.
— Heu... tu veux vraiment y aller ? Je crois que tes exigences l'ont un peu mise en colère !
Putain, cette fille a un aplomb de tueur en série, rien ne lui fait peur, et il faut qu'elle me sorte la carte de la timidité au moment où ma fébrilité atteint son maximum. Je jure :
— Et merde, avec ou sans vous, j'irai la voir.
Je me redresse en prenant une ample respiration, mes mains deviennent moites : traîtresses ! Sans doute mes doigts sont-ils eux aussi nerveux à l'idée de rencontrer les siens. Face à elle, mes défenses tombent. Je ne sais plus quoi dire et mon cerveau patine en pleine confusion. C'est la première fois que je la vois avec autant de lumière et je m'immobilise un instant pour observer la scène. Pratiquement nue, comme l'exige le tableau final du spectacle, elle se confronte à son patron avec aplomb et véhémence. Tout son corps se révèle à ma vue, tout juste agrémenté d'ornements discrets, parsemé de paillettes multicolores et scintillantes.
Elle est belle, mon Dieu !
C'est la perfection faite femme ! J'en ai le souffle coupé, impossible de prononcer le moindre mot. Elle, en revanche, ne se laisse pas démonter :
— Il faudrait savoir ! Le règlement interdit les contacts, mais quand le bakchich est correct, ça ne te gêne pas de nous livrer en pâture à de vieux chefs d'entreprise libidineux et ventripotents !
Merci !
Je m'étouffe sous le coup de sa réflexion et elle remarque enfin ma présence au seuil de la vaste loge. Ses yeux se posent paisiblement sur les miens et je m'enfonce dans leur chaleur, c'est comme si j'y trouvais cent ans de réconfort et mille ans de désir. Il y a dans son regard une lumière chaude et pénétrante. Après un bref sursaut de courage, je me reprends et parviens à articuler quelques pitoyables mots :
— Mademoiselle, ne vous méprenez pas, si je suis venu de loin, ce n'est pas dans le but d'acheter votre vertu.
Et elle n'en a rien à cirer, Fioretti.
Je saisis sa main pour la porter à mes lèvres, comme s'il s'agissait d'un oiseau tremblant que j'aurais eu peur d'écraser en le serrant trop fort. Elle me détaille, critique, en fronçant les sourcils.
— Il me semble vous avoir déjà vu...
Je m'incline en une sorte de révérence maladroite en signe de respect qui doit paraître désuète et obséquieuse. Normalement, je n'ai pas besoin de ça, que ce soit grâce à ma belle gueule ou à mon porte-monnaie bien garni, je n'essuie aucun refus. Les gens sont superficiels, c'est si tristement facile... Mais avec elle, c'est différent, je veux faire mieux.
— En effet, j'ai eu le plaisir de vous croiser il y a quelques semaines sur Toulon. Mais j'avais envie d'en voir encore davantage. À vrai dire, je... serais curieux de découvrir chaque facette de vos compétences.
J'ai peur qu'elle me saute à la gorge. Ou pas en fait, l'idée me séduirait assez. Viens à moi petit oiseau et je jouerai à chat...
Ses yeux regardent furtivement sur le côté et elle semble mal à l'aise, alors j'essaie de rendre ma voix plus douce encore :
— Pour être parfaitement honnête, je suis venu pour vos talents. Et si le bien-fondé de ma démarche vous échappe, je vous promets de rester protocolaire et de ne plus faire irruption dans votre quotidien. Je m'en tiendrai strictement au cadre professionnel et ne traiterai pas en personne. Mais, s'il vous plaît, accordez-moi ce dernier spectacle.
Tu la supplies, Fioretti, fais attention...
Sa bouche s'entrouvre comme si elle cherchait ses mots et, sous son maquillage, sa peau se teinte d'une nuance délicatement rosée.
— D'accord, concède-t-elle, je vais faire une exception... C'est juste que le cancan n'est pas notre spécialité et ce que vous demandez, à savoir une prestation privée, est une démarche très particulière qui me met mal à l'aise.
Un cancan ? J'ai pas demandé ça, moi ! Je veux juste qu'elle s'effeuille !
— Entendu. En ce cas, je tiendrai parole, après cette faveur, je disparaîtrai.
Elle paraît hésiter un instant avant de donner suite à ma requête :
— Je... Merci, conclut-elle avec une pointe de soulagement mêlée de résignation.
J'ai une irrépressible envie de la toucher, de l'effleurer de mes lèvres et je me rends compte qu'elle n'a pas retiré ses doigts. Finalement, notre rencontre n'a pas l'air d'être si désagréable. J'en profite pour poser mon autre main sur la sienne, produisant une sorte d'influx électrique et il me semble l'avoir vue soupirer : Dieu merci ! Je n'ai pas perdu tous mes talents. Je me détache à regret avant de lui témoigner ma reconnaissance à mon tour :
— Merci à vous, mademoiselle.
Quand je sors des loges, l'ensemble des bruits me paraît lointain et étouffé, je plane. Clyde me donne un petit coup de coude.
— Dis donc, t'as pas perdu ton assurance naturelle !
Je ferme un œil en feignant de ne pas comprendre et il poursuit :
— Tu m'expliqueras un jour comment tu fais pour imposer le silence quand tu rentres quelque part ?
J'éclate de rire :
— Honnêtement ? Je n'en sais rien. Déformation professionnelle sans doute ?
Quand on fait irruption pour un braquage, la première chose qu'on demande, c'est que personne ne bouge, que tout le monde se taise. La phrase traditionnelle. Elle est d'une importance capitale et celui qui la prononce doit y mettre toute son autorité, tout dans l'attitude qu'on adopte doit respirer l'assurance. À la moindre faiblesse, les gens le savent et l'exploitent. Je suppose que cette aisance me vient de là.
Je me dirige vers ma table pour observer le rappel privé que je nous ai obtenu. Mais je ne suis pas satisfait, ma démarche a été très mal prise et, dans le fond, elle me considère comme le dernier des connards. Comme les spectateurs lambda ont évacué la salle, je m'avance vers la scène, encore et encore, jusqu'à la toucher. La lumière s'éteint, les premières notes de musique s'élèvent et mes poils se dressent au garde à vous. Je suis plongé dans une sorte de vénération. Sa grâce, son élégance sont intemporelles, elle se transforme sous mes yeux en symbole parfait de la femme séductrice et désirable. C'est comme se trouver sur un immense ventilateur qui vous propulserait dans les airs. Des tremblements m'agitent et des picotements me recouvrent de la tête aux pieds. Je suis sûr que des mecs doivent payer très cher pour obtenir une drogue qui leur ferait un effet pareil, c'est le kiffe le plus absolu qui soit. Quand le morceau arrive à son terme, elle effectue un grand écart latéral qui me laisse bouche bée et, avec effronterie, elle tend le bras vers moi et son index se pose sous mon menton pour le relever. Je reste pétrifié quand elle se redresse. Comment a-t-elle pu oser un geste pareil, alors qu'elle s'opposait à ce rappel il y a quelques minutes à peine ! Ça fait partie du spectacle ? C'est volontaire ? Personnel ? C'est comme si une connexion invisible venait de s'établir, un lien invisible entre elle et moi.
Mais ce n'est pas fini, dans le cercle lumineux de la poursuite, ma jolie danseuse réapparaît, seule entre les ailes d'un grand oiseau blanc. Dans une tenue très fifties cette fois, et je dévisage ma belle, en transe. Je n'ai jamais été un grand fan des strip-teases, mais les shows burlesques, ça n'a rien à voir. La voir onduler au rythme de la musique en mimant les paroles accentue l'effet érotique qu'elle a sur moi. Je dois ravaler ma salive dans ma bouche sèche et je comprends qu'elle est ouverte, ce qui me fait sourire : je suis littéralement hilare.
Pour ne rien arranger à mon aliénation, elle plonge son regard dans le mien, m'ancrant à elle sans plus dévier. C'est cruel, sans exagération aucune. Chaque mouvement fait voleter dans l'air de toutes petites plumes, sa culotte fifties et son porte-jarretelles provoquent chez moi une furieuse envie de lui arracher tous ses vêtements, c'est plus sexy encore qu'un string minimaliste ! Je suis en face d'une véritable pin-up des années cinquante, mais en plus belle : aucune femme ne lui arrive à la cheville. Quand son serre-taille chute à ses pieds mon cœur s'arrête et un déclic se produit en moi, il y a la vie avant et maintenant, il y aura un avant et un après, je le sens tandis que je caresse son corps du regard.
Puis, avançant vers moi comme une prédatrice, elle retire la pique à chignon qui retient sa coiffure et, d'un air de défi, me la tend en articulant distinctement un mot qui me fout en vrac :
— Pardon.
J'agrippe le délicat accessoire, comme s'il s'agissait de l'unique clé capable d'ouvrir la porte me permettant de sortir d'un entrepôt en feu. Je suis convaincu qu'il y a quelque chose de possible entre nous. L'obscurité qui suit la fin du morceau est oppressante et je ressens un vague soulagement quand la lumière revient peu à peu.
Je la cherche autour de moi. Il faut que je lui demande des explications, ça ne peut pas être anodin. Mais je ne la vois nulle part, elle a dû repartir aux loges. Après quelques minutes d'une attente interminable, je décide de l'y rejoindre. Dans le couloir, je croise quelques jeunes femmes déjà prêtes à partir, quittant les lieux par l'escalier de service. J'intercepte l'une d'entre elles en espérant que Miss Carlotta ne soit pas déjà partie elle aussi.
— Je suis navrée, monsieur, vous arrivez trop tard. Nous n'avons pas le droit d'avoir des contacts avec les clients de toute façon, je suis vraiment désolée...
Je râle, dépité et furieux contre moi-même :
— Non, non ! Elle était là il y a une minute !
J'écoute à peine les voix qui s'élèvent autour de moi m'expliquant le règlement, les usages et tout le reste. De toute façon, je m'en fous, je reviendrai tous les soirs s'il le faut. Mais, face à moi, la jeune femme insiste et pose une main sur mon bras pour attirer mon attention vers sa pique à chignon.
— Monsieur ? Monsieur ! Elle vous a tout de même laissé quelque chose !
Je tire distraitement sur un bout de l'origami en papier japonais imprimé qui orne l'extrémité. Je suis aussi angoissé qu'un lycéen qui découvre s'il a été reçu au bac. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine et je me fige. C'est une sorte de carte de visite avec ses coordonnées et je découvre avec délice sa véritable identité : Miss Carlotta s'appelle Mahira, Mahira Camps.
Je vais tenir parole et la séduire, comme aucun homme ne l'a jamais fait : en cultivant le mystère.
Dans la plupart des cabarets, le corps de la danseuse idéale regroupe certaines règles dont celles du « deux tiers – un tiers » c'est-à-dire, avoir une longueur de jambes à peu près équivalente aux deux tiers de la stature, le « triangle d'or » soit, des mensurations bien spécifiques entre le bout des seins et le nombril ou encore, une cambrure bien marquée.
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