Chapitre 19 (corrigé)
Et nous voilà tous les trois dans le salon. Ach s'est accoudé à la fenêtre. Son regard passe de moi à Luc, sans cesse. Je vois parfois ses lèvres tressaillir. A tous les coups, il est en train de trifouiller dans ma tête ou dans celle de Luc. Je ne sais pas si j'ai envie de l'étrangler ou de le supplier de me dire à quoi pense le chasseur. Luc, quant à lui, ne m'a pas lâché des yeux depuis qu'on est entré. Assis dans le canapé, les bras posés sur les genoux, il me scrute, m'observe. Il a l'air franchement tendu, comme s'il était prêt à me sauter à la gorge pour une parole de travers. Je ne le sens pas, mais alors pas du tout. Je me demande quand l'orage va s'abattre sur ma tête.
- Vous comptez rester ainsi pour le reste de la nuit ? demande soudain le vampire.
Luc ne cille même pas. Et moi, franchement, je ne sais pas quoi lui répondre. Je sais juste que si je ne fais quelque chose, ça va finir par me péter à la gueule. Ach lâche un soupir d'agacement avant de se diriger vers l'entrée.
- De toute manière, on ne pourra rien faire ce soir. Je monte me coucher.
- C'est ça, barrez-vous, marmonne Luc. De toute façon, on n'a pas besoin de vous ici.
En une fraction de seconde, Luc se retrouve plaqué contre le dossier du canapé, Ach lui écrasant la gorge. Luc lui repousse violemment d'un coup de bras. Le vampire revient à la charge mais je m'interpose.
- On se calme.
Ach plante son regard violet dans le mien. Il est de toute évidence énervé. Je savais que d'emmener Luc ici était une très mauvaise idée.
- C'est ce que je vous ai dit depuis le départ, mais vous ne m'avez pas écouté. Comme à votre habitude.
- Parce que vous aviez une meilleure idée, rétorqué-je, piqué au vif.
- J'aurais pu régler le problème sur le parking si vous m'aviez laissé faire.
Cette fois-ci, c'est Luc qui se lève, prêt à en découdre. Je le bloque en posant la main sur sa poitrine. Ses yeux se baissent sur ce point de contact un instant, avant d'envoyer un regard noir à l'intention du vampire.
- C'est moi le problème en question ?
- C'est qu'il sait lire entre les lignes, le petit, ironise Ach.
- Ca suffit tous les deux. Ce n'est pas comme ça qu'on va s'en sortir.
- De toute évidence, reprend le vampire. Je vous laisse jusqu'à demain matin pour que vous ayez cette conversation qu'il semble tellement vous tenir à cœur. Ensuite, je veux qu'il dégage.
Sans attendre ma réponse, Ach tourne les talons et monte à l'étage. Je l'observe disparaitre et attend que sa porte de chambre claque avant de reprendre mon souffle. On est passé à deux doigts de la catastrophe. Mon regard reste fixé sur la rambarde que je devine d'ici. Il a raison. Il faut que je m'explique avec Luc. Je ne sais pas pourquoi j'ai tellement envie qu'il me croie. On n'est pas si proche que ça.
Soudain, des doigts se referment sur mon poignet. Je tourne aussitôt la tête vers Luc. Il a attrapé la main qui était encore sur son torse et la dégage doucement. Je ne m'étais pas rendue compte qu'elle était toujours là. Je la retire d'un coup sec, comme si ce contact m'avait brûlé. Mon cœur s'est mis à accélérer à ce contact, un peu trop intime. Je me sens vraiment bête de m'emballer comme ça. Luc se contente de sourire avant de retourner s'asseoir.
- Alors tu as trouvé le moyen de tomber sur un originel. Décidemment, tu sais te fourrer dans les pires ennuis, Ivy.
Son ton amusé a un arrière-goût de regret. Bien sûr, je saisis le sous-entendu.
- Je ne fais pas exprès d'attirer les problèmes. Ce n'est pas moi qui ait décidé de me retrouver devant le Conseil. Ce n'est pas moi non plus qui ait choisi de me faire torturer par des malades mentaux.
Le sourire naissant de Luc s'évanouit aussitôt. Je me mords aussitôt la lèvre. Non mais quelle conne ! Pourquoi ai-je laissé sortir les mots sans y réfléchir d'abord ?
- Si tu insinues que c'est de ma faute...
Sa phrase reste en suspens, je sens bien qu'il se contient de la continuer. Lui au moins réfléchit avant de parler. Je passe une main sur mon visage. Je mérite vraiment une bonne claque pour remettre mes idées en place. Si je veux être crédible, je ne peux pas lui rentrer dedans, comme ça, sans raison. Je soupire avant de reprendre.
- Désolé. Les mots ont dépassé ma pensée. Vu que la situation est tendue, j'ai du mal à contrôler tout ça. Mais si tu es prêt à m'écouter, je vais te raconter ce qui s'est passé. Je te demande juste de me laisser dire ce que j'ai à dire jusqu'au bout, sans m'interrompre.
Je lève les yeux vers lui. Son visage est dur, mais il hoche la tête en signe d'approbation. Je ferme les yeux quelques secondes pour me donner un peu de courage.
- Quand tu m'as laissée ce soir-là, je t'ai attendu un moment, pensant que tu allais revenir. Mais de toute évidence, notre conversation t'avait mis mal à l'aise...
Luc s'est redressé et s'est adossé contre le dossier. Ses bras se sont croisés devant sa poitrine. A présent, il passe nerveusement son pouce sous sa lèvre inférieure. Ce geste me perturbe plus que je ne le voudrais. Je reprends avec peine ma respiration et détourne le regard. Mes yeux dérivent vers la fenêtre et tombe sur la lune qui joue à cache-cache dans les arbres. Ses ombres changeantes me ramènent immédiatement à cette soirée effroyable.
- J'ai fini par m'endormir. Mais au beau milieu de la nuit j'ai été réveillée par quelqu'un qui me maintenait de force sur le lit. J'ai tout de suite compris que les choses étaient en train de mal tourner, mais je n'ai pas eu le temps de me défendre ou de crier. Ils m'ont drogué et j'ai perdu connaissance.
Mes doigts se tordent nerveusement. Les sensations d'oppression et de panique reviennent comme un boomerang.
- J'étais morte de trouille. Je me demandais ce qui se passait. Mais surtout je me demandais où tu étais. Tu m'avais dit que...
Les mots restent coincés dans ma gorge. Je ne peux pas lui avouer que j'avais espéré qu'il vienne me sauver et que ça a été la douche froide quand le chasseur m'avait ri au nez. Je secoue la tête pour chasser cette idée grotesque.
- Ils m'ont ensuite attaché à un arbre et le rouquin a commencé à me torturer. Il prenait tellement de plaisir à me voir souffrir... Je ne pouvais pas le laisser faire. Alors j'ai pété un plomb...
Mon corps tremble. Ma poitrine menace d'exploser à force de vouloir retenir toute cette émotion. Cette douleur, cette colère, cette révolte qui bouillent en moi. Je les hais du plus profond de mon être. Je les hais pour ce qu'ils m'ont fait, pour ce qu'ils me font ressentir maintenant. Je déteste ce mélange qui coule dans mes veines. Je ne regrette pas ce que j'ai fait. S'il fallait le refaire, je le referai avec plaisir. Et c'est bien là le problème. A cause d'eux, une petite porte s'est ouverte dans mon cœur et ce qui en sort ne me plait pas du tout.
- Il m'a dit que tu les avais aidés.
La phrase est sortie toute seule. Je ne le voulais pas, mais c'est trop tard. Et puis, tant mieux. Il faut que j'en ai le cœur net. Je relève les yeux vers lui. Ma respiration se bloque dans ma poitrine quand je croise son regard. Il est empli de colère. Luc est furieux. Je ne comprends pas. Il voulait la vérité. Et voilà que maintenant, il est en colère contre moi. J'ouvre la bouche prête à me défendre, mais il me coupe l'herbe sous les pieds.
- Qui t'a dit une chose pareille ?
Je suis déstabilisée par sa question. En quoi est-ce important ?
- Est-ce que c'est la même personne qui t'a fait cette cicatrice ?
Luc pointe mon bras, sans même le regarder. Pourquoi refuse-t-il de la voir ? Elle est pourtant la preuve formelle de ce que je raconte. Cette boursouflure blanche longeant mon biceps le nargue, argument indéniable de la vérité. Se sent-il coupable ?
- C'est ton cher ami le rouquin qui me l'a faite, pendant qu'il se moquait de ma naïveté. Il m'a dit que j'étais vraiment bête d'avoir cru que je pouvais m'en sortir et que tu étais de leur côté.
- Il t'a dit que je les avais aidés à commettre ça et tu les as crus ? s'énerve Luc.
Mes yeux se mettent à papillonner. Alors là, c'est la meilleure ! Luc se lève et passe les mains dans ses cheveux. Il est remonté. Contre qui ? Contre moi ?
- Tu les as crus quand ils t'ont dit que j'étais d'accord pour qu'il te torture et te tue, sans l'ombre d'un procès ? Tu me prends pour quoi exactement ? Un cinglé, un monstre comme....
- Comme moi, finis-je sa phrase.
Ses yeux se posent sur moi et il se fige.
- Je sais ce que tu penses de moi maintenant. Je suis la lycaon qui a massacré quatre chasseurs. Et ça, tu ne peux pas l'accepter. Je suis une hors-la-loi, une des ordures que tu combats tous les jours. Alors, cessons de faire comme s'il pouvait en être autrement.
Je me lève à mon tour. Je l'observe. Il a l'air perdu dans ses pensées.
- Luc, je t'ai dit la vérité. Je n'ai fait que me défendre. Mais je sais que ce n'est pas suffisant pour toi. Tu es un chasseur et j'ai tué des humains. Ton travail t'oblige à me mettre hors d'état de nuire. Mais...
Je reprends ma respiration. J'ai l'impression de courir un marathon, tant mes sentiments me foutent en l'air.
- Laisse-moi une chance de vivre. Laisse-moi une journée d'avance. Demain, je vais partir. Loin, très loin d'ici. J'irais me planquer dans le fin fond d'une forêt, jusqu'à qu'on m'oublie. Et ensuite, je me barre de ce pays. Tu n'entendras plus jamais plus parler de moi. Je ne poserais plus de problème. J'ai su gérer mon côté loup jusqu'à présent. Il n'y a pas de raison que je n'y arrive pas dans le futur. Ce n'était qu'un malheureux concours de circonstances. Jamais je ne ferais de mal à un humain volontairement. Tu entends, jamais.
Luc n'a pas bougé, n'a pas bronché pendant mon monologue. Son visage est si impassible que je ne sais pas comment il va réagir. Tout à coup, le doute m'envahit. Ach avait peut-être raison. Luc va nous attirer des ennuis. A tous les coups, il va appeler ses copains chasseurs et ils vont me faire la peau. Et le vampire va avoir des problèmes à cause de moi.
- Ivy... je ne sais pas... Il faut que je réfléchisse. Ce n'est pas aussi simple. Oui, je suis un chasseur et tu as commis un crime impardonnable. Mais... Tout n'est pas noir ou blanc. Personne n'est parfait.
Je me sens encore plus perdue. Je croyais pourtant, dur comme fer, que jamais Luc ne dérogerait à ses principes. Et voilà qu'il insinue qu'il pourrait y avoir une alternative. Je ne sais pas quoi en penser.
- Laisse-moi la nuit pour assimiler. Demain, on en reparlera.
Luc s'allonge sur le canapé, croise les bras et ferme les yeux. Je reste là à le regarder, comme une idiote. Avec lui, c'est comme se lancer dans le vide. J'ai l'impression de perdre tous mes repères. Je n'ai plus rien à quoi me raccrocher. Normalement, j'arrive à analyser le comportement des gens mais lui, c'est un grand mystère.
- Heu... tu comptes dormir ici ?
Il ouvre les yeux et me regarde attentivement.
- Pourquoi tu as une autre solution ?
- Il y a plein de chambres dans cette baraque. Tu peux en prendre une.
- Vraiment ? ricane-t-il. Tu crois que le vampire me laisserait faire ?
Ah oui, Ach ! J'avais oublié ce petit détail.
- Je vais m'occuper de lui, dis-je en tournant les talons. Laisse-moi quelques minutes pour régler ça.
Je m'apprête à sortir de la pièce quand sa voix suave me stoppe dans mon élan.
- Ivy... Méfie-toi de ce vampire.
- Pourquoi ? Tu le connais ?
- Seulement de réputation et c'est suffisant. C'est un être sans scrupule, imbu de lui-même et qui ne pense qu'à lui. Tout ce qu'il ait est purement intéressé.
Je hausse les épaules, avant de filer dans l'escalier. Ce n'est pas comme si c'était une nouvelle pour moi. J'ai bien vu comment Ach fonctionnait.
- Ne t'inquiète pas. Je gère.
Arrivée en haut, je m'arrête devant la porte de sa chambre, bien moins sûre de moi. Ach a été plus que clair, il veut que Luc parte dès que possible. Je dois trouver une manière de gagner du temps. Mais j'ai intérêt de remette de l'ordre dans mes pensées avant, parce que ce vicieux de vampire ne pourra pas s'empêcher de me faire remarquer mon trouble.
Je frappe et patiente quelques instants. Pas de réponse. Je recommence. Toujours rien. Ce n'est pas tout mais je n'ai pas toute la nuit devant moi non plus.
- Ach, je pourrais vous parler une minute ? dis-je, en passant la tête par la porte entrouverte.
Je parcours la pièce du regard. Personne. Mais où peut-il bien être ? Tout à coup, la porte de la salle de bains s'ouvre. Ach en sort, une serviette autour de la taille. Mes yeux s'écarquillent et au lieu de détourner le regard, je me fige complètement.
- Mais, je vous en prie, faites comme chez vous.
J'arrive à décrocher de cette vue hypnotique et tombe sur son regard moqueur. Je tente de faire comme si de rien n'était, ce qui le fait immanquablement sourire. Il me tourne le dos et continue à se sécher les cheveux. Mes yeux sont captivés par le spectacle. Je ne peux m'empêcher d'admirer la perfection de son corps. Ses épaules musclées, son dos où j'ai envie de laisser promener mes doigts et ses fesses... Le vampire laisse alors tomber sa serviette au sol. Mon cœur a un raté. Mes joues s'embrasent. Mon dieu ! Quel cul ! Ach ricane.
- Merci du compliment, dit-il tout en enfilant un boxer.
Il se retourne en souriant. Et moi, je suis rouge cramoisie. Il faut vraiment que j'apprenne à contrôler mes pulsions. Ça devient de plus en plus embarrassant.
- J'aime bien que vous laissez libre court à vos fantasmes, Ivy. Surtout si c'est moi qui en suit le centre.
Ma respiration s'accélère. Ce mec sait exactement quoi dire pour me mettre dans tous mes états. Il s'approche alors de moi, son regard de prédateur planté dans le mien. Je recule et bute contre la porte. Je suis piégée. Ach affiche un petit sourire en coin qui n'a rien de rassurant.
- De quoi avez-vous peur, Ivy ? demande-t-il avec une arrogance démesurée. De moi ou de vos propres réactions.
Cet homme est le diable incarné. Je tente de garder mon calme, mais si près de lui, c'est peine perdue. Il a envie de moi, mais je joue à un jeu dangereux. Ses crocs sont bien trop près.
- Je sais résister à la tentation, me souffle-t-il à l'oreille. Je peux très bien me contenter de votre corps pour ce soir.
Je ferme les yeux. Mon dieu ! A chaque respiration ma poitrine rencontre son torse. Sa main se glisse dans mes cheveux et attrape ma nuque. J'ouvre instantanément les yeux. Ses yeux mi-clos ne quittent pas ma bouche entrouverte. Son autre main se glisse dans mon dos, m'obligeant à me coller contre lui. Sans m'en rendre compte, mes lèvres rejoignent les siennes. Son baiser trop lent est une torture.
- Je vous veux, Ivy, dit-il contre mes lèvres. Donnez-vous à moi et je tolèrerai votre petit chasseur.
Sa phrase me refroidit aussitôt. Je le repousse violemment. Ach se met à rire.
- Vous avez envie de moi, mais l'idée de le décevoir vous ait insupportable. Vous ne pourrez pas toujours jouer sur les deux tableaux. Et sachez que j'obtiens toujours ce que je veux. Toujours.
Incapable de répliquer, je sors et claque la porte.
Je me précipite dans l'escalier et m'appuie sur la rampe. Putain de merde ! ma respiration est saccadée. Je joue à quoi là ? Mauvaise idée, très mauvaise idée. Tout ça ne peut que mal finir. Mon cœur bat des records. Mon esprit est trop embrumé. J'ai envie de lui, mais c'est un vampire. Un danger sur pieds. Un putain de nid à problèmes hyper sexy. Un bruit de chaise en contre-bas me rappelle à l'ordre. Luc n'est qu'à quelques mètres.
- Ivy ?
Je l'entends se rapprocher. Il faut que je reprenne vite le dessus ou il va se demander ce qui ne tourne pas rond.
- Je descends.
Je dévale l'escalier et me retourne nez à nez avec lui. Luc fronce les sourcils en m'apercevant. Merde !
- Le vampire s'est calmé ?
A ces mots, je me raidis. Trouve vite un bobard.
- Pour l'instant, ça va aller, dis-je, en le contournant pour me laisser tomber sur le canapé.
Luc me rejoint et s'assoit à côté de moi. On reste comme ça un moment, hésitant tous les deux à parler.
- Ivy, je sais que ce n'est pas le meilleur moment pour ça. Mais il y a encore un autre point que je veux éclaircir. Il faut qu'on parle de ce qu'il s'est passé dans la ruelle.
Bordel. Décidément, cette soirée est de pire en pire. Il a décidé de m'achever. J'enfouis mon visage dans mes mains. Comment lui expliquer ? Je ne sais même pas ce que c'était réellement.
- J'avoue que tu m'as pris au dépourvu. Tu es une sacrée... combattante.
Quoi ? C'est de ça qu'il voulait qu'on parle ? Surprise, je relève la tête et le dévisage. Son regard est fuyant. Son cœur bat à tout rompre. Non, ce n'est pas ça qu'il l'intéresse, mais ce n'est pas grave. Ça va me permettre d'échapper à cette discussion pénible.
- Je n'ai pas de comparatif, dis-je en haussant les épaules. Je me suis toujours débrouillée pour éviter l'affrontement.
- Je t'assure que tu te débrouilles très bien. J'ai l'habitude d'affronter toutes sortes de créatures, mais tu as réussi à me mettre hors-jeu en un temps record.
De manière parfaitement déloyale, d'ailleurs. Je tourne la tête vers lui. Il regarde droit devant lui. Malgré tout ce qui s'est passé, je sais, au fond de moi, que c'est quelqu'un de bien. Ce que j'ai fait n'était vraiment pas bien. Ce baiser... je n'aurais pas dû, même s'il a été particulièrement agréable.
- Luc, en ce qui concerne le baiser...
Je n'arrive pas à finir ma phrase, ne sachant pas trop quoi dire.
- C'était finement joué, termine-t-il en se levant. Tu m'as bien eu.
Son ton est amer. Je l'ai blessé. Je baisse la tête. Je me suis vraiment comportée comme la pire des saloperies.
- C'était tout à fait déplacé.
- Pourtant ça a été efficace, dit-il en riant. Mais je ne me laisserai plus avoir.
Je laisse échapper un rire nerveux. Je ne sais pas si je suis déçue par sa réaction ou soulagée. Mais il ne me laisse pas l'occasion d'y réfléchir plus.
- Je crois qu'il est temps d'aller se coucher, reprend-il en se levant.
J'acquiesce et le conduis à une des chambres, juste à côté de la mienne. Alors qu'il passe la porte de sa chambre, Luc s'arrête et se tourne vers moi.
- Bonne nuit.
Ses lèvres viennent se poser délicatement sur mon front. Je me fige. La porte se referme, me laissant tétaniser au milieu du couloir.
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