Chapitre 13 (corrigé)
Et me voilà dans une voiture, en compagnie d'un vampire, vers je ne sais quelle direction. Non mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ! Je dois être maso. Je l'observe à la dérobée. C'est un homme vraiment attirant. Il se dégage de lui cette aura érotique qu'ont tous les vampires. Mais chez lui, je la trouve plus intense. Beaucoup plus.
- Je sais que vous me regardez, dit-il, sans quitter la route des yeux.
Je détourne aussitôt le regard. Mes joues s'enflamment d'un coup. Cet homme me perturbe.
- Nous sommes presqu'arrivés.
Sans que je m'en rende compte, nous sommes entrés dans un quartier résidentiel. Les maisons blanches, identiques, propres sur elles-mêmes, se succèdent. Je fronce le nez. Je ne peux m'empêcher de penser à mes parents. Ces parfaits hypocrites qui font croire à la Terre entière que ce sont de gentils petits bourges, alors qu'à la pleine lune, ils vont éventrer des cerfs en pleine forêt. Les gens ne sont jamais ce qu'ils paraissent.
Le vampire tourne dans une ruelle adjacente. Apparait alors une maison, plus cossue que les autres, au jardin parfaitement taillé. Ça doit appartenir à la famille la plus friquée du coin. On dirait un vrai petit manoir. Le vampire arrête sa voiture devant les grilles de la grande maison de briques rouges. Ne me dites pas que c'est là qu'il habite !
- Bienvenue chez moi.
Eh ben si. Il doit péter dans la tune, ce mec ! Après tout, c'est un vampire, il a eu le temps d'amasser assez de blé pour se payer ce genre de baraque. Le portail électrique s'ouvre en grand et on se gare juste devant le porche. Il descend en premier et fait le tour pour m'ouvrir. Un peu décontenancée par son attitude, il me faut un instant pour réagir.
- Vous pouvez sortir. Je ne vais pas vous manger, dit-il, un sourire ironique sur le visage.
Mes sourcils se froncent et j'ai bien envie de lui envoyer une pique bien sentie. Mais il a déjà tourné les talons. Alors je ravale ma mauvaise humeur et le suis dans l'allée. Je lève la tête pour tenter d'apercevoir le toit. J'avoue qu'elle en jette cette baraque.
- C'est une sacrée maison.
- Elle n'est pas mal, en effet, ironise-t-il en ouvrant la porte.
L'intérieur est encore plus impressionnant que l'extérieur. Tout est recouvert de boiseries. Un escalier monumental trône au centre de l'entrée et dessert le premier étage. A gauche, je crois apercevoir un salon richement doté. A droite, je peux voir une grande table et des chaises en bois précieux. Tout ici respire le luxe et le vieux. Le très vieux. Je reporte mon attention sur le vampire.
- Mais vous avez quel âge ?
Il se retourne. Son regard durcit et sa bouche tressaute. Je me rends compte alors de l'impertinence de ma question. Il fait quelques pas dans ma direction. Je me raidis aussitôt. Il me faut toute la volonté du monde pour ne pas reculer quand il s'arrête à quelques centimètres de moi. Mes yeux se posent sur la peau si blanche de son cou, si proche que mon souffle doit l'efflorer. J'ose à peine lever la tête pour voir sa réaction. Il m'impressionne, mais je tente de ne rien laisser paraître. Ses doigts viennent me caresser le visage. Je frissonne à ce contact. Son pouvoir ne marche pas sur moi, mais il n'empêche qu'il me trouble énormément. Son visage se rapproche du mien et son souffle glacé vient murmurer à mon oreille.
- Bien plus âgé que vous ne sembliez le croire. Mais je suis certain que vous n'avez pas peur d'un homme expérimenté.
Je cligne des yeux, surprise par sa remarque. Il revient planter ses yeux dans les miens et sourit.
- J'avoue n'avoir jamais tenté l'expérience avec une louve. Mais avec vous...
Sa phrase me donne l'effet d'un coup de fouet, éveillant aussitôt mon orgueil mal placé.
- Mais vous vous prenez pour qui ? Jamais je ne coucherai avec vous ! m'indigné-je, en reculant d'un pas.
- Qui vous a parlé de coucherie ?
Le vampire rigole devant mon air outré et se dirige vers la droite.
- Un petit encas ? Je pense que vous devez avoir faim, vu l'heure avancée.
Et il s'en va. Il me sort une chose pareille et il s'en va. Sans rien ajouter. Je devrais me barrer, fuir ce vampire qui s'amuse avec mes nerfs. Sauf que je ne peux pas. Il est ma meilleure option. Un vampire qui protège une lycaon, il y a peu de chances que les chasseurs y pensent.
Jurant intérieurement, je ne peux que le suivre. Je traverse la salle à manger en trombe et m'arrête à la porte de la cuisine. Contrairement à l'intérieur que j'avais entrevu jusqu'à présent, la cuisine est d'un modernisme à couper le souffle. Tout y est fonctionnel et épuré. Derrière l'îlot central, le vampire inspecte son frigo.
- Je n'ai malheureusement pas grand-chose à vous offrir.
Il sort alors une grande bouteille en verre contenant un liquide sombre. A sa vue, je ne peux retenir une grimace. Voyant ma réaction, le vampire a un sourire en coin.
- Je ne vous en propose pas. Il ne me semble pas que ce soit au régime alimentaire des lycaons.
Il débouche la bouteille et avale une grosse gorgée. Quand il redépose la bouteille, une goutte rougeâtre brille à la commissure de ses lèvres. J'inspire bruyamment.
- Ne soyez pas aussi choquée. Nous avons tous nos petits travers, rétorque-t-il, un sourire sadique aux lèvres. Moi, c'est le sang. Vous, c'est... le meurtre, il me semble.
Je déglutis. Bon, d'accord, il est très fort à ce petit jeu. Il entreprend de fouiller ses placards et en sort finalement un paquet de gâteaux secs.
- C'est tout ce qu'il me reste, avoue-t-il. Je fais rarement la cuisine. En général, je préfère la matière brute.
Cet homme me glace littéralement le sang. Il me fait encore plus peur que cette bande de tarés de chasseurs. Le vampire me tend le paquet que j'ouvre et je croque un gâteau avec prudence. Il se dirige ensuite vers la baie pour observer le paysage.
- Le soleil devrait se lever d'ici deux heures. Il serait bien d'aller se coucher maintenant. Vous devez être épuisée.
J'avale rapidement quelques pâtisseries et dépose le reste sur l'îlot.
- Merci.
Le vampire fait volte-face et me regarde, intrigué.
- Merci de m'accueillir chez vous. Je suis dans la merde jusqu'au cou et je ne savais vraiment pas où aller.
Son sourire glacial revient sur son visage.
- Je ne sais pas pourquoi mais je vous aime bien. Votre impertinence et votre singularité me plaisent. De plus, il y a bien trop longtemps que je laisse les chasseurs diriger ma vie. Si je peux rendre la leur plus compliqué, ça me réjouit, dit-il, satisfait.
Sur ces mots, il quitte la cuisine. Précipitamment, je quitte la pièce, pour le suivre. Et me voilà à le suivre comme un bon toutou. Moi qui déteste ça, c'est bien ma veine. Il monte à l'étage et me conduit à une chambre. Et franchement, c'est la grande classe. Lit à baldaquin, décoration clinquante et salle de bains attenante. J'ai rarement eu l'occasion de voir tant de luxe réuni au même endroit. A peine rentrée, il s'est éclipsé, à ma plus grande joie. Parce que là, tout de suite, je rêve d'une bonne douche bien chaude.
Quelques minutes plus tard, après avoir profité longuement des bienfaits d'un barbotage en règle, je me sens revigorée. Toute cette crasse, la terre sur mes pieds, le sang sur mon épaule, toute cette merde est partie. Mon esprit est plus apaisé. Seul bémol à cette histoire, il faut que je refasse le pansement. La plaie est toujours suintante. Enroulée dans une serviette, je quitte de la salle de bains tout en pressant un tissu sur ma blessure. A peine ai-je passé la porte que je manque de bondir sur place, sous l'effet de surprise. Le vampire est tranquillement assis sur le lit, un tissu à la main.
- Je me suis dit que vous voudriez vous changer. Il me semble que vos anciens vêtements n'étaient pas tout à fait à votre taille.
Il me tend l'étoffe. Je la saisis. C'est une nuisette en soie bleue. Je hausse un sourcil. Il ne croit tout de même pas que je vais me balader avec ça sur le dos !
- J'irai vous acheter d'autres vêtements demain.
Je n'ose pas lui demander d'où elle vient. Je pense que la réponse ne me plairait pas de toute façon. Je le remercie et attend qu'il parte. Mais il reste là à m'observer. Il attend quoi exactement ? S'il croit que je vais m'habiller devant lui... Tout à coup, le vampire se lève et me saisit le bras. J'ai un mouvement de recul, mais il a une poigne d'acier. Lentement, il passe son doigt sur mon tatouage, encore endolori. Cela m'arrache une grimace.
- C'est eux qui vous ont fait ça ? demande-t-il, tout en continuant à parcourir mon épaule de sa main.
- Lâchez-moi, marmonné-je, en me débattant.
Il continue à caresser ma peau, examine les boursouflures, mais sa main me maintient dans la même position. Il n'a pas l'intention de le libérer tant qu'il n'aura pas sa réponse.
- Lame en argent. Ça ralentit la cicatrisation, soupiré-je.
Cesont des barbares, répond-il, d'une voix voilée par la rage.
Cet homme ne cesse de me surprendre. Je ne sais pas comment réagir avec lui. Je me contente de le laisser parcourir des doigts mon bras avec une délicatesse peu commune aux créatures de son genre. Sans prévenir, il se détache et me tourne le dos.
- Je vais vous chercher de quoi soigner cette vilaine coupure. Ensuite vous dormirez. Surtout ne vous inquiétez de rien. Aucun chasseur n'oserait venir jusqu'ici.
La porte claque derrière lui et je me retrouve toute seule, complètement déroutée.
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