Ambre et moi piochons un emploi du temps dans la pile de papiers accumulés sur le bureau libre à l'entrée de la classe.

- Humm... dis-je en cherchant notre cours du doigt. Français !

- Avec Mme Ponceau, complète une fille en passant derrière nous. Mon frère l'a eue, une vraie démone celle-là !

Loin d'être rassurée, ma nouvelle amie scrute la feuille avec des yeux ronds :

- Oh non... j'ai vraiment un mauvais karma ! Allons vite préparer nos affaires, d'ailleurs.

Je regagne mon bureau et fouille dans mon sac en recherchant le matériel dans ma mémoire. Rien de très efficace... Jusqu'à ce que Ambre-Yachi brandisse miraculeusement une liste de la poche avant de son cabaia.

je me retiens de la serrer contre moi et me contente d'énoncer avec elle le nombre de cahiers et feuilles dont nous avons besoin.

Après de nombreux efforts pour retrouver son manuel étrangement égaré, elle me propose de descendre prendre l'air. J'acquiesce et nous voilà à déambuler dans les couloirs telle des poivrons trop cuit.

La chaleur est étouffante et j'ai envie de me débarrasser d'une couche cependant, malheureusement, sous mon top je n'ai enfilé qu'une brassière.

Et merde...

Nous nous précipitons vers l'extérieur et une fois la cour atteinte, je peux m'hydrater depuis une fontaine à eau. Encore une bonne innovation ! La jolie blonde rempli sa gourde et avale de grosses goulées. On s'affale sur un banc à proximité et je ferme les yeux. Quand je les rouvres, Ambre est en train de scruter mes cheveux avec ses si beaux yeux verts - cette fois différents de la vraie Yachi, qui a elle des prunelles marrons clair.

- Qui y a-t-il ?

- Tes cheveux sont si beaux, soupire-t-elle, les miens sont tellement courts que je ne peux même pas les coiffer.

- Tu rigoles ?! Ils sont magnifiques, j'en suis presque jalouse ! Et puis tu imagines une Yachi aux cheveux longs ?

Je fronce mon nez en signe de dégout. Elle esquisse un sourire triste.

- N'empêche que les tiens sont bien mieux. Et ne nie pas !

Sans répondre, j'extirpe mon portable je la poche arrière de mon jean.

Dire que maman a voulu m'obliger à me prendre une robe à dentelle !

Je tape sur ma barre de recherche Google "Yachi"

Ambre passe sa tête au dessus de mon épaule et regarde mon historique.

- Tiens ! Nishinoya Yu, Nishinoya Fanart, Nishinoya tout court... Tu en pinces pour lui on dirait.

- Quoi ? je m'étrangle, jamais ! Tu me prends pour qui, tomber amoureuse d'un personnage de manga ?!!

- Fais pas ta tête d'étonnée, même Aelis est en crush sur un personnage de Bungou Stray Dogs !

Aelis ? La fameuse diva ? C'est info m'étonne tellement que j'en oublie notre précédent sujet génant.

- Ah bon ? J'aurais vraiment pas imaginé ! C'est qui ? Dazaï ?

- Non, Akutagawa !

- Lui ? C'est vrai qu'il est classe ! Et un peu glauque ! Je crois que je m'entendrais bien avec elle...

- Ne crois pas que j'ai oublié ton amoureux secret ! JE parie que ta chambre est couverte de ses posters !

Info à noter dans mon cerveau : ne jamais inviter Ambre.

Je soupire et reprend mes recherches en ligne. Au bout d'une trentaine de secondes, je brandis mon téléphone devant elle :

- Tiens, regarde ! Yachi se fait une petite couette sur le côté ! ce qui est d'autant plus mignon qu'elle alterne les élastiques !

Mon amie contemple la photo. C'est vrai que ça lui va bien... mais je suis sûre que sur moi ce serait ridicule !

Sans lui laisser le temps de renchérir, j'attrape un élastique te lui noue soigneusement les cheveux.

- Tu es parfaite ! Et tu lui ressembles encore plus, maintenant !

Mon amie tire un miroir pliable bordeaux de sa sacoche eatspak et lorgne de son reflet l'air désappointé.

- Pas mal, mais n'empêche que ça fait fifille, cette coiffure !

Je m'esclaffe mais son regard noir me tire de mon fou rire. Elle soupire et chasse distraitement une mouche qui l'a pris pour cible depuis le début de notre discussion.

Ca lui va vraiment bien cette coiffure !

- Tiens, ta sacoche est parfaitement assortie à ta jupe, dis-je pour changer de conversation en pointant sa robe type "uniforme japonais".

Elle ouvre la bouche pour me répondre mais ce ravise lorsque la sonnerie de fin de pause retentit.

- Chers élèves, vous êtes priés de rejoindre vos classes pour le nouveau cours qui débute dans cinq minutes.

Cette voix aussi gracieuse qu'hypocrite répète la même phrase. Consternée, mon amie se bouche les oreilles et grimace dans un murmure :

- C'est la directrice ! Elle s'est fait un plaisir de nous enregistrer pour nous pourchasser même dans la cour !

Je me disais bien reconnaître cette voix.

Pour échapper à ce bruit, nous nous dirigeons vers le bâtiment d'un pas pressé tandis qu'une musique classique se met à accompagner la voix fantomatique.

De retour au large couloir de notre étage, nous contournons les garçons en plein jeux de ping-pong qui ne semblent pas dérangés par la sonnerie, ni même en avoir pris compte. L'un d'eux, qui grand blond fort en carrure, me bouscule et m'enfonce son coude dans le visage. Le choc est violent et mon souffle se coupe. Ambre accourt lorsque ma vue se brouille. Je chavire et elle me pousse à temps sur le banc à proximité où plusieurs élèves sont déjà assis.

- Lou, répond moi, ça va ?

Je reprends mes esprits et me frotte le visage à l'endroit de l'impact, entre le nez et la joue.

- Oui oui, ne t'inquiète pas ! je me redresse et nous les évitons plus soigneusement que la derrière fois. Le fameux pongiste musclé m'adresse un sourire charmeur. Mes joues s'enflamment et je n'ai que le temps de détourner le visage pour ne pas voir son clin d'oeil en coin. Ambre me regarde comme si j'étais un alien descendu de son vaisseau sapatiale pour d"guster les spécialtés culinnaires terriennes.

- Tu le connais, ce gars ? C'est Matthieu, le bad boy de notre niveau. Je parie qu'il t'a prise comme ligne de mire. Méfie-toi. Elle lui jette un de ses regards et m'entraine contre le mur en chuchotant.

- Ne joue pas à son petit jeu et éloigne toi de lui. C'est un conseil.

C'est qui se garçons dragueur ? Je devrais écouter Ambre, ou lui demander des explications ? J'imagine que mon amie à raison...

Pour ne plus m'embarasser, je sors à nouveau mon portable et retourne sur la page google.

- Toujours aussi ressemblante, Yachi !

- Ne m'appelle pas comme ça, tête d'abrutie !

- Tu as pas mieux comme insulte ? la provoqué-je